Mommy, please, help me !!

La technologie, quelle merveille !
Encore un peu et on pourrait y croire. Ren travaillait là-dessus. Il tentait d’être un peu plus convaincant à chaque seconde. C’était pas encore gagné, mais au moins il planchait déjà dessus.

Il regardait la tablette posée devant lui. Bon, ces choses-là, ça faisait pas mal de trucs, à ce qu’il avait compris. Est-ce qu’il y avait l’application « corde » par hasard ? Ou bien une application qui enseignerait comment s’échapper d’une prison. Quelque chose comme ça. Non ? Y avait pas ? C’était pas vraiment utile alors.
Même si son envie de suicide à coup de tablette était très présente dans sa tête, rien ne se voyait sur son visage. Du moins il essayait. Il faisait du mieux qu’il pouvait pour paraître intéressé quand on lui expliquait à quoi servait cet objet.
Le cours se finit enfin. La tête grosse comme une pastèque, Ren suivait l’homme qui venait lui dire qu’il avait une visite. Il prit place sur une chaise, tentant de garder le dos bien droit. Il passa rapidement sa main sur ses yeux. Regarder une tablette toute la journée allait finir par lui brûler la rétine. Il allait finir aveugle, voilà. Et tout ça parce qu’il n’avait pas le dernier téléphone à la mode.
Ca devenait vraiment n’importe quoi…

Il rouvrit les yeux et regarda la personne face à lui maintenant. Il lâcha un rapide « Oh » avant de sourire comme un bienheureux. Hanae était venue le voir, la journée n’était pas si mauvaise en fin de compte.

« Coucou maman », lâcha-t-il en riant légèrement.

Puis il fronça les sourcils. Elle n’allait peut-être pas comprendre et allait croire qu’il était devenu fou. Concrètement, il n’était pas loin de la folie en soit…  

« J’suis content que tu sois là », rajouta-t-il rapidement d’une voix douce, ne laissant pas le temps à Hanae de réagir au « Maman », « Tu vas bien j’espère ? »

Voir Hanae allait certainement être le meilleur moment de sa journée. Son unique joie, d’ailleurs. Il se sentait presque déjà mieux rien qu’en la regardant.

Ren en prison, rien de plus normal. C’était l’évidence même. Non mais franchement, il réfléchissait un peu dans cette ville ou ? Cela faisait un moment que je n’avais pas été aussi remontée contre Nishinaka... De plus en plus, elle perdait de ses valeurs et cette ville que j’avais connu me manquait de plus en plus. J’avais l’impression de vivre sous une dictature alors que c’était loin d’être le cas... Ce maire était juste complètement timbré. J’espérais honnêtement qu’il ne soit pas élu à nouveau aux prochaines élections toutefois ça faisait déjà dix ans. Au vue de l’énergumène, il était capable d’inventer des stratagèmes sordides pour qu’on vote pour lui. Qu’il ne compte pas sur moi. La technologie pouvait être utile, certes, je l’admettais cependant il y avait des limites. Ren ne méritait pas la prison ! Il était aussi doux qu’un agneau et encore, même un agneau était plus méchant que lui.

J’avais envie de me rendre à la maison de Terazawa et lui arracher les cheveux un à un pour lui montrer que son eldorado était rien d’autre que de la pacotille ! Il pouvait même me mettre en prison s’il le voulait, je ne céderais pas à ses « conneries ». C’est notre choix d’aimer ou non. Puis mettre Ren en prison, rien que ça... Il manquerait plus qu’il y enferme Ryuhei aussi, ça serait le pompon.

Je l’attendais, tapotant du pied sous la table tandis qu’en plus d’être en colère, j’étais inquiète de comment j’allais retrouver mon ami. Et, en effet, il avait une petite mine. J’espérais qu’on ne le forçait pas trop, il semblait fatigué. Sûrement trop... Au point de m’appeler maman, c’est que vraiment, ça ne devait pas aller si bien que ça. Mais je ne m’en formalisai pas, me contentant de lui sourire pour lui montrer qu’il n’était pas seul.

- C’est plutôt à toi qu’il faut demander ça, Déclarais-je alors, On ne t’exploite pas trop ça va ?

Afin qu’on ne m’entende pas, ne désirant pas lui causer plus d’ennuis qu’il n’en avait déjà, je m’approchai pour lui chuchoter d’une voix sévère :

- Si on t’embête trop tu me le dis, j’irais tirer les cheveux à Terazawa !

Il le méritait bien celui-là. Enfin pour une personne comme lui, je trouvais ça trop sage... Enfin bref...

- Pourquoi « maman » ? L’interrogeais-je finalement.

Il devait bien y avoir une raison. J’espérais juste que ce n’était pas cette prison qui le rendait fou sinon c’était fichu.

Un sourire en coin, il hésitait grandement à répondre que si, on l’exploitait. Et trop. On l’envoyait dans les mines, on le forçait à entrer dans des trous beaucoup plus petits que lui, on lui ordonnait de creuser. De l’exploitation pure et dure ! Mais il ne dit rien et se contenta juste de hausser les épaules, une petite grimace collée au visage.
Il posa son regard sur son amie alors qu’elle se rapprochait de lui. Il se mit à rire doucement et lâcha un petit « Promis, j’te dirais »
Il se retint de rajouter qu’elle avait enclenché le mode « Maman poule » et que c’était mignon.

« Pourquoi maman ? Parce que Ryû c’est mon papa », lâcha-t-il comme si c’était une évidence.

Ben oui voyons, c’était logique et normal et tout à fait naturel !

« Ah oui, on s’est pas vus entre temps. Ryû était venu à la boutique, on a discuté, on s’est chamaillé comme d’hab, et on en est arrivé à la conclusion que vous êtes mes parents. Oh et… Félicitations, pour le beau bébé que tu as mis au monde »

Il offrit un immense sourire à la jeune femme avant de rire comme pas permis. Le pire ? Il était fier de sa blague. Il la trouvait trop drôle. Et si Ryûhei était là, il aurait probablement ri avec lui. … Probablement. Au bout de quelques secondes, il se racla rapidement la gorge.

« Désolé, c’est tellement…génial ici que je ris pas tout le temps. Je profite des visites pour me lâcher un peu »

Et se lâcher il en avait besoin. Devoir faire comme s’il suivait ce qu’on lui disait… c’était difficile, autant physiquement que psychologiquement. Faire semblant d’être intéressé par tout ça aussi d’ailleurs. Utiliser une tablette.. Sérieusement, qu’est-ce qu’il en avait à faire ? Il n’aurait jamais l’idée de dépenser autant d’argent pour ça. Il le lancerait par la fenêtre, ce serait la même chose. Il arrivait à comprendre que pour certains, c’était génial, tout ça tout ça, mais lui, ça ne l’intéressait pas, un point c’est tout.
Et puis, une application pour lire ? Sur sa tablette ? Les gens ne savaient plus tourner les pages d’un simple livre ou bien ?

« Mais t’as toujours pas répondu. Tu vas bien ? »

Il étira doucement ses bras, puis les croisa, et les posant mollement sur la table devant lui.

Les explications de Ren m’avait aidé plus ou moins à comprendre bien que je ne pouvais que constater qu’eux non plus, ensemble, ils n’avaient pas vraiment changé. Toujours avec des délires débiles entre eux, mais ça faisait leurs charmes et c’était ainsi que je les adorais. Donc, je serais la mère de Ren, pas de problèmes, cela me convenait très bien surtout que j’avais toujours rêvé d’avoir des enfants. Bon ceci dit, celui-là était quand même un peu grand. Je n’avais pu me retenir de rire avec lui, notant dans un coin de ma tête que j’irais vraiment arracher les cheveux de Terazawa. Aller bien était un bien grand mot... Je n’avais pas de problèmes santé, rien de tout cela, mais Ryuhei était malade et j’étais inquiète. Voilà qu’en plus Ren se retrouvait en prison, c’était du grand n’importe quoi... J’étais rassuré que mon mari soit à l’hôpital, au moins il n’aurait pas pu l’embarquer lui aussi mais quand même... Soupirant intérieurement, je ne laissai rien montrer à mon ami et lui souris simplement. Il avait d’autres choses à penser qu’à se tourmenter pour les autres et puis c’était mon fils, c’était mon devoir de maman de m’en faire plus pour lui, pour son père, que pour moi-même n’est-ce pas ?

- Je vais bien, Déclarais-je alors, Mais je ne crois pas que ça soit l’endroit et le moment de t’inquiéter pour moi très cher ! Inquiète-toi déjà pour toi, regarde ta tête, elle est affreuse !

Oui bon, je ne faisais pas dans le tact néanmoins je ne pouvais pas mentir, il me semblait fatigué et avec de petits yeux. J’aurais aimé rentrer à l’intérieur, pouvoir casser tous ces engins inutiles puis le forcer à rentrer avec moi. Seulement ce n’était pas possible. En plus de me créer des ennuies, les siennes dédoubleraient encore plus.

- Ils te font faire quoi là-bas ? S’ils sont méchants avec toi, défend-toi hein ? A ta sortie, je t’offrirais pleins de séances de massages, ça te fera du bien !

Sur ses dires, j’avais montré mes mains et je rigolais. C’était mon métier après tout, je pouvais bien lui faire ce plaisir là.

Le seul son qui sortit de la bouche de Ren fut un « Eh ?! » prononcé un peu plus fort que la normale. Comment ça, sa tête était affreuse ? Ca voulait dire quoi ? Qu’il ressemblait à un monstre des cavernes ? Cela dit, il s’en doutait, il n’était pas dans son meilleur jour. Mais de là à dire que sa tête était affreuse… Il était censé refléter la perfection, non mais !

Il retint un petit bâillement et cligna des yeux plusieurs fois. Fatigué il était. Il frotta ces derniers rapidement d’un geste presque enfantin et reposa son regard sur son amie.

« Ils m’apprennent à me servir d’une tablette, par exemple. A m’habiller aussi. Ce genre de trucs… Faut être parfait, en gros »

Il haussa simplement les sourcils, montrant ainsi que ça le blasait plus qu’il ne le montrait mais qu’en plus, c’était inutile de lui faire subir ça.
Heureusement, pour le moment, personne n’était réellement méchant avec lui. Enfin, tout dépendait du point de vue. Aucune des personnes présentes n’avaient haussé le ton avec lui, ou quelque chose qui laisserait penser à de la méchanceté.

« Et je dis pas non pour les massages »

Il sourit en entendant le rire de son amie, ça lui faisait du bien aux oreilles.

« Tu savais qu’il y avait une application sur téléphone qui te signale les passages ennuyeux d’un film, pour te permettre d’aller aux toilettes ? »

Oh oui, il en apprenait des choses ici. Et autant étaler sa science et montrer tout son potentiel à Hanae. Pour la rendre fière. C’était le but d’un fils, de rendre sa Maman fière non ?
Il ouvrit la bouche pour dire autre chose mais arqua un sourcil en se demandant pourquoi il avait retenu ça. Il aurait pu retenir quelque chose de plus intéressant, mais non. Il fallait dire que l’application « J’te préviens du pire moment du film pour que t’ailles faire pipi » l’avait bien faite rire. Maintenant, ça le désespérait plus qu’autre chose.

« Encore un peu, et l’application évoluera : elle te dira si oui ou non les toilettes sont occupés. Très pratique si tu vis seul. J’devrais l’inventer tiens »

Un petit rire glissa entre ses lèvres alors qu’il secouait la tête. C’était vraiment trop débile tout ça.

Apprendre à être parfait. Comme si on avait besoin de l’être. Tout le monde l’est, à sa façon. Je n’étais décidément pas d’accord avec la politique de Terazawa et ne le serais sûrement jamais. C’était tellement stupide... Est-ce que affaiblir ses habitants faisaient aussi partie de sa perfection ? J’avais froncé les sourcils quand mon ami m’avait parlé de ça mais j’avais encore plus plissé mes yeux lorsqu’il mentionna une application bizarre. J’avais été partagé entre le gronder pour oser me parler de toute cette technologie à laquelle je n’y comprenais pas grand chose et entre le fait de m’éclater de rire tant cette invention était ridicule. Il y avait vraiment des personnes qui se servaient de ce genre de truc ? C’était puéril. Voilà que maintenant, bientôt, on ne regardera plus jamais les films en entier parce qu’on cherche des passages ennuyeux afin de pouvoir faire pipi. Non mais c’était à se frapper la tête contre le mur tant c’était pitoyable.

- N’invente rien ! Dis-je avec toujours mes sourcils froncés, Tu n’as pas intérêt de tomber dans cet engrenage, pas toi hein ?

Je le connaissais, je savais qu’il plaisantait toutefois il fallait se méfier avec notre maire. J’ignorais quelle technique il employait pour amadouer ses « victimes ». Mon pauvre enfant... J’avais envie de lui faire un câlin, de lui dire que tout irait bien et que maman était là pour affronter les méchants bonhommes.

- En tout cas ils sont un peu idiot non ? Chuchotais-je pour pas trop qu’on entende, Ceux qui ont inventé ce type d’applications ? Je veux dire, j’avoue que la technologie ça peut dépanner mais ça, c’est complètement con.

Déjà qu’un portable ne me servait pas à grand chose alors ça, je n’osais pas imaginer ce que j’en ferais.

- Ah... Au fait, tu veux que je te remonte le moral ?

Un grand sourire et je lui montrai mon alliance autour de mon doigt. Maintenant que j’étais à nouveau avec Ryuhei et toujours marié, j’avais pu remettre ce précieux bijou que j’avais gardé avec précaution dans un tiroir de ma commode. Peu importait le nombre de fois où j’avais voulu m’en séparer, je n’y étais jamais parvenu.

Ren secoua vivement la tête négativement, levant les mains devant lui, comme pour montrer patte blanche. Il n’allait pas se mettre à inventer une application. … Il ne savait même plus comment on les installait sur un téléphone.
Non, il n’allait pas tomber là-dedans ; c’était hors de question. Ce n’était pas son truc, et ça ne le serait pas. En plus, être ici contre sa volonté n’allait pas lui donner envie de dépenser son argent à gauche et à droite pour n’importe quelle technologie.
Il regarda d’abord Hanae les yeux ronds avant de lâcher un rire sincère. Il ne pouvait pas dire non cela dit : ils étaient idiots d’inventer un truc pareil. Il soupira un « J’te le fais pas dire… » tout en soupirant.
C’était plus stupide que la stupidité elle-même à ce point-là. Relevant le regard vers la main de son amie, un immense sourire se dessina sur ses lèvres.
Ryûhei et Hanae étaient de nouveau ensemble alors ? C’était vraiment la meilleure nouvelle qu’il pouvait avoir.

« C’est trop bien ! J’suis vraiment content pour vous », dit-il le sourire toujours aux lèvres, « Vous allez tellement bien ensemble », finit-il dans un chuchotement joyeux.

S’il avait été du genre excentrique, il se serait mis à sauter partout en tapant des mains. Or, Ren était calme. Il se contentait de rester assis sur sa chaise, le sourire jusqu’aux oreilles. Mais ses yeux s’exprimaient pour lui : ils brillaient d’émotion parce qu’il était tout de même légèrement ému, mais surtout de joie.

« J’sens que je vais bien dormir ce soir grâce à toi.. Enfin à vous... Félicitations ».

Ses lèvres fines dessinaient maintenant un sourire vaguement niais alors que l'une de ses mains passa dans son cou avant de s'arrêter sur sa nuque.

« Ca va m’enlever un poids des épaules, j’aurais plus à choisir entre mon papa et ma maman maintenant »

Une belle famille unie. Famille un peu louche sur certains aspects, mais unie. Il se mit à rire doucement en repensant à la visite de Ryûhei au magasin, quand ce dernier lui avait demandé de choisir entre papa et maman. Puis une idée lui vint en tête.

« Faudra fêter ça hein ! Mais j'ai une question... Est-ce que j'aurais une petite sœur ?»

Et oui, nous étions à nouveau ensemble. Est-ce que Ren s’en était déjà douté ? Cela ne m’avait jamais paru comme une évidence et pourtant mon coeur n’avait cessé de me lancer des signaux afin de me dire que c’était lui, personne d’autre. De toute manières si je n’avais pas réussi à tenir avec un autre petit ami que lui, c’est qu’il y avait bien une raison n’est-ce pas ? J’étais moi-même heureuse de la situation même si j’appréhendais encore, je n’étais bien et épanoui pleinement qu’auprès de Ryuhei. Bien qu’il m’en faisait voir de toutes les couleurs, aujourd’hui encore. Une insuffisance rénale... Rien que ça. Parmi toutes les maladies et blessures qui puissent exister sur Terre, il avait fallu que Monsieur tombe sur ça.

Je souris à la rétorque de mon ami, j’aimais bien l’entendre faire des vannes et apprendre par la même occasion que cela lui avait un peu remonter le moral. C’était le but. Je savais que bien qu’il ne disait rien, quelque part au fond de lui, cela devait le peser de nous voir toujours séparément. A présent, nous pourrions se refaire des sorties comme par le passé et rigoler pour des bêtises. On était un peu dans notre bulle à chaque fois, à faire n’importe quoi mais un rien nous amusait et ça nous était suffisant.

- Pa... Pardon ?! M’étais-je exclamé sous la surprise.

Mes yeux menaçaient de sortir de leur orbite tant j’étais stupéfaite. On venait tout juste de se remettre ensemble et lui me parlait déjà de petite soeur ? J’avais toujours rêvé de fonder une famille avec Ryuhei, qu’il soit tout le temps à mes côtés et devienne le père de mes enfants... Ses rêves s’étaient envolés le jour où nous avons rompu. Toutefois, honnêtement, c’était le dernier de mes soucis à l’heure actuelle. Parce que j’étais déjà assez inquiète de notre avenir à deux pour songer au reste. Seulement je crois qu’on ne le changeait pas et plus que me choquer, cela finit par me faire rire.

- Un jour peut-être, Déclarais-je alors, amusé, Mais c’est encore un peu tôt pour penser à ça. On vient tout juste de se retrouver. Laisse-nous du temps. Je sais qu’être fils unique, ça peut être ennuyant mais patiente encore un peu d’accord ?

Sur ses dires, je ne pus me retenir que je ris doucement. On partait dans un délire un peu bizarre. A croire que la prison ne nous réussissait pas.

Ren se pinça tout d’abord les lèvres très fort. Puis se mordit la lèvre inférieure. Il ne voulait pas littéralement exploser de rire ici, devant tout le monde.
Sauf que la tête de son amie avait été vraiment trop drôle. Son rire perça rapidement l’atmosphère. L’une de ses mains se posa sur son ventre alors que l’autre tapait frénétiquement sur la table. Une première larme glissa sur sa joue, alors qu’il s’arrêtait enfin de rire. D’un geste rapide de la main, il essuya cette dernière.

« Désolé. Ta réaction était trop drôle »

Ca lui avait fait du bien de rire comme ça. Il se sentait beaucoup mieux, et ça devait se voir sur son visage. Il se sentait plus à l’aise maintenant.

Il hocha la tête rapidement. Bien sûr, c’était trop rapide pour parler de petite sœur maintenant, il le savait. Mais pouvoir avoir Hanae par surprise, et rire un bon coup… c’était une bonne excuse pour en avoir abordé le sujet.
Un sourire presque niais se dessina sur ses lèvres. Hanae était vraiment trop mignonne. Encore un peu et il irait lui faire un gros câlin. Elle allait faire une mère merveilleuse.
Il allait l’être, patient, même s’il était assez pressé que Ryûhei et Hanae aient un enfant.

« Parlons sérieusement deux secondes », dit-il, toute trace de sourire ayant disparu de son visage, « Le jour où vous aurez un enfant… je pourrais être son tonton ? »

Il se voyait déjà gâter cet enfant comme ce n’était pas permis. Il n’avait pas de petite sœur, ni de petit frère. Même s’il avait eu des périodes où il en avait été ravi, il aurait voulu avoir quelqu’un avec qui tout partager. Il avait Ryûhei qui était comme un frère pour lui. Sauf que ce n’était pas à lui qu’il pouvait apprendre des choses comme il pouvait le faire avec un petit frère.

« J’me sens plein d’énergie d’un coup. J’ai même plus envie de dormir, tu m’as bien réveillé avec cette  nouvelle »

Enfin, il disait ça, mais il était sûr de tomber comme une mouche plus tard.
Ah…son lit… Il lui manquait. Les lits ici n’étaient pas confortables. Ils n’étaient pas assez durs, de ce fait, le matelas se repliait presque sur lui quand il se couchait.

« En parlant de dormir, mon lit me manque. Tu pourras me le ramener si tu reviens ? Il est trop petit celui que j’ai ici »

Ou bien c’était peut-être lui qui était trop grand ?

Sacré Ren. Mes sourcils s’étaient froncés en le voyant se moquer aussi ouvertement de moi cependant je n’avais pu effacer l’esquisse amusée qui était venue border mes lèvres. Cela me faisait néanmoins bizarre de parler de ça... J’avais toujours rêvé d’avoir des enfants. Et mettre des mots sur tout ça me paraissait si réel. Fonder une famille, ce serait si fabuleux... Avec lui. Et je n’avais rien contre que Ren en soit le « tonton ». Il était comme un frère, sérieusement, autant pour Ryuhei que pour moi. Cela me paraissait presque comme une évidence en réalité. Il était de la famille, le fils, le frère, l’oncle, ce qu’il voulait. Il était important pour nous et je souhaitais sincèrement qu’il fasse parti de ce bonheur.

Je n’eus le temps de répondre que cette fois-ci, c’était moi qui me mis à rire à ses remarques. Lui ramener son lit, rien que ça. M’avait-il bien regardé ? J’admettais être forte en personnalité néanmoins j’avais bien peur que la force de mon corps ne suive pas. A ce que je sache, je n’étais pas encore capable de porter un lit toute seule.

- J’y penserais, Riais-je, Mais tu vas le retrouver bientôt, ne t’inquiète pas ! Soit fort d’accord ? Ce n’est plus qu’une question de jours.

Je lui souris puis me levant, je contournai la table qui nous séparer afin de lui déposer un bisou sur la joue.

- Ca, c’est parce que tu es trop mignon. Et que tu vas avoir besoin de force pour la suite !

Sur ses dires, je me mis à rire de plus bel et me réinstallai à ma place.

- Sinon, tu n’avais pas à poser la question. Bien sûr que tu pourras être le tonton. Tu es comme un frère pour nous Ren. Sérieusement. C’est aussi pour ça que si tu as besoin de quoi que ce soit, tu ne dois pas hésiter.

Même si le connaissant, je savais qu’il n’en ferait rien. Je tenais à lui répéter. Il n’était pas seul. Jamais.

Son regard se fit déterminé suite aux paroles d’Hanae. Oui, il allait être fort. Il allait bientôt sortir, et retrouver son lit douillet. Ah son lit… Lui et Ren, c’était toute une histoire d’amour. Il lui manquait tellement… Ses pensées s’évaporèrent instantanément. Il regarda d’abord Hanae d’un air curieux, se demandant pourquoi elle s’était levée et qu’est-ce qu’elle allait lui faire… Un bisou sur la joue. Il se mit à rire doucement, quelque peu gêné par cette action. Ses joues se teintèrent doucement de rouge. Il était mignon ? Non. Il était même « trop mignon ». C’était bon à savoir, et à en entendre.
Il avait une maman formidable tout de même… Un grand sourire étira ses lèvres à cette pensée.
Son paternel n’avait même pas de geste aussi tendre avec lui. Injustice ! Au moins Hanae était mignonne, elle, à lui dire qu’il était mignon et à lui faire un bisou.

Père, mère, cousin, fils, il oublia tout. Son regard se mit à étinceler quand son amie lui avoua qu’il pourrait être le tonton. Encore un peu, et il se mettait à lancer des cœurs avec ses yeux, ou à pleurer de joie. Mais il se contenta de rester là, à sourire comme un idiot. Il était trop heureux pour formuler des phrases complètes, alors il ne prononça qu’un bref « Merci » ruisselant de bonheur.
Oui, il allait définitivement bien dormir.
Puis son sourire s’effaça. Il lança un doigt accusateur vers Hanae, le regard amusé malgré tout.

« Comme un frère ? J’suis pas votre fils alors ! Vous m’avez adopté ? C’est qui mes vrais parents, hein ? »

Il pouffa de rire, laissant ce dernier résonner contre les murs de la pièce, il se trouvait définitivement trop drôle. Mais son rire cessa rapidement : il venait de remarquer que quelques regards s’étaient tournés vers lui. Il s’excusa rapidement et se racla la gorge, un air innocent au visage. Lui ? Avoir raconté n’importe quoi ? Même pas vrai !

« Vous le savez, mais c’est réciproque. Si vous avez besoin de quelque chose, n’hésitez pas. Je suis là », dit-il un sourire tendre aux lèvres, « Votre fils est là. Non. Frère. Non. Euh… Je crois qu’on va rester sur ami, hein »

Est-ce que Ren avait envie de se faire frapper ? Non pas que je n’en ressente l’envie cependant je venais de lui faire un compliment et monsieur trouvait encore le moyen de plaisanter. J’avais froncé les sourcils à cette rétorque bien qu’un sourire amusé était venu border mes lèvres. Il était incorrigible celui-là. Mais il avait raison, il ne pouvait pas être notre fils et notre frère en même temps. Cependant je le considérais plus comme un frère que comme mon fils bien que j’avais tout le temps envie de le protéger et lui faire des papouilles. Seulement je voudrais faire ça à mon propre frangin également. J’étais une femme forte alors par moment j’agissais un peu comme un garçon néanmoins je gardais tout de même mon entière féminité.

- On a qu’à dire que tu es un peu tout à la fois, Riais-je à sa remarque, Parce qu’après tout un ami c’est un frère mais ça peut être aussi un fils. Ca dépend des circonstances tu vois ? Si je veux te protéger et te faire un câlin comme un gros nounours, tu seras plus mon fils. Et si je veux te frapper et t’embêter, tu seras plus mon super frangin tu me suis ? Et un ami, c’est un peu tout ça réuni avec d’autres qualités en plus.

Je lui souris puis me décidai à me lever. Le temps avançait et je crois que ses hommes allaient finir par nous tuer si nous décidions de rester là à raconter des bêtises.

- Je vais y aller. Mais n’oublie pas, si t’as pas besoin tu m’appelles okay ?

Sur ses dires, je m’approchais et lui chuchotai à l’oreille un :

- Genre pour du matériel pour t’échapper ou quoi. Je viendrais te sauver, moi !

Evidemment je plaisantais et il le savait. Mais je repasserais le voir. Chaque samedi et chaque mardi. Voir du monde devait lui faire du bien parce que pour sûr qu’enfermer dans cet univers de Shinki, ça ne devait pas être joyeux. Je lui ébouriffai les cheveux, promettant de revenir puis une fois saluai, je partis enfin. Ce Terazawa, un jour... J’espérais sincèrement qu’il tomberait. On aurait presque dit une dictature. Et je détestais ça.