Que la lumière soit ...

Parfois je ne savais pas trop ce qui me motivait à sortir du lit en plein milieu de la journée. Peut-être l’envie soudaine de capturer des moments d’éternité via mon appareil. Je savais que je n’avais pas un caractère facile & que je ne pourrais sûrement pas être apprécié de tout le monde mais, parfois j’me demandais encore comment mes amis pouvaient rester aussi calmes tout en étant près de moi. & surtout, comment ils faisaient pour aimer une tête de cochon comme la mienne. Bref, je me tirais donc du lit sans sommation avant de me traîner vers la douche d’un pas qui se voulait maladroit. Après avoir jeté un bref coup d’œil à mon lit, je compris rapidement que j’avais sûrement du m’enfoncer dans l’alcool toute la nuit. J’en avais marre de toutes mes dépendances qui ne faisaient que me gâcher la vie. J’aurais préféré ne rien avoir du tout, tout aurait été tellement plus simple, mais je ne pouvais pas oublier. depuis des années, ça me minait de l'intérieur et je ne savais pas quoi faire pour m'en sortir. J’étais donc parti sous la douche sans demander mon reste.


Après m’être préparé, je pris mes clefs, mon téléphone portable, mes clopes & mon matos avant de quitter l’appart. Je devais faire un tour au QG de la NSA avant de repartir en vadrouille et bien qu’il soit déjà plus de seize heures je doutais que quelqu’un me fasse le moindre reproche. Je partais donc la clope au bec et j’en profitais pour enfiler mes lunettes de soleil. Il faisait particulièrement beau aujourd’hui et rien ne semblait vouloir venir gâcher cette journée magnifique. Je flânais dans les rues en allant au boulot, non sans une certaine envie de faire demi-tour pour aller me recoucher & puis, je reconnu le QG. J’arrivais légèrement en retard comme à mon habitude mais bon, fallait savoir se faire désirer. Après avoir bossé toute l'aprèm, je remerciais mes collègues présents et me hâtais de rejoindre l’ascenseur et là, ce fut le drame de ma vie. Une coupure de courant … ah nan pas maintenant ! je commençais à paniquer en me demandant ce qu’il pouvait bien se passer, disant d’un coup un « aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaargh » d’un ton brusque. Je ne demandais pas mon reste, adressant à mes collègues un « y’a quelqu’un encore ? allô ? » d'un ton presque trop précipité.

J’entends quelqu’un me parler vaguement alors que ma panique semblait tomber plus que doucement. Je relevais la tête en espérant voir quelqu’un arriver et au lieu de cela, j’entendais un léger souffle pas très loin de moi. Je fus légèrement rassuré tandis que j’essayais de contenir mon angoisse soudaine. Je répondis donc d’un ton assez neutre « ça va, je … oui ça va » alors que j’essayais de voir si c’était une femme que je connaissais déjà. A la NSA, je n’avais pas particulièrement de contacts avec les autres parce que j’avais toujours été un peu misanthrope mais j’arrivais tout de même à avoir des contacts succincts avec certains employés. Le fait qu’elle me voit dans cet état me mettait aussi légèrement mal à l’aise. La seule personne qui m’avait vu dans un tel état était Ren. Il savait que j’avais peur de me retrouver seul dans le noir et même si ça avait mis un temps fou avant que je le lui révèle, j’avais été soulagé qu’au moins une personne connaisse mon secret. Secret qui pouvait parfois être très lourd à porter pour mes simples épaules. Même si je n’aimais pas non plus qu’on s’immisce dans ma vie, je savais faire la différence entre avoir un ami proche à qui je pouvais parler de ma phobie et raconter ma vie à tout le monde cependant, elle ne semblait pas bien méchante ce qui me poussait à lui répondre.


J’essayais de reprendre une certaine contenance, de ne pas passer pour quelqu’un de vraiment bizarre ou de carrément à l’ouest. J’arrivais à présent à calmer à peu près ma respiration encore légèrement saccadée et lorsqu’elle me demanda si j’allais mieux parce que j’avais l’air encore très affolé, je ne répondis pas tout de suite, trop occupé à calmer le rythme de mon cœur. Je soupirais alors doucement, ajoutant sur un ton calme « je vais bien, ne t’inquiète pas » comme si cela allait changer quelque chose. J’avais montré une de mes faiblesses à une inconnue et maintenant j’en payais carrément les frais, je passais pour un trouillard de première. Baissant la tête, mon souffle revint alors à la normale et je pus respirer à peu près normalement. Les yeux fermés, je n’osais pas les ouvrir, craignant de ne pas reconnaître mon lieu de travail si jamais je le voyais dans le noir. J’ajoutais donc sur un ton doux « tu travailles tard. Tu sais si on est seuls ici ? » puis, je rouvrais les yeux et j’aperçus vaguement une silhouette non loin de moi. cela devait être la jeune fille qui me parlait depuis que j’avais eu peur. Pour ne pas perdre le fil, je continuais donc à parler, ajoutant sur un ton toujours aussi calme « c’est quoi ton prénom ? moi c’est Satoru, enchanté. Même si les circonstances sont pas tellement joyeuses hein … »

Elle me demanda si j’allais mieux. Ouais bon, j’avoue que j’avais eu une grosse frayeur du genre incontrôlable mais honnêtement, j’allais mieux depuis quelques minutes déjà. Je sentais que mon rythme cardiaque se calmait et je me disais que ça irait sûrement encore mieux dès que le courant serait revenu dans le bâtiment. Je me contentais donc d’attendre sagement alors que la jeune femme présente avec moi semblait plus que calme. Je lui répondis donc « oui je vais mieux, merci » sur un ton qui se voulait reconnaissant. Je n’osais pas trop bouger, guettant le moindre bruit autour de moi puis, je relevais légèrement la tête pour voir s’il n’y avait pas quelqu’un qui passait dans le couloir que ce soit un électricien ou quelqu’un de la maintenance qui pourrait faire quelque chose pour cette panne de courant maudite. Elle me demanda ensuite si j’avais mon téléphone portable sur moi vu que le sien venait de la lâcher. Je fouillais rapidement dans mes poches et le trouvait enfin. Il me restait quelques barres de batterie mais aucune trace de réseau. Cela semblait donc mort pour appeler à l’aide.


Je continuais donc de regarder mon téléphone quelques secondes avant d’allumer la torche pour nous éclairer. J’ajoutais ensuite un « voilà, je sais pas combien de temps ça va tenir mais j’espère que ça va tenir un peu au moins » sur un ton embarrassé. Je voyais enfin son visage et je découvris une demoiselle qui semblait plus jeune que moi mais qui était particulièrement jolie. Bon j’étais pas là pour draguer et c’était pas non plus mon genre de faire ou dire des choses déplacées mais je savais reconnaître une belle femme. Malheureusement, il me semblait que le sous-sol n’était pas relié au rez de chaussée par des escaliers mais seulement par des ascenseurs. Ce qui voulait dire que nous allions devoir attendre que le courant soit rétabli pour pouvoir quitter le bureau. Pour passer le temps, je relançais donc la conversation, ajoutant un « et du coup, tu travailles dans quel service ? je t’avais jamais vue avant » sur un ton qui se voulait avenant. D’ordinaire je n’étais pas très bavard mais là, il fallait bien que je fasse quelque chose pour oublier ma peur.