you, me, again. w/ jun.

Ainsi va la vie. Celle-ci vous offre parfois bien des surprises, aussi bonnes, que, mauvaises. En l’occurrence, et, dans ma situation... Cela semblait être un fait positif. Sans que je ne daigne m'enfoncer à créer une sorte de frénésie à l'égard de ce simple fait, je ne pouvais en aucun oublier cette journée haute en couleur que j'avais pu vivre il y a de ça quelques jours auparavant. Une maladresse, une énième maladresse qui m'avait poussé à faire une rencontre. Une rencontre qui, au final, ne s’avérait guère être le fruit du hasard. Des retrouvailles, en somme. Des retrouvailles fort surprenantes. Combien y avait-il de chance à ce que je puisse me retrouver au sein de la même ville que cet homme dont j'avais été – au cours de ma jeunesse – éperdument amoureuse ? Une, sur cent. Peut-être. C'est donc au travers d'une course-poursuite et d'une énième conversation téléphonique que je daignais me hâter à une préparation de ma personne hors norme. Depuis fort longtemps, déjà, je n'avais pris autant de temps à me préparer. Aussi bien physiquement, que, psychologiquement. Inévitablement, j'avais pris soin de préparer ce qu'il s'était permis d'énoncer lors de notre dernière rencontre concernant le simple fait que j'aurais à préparer ces gâteaux fétiches. Ajoutant à cela, une ou deux petites surprises pour ce petit être si adorable qu'il prenait soin de garder à ses côtés. Ces derniers jours n'avaient guère été de tout repos, je l'avouais non sans mal. Et les quelconques marques de fatigues sur mon faciès ne faisaient qu'accentuer ce simple fait. Je me devais de travailler à l'agence, mais aussi, sur mes propres œuvres et... La création de mangas n'est guère de tout repos. Que ce soit, à la confection d'une trame, d'une histoire, mais aussi de la coloration. Bien heureusement pour moi, des connaissances, ou une équipe se joint à moi lorsque cela semble nécessaire. Les heures de sommeil se faisant des moindres, j'aurais bel et bien besoin d'une longue journée de repos. Une journée où je me retrouverais là, allongée sur le canapé, zappant à de multiples reprises les chaînes de télévision jusqu'à tomber sur une émission de divertissement quelconque qui parviendrait à me mener jusqu'à Morphée. Était-ce trop demandé ? Était-ce égoïste de ma part de penser cela ?

Un soupir, un nouveau soupir traversait mes lippes avant que je ne puisse me permettre de glisser une vague d'eau fraîche contre mon faciès afin de parvenir à me réveiller, mais aussi, m'aider à garder les idées claires concernant ce que je devais faire en quelques heures, à présent.

Une douce odeur d'amande emportait l'air stable et chaleureux de mon antre tandis que je tentais, avec un certain mal, à me résigner à porter cette fameuse robe. Raisonnable... Je n'en sais que trop rire. Après tout, cela était un simple « rendez-vous » chez lui. Je me devais de me sentir – dans un premier temps – à l'aise au sein des vêtements que je portais. Et cette robe, aussi sublime pouvait-elle être me rendais quelque peu mal à l'aise. Peut-être lui ferai-je bien trop plaisir à succomber face aux moindres de ses exigences, de ses désirs... C'est donc, bien vite, que je jetai mon dévolu sur une toute autre tenue. Un léger rictus rehaussant mes lippes en un simple sourire : voilà que le résultat était bien plus plaisant. Malgré tout, je fis un effort sur-humain en daignant enfiler cette paire d'escarpins d'une couleur noirâtre. C'est donc, bien vite, que je jetai mon dévolu sur une toute autre tenue. Accourant bien vite au sein de la cuisine, je jetais un énième coup d’œil à l'intention de mes préparations de peur d'avoir réalisé une petite faute, mais non. Non. Je l'avais bel et bien vérifié de nombreuses fois auparavant et rien ne semblait avoir changé depuis. Où pouvais-je bien avoir la tête ?

Vulgairement, j'en venais à ébouriffer ma chevelure en guise de frustration avant que je ne parvienne à arranger le tout. Trousse de maquillage extirpée de là, j'usais de multiples stratagèmes afin de paraître bien plus présentable, un coup de brousse au sein de cette chevelure noirâtre « indomptable » et tout me semblais être... Parfait. A quelques détails prêt, bien évidemment. « Aller, aller, aller. » Dans une certaine précipitation, j'osais emporter mon sac à main, ma aussi, cet autre où, résidaient mes préparations. Casque glissé sur ma tête, une douce mélodie m'emportant peu à peu tandis que je faisais les dernières vérifications : fenêtre fermées, gaz, aussi, télévision éteinte, plus rien ne pouvait me retenir en ces lieux.

Une simple appellation, une main relevée en l'air et voilà qu'un taxi daignait se stopper à mes côtés. L'adresse donnée, je daignais reprendre mes esprit à l'arrière de cet inconnu au sein de cet habitacle. Qu'allais-je pouvoir dire lors de mon arrivée ? Mei m'appréciera-t-elle ? Tant de questions... Si peu de réponses. Et, la réalité pris vite le dessus. Quelques minutes avaient suffis à me mener jusqu'à ce but tant attendu. Une remerciement, des billets glissés au creux de la paume de la main de ce fameux inconnu avant que je ne puisse m’extirper hors de ce moyen de locomotion. Inspire. Expire. Inspire.... Et enfin ; mon doigt vint se reposer sur la sonnette afin de démontrer mon arrivée. « Jun, ouvre euh, je sais que je suis en retard, mais, enfin... »

Frida venait de prendre congé et comme à chaque fois il repassait derrière, s'assurant qu'aucun grain de poussière n'avait été oublié, qu'elle avait bien remis chaque objet à sa place. Mei l'aidait à faire son inspection, plus pour se moquer de lui que par réel intérêt à vrai dire, mais il n'y prêtait pas attention. Il avait besoin que tout soit impeccable, surtout si Hana devait venir. Il ne comptait rien laisser traîner et recherchait cette perfection dans son logis. Pour Mei aussi, il avait minutieusement cherché ce qu'elle pourrait mettre, la concernée à côté de lui, qui au final, avait décidé elle-même, mais son petit poulain avait bon goût de toute façon, de quoi le rendre plus que fier.

Il avait pris l'itiative de congédier la bonne pour ce soir, pas besoin qu'elle ne lui pourrisse la soirée avec sa mauvaise cuisine, il s'était plutôt mis lui-même derrière les fourneaux. Sachant qu'il ne savait pas cuisine non plus au passage donc c'était sans doute l'idée la plus stupide qu'il avait eu depuis des années. Il avait phasé devant son frigo avant que Mei ne lui conseille de faire des courses. Ce qui n'était pas totalement stupide. La prenant sous le bras, il était allé au konbini, voir s'il y avait de quoi faire tandis que la petite lui posait encore mille questions sur la demoiselle qui allait venir ce soir. Elle avait été terriblement heureuse ce jour là, de voir tout ces produits chinois, et depuis, elle s'était un peu mise à idéaliser la demoiselle.

Bien évidemment, il n'avait pas vraiment étalé la relation, mais elle était parvenue à vaguement se souvenir que c'était cette fameuse fille dont il lui parlait souvent le soir, quand il était au lycée et qu'elle était encore toute petite. Elle n'en avait pas énormément de souvenir, elle avait l'impression que ça remontait il y'a si longtemps ! Lui aussi, d'ailleurs. Ce souvenir avait réussi à la rendre suspicieuse, mais il lui avait expliqué qu'il n'y avait rien, c'était juste une rencontre hasardeuse qui avait fait qu'il l'avait invité pour qu'elle puisse rencontrer Mei. Concrètement, c'était cela. De toute manière, loin de lui l'envie de lui raconter sa vie sentimentale. Il racontait déjà presque toute sa vie à la petite. Quand on vivait seul avec un enfant, on avait tendance à lui parler comme s'il s'agissait d'un adulte, pour combler en quelque sorte, heureusement pour lui qu'elle était déjà relativement mature. En même temps, elle n'avait jamais vraiment eu le loisir d'être une vraie petite fille plus jeune.

Une fois de retour, il avait opté pour des nouilles sautés au bœuf. C'était bien ça. En plus, ça avait l'air facile. Mei l'avait observé sagement, souriant quelque peu tandis qu'il faisait littéralement tombé tout ce qu'il avait dans la main, se brûlait avec la plaque de cuisson, manquait de se tuer en sortant des casseroles. Autant dire que c'était sa cuisine mais que c'était bien la première fois qu'il y entrait réellement. Il regrettait tellement d'avoir congédié Frida. Tellement. Surtout quand il se coupa dans le doigt à la place de couper dans la viande. Pourquoi lui. Pourquoi sa main sur parfaite. Après avoir chouiné cinq minutes, laissé Mei le soigner puisqu'elle était plus réactive que lui et qu'il préférait pleurnicher, il se demandait si ça n'aurait pas été plus sage de commander ou de payer le restaurant. Vraiment, ça aurait été mieux.

Le plus gros préparé, il alla se préparer, prenant grand soin de sa tenue, de son apparence, jusqu'au moindre détails. S'il ne s'était pas coupé le doigt, il serait parfait. Il vérifia l'appartement une dernière fois, il vérifia Mei. Tout était bon. Retournant à la cuisine, il fut encore plus attentif de ne pas se blesser, se faire mal ou se tuer, ne remarquant même pas l'heure qui avançait, jusqu'au moment où il entendit sonner. Enfin. Il fronça les sourcil en constatant le retard, allant vers la porte où un sourire amusé se glissa sur ses lèvres, l'entendant à travers la porte avant de lui ouvrir.

« Être en retard est profondément impoli, on ne t'a jamais appris cela ? » Lança t-il à peine avait-il posé son regard sur elle, un petit sourire sur les lèvres. « C'est quoi cette tenue ? Ce n'est pas ce que je t'avais dit de porté. Si tu n'étais pas déjà en retard, je t'aurais renvoyé te changer. »

Et il ne plaisantait pas, il l'aurait vraiment fait. Cependant, bonté divine, il s'écarta pour la laisser entrer dans l'appartement, refermant doucement derrière elle tandis qu'il appelait Mei pour qu'elle vienne dire bonjour. Elle devait être dans la salle de bain, vérifiant une énième fois qu'elle était jolie pour accueillir Hana. « Tu souhaites boire quelque chose ? » S'était-il enquis tandis qu'il lui faisait signe d'aller s'asseoir sur le canapé, appelant encore une fois Mei ensuite. Elle devenait presque pire que lui pour ce genre de chose ! Cependant, elle finit pas apparaître, grand sourire sur les lèvres tandis qu'elle s'approchait de la Chinoise, comme s'il s'agissait là d'une star planétaire.

« Bonjour ! Je suis Mei, désolée de vous avoir fait attendre. »

Doucement, la petite se courba, laissant son tuteur se mordre la lèvre pour s'empêcher de dire qu'elle n'avait pas à s'excuser, l'autre étant déjà en retard, mais il s'était promis de garder ce genre de remarque pour lui quand il y avait Mei. Après tout, il devait faire son éducation, ce n'était pas en lui apprenant ce genre de chose que ça allait marcher.

À peine avais-je osé appuyer sur l'interphone que la porte d'entrée parvint à s’ouvrir face à ma personne. Récoltant alors, de multiples réflexions à l'égard de mon retard certain, mais aussi de cette tenue que je portais. Tenue, qui, en soit, ne semblait aucunement convenir aux goûts prononcés, modernes et chic de Monsieur Gao. Je fis mine – bien évidemment – de ne rien avoir entendu de tel, me contentant de répliquer de simples excuses. J'avais toujours été en retard et cela s’accentuait peu à peu avec les temps, tu ne devrais donc pas être surpris. Toutes les femmes sont en retard. Toutes les femmes « apprécient se faire, désirer en attente lors d'une rendez-vous quelconque », m'avais toujours annoncée l'une de mes proches amies. Ne faisais-tu donc pas parti de ce groupe d'hommes ? Une nouvelle exception aux règles à ajouter à cette longue liste que tu possédais, déjà ? Je me contentais, malgré tout, de réprimer des propos acerbes à ton égard de peur de laisser ce petit être entendre cela. Je devais faire bonne figure malgré tout. N'est-ce pas ? « Tu as fini de râler, oui ? Si je suis en retard, c'est en grande partie à cause de ce que m'a réclamé, alors, à ta place, je ferai moins le malin... » Accentuant mes lippes au travers d'une moue prononcée, voilà que j'osais extirper cette petite boite décorée d'une manière quelque peu féminine de mon sac à main. J'avais pris soin à ce qu'ils ne puissent pas recevoir le moindre choc et ainsi, garder ce rendu si « parfait » que j'avais obtenu à la sortie du four. Et c'est alors, que, bien vite. Une douce voix se permit de m'extirper de mes pensées. Elle était si candide. Si adorable. Si... Similaire à ta personne, ainsi vêtue. Il me semblait reconnaître tes goûts prononcés en matière de vêtements et, elle ne manquait pas de porter ces vêtements à la perfection. Je n'avais rien à redire concernant ce simple fait.

Bien au contraire. Je me permis de glisser l'une de mes mains sur le haut de son crâne, gratifiant ses propos d'un large sourire avant que je ne puisse de nouveau reprendre la parole : « Enchantée, Mei, moi, c'est Hana. Mais je suppose que Jun t'en as déjà parlé, n'est-ce pas ? Dans tous les cas, inutiles de t'excuser, je suis la première à être arrivée en retard, après tout. » Une attention glissée d'une manière enfantine sur le haut de son crâne, voilà que je sombrais au sein d'une niaiseries complète à l'égard de ce bout de chou de dix ans. Comment résister ? Je comprenais à présent – d'avantage – l'intérêt que tu pouvais porter à l'égard de cette enfant. Je comprenais à présent les raisons que t'avait poussé à m'en parler un bon nombre de fois. Je comprenais à présent la raison qui t'avait poussé à l'adopter afin de lui offrir une vie bien meilleure que celle qu'elle pouvait vivre au sein de ce quelconque orphelinat. Je comprenais, oui. « D'ailleurs, Mei. J'ai apporté quelques petites choses pour toi, mais je te donnerais tout cela lorsque Jun aura le dos tourné. » Un murmure glissé à l'intention de cette petite qui était bien loin d'être idiote. Récoltant ainsi, un hochement de la tête de la part de celle-ci. Je pris l'initiative de clore ce « deal » au travers d'un clin d’œil à l'intention de celle-ci avant que je ne puisse me relever de ce canapé. Aussi confortable pouvait-il être. Celui-ci me poussait à me souvenir de cette énième discussion que nous avions pu entretenir. Discussion qui fut quelque peu... Déstabilisante pour ma personne.

« Jun, je te l'ai déjà dit, arrêtes de faire cette tête. Je m'excuse vraiment pour le retard. » Un regard jeté à ton attention, j'osais finalement m'aventurer au sein de cette pièce que je n'avais pas encore visité lors de mon premier passage en ces lieux. La cuisine. Une odeur familière résidant au sein de cette pièce et je ne pouvais en aucun cas négliger ce fait. Bien au contraire. D'un geste automatique, je détournais mon attention vers ta personne afin de parvenir à te questionner. « Mais, mais, mais. Ne me dîtes pas que le grand Gao Jun aurait cuisiné pour moi, aujourd'hui ? Permets-moi d'immortaliser cet instant, si j'ai raison. L'homme si beau pour oser un jour jouer à la cuisinière a finalement sauté le pas ? Alors, comment te sens-tu ? Pas trop mal, j'espère ? »

Une énième plaisanterie. Une nouvelle taquinerie. Mais après tout... « Qui aime bien, châtie bien ». Je devais très certainement t'apprécier, oui. Inévitablement. Au fond de moi, je ne pouvais guère nier ce fait. Favorisant l'idée de feindre l'ignorance. Oui, l'ignorance est une bien meilleure idée.

Râler était ce qui le tenait envie, il en était persuadé. Bon, sans doute pas, mais il en avait besoin. Au fond, il ne trouvait pas sa tenue particulièrement horrible, ça avait une certaine classe qui ne vaudra jamais celle des robes qu'il lui avait offertes, mais c'était déjà bien mieux que la dernière fois, même s'il refusait de l'avouer. Jun n'aimait juste pas la résistance, quand les choses n'allaient pas comme il l'avait ordonné, même s'il était plutôt content qu'elle ait fait les biscuits. Il avait surtout très hâte d'y goûter. C'était tellement bon ! Du moins, dans ses souvenirs, il se souvenait pouvoir en manger des dizaines et des dizaines sans se lasser.

Mei regardait l'adulte présente ici avec ses petits yeux pétillants, totalement charmée. En même temps, la petite idéalisait un peu les Chinoises qui avaient réussi, on lui avait répété toute sa vie qu'elle n'était qu'une fille, qu'elle devrait déjà s'estimer heureuse d'être envie, ne pas trop en demander. Elle avait été arraché à ces paroles avant d'y croire, depuis son adoption, elle découvrait le vrai monde mais les Japonaises ne l'inspiraient pas autant que les Chinoises. Il lui avait parlé d'Hana, de sa vie, dans les grandes lignes, passant certaines étapes, qu'elle vivait au Japon désormais, seule, d'après ce qu'il avait pu remarqué quand il était allé chez elle, et ça avait suffit à impressionner l'enfant. Elle avait envie de lui poser des tas de questions mais restaient principalement là, à la fixer avec ses grands yeux, un sourire sur les lèvres.

Des petites choses pour elle ? Son sourire s'accentua encore tandis qu'elle se demandait déjà ce que ça pouvait être. Les cadeaux, elle y était habitué, Jun passait son temps à lui acheter des choses, mais venant d'elle, ça prenait immédiatement des dimensions divines. « Qu'est-ce que c'est ? » s'était-elle enquise d'une petite voix, son regard encré sur Hana. Il ne put s'empêcher de sourire un peu en l'entendant parler ainsi, si timide alors qu'elle était tout l'inverse d'ordinaire. Il avait pourtant dit à Mei que ce n'était qu'une femme comme une autre, un peu comme Frida, en quand même mieux, mais rien à faire.

Les bras toujours croisés devant son torse, il fut surpris de la voir se lever, s'amusant de ses propos. Il avait presque oublié son retard et voilà qu'elle lui rappelait avant de foncer dans la cuisine, recevant un coup à la jambe de la part de Mei, mécontente de le voir si peu sympathique avec sa nouvelle grande sœur, sans doute. Ébouriffant ses cheveux en guise de vengeance, il se rendit dans la cuisine à son tour, soupirant aux remarques d'Hana.

« Figure toi que j'ai embauché une bonne à rien qui ne sait même pas cuisiner chinois, j'ai eu la bonté de t'éviter ça. Idiote. » Oui, et il avait préféré cuisiner lui pour la première fois de sa vie. Il glissa d'ailleurs discrètement sa main charcuté dans la poche de son jeans pour éviter qu'elle ne le voit et ne s'en amuse. « Mais oui, rends-toi un peu compte de ta chance, ton inestimable chance d'être ici aujourd'hui. Tu veux l'immortaliser comment ? En faisait un selfie dans ma cuisine ? »

Un sourire narquois se glissa sur ses lèvres tandis qu'il la toisait, fièrement. Pour qui se prenait-elle ? Elle devrait sincèrement être émue qu'il fasse cet effort ! Il avait failli mourir plusieurs fois par sa faute, en essayant de cuisine pour elle, de s'appliquer du mieux qu'il pouvait. Cuisiner chinois, c'était bien la première chose qu'il aurait du apprendre en venant au Japon : la cuisine de son pays. Il avait sans doute eu l'ambition que Mei l'apprenne par le pouvoir du saint esprit du haut de ses sept ans à l'époque ?
En parlant de Mei, elle était venue dans la cuisine, avec ce même sourire qui ne la quittait pas, se plaçant immédiatement à côté d'Hana.

« Vous savez, il cuisine jamais, je l'ai jamais vu cuisiner, alors il faudra être gentil si c'est pas bon, d'accord ? On est déjà heureux d'être en vie. » innocence, innocence, il n'y croyait pas une seule seconde !

Trahi par celle qu'il considérait comme sa propre petite soeur, si ce n'était pas tout simplement scandaleux. Cette petite devenait mauvaise pour se faire aimer de l'ennemi ! La petite traîtresse, il était outré.

« Au pire, vous pouvez aller manger dehors ou ne pas manger du tout, hein Mei ! »

Et son voyage scolaire à Sapporo, elle pouvait aller coudre des shorts pour l'avoir, si elle continuait comme ça.  Posant son regard sur Hana, il sourit un peu, tentant de trouver une bonne répartie, mais il avait décidé d'être gentil en présence de Mei qui était un peu trop fan de leur invité, même si au plus profond de lui-même, ça lui faisait plaisir de la voir ainsi, heureuse de parler avec une femme venant du même pays, une personne qui n'était pas de son école, qui pouvait lui parler, la comprendre, la rassurer. Au final, même si c'était toujours aussi étrange de voir Hana, de lui parler, de la voir habiter son espace après ces années, n'était-ce pas une bonne chose qu'elle refasse une apparition dans sa vie ?

Au final, les mauvaises habitudes revenaient bien vite au galop. Que ce soit, pour toi, ou, pour moi. Inévitablement, tu semblais d'avantage démontré ce fait. Que ce soit, au travers de tes actes, mais aussi, tes paroles. Mais... Ce qui semblait être d'avantage amusant pour moi semblais être la relation que tu pouvais entretenir avec ce petit être si adorable. Petit être qui possédais une certaine affection à mon égard et celle-ci ne manquait pas de me décrocher un large sourire avant que, le tout, ne puisse être ponctué d'un simple et unique ricanement. « On dirait que Mei est bien connaisseuse de tes capacités, mon très cher Jun. » Bien plus amusée, j'en venais à lui offrir une certaine affection au travers de ma main qui se permit de glisser délicatement su le haut de son crâne avant que je ne puisse ébouriffer très légèrement sa longue chevelure de couleur noirâtre. Digne des enfants issus de la république populaire de Chine. Sans conteste. Une fierté, en soit. Fierté que je ne cessais de mettre en avant, à mon tour. Enfin, bien vite. Ma curiosité fut d'avantage titillé lorsque j'osais m'approcher de ce qu'il semblait être la préparation que tu t'étais permis de réaliser en cette journée qui allait s'annoncer haute en couleur et, très certainement, des plus agréables qu'il soit. Moi qui avais longuement souhaité un jour de repos, peut-être avais-je simplement le besoin de me changer les idées. Oublier les tracas du quotidien. Rires aux éclats. Partager de simples moments aux côtés d'autrui. Et ce, auprès de personnes que j'appréciais. Peut-être était-ce cela... Le véritable repos. « Ce serait tentant de fuir avec Mei pour te laisser seul, ici, mais je suis plutôt curieuse de connaître le goût de la nourriture qui peut préparer le grand Gao Jun. Je ne peux pas rater une telle preuve d'amour de ta part à mon égard, voyons. Et je suis sûre que Mei est toute aussi curieuse que moi, si, même pour elle, tu n'as jamais osé cuisiner, hein. » Détournant bien vite mon attention sur ce petit être, je ne pue m'empêcher de laisser un énième sourire s'emparer de mes lippes. Comment pouvait-elle être si adorable ? Ou bien, étais-je simplement bien trop faible face à celle-ci ? Il me semble que la deuxième option s'avérait être véridique.

« Je tiens d'ailleurs, à préciser que je plains cette pauvre jeune femme qui doit travailler ici... J'espère au moins que tu la traites bien, n'est-ce pas ? » Sans conteste, je n'avais que très peu d'affections concernant l'idée que Jun ne pouvait aucunement réaliser les actions banales du quotidien sans l'aide d'une quelconque jeune femme. Jeune femme qui, devait très certainement vivre un véritable enfer à devoir subir sautes d'humeur, ses désirs, ou, réaliser les simples demandes de cet homme parfois bien trop imbu de sa personne. Elle ne savait très certainement pas ce qui l'avait attendue en osant poser les pieds au sein de cet antre, mais, je doute qu'elle parvienne à s'en sortir indemne. Mais. Au final, n'appréciais-je pas cet homme bien trop imbu de sa personne qui osait en faire voir de toutes les couleurs à n'importe quelle personne qui oserait se frayer un chemin au sein de sa propre vie ? Question rhétorique, en soit. Qui ne méritais qu'une réponse au sein de mon fort intérieur. Réponse qui, resterait enfouie au sein de mon esprit sans que je ne parvienne, un jour, à extirper celle-ci de cet endroit. Favorisant l'ignorance, ou, la naïveté. Je ne pouvais guère négliger le fait que – malgré tout – me retrouver ici, en ces lieux, me semblais encore étrange. Tout se déroulait si vite que je n'avais pas encore assimilé les faits de notre précédente rencontre. Aussi agréable avait-elle été. La surprise de te voir en ces lieux persistait à son tour, au sein de mon esprit.

« Dis-moi, Jun. » Débutais-je avant que je ne parvienne à m'avancer – petit à petit – vers ta personne. Me postant, ainsi, à tes côtés. Je prolongeais mes paroles au travers d'une voix bien plus basse que je n'avais pu l'avoir fait auparavant. « Si jamais un jour, Mei ne veut plus de toi. Je récupérerais sa garde, ne t'inquiète pas pour ça. » Voilà qu'une énième taquinerie à ton égard venait de franchir mes lippes tandis que j'osais tapoter délicatement ton torse en guise de signe démontré le fait que je semblais être « désolée » si cela pouvait arriver un jour. « On sait jamais, Jun, tu sais... » Profitais-je de la présence de Mei afin de me venger ? Pensez-vous. Oui, inévitablement. Sans conteste. À l'évidence. Et, bien plus encore. Tu avais osé m'en faire voir de toutes les couleurs il y a de ça quelques jours auparavant, je ne pouvais que profiter de cette image nette que tu pouvais arborer face à celle-ci afin de maintenir cela à mon avantage, et ce, au travers de multiples taquineries glissées, çà, et là.

Ceci n'étant, bien évidemment, que le commencement.

Mei était surtout entrain de le trahir et il ne pouvait même pas faire quoique ce soit contre elle. Elle était bien trop maline et elle le connaissait assez bien. Cependant, elle pourrait aussi faire un effort pour ne pas le discrédité devant Hana. Aujourd'hui, plus que jamais, il voulait être crédible devant elle, à cause de celui qu'il était devenu, qui n'avait désormais plus rien à voir avec ce jeune idiot qu'il était quand ils étaient ensemble. Il n'avait pas cette vie, pas cette influence. Il n'était qu'un pauvre gamin sans le moindre argent et à qui on ne planifiait pas le moindre avenir non plus. Tout ça avait changé désormais, et plus que jamais, il voulait être à la hauteur. Hana était celle à qui il avait confié le plus de choses, même aujourd'hui, personne n'en savait autant.

Sa nourriture n'avait sans doute rien d'extraordinaire, il priait pour que ça soit mangeable. Il n'avait jamais tenter de cuisiner, ou du moins, par de choses élaborés comme aujourd'hui. Il faut dire que la Chinoise lui mettait un peu la pression en lui disant avoir hâte, ironie ou non. Surtout qu'il ne le sentait pas, mais alors pas du tout. Il aurait peut-être dû goûter mais c'était un peu tard, le mal était fait de toute façon. Le rire moqueur de Mei lui fit froncer un peu les sourcils, bien que oui, c'était drôle. Même pour elle il n'avait jamais cuisiner. Il n'avait pas vraiment le temps de cuisiner non plus.
Un soupir quitta ses lèvres quand elle parla de Frida, se mettant même à la plaindre. C'était une bonne à rien. Il devrait la renvoyer mais elle devait d'abord rembourser ce qu'elle avait casser, en toute logique. Mei se mit à rire à nouveau, et cette fois il sourit avec elle. Bon, il pourrait la traiter mieux mais il y avait sans doute pire.

« J'ose espérer que tu n'es pas devenue trop difficile en matière de nourriture et que tu sauras apprécier mon témoignage d'amour tel qu'il est. » Ouais, même dégueulasse, faire semblant d'aimer quoi. « Ne t'en fais pas, elle est traitée exactement comme elle le mérite. »

Un sourire se forma sur son visage, malicieux. Oui, comme elle le méritait et Jun estimait même être un peu trop gentil avec elle. Il aurait déjà pu la renvoyer sans prendre de gant, mais cette flemme monumental que de repasser des « castings » pour trouver une autre bonne. Trop de travail, pas assez de temps. Fatigue, tout ça. Il faudrait qu'il fasse amener quelqu'un de Chine, les Chinois étaient meilleurs que les Japonais, peu importe le domaine, Jun en était convaincu, et il n'était absolument pas aveuglé par le manque de son pays d'origine. Absolument pas. Ça ne se trahissait pas non plus par sa joie intérieur d'entendre parler le chinois dans son foyer. Bien évidemment, ils ne parlaient jamais japonais avec Mei, sauf s'il l'aidait pour un devoir qu'elle devait faire en classe. Ils parlaient davantage Japonais au début, quand il voulait l'aider à s'approprier plus rapidement la langue, depuis, le chinois était presque vitale pour eux, ça leur manquait trop.

Son souffle se coupa momentanément en la voyant s'approcher, son regard se perdant sur elle en se demandant ce qu'elle lui voulait. Mei ne devait pas comprendre la situation non plus, mais c'était exactement ce genre de choses qui allaient faire qu'elle se fera des idées. Un sourire apparut sur ses lèvres en entendant les mots de Hana qui, notons le, profitait de la présence de l'enfant pour se jouer de lui. S'il avait une certitude, c'est que Mei ne risquait pas de le rejeter. Peut-être qu'elle lui hurlera dessus quand elle fera sa crise d'adolescence, qu'elle lui dira qu'elle le déteste, mais il voulait croire que jamais elle ne voudra partir. Ils savaient tout les deux combien ils étaient important l'un pour l'autre. Posant d'ailleurs son regard sur elle, il lui demanda d'aller se laver les mains avant de passer à table, attendant sagement qu'elle quitte la cuisine pour attraper Hana et l'amener contre lui, un sourire profondément malicieux sur les lèvres tandis qu'il la regardait.

« Mei voudra toujours vivre avec moi, je préfère calmer tes rêves immédiatement. » Son sourire s'accentua après ses mots, prenant sa main dans la sienne comme s'il préparait une danse avant d'ajouter près de son oreille, comme pour un secret. « Si tu tiens tant que ça à l'adopter, tu n'as qu'à m'épouser. Tu sais, c'est la seule solution. » Un léger rire quitta ses lèvres alors qu'il se décallait d'elle, retrouvant une distance convenable. « Encore faudrait-il que tu sois à la hauteur du grand Gao Jun, j'ai l'impression de t'accorder déjà beaucoup de privilège... La place de déesse se mérite, même si Gao Hana, ça sonne pas trop mal. »

Moqueur, il lui tourna le dos pour vérifier son repas, que ça cuisait toujours bien, sans brûler. Le mariage était bien la dernière chose à laquelle il pensait normalement. Il n'en avait que faire, il ne s'imaginait tout simplement pas dire « oui » à quelqu'un, et finir sa vie avec une personne. Il ne connaissait rien du mariage, ni de la vie de famille. Sans doute que lorsqu'il sortait avec elle, il s'imaginait l'épouser un jour. Qui n'imagine pas se marier à son premier amour, après tout ?

Nous étions de véritables enfants, accentuant cette image enfantine qui régnait entre nous au travers de nos propos, nos actions, mais aussi de nos attentions à l’égard de l'un, envers l'autre. Que ce soit, concernant le simple fait que Mei puisse être de mon côté, que de la nourriture, ou bien, des taquineries soufflées et glissées en toute discrétion, je semblais malgré tout, y trouver mon compte. Un large sourire planté contre mes lippes, voilà que cette situation dérangeante – pour certains – m'apportait un certain réconfort, pour ma part. Un semblant de retour aux sources. À sa véritable nature, sa véritable façon d'être. Inévitablement, je ne pouvais guère nier le simple et unique fait que revoir ainsi, l'homme qui as osé partager quelques années de votre vie sentimentale et passionnée au travers du passé aurait pu rendre un bien grand nombre de personnes, folles. Et pourtant, nous étions là... Plaisantant sur la simple idée d'une adoption possible de ce petit être fort agréable, ajoutant à cela, l’idée de parvenir à un arrangement si j'osais me lancer à la conquête d'obtenir le nom de cet homme aux côtés de mon propre prénom. « Gao Hana », hein ? Un ricanement osait traverser mes lippes face à cette simple et unique idée. Aussi peu agréable, cela pouvait-il être, je ne pouvais aucunement nier le fait d'y avoir rêvé auparavant... Toute jeune femme, éperdument amoureuse, rêve de clore cette histoire si idyllique aux côtés de l'homme qu'elle aimes tant. C'est un fait irrévocable, et pourtant... « Jun, Jun, Jun. » Tiquant très légèrement, je laissais ma langue claquer très légèrement contre mon palais tandis que je daignais hocher la tête d'une manière plutôt négative. Quitte à vouloir, le taquiner, autant prolonger ce simple jeu auquel je semblais m'adonner depuis l'instant où j'ai daigné poser les pieds au sein de ton antre. « Tu sais, j'ai déjà un autre homme dans ma vie. Qui sais, peut-être que les fiançailles sont prévues. Incessamment sous peu. Le hasard nous offre parfois des cadeaux inattendus, n'est-ce pas ? » Un mensonge. Un. Sauf si j'osais considérer le seul homme assez proche se trouvant à mes côtés qui n'est autre que mon cousin. Cousin prénommé Nam Tadase. Ou bien, l'éditeur fort insistant qui s'est octroyé les clés de mon antre afin de parvenir à mettre la main sur mes écrits, en temps, et en heure. Ou encore, cet homme que je croise un bon nombre de fois au parc, oh. Et puis... Qu'importe.

J'en venais à balayer naïvement ma chevelure vers l'arrière de mon crâne avant que je ne puisse me permettre de reporter mon attention vers ces mets si délectables qui osaient cuire sous mes yeux. Lorsque, finalement, mon attention fut déportée vers la présence de ce petit être qui créait « discorde » entre nous. « Dis Mei, tu me montres ta chambre ? On va laisser Jun s'occuper de ses préparations, histoire de ne pas lui mettre trop de pression. N'est-ce pas ? » Une question rhétorique, en soit. Puisque cette question ne méritait guère de réponse de ta part, quelle quelle soit. J'en venais à suivre bien vite l'antre de la demoiselle afin de pouvoir y découvrir en ces lieux une chambre des plus agréable, adorable, moderne et féminine qu'il soit. Ne dénigrant guère tes goûts en matière de décoration, je me contentais de hocher la tête à de multiples reprises afin de démontrer un certain contentement face à cette contemplation.

« Oh, Mei, te voilà bien chanceuse, vraiment. » Telle une enfant, j'observais le tout d'un air attendri et émerveillé. N'ayant jamais eu la chance, ou la possibilité d'obtenir de telles choses, je ne pouvais qu'être une adulte envieuse envers cette enfant. Enfant qui, en soit, méritait ce qu'il s'offrait à elle à présent. Sans conteste. Et c'est donc, tout naturellement, que je pris l'initiative d'emporter mon sac à mes côtés avant que je ne puisse extirper de celui-ci un simple et unique carnet tout en jetant un regard autour de ma personne. Le grand et « bienveillant » Gao Jun ne semblait pas être dans les parages. C'est donc au travers de multiples murmures que je tendais ce carnet au creux des mains de cette enfant. « Je suis sûre que Jun trouverait ça futile, mais ça m'a beaucoup aidé... Dans ce carnet, tu pourras y noter tout ce que tu ressens, tes petits secrets, tes trésors et bien plus encore. Glisse-le sous ton matelas, tu verras, il ne se doutera jamais de l’existence de cette petite chose, et puis, j'ai noté à l'intérieur mon numéro de téléphone portable. Si jamais tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas. »

Un clin d’œil, un échange simple et unique, et voilà que je parvenais à lui offrir une tendre étreinte. Comme résister ? Comment ?

Impossible.

Le mariage avait longtemps été terme étrange pour Jun qui l'avait plus ou moins vu au travers des quelques familles qu'il avait eu. Un homme et une femme qui restaient ensemble pour toujours. C'est comme ça qu'on lui avait expliqué le principe et déjà à l'époque il avait trouvé ça bizarre. Pour un gosse qui se faisait balader de famille en famille et ne voyait jamais les mêmes visages plus de deux ou trois ans tout au mieux, finir avec une personne pour le restant de ses jours, ça lui avait paru incroyable. Quand il avait commencé à sortir avec Hana, il avait mille projets. Pour lui, mais surtout pour eux. Il voulait rester avec elle pour toujours, c'était son premier amour, la première fois qu'il tombait amoureux et Hana lui semblait si parfaite, il n'avait aucun mal à se l'imaginer. Il voulait devenir quelqu'un d'important et qu'ils aillent aux quatre coins du monde ensemble. Pourtant, il avait appris que les projets d'un lycéen ne se concrétise rarement, sauf s'il avait réellement de la chance.

Un petit sourire s'était formé sur ses lèvres quand elle reprit la parole. Un autre homme dans sa vie ? La perspective lui déplaisait et il restait interdit, son regard ne lâchant pas le sien pour tenter d'y déceler un mensonge. Mais il n'était malheureusement pas assez perspicace pour voir ce genre de chose. Un jour peut-être ? Non, il en doutait. S'il pouvait comprendre des principes absurdes de la mode, comprendre une femme était bien plus compliqué.

« C'est tout ce que je te souhaite », répondit-il alors pour les fiançailles. Mensonge, cela dit. « Cela ne le dérange pas de te laisser passer la soirée chez ton ex-petit-ami ? »

Lui, ça l'aurait clairement dérangé. Il avait parfois une vision un peu trop stricte des choses et que sa petite-amie passe la soirée avec son ex, peu importe la raison, il ne l'aurait toléré. Sans un mot de plus, il s'était légèrement écarté d'elle, contenant un soupir alors que Mei venait d'entrer à nouveau dans la cuisine, s'approchant sans hésitation de l'invitée pour attirer son attention. Elle en était tellement fan et en si peu de temps, le Chinois ne pouvait s'empêcher de s'en amuser. Après, ce n'était pas étonnant. Hana était grande, belle, élégante. Elle avait un regard malicieux et plutôt attirant, le genre de femme qu'une petite fille pouvait tout simplement admirer et rêver de devenir un jour.

Il afficha une grimace quand elle lui parla de ses préparations, leur tournant le dos pour reprendre sa cuisine alors que Mei avait, sans attendre, saisit la main de la demoiselle présente pour lui montrer sa chambre dont elle était très fière. Elle adorait sa chambre, Mei avait pris soin de tout décorer comme elle en avait envie, ou plutôt, elle avait laissé Jun le faire en lui donnant des ordres mais elle aimait dire qu'elle avait tout fait. Le regard de l'enfant fut porté vers Hana et elle sourit en l'entendant dire qu'elle était chanceuse. Elle n'avait que dix ans, pourtant elle en avait pleinement conscience. Elle avait connu l'orphelinat, la vie en communauté, n'avoir comme jouet que des objets utilisés et réutilisé depuis des années. Elle savait qu'elle avait de la chance d'être ici, d'avoir cette vie désormais.

« Merci beaucoup », dit-elle poliment, totalement émerveillée par le carnet. « Je devrais écrire en japonais dedans parce que Jun sait pas tout lire. » Elle non plus mais elle aimait se dire qu'il était plus mauvais qu'elle. « Faudra que tu reviennes plus souvent nous voir, tu sais, l'appartement est très grand et tu peux venir vivre avec nous même ! »

Et la petite était sérieuse, elle aimerait tellement qu'elle vienne vivre ici ! Pas qu'elle s'ennuyait avec Jun, mais elle ne pouvait pas tout lui dire, parfois elle était un peu gênée parce que « c'était un garçon » et qu'il pouvait se moquer ou ne pas comprendre. Il faisait des efforts, tentait de résoudre les problèmes qu'elle avait mais pas aussi bien que ne le ferait une « grande soeur » comme Hana. Puis elle se disait qu'il faudra bien que Jun se marie un jour, il commençait à devenir vieux.

« Bon, vous venez ? » Lança l'intéressé, passant sa tête dans l'encadrement de la porte. « C'est pas tout, mais si tu rentres trop tard ton cher petit-ami pourrait s'inquiéter Hana, faudrait pas que ça arrive. »

Sourire narquois en accompagnement et il ne laissa pas l'occasion à l'une ou l'autre de répondre qu'il était déjà parti. Mei avait eu le temps de cacher son carnet dans son dos, comme s'il pourrait réellement faire quelque chose s'il le voyait avant de suivre les conseils de la plus âgé quand Jun fut parti, soulevant son matelas pour le placer en dessous, souriant à Hana alors qu'elle saisit sa main. « On y retourne maintenant ? »