I know your love is a lie

I know your love is a lie

« On en vient à aimer son désir et non plus l'objet de son désir.  »

Les yeux clos, une douce chaleur réconfortant à mes cotée, je ne peux pas m’empêcher de penser que l’on a certainement visité les moindres recoins de cette appartement. J’ai vraiment essayé de résister, de me dire qu’il n’était pas raisonnable de penser autant à Kai. Seulement ce matin en me réveillant, le désire avait été plus fort que tout. Tant bien que mal j’ai essayé de me dire que ce n’était pas une bonne idée, que voir Kai pouvait attendre, sans aucun succès. La journée avait fini par me sembler interminable et c’est finalement en milieu d’après-midi que j’ai fini par me décider à passer chez moi ami. Bien sûr avant j’avais quelque dossier à remplir au QG de la NSA, mais je crois que depuis que je suis là-bas, je n’ai jamais été aussi rapide pour classer l’affaire. Étrangement, Kai n’a pas vraiment semblé surpris de me voir. A croire qu’il savait déjà à l’avance que j’allais passer chez lui ce soir. Forcément, je n’ai pas vraiment eu besoin de lui expliquer la raison de ma venue. Disons que par certaine geste, je le lui ai fait assez rapidement comprendre. Pas besoin non plus de faire un dessin sur la suite des évènements, fidèle à notre relation on a fini par passer un bon moment ensemble… Plusieurs bons moments même.

Soupirant d’aise mais bien consciente que l’on ne peut pas rester dans ce lit indéfiniment. Je me redresse faiblement, m’appuyant sur mon avant-bras et me penche légèrement sur Kai avant de l’embrasser à la commissure des lèvres. Beaucoup de questions restent encore sans réponse à son propos mais j’ai finalement abandonné l’idée d’avoir un jour une réponse.

-«  Je vais prendre une douche. Sortant alors complètement du lit, je prends soin d’embarquer avec moi de quoi me couvrir. Et tu n’as pas besoin de me m’y rejoindre cette fois ci. » Lançais-je malicieusement  à l’attention de Kai avant de me diriger vers la salle de bain. Selon moi nous avions fait assez d’exercice pour le restant de la journée, cependant Kai semblant inépuisable il m’a semblé important de faire comprendre par cette phrase que j’ai moi, contrairement à lui, besoin de souffler un peu. »

Faisant alors couler l’eau de la douche, je m’observe dans le miroir en attendant que celle-ci se réchauffe. Encore une fois, il avait pris un malin plaisir à marquer la peau de mon cou. Forte heureusement pour moi au travail, personne n’avait encore semblé voir ces marques. Il faut dire que j’avais fait un énorme effort pour les dissimuler du mieux que je peux et surtout lorsque je me trouve au QG de la NSA. Hors de question pour moi de prendre le risque que Ryûhei au détour d’une conversation s’en aperçoivent ….

Finalement, lorsque l’eau est enfin chaude je laisse tomber le drap qui me recouvre et m’engouffre sous l’eau chaude. J’y reste pendant un moment profitant de ce moment pour détendre tous les muscles de mon corps.  Et finalement, de longue minute s’écoulèrent avant que je décide de rejoindre à nouveau Kai dans la chambre une serviette nouée au-dessus de ma poitrine.

-«  J’ai terminé tu peux y aller si tu veux. » lui dis-je dans un sourire. Forcément c’est le genre de proposition qu’il ne tarda pas à accepter. Après de tel effort quoi de plus naturel après tout.

Le laissant donc se prélasser sous la douche, j’entreprends finalement de récupérer mes vêtements sans doute éparpillé un peu partout dans l’appartement. J’avais presque réussi à tout récupérer lorsque la sonnette de la porte d’entrer se vit soudain entendre. Kai toujours sous sa douche et la personne derrière la portant insistant, je fini par enfiler le plus rapidement possible mes sous-vêtements et une chemise appartenant à Kai. C’est vrai que ce n’est pas la meilleure tenue pour ouvrir à un inconnu mais la personne derrière la porte semble vraiment impatiente qu’on lui ouvre.

-«  J’arrive un instant » Dis-je avant de me hâter vers la porte que j’ouvre sans plus attendre. Mon regard se pose alors sur une jeune femme plutôt jolie du visage mais extrêmement extravagant. Le genre de fille que je déteste au plus au moins en somme…

-«  Je peux vous aider ? »

Honnêtement je ne comprends pas trop ce que ce genre de fille vient faire chez Kai. Peut-elle qu’elle sait tromper d’appartement … Honnêtement j’espère vraiment qu’elle sait tromper …

-«  Kai n’est pas là ? »

Dommage, elle est bien venue voir kai pensais-je immédiatement

-«  Il est sous la douche mais … vous êtes qui ? »

-«  ça ne vous regarde pas » me lança-t-elle alors. C’est vrai que cela ne me regarde pas vraiment cependant en observant attentivement cette fille, je ne peux m’empêcher de penser que quelque chose ne va pas. Elle n’est pas venue là par hasard, elle semble vouloir quelque chose que j’ai le sentiment de bien connaitre….

I know your love is a lie

« On en vient à aimer son désir et non plus l'objet de son désir.  »

Comme je l’avais prédit, elle était revenue. D’elle-même, elle avait été incapable de résister j’avais souri. Qu’aurais-je bien pu faire d’autre alors que j’étais fier de moi ? Fier de mon charme et de mon talent pour séduire une femme. De toute manière, on avait été tous les deux contraint d’admettre qu’il y avait bien plus qu’une amitié entre nous. Des amis ne font pas l’amour, cela aurait pu être possible cependant si je la considérais telle qu’elle, je n’aurais pas osé la toucher. Certainement que ce désir que j’avais enfoui il y a longtemps était ressorti en la retrouvant et je n’avais pu m’empêcher de la vouloir un peu plus. C’était mal et égoïste toutefois au bout du compte, j’ignorais moi-même ce que je pensais de tout ça, ni pourquoi j’agissais de la sorte. Je ne me comportais pas ainsi avec les autres femmes... J’avais déjà eu des conquêtes en plus de ce que je pratiquais au studio et c’était tout à fait différent. Evidemment, je me faisais désirer parce que je trouvais cela triste d’agir rapidement toutefois, je n’avais jamais souhaité qu’elles soient mienne comme ça avait été le cas avec Harumi. Parce qu’elle était unique en son genre. Parce qu’elle m’avait toujours paru comme un ange tombé du ciel avec ses sourires qui me berçaient autrefois. Elle avait sûrement été mon premier fantasme et je l’avais enfin réalisé. Seulement, comment étais-je censé m’expliquer ça ? Je peinais à tout discerner, à tout analyser alors qu’on se rapprochait un peu plus au fil des jours. Pourtant, je ne lui avais toujours pas mentionné mon métier, plus par peur, que de la choquer désormais. Peut-être bien pour les deux en fait... Même si elle m’avait fait comprendre qu’elle ne me lâcherait pas, j’avais l’impression que ce ne serait pas le cas si elle savait. Je ne voulais pas la perdre. Malgré tout ça, malgré mon égoïsme, surtout par égoïsme, je n’avais pas envie qu’elle mette fin à tout ça et s’en aille. Un jour je serais bien obliger de lui avouer, de lui dire que je n’étais pas uniquement vendeur dans une épicerie et que si j’avais tant changé au niveau de ma personnalité, c’était à cause d’un second métier bien plus loufoque que le précédent.

Allongé sur mon lit, les bras croisés derrière ma tête, je soufflai discrètement tout en gardant mes paupières closes. On venait encore de le faire et elle était parti sous la douche. Elle était incorrigible, vraiment. Certes, on avait probablement revisiter tout mon appartement mais malgré tout, moi aussi, je fatiguais. Je n’aurais pas dit contre une douche à deux, c’était certain, sauf que pour une fois, je n’avais pas eu l’intention de lui proposer. Mais probablement qu’elle avait su lire dans mes pensées et ça m’avait amusé. Dés qu’elle eut fini, je sautai du lit pour m’enfuir à mon tour dans la salle de bain, me glissant sous l’eau bouillante alors que je fredonnai à nouveau cette chanson de Carlos. Je l’avais souvent dans la tête ces derniers temps. Je ne me doutais pas une seule seconde ce qui se passait à l’extérieur, ce n’était quand quittant la pièce, une serviette enroulée autour de la taille que je fus étonné de voir la porte d’entrée ouverte.

- Qu’est-ce qui se passe ? Demandais-je en arrivant.
- Kaiiiiiiiiiiii !!!

Pas le temps de réagir que des bras étaient venus s’encercler autour de mon cou et qu’une jeune femme s’était jetée contre moi. Je la reconnus facilement. Natsumi. Mauvais timing. Il s’agissait là, justement, d’une de mes dernières conquêtes mais il fallait dire que depuis cette histoire avec mon amie d’enfance, je n’avais revu personne. Après tout, elle m’était entièrement suffisante et aucune d’entre elle ne lui arrivait à la cheville. En général c’étaient plus elles qui venaient parce qu’elles avaient envie de tirer un coup et qu’elles connaissaient mon expérience, plutôt que le contraire.

- Qu’est-ce que tu fais là ?

Sur ses dires, je la repoussai gentiment et réajustai mon drap de bain qui avait failli à cause de son élan.

- A ton avis...

Un sourire espiègle se dessina sur son visage et alors qu’elle s’approchait de moi, elle désigna Harumi du regard.

- Qui est-ce ? Encore une parmi tant d’autres ?

Si j’étais malin, malheureusement la plupart des femmes avec qui j’étais l’étaient tout autant. Natsumi le faisait exprès puisqu’elle avait su lire dans les yeux de ma camarade qu’une telle chose la toucherait. Moi-même j’en avais pleinement conscience... J’ouvris la bouche pour parler cependant la nouvelle arrivante me devança et se tourna vers l’autre demoiselle.

- C’est ça non ? Tu l’as déjà fait à trois ?

Aussi pervers que je pouvais l’être, je n’appréciais pas son attitude et encore moins la manière dont elle avait de lui parlé. Si n’importe quel homme serait heureux de se retrouver entre deux femmes, ce n’était pas forcément mon cas en cet instant précis. Parce qu’elle allait la blesser.

- Ca suffit, Natsumi, Ordonnais-je sévèrement tout en lui retenant le poignet, Si tu étais venu ici pour ça, tu peux repartir. Je ne te donnerais pas ce que tu cherches.

Etrangement, je n’en avais pas envie. Peut-être que c’était à cause du fait qu’Harumi était présente à côté de moi. Mais peut-être pas non plus.

I know your love is a lie

« On en vient à aimer son désir et non plus l'objet de son désir.  »

Il a fallu un seconde, une seule petite seconde pour que toute mes pensées se retrouve chamboulées. Mon attention avait été détournée l’espace d’un instant lorsque la voix de Kai, sortant de la douche, s’était fait entendre. Forcément, j’avais tourné instinctivement mon regard vers lui mais à peine mon regard s’était posé sur lui que je me sentis bousculer.  En un instant, mon regard ne voyait plus Kai mais bien cette fille dans ses bras.

Un douloureux pincement au cœur se fait alors sentir dans ma poitrine tandis que j’essaye tant bien que mal de rester le plus impassible possible. Comme je l’ai bien deviné cette fille semble plutôt bien connaitre Kai, elle semble même proche de lui … trop proche ….   Est-elle une connaissance récente ? Elle semble en tous cas ne pas trouver ma présence à ses coté étrange. Cependant elle ne se prive pas non plus pour lui faire comprendre sans détours qu’elle a envie de bien plus qu’une discussion au tour d’une tasse de café.

- Qui est-ce ? Encore une parmi tant d’autres ?

Alors que mes pensées étaient encore flou, cette nouvelle intervention eu l’effet d’un électro choque en moi. «  Une parmi tant d’autre », j’ai bien entendu…. Cela veut donc dire que …. Sans arriver à mettre totalement mes pensées au clair, l’inconnue se tourne subitement vers moi et me pose subitement une question qui dans sa bouche, semble tout naturel.

-« A … A trois ? »

Je ne comprends pas, je dois rêver oui c’est certainement ça …. Mais dans ce cas, ce n’est pas un rêve mais belle et bien un cauchemar … Il n’y a que dans les mauvais rêve qu’une fille pareille peu débarquer à l’improviste et vous annoncer qu’en fait le garçon avec qui vous passez de bon moment le fait en réalité avec d’autre.


-« Kai …. Rassure moi … Dit moi que ce n’est pas ce que je crois …. »

Plantant mon regard dans le sien, j’attends désespérément d’apercevoir quelque chose de rassurant, d’entendre des mots qui vont me faire comprendre que je suis en train de me faire des idées. Malheureusement, en regardant Kai je ne vois, ni n’entend. Seule cette la voie de cette fille se fit à nouveau retentir.

-«  Quoi tu ne lui as rien dis ? »

Pourquoi, à chaque fois que la voie de cette étrange se fait entendre cela résonne dans mon cœur comme des coups de poignard ? Pourquoi ai-je subitement l’impression que finalement je ne sais rien de Kai et que cette étrangère le connait mieux que moi ? C’est stupide, après tout nous ne sortons pas ensemble… Il a finalement bien le droit d’en voir d’autre … Mais même en essayant de me convaincre de cela, je ne peux pas empêcher la tristesse gagner peu à peu me cœur.

-«  Je crois que je ferais mieux de vous laisser …. »

Je ne veux pas en savoir plus, ni même en voir d’avantage. Refermant alors la porte qui est restée ouverte pendant tout ce temps, je m’empresse de les contourner pour pouvoir aller me changer dans la chambre de Kai.

I know your love is a lie

« On en vient à aimer son désir et non plus l'objet de son désir.  »

Ca ne sentait pas bon. Pas bon du tout. Je le voyais dans le regard de Natsumi qu’elle n’avait pas l’intention de laisser tomber, qu’elle irait jusqu’à dégoûter Harumi afin d’obtenir ce qu’elle désire. Je restai penaud face à tout ça, comme déconnecté de la réalité alors que j’avais l’impression de perdre à mon propre jeu. C’était exactement ça. Si la jeune femme continuai de parler, qu’aurais-je à y gagner ? Rien. Tout ce que j’avais construit jusqu’à présent s’effondrerait et tout ça par sa faute. J’avais envie de dire à mon amie que ce n’était pas ce qu’elle croyait, que Natsumi racontait n’importe quoi seulement aucun mot ne voulait sortir de ma bouche. Non, je ne lui avais rien dit... A la base, je ne l’avais pas fait pour la simple et bonne raison qu’il s’agissait d’une de mes meilleurs amis d’enfance, que je n’avais pas envie que l’image qu’elle avait de moi auparavant soit entachée et qu’elle finisse par me juger. Les filles ont tendance à juger rapidement ce genre de comportement et ça l’aurait sûrement dégoûté. Tout comme ça la dégoûterait dés le moment où elle apprendrait.

- Alors il ne t’a vraiment rien dit ? Rit-elle, Kai franchement, tu exagères !

Non, je n’exagérais pas. Cette femme ne savait rien du tout et elle ne connaissait rien de moi même si elle prétendait le contraire.

- En fait, il est...
- Ferme-là ! M’écriais-je à m’en essouffler alors qu’une noirceur intense reflétait dans mes yeux sombres.

Je ne m’énervais jamais. Je ne criais jamais non plus. Que cela soit maintenant ou par le passé, j’ai toujours été une personne assez pacifiste. Quitte à garder ma rancoeur pour moi, mes larmes et ma colère, j’essayais le plus souvent de ne pas m’emporter. Je n’aimais pas les conflits donc je les fuyais haut la main. Donc pour que je m’excite autant aujourd’hui, c’était que non plus rien n’allait et que sincèrement, j’étais en train de paniquer. Je n’avais pas envie qu’elle fasse du mal à Harumi cependant peu à peu je prenais conscience que ce n’était pas de la faute de Natsumi mais de la mienne. C’était moi qui avait créé tout cet engrenage, qui avait tenté de séduire une fille que j’adorais pour des raisons égoïstes et c’était moi qui la faisait souffrir désormais.

- Dégage ! Natsumi dégage de là ! Sort de mon appartement, de suite !
- Kai, tu...

Je rouvris la porte qu’Harumi avait fermé quelques minutes avant et lui désignai la sortie. Je crois que je lui avais fait peur. Parce que je n’avais jamais été ainsi. Que cela soit avec elle ou quelqu’un d’autre, je restai toujours d’un naturel taquin ou calme en général. Sauf que là, je n’étais plus d’humeur à plaisanter. Sans un mot de plus, elle partit et claquant la porte pour la seconde fois, j’accolais mon front contre le bois tandis qu’un soupir discret s’enfuit de ma bouche. J’ignorais où était Harumi mais il me semblait la sentir non loin de moi. Je n’avais pas besoin de la voir pour discerner ses interrogations et ses peines. Je ne pouvais malheureusement plus rien lui cacher mais je ne savais pas par où commencer ni ce que j’étais censé dire... Elle allait me détester. Je ne voulais pas qu’elle me déteste... Je voulais juste qu’elle essaie de me comprendre. Je ne lui souhaitais sincèrement aucun mal et puis... C’était un métier comme un autre non ?

- Désolé, pour ça, M’excusais-je en lui faisant face.

Mais ça se sentait dans ma voix que je n’étais pas sur de moi, que quelque chose clochait et que donc tout ça n’était pas vain. D’un geste de la main, je lui fis signe de me suivre dans la chambre puis l’invitant à s’assoir sur le lit, je retirai ma serviette pour m’habiller d’un boxer et d’un jogging.

- Avant que tu ne te fasses des idées, cette fille je ne l’ai pas revu depuis longtemps.

Je crois que la dernière fois datait de la semaine où justement, j’avais retrouvé Harumi pour la première fois.

- Mais elle n’avait pas tort sur un point, Soufflais-je en détournant le regard, mal à l’aise, je le fais avec d’autres... Seulement c’est différent.

Elle ne me comprendrait pas. Aucune fille ne m’avait déjà compris de toute manière sauf celle qui ne souhaitait qu’une petite partie de jambe en l’air, les autres... Elles étaient toutes parties. Voilà la raison pour laquelle, je refusais de m’enticher de l’une d’elle, à la fin, c’est moi qui en pâtis bien que j’étais capable de me mettre à leur place. Néanmoins, je pouvais promettre que ce que je faisais avec Harumi et ce que je faisais au studio étaient deux choses bien distinctes. Je n’éprouvais pas toute cette envie au boulot et je ne désirais pas ma partenaire comme je la désirais elle.

- C’est mon métier. Je ne fais pas que travailler dans un Konbini. Je tourne des films.

Je fus incapable d’en avouer plus, estimant en avoir déjà assez dit. La suite n’était pas compliquée à deviner. N’importe qui l’aurait compris à ma première phrase... Le reflet qui brillait dans mes pupilles avait changé, il était déçu et triste. Non pas d’elle mais de moi-même parce que j’avais tout gâché... M’abaissant pour ramasser ses affaires, je les lui tendis et déclarai d’une voix calme un « Tu peux t’en aller maintenant » bien que je n’avais aucunement l’envie qu’elle parte. Je voulais qu’elle reste, qu’elle me dise que ce n’était pas grave, qu’elle comprenait et qu’elle ne me reprochait rien. Seulement ce n’était qu’un rêve éphémère. J’en avais pleinement conscience.

I know your love is a lie

« On en vient à aimer son désir et non plus l'objet de son désir.  »

Entendre le crie de Kai résonner dans tout l’appartement me figea sur place. Jamais je ne l’avais entendu ne fus qu’une seule fois élever la voix, jamais je ne l’avais vu se mettre en colère. Surprise c’est également la peur qui m’a empêcher d’avancer d’avantage dans l’appartement. Pour qu’il se mette dans des états pareil c’est qu’il souhaite vraiment que certaine chose ne soient pas dévoiler. Mais qui a-t-il de plus à savoir ? N’est-ce pas suffisant d’apprendre qu’il couche avec d’autre femme ? Certes notre relation n’est pas exclusive mais pourquoi me jouer la carte de la jalousie quand je suis avec d’autre homme alors que lui ne se gène pas pour aller voir ailleurs ? Ne suis-je réellement qu’un numéro parmi tant d’autre fille ? Non il n’aurait jamais pu me faire ça …. Pas à moi … nous somme amis après tout… comment aurait-il pu se servir de mes émotions aussi facilement sans rien ressentir ? Secouant alors la tête négativement pour essayer de chasser l’idée que finalement je ne compte peut être pas pour lui. Entendre la porte claquer me ramène rapidement à la cruelle réalité des chose. Je n’ai pas parfaitement suivi tout ce qu’il vient de se passer mais à en juger par le soudain calme qui règne de la pièce nous ne sommes certainement plus que deux. Tournant alors difficilement sur moi-même, dans une lenteur même infinie, je relève le regard vers Kai.

-« Tu n’as pas à être désolée… » C’est les seule mots qui réussissent à franchir la barrière de mes lèvres. Après tout pourquoi s’excuser ? Est-il désolé que la vérité soi finalement révélé au grand jour ? Si c’est effectivement bien ça dont il s’agit, il n’a vraiment pas à être désoler. Je préfère connaitre la vérité et souffrir un bon coup plutôt que de me voiler la face plus longtemps.

On allait devoir s’expliquer et bien que je n’ai pas forcément envie d’en savoir plus ou d’entendre de potentiel fausse excuse, je le suis tout de même en silence jusqu’à sa chambre. Il y a encore quelque chose que je dois savoir, je le sens, je m’assoie donc sur son lit, comme il vient de me l’indiquer, et garder mon regard fixé sur le sol en attendant que les explications arrivent.

- Avant que tu ne te fasses des idées, cette fille je ne l’ai pas revu depuis longtemps.

Je ne peux pas le nier cette pensée ma traverser l’esprit et Kai le sait parfaitement. Cependant rien ne me prouve qu’il n’en a pas vu d’autre pendant que nous …. Inspirant alors un grand coup pour éviter de me faire trop vite des idées, la suite de son discourt m’indique très vite que je ne vais pas aimer ce qui allait suivre.

- C’est mon métier. Je n’ai entendu rien d’autre, rien mis à part c’est trois petit mots. Le sol s’effondra soudain sous mes pieds tandis que ma respiration se coupa net sous la surprise. Pour ne pas vaciller, je dus même resserrer mon emprise sur le bord du lit. Le fait qu’il m’ait menti sur la véritable nature de son travail, ne me dérange finalement pas tant que ça, après tout je suis bien mal placé pour lui faire des reproches à ce sujet. Cependant je ne peux m’empêcher d’associer ses activités professionnelles et ce qui a fini par nous lier. La coïncidence ne pouvait pas exister … J’ai toujours trouvé que Kai résistait drôlement bien à la tentation et qu’il semblait plutôt bien s’y connaitre en matière de drague mais jamais je n’aurais pu me douter qu’en réalité il ne faisait que jouer avec moi depuis le début… Peut-être même qu’il se servait tout simplement de moi pour rendre son rôle d’acteur X plus crédible ….

Malgré tous les efforts du monde, je ne parvins pas à cacher ma peine. Je ne veux pas pleurer devant lui, je ne veux pas lui montrer à quel point je suis affecté par cette nouvelle. Cependant mes larmes naquirent déjà au bord de mes yeux avant même que ces pensées n’arrivent à mon cerveau. Mon regard se fixa alors difficilement sur mes affaires que Kai était en train de me tendre. Sans aucune force, je tends alors ma main et la laisse retomber aussi vite une fois mes vêtements en main.

-«  Tu me jettes dehors ? C’est ça ? Tu t’es bien amuser mais maintenant que je connais la vérité je ne te sers plus à rien ? »

Un sentiment de colère vient subitement se mêler à ma tristesse pendant que je prononçais ces phrases. Mon regard s’était alors tout naturellement posé sur ce que je pensais être autre fois mon ami. J’ai envie de m’effondrer et en même temps de lui hurler dessus, cependant qu’elle que chose dans le regard de Kai m’empêche de poursuivre.

-«  Laisse tombé, je ne veux même pas savoir, prononçais-je en enfilant rapidement mes vêtements. J’espère que tu t’es bien amusé avec moi Kai parce que tu ne me reverras plus. »

Je ne peux pas croire qu’il ait réussi à se servir de notre amitié pour aller plus loin avec moi. J’avais pensé être spécial pour lui, même ne fuse que compter un peu à ses yeux …. Mais tout ça n’avait finalement été que mensonge ….

-«  Tu n’as cas te trouver une autre fille avec qui jouer. » Mon cœur me fait souffrir et j’ai vraiment besoin d’air … de plus je refuse qu’il me voit pleurer ainsi … sans donc plus attendre et sans même lui jeter un seul regard, j'entame de le contourner pour atteindre la porte de sa chambre qui me conduira tout droit vers la sortie.

I know your love is a lie

« On en vient à aimer son désir et non plus l'objet de son désir.  »

Je me sentais mal. Terriblement mal. Mes mains tremblaient fébrilement alors qu’elle récupérait ses vêtements. Je regrettais sincèrement tout ça... Pas nos moment non, cette fois-ci j’avais conscience que ce serait à moi de la supplier. Non le contraire. Je m’en rendais un peu plus compte à chaque seconde qui s’écoulait comme de lourds poids sur la poitrine. J’avais l’impression que mes jambes allaient me lâcher d’un instant à l’autre tellement elles étaient également soudainement devenus si lourdes. Je n’avais jamais voulu ça, honnêtement... Jamais mon intention avait été de lui faire du mal. Je reconnaissais avoir été égoïste seulement c’était à peine si je m’apercevais de mes actes. Ma gorge était nouée, je ne parvenais plus à prononcer le moindre mot alors que je mourrais d’envie que je ne voulais pas qu’elle parte, qu’elle se trompait sur mon compte et que je ne la « jetais » pas dehors. Je tenais bien trop à elle pour ça, mon unique envie était de la serrer dans mes bras, de m’excuser et de me dire que tout cela n’était qu’un abominable cauchemar. J’avais juste peur qu’elle me juge, qu’elle ne veuille plus de moi alors j’avais souhaité prendre les devants pour ne pas avoir à souffrir. Encore une fois, j’avais effectué le mauvais choix et ses paroles me frappaient tels des coups de poignards en plein coeur. J’étais désolé... Tellement désolé... J’avais aimé nos moments à deux. Plus qu’aimer. Je l’avais adoré elle. Cette façon qu’elle avait de tenter de me séduire, ses gestes, ses mots... Elle, tout court. Je la considérais vraiment comme parfaite. Ce n’était pas des mensonges, encore moins des belles paroles pour la charmer. Je l’avais toujours désiré comme ce bijoux qui scintille, qu’on contemple et qu’on ne peut pas avoir, encore moins le toucher. Elle avait toujours été ce joyau à mes yeux, un joyau que j’avais été si excité de pouvoir enfin tenir entre mes mains, je l’avais brisé. Je n’étais pas faible. Je ne pleurerais pas non plus. Cependant je pouvais éprouver toute cette pluie qui déferlait dans le creux de mon âme, je découvrais une peine que je n’avais jamais connu jusque là. Et c’était réellement douloureux.

Elle quitta la chambre. Et moi, je suffoquai tout en m’asseyant sur mon lit, nichant mon visage entre mes mains. Mon dieu... Qu’avais-je fait ? Je n’étais pas habitué à subir une telle sentence... J’étais parfait. On ne pouvait que m’aimer. Même malgré ça, on ne pouvait pas me détester. Surtout elle, je refusais qu’elle me déteste. Je ne parvenais pas à cesser mes tremblements et je cherchais une solution. Pour une fois je souhaiterais avoir plus de courage afin d’affronter la réalité et de ne pas la laisser partir comme j’avais fui autrefois. J’avais mal. Terriblement mal. Plus que la situation, c’étaient tous ses mots qui me blessaient... Le pire des châtiments qui puissent exister. Encore plus que les coups. Elle n’avait toujours pas confiance en moi et je pouvais comprendre... Je crois qu’à sa place, je n’aurais pas eu confiance en moi non plus. Parce que j’étais un idiot, que j’enchaînais les bourdes et que pour une fois que je tenais à quelqu’un, je gâchais tout.

- Pardon, Murmurais-je pour moi-même tandis que phalanges se crispèrent un peu plus sur mes cheveux.

J’en avais mal au crâne tant cette histoire me tourmentait et j’aurais aimé que tout s’arrête d’un coup pour me réveiller. Je voulais me réveiller réellement, oublier tout ça ou même revenir en arrière et ne pas faire les mêmes erreurs.

C’était le cliquetis d’une porte qu’on ouvre qui m’obligea à relever soudainement la tête et réalisant enfin ce qui était en train de se dérouler, je me redressai précipitamment. Ne réfléchissant plus, je quittai d’un pas pressé ma chambre pour m’en aller à mon entrée où la jeune femme s’apprêtait à partir.

- Attend !! La rattrapais-je de ma main tremblante.

J’attendis qu’elle me fasse face pour retirer mon emprise de son poignet et fermer à nouveau la porte. Je restai là, debout devant elle, incapable de prononcer le moindre mot. J’avais l’impression d’avoir perdu soudainement la parole, ma gorge toujours noué et mon coeur qui persistait à se compresser si puissamment que j’en avais la nausée.

- Tu te trompes... Je ne m’amusais pas.

Un peu, peut-être au début cependant ce que je voulais dire c’était que je ne m’étais pas servi d’elle. Jamais je n’aurais pu lui faire ça à elle. J’aurais choisi une autre fille si j’avais voulu faire l’amour juste pour me divertir. Avec elle c’était différent mais fallait-il encore qu’elle me croit.

- Et je ne te mets pas dehors non plus. Je serais même ravi que tu restes mais je doute qu’après ce qu’il s’est passé, tu ais envie de rester. C’est pour ça que j’ai dit ça... Je n’aurais pas supporté les reproches même s’ils étaient justifiés. J’ai juste pris peur... Pour le métier, je ne m’en cache pas forcément... Je ne voulais simplement pas te décevoir. Alors, je suis désolé... Même si malheureusement on ne change pas le monde avec un « désolé »... Seulement j’ignore quoi te dire d’autre à part ça.

J’aurais pu lui avouer que je tenais à elle toutefois je n’en avais pas la force. Parce qu’après ça, elle ne me croirait probablement plus.  

I know your love is a lie

« On en vient à aimer son désir et non plus l'objet de son désir.  »

Je me dirige hâtivement vers la porte de la sortie, en cette instant je n’ai envie que d’une seule chose quitter cette appartement, quitte cette enfer. Lorsque j’ai entamé cette « relation» avec Kai  j’aurais dû me douter que vivre dans le mensonge ne pouvait durer qu’un temps. J’aurais dû me forcer à pousser plus loin ma curiosité mais finalement je ne l’avais pas fait de peur de connaitre les vrais raison de ce soudain rapprochement avec moi. J’en veux à Kai,  j’en veux également à moi-même pour avoir été aussi naïve. Transformer notre amitié ainsi et si soudainement aurait dû me faire douter, me faire comprendre que quelque chose n’allait pas dans toute ça. Malheureusement, le fait que Kai compte autant pour moi avait fini par m’aveugler, je voulais croire qu’entre lui et moi rien n’avait changé et que peut être par ce rapprochement nous pourrions reprendre notre relation là où on l’avait laissé. Je ne suis pas amoureuse de lui cependant cela n’empêche pas mon cœur de me faire souffrir énormément…

Kai ne me retenant pas, je suis très vite arrivé à la porte de sortie. Sans attendre, je l’ouvre alors tout en enfilant mes chaussures. Mon départ si précipité est certes dû à la situation mais également à cause du faite que je sois parfaitement consciente qu’il y a un autre secret entre nous deux, qui risque d’aggraver encore plus la situation. Oui le secret de Kai a fini par être dévoilé et finalement ce n’est peut-être pas plus mal ainsi, grâce à ça le temps me permettrais à nouveau de m’éloigner de lui et de garder en silence mon secret à moi. Car si un jour il venait à l’apprendre, nul doute que Kai me détesterais aussi et ça, je ne le supporterais pas …

Sur le point de partir, une voix suivie d’une main m’en empêcha. Plus que ce cris de désespoir c’est la main tremblante de Kai qui retient mon attention. Ce simple contacte, réussi à lui seul à amplifier la douleur dans ma poitrine à un point elle que je dois fermer les yeux un  instant pour essayer de me calmer. La douleur ne ce dissipant cependant pas, je fini tout de même par poser mes yeux sur lui une dernière fois.

Plus il parlait, plus la douleur devint insupportable et se propageais dans ton mon corps. Je ne veux pas entendre ce qu’il a à me dire… Et essayer de lui pardonner serait encore bien plus douloureux que de le haïr pour s’être servis de moi.

-« Arrête…. Arrête de parler, lui lançais-je soudain en haussant la voix, complétement a boue de force. Tu n’aurais pas supporté les reproches ? Et pourquoi ça ? Parce que tu es parfait ? Mais tu n’es pas parfait Kai, personne ne l’es d’ailleurs… »

Je n’avais pas envie de lui faire du mal, pas envie d’envenimer la situation entre nous. Malheureusement mon flot de parole incessant ne se tarissait plus. Je souffre et je veux qu’il comprenne à qu’elle point son mensonge me fait de la peine.

-«  Le problème ce n’est pas ton métier, c’est que tu ne m’as pas fait confiance.Tu as préféré me mentir et me cacher que tu couches avec d’autre femme. Je pensais être important pour toi Kai… être unique à tes yeux … Mais maintenant la seul chose que j’arrive à penser ce que tout ce que l’on a fait ensemble tu l’as avec les autres. »

Mes larmes sont à présent bien visibles sur mon visage. La pression dans ma poitrine quant à elle est tellement forte qu’elle m’empêche de respirer normalement. Il faut que j’en finisse avec ça, que je m’éloigne de lui avant de succomber totalement au chagrin.

-«  Ça ne pourra jamais marcher entre nous …. J’ai été stupide de croire que je pouvais retrouver le petit garçon de mon enfance …. On a trop changé Kai … On ne peut pas faire comme s’il le temps n’a rien changé aux choses ….  On est devenue des étranges l’un pour l’autre …. Je pensais te connaitre mais ce n’est finalement pas le cas …. Et si tu connaissais la vérité sur moi jamais tu ne m’aurais adressé la parole …. »

Contrairement à lui, je rêve de pouvoir lui dire ce que je pense et ressent vraiment. Je rêve de pouvoir lui dire qu’en fin de compte que je suis malheureuse et que travaillé à la NSA me détruit complètement de l’intérieure petit à petit. Mais je ne peux pas… contrairement à lui …je n’ai pas le droit d’en parler ….

-«  Toi et moi on vit dans des mondes opposé Kai. Ce que tu es devenu est complément différent de la fille que je suis aujourd’hui …. La différence entre toi et moi, c’est que je te fais assez confiance pour vouloir te parler de mes problèmes, mais contrairement à toi …. Je n’ai pas le luxe d’être aussi libre dans mes pensées et dans mes paroles que toi et c’est pour ça que je t’en veux ….. Je t’en veux de ne m’avoir rien, de m’avoir fait pensée que j’étais unique … Je t’en veux de t’être servis de moi pour combler ton égaux personnelle …  Et je t'en veux d'avoir été égoïste. Une seule fois dans ta vie ... un seule fois ... tu ne pouvais pas penser à moi une seul fois ?»

I know your love is a lie

« On en vient à aimer son désir et non plus l'objet de son désir.  »

Comment une douleur pouvait-elle être aussi intense ? J’avais l’impression qu’on m’enfonçait cruellement et sadiquement un poignard en plein coeur à une lenteur inimaginable. Même le coup que j’avais subi au niveau du torse n’était rien comparé à la souffrance que j’éprouvais en cet instant précis. C’était comme si tout mon monde s’écroulait, moi en-dessous et incapable d’effectuer le moindre mouvement afin de m’en sortir. A mon tour j’avais envie de lui hurler de se taire, qu’elle n’avait pas le droit de me dire ça et qu’elle ne me connaissait pas. Qu’est-ce qu’elle en savait elle que je n’étais pas parfait ? Jusque là, je l’avais toujours été... Surtout que je n’arrivais pas à comprendre ses remarques puisqu’elle même ne me comprenait pas. Ma bouche s’était entrouverte afin de parler, désirant lui déclarer que je n’aurais pas supporté parce que justement c’était elle et que je ne voulais pas la décevoir... Plus qu’être parfait pour les autres, je voulais être parfait pour elle comme elle l’était à mes yeux. Mais ses mots m’empêchèrent de prononcer le moindre mot et mes pieds restaient ancrés dans le sol alors que je voyais tout s’effondrer petit à petit.

Plus elle continuait son monologue, plus je mourrais d’envie de me boucher mes oreilles pour ne plus l’écouter... Si elle était blessée, elle me blessait doublement avec sa langue de vipère. Qu’est-ce que cela lui apportait de parler sans réfléchir ? Je n’étais pas comme elle. Si j’avais des problèmes, je n’en parlais pas, que cela soit maintenant ou auparavant, je n’ai jamais parlé de moi ni de ce que j’avais sur le coeur... Sinon je lui aurais parlé de Ryuhei, du fait que je n’allais pas forcément si bien que je persistais à le faire croire, que j’étais tracassé mais que malgré tout ça, j’avançais. Parce que j’avais pris conscience qu’il était inutile de se prendre la tête pour des choses qui n’en valaient sûrement pas la peine. Ce n’était pas que je n’avais pas confiance en elle non plus... Je n’avais pas confiance en moi. Elle était la mieux placée pour le savoir puisque j’avais fini par me résigner et lui expliquer tout ce martyre qui m’avait tant meurtri auparavant. Tout comme je ne lui avais rien caché du tout, si elle avait cherché à en connaître plus sur mon présent, je le lui aurais dit sans hésiter parce que je détestais mentir. Lors de nos retrouvailles c’était différent, j’étais peu sûr de moi et j’ignorais ce qu’elle était devenue. Elle était cette amie que j’avais tant apprécié et avec qui j’avais passé un temps fou au lycée, je ne pouvais pas m’imaginer la choquer ni même que la vision du Kai qu’elle avait connu ne soit pas la même. J’avais eu peur également... Et plus nous nous étions rapprochés, plus cette peur s’était accentuée. Ce n’était pas comme si je pouvais rétorquer du jour au lendemain que j’étais en réalité un acteur de films pornographiques. Mais c’était de ma faute... J’en avais pleinement conscience. Pourtant elle était tout autant en tort que moi... Elle me faisait du mal à travers ses reproches et ne me comprenait pas. Elle avait raison. Probablement qu’on ne se connaissait plus au bout du compte.

Si mon coeur était capable de se briser sérieusement en mille morceau, nul doute qu’on entendrait déjà le bruit de ces derniers qui se décomposaient et se broyaient à l’intérieur de mon corps. J’en avais la tête qui tourne... En plus d’être triste, j’avais cette colère intense qui avait regagné mon âme alors que la jeune femme terminait son discours. Harumi était une idiote... Si je ne tenais pas à elle, je ne l’aurais pas rattrapé pour tenter de la supplier. Mais c’était fini. Je m’en apercevais à présent. Il n’y aurait plus jamais rien. Cette fille qui se présentait devant moi n’était pas l’amie précieuse que j’avais connu à l’époque. Jamais elle ne m’aurait parlé de la sorte quand bien même je l’aurais blessée... Elle aurait su lire plus facilement dans la brillance de mes yeux et se serait rendu compte qu’elle avait tort sur toute la ligne.

- Tait-toi... Tait-toi... Murmurais-je, mes mains tremblantes sous la frustration de cette colère qui grimpait en flèche puis ma voix se fit soudainement plus forte, Tait-toi !!

La lueur au sein de mes pupilles s’était transformée... Elle ne représentait plus rien que cette rage et cette rancoeur qui m’abritait alors que des larmes discrètes s’étaient nichés au coin de mes yeux sans jamais couler le long de mon visage. Je n’avais pas envie de pleurer. J’étais juste rancunier.  

- Mais qu’est-ce que tu sais de moi Harumi ?! Tu as raison, certainement que nous sommes devenus des étranger ! Au point que tu en viennes à me juger ainsi, je ne vois pas ce que nous pourrions être d’autre ! Je te déteste ! Vraiment, je te déteste ! Pour tout ce que tu viens de me dire ! Tu es celle qui devrait me connaître mieux que personne et pourtant tu es encore là à me dire que je me suis servi de toi ! Je te promets que si j’avais voulu me servir de toi, je l’aurais fait tout autrement ! Mais ça tu ne peux pas le savoir puisque tu ne me connais pas !

Je n’avais pas non plus omis le fait qu’elle avait mentionné qu’il y avait une chose dont elle ne pouvait pas parler et que soit disant je lui en voudrais. Encore une fois, elle ne me connaissait pas... L’unique chose sur laquelle je pouvais en vouloir à quelqu’un, c’était exactement son comportement d’aujourd’hui. J’ai toujours été une personne assez simple, pas vraiment rancunière à la base et qui réfléchissait le plus souvent avant de me fâcher avec un proche. Déjà que je n’en avais pas beaucoup, je tenais toujours à les préserver seulement si eux-mêmes doutaient de moi... Je devenais tout d’un coup si vulnérable.

- Tu as toujours été précieuse à mes yeux ! Toujours ! Mais je n’ai même plus envie de me justifier ! C’est certain que tu ne me connais plus Harumi !! Tu pourrais même être une criminelle que jamais je ne t’en voudrais !

Et pourtant... J’étais vexé pour tellement moins que ça, ce qui était paradoxal. Néanmoins, pas tant que ça... Je détestais qu’on me juge, qu’on se moque de moi, qu’on doute de moi. Peu importait si elle songeait que je n’étais pas parfait, juste qu’elle n’avait pas le droit de me crier tout ça alors qu’elle ignorait tout ce qui me tourmentait à l’intérieur.

- Je peux comprendre que tu m’en veuilles de ne t’avoir rien dit mais pas du reste. Je ne me suis pas servi de toi. Seulement je crois que ça m’a suffi. Je ne veux plus rien te dire alors pense ce que tu veux Harumi. Pense que je suis un connard fini, pense que je me suis servi de toi, pense tout ce que tu veux et mon égaux personnel te le revaudra bien.

J’étais à mon tour méchant dans mes paroles, je m’en rendais également compte néanmoins c’était de sa faute. J’admettais avoir souhaité qu’elle ne désire que moi, qu’elle ne soit qu’à moi mais cela m’avait aussi permis de m’apercevoir que c’était justement parce qu’elle était spéciale que je souhaitais ça. Oui, j’en voyais d’autre... J’étais obligé d’en voir d’autre... Hors, c’était entièrement différent. Je ne ressentais du plaisir avec aucune d’entre elles.

- Sort de chez moi, maintenant.

D’une petite voix cependant malgré tout froide, je lui ouvris la porte et lui fit signe de sortir. Je ne voulais plus la voir. Plus jamais. Toutefois, elle semblait ne pas daigner bouger, sûrement choqué de remarquer qu’à moi aussi, il m’arrivait d’être en colère. Et si j’étais en colère, c’était parce qu’au plus profond de mon âme, j’étais triste et tracassé.

- Sort de chez moi !! Répétais-je dans un cri avant de noyer mes yeux dans les siens.

Mon regard était des plus glacial et je priais intérieurement à ce que Naoki ne soit pas chez lui sinon il risquait de se poser des question également. Je n’avais plus envie de voir personne. Plus maintenant. Je voulais juste être seul, oublier ce désastre, oublier que tout ceux que je pensais proches de moi ne l’était en fin de compte pas du tout. Peut-être qu’à songer ainsi cela faisait encore de moi une personne égoïste... Mais à croire qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même n’est-ce pas ?

I know your love is a lie

« On en vient à aimer son désir et non plus l'objet de son désir.  »

L’entendre s’emporter ainsi me fait soudain comprendre que j’ai certainement été trop loin dans mes paroles. Sans le vouloir je venais de le blesser et par la même occasion, de briser le seul lien qui nous reliait encore lui et moi. Ses mots m‘ont fait mal tout comme les miens avait atteint son cœur il y a peu … S’en prendre à nouveau à lui ne servais à présent plus à rien, car il avait prononcé la seul chose que j’aurais jamais souhaité entendre dans sa bouche. Il me déteste, et finalement il a peut-être bien raison … Moi aussi depuis un moment déjà je me déteste … Je ne suis plus la gentille petit fille que j’ai pu être dans le passé. Celle que je suis à présent est froid, manipulatrice et bien trop franche. En soi, tout un tas de trait de caractère qui ne donne pas vraiment envie aux autres de m’aimer. De nous deux, je suis finalement certainement la moins à plaindre et le fait qu’il me déteste ainsi est sans doute la meilleure chose à faire pour lui …. Au moins si dans le futur je dois m’en prendre à lui, il aura tout simplement une raison de plus de me détester sans avoir le cœur d’avantage brisé.

Plongé dans mes pensées et dans le tumulte de mes sentiments, je sursaute à l’intonation sèche de sa dernière phrase, m’ordonnant de sortir de chez lui. Je suis désolée, vraiment désolée de l’avoir mis dans de tel état mais bien qu’il prenne un malin plaisir à me rappeler encore et encore qu’effectivement je ne le comprends pas, il ne semble pas se rendre compte que lui non plus, ne me comprend pas en cet instant présent. Si j’ai dit toute ses choses ce n’était pas dans l’intention de le blesser mais uniquement pour essayer de lui faire comprendre ce que je pense et ressent de tout ça. Oui c’est vrai, je m’y suis certainement très mal prise mais comment aurais-je pu réagir après avoir appris une telle nouvelle ?

-«  Tu as raison … déteste moi … tu n’es pas le premier et certainement pas le dernier de tout façon … »

Pourquoi me suis-je entêter à essayer de retrouver mes amitiés perdu ? J’aurais dû écouter Naoki et arrêter de vivre dans le passé comme il a essayé de me le faire comprendre il y a un moment. Cependant me tourner vers l’avenir me fait peur ….  J’ai peur de devenir une jeune femme détestable …. Peur de me retrouver seul avec moi-même ….

Sans rien ajouter de plus, j’attrape finalement mon manteau que je ne tarde pas à enfiler. Mon regard embué par mes larmes, se pose alors une dernière fois sur le regard glacial de mon ancien ami. Je lui en veux et il m’en veut, comme ça l’histoire est réglée …. Il ne nous reste à présent plus cas penser nos plaies et nous oublier …. Ce sont c’est dernier pensée qui traversèrent mon esprit avant d’entendre la porter claquer dans mon dos.