I need a miracle

Miaki, en prison. Quand nous avions eu le communiqué de Terazawa à la NSA, nous indiquant qu'ils allaient tirer au sort un Denshou pour l'envoyer dans une de ces prisons spéciales, je n'aurais jamais pensé que ça serait elle, la première à inaugurer ce système. Ça m'avait énervé, mais je ne pouvais rien faire. Je ne pouvais pas réagir, dire qu'elle n'avait rien fait de mal. Je m'étais contenté de soupirer bêtement.
J'avais décidé d'aller la voir le premier samedi, histoire de prendre la température, voir comment elle allait. La conseiller aussi. En tant que NSA, je savais très bien ce qu'on attendait des prisonniers.

-Comment tu te sens ? M'enquis-je une fois assis face à elle.

Question stupide, elle était en prison. Mon regard la détailla un peu. Elle était excessivement maquillée, sa tenue un peu trop clinquante pour une tenue de prisonnière. Mais c'était quoi, cet endroit ? C'était la première fois que je venais dans ce genre de prison. Enfin, que j'allais en prison tout court, en fait. Un léger soupir quitta mes lèvres.

-La première semaine s'est bien passée ?

Question stupide, acte II. Je doute qu'elle me lance que ça avait été génial et qu'elle se voyait comme une parfaite Shinki maintenant ! Enfin, elle allait peut-être me le dire pour faire genre, mais je doute sincèrement que ce soit vrai. C'était tellement désolant de voir que ce genre d'endroit était toléré, et que le gouvernement japonais ne réagissait même pas...

Cinq jours que j'étais ici, contrainte à faire des tas de trucs … Débiles ? Je m'en fichais de savoir utiliser tous ces appareils, de m'habiller comme si j'étais riche et que je suivais la mode à ses moindres petits changements. Malgré tout, je ne souhaitais pas rester dans cette prison plus qu'une semaine, alors je faisais comme si le lavage de cerveau marchait parfaitement et que j'aimais tellement la nouvelle Miaki que je ne voudrais plus jamais faire marche arrière. C'est bien ça qu'ils attendaient, pas vrai ?

J'avais déjà eu des visites, bien que je n'étais enfermée ici que pour une semaine, mais ça me rendait toujours heureuse d'en avoir. Sauf que maintenant, je commençai à avoir marre de faire semblant d'être quelqu'un d'autre, alors une fois assise devant Ryûhei, bien que contente de le voir, j'en oubliai les bonnes manières.

« Vouloir rester soi-même dans cette ville, est-ce que c'est trop demander ? Hein ? Sérieusement ? »

Je laissai s'échapper un léger soupir, me rendant compte que simplement tout ce programme qui me faisait tourner la tête. J'avais juste hâte de pouvoir sortir et rentrer chez moi.

« Pardon, je voulais pas, c'est pas ta faute … J'en ai un peu marre, mais ça va, et toi ? C'est gentil de venir me voir, ça me fait plaisir. »

Je remplaçai mon expression de désespérée par un sourire à la fin de ma phrase, étant vraiment sincère par rapport à ce que je disais.

Un petit sourire désolé se forma sur mes lèvres à sa question. Je ne pouvais même pas lui dire que je comprenais son injustice. J’étais un NSA, j’étais censé approuvé ce qu’ils faisaient. Je savais qu’ils avaient choisi Miaki avant même qu’ils n’aillent la chercher, mais je ne pouvais rien faire. Et je m’en voulais d’être si impuissant, d’être juste un pion inutile. Je haussais juste les épaules, passant ma main dans mes cheveux.

-Je ne sais pas… Visiblement, c’est ce qu’il y a de plus important ici.

Elle disait que ce n’était pas de ma faute, mais j’avais l’impression que c’était le contraire. Même si je n’avais pas le choix, j’étais complice de tout cela, de ces mascarades. Mais je ne pouvais pas lui dire. Je hochais juste la tête quand elle me demanda si j’allais bien. Venir la voir était le minimum. J’aimais beaucoup Miaki, alors qu’elle soit la première enfermée ici. Pinçant légèrement mes lèvres, je m’approchais de la table, la regardant gravement pour qu’elle s’approche.

-Fais comme si tu étais convaincue, toujours. Terazawa est limite devenue ton Dieu. C’est ridicule qu’ils pensent que leurs conneries marchent, mais peu importe, ils y croient. S’ils te posent des questions, mens, toujours. D’accord ? Tu devrais peut-être quitter Nishinaka après…

Tout le monde devrait partir de Nishinaka, d’après moi. Mais je savais que c’était juste lâche, que c’était prendre la fuite. Mais au moins, elle serait libre, et elle ne risquait pas de se retrouver en prison pour le moindre problème.

C'était désespérant d'être enfermée ici pour n'avoir rien fait au final. Mais peut-être qu'à Nishinaka, ils étaient comme les professeurs à l'école qui, quand on dit « Mais j'ai rien fais ! », répondent « Justement ! ». Quoi qu'il en soit j'étais là pour quelques jours, et Ryuhei avait fait le déplacement pour me voir, donc je devais en profiter. Ça serait un peu comme un bol d'air frais, et j'en avais bien besoin.

Alors que je m'attendais à ce qu'il me réponde si ça allait ou non, je regardai Ryuhei se pencher sur la table sans vraiment comprendre, jusqu'à ce que je m'avance un peu vers lui pour écouter ce qu'il voulait me dire. Ça avait l'air important à voir comment il se comportait … Et en effet, ça l'était, puisqu'il donnait des conseils pour sortir d'ici le plus vite possible.

« C'est ce que je vais faire. Enfin je le fais déjà, il vaut mieux faire semblant d'être quelqu'un d'autre pour une courte durée plutôt que rester ici plus longtemps que prévu … Mais je suis désolée, je ne quitterai pas Nishinaka, c'est chez moi ici Ryuhei. »

Mon père était déjà parti pour toutes leurs histoires idiotes, et même si ma mère et moi pouvions le comprendre, je ne ferais pas pareil. Je pourrai trouver un autre travail ailleurs, mais je n'en avais pas envie. Malgré tout, je me plaisais dans cette ville.

« Tu penses à partir toi des fois ? Oublier tout ça et vivre une vie « normale » ? En tout cas, je suis contente que ça ne soit pas toi qui soit venu m'arrêter, ça aurait été étrange pas vrai ? »

Ce genre de situation s'avérait être un peu gênante, alors je préférais que ça soit de parfaits inconnus qui débarquent chez moi …