Run Jonnhy Run !

Run Jonnhy Run !

ft. Hiro & Hanae

On dit que le jogging a beaucoup de bienfaits. C'est vrai. En plus d'entretenir la santé, c'est un bon moyen de se vider la tête. En tout cas, un des seuls que je trouve efficace. Et j'en ai besoin en ce moment. Pour beaucoup de raison, je suis à bout de nerfs. Et comme je n'ai pas envie de prendre le risque de me défouler un jour sur Aizen, je sors et je cours. Le matin, avant de partir au QG. Enfin, un matin sur deux. Parce que j'ai la flemme de me lever plus tôt tous les jours.
La veille, j'avais passé la journée au bureau de la NSA. J'avais pris soin de laisser chez moi mon téléphone personnel. Ici, au moins, je ne risquais pas d'y rencontrer mon éditeur. Même si je n'aimais pas spécialement trainer là-bas, je n'avais pas à supporter les appels incessants et une éventuelle visite à l'improviste. Et puis cette histoire de nouveau livre me prenait tellement la tête que j'avais pris du retard dans mon travail à la NSA. J'avais des dossiers à trier et des rapports à rédiger. Au bout d'un moment, en rangeant, j'étais tombé sur un nom récemment apparu dans les listes. Tôda Hanae. Je m'étais crispé en revoyant ce nom. Si je la connaissais ? Ouai. J'avais eu affaire à elle une fois, il n'y a pas si longtemps. Elle a été ma kiné pour une séance. Dés l'instant où je l'ai vu, quelque chose m'avait frappé. Et puis, elle est plutôt bavarde. Trop. Si bien qu'elle avait fini par me balancer sans le moindre complexe qu'elle ne tolérait pas le manque de liberté à Nishinaka et qu'elle n'était pas totalement pour la technologie. God ! Est-ce qu'elle était consciente que Terazawa avait des agents partout ? C'était à se demander pourquoi son nom avait mis autant de temps à se retrouver sur les listes et pourquoi on ne l'avait pas encore embarqué. Toujours est-il que tout ce comportement avait fini par m'agacer à un point où je l'ai finalement envoyé bouler - un peu trop sèchement peut-être ... - et avait quitté le cabinet. Elle n'avait pas dû bien comprendre. Au pire, elle me prendrait pour un Shinki extrème un peu trop susceptible. Mais comment lui dire qu'elle lui ressemblait beaucoup trop pour que je garde mon calme ?
A ce souvenir, mes nerfs se tendirent d'avantage. Ajoutez à cela que lorsque j'étais rentré le soir, je n'avais pas beaucoup dormi. Ma nuit agitée avait encore été hantée par le souvenir de Miura ... Cela faisait bien cinq ans et pourtant, c'était toujours aussi douloureux.

J'avais donc VRAIMENT besoin de me vider l'esprit. Mon mini Ipod au poignet, écouteurs dans les oreilles, j'étais venu dans le Parc Heisei parce qu'à cette heure-ci, il n'y avait pas beaucoup de monde et je pouvais donc courir en paix. La musique emplissait ma tête, et je me concentrais pour garder un bon rythme et une respiration constante pour ne pas me chopper un point de côté. Le regard fixé devant moi, je n'avais qu'une seule idée en tête : courir et fuir mes cauchemars. Plus je courais, plus ils étaient loin derrière moi, engloutis par le son de mes écouteurs. C'était efficace puisque une dizaine de minutes plus tard, je courais avec un esprit totalement blanc. Je ne pensais plus à rien.
Enfin jusqu'à ce que, en une micro seconde, tout me revienne de plein fouet dans la figure. Parce que devant moi, traversait une fille dont le visage m'était affreusement familier. Pitié, non. Je pilais brusquement à moins de deux mètres d'elle, fuyant vainement son regard avant qu'il ne croise le mien. Malheureusement, mon arrêt brutal avait sans aucun doute attiré son attention et je me maudis pour ne pas avoir continué en feignant l'indifférence. Je tentai tout de même de fuir, faisant subitement demi-tour dans l'espoir que, elle, ne me reconnaisse pas.

Tôda Hanae, tu es une plaie.

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Hanae était une vraie fan du contact. Quand elle était plus jeune, qu’elle devait choisir une section dans laquelle se rendre, elle s’était dit que quitte à faire de la médecine, elle aimerait un métier qui lui permette de communiquer et rencontrer des gens. Être chirurgien ne l’intéressait pas. C’était pourquoi elle avait choisi kinésithérapeute. Sûrement aussi à cause du fait qu’elle se blessait souvent quant elle était enfant à force de faire toujours n’importe quoi. De ce fait elle était plus en aptes de comprendre ses patients. En général ceux-ci le lui rendaient bien et ils l’appréciaient. Là-bas aussi, on déclarait qu’elle dégageait toujours cette bouffée d’air frais, qu’elle était une véritable tornade et qu’elle ne cessait jamais de sourire. Même la prison ne l’avait pas terrifié le moins du monde. On s’était inquiété pour elle, on lui avait demandé si elle n’était pas trop fatiguée et si elle n’avait pas besoin de repos mais elle était en pleine forme. Elle avait certainement dû être la seule à être autant heureuse dans un tel endroit. Non pas que la technologie l’enchantait mais parce qu’elle avait pu montrer à tous ces gens qu’elle n’était pas encore prête à se laisser marcher sur dessus. On aurait pu l’enfermer pour l’éternité, la jeune femme n’était pas effrayé. Elle était un peu détraquée mais on ne la changeait pas si facilement. Depuis petite, elle avait toujours eu ce tempérament fort, ce n’était pas maintenant que ça allait changer.

La demoiselle avait repris alors de l’activité, rien n’était différent. C’était comme si elle avait quitté le cabinet la veille et qu’elle revenait le jour suivant. Ca les avait tous plus ou moins rassuré d’ailleurs. Aujourd’hui elle finissait plus tôt parce qu’elle avait envie de profiter un peu du beau temps et se prélasser sous le soleil. Mine de rien être enfermé pendant plus d’une semaine, ce n’était pas si simple et l’envie de revoir le jour manque à chaque fois. Déjà qu’elle raffolait de l’extérieur, Hanae avait envie de sortir encore plus à présent. Le sourire aux lèvres, elle avait salué son dernier patient avant de fermer la porte du cabinet derrière elle. Dans l’ascenseur, ils avaient conversé ensemble à propos de tout et de rien à la fois puis c’était avec le sourire aux lèvres que la jeune femme s’était engouffrée dans les rues de Nishinaka. Elle s’était baladée ci et là, aidant une vieille dame qui peinait à porter ses sacs puis avait repris sa route. Elle aurait pu continuer, passer dans ce parc qu’elle aimait tant et s’y arrêtait cependant une silhouette non inconnu l’avait obligé à interrompre sa marche. Ses yeux ne se détachaient pas de ce jeune homme. Elle ne l’avait vu qu’une fois mais ça lui avait suffi pour se souvenir de lui. Il était froid, distant et sans qu’elle n’eut le temps de réaliser pourquoi, le garçon avait quitté violement le cabinet. Elle s’était dit qu’il devait être bizarre, se retenant de le rattraper pour avoir des explications. Puisque selon, dans chaque attitude, chaque geste, il y avait une raison et ça ne pouvait pas être ce qu’elle avait déclaré. Qu’est-ce qu’elle avait dit déjà d’ailleurs ? Peu importait. Si ce patient s’était enfui juste à cause d’une conversation, il était d’autant plus bizarre n’est-ce pas ?

Intriguée, la jeune femme ne pouvait pas juste passer son chemin et l’ignorer. Pourtant Hiro, de son nom, paraissait clairement vouloir la fuir mais ça, c’était mal la connaître. En plus, n’était-ce pas mal poli de s’en aller ainsi, sans le moindre au revoir, ni le moindre merci ? Hanae l’avait laissé faire demi-tour, prenant une autre route pour se trouver non loin de lui quelques minutes plus tard. Le garçon n’avait pas l’air de l’avoir remarqué et c’était avec une esquisse taquine sur ses lèvres qu’Hanae s’était penchée devant lui, son visage assez proche du sien, rétorquant un simple « Bouh ! ». Il allait prendre peur. Il allait courir. Et fuir. Qu’il le fasse, elle était certes petites cependant niveau endurance, il ne valait mieux pas douter d’elle.

- Ca va ? Rit alors la jeune femme avant de se décaler, Je me disais « je connais ce visage ! » et ça m’est revenu rapidement : celui s’est enfui subitement l’autre jour. Ca m’a inquiété. Je vous impressionne tant que ça ?

Parce que tu crois vraiment que c’est toi le problème ? Certes, c’est le cas mais quand même. Il serait peut-être temps que tu arrêtes d’agir à ta guise. Elle aussi, elle était insortable.

Run Jonnhy Run !

ft. Hiro & Hanae

La fuite. Juste la fuite. C'était tout ce qu'il comptait. Que je ne recroise plus son chemin. Ni sa tête. Tiens, j'avais même accéléré la foulée. C'est bon pour le coeur le footing, non ? Bon, ben, on y va à fond, voilà ! .... Ouai, continues à te chercher des excuses et prendre les choses positivement, t'es crédible, Hiro !
Mais j'avais tout sauf envie de parler avec elle. Parce que j'allais encore m'énerver, et je ne voulais pas me justifier. Pas devant une femme comme elle. Quoi ? C'est quoi "une femme comme elle ?". C'est ... Attends, c'est moi où y'a plus de musique ? Merde. Tout en continuant de courir dans la direction opposée, je dus casser le rythme en bouger un bras pour avoir un visuel sur mon Ipod. Un écran noir ? Comment ça un écran noir. Dans l'interrogation, je ralentis un peu ma course ... Avant de me rendre compte que c'est une grave erreur. Cours ! Continues de courir jusqu'à atteindre l'entrée du parc. Ne t'arrête pas !
Alors j'accélère. Mauvaise idée. C'est le drame. Une pointe lancinante se fait alors ressentir et je grimace, forcé de repasser au pas. Un point de côté. Sérieusement ? Qui m'en voulait autant pour porter la poisse comme ça ?

Soufflant bruyamment, je regardais à droite puis à gauche, et fut soulagée de constater qu'il n'y avait aucun signe de Tôda Hanae. Elle ne m'avait peut-être pas vu au final. Tant mieux si c'était le cas. J'atteignis un banc un peu plus loin, m'appuyant un instant sur le dossier pour reprendre mon souffle. Une quinte de toux m'assaillit, alors. Je sais qu'on peut pas avoir des poumons de compet' quand on fume. M'enfin ... Je poussais un énième soupir, agitant légèrement mon haut pour me faire de l'air. J'ai chaud, j'ai beaucoup trop courru, mais au moins j'ai semé ...

« Bouh ! »

Mon coeur rate un battement et je relève brusquement la tête avant de basculer en arrière en voyant le visage de celle que je fuyais, en gros plan. J'atterris sur les fesses et constate d'un air ahuri le sourire diabolique de la kiné. Elle était satisfaite de m'avoir traquée et retrouvée, ça se voit. Cette femme, c'est le mal ! Maintenant qu'il y pensait, c'était pas elle qui avait tenté une évasion alors qu'elle était en prison ? Aucun doute, à présent, elle était folle.
J'inspirai une grande bouffée d'air et fis en sorte de prendre sur moi pour garder mon calme. Et pourtant, j'aurais mille raisons de le perdre ... A commencer par le fait qu'en plus d'avoir sursauté comme une fillette, je me retrouvais le cul par terre comme un abruti. Je finis par me relever, non sans cacher une infime grimace, parce que mon coxis avait fait la connaissance du sol, qui s'était révélé plus dur que prévu.

« A merveille, je vous remercies. » répondis-je, non sans ironie, à sa première question.

Je soupirai, comprenant que ma situation était désespérée. Je passai une main derrière ma tête et frottai ma nuque d'un air résolu.

« Ecoutez, si c'est à propos du fait que j'ai quitté la séance plus tôt la dernière fois, je vous ai déjà payé il me semble. Alors peu importe qu'on ait terminé ou non. Et puis mon dos va très bien. »

Oui, j'avais juste fait une micro chute en moto. J'avais eu beaucoup de m'en être sortie qu'avec quelques douleurs. Aujourd'hui, je sentais presque plus rien. J'avais juste mal aux coxis, mais ça ...

« Votre inquiétude me touche ... » Vraiment ? « .. mais une séance m'a été amplement suffisante. »

Oh oui. Je maintiens : Tôda Hanae, tu es une plaie.

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