what, a surprise. w/ toru.

Soirée déguisée ? Halloween ? Mais Tôru était le premier à accepter ce genre de choses complètement déjantées. Il préférait largement faire le fou, jouer aux idiots que rester enfermé chez lui. Puis, il aimait draguer aussi. Ca, il ne pouvait pas le faire chez lui et les rencontres via le web, ce n’était pas du tout ce qu’il appréciait. Le contact, communiquer, rencontrer des gens, danser, flirter, c’était tellement plus intéressant. Certainement que si on lisait dans ses pensées, on le qualifierait comme une personne de la vieil époque, qu’il ne comprenait pas le monde actuel et qu’il ignorait ce qu’il ratait. Soit, le garçon pourrait leur répondre tout à fait la même chose d’ailleurs parce que ce n’était pas en restant coincé derrière un ordinateur ou un téléphone portable qu’on avançait dans la vie. Comment pouvait-on s’amuser en passant des heures sur un jeu en réseau ou sur Facebook ? Non, Tôru ne comprenait pas ce genre de comportement. Lui préférait s’éclater, la vraie vie plutôt que rester cloîtrer seul tel un vieux Geek dont la seule fois où celui-ci prenait du plaisir, c’était en se matant un porno. Pauvre gars.

Tout ce qui était fun, le jeune homme était partant. On le prenait rarement au sérieux de toute façon et la plupart des gens qu’il croisait le traitait d’abruti parce qu’il ne tenait pas en place, parce que s’il y avait une connerie à faire, il était le premier à la suivre. Certes, cela dépendait toujours l’ampleur de la « connerie » toutefois lorsqu’il était question de s’amuser, le garçon répondait toujours présent. Le ridicule ne tuait pas de toute manière et le monde serait bien ennuyant si on passait les trois quarts de son temps à râler puisqu’on ne veut pas porter ça ou parce qu’on n’aime pas le strip-poker, qu’on ne veut pas se retrouver tout nu devant ses potes, parce qu’on ne veut pas danser la macarena ou pire encore la danse du cheval signé Gangnam Style. La vie était bien trop courte pour se soucier de ce genre de choses. Surtout que personnellement de son côté, Tôru serait assurément le premier à vouloir retirer son tee-shirt alors qu’il était le gagnant de la partie.

Pour ce qui était de la soirée costumé, il avait eu le comportement d’une fille qui changeait d’avis trente six millions de fois avant de choisir sa tenue pour un rendez-vous. Lui avait hésité plein de fois quant à son déguisement. Il avait pensé au traditionnel boucher sanguinaire avant de se dire que ce n’était pas assez sexy et que vêtu ainsi, les femmes risquaient plus de fuir que de lui sauter au cou. Ensuite, il avait songé au vampire cependant cette fois-ci, c’était sexy mais trop classique. Il avait réfléchi à des tas de costume, s’attardant même sur des cosplays de manga, pensant même à Sacha des Pokémon seulement cette idée s’était effacée aussi vite qu’elle était venue dans son esprit. Il n’avait pas l’intention de pousser sa connerie si loin... Il voulait du beau, du classe, du sexy et Sacha ne l’était pas vraiment. Voilà pourquoi après longues hésitations - certaines plus farfelues que d’autres - le garçon avait opté pour un capitaine de pirates. Pas Jack Sparrow ou le Capitaine Crochet, il serait capitaine de son propre équipage. Et il serait le plus fou et le plus génial des pirates.

Un tricorne noir sur ses cheveux bruns, il avait opté sur un déguisement entièrement fait de noir avec des boutons ainsi que des coutures argentées. Une veste au-dessus d’un chemisier dans lequel était rentré son pantalon. Pour les chaussures, bien sûr, le matelot n’avait pas choisi n’importe lesquels et avait sélectionné de somptueuses bottes. Dans sa main, il portait une épée tandis que son oeil droit était camouflé par un « cache-oeil ». On lui avait demandé de venir déguisé, il n’avait pas l’intention de faire les choses à moitié. Déjanté ? Probablement. Mais s’il se plaisait bien ainsi, c’était le plus important.

Après avoir rejoint ses camarades, ils s’aventurèrent tous dans le bar où la soirée battait déjà à son plein. S’installant à une table, ils discutèrent, se chamaillèrent, certains partirent danser tandis que d’autres restaient pour boire ou simplement pour converser. Le capitaine avait pris juste une bière pour commencer, il ne buvait jamais jusqu’à se souler puis de toute manière, il avait la chance de tenir plutôt bien à l’alcool. Voilà pourquoi son verre vide, il avait quitté les autres pour se diriger au comptoir où pour plaisanter, il s’était adressé au serveur - non pas sans cogner son poing sur le meuble - dans un « Un fourgon de rhum, moussaillon ! ». Ce qui fit rire le barman qui lui servit une seconde bière, la véritable commande du client. Et bien quoi... Ils étaient tous là pour s’amuser non ?

Décidé à regagner sa table, le garçon fit un pas en arrière après avoir remarqué cette jeune femme qui lui paraissait incroyablement seule. Vu de dos comme ça, elle ne lui semblait pas si mal... Il n’avait nullement l’intention de parler de ses jambes si fines et complètement mis en évidence mais il le pensait tout de même. Pervers. Oui, et alors ? On lui avait fait des yeux, c’était pour regarder.

- Vous n’avez pas l’air de grandement vous amuser, vous, Constata-t-il calmement, une esquisse sincère au bord des lèvres, Qui a osé laisser une jeune femme toute seule ?

Qu’il ne fasse pas de leçon sur le bon comportement des hommes avec les femmes, il était de loin, très loin, la meilleure personne pour en parler. Son chapeau était légèrement baissé si bien que cela cachait quelque peu son visage et sûrement que s’il avait reconnu la personne près de lui, il l’aurait abordé d’une autre manière. Enfin, il ne s’en cachait pas après tout, cette demoiselle était vraisemblablement seul, ce qui était triste dans une soirée comme celle-ci donc pourquoi pas, il s’était porté volontaire pour lui tenir compagnie. On pourrait le remercier.

Oui, il était venu ici pour s’amuser, pour passer une bonne soirée et profiter. Pourquoi pas faire de nouvelle rencontre, peut-être même plus encore. Cette jeune femme semblait être apparu pile au bon moment. Tôru aurait pu passer à côté d’une sublime demoiselle qui pendant que lui s’éclater, elle passerait son temps à ruminer dans son coin à cause de ses copines qui avaient eu la bonne idée de l’abandonner. « Bonne » parce que sans ça le garçon n’aurait sûrement pas eu l’opportunité de l’approcher et maintenant il se retrouvait à discuter avec elle. Il avouait même qu’elle était bien meilleur compagnie que ses potes avec qui il était venu à la soirée. Normal puisque eux n’avaient pas de fines jambes, ils ne portaient pas de jupes et n’avaient pas de seins au niveau de la poitrine. Ah, le pervers. Mais une soirée ne serait pas parfaite sans les femmes. Il les aimait trop pour s’en lasser donc pourquoi refuserait-il de passer un peu de temps avec l’une d’entre elles ? C’était son devoir en tant qu’homme en plus de ne pas laisser une si jolie demoiselle dans la détresse et de rester à ses côtés.

Dans ce genre de moment, l’éducateur était satisfait de son choix à propos de son costume. Le capitaine de pirate avait son petit effet et s’il avait opté pour le boucher sanguinaire, sa voisine se serait enfui depuis longtemps. Même si son déguisement à elle pourrait être quelque peu effrayant avec ce maquillage qui dessinait sa figure cependant cela ne la rendait pas moins sexy. Au contraire. Il n’aurait jamais peur des fantômes, des esprits et des sorcières s’ils étaient tous vêtus comme cette jeune femme.

Un sourire traça ses lèvres à la question de cette dernière toutefois pour le coup, c’était plutôt le contraire. Il était celui qui avait abandonné ses camarades afin de remplir son verre et de se dégourdir les jambes. Sans éteindre son esquisse, il s’était expliqué, ne pouvant s’empêcher de faire une blague quant au rhum qu’on avait pu lui servir et que de ce fait, il se retrouvait être un pirate qui buvait une misérable bière.

- « Mystérieux » ? Reprit Tôru, faussement choqué, Je crois que je dois être flatté par cette remarque mais après tout, un brillant pirate se doit d’être ténébreux.

Sur ses dires, le capitaine s’amusa à bomber son torse, mimant un air fier sur sa figure. Seulement, il ne parvint à rester sérieux trop longtemps qu’il se mit à rire légèrement.

- Ceci dit, si vous cherchez à vous frayer un chemin vers la piste de danse, je peux vous y accompagner.

Il n’avait pas peur de danser. Il n’avait pas honte non plus et ça l’importait peu s’il dansait bien ou mal. Ils étaient là pour se détendre, pour rigoler donc le reste ne comptait pas. Comme il l’avait déjà pensé, il ne craignait pas le ridicule même s’il était en charmante compagnie. Soit on l’appréciait tel qu’il était, soit on passait sa route et lui irait voir ailleurs sans se tracasser.

Prenant sa main avec douceur, il laissa sa boisson sur le comptoir et ne se fit pas prier pour l’emmener au centre de la piste où la musique résonnait de plein fouet.

- Vous n’avez pas peur, j’espère parce que, on ne sait jamais... Je pourrais être un méchant et vilain pirate !

Au vue du sourire idiot qu’il affichait, on doutait sérieusement de ses propos. Ah, l’abruti. Et c’était comme ça qu’il espérait draguer peut-être ?

Ah, « beau et ténébreux », ces compliments le flattaient bien qu’il n’en avait rien dit, se contentant de sourire amusé alors qu’ils s’étaient dirigés ensuite vers la piste de danse. Il était plus pirate que beau et ténébreux ceci dit mais ça lui faisait plaisir que cette demoiselle prenne plaisir à rentrer dans sa bêtise. Tôru n’était pas tout à fait net dans sa tête et ça pouvait en énerver plus d’un seulement, c’était sa manière d’apprendre à être heureux, d’oublier les mauvaises traces du passé puis devenir quelqu’un de bien. Certes, il était encore loin du compte, particulièrement avec les femmes mais quelle importance. On ne pouvait pas être parfait de partout et au moins, il avait réussi à faire disparaître ce garçon froid, solitaire qu’il était par le passé. Probablement qu’à l’intérieur, ce dernier était toujours là cependant le jeune homme faisait de grands efforts pour se lier aux autres, pour être souriant et croire que le bonheur n’était pas loin. Tout le monde porte un masque, n’est-ce pas ? Tôru n’échappait pas à la règle et s’il semblait sortir tout droit d’un film comique qui donne mal à la tête, qu’il reflétait trop souvent la joie de vivre, il était préférable de ne jamais se fier aux apparences. Un sourire pouvait cacher tellement de choses et après tout, c’était le meilleur des mensonges.

Et il sourit encore à la sensation de ce souffle à son oreille lorsque la jeune femme lui chuchota ces quelques mots. Intéressante. Plus que celles qu’il avait déjà pu rencontrer. Plus que la plupart de ses petites amies, cette demoiselle était vraiment intéressante. Il en fallait beaucoup pour suivre un inconnu aussi rapidement sur une piste de danse. Doucement, sûrement, le capitaine suivait le rythme de la musique tout en se rapprochant tranquillement de sa vis-à-vis, sans être trop pressé et brusque non plus. Il n’avait pas envie de la braquer ni même de l’effrayer. L’idiot paraissait avoir disparu, le garçon ayant certainement enfin décidé d’être plus sérieux tandis qu’il profitait de la présence de cette charmante compagnie à ses côtés. Plus il la contemplait, plus son visage lui avait l’air familier mais bêtement, il pensa se tromper. Pourtant il ne lui avait pas donné son nom de suite, dans un silence, il lui avait arboré une esquisse malicieuse avant de glisser sa main dans son dos pour l’obliger à se rapprocher un peu plus. La chanson adopté une cadence moins électronique, plus sensuel, ce qui les forcer à être un peu plus près de l’autre au fil des secondes qui s’écoulaient. Sans s’arrêter de danser, à son tour, il approcha ses lèvres de son oreille pour lui donner son prénom dans une voix des plus suaves.

- Et toi ? L’interrogea le pirate en se décalant légèrement afin de voir son visage, noyant ses prunelles au creux des siennes.

Il aurait pu s’amuser à tenter de deviner mais il n’avait pas envie de réfléchir ce soir, préférant se laisser porter au gré du vent ou plutôt au gré de cette danse que tous deux partageaient.

- Ah. Et tu n’as pas à avoir peur de toute façon, je le promets.

Un doux rire s’échappa de ses lèvres même si on ne pouvait pas l’entendre avec la puissance du son qui résonnait dans toute la pièce. Closant ainsi ses paupières, avec délicatesse, il l’amena un peu plus proche de lui jusqu’à ce que son souffle chaud puisse caresser sa nuque, le faisant doucement frissonner. Il aurait bien voulu la sentir encore plus proche, pourquoi même ne pas aller plus loin toutefois il était le mieux placé pour savoir qu’il était préférable de ne pas précipiter les femmes et qu’il n’y avait rien de déplaisant à profiter d’une simple danse. Ca en devenait très vite frustrant mais c’était tout aussi bien, reposant et agréable. Pour le reste, il verrait bien. Jouer avec le feeling était également une bonne chose qui pouvait surprendre plus que quiconque ne l'imaginait.

Les femmes, elles étaient toutes tellement charmantes et puis pourquoi voudrait-elle s’enfuir ? Il promettait de ne pas la kidnapper et de faire d’elle une proie de vigueur. Il n’était pas ce genre d’hommes qui profitait des faiblesses de l’autre pour obtenir ce qu’il désirait. Il aurait pu certes néanmoins cela ne lui apporterait aucune satisfaction si au bout du compte la demoiselle en face de lui n’était pas intéressée, ou peu consentante. Tôru songeait sincèrement qu’elle n’avait pas à avoir peur, qu’elle pouvait lui faire confiance et se laisser aller confortablement sur cette piste de danse. La chaleur ne faisait qu’augmenter, la tentation également mais c’était ce qui rendait le moment plus intense. Le sourire aux lèvre sans relever ses paroles, l’unique chose que le garçon retint fut son prénom. Dire qu’il pensait que cette jeune femme lui rappelait quelqu’un, voilà que cette rétorque lui permettait d’ajouter une nouvelle pièce au puzzle. Est-ce que cela serait vraiment une coïncidence qu’elle ressemble de très près à une de ses connaissances et qu’en plus elle porte son nom ? Quelque part au fond de lui, l’éducateur savait la vérité néanmoins il préférait ne pas s’y attarder et penser encore qu’il faisait erreur. Il n’avait pas envie de prendre le risque de briser cet instant alors qu’il appréciait de plus en plus ce jeu qui naissait entre eux.

En silence, le garçon n’effaça pas cette esquisse qui étirait ses lèvres pendant que sa compagne de soirée lui tournait à présent le dos et que la musique avait légèrement changé de rythme. L’ambiance sur la piste était également différentes et ils étaient désormais capable de ressentir toute cette chaleur qui régnait dans la salle. Le but était de se rapprocher les uns les autres, de danser collés-serrés et de faire monter la tension un peu plus au fil de ce son qui chantait dans leurs oreilles. Tôru ne comprenait pas ces hommes qui refusaient de bouger et de se mouvoir sur la piste. Peut-être que ça leur donnait un air ridicule, peut-être que ça donnait un coup de leur fierté mais c’était ainsi qu’on faisait de belle rencontre, qu’on profitait pleinement d’une somptueuse soirée. Et puis... Les femmes appréciaient en règle général ces garçons décoincés qui n’avaient pas peur de se trémousser devant les autres et qui, même, les invitait à danser.

Finalement Tôru s’était tu, se contentant de suivre le mouvement et si elle lui tournait le dos, il n’avait pas l’intention de la laisser s’éloigner trop loin non plus. Ses mains se posèrent sur ses hanches, l’obligeant à se coller à lui avant que ses bras n’aillent entourer sa taille, lui permettant de se rapprocher un peu plus de son visage où son souffle lui câlinait suavement l’oreille.

- Qui sait, peut-être nous ne sommes pas si inconnus que ça, Lui dit-il d’un sourire malicieux, Mais je propose de ne pas chercher à s’interroger sur le sujet et de laisser planer le mystère.

Mystère qui n’était plus vraiment à présent toutefois cela n’avait aucune importance du moment que ni l’un ni l’autre ne se souciait de ce qu’il en était. Il ne s’agissait là que d’un homme et d’une femme dansant sensuellement pendant une soirée d’halloween. Ils ne faisaient rien de mal mis à part de s’amuser comme ils n’auraient sûrement pas pu le faire avec leurs camarades respectifs. Seul la musique encombrait la pièce désormais et le parfum de la demoiselle chatouillait un peu plus ses narines, le faisant clore ses paupières durant l’espace de quelques secondes. La sensualité semblait régnait en maître dans leur danse si bien qu’à l’aide de ses mains, Tôru l’obligea à se coller plus contre lui, hanche contre hanche. Ses doigts se déplaçaient doucement au niveau de sa taille sans chercher à aller trop loin non plus.

- Mais dit-moi... Tu aimes te faire désirer, pas vrai ?

Ou bien, était-ce lui qui était peut-être trop pressé. Au moins, au travers ce sous-entendu, il lui avait fait comprendre qu’il aurait souhaité plus qu’une simple danse et ça lui permettait de savoir s’il pouvait oser sans qu’on lui mette une gifle en pleine figure. Les filles aussi pouvaient être violentes et avec le temps, le jeune homme avait appris à se faire plus délicat, plus patient également. Un peu.

Bien sûr qu’il préférait largement les femmes qui aimaient se faire désirer plutôt que celles à qui on claquait les doigts et qui venaient sans broncher, presque avec hâte. Si son unique envie était de tirer un bon coup, s’envoyer en l’air sans se soucier d’avec qui il le faisait, tant qu’à faire, il se serait payer une prostituée. Sauf que ça ne lui apportait aucun intérêt, qu’il préférait prendre son temps, apprécier la tentation et la désirer un peu plus à chaque seconde qui s’évanouissait. Il aimait sentir son coeur battre sous l’attirance et la frustration, il aimait ne pas savoir dans quoi il se lançait ni où cela le mènerait. Il aimait la surprise aussi et Hana semblait définir ce mot plus que n’importe qui d’autre, plus que ses femmes là-haut qui ne devaient même pas se respecter au vue de leur comportement puéril. Puéril était encore plus ces hommes qui se satisfaisaient de ce genre de compagnie féminine et qui n’était assurément pas mieux qu’elles.

Ses jambes ne cessaient de se mouvoir à la même cadence que la musique et d’un geste machinal, il avait levé son visage au même moment où la demoiselle se décida enfin à lâcher son menton. Il savait qu’ils jouaient toutefois Tôru ne pouvait s’empêcher de songer ô combien cette demoiselle ne le connaissait pas. Qu’elle soit cette Hana ou une autre, il ne fallait jamais crier victoire trop vite et croire mener le jeu haut la main. On risquait d’être vite étonné. Hors, le jeune homme n’en avait rien, égarant ses prunelles en direction de ses filles qui se trémoussaient près du DJ, un fin sourire au bord des lèvres. Non, décidément, il ne fuirait pas pour ce genre de gamines qui étaient assurément bien plus jeunes que lui et qui foutaient littéralement leur vie en l’air.

La contemplant, les yeux dans les yeux alors qu’elle encerclait ses bras autour de sa nuque, le jeune homme plaça les siens autour de sa taille, se rapprochant un peu plus au fur et à mesure que ça s’échauffait sur la piste. Profitant de la proximité de leur corps, il nicha son visage dans le creux de son cou sur lequel son souffle chaud caressait sa peau avec douceur et volupté. Ses phalanges s’agrippèrent légèrement à sa fine tenue tandis que son corps se déhanchait au rythme du son et de cette danse qui ne faisait qu’accentuer toute cette chaleur et ce désir en lui. Ô, elle était maline, terriblement maline mais autant dire que plus que tout, Tôru adorait ça. Cela ne la rendait que plus attirante.

- Donne-moi une seule raison qui me donnerait envie de fuir, Rétorqua le pirate en plaçant son visage en face du sien, dans une distance des plus infimes, Je pense que tu es bien mieux que ces filles-là.

Mentalement parlant. Et physiquement aussi parce qu’une femme qui s’assumait était bien plus belle que les autres. A son tour, de ses doigts, il se saisit du menton de sa vis-à-vis pendant qu’il plongeait son regard dans le sien. La lueur qui se lisait dans ses pupilles montrait beaucoup de sérieux, de la sincérité aussi mais par dessus tout, beaucoup de malices. Leurs lèvres n’étaient qu’à quelques centimètres l’une de l’autre néanmoins il ne l’embrassa pas pour autant, appréciant ce souffle qui choyait sa bouche et n’aidait pas à la chaleur de sa peau à diminuer.

- Je ne cherche pas à m’échapper. Je serais aussi idiots que les autres si je te laissais là, n’est-ce pas ?

Sa voix était des plus suave alors que cette esquisse dessinait toujours son visage, pendant que ses doigts nichés dans son dos empêchait à cette jeune femme de s’en aller également. Il n’avait aucune envie de briser cette proximité qui les unissaient, si ce n’était peut-être de les rapprocher encore un peu plus.

Oh que oui elle était intéressante. Plus qu’intéressante même néanmoins elle ne semblait pas avoir conscience de la personne qu’elle avait face à elle. Elle avait beau être joueuse, Tôru l’était tout autant. Il n’avait pas cherché à la retenir, la contemplant se réfugier au comptoir pour se prendre à boire, une esquisse amusée au bord des lèvres. Bêtement, il observait son dos, ne pouvant s’empêcher de lever ses yeux vers le ciel à cause de l’attitude qu’elle adoptait. Ô, pour ça, elle allait le regretter. Amèrement le regretter. On abandonnait pas un homme qui vous tenez compagnie si facilement. Encore moins un capitaine d’un brillant équipage de pirates ! Observant autour de lui, le garçon songea qu’il aurait pu s’échapper, ne pas chercher à la poursuivre encore puis retourner auprès de ses camarades qui tout en discutant, riant, regardait ce qu’il faisait et stupidement, il agita sa main en leur direction pour leur faire « coucou ». Ce gars était incompréhensible et devait très certainement vivre sur une autre planète pour être autant décalé.

Après quelques minutes, bien décidé, le jeune homme se dirigea vers le comptoir pour s’adosser à ce dernier. Ses yeux la détaillaient en silence tandis que cette esquisse malicieuse, un brin amusée, n’avait toujours pas disparu de ses lèvres.

- Ca, c’était méchant, Rétorqua enfin Tôru d’un ton faussement attristé, M’abandonner ainsi pour boire quoi ?

Sans la moindre gêne, il mima ignorer de quel cocktail il s’agissait pour s’emparer du verre de sa vis-à-vis. Un mojito. Ce n’était pas sa boisson préférée mais il s’en satisferait très bien. D’un air innocent, il trempa ses lèvres dans la coupe avant de soupirer d’aise. Cela restait rafraîchissant malgré tout.

- Oublions ça pour le moment, Ajouta-t-il en repoussant délicatement le verre derrière lui.

Sa main se posa sur sa joue tandis que son coude prenait appuie sur le comptoir de façon à pouvoir l’observer avec attention et qu’elle se retrouve contrainte en même temps de le regarder en retour.

- Je suis fâché. Très fâché.

Ah oui ? Ca se voyait tellement avec ta figure qui reflétait plus de l’amusement que de la rancune, abruti. Ses phalanges se glissèrent derrière son dos et dans un geste vif, il l’obligea à se coller contre lui. Son front se posa au sien, un doux sourire décorant sa bouche tandis que ses doigts prenaient plaisir à monter et descendre le long de son dos avec une sensualité dont seul lui avec le secret.

- C’est bien de se faire désirer, Lui chuchota-t-il au creux de l’oreille, Mais à force, tu sais, c’est de plus en plus de résister.

Ô, il était capable de résister. Plus que ce que l’éducateur rétorquait en cet instant bien qu’il avait choisi de jouer cette carte là afin de montrer à son tour qu’il avait également ses atouts. Sa main ne cessait ses caresses, ses mouvements sur le corps de la jeune femme, allant se nicher dans sa longue chevelure afin de rapprocher son visage du sien. Plus que quelques centimètres les séparaient de plus bel, son souffle chaud choyait les lèvres de la demoiselle dans une douceur imprenable. A son tour, il s’amusait à laisser planer le suspens, la tentation alors qu’il n’aurait certainement pas été contre de l’embrasser. Mais ce n’était pas son intention. Hana avait déclaré avoir chaud quelques instants plus tôt n’est-ce pas ? Et bien, disons, qu’elle n’était pas au bout de ses peines, que ce qu’il voulait était justement de faire grimper un peu plus cette chaleur. Il ne fallait pas le tenter à jouer. S’arrêtant tout à coup dans ses caresses, il en profita pour la plaquer plus contre lui, la distance entre leurs lèvres s’étant réduite un peu plus. Le garçon sourit, s’apprêtant à céder, prêt à l’embrasser, il n’en fit rien. Enfin si, mais il l’embrassa suavement sur le coin de sa bouche pendant que ses phalanges avaient repris leur route charnelle sur les reins de la demoiselle.

- Tu as raison, c’est vrai qu’il fait plutôt chaud. Je vais prendre un peu l’air.

Une expression dés plus innocente et le pirate la contourna pour s’échapper à l’extérieur où, adossé contre un mur, il plaça une cigarette entre ses lèvres. Rien ne l’empêchait de le rejoindre si elle le souhaitait mais au vue de l’énergumène, Tôru préférait ne pas trop s’interroger là-dessus. Il ignorait comment la jeune femme réagirait seulement au fond, il n’avait fait que se venger. Un peu.

Adossé au mur, le jeune homme ne pouvait s’empêcher d’afficher une esquisse amusée qui sous la légère attente diminua lentement tandis que de la fumée s’échappait de ses lèvres. Ses yeux fixaient le ciel étoilé et un faible soupir s’enfuit de sa bouche tandis que malgré lui, seul dans la pénombre, le garçon ne pouvait s’empêcher de s’engouffrer dans des pensées plutôt sombres. Probablement la raison pour laquelle il fuyait le plus souvent la solitude ou qu’il se réfugiait dans ses dessins pour ne songer à rien d’autre que ce qu’il était en train de faire en cet instant précis. Il espérait sincèrement qu’Hana ne laisserait pas tomber, qu’elle était tout aussi joueuse que lui et surtout qu’ils nageaient sur de même longueur d’ondes en cette soirée. Son sourire revint lorsque ses réflexions retournèrent sur cette demoiselle que Tôru trouvait vraiment intéressante. Elle l’avait bien provoqué et autant dire que cela lui avait réellement plus. Ca l’avait incité à sortir le grand jeu à son tour, à se faire désirer également puisque aussi étonnants soient-ils, les hommes savaient aussi se faire désirer. Et la jeune femme était tombée sur un bien coriace. Il n’irait pas pleurer si on ne voulait pas de lui, il serait certainement frustré si elle l’abandonnait finalement cependant il n’était pas ce genre d’individu qui appréciait trop courir après les autres. Si elle n’en avait pas envie, il ne la retenait pas et finirait sûrement par trouver un autre moyen d’occupation. Mais si, au contraire, elle souhaitait les mêmes choses que lui alors dans ce cas là, le pirate l’attendait de pied ferme.

Dire qu’il songeait cela, ses pupilles s’égarèrent à l’entrée du bar où la demoiselle venait tout juste d’en sortir. Fier ? Tôru l’était plus que de raison cependant son regard ne refléta qu’un mystère immense puis, surtout, beaucoup de malice. Il était peut-être un peu heureux aussi. Elle était revenue et ça l’enchantait plus que de raisons. Toutefois, il n’était pas décidé à lui offrir une telle expression, considérant que faire planer le mystère était sûrement plus intéressant. Son regard finit par se noyer dans le sien avant que leurs lèvres n’entrent enfin en contact dans un vif et chaste baiser. Souriant, le jeune homme inclina son visage sur le côté alors qu’il faisait mine de réfléchir. Est-ce qu’elle était pardonnée ? Hum, en vérité, il hésitait. Est-ce que cette demoiselle le méritait vraiment ?

D’un geste rapide, il écrasa au bout du compte son mégot dans le cendrier près de lui puis faufilant son bras autour de sa taille, ses yeux se mêlèrent aux siens tandis que son expression se transforma en quelque chose de plus espiègle, plus charmeur aussi.

- Je ne sais pas si je peux vous pardonner mademoiselle. Je crois que ceci n’est pas assez.

Pas du tout d’ailleurs. Comme si un tel baiser pourrait lui suffire. Mais il n’avait plus tant que ça envie de jouer. Il la voulait, c’était un fait. Et par dessus-tout, il voulait goûter à ses lèvres plus que ce qu’elle venait de lui offrir. Leur visage se trouvait à une distance infime loin de l’autre, son souffle chaud choyait suavement sa bouche si bien que ne pouvant résister plus longtemps, le jeune homme la plaqua un peu plus contre lui avant de l’embrasser. Cette fois-ci il n’était pas question d’un petit bisou, non, c’était bien plus que ça. L’échange se fit tout d’abord assez tendre puis, au fur et à mesure que ses phalanges grimpaient sur le dos de la jeune femme, la passion prit peu à peu le dessus. Tellement que sans se décaler, Tôru l’obligea à inverser les rôles, la tournant de manière à ce qu’elle se retrouve collée au mur derrière elle. La paume de sa main se plaça sur la paroi près du visage de la demoiselle alors que l’intensité du baiser ne cessait d’augmenter. Ce n’était qu’une fois littéralement à bout de souffle que le garçon fut contraint de se reculer, de quelques centimètres seulement, laissant apparaître un fin sourire au coin des lèvres.

- Comme ça c’est mieux, Lui souffla-t-il sans jamais éteindre cette esquisse.

Il n’aurait pas dit non pour y goûter de plus bel cependant il ne fallait pas trop se montrer désireux non plus. Il ne fallait pas la brusquer ni même l’effrayer. Prendre son temps faisait aussi partie du plaisir. Cela permettait d’accentuer la tentation et lorsqu’on y céder, les émotions se retrouvaient décuplées. Toujours.

Dire que la manière dont tournait la situation ne lui plaisait pas serait le plus beau mensonge que Tôru aurait pu sortir jusque là. Dire qu’il n’espérait pas cela non plus l’était encore pire. Il ne fallait pas oublier de quel homme il s’agissait. Certes, il ne s’était pas rendu à cette soirée en songeant au fait qu’il en ressortirait en charmante compagnie néanmoins il aimait trop les femmes pour ne pas tenter de flirter avec elles. Il savait très bien que si ça n’avait pas été Hana, ça aurait sûrement fini avec une autre cependant il n’était pas déçu que cela soit elle. Parce qu’elle avait quelque chose de différent, quelque chose de bien plus intéressant qui le faisait sourire, l’amusait et augmentait un peu plus ce désir au fil des secondes qui s’évanouissaient. Ne pas trop se précipiter était le secret. La raison pour laquelle le jeune homme ne s’était contenté que de l’embrasser et de danser avec elle juste avant. Il fallait également lui laisser faire un choix, voir ce qui l’attirait, ce dont elle avait envie également puis improviser.

Rares étaient les fois où ce garçon montrait un air sérieux. Que cela soit maintenant ou les jours avant, il ne s’arrêtait jamais de sourire et de jouer aux idiots. On ne l’imaginait pas sadique ou cruel. On le voyait plus comme quelqu’un de stupide et de naïf, de gentil aussi. Peut-être que certains diraient qu’il avait une part de mystère car il ne parlait jamais de lui, ni de son passé, pas même de sa famille. Personne ne connaissait sa vie privée. Son appartement était réservé à lui et à lui seul. Ses petites amies n’avaient jamais franchi le seuil de la porte de son logement, pas même de son immeuble. Certaines ignoraient le quartier dans lequel il vivait d’ailleurs. Cela dépendait des conversations qu’il parvenait à contourner ou non. Nombreux étaient loin de le connaître, de savoir ce qu’il en était réellement et qu’il était bien plus sombre que ce qu’il laissait paraître. Alors... Est-ce qu’il faisait ça à toutes les femmes qu’il rencontrait ? Tôru songeait ô combien il était préférable de ne pas répondre à cette question. Parce qu’il était malin, qu’il était mesquin et espiègle, que non, il ne faisait pas à n’importe qui, qu’elle avait quelque chose qui l’attirait plus que les autres mais que malgré tout, il ne se gênait pas d’utiliser des tactiques plus ou moins similaires s’il souhaitait flirter. Les hommes... Tous des connards. Et oui, il n’échappait pas à la règle non plus.

Se contentant de sourire, le pirate n’avait pas cherché à lui répondre, préférant abandonner ses phalanges dans sa sublime chevelure tandis qu’il appréciait cette étreinte tout autant qu’elle. Etreinte qu’il finit par rompre en se décalant légèrement à sa seconde interrogation. Ses doigts se saisirent de son menton, le soulevant suavement tandis que cette esquisse taquine n’avait pas quitté ses lèvres et que ses yeux se noyaient aux creux des siens.

- Mes pauvres camarades si je les abandonne de la sorte, ils risquent d’être triste, Souffla le jeune homme, amusé, Mais la vie serait tout aussi triste si on attendait après les autre non ? Je ne suis pas contre le fait de m’enfuir bien que cela va dépendre où vous voulez aller, mademoiselle.  

Est-ce qu’elle souhaitait poursuivre ce qu’ils venaient tout juste de commencer ? Si oui, l’hôtel serait suffisant. Ne résistant pas, le garçon défit l’emprise qu’il avait sur le visage de la demoiselle afin de se rapprocher d’elle, un peu plus, et de l’embrasser à nouveau dans un échange bien plus fougueux que précédemment. Sa main glissée dans son dos obligea la jeune femme à se rapprocher un peu plus contre lui, sans qu’il ne cherche à briser ce baiser qu’il partageait. Pour le moment, il voulait profiter, toujours profiter jusqu’à ce qu’à bout de souffle, Tôru se voit contraint de se décaler mais il ne rompit pas pour autant la proximité qui les unissait. Son front se colla au sien tandis qu’un éclat malicieux pris forme sur ses lèvres.

- Alors, où est-ce que je dois vous emmener très cher ?

A la fois curieux, à la fois perplexe, Tôru s’était laissé embarqué à l’intérieur, ne saisissant pas les désirs de la jeune femme. Lui n’avait plus vraiment envie de se retrouver une nouvelle fois dans cet endroit bondé où des tas de stéréotypes s’y trouvaient. Il aimait ce jeu. Peut-être un peu trop néanmoins il n’était pas aussi patient que ce qu’il semblait faire croire. Juste que pousser par l’intrigue, par le mystère et par l’envie aussi, il n’avait pu s’empêcher de la suivre. Gourmand, ses lèvres lui manquaient déjà et il ne pouvait que songer à quel point Hana était cruelle. Sadique aussi. Quelque part, il adorait ce genre de femmes et c’était probablement la raison pour laquelle, elle le tenait en haleine et qu’il était encore là. Non pas à lui courir après, l’éducateur avait tout de même ses limites, surtout que s’il le souhaitait, il pouvait avoir n’importe qui donc si une fille ne voulait pas de lui, tant pis. Bien qu’il serait embêter de perdre cette perle rare qui l’attirait un peu plus que de raison. Elle était maline et terriblement malicieuse.

Le sourire aux lèvres, amusé, il fixait cette main qui le tirait sans broncher puis une fois dans cette salle blindée, il se décida enfin à retirer son poignet de l’emprise pour changer la donne et l’attraper à son tour. Non pas pour l’amener plus loin mais afin de l’amener contre lui dans un geste brusque, mêlé d’une certaine sensualité.

- Je ne resterais pas ici, Lui rétorqua-t-il à l’oreille, Si tu es juste venu récupérer tes affaires, je peux te pardonner mais retourner ici, je m’en passerais.

Son esquisse n’avait pas changé bien qu’elle était un brin sarcastique. A choisir, il préférait encore rester à l’extérieur à discuter plutôt que de se retrouver mélangé avec tout ce monde. Avec le temps, Tôru avait appris à se mêler aux autres, à se sociabiliser ou plutôt il se forçait à le faire, il se forçait à se lier comme pour essayer de se sauver lui qui en vérité était sûrement plus sombre que ce qu’il n’y paraissait. Et là encore, ce n’était qu’un signe qu’il avait atteint sa limite quant à fréquenter d’autres personnes. Par ses mots, il le faisait sous-entendre à cette demoiselle tout comme le choix lui revenait à présent. A elle de voir si elle préférait finir sa soirée avec ou sans lui. Evidemment le pirate aimerait que cela soit la première option cependant il était hors de question de lui en faire part. Il avait quand même sa fierté.

- Alors ?

Sur ses dires, il l’avait tourné l’obligeant à lui faire face puis il noya ses yeux dans les siens. Une lueur des plus séductrices brillaient à l’intérieur, tout ce mystère qui le caractérisait également tandis que cette fois-ci, il avait choisi délibérément de ne pas lui sourire afin de montrer le sérieux de ses propos et de ses envies aussi. Assurément.