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 Don't be trapped in someone else's dream; ft. Suoh Yukihiro

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Kuronuma Haku» I ❤ Nishinaka
Kuronuma Haku
Avatar : Min Yoongi
Pseudo : petit poussin rose d'amour d'Eden forever and ever (Kernel)
Date de naissance : 14/06/1992
Age : 31
That's what i do there : Raté des bas-fonds - Cutie pie à temps plein
What about love ? : Yuki is my booooy ♥ the best baby in the world, I want to have his kids
How I feel : « J'aime son humanité, plus que tout : j'aime la finesse de ses traits, son parfum simple et l'idée que celui-ci imprègne mes vêtements. Son désir de ne pas m'enfoncer la tête sous l'eau, plus qu'elle ne l'est déjà, et ses grands yeux noirs, dardés d'innocence qui m'arrachent des mémoires ensevelies, aussi douloureuses que flatteuses. La façon dont il hausse timidement le ton, aussi, comme s'il craignait de m'intimider. La possessivité inexplicable qu'il a à mon égard, et surtout la sensation des lignes de sa main qui se marient aux miennes, parfois. Juste comme ça, juste nous deux, comme il ne faudrait pas. »
...

Messages : 223

Dim 22 Nov - 12:57
     




don't be trapped in someone else's dream




Je respire l'air marin en fermant les yeux, à m'éclater les poumons trop noirs d'une pureté nouvelle, à sentir ma gorge s'enflammer de fraîcheur et mes yeux se liquéfier et se brouiller inconsciemment. Le soleil émerge timidement de derrière les nuages gris et décolorés; je les aime ces nuages, ils me rappellent quelque chose, ils me rappellent les cendres de ma cigarette, la couleur métallique des quelques pièces qui attendent dans le fond de mes poches, le plastique usé et désagrégé de mon briquet, l'écharpe terne et parfumée de Nami. Je lève les yeux, j'aperçois une lignée aérienne de mouettes qui distord les nuées grisâtres, comme un équilibre de rompu, une tâche de peinture ajoutée sur la toile : un excédent, une disharmonie flagrante et parfaite. Je trouve cela beau, et je souris sans savoir pourquoi. Mon souffle se perd, il s'égare en volutes dans la petite matinée, et mes poings se serrent doucement. Ma cigarette tombe contre le sable fin et doux; je l'écrase sec et impitoyablement.

J'ai quitté la tombe de Nami il y a de cela quelques minutes, soit un peu plus tôt par ce début de journée. J'avais l'idée de lui apporter des fleurs, parce que je ne passe pas très souvent ─ parce que je n'en ai pas envie, aucune envie; absolument aucune, en fait. Devoir affronter mes peines et toutes ces conneries s'expose à moi comme quelque chose d'impossible, de trop effrayant, de trop terrifiant pour mon pauvre et minable mental. Je n'ai pas souhaité m'y recueillir trop longtemps, alors mes pas m'ont guidés ici, mon cerveau m'a instinctivement ordonné de venir là, d'aller me changer les idées au bord de mer. La plage est un endroit libérateur, je m'y sens en sécurité, je peux respirer comme bon me semble, faire le con, jeter mes affaires, m'allonger sur le dos et regarder des heures et des heures les piafs voler et faire des cabrioles. J'oublie un peu tout, je noie mes douleurs et les souvenirs dont je n'ai pas besoin autrement qu'en me shootant et en me bourrant la gueule.



À mes côtés j'ai une petite étoile égarée sur terre. Ce n'est ni une personne, ni quelqu'un, ni ce mec parmi les mecs, c'est bel et bien un des seuls à qui j'accepte de laisser entrevoir quelques secrets et quelques ombres de ma vie. J'ai longtemps ne pas désiré toucher son âme avec mes mains sales et sanguinolentes, mais quoi que je fasse, où que j'aille, quoi qu'il arrive et quoi que je dise, il me suit toujours. Il est comme le fantôme de ma silhouette, il est comme ce chat plus noir que les ténèbres d'une ruelle; il est comme la jeune fille qui me défonce l'esprit, comme l'enfoiré que j'ai besoin de cogner plus de trois fois par semaine. Il fait partie de ma vie, il est une énième branche qui constitue l'arbre putride qu'est mon existence ─ sauf que lui, Yuki, il est putain d'innocent, et c'est ce que j'aime chez lui. Ce sourire d'enfant, ces attitudes de gosse puéril et timide, la manière qu'il a de m'enlacer par derrière, sa façon unique de me surplomber comme jamais personne n'a pu le faire jusqu'ici. Yuki est tout nouveau, il est l'infime fragment de mon miroir, et ce miroir, il peine à le reconstruire avec sa seule présence.

Je le regarde, et il me regarde aussi. Je lui demande s'il peut prendre ma main, je lui tends mes phalanges et le dos ma main retourné; je souris très légèrement, très discrètement, sans les dents, et puis tout se fait vite, trop vite, à la manière d'un certain jour de brouillard qui se profile dans les plus lointaines de mes pensées. Je l'emmène avec moi près de la marée, sans lui demander son avis, sans lui en parler plus que ça. J'aime sa peau contre la mienne, j'ai l'impression d'exister, j'ai l'impression que rien n'est plus meilleur que ça. J'ai soudainement envie d'hurler tant mes organes se déchaînent à l'intérieur de ma cage thoracique parce que bordel, je graverais ces petits moments dans ma peau, si je le pouvais.

Au bord de l'eau, j'écoute le bruit des rafales marines s'éclater durement contre les roches. Le vent rugit et les goélands piaillent, moi je m'accroupis un instant pour passer ma main sur la pierre rugueuse et lécher les cristaux sur le bout de mes doigts. Dans mon autre main, je serre depuis un petit moment déjà la cellophane d'un bouquet de fleurs. J'ai choisi des tulipes, je ne connais pas leur signification et autant dire que c'est pas ça qui m'importe, mais ces fleurs sont en la mémoire de Nami. Parce qu'elle aimait les tulipes et qu'elle voulait toujours que je lui en cueille, j'ai fait attention à jeter mon dévolu sur les meilleurs. J'y ai pris des heures, je n'ai pas souhaité confondre et pourtant, je l'ai sans aucun doute fait. À côté de moi Yuki tient également son propre bouquet, il fait aussi son deuil et je lui lance un regard en coin avec une tendresse que je n'explique pas, quelque chose que je ne me connais même pas. Je détourne le regard, ma poigne entrelacée à la sienne s'enfuit doucement et d'un air presque absent, je jette mes fleurs à la mer. Un festival de couleurs, qui tranchent avec la sombre et impénétrable nuance des flots. Je me perds dans ma contemplation, et mes mains rejoignent mes poches. Je ne sais plus quoi penser, je sens que je vais me déconnecter si je ne dis ou ne fais rien, alors je relève doucement la tête. J'ai l'impression que mes doc s'enfoncent dans le sable humide et qu'une migraine éclatante s'empare de mon esprit.


Je soupire presque imperceptiblement.
« Pardon de t'avoir emmené ici. Le cimetière me cassait les couilles. »
Et franc je me montre, encore et toujours, parce que putain, ça, je ne peux plus le cacher. Pas à Yuki, pas à ce petit homme qui m'accompagne dans ma renaissance bleue.


i love you i love you i love you


robb stark
Suoh Yukihiro» I ❤ Nishinaka
Suoh Yukihiro
Avatar : Jeon Jungkook - Crédit à Miki
Pseudo : Eden
Date de naissance : 02/12/1997
Age : 26
That's what i do there : Pot de fleur & Petit doudou à plein temps de son Haku
What about love ? : Un gentil con du nom d'Haku (<- le plus beau de la terre que j'aime et que j'adule de tout mon être)
Messages : 108

Dim 22 Nov - 16:24
     



It’s too beautiful, so I’m afraid •••



Le vent caresse mes joues de ses doigts salés par les embruns. Immobile, raide face à la brise marine, j’observe la mer qui s’étale jusqu’à l’horizon, une infinité qui s’élève et ondule comme un corps haletant. Je ne suis jamais allé très souvent à la mer, peut-être une ou deux fois quand j’étais enfant, avec l’école. Je ne m’en rappelle plus très bien. L’air est différent ici. Il est plus frais, plus chargé, empreint des parfums de l’eau et des algues. C’est une journée grise de la fin du mois de Novembre. Le ciel est bas et blanc, et même si au loin, sur l’eau, quelques rayons parviennent à filtrer les nuages, le temps reste terne. Une fine buée s’échappe d’entre mes lèvres à chaque expiration, se mêlant parfois à la fumée d’une cigarette qu’on fume à côté de moi. L’odeur du tabac me ramène un peu à la réalité, et je m’arrache à la contemplation de l’océan pour jeter un rapide coup d’œil à la présence à ma gauche.

Haku fume en regardant les vagues en contrebas des remblais sur lequel nous nous tenons. Il préfère emplir ses poumons de la fumée malodorante de sa cigarette plutôt que la brise pure de cette plage déserte. Le parfum âcre me fait froncer le nez, je m’en retourne vers l’étendue d’eau grise, ramenant sur mon visage l’épaisse écharpe que je porte autour du cou, tant pour me protéger de l’air glacé qui fait rougir mes joues que pour échapper à l’odeur. J’aimerais qu’il lâche cette clope, j’aimerais lui arracher moi-même si j’en avais le cran, mais dans ces moments là, tirer des taffes semble être son seul exutoire. Mes doigts blanchis par le froid mordant se resserrent dans un froissement sur le papier qui protège les fleurs que je tiens. L’instant d’après, le reste d’une cigarette tombe dans un bruit infime dans le sable, avant qu’un pied chaussé de doc ne vienne achever de l’éteindre.

Il m’a dit qu’il devait venir à Sendai pour voir quelqu’un aujourd’hui. C’est dimanche, je ne travaille pas. Personne ne travaille, les gens restent aux chauds chez eux, le dimanche. En famille. Moi je n’ai pas de famille. Moi je voulais pas rester tout seul. Je lui ai proposé de l’accompagner, et il s’est contenté de hausser les épaules. Il n’a pas dit non alors j’ai pris ça pour un oui. Très tôt ce matin, on a pris le Shinkansen, et on est arrivés ici pour le lever du jour. Je ne savais pas qui il devait voir. Je sais juste qu’il est né ici, à Sendai. Est-ce de la famille, des amis ? Je n’ai pas osé demander. Haku n’a presque rien dit de la journée. Il n’est jamais très bavard quand il est de mauvaise humeur, et son visage sombre en dit long sur son état d’esprit aujourd’hui. A la sortie de la gare, je l’ai suivi sans piper mot, jusqu’à une petite tombe dans un cimetière baigné de la lumière du levant. Sur la pierre grise, je lis un prénom qui m’est familier. « Nami. » C’est elle qu’il est venu voir. Nami. Je ne la connais pas. Je sais juste qu’elle est morte, et qu’elle était importante pour Haku. Elle le rend triste, car quand il parle d’elle, ses yeux se perdent, ses doigts se crispent et il finit toujours par tirer une cigarette de sa poche.

Maintenant on est ici, silencieux, face à la mer. J’ai fini par baisser les yeux vers le sable que je retourne du bout du pied. Le vent me fait larmoyer, et l’atmosphère me semble soudain plus lourde. J’aimerais bien qu’il parle, qu’il dise quelque chose, n’importe quoi, une connerie. Je me dis que je voudrais le voir rire un peu, parce que je déteste cette moue triste et sombre que revêt son visage depuis ce matin. C’est mes propres fantômes qui refont surface en le voyant ainsi. Mon deuil à moi, que j’essaye d’oublier quand il est là, revient agiter mon cœur d’un battement frénétique et douloureux. Le silence l’aide toujours à faire son nid au creux de ma poitrine.

Du coin de l’œil, j’entrevois le visage de Haku se tourner dans ma direction. Presque instinctivement, pressé de croiser son regard, je me pivote moi aussi vers lui. Il tend sa main vers moi, me demandant si je veux bien la prendre, et j’accepte sans vraiment hésiter. Je glisse mes doigts gelés dans sa paume blafarde, savourant le contact tiède de sa peau sur la mienne. Sa main est aussi grande et rassurante que l’était celle de Ren quand il m’emmenait à l’école le matin, alors que la simple idée de retourner en classe chaque jour me pétrifiait. Prisonnier de son poing, j’aurais pu le suivre n’importe où.
Haku me tire un peu vers l’avant, m’invitant à le suivre vers l’eau qui lèche la plage dans une rumeur régulière. La mer démontée par l’hiver se soulève lentement pour revenir s’écraser dans un brouhaha sourd sur le sable, emplissant l’air de myriade de gouttelettes salées. On s’arrête juste à la limite des vagues. Nos godasses s’enfoncent dans le sable mouillée, et l’eau s’insinue jusqu’à travers mes Timberland. Je grimace, sentant le froid saisir mes pieds, mais ne dis rien. Ici le vent est plus fort, il rugit dans mes oreilles, et arrachent des larmes à mes yeux qui roulent sur mes joues tuméfiées par le sel.

Haku tient des fleurs. Des tulipes pour Nami. Je n’ai jamais compris pourquoi on offre des fleurs aux morts, mais quelque part, c’est poétique. J’en ai acheté aussi, pour Ren, même si sa tombe est loin d’ici. Je me demande s’il aimait la mer. J’aurais bien aimé qu’on y aille ensemble un jour. Comme je ne savais pas quelles fleurs prendre, j’ai choisi celles qui me plaisaient le mieux, des roses. Trois roses, blanches parce que c’est la couleur que j’aime le plus, larges et épanouies. Quand le fleuriste m’a demandé s’il devait enlever les épines, j’ai répondu non, parce que je les trouvais parfaites ainsi. Haku lâche ma main qui retombe mollement le long de ma cuisse. Son bouquet vient d’éclater dans les airs et une pluie de fleur se repend à la surface des vagues. J’observe le spectacle, les yeux ronds et humide. Je ne suis plus vraiment sûr que c’est le vent qui me fasse pleurer. Peut-être que c’est simplement le chagrin qui monte en moi depuis le début de la matinée. Un instant, j’observe l’eau qui chahute les tulipes, les ramène vers nous avant de les emporter au loin. De mes mains anesthésiées, je commence à défaire le papier autour de mes roses. Je prends en main les tiges, ignorant les épines qui perforent alors ma peau. J’ai le fol espoir que la mer portera ces fleurs et notre chagrin jusqu’à Ren et Nami, où qu’ils se trouvent, même si ce n’est qu’un symbolisme naïf. Ma paume se desserre et j’offre le bouquet à l’océan noir.

Muet, je les regarde être avalées par l’eau. J’ai froid maintenant. J’ai l’impression que mes larmes ont gelé sur mes joues. Sur mes mains, quelques points sanguinolents marquent l’endroit où les épines ont imprimés leurs marques dans ma peau. Je les enfonce dans ma poche pour les réchauffer un tant soit peu. La voix de Haku s’élève soudain, inattendue, et je sursaute. Elle est presque noyée par les hurlements du vent.

« Pardon de t'avoir emmené ici. Le cimetière me cassait les couilles. »

Il parle toujours avec sa délicatesse propre, mais j’ai depuis longtemps compris qu’il ne savait pas s’exprimer autrement qu’avec vulgarité, cela faisait partie de lui. Haku n’était décidément pas un garçon gentil et bien sur lui. C’était en quelque sorte ce qui le différenciait de la plupart des gens, ce qui faisait qu’il n’était pas comme Ren. Je pense que c’est aussi ce qui fait qu’il est encore là, malgré ces douleurs que je ne peux que deviner, quand mon frère a tout plaqué pour un simple échec. Haku a le courage que Ren n’a jamais eu. Je secoue la tête et le regarde.

« Ça fait rien, c’est pas si mal ici. Puis c’est moi qui t’ai imposé ma présence. Désolé. »

Pardon pardon, Haku, de m’accrocher à toi encore et toujours, d’avoir toujours peur d’être tout seul, mais tu es bien le seul qui accepte de rester avec moi même quand je pleure…
WILL YOU STOP THE TIME ?
Kuronuma Haku» I ❤ Nishinaka
Kuronuma Haku
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What about love ? : Yuki is my booooy ♥ the best baby in the world, I want to have his kids
How I feel : « J'aime son humanité, plus que tout : j'aime la finesse de ses traits, son parfum simple et l'idée que celui-ci imprègne mes vêtements. Son désir de ne pas m'enfoncer la tête sous l'eau, plus qu'elle ne l'est déjà, et ses grands yeux noirs, dardés d'innocence qui m'arrachent des mémoires ensevelies, aussi douloureuses que flatteuses. La façon dont il hausse timidement le ton, aussi, comme s'il craignait de m'intimider. La possessivité inexplicable qu'il a à mon égard, et surtout la sensation des lignes de sa main qui se marient aux miennes, parfois. Juste comme ça, juste nous deux, comme il ne faudrait pas. »
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Messages : 223

Dim 22 Nov - 21:33
     




don't be trapped in someone else's dream




J'ai l'impression d'être une coquille vide, un fantôme transporté vers un autre monde. Pendant un instant je me vois tomber vers l'avant et m'étaler de tout mon long sur le sol sablonneux et léché par la couverture marine, mais ce n'est qu'une illusion. C'est un mirage, parce que j'ai jeté les fleurs, parce qu'il me reste une infime pétale dans le creux de ma paume. Je l'abandonne dans une de mes poches, j'enroule et déroule mes doigts nerveusement; à côté, la présence de Yuki m'indique que je ne suis pas encore parti, que je suis toujours branché à la foutue réalité, elle et sa temporalité. Le son des vagues me berce doucement, alors que mes yeux dérivent lentement vers l'artifice floral que libère Yuki à son tour. Des pétales blanches, qui rencontrent progressivement les miennes que j'ai abandonnées inflexiblement, plus colorées que jamais. J'ai envie de sourire, quand il n'y a que Yuki avec moi.

Aujourd'hui, je dois retrouver une vieille connaissance. C'est un gars que j'ai connu au collège, mais on s'en tape; je m'en tape, parce que je n'ai plus envie de parler de vieilles histoires. Je suis censé passer chez lui pour régler des affaires et des formalités par rapport à la came que je n'arrive plus à me procurer, ces temps-ci. Yuki a tenu à m'accompagner : il veut toujours m'accompagner, lever le voile sur la bêtise qu'est ma vie et mon quotidien. Je n'approuve pas forcément, parfois j'hésite, je veux lui dire qu'il ne doit pas tremper avec moi dans mes conneries et mes choses à moi, ces trucs un peu trop dangereux. Mais je ne peux pas refuser ─ je ne peux jamais lui refuser. Yuki a ce drôle d'effet sur moi, il me fait à la fois hésiter et supprime en même temps mes doutes rien qu'en marchant à mes côtés. Au final, je n'ai rien dit, je lui ai laissé l'embarras du choix et ce sale gamin m'a quand-même suivi. Je ne sais pas quoi en penser.

À mes côtés, j'ai l'impression de sentir Yuki trembler. Je sais qu'il a froid, j'hésite à le prendre dans mes bras mais je ne le fais pas. La marée monte et descend, sa langue marine glisse sous mes bottines abîmées, tandis qu'elle exhume dans ses embruns une forte odeur iodée. Je sais que si je venais à me jeter dans l'océan, l'eau gelée imbiberait ma peau et me ferait sans doute perdre conscience. C'est attirant. Ça me fait penser bêtement, ça m'intrigue. Le sable se dérobe sous nos pieds, alors que j'emplis mes poumons défoncés de cette odeur de sel, de ce musc puissant. Rien n'est plus insupportable que cette sensation; et pourtant, je l'adore. C'est comme si toute la crasse qui s'était accumulée dans mes organes, toute cette peine et ce chagrin, cette décomposition, s'en allaient à la manière d'un coup de vent, d'une rafale rafraîchissante.



Une voix me sort de mes pensées. C'est Yuki, c'est mon étoile, mon ombre d'un instant. Je tourne la tête, je le sonde de mon regard sans m'en rendre compte. Lui aussi, il me regarde, et je dois légèrement relever les yeux pour plonger dans les noirs tréfonds de ses orbes. Il s'excuse, il dit que c'est de sa faute, que tout ça ne fait rien, que je ne devrais pas me faire pardonner. Je fronce doucement les sourcils, et mes lèvres se pincent entres elles. Sur une roche à quelques mètres de là, une mouette se pose; elle assiste à notre échange, en tant que simple spectatrice. Parfois j'aimerais aussi abandonner cette vie de merde et m'envoler quelque part loin d'ici, loin de cette existence. Pouvoir tournoyer pour atteindre l'inconnu, quitter cet endroit qui ne m'a jamais plu. Emmener Yuki avec moi, renaître de surcroît.

J'expire un bon coup, le vent fouettant mon visage. La sensation de ne pas tenir une cigarette entre deux doigts me fait bizarre; j'ai l'impression qu'il me manque quelque chose. Mes mains replongent dans mes poches, j'ignore la pétale du bout de mes doigts et viens plutôt titiller mon briquet. Ça me calme.

« Excuse-toi pas. »
J'essaie d'articuler, mais mon ton est absent, détaché. Lointain, comme si l'étendue obscure m'arrachait à ma concentration. Je n'ai jamais eu le sens de la conversation, je suis toujours bref et habituellement, je ne tiens pas de longs discours interminables sur le sens de la vie. J'en pense, j'en pense très fort, mais je veux priver Yuki de ça. S'il est avec moi, c'est pour quoi ? Je ne sais pas non plus, de toute façon. Je ne veux pas qu'il s'arrête de regarder derrière moi. Je ne veux pas cesser de relever la tête pour croiser ses yeux brillants et la courbe de ses commissures rehaussées. Yuki me rappelle quelqu'un, je voudrais me l'approprier égoïstement, mais si un jour il venait à partir ou à vouloir me fuir, je devine que je ne ferais rien. Je pense ─ ce serait pour son bien, après tout.

Je hausse les épaules. Les pétales s'éloignent peu à peu, bientôt on ne les verra plus et elles partiront quelque part, quelque part que l'on ignore. Couleront-elles ? Se sépareront-elles, se désintégreront-elles ? Je ne sais pas, et rien que d'y réfléchir, ça me fatigue. Je veux croire qu'elles resteront à la surface le plus longtemps possible, qu'elles lutteront pour ne pas s'enfoncer dans les profondeurs de cette eau miroitante. Un peu comme quelqu'un que je connais bien, plus que bien.

Encore une fois, je demande à Yuki si je peux lui prendre la main. Je n'attends pas forcément de réponse à ma requête, parce que je sais qu'il dira oui quoi qu'il arrive. Tandis que le vent vient chatouiller ma peau et tourmenter mes mèches de cheveux platinées, je glisse mes doigts dans les siens, frotte ma paume contre la sienne, froide et fraîche, écorchée comme la mienne. Entre nous, il y a un contraste, énorme contraste : il est froid, il a besoin d'un peu plus de chaleur, d'un contact moins frigide et moi, je bous intérieurement, j'ai presque chaud et mon sang s'active quasi tout le temps, alors qu'en moi s'engouffre un vide, vide que je ne serais même pas capable de combler avec la chaleur de mon propre corps, de mon propre sang.

Sans dire quoi que ce soit, je me tourne en entraînant Yuki à ma suite. Les traces de nos pas font bien vite de disparaître sous le linceul écumeux qui borde et lèche nos semelles, et je peux presque sentir sous mes talons le bout pointu des coquillages, ensevelis sous le sable sombre. Le soleil a commencé à propager ses faisceaux sur la côte et sur quelques corniches en contrebas de la plage, et pourtant il ne semble pas faire plus chaud. Je marche doucement, j'ai de la peine à tenir droit et j'ai l'impression que je peux chavirer à tout instant, mais le contact qui me relie à mon ombre, à cette âme que je veux protéger et préserver, me rappelle que je suis en vie et que je peux me déplacer sans craindre quoi que ce soit. Sans m'en rendre compte, inconsciemment, je panse de mon pouce ses blessures et ses écorchures; ça doit lui faire mal, ça doit sans doute piquer, et pourtant je ne peux m'en empêcher. Progressivement je ferme les yeux, je crois que je m'évade quelque part avec Yuki, je crois que je marche dans le vide, vers un endroit qui semble plus paisible, plus calme, plus sûr et moins mort. Peut-être que j'y suis vraiment, en fait.

Alors je m'assois, je prends place un peu maladroitement sur le sable tiède et sec. La vue de la mer se fait plus lointaine, et je peux encore voir les nuances colorées de nos espoirs filer, portées par les vaguelettes régulières et affamées. Je tiens toujours la main de Yuki, je le force un peu malgré moi à prendre place à côté de moi, à mes côtés, toujours à mes côtés. Il m'accompagne dans ma vie, il est le marque-page de mon livre, l'unique et même flamme de mon briquet. Entrelaçant mieux mes doigts dans les siens, nos poignets se croisent tandis que je m'allonge sur le dos et que mes jambes se tendent en étoile. Mon regard rencontre l'étendue d'azur et le début d'un soleil radieux. Il illumine un peu ma vie, il panse mes plaies, il éclaire les plus sombres de mes méandres ─ pas le soleil, juste Yuki.


« Yuki. »
Je marque une pause, je détourne le regard vers un sillage de goélands. Je n'ai même plus envie de réfléchir, j'ai envie de laisser les mots glisser hors de ma bouche, j'ai envie de dire des choses juste comme ça, parce que je suis avec lui, avec ce sale gosse, avec celui dont je serre la main sans jamais m'arrêter.
« Dis-moi à quoi tu penses. Dis-moi ce que tu me trouves. »
Et j'essaie de pivoter mon regard vers lui, à ma plus proche proximité, mais je n'y arrive pas. À la place, je reporte mon attention sur un ciel grisâtre, presque bleu, parsemé de nuages anthracites. Yuki peut me dire tout ce qu'il veut ou choisir de ne rien me dire, je n'ai en réalité pas besoin qu'il me précise quoi que ce soit. Tout ce qui m'encourage à avancer, c'est de savoir qu'il est en vie et qu'il n'est pas trop malheureux.


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Suoh Yukihiro» I ❤ Nishinaka
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Messages : 108

Dim 22 Nov - 23:41
     



It’s too beautiful, so I’m afraid •••



Ses lèvres se resserrent, deviennent plus fine encore. Ses sourcils sont froncés, il me sonde, il a l’air mécontent. Un instant je me demande s’il est en colère contre moi, et son silence me conforte dans cette idée. Je sursaute un peu excessivement lorsque le cri d’une mouette déchire l’air. J’ai le cœur qui bat trop vite. Ma gorge est si serrée, l’air est si froid, que je peine à respirer. C’est inconfortable. Ma vie entière est inconfortable, elle l’a toujours été, mais la mort de Ren n’y a rien arrangé. Quelque part je lui en veux. Si j’étais Haku, je lui aurait craché dessus, parce qu’il a abandonné sans se battre, parce qu’il m’a abandonné moi. Mais je ne suis pas Haku, alors je ne peux que regretter et pleurer.

Haku lui, il se contente de soupirer en me regardant toujours. Il répond d’une phrase décousue, avec des mots posés là un peu au hasard pour s’exprimer.

« Excuse-toi pas. »

Il a l’air ailleurs, je ne suis pas vraiment sûr qu’il m’ait entendu, mais ses mots me rassurent un peu. L’avantage avec lui c’est qu’il est toujours sincère, il ne dit jamais rien par démagogie. Ma présence ne doit pas le déranger plus que ça. C’est bref, c’est net, ça lui ressemble. Je retourne à ma contemplation de l’étendue d’eau salée, dardée ici et là de rayon un peu pâle, pâle comme nos peaux délavées par le chagrin, rongée par les larmes. J’ai l’impression qu’elles ont creusé des sillons dans mes joues, ouvert des pommettes qui n’étaient pas là avant. Les plaies sur mes mains me piquent, je serre les poings pour les faire taire, et mon regard vogue de crête en crête, offrant mon visage aux embruns qui s’échappent de l’écume.

La voix de Haku s’élève encore, il me demande à nouveau ma main. Cette fois il n’attend pas que je lui réponde, il la tire de ma poche et mêle ses longs doigts blancs aux miens. Je retrouve avec bonheur la chaleur de sa paume, et malgré moi, un petit sourire inexplicable vient étirer mes lèvres. Je resserre mes phalanges rougies par le froid entre les siennes. Sa peau semble brûlante contre mon épiderme anesthésié. Je soupire discrètement d’aise, tandis qu’Haku commence déjà à m’entrainer un peu plus loin. On patauge ensemble dans le sable détrempé avant d’atteindre l’amont de la plage, là où le sol est plus sec. Entravé par le sol trop meuble, on avance comme deux ivres, mains dans la main pour ne pas trop se perdre, comme si l’un comme l’autre, on craignait de perdre, emporté par le vent. Son pouce glisse çà et là sur ma paume, retraçant la ligne dessinée sur ma main. Parfois, il s’arrête sur une plaie laissée par les épines, la presse doucement, nettoie le sang qui ne s’en échappe par petites gouttes écarlates. J’ai envie de gémir comme un gamin, parce que ça pique, ça pique aussi fort que ces produits que ma mère pulvérisait sur mes bobos quand j’étais gosses. Ça fait mal mais ça soigne, alors il faut être courageux pour aller mieux, c’est ce qu’elle disait toujours. Haku me soigne aussi, sa manière, je veux être courageux pour lui, ne pas devenir un problème supplémentaire.

Il finit par s’asseoir, sans crier gare. Je me trouve entrainé vers le sol, et je tombe maladroitement à côté de lui. Le sable est froid, il glisse entre mes doigts, sous ma main libre qui a amortie ma chute. Je souffle, libérant un petit nuage qui s’évapore aussi vite dans l’air frais du mois de novembre. C’est bientôt mon anniversaire d’ailleurs. C’est quand il commence à faire froid que je m’en rappelle. C’est le deuxième que je vais passer sans Ren pour me dire « c’est bien, tu vas bientôt me rattraper ». Quand j’étais petit, ça me rendait drôlement fier, et j’y croyais vraiment. En un sens, c’est devenu la réalité. Chaque jour me rapproche du moment ou sa vie s’est arrêtée. Un jour, je l’atteindrais, et je le dépasserais. J’aurais le courage de voir ce qu’il y a après.

Haku finit par s’allonger. Il s’étend dans le sable et regarde le ciel, sans lâcher ma main. Je resserre mes doigts contre les siens, pressé de sentir d’avantage sa peau sur la mienne. Je le regarde un instant, étalé là, offert tout entier au vent et au soleil qui se détache timidement des nuages. Ses cheveux forment une couronne blafarde autour de son visage. Il a l’air presque apaisé comme ça. Ça me fait sourire. Je laisse mon regard se promener sur la plage. Elle est déserte et sale, pleine d’algues et de débris rejetés par la mer. Normal, c’est l’hiver, personne ne vient ici quand il fait froid et gris. Sauf deux paumés en deuil qui n’ont pas d’avoir du sable dans leurs cheveux et du sel collé à la peau.  

« Yuki.»

Il m’appelle. Je relève la tête, surpris, et me retourne prestement pour le regarder. Lui fixe le ciel encore et toujours. Ses lèvres sont entrouvertes, je sais qu’il va parler. Je veux répondre que je suis là, que je l’écoute, mais il enchaine directement.

« Dis-moi à quoi tu penses. Dis-moi ce que tu me trouves. »

Je demeure un instant la bouche ouverte, pris au dépourvu par la question. Je n’ai jamais réfléchit à ça. Avant que je ne m’en rende compte, sa présence à mes côtés était devenue quelque chose de nécessaire, de naturel, je ne me suis jamais demandé pourquoi je voulais le voir aussi souvent que possible. C’est comme ça, c’est tout. Pourtant c’est vrai que de premier abord, on pourrait se demander ce que je fiche avec ce garçon. Il est de six ans mon ainé, une dégaine pas possible, le genre de personne qu’on ne voudrait pas fréquenter en temps normal. Alors pourquoi moi, ça ne me dérange pas, même quand il est défoncé, même quand il pue le tabac froid, même quand il dort dans mon canapé quand je rentre chez moi, une bouteille vide encore entre les mains ? J’éprouve juste le besoin de rester avec lui. Il est l’un des rares devant lequel je ne rougis pas pour un simple bonjour. Avec qui je me sens libre d’agir stupidement parce que c’est agréable d’être con, et que lui ne me jugera pas, parce qu’il est plus con encore. Cette question là en revanche, elle a définitivement réussi à empourprer mes joues. Je balbutie un instant, avant de trouver quelques mots à aligner.

« Je sais pas vraiment. Je suis juste bien avec toi. Je n’ai pas de raison particulière à te donner. Désolé. »

Je serre ses doigts entre les miens, baissant les yeux vers sa poitrine que je regarde se soulever lentement. Finalement, je souris un peu, et me laisse tomber en arrière à mon tour, passant ma main libre derrière mon crâne pour le soutenir au dessus du sable. J’approche légèrement ma tête de celle de Haku, laissant mes cheveux se mélanger au sien. De là j’ai le sentiment que s’il tourne la tête, je pourrais sentir son souffle sur ma joue, et que je pourrais voir ses yeux ternes de plus près.

« Et toi ? Pourquoi tu continues à me supporter, t’es pas obligé de me jouer les nourrices pour un gamin comme moi, tu sais ? Pourquoi t’es encore là ? »

Kuronuma Haku» I ❤ Nishinaka
Kuronuma Haku
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Pseudo : petit poussin rose d'amour d'Eden forever and ever (Kernel)
Date de naissance : 14/06/1992
Age : 31
That's what i do there : Raté des bas-fonds - Cutie pie à temps plein
What about love ? : Yuki is my booooy ♥ the best baby in the world, I want to have his kids
How I feel : « J'aime son humanité, plus que tout : j'aime la finesse de ses traits, son parfum simple et l'idée que celui-ci imprègne mes vêtements. Son désir de ne pas m'enfoncer la tête sous l'eau, plus qu'elle ne l'est déjà, et ses grands yeux noirs, dardés d'innocence qui m'arrachent des mémoires ensevelies, aussi douloureuses que flatteuses. La façon dont il hausse timidement le ton, aussi, comme s'il craignait de m'intimider. La possessivité inexplicable qu'il a à mon égard, et surtout la sensation des lignes de sa main qui se marient aux miennes, parfois. Juste comme ça, juste nous deux, comme il ne faudrait pas. »
...

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Lun 23 Nov - 23:16
     




don't be trapped in someone else's dream




Il me regarde : je le sais, je le sens, ces yeux sur moi, cette curiosité enfantine et ingénue; cette envie de partager un regard, un contact visuel, cette envie de savoir ce que j'ai à lui dire. L'astre est à son zénith, c'est un jour que je me tenterais de croire sans ombre : je préfère regarder le soleil jaillissant plutôt que d'échanger quoi que ce soit avec Yuki, que ce soit une parole ou un battement de cils. Je sais que mon cœur flanchera, au mieux, et je ne me souhaite pas ça pour le moment; pas pendant que j'attends une réponse ou peut-être même un silence, pas pendant que j'écoute paisiblement la mélodie des vagues qui ravagent la roche. Quelque part, je le perçois interloqué, mes questions le plongent dans une soudaine réflexion et il réfléchit; je ne lui en veux pas de penser, je respire l'air frais qui passe en bourrasque et j'abandonne ma main dans la sienne. Mon corps semble fondre et fusionner avec le sable, et mes muscles se détendent tout à coup, comme si je n'étais qu'une carcasse inanimée, comme si mon âme désertait petit-à-petit mon enveloppe. C'est putain d'agréable, je peux le dire, parce que maintenant, juste là, je me sens étrangement serein.

Des secondes défilent, et Yuki parle enfin. Il ne me donne pas de raison, il ne se justifie pas entièrement et évite même un peu mon vœu de savoir ce qu'il me dirait. Ce n'est pas grave, c'est la meilleure des réponses, la meilleure des choses qu'il aurait pu me dire : je n'attends pas un monologue philosophique, bêtement amoureux ou même strictement fraternel. Yuki partage ma misère, il est le mieux placé pour savoir que ça me soûle de parler pour ne rien dire, que ça me soûle de perdre du temps comme ça et que ça me soûle, les déclarations à l'eau de rose. Ses mots m'ont l'air plus vrais que vrais, ils me paraissent sincères, ils comblent en moi quelque chose, scellent un accord platonique et inconscient entre nous. Moi aussi je suis bien avec lui, moi aussi je n'en sais foutrement rien et pourtant, ça me pose pas de problème de prendre sa main et de courir sans m'arrêter avec lui. Je crois que Yuki et moi, on est autant différents qu'identiques, et c'est ça qui m'attire peut-être, chez lui. Non, je ne me l'explique pas. Oui, j'écris sur lui, parfois, et il ne le sait pas.

Il s'allonge à mes côtés, et je sens nos cheveux s'emmêler ensemble, à la manière de nos mains qui s'enlacent naturellement. On ne partage pas les mêmes horizons, on n'a pas eu la même enfance, on n'a sans doute pas la même manière de regarder la mer, et pourtant j'ai envie de croire que si. Je crois que je tiens trop à Yuki, que même si je ne le montre pas je suis atrocement dépendant à lui. C'est un peu ma vitamine, Yuki; ma came à moi, la drogue qui a l'effet le plus puissant sur moi : c'est ma dépendance secrète, c'est mon addiction, ce regard velouté et ce menton fuyant, cette chose tentatrice qu'est ce mec à mes yeux. L'odeur de sa proximité, la pure intensité de son regard, sa manie de toujours me dépasser, son sourire crispé en public et son rire bruyant, quand on est que tous les deux. Yuki c'est un moyen comme un autre, pour moi, de me sentir vivant, de pouvoir exister et exprimer ce que je n'ai jamais pu faire trop longtemps, tout en esquivant la réalité. Je soupire doucement, presque imperceptiblement à cette pensée. Quel paradoxe de merde.

Je peux presque sentir la peau de son visage contre la mienne, et c'est une sensation plus qu'exaltante. La plage et ce petit coin de sable sont mon berceau, Yuki est ce que je ne peux pas définir. Maintenant, il pose les questions : je ne lui ai pas répondu, je n'ai rien dit lorsqu'il m'a donné ses arguments et désormais, c'est lui qui veut savoir. Moi non plus, je ne sais pas : je n'ai pas besoin d'y songer pour en être conscient, que je ne sais pas, que j'ignore tout de ça. Quand je fais l'effort d'y penser, je me dis que Yuki est quelque chose d'indispensable à ma vie, qu'il me fait oublier l'existence de mon carnet, l'existence de l'autre salaud, l'existence vaine de Nami. Parfois j'ai envie de lui dire qu'il n'a pas à culpabiliser, qu'il peut pleurer autant qu'il le désire pour son frère, parce que pour moi c'est normal, c'est presque machinal d'avoir besoin de vomir son désespoir et son mal-être. Pourtant je ne veux pas, je ne veux pas ça, parce que je pense que Yuki ne mérite que ce que l'on appelle le bonheur. Et même si je n'ai pas d'exacte définition pour ce mot, même si je ne visualise presque rien et que je ne peux pas prétendre y avoir réellement goûté, je sais que le petit homme le mérite. Les souvenirs de son frère l'habitent, parfois je vais avec lui sur sa tombe et il pleure des heures et des heures dans mes bras; et puis on s'en va sans parler, sans rien dire, parce qu'on ne sait juste pas. Mais il n'a jamais eu besoin de rien d'autre que le bonheur, Yuki, je le sais. Et là, en ce moment, je ne sais pas non plus quoi lui dire.



Mon autre main fouille languissamment la poche de mon gilet, et aussitôt, je sens le plastique de mon briquet rencontrer le bout de mes doigts. Sans trop réfléchir, je m'en empare, et je sais ce que va penser Yuki; que je vais fumer, encore une fois, et que je vais briser notre petit moment avec la vapeur de mon amertume. J'ai un petit sourire en coin, alors que je me remémore plusieurs fois ses questions dans ma tête, à la manière d'un disque que je ne me lasse pas de passer, encore et encore. Il avait l'air de dire ça d'un ton accusateur, de me pousser un peu plus loin pour me convaincre de ne pas « jouer les nourrices », soit, de ne pas perdre mon temps. Mais le problème, c'est que Yuki ne sait rien, il ne se rend pas compte de ce que je pense ─ et ça m'aurait fait rire, dans de meilleures circonstances. À la place, je ne dis toujours rien, et je fixe d'un air terni mon briquet usé, qui surplombe mon regard. Doucement, mon pouce glisse sur la molette et d'un coup sec, la voilà, cette flamme qui a éclairé tant de fois les nuits les plus obscures, au beau milieu d'une ruelle ou d'une allée bleu nuit. J'admire cette petite flammèche vacillante, qui menace de s'éteindre à n'importe quel moment sous la brise marinière. Je trouve ça symbolique, et tout juste sorti de mes pensées, je rehausse lentement mes sourcils.

« J'en sais rien. » J'ai les yeux perdus, ma voix se lance toute seule. Mon regard est absorbé par cette flamme, alors que mes paroles sont bel et bien destinées à cette présence tout près de moi, de mon souffle : ce gamin qui parle parfois trop, et qui s'éteint, et se déteint, et puis se tait en société. Je ne réfléchis pas, je plisse doucement les yeux sous la caresse des doigts du vent et le soleil m'éblouit légèrement, l'espace de quelques secondes seulement. « Je crois juste que j'aime trop prendre ta main. C'est mieux que vingt-trois foutues années de ma vie, et tout, et j'te le jure, Yuki. »

Et peut-être que c'est vrai, et que j'ai aucune autre foutue raison, aucun autre argument à lui donner. Il le prend ou il ne le prend pas, j'en ai rien à faire, je pense peut-être mal sur le moment, mon caractère ne doit sans doute pas particulièrement lui plaire, mais je m'en fiche pas mal. Je veux simplement que Yuki sache ça, qu'il ne refuse pas la main que je lui tends presque tout le temps. Ça me rendrait sans doute violent s'il venait à le faire, ça me détruirait un peu plus, et je ne sais pas vraiment ce que je ferais ensuite. Pourtant, je pense que l'essentiel dans tout ça, c'est que je sais que si Yuki le fait, c'est pour son bien, pour sa sécurité, pour ses propres sentiments à lui. Je ne peux pas le forcer, je devrais même l'écarter loin de moi, mais cette idée de merde n'est pas prête de frôler mon esprit de mec perdu, d'âme enfouie bien profondément sous les cendres et les débris d'un feu de camp. Ouais, j'image souvent ma situation comme ça, avec des tas de trucs qui me viennent à l'esprit sans raison particulière; c'est sans doute ça qui fait de moi un véritable con.

J'admire encore un peu la flamme de la cierge de mon briquet, avant que celle-ci ne disparaisse d'emblée sous le souffle du vent de la plage. Je fronce légèrement les sourcils, range mon briquet ─ mes jambes se détendent plus qu'elles ne le sont déjà, et je cligne deux, trois, quatre fois des yeux avant d'expirer doucement un nuage de mon propre souffle. C'est bien une des rares fois où je peux voir la buée de ma respiration, et non pas la fumée stupéfiante d'une de ces interminables taffes que je tire sans parfois même m'en rendre compte. Mes yeux suivent les ailes battantes d'une mouette, tout là-haut, et alors que mes pensées s'apprêtent à me ramener là où je ne désire pas être, je serre un peu plus fort la main de Yuki, juste ici, toujours ici, et je me redresse avec entrain. Je m'assois en tailleur sur le tapis de sable qui s'abreuve de ma deuxième paume et de mes chevilles étendues, et mon regard dérive sur Yuki, à moitié allongé. Je sens du sable tomber le long de mes épaules et de mes avant-bras : les rayons l'ont rendu tiède, voire chaud, et c'est plutôt agréable, ça me chatouille et ça me taquine ma peau, plus blafarde que des roses blanches, plus diaphane qu'un bouquet de cocaïne. Ma paume sertie de lignes de vies quitte celle de mon petit homme, mais mes phalanges glissent quand même dans les siennes alors qu'elles s'immiscent en même temps sous le sable. C'est comme si on ne pouvait pas cesser de se toucher une fois que l'on commençait à le faire; parce que c'est mon addiction, parce que j'ai besoin de lui, là, tout de suite. Il me fait me sentir vivant, il me raccroche encore un peu à la réalité. Je souris un instant, infime instant, avant que ça ne quitte mon visage aussi vite que c'est venu.

Je ferme un instant les yeux; l'atmosphère marine me plaît, elle m'a toujours plu. De ma main libre, j'attrape une motte de sable et l'enferme dans mon poing, sans prendre en compte les fins grains qui s'échappent d'entre mes doigts. Je serre aussi fort que je le peux, aussi fort que quand j'étreins la main de Yuki : ça me fait mal aux veines et j'ai l'impression que mes plaies vont se rouvrir, rien que d'imaginer tout ça, tout ce qui me passe par la tête. J'avise silencieusement du regard Yuki, sombrement, tout à coup j'ai perdu la foi de sourire et d'être joyeux. Je me positionne face à lui, mes doc se croisent, les jointures de mes doigts deviennent délavées et puis jaunes, et puis blanches.

Mes doigts s'écartent et révèlent le petit monticule de sable que j'ai cueilli. Il semble bien sage au creux de ma main, immobile, inoffensif, et je vois Yuki me regarder curieusement en me voyant trafiquer ceci et cela. Je plonge mon regard gris et semblable aux flots sombres et sales dans le petit tas de granules humides, avant de relever les yeux vers Yukihiro. J'ai envie de lui faire comprendre.
« Ça c'est la vie. C'est tout petit, c'est fragile, et vraiment brise-burnes à préserver. »
Je suis vague, je suis flou. Des grains ne cessent de s'échapper, et pourtant je ne fais rien pour garder le plus de sable possible entre ma main. Je sais qu'il ne comprend pas encore ce que j'essaie de lui dire, mais la façon dont je contemple cette vulgaire prise dans mes mains laisse à penser que je parle bien de ce sable. Je fronce les sourcils. J'attends, je me déconnecte; deux, trois, quatre, cinq et six secondes, avant que je ne revienne à la réalité. Sans attendre plus longtemps, je referme mon poing sur lui-même, sur ce petit amoncellement de dunes marines, et je l'éloigne un peu plus loin à ma gauche. Je regarde la mer, droit derrière Yuki et aussitôt, je n'hésite pas et ne me questionne pas : ma main se rouvre subitement, et le peu de sable qu'il restait glisse d'entre mes doigts, à la manière d'un sablier accéléré, d'un certain processus rectiligne; à la manière d'un train sur les rails, d'une chute droite et parfaite dans les abysses, avec un point de non-retour.

« Parfois tu vois, ça se termine exactement comme ça. » Aujourd'hui je parle beaucoup, d'habitude je ne le fais pas tant que ça; mais je crois que c'est la présence de Yuki, qui éveille en moi les moindres sentiments ─ même ceux que je n'ai pas l'habitude d'exploiter, quand je suis tout seul ou avec d'autres types inutiles, ou encore ceux que l'on ne m'a absolument jamais montrés auparavant. Mes phalanges s'entrelacent un peu plus avec celles de Yuki; je vais y venir, je vais y venir alors je préfère le toucher mieux, mieux que ça, mieux que personne d'autre. « On voit pas ça venir parce que personne ne nous prévient. » Je lui parle calmement, avec une voix tranquille et rauque, mais j'ai l'impression que mon sang se déchaîne dans mes pores. C'est le genre de ressenti que j'ai, quand j'ai terminé de cogner quelqu'un et que j'ai les mains tachées jusqu'aux poignets. C'est quelque chose que je peux pas décrire plus que ça, alors je regarde Yuki sans sourciller, sans détacher mon regard du sien; ce que je vais dire ? Je le sais déjà, et pourtant j'ai l'impression que tout sort par automatisme mais que, quelque part, ce sont des mots et des pensées que j'ai toujours eus. J'ai du mal à saisir cette nuance, j'aimerais dire que je m'en contrefous ─ alors pour le moment, ouais, je vais dire que je m'en contrefous. « Ren et Nami, », puis je m'en fous de tout, je prends à la légère les sujets les plus délicats ─ je m'en cogne, totalement, et je demeure impassible; ça ne me touche pas de prononcer ces prénoms, parce que je refuse tout simplement d'en avoir peur, voilà pourquoi. « bah c'est comme ça qu'ils se sont barrés. Comme des lâches, comme des gens qui fuiraient quelque chose. Mais ils nous fuyaient pas nous, Yuki. » Ils nous fuyaient pas nous, ils cherchaient à s'échapper de quelque chose d'autre. Peut-être de notre amour, peut-être de choses dont ils n'ont jamais parlé, de problèmes, de futilités, de l'angoisse permanente de cette bouffée de vie. En vrai j'en sais rien, je me voile sûrement la face : oui, en vrai j'ignore tout et j'ai envie de refaire le portrait à quelqu'un.

Mais la vue de Yuki m'apaise. Elle m'apaise toujours, elle range mes pulsions, elle les balaie à la manière d'une pichenette, d'une brise sur cette plage où il n'y a que nous, où il n'y a que lui et moi. Je sais que je fais sans doute du mal à Yuki en disant ça, en lui ressortant l'immonde vérité, en lui montrant mon attitude cassante et sèche, en citant impunément son frère de cette manière. Ouais, je sais très bien qu'il peut pleurer, qu'il peut gémir, qu'il peut commencer à sangloter d'une minute à l'autre, voire même maintenant, là tout de suite, et que ça peut perforer son cœur à la manière d'une aiguille, que je me dépêcherais de retirer sec. Je n'en ai pas envie, de ça, je ne supporte pas la vision de Yuki en train de pleurer et de hurler sa tristesse comme je l'ai si souvent fait. Pourtant, l'avantage c'est qu'après, on se sent mieux, on se sent apaisé, anesthésié, presque insensible à tout, et je suis presque sûr que Yuki le sait. Je l'observe lui et son visage que je me retiens parfois de caresser, juste comme ça, juste parce que j'ai envie de le sentir exister sous mes doigts, et puis je le serre contre moi. Mes doigts quittent les siens, et mon bras entoure ses épaules, l'attirant plus près de moi encore. Je suis un connard, je balance l'évidence alors qu'il n'y en a sûrement pas besoin, mais moi j'en ai envie et je ne fais pas toujours attention aux sentiments de mon Yuki. Alors, tout ce que je trouve à faire, c'est l'enlacer comme un bouffon qui cherche à panser une plaie au cœur, à l'intoxiquer d'un amour immaculé, à se faire pardonner avec des gestes ─ seulement avec des gestes silencieux, désespérés, pour lui dire putain, pardon, je suis un enfoiré et parfois je le vis bien, mais pour toi je peux juste pas. J'éloignerai même Yuki de la vérité, s'il le fallait.

Mais c'est tout le temps plus fort que moi. Parce que c'est pas moi, de ne pas dire ce que je pense, de ne pas épiloguer comme un salopard sur une chose délicate et frêle à manier, comme une poignée de sable ou la vie malléable d'un adolescent perdu. Je peux pas, je peux juste pas.


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Suoh Yukihiro
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Mar 24 Nov - 1:24
     



It’s too beautiful, so I’m afraid •••



Je ne suis pas convaincu qu’il va répondre. Je sais qu’il n’aime pas parler, et encore moins se confier. Ma question est intrusive, idiote, et quelque part,  j’ai presque le sentiment que sa réponse pourrait me faire mal. Je sais qu’il me dira les choses telles qu’elles sont s’il en a l’envie, sans se soucier du nombre de morceaux que fera mon cœur en se brisant. C’est un risque à accepter quand on pose une question à Haku. C’est un risque que je ne suis pas certain d’être prêt à prendre, mais j’ai pourtant demandé, comme un besoin exaltant de savoir pourquoi. Pourquoi il est couché là, à côté de moi, au lieu de trainer avec des gens de son âge, de fumer, d’oublier. Pourquoi il me tient encore la main, pourquoi est-ce qu’il accepte de partager ma douleur quand il souffre déjà tellement ? Je me sens parfois égoïste de l’assommer ainsi de mes tourments.

Alors j’ai demandé, et l’anticipation de la réponse fait battre mon cœur contre mes côtes, comme s’il cherche à s’en échapper. J’attends, j’attends, je me perds dans le gris livide du ciel au dessus de moi, je m’y noie, désespérément. Le sable se réchauffe sous les rayons faiblards du soleil qui étire ses doigts blonds, nimbant la plage d’un pâle éclat argenté. La mer scintille en contrebas, et ses vrombissements font vibrer le sol sous moi. Je n’ai jamais vu la mer en hiver avant aujourd’hui. C’est froid, mordant. Le vent lacère chaque parcelle de mon corps, et j’ai si froid, si froid malgré les doigts d’Haku qui enlace les miens, si froid malgré ce gros anorak dont je me suis affublé ce matin en quittant ma chambre, sans l’enlever une seule fois, pas même dans le train.

Il remue un peu à côté de moi, me ramenant à la réalité. Lentement, je tourne la tête, laissant ma joue reposer sur mon avant-bras qui soutient ma tête. Son bras s’élève au dessus de lui, et entre ses mains brille le métal habituel de son briquet usé. Est-ce qu’il va fumer maintenant ? Est-ce que ma question l’a troublé à se point ? Je contemple l’objet qu’il contemple, l’air pensif. Il ne sort pas de cigarette, il se contente d’allumer la flamme de l’objet. Parfois je me demande comment il peut encore brûler encore, ce vieux briquet. Y a-t-il encore du combustible depuis le temps ? Lui qui joue sans arrêt avec, comme hypnotisé par la flamme. Je ne l’aime pas, cette flamme. C’est celle qui enflamme ce poison qu’il inspire à longueur de temps, qui noircie l’air qu’il respire, et qui parfois jette le désordre dans ses pensées. J’ai envie de la pincer entre mes doigts comme on éteint une bougie, de jeter l’objet loin dans le sable. Si j’osais, je le ferais, et je saisirais ensuite ses joues entre mes paumes glaciales, marbrée de rouge et de blanc par le froid. Je le forcerais à me regarder moi, et pas cette putain de flamme aguicheuse, tentatrice qui danse au sommet du briquet en quête de quelque chose à détruire. Je le forcerais à me répondre, même si c’est méchant, même s’il crie, je m’en fiche, du moment qu’il ne s’abandonne pas à la contemplation de ces étincelles malsaines. Celles qui font briller une lueur artificielle dans le fond de ses yeux gris.

« J'en sais rien. »

Je manque de ne pas l’entendre. Mon regard suit les mouvements de la flamme dans le reflet des yeux de Haku. Je sursaute presque, réalisant qu’elle a fini, moi aussi, par m’ensorceler. A moins que cela ne soit les yeux du garçon au briquet.

« Je crois juste que j'aime trop prendre ta main. C'est mieux que vingt-trois foutues années de ma vie, et tout, et j'te le jure, Yuki. »

Ma main ? Pourquoi ? Ma main si froide, asséchée par le froid ambiant, pâle et maladroite. C’est moi qui profite de la chaleur de sa paume. C’est moi qui prie pour qu’il ne me lâche pas, jamais. S’il aime ma main, je la lui donnerais toujours, elle est à lui, rien qu’à lui. Je veux qu’il imprime un peu de sa tiédeur dans mon épiderme insensible. Je resserre me doigt autour des siens, parce que je ne peux rien répondre d’autre à ça. L’idée qu’il puisse la lâcher me semble soudain insupportable. Je veux sentir cette peau, deviner les battements de son cœur à travers les veines qui serpentent là. Je ne suis qu’un gamin égoïste, paumé là, planté par ses parents, même pas majeur, pas tout à fait sevré. Je veux cette main pour me guider, pour me dire que quelqu’un est encore prêt à me m’emmener avec lui, où que ce soit.  Même si ce quelqu’un c’est Haku, même s’il aime plus la flamme de son briquet et ma main que moi. Je ne veux plus jamais qu’on m’abandonne. Je ne veux plus jamais éprouver le sentiment que m’a laissé Ren en cherchant à défier la gravité, sachant d’avance qu’il perdrait le combat. Ce terrible vide qui vous broie le cœur, compresse vos poumons et vous tord la gorge si fort que vous ne pouvez mêmes plus crier. Il peut garder mes doigts, ça me va du moment qu’il est là.

La flamme finit par céder aux assauts du vent. Elle capitule, s’évanouie dans l’air hivernal. Le briquet retrouve sa place au fond d’une poche. Haku cille, un peu béat, comme s’il retrouvait peu à peu le cours de la réalité, après s’être laissé charmé par la danse incandescente. Il finit par se relever dans un froissement de vêtement. Le sable glisse le long de son dos tandis qu’il pose un instant son regard sur moi. Sa main s’arrache à la mienne, et le froid mord à nouveau le creux de ma paume abandonnée. Il se contente de garder ses longs doigts fourrés entre les miens, tendus, désireux de toucher un peu de sa peau. Je reste allongé, la tête juste assez inclinée pour voir son visage de profil. Sa peau si blafarde qui se détache à peine du ciel incolore, ses cheveux presque blancs voilant librement son front, tantôt soulevé par les bourrasques qui les faisaient voler autour de son crâne comme pour former une auréole. Quel sarcasme. Son autre main a saisit une poignée de sable humide, prisonnier de ses phalanges blanchies par l’effort. Quand il rouvre le poing, il présente au ciel un petit tas compact posé au creux de sa paume.

« Ça c'est la vie. C'est tout petit, c'est fragile, et vraiment brise-burnes à préserver. »

Je le dévisage, sans trop comprendre. Ses paroles me semblent un peu lointaines, et le vent emporte déjà l’allégorie grain par grain. Les yeux de Haku ne me regardent plus, ils sont fixés sur la mer derrière moi. Je m’apprête à tourner la tête pour voir ce qu’il contemple ainsi, mais sa main s’ouvre à ce moment précis, libérant tout le sable qui retourne à l’insignifiance.

« Parfois tu vois, ça se termine exactement comme ça. » Lâche-t-il sans lâcher l’horizon du regard.

Moi je scrute juste sa main à présent vide. J’ai soudain comme un pincement au cœur, et la gorge serrée. Le vent semble gronder plus fort dans mes oreilles tout à coup, et c’est à peine si je sens Haku resserrer sa prise sur ma peau. Je commence à entrevoir ce qu’il veut dire, et je crois que je préférerais qu’il se taise. Son histoire ne me plait pas. Cette vision de l’existence m’effraie.

« On voit pas ça venir parce que personne ne nous prévient. »

Je voudrais qu’il s’arrête maintenant. Je n’aime pas sa voix grave et son expression glacial, si méprisante envers la vie. C’est tellement vrai, tellement douloureux. Et son regard si tranchant qui se fixe sur moi, m’obligeant inéluctablement à le soutenir sans ciller, dans l’attente de sa conclusion que je déteste déjà parce qu’elle est trop vraisemblable. Je sais que la supplique dans mes prunelles noires n’y changerons rien, parce qu’Haku fait toujours ce qu’il veut, juste ce qu’il veut, sans se préoccuper des autres. Les noms de Ren et de Nami passent la barrière de ses lèvres finement retroussées.

« Bah c'est comme ça qu'ils se sont barrés. Comme des lâches, comme des gens qui fuiraient quelque chose. Mais ils nous fuyaient pas nous, Yuki. »

Il assène, d’une voix si neutre, comme pour énoncer une vérité indubitable. C’est une vérité indubitable. Ma gorge se dénoue d’un seul coup, je m’arrache à son regard, mes yeux vont fixer naturellement le ciel. Ma main glisse hors de la sienne. Les larmes coulent toutes seules de mes yeux. Je ne fais pas de bruit, mon expression est figée, les lèvres entrouvertes laissant filtrée une fine buée, et les larmes roulent, roulent, glacée, dans le creux de mes joues, suivant la ligne de mon menton, jusque dans mon cou. Je suis franchement faible, alors je pleure comme un con, juste parce qu’il a exprimé avec des mots ce que je pense depuis des mois. Ren était un lâche, un putain de lâche qui m’a laissé là sans même tenir compte de mon chagrin, sans réaliser à quel point il était important pour moi, à quel point j’étais dépendant de lui. Par sa mort, il m’a propulsé hors de ce cocon si rassurant qu’il avait tissé autour de moi depuis ma plus tendre enfance, et pour la première fois j’ai eu froid, j’ai eu peur. Pas la peur que tout enfant peut éprouver, une terreur saisissante de voir le monde sans lui, de savoir qu’il ne sera plus jamais là, et que je n’y pouvais rien. Alors oui, au moment où Haku a conclu, ce sont des larmes de frayeurs qui se sont mises à couler.  

Les bras du garçon ont entouré mon corps. Je me suis redressé lentement, attiré vers lui pour me trouver plus près de lui, juste assez pour sentir la chaleur qui irradie de son corps. J’aimerais m’abandonner à l’étreinte et me presser contre lui, mais à nouveau, la peur m’en empêche. Je ne veux pas de ça, je ne veux pas prendre goût à cette douceur qui pourrait être emportée si facilement par le vent. Rigide, je me maintien à une mince distance de lui. Les larmes sont restées collées à mes cils, mais je ne pleure plus. Ma respiration est saccadée, courte, et mes doigts fébriles s’élève dans son dos jusqu’à atteindre les premières mèches de ses cheveux. Timidement, je passe ma main dans sa tignasse, la peignant de mes membres maigres pour chasser le sable qui s’y est insinué. J’ai besoin de sentir qu’il ne va pas s’évaporer dès l’instant ou je l’aurais touché. Je ne dis plus rien, je contemple juste les grains gris qui glisse hors de sa chevelure, la bouche entrouverte, à peine étirée par une sourire, comme ébahit devant les ondulations de sa candide blondeur sous mes doigts.  

« Haku. » Je manque de sursauter en prononçant instinctivement son prénom.

Mes yeux se ramènent au sien, je laisse retomber ma main qui glisse le long de son dos jusqu’à ma cuisse. Je contemple ses prunelles grises, cherchant à y discerner une émotion, n’importe quoi, une simple étincelle qui m’indiquerait qu’il est bien en vie, que ce n’est pas qu’un corps, une poupée de chiffon entre mes mains.

« Est-ce que tu vas fuir toi aussi, un jour ? Comme Ren, comme Nami, comme mes parents ? »

Je me sens comme un enfant à poser ce genre de question, comme quand on demande à sa mère si elle restera après qu’on se sera endormis, par peur du noir, et de ces monstres qu’il y a sous le lit. Elle aura beau toujours promettre, lorsqu’on se réveille au beau milieu de la nuit, elle n’est plus là, évidemment. Je ne veux pas être ouvrir et voir qu’Haku a disparu. Je ne peux pas définir ce qu’il est pour moi, mais j’ai l’impression qu’il est important, j’ai l’impression que s’il s’en va je vais en souffrir. On ne se connaît pas depuis si longtemps pourtant, mais il est devenu indispensable. Je l’aime, son parfum de clope froide. Je suis sûr que ses cheveux et sa peau en sont imprégnés, comme ses vêtements. Je l’adore, sa dégaine informe, ses moues et son regard qui semble toujours si vide, et sa peau blanche, si blanche. La simple idée d’être privé de sa présence me colle la gerbe, ça semble impensable, insupportable.

« Est-ce que tu vas me laisser tout seul ? »

Kuronuma Haku» I ❤ Nishinaka
Kuronuma Haku
Avatar : Min Yoongi
Pseudo : petit poussin rose d'amour d'Eden forever and ever (Kernel)
Date de naissance : 14/06/1992
Age : 31
That's what i do there : Raté des bas-fonds - Cutie pie à temps plein
What about love ? : Yuki is my booooy ♥ the best baby in the world, I want to have his kids
How I feel : « J'aime son humanité, plus que tout : j'aime la finesse de ses traits, son parfum simple et l'idée que celui-ci imprègne mes vêtements. Son désir de ne pas m'enfoncer la tête sous l'eau, plus qu'elle ne l'est déjà, et ses grands yeux noirs, dardés d'innocence qui m'arrachent des mémoires ensevelies, aussi douloureuses que flatteuses. La façon dont il hausse timidement le ton, aussi, comme s'il craignait de m'intimider. La possessivité inexplicable qu'il a à mon égard, et surtout la sensation des lignes de sa main qui se marient aux miennes, parfois. Juste comme ça, juste nous deux, comme il ne faudrait pas. »
...

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Mar 24 Nov - 23:10
     




don't be trapped in someone else's dream




Ma chair hurle désolé, mais je ne parviens pas à séparer mes lèvres si fermement scellées. Pour la première fois j'ai envie de m'excuser, de lui dire pardon, de lui montrer à quel point je suis en fait un pauvre type qui a trop peur de perdre ses affaires, sa drogue, son briquet, son cœur, sa dépendance. Cette image de moi me dégoûte, j'essaie de l'éloigner, j'essaie de me dire que je suis pas aussi con que ça, que je suis pas autant attaché à l'amour. Moi ma vie c'est rien à part des emmerdes, une flamme qui vacille dans la noirceur humide et puis, ces quelques moments que je m'efforce de ne pas oublier, qui ont su combler mon cœur de joie autrefois. Tout ce que je veux c'est sentir une présence; quelqu'un derrière mes pas, quelqu'un sous mes doigts, quelqu'un qui me prêterait sa voix, à moi et à personne d'autre. Je suis un putain d'égoïste, j'ai envie de connaître tout ça, je désire le revivre et, en même temps, j'en ai sacrément pas envie parce que au final, je sais que la vie recommencera à faire sa couillonne. Alors moi, je sais pas, je vis au jour le jour et je dis que je m'en fous ─ parce que peut-être bien qu'au fond de moi, j'en ai vraiment plus rien à foutre, oui.

Il se rapproche malgré lui de moi et pourtant je le sens bien qui se crispe, qui rejette un peu de ma proximité. C'est pas grave, je lui en veux pas, je dis rien et puis je l'enlace contre moi. Je m'excuse comme ça, on va dire; lui il pleure, je sais que sa douleur au cœur est comme un poignard, comme des ecchymoses violets et sanglants qui s'acharnent sur son estomac et ses poumons. Je le regarde du coin de l’œil, un instant : son magnifique visage est imprégné de larmes et de sillons prismatiques. Et là je peux pas m'empêcher de me traiter d'abruti, et de me dire que j'aurais préféré qu'il continue de me sourire doucement, de me regarder avec ses yeux d'enfants, indescriptibles, sacrément sages. Quelque part je regrette pas ce que je lui ai dit, quelque part je me dis que c'était nécessaire de poser les choses à plat et que, de toute façon, je l'ai fait par simple envie; et puis, quelque part d'autre, dans un endroit reculé, au fin fond du labyrinthe de ma tête, je me repens, encore et toujours. J'ai le besoin de protéger Yuki autant qu'il veille sur moi et me protège inconsciemment, mais sincèrement, je crois pas que je puisse vraiment le faire. Quand j'y pense, c'est peut-être pour ça qu'il a en réalité pas besoin de moi, qu'il devrait s'éloigner avant que la vie ne vienne bouleverser notre symbiose et ne vienne détruire le château de cartes qu'on s'efforce de construire avec nos mains meurtries. Yukihiro c'est mon as de cœur, je le veux près de moi, sous mes yeux et dans ma chair; insufflé en deçà de mes paupières, ancré sur mes lèvres et imprégné dans mon odeur.

Sa main que j'aime tant s'insinue dans mes cheveux, et s'attelle négligemment à y enlever le sable restant, comme les gestes imprécis d'un gamin qui cherche à bien faire. Je ferme les yeux à ce contact, je savoure ses grands doigts qui caressent l'arrière de ma tête et me courbe un peu sous cette poigne bienveillante. Je me sens bien là, j'ai oublié si Yuki pleurait; je crois qu'il a arrêté de sangloter et que tout ça, c'est mort dans sa gorge et plus bas sous ses pommettes. La mer rugit encore, elle comble un peu le silence qui s'installe entre nous; dans le ciel les piafs font des rondes et hurlent leur symphonie aiguë, moi j'ai les lèvres gercées par le vent. Je crois que je vais m'endormir, je crois que je vais apaiser un peu de ma douleur en partant pour le pays des songes et le royaume des rêves : là où on est libres, dit-on, là où la réalité meurt et où l'on est maître de sa propre existence fictive. Sauf que moi, je rêve jamais.

Et comme pour me sauver d'un sommeil sombre, voilé et sans aucun sens, Yuki me parle. Il m'arrache de mon apathie seulement avec un mot, un mot qui me semble tout d'abord inconnu, insolite, et puis qui me paraît familier. Il prononce mon prénom, je le sens s'agiter un peu à mes côtés. Je rouvre les yeux, j'attends qu'il déballe la suite. Je sais qu'il a envie de dire quelque chose; même s'il risque de ne pas finir sa phrase, même s'il hésite, il a envie de me parler, d'échanger des mots avec moi, et au fond, je comprends pas. Lui et moi on a rien à foutre ensemble, on devrait pas être côte à côte, comme ça, en train d'admirer l'écume des vagues se frotter inlassablement aux talus rocheux et salés, avec des yeux un peu perdus, des présages floraux et des mains plus blanches que de la porcelaine brisée. Pourtant Yuki accepte de me parler, il n'a pas peur de moi et il me rappelle un peu Nami; il me la rappelle beaucoup, il me la rappelle passionnément. Elle avait le même genre de sourire, la même façon de me suivre sans jamais vraiment se questionner à propos du pourquoi; je ne l'effrayais pas, elle, seulement elle, et puis parfois elle me laissait lui caresser le sommet du crâne, comme quand je voulais maladroitement lui montrer que je l'aimais bien. Là c'est un peu différent, Yuki il est trop grand pour que je puisse faire ça, parfois j'ai l'impression qu'il doit se pencher pour me regarder et ça me fout hors de moi. Je sais qu'il n'y a pas si longtemps que ça il a été plus petit que moi, voire même qu'il faisait ma taille. Il m'a montré des photos, des clichés poussiéreux, et moi j'ai rien dit et j'ai fait que regarder silencieusement, pour mieux imprimer ça dans ma tête, dans ma mémoire. Ça me soûle de devoir l'admettre, mais quelque part, j'aime à m'imaginer me mettre sur la pointe des pieds pour lui.

Je me perds, mais je n'en oublie pas Yuki. Sa main commence à glisser petit-à-petit, à s'enfuir, à retomber mollement. Elle caresse un instant le long de ma colonne vertébrale et j'en ai des frissons : moi on m'a presque jamais touché comme ça, parce que si quelqu'un doit m'approcher ou me mettre la main dessus, c'est seulement quand je dois casser des gueules et me salir les mains. Tout est différent avec Yuki, tout me laisse un goût de douce amertume et de bien-être, qui traîne dans ma gorge et qui coule jusque dans mon cœur. En réalité, ouais, je suis putain d'accro à ce gamin.




Le silence se brise alors. Il me demande enfin si je vais fuir, moi aussi : si je compte m'en aller sans rien dire, si je prévois de le laisser derrière moi comme un vulgaire connard. Je suis pas un vulgaire connard, je suis le roi des cons et des salauds, mais Yuki n'appartient pas à ce royaume alors lui, je le préserve loin de ce Haku-là, de ce Haku que je suis. Lui il éveille chez moi des choses que personne d'autre ne peut éveiller : il sait dessiner un sourire sur mes lèvres, ensoleiller mon teint pâle, effacer mes cernes et secouer ma gorge dans des rires fluets, des éclats de voix qui me laissent pantelant et qui me font bizarre. Il sait faire plein de choses, il me montre un autre sens de la vie et je ne sais pas si je dois lui être reconnaissant pour ça. Je crois que oui, je crois que l'euphorie et le sentiment bizarre que Yuki me procure devrait m'arracher des remerciements, mais j'ai un peu oublié comment on faisait. Ce mec est mon aphrodisiaque, ma drogue de bonheur, la flamme qui incendie mes yeux et un peu tout le bordel qu'il y a dans ma poitrine. Je veux pas le quitter, je veux pas le laisser partir; c'est à moi de lui demander si un jour il compte me fuir, putain, pas lui, et ça me paraît évident.

« Quoi ? Espèce de sale gosse. » Yuki est mon sale gosse. « Tu m'énerves à dire n'importe quoi. » C'est vrai, ce qu'il me demande me fout en rogne : l'éventualité de pouvoir le fuir, le quitter, le laisser seul derrière moi me marque, me fait quelque chose. Ça me plaît pas, et le fait que Yuki puisse possiblement penser ça de moi m'emmerde comme je ne sais pas comment. Je suis pas comme Nami, ni comme Ren, ni comme les darons de Yuki. En fait j'ai envie que ça soit clair pour lui, j'ai envie qu'il sache que je blague pas, que si un jour je dois partir, ce sera la vie ─ ou peut-être moi ─ qui aura déraillé; la mort qui piochera dans son jeu de cartes et qui tombera sur le joker, le bouffon de la vie; genre, moi. Je passe ma langue sur mes lèvres sèches, et ma main vient s'appuyer sur sa deuxième épaule. Je voudrais qu'il se rapproche encore plus de moi, mais à la place c'est moi qui le fais, c'est moi qui vais vers lui; c'est moi qui fais le premier pas, qui veux m'assurer de lui faire savoir que non, je ne le fuirai jamais, que je n'oserais jamais être un tel connard et que je cracherais volontiers sur la vie s'il le fallait, si ça permettrait de rester avec mon petit homme. Je tourne la tête, j'admire un instant la courbure de son visage, ses joues desséchées et son regard noir d'ébène. J'ai presque envie de sourire, alors pour ne pas qu'il puisse en profiter, je me penche près de son oreille et capture le bruit du vent, pour ne lui faire entendre que mes mots. «  Non. Je te laisserai pas, tout comme j'laisserai personne m'arracher ce sourire-là. » Et je ne parle pas du mien, de sourire, mais du sien ─ sans doute des nôtres, en fait. Je lui murmure à l'oreille, tout bas, presque imperceptiblement; c'est comme un secret de déballé, de débité, une confession soufflée sur un coup de tête, un fruit impénétrable que l'on ne partage qu'à deux. Yuki a le droit de savoir des choses sur moi, tout comme il n'a pas le droit d'en savoir d'autres; je ne tiens pas à le rendre plus malheureux qu'heureux. Je veux juste sentir sa main enroulée dans la mienne, et puis c'est tout.

Je me retire. Mes cheveux volent un instant au vent, et mon regard se darde sur le visage de Yuki. J'accentue légèrement la pression qu'effectue ma main sur son épaule, comme pour me rattacher à lui, et lui montrer que je suis là, qu'on est bel et bien là, qu'on se connaît, que je serais jamais Haku l'enfant de salaud, l'avorton, le criminel. Non, avec lui je suis juste un minable, un misérable qui retrouve les nuances d'un amour lavé à l'eau de mer. Peu à peu, je cesse de réfléchir alors que j'observe Yuki tout près de moi, si bien que je sentirais presque son souffle se mêler maladroitement au mien; mon regard s'adoucit peut-être, je n'en sais rien, je réalise pas vraiment, parce que tout ce que je trouve à faire, c'est encore être con. « Tu ressembles à la mer. Quand je te regarde, j'ai l'impression de me noyer. » Et je dis ça presque naturellement, presque normalement, comme si rien n'avait changé : je ne lui ai pas dit qu'il était beau et qu'il me ravageait un peu l'esprit et le coeur, quand je suis à côté de lui, mais bordel, j'en pense.



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Suoh Yukihiro» I ❤ Nishinaka
Suoh Yukihiro
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Mer 25 Nov - 1:57
     




It’s too beautiful, so I’m afraid •••



Est-ce que ma question l’a contrarié ? Elle sonnait comme une supplique, comme si en demandant, je le suppliais en fait de rester près de moi toujours. Je suis encore en train de faire l’enfant, capricieux et gâté qui exige tout sans se préoccuper des gens qui les entours. Est-ce que je ne traite Haku comme un jouet ? Un doudou vivant, irremplaçable et dont toute perte devient un drame. Est-ce qu’Haku est devenu comme Ren ? Une béquille nécessaire sur laquelle je m’appuie désespérément faute de pouvoir faire quoi que ce soit seul. Au fond de moi, je sens qu’il est différent de mon frère, notre relation n’est pas la même. Ren me protégeait et me guidait. Haku n’est pas quelqu’un qu’il faut suivre. Disons le clairement, c’est par son exemple même qu’il m’encourage à ne pas lui ressembler. Pourtant, je ne peux pas m’empêcher d’être attiré par lui. Il n’est pas comme tout ceux que j’ai pu rencontrer dans mon enfance, il n’est pas parfait, et ne veut surtout pas l’être. De même, il ne me demande pas cette perfection. Il s’en moque que je rougisse comme un fou rien qu’en disant bonjour, il s’en fout que je pleure, et il ne me méprise pas lorsque j’agis comme un gamin, parce que je sais que c’est comme ça qu’il me voit. Et j’aime ça. Etrangement j’aime ça. Je n’ai jamais eu autant besoin qu’on me voit comme un enfant, qu’on me protège en tant que tel, de la vie, de ses assauts cruels et imprévisible. Haku est le rempart qui s’est battis entre mon cœur et mon chagrin. C’est une muraille imparfaite, fissurées, mais le plus gros de mes doutes, il les calme.

Quand il répond enfin, se prétendant énervé, je sens le nœud dans ma gorge se délier instantanément. Il m’engueule, mais c’est tellement sincère que j’en chialerais volontiers si le vent n’asséchait pas mes yeux. Ça ressemble presque à une promesse, et ça me fait du bien. Il dit ça en me regardant, ses yeux gris fouillant le café noir de mon regard. Qu’est ce qu’il y voit ? Juste un gamin pris dans ses fantaisies ? Est-ce que c’est vraiment moi que je vois dans ses prunelles, se reflet pathétique, hirsute et émacié. Quel sourire voit-il sur cette figure si sombre. Il n’y a là rien à voler, comme il murmure pourtant à mon oreille, effleurant ma joue de son souffle brûlant. Son haleine me fait frémir, je trésaille, mais elle est vite, bien trop vite remplacée par les morsures du vent qui emporte avec lui le secret.

Il s’est rapproché, sa main pressée sur mon épaule. Je me sens con d’un coup, parce que je me suis mis à sourire, sans m’en rendre compte. Mes lèvres douloureusement gercées se sont étirées, juste assez pour laisser entrevoir quatre dents. Je le contemple un instant, détaillant chaque pore de sa peau si pâle. J’ai l’air bête, si niais ainsi, à sourire avec le regard encore luisant des larmes passées. Les yeux agrandit par les pleures qui impriment chaque courbes de son visage dans mon esprit comme une photo qui peu à peu s’efface déjà quand je me tourne à nouveau vers la mer. Je hoche la tête, imperceptiblement, pour accepter la réponse qu’il me donne. Mon soulagement est immense. J’ai le cœur qui veut s’échapper de sa cage trop étroite, et quelques larmes importunes se pressent au bord de mes yeux comme pour rejoindre la mer. Si mes larmes étaient alcool, je serais sans doute ivre en permanence. Je les réprime, renifle, efface les traces de mon chagrin passé d’un geste embrassée de la main.

« Tu ressembles à la mer. Quand je te regarde, j'ai l'impression de me noyer. »

Il balance ça, c’est poétique, je rougis, et le sang qui monte à mes joues marbres ma peau asséchée par le froid. C’est con, ça ressemble à rien de dire ça, mais ça me fait rire, et je m’esclaffe en lui donnant un petit coup d’épaule.

« T’es con. Reste loin de moi alors ! » Je réponds naïvement parce que c’est juste vrai. « T’as dit que tu me laissais pas, ça induit que t’as pas le droit de mourir non plus. » Je fais mine de m’extraire à son étreinte, les sourcils froncés. « Ou alors je serais obligé de te suivre encore. »

Mais si tôt son corps se détache du mien, je sens l’hiver m’enlacé et je retourne aussi tôt me caler contre son bras. Je n'accepterais pas de ne plus l'avoir avec moi, lui aussi. En fait c’est idiot, mais c’est fou comme la douleur vous marque. Au lieu de me dire que je suis bien ici, je commence par me demander si on restera toujours ensemble. Quand j’étais gosse, quand Ren était là, je ne me suis jamais demandé s’il pouvait partir, parce que c’était évidemment impossible. J’ai fini par laisser mes plus beaux souvenirs devenir de la peine. Parce que j’ai peur que ça recommence, je veux m’assurer qu’Haku sera toujours là. Mais ça ne dépend plus de nous. Qui sommes-nous ? Deux cons sur une plage déserte, un jour de deuil, à regarder la mer en se demandant pourquoi. Ça me tue. Je voudrais juste revivre dans l’insouciance, comme avant que Ren ne se prenne pour un papillon alors qu’il n’était encore qu’une chenille. Il ne faut pas vouloir voler trop tôt, ça ne suscite que des « pourquoi ».  Je ne laisserais jamais Haku sauter, c’est ce que je veux me promettre. Je veux juste voir où on va se réveiller demain, sans me demander si oui ou non il sera encore là. La réponse est oui. La réponse doit être oui.

Je soupire, relâche la tension dans mes membres, et laisse mollement ma tête retomber contre l’épaule du garçon à côté de moi. Mes yeux fixent la mer, loin, très loin vers l’avant. Il fait plus sombre soudain. Le soleil qui avait finalement atteint son point culminant est retourné se cacher derrière les nuages. Ils sont lourds et gris, impénétrable. Plus bas, la mer les imite et reprend cette teinte noire et luisante inquiétante. C’est ce que j’inspire à Haku ? L’idée de me faire happer par les flots me tétanise passablement. J’aimerais revenir en été ici, mais je devine que la mer est toujours grise ici. Grise et triste comme un mois de novembre. Mes mains émergent du sable dans lequel elles étaient plongées, il a à nouveau perdu sa chaleur. Instinctivement, je cherche quelque chose à saisir, et c’est vers les doigts libres de Haku que se dirigent les miens. Je les immisce dans son poing, cherchant la chaleur de sa peau.

« Moi non plus je ne fuirais pas. Je te le promets. Je sourirais pour toi, même si tu dis des conneries, comme ça tu arrêteras de me traiter de sale gosse.  »

Ma propre voix semble lointaine, portée par les rafales. Pourquoi on reste là, dans le froid et sous le vent qui nous fait gelotter ? Pourquoi je me sens bien ici, quand les éléments dévorent ma peau et anesthésie mes sens ? J’ai beau chercher la raison, je ne le trouve pas. Je ne veux pas bouger. J’aime cette solitude là, loin des gens, loin du monde, loin de la ville dans laquelle j’ai grandit. Nishinaka est loin de moi aujourd’hui. C’est juste un dimanche de novembre froid et venteux, un dimanche où on jette des fleurs et ou on fait des promesses. Je me laisse retomber vers l’arrière, entrainant Haku, et reprend ma place dans le sable, reposant sur son bras, fixant la valse de quelques mouettes au dessus de nous. Je me sens étrangement calme à présent. C’est vrai que pleurer me libère toujours de mes plus sombres idées. Mon regard se pose à nouveau sur le visage du gentil con à côté de moi. Il est blanc, tellement blanc. Ça contraste un peu avec sa personnalité. Pas qu’il soit sombre. Enfin si, en un sens, c’est le genre de mec qui voit toujours tout du mauvais côté, à qui arracher un rire devient une mission quotidienne. J’aime le blanc, surtout depuis que je le connais. J’aime bien sa peau, elle a l’air douce, mais je n’ai pas le droit de la caresser, elle n’est pas à moi. On touche avec les yeux comme disait ma mère. Je souffle longuement, embuant un instant l’air au dessus de moi.

« Il va neiger tu crois ? »


Kuronuma Haku» I ❤ Nishinaka
Kuronuma Haku
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Messages : 223

Jeu 26 Nov - 1:09
     




don't be trapped in someone else's dream




Je sais pas pourquoi je fais ça, ni pourquoi je dis ça et pourquoi je commence à déballer de telles conneries. C'est trop surfait pour moi, d'habitude j'ai pas de tels élans poétique, moi je jure, je crache ma haine envers cette société à la con, conservatrice et corporatiste jusqu'à la moelle, qui sait en faire souffrir plus d'un, tout comme elle arrive à créer des espèces de salauds qui se croient supérieurs une fois qu'ils sont bien vus par papa et maman. J'arrive pas à me soumettre et à me dire que tout ça, c'est normal; je lui obéis pas, à la société, et je ne me pense pas être prêt à le faire ─ sous aucun prétexte, non, parce que ça signerait vraiment ma chute dans le degré ultime de la connerie. Pourtant, avec Yuki, j'ai l'impression de me redécouvrir des facettes et des mots que j'ai toujours gardés enfouis quelque part, sans vraiment m'en rendre compte : et puis ce putain de gamin me soûle parce que, lui, il est bien le seul à savoir me faire sourire et me faire dire de telles choses, juste comme ça, sans réfléchir. J'ai l'impression qu'il contrôle une infime partie de moi, peu importe qu'elle soit minime ou pas; il a un semblant de pouvoir sur mes gestes, sur mes paroles et sur mes pupilles qui se dilatent toutes seules, parfois, quand je le regarde sans qu'il ne me voit.

J'ai la sensation que je peux plus m'en défaire, même si je le désirerais du plus profond de mon âme. Ses doigts contre ma peau, la chaleur de ses étreintes, la tiédeur de son souffle qui se mêle parfois maladroitement au mien, et puis la mélodie de sa voix. Y a toujours ce quelque chose qui me soulève le cœur, même si c'est qu'un peu, même si c'est presque imperceptible; je peux quand-même le sentir, ce sentiment, et cette impression de me noyer quelque part. J'ai envie de crier mon désespoir et de lui hurler à la figure qu'il n'a pas le droit, qu'il n'a pas le droit de lui ressembler autant, qu'il ne devrait pas faire ça, qu'il pourrait laisser tous ces souvenirs et toutes ces sibyllines tortures autre part dans mon esprit esseulé, dans un endroit perdu et reculé que moi-même je ne connais pas. Mais le souci, c'est que j'ai jamais rien dit à Yuki, et je lui dirais probablement jamais rien parce que bordel, ce que je suis heureux de l'avoir pour moi, rien que pour moi; juste avec moi, là. Il me fait du mal et du bien en même temps ─ car, ouais, je peux le dire : ce gamin est vraiment une véritable drogue, avec ses effets primaires et secondaires. Ce qu'il m'inflige, c'est tout bonnement douloureux, parfois. Et putain que j'adore ça.

Je le vois qui rougit. J'hausse les sourcils et penche la tête, de sorte à capturer son regard à la diagonale; il rigole, tout doucement, comme s'il avait peur de briser quelque chose au fin fond de lui, et puis il me taquine comme il a l'habitude de le faire, en me donnant un rapide coup d'épaule. Je ne peux pas m'empêcher de faire un gros sourire lorsqu'il parle et qu'il reconsidère ma confession; je contrôle pas ça, cette fois, parce que je peux juste pas. J'ai envie de sourire, ce qu'il me dit m'amuse; il me traite de con et rentre dans mon jeu, et c'est ce que j'aime chez Yuki. Lui aussi, il est perdu comme moi, lui aussi il est un peu couillon, plus à la manière d'un enfant. Ça me donne envie de le protéger, de toujours le garder présent sous mon regard et peut-être même sous la chaleur de mes mains. J'ai quelque chose à donner, de la chaleur en trop que je ne peux céder à personne d'autre qu'à moi-même; même quand le vent m'écorche les mains de froid, j'ai toujours les poings brûlants, injectés de sang, chauds; et ça me pique même à l'intérieur, quelques fois. Le problème c'est que je sais que je peux pas protéger Yuki, que j'en suis incapable maintenant, et que, peut-être, j'en ai peur. J'aurais peur de le voir partir, peur de me voir arracher quelque chose en plus, une autre petite étoile à laquelle je tiens trop, bien trop. Et honnêtement, tout ça ─ ce genre de connerie de ligne droite et immédiate, j'en ai plus vraiment besoin. Plus du tout, même.

Maintenant, il en vient à se contredire et ça ne fait qu'accentuer mon sourire. C'est un peu bizarre, il m'ordonne de rester loin de lui pour éviter de mourir, mais si je reste loin de lui, je suis prêt à parier que si, je peux quand même crever. Que je crèverais, même, comme le rat que j'ai toujours été. C'est bien curieux, quand je prends le temps de reculer sur ce que me dit Yukihiro, d'un air presque taquin, que je devine sous une ridicule tentative d'énervement crédible de sa part. Il s'éloigne de moi, encore une fois; mon sourire retombe peu à peu, à la manière de grains de sable empportés par la brise. Le vent se déchaîne un instant, juste le temps d'agresser ma chevelure et me faire plisser les yeux quelques secondes. Je ne suis pas étonné de sentir la présence et la chaleur de Yuki revenir m'envelopper, aussitôt que l'hiver de cette fin de mois pourrie exprime ses lamentations, dans des plaintes aériennes et tumultueuses. Je ne sais pas si Yuki tient à moi, je serais tenté de dire que oui mais sincèrement, j'en sais rien ─ et je cherche pas particulièrement à le savoir. En fait ça m'est un peu égal, parce que quelque chose me dit que personne ne peut réellement s'attacher à quelqu'un comme moi, comme Haku; que c'est une mauvaise idée, après tout, et que ça traverserait l'esprit de personne. De toute façon, l'envie de le demander à Yuki ne m'attire pas; au contraire, ça m'effraie et j'aime pas ça.




Mon regard se décide à affronter de nouveaux horizons. Ils sont noirs, là-bas; bourbeux et sombres, comme le déclin du soleil ─ et c'est le déclin du soleil. Celui qu'on croyait survenant et rédempteur, qu'on pensait annonciateur d'un peu de chaleur qu'il nous aurait prodigués de ses doigts de lumières. Mais non, il se cache, il s'en va, il fuit derrière les nuages gris de notre existence; le soleil aussi, c'est un lâche, un putain de couard, parce que même lui s'y met. Et ça me fait rire, doucement ─ tout doucement, presque secrètement. L'ironie de la vie m'accable tellement qu'elle finit par me faire rigoler, alors je me fous de sa gueule, tout comme elle se fout de la notre.

Je dis rien, et mon rire meurt dans ma gorge. Je fais suivre mon regard sur la ligne rectiligne de la mer, cette vision parfois happée par les langues aqueuses des vagues, qui se délient tout droit vers nous; seulement, elles meurent avant même d'atteindre l'amont de la plage. J'ai envie de leur demander ce que ça fait, de ne pas pouvoir atteindre son but, de s'effacer avant même d'avoir pu entreprendre quoi que ce soit. Je pense comme un idiot, je me perds dans ma mélancolie et je ne sens presque pas la main de Yuki s'enrouler autour de la mienne, jouer avec ma paume, chercher mes doigts impatiemment. J'accepte son étreinte, je me laisse faire. Il en a le droit, il le peut, et il le sait alors il ne me demande pas. Si t'as besoin de ma chaleur, Yuki, c'est tout pour toi.

Il me fait la promesse de sourire pour moi, de ne jamais fuir, lui non plus, et de ne pas partir. Nami aussi elle m'a fait des promesses, alors qu'est-ce que je dois croire ? Je suis censé dire que tout va bien, que tout se passera dans le meilleur des mondes ? Le meilleur des mondes il existe pas, alors j'ai pas la réponse à ma question. J'ai envie de croire Yuki, j'ai envie d'abandonner mes pensées et de les jeter à la mer, mais j'y arrive pas; parce que c'est plus fort que moi, et parce que j'ai plus envie de m'aveugler avec des promesses et des bouffonneries démesurées telles que les engagements. C'est absolument idiot de penser ça, parce que je viens juste de dire à Yuki que je ne le laisserai pas : mais c'était un automatisme, c'est sorti tout seul de ma bouche, et malgré moi, je peux pas dire que je le pensais pas et que je le voulais pas. Mais moi j'ai jamais abandonné personne, j'ai jamais laissé Yu ou Nami derrière moi ─ c'est juste eux qui sont partis, qui m'ont laissé en plan comme un abruti. Alors ouais, tant pis, Yuki pourra m'abandonner autant qu'il le voudra, moi je serais toujours là à l'attendre; parce que je suis con comme la Lune, et que je contrôle pas mes sentiments ni mes émotions comme je voudrais le faire. Ce sale gosse de Yuki me fait beaucoup penser : quand je suis avec lui j'ai bien vite mal à la tête, je me noie sans crier gare, j'ai mal aux recoins de mes lèvres rien qu'en souriant quelques secondes, et j'ai les mains qui bouillonnent littéralement. C'est seulement lui qui finira par me tuer, à la fin : au final il ne pourra s'en prendre qu'à lui-même, cet imbécile de petit homme.

Je sens un poids plume, une masse légère s'appuyer doucement sur mon épaule. J'aime bien être perdu dans mes pensées, puis soudainement le sentir se mettre à faire ça : ça me réveille intérieurement, même si je bouge pas ou ne dis rien. Il me relie à la vie, Yuki, et c'est comme ça. Y a pas d'autres explications ou quoi, parce que cette théorie me suffit amplement à continuer de respirer autre chose que les relents d'une drogue dure. Peut-être l'odeur de la mer, l'odeur des fleurs ou je-ne-sais-quoi, mais surtout son parfum à lui, son parfum suave et mentholé.

Je resserre un peu ma prise sur sa main lorsqu'il me pose sa question. J'en sais absolument rien, mais le ciel qui se recouvre petit-à-petit laisse bien des indices comme quoi il se prépare quelque chose. J'espère que ce n'est pas de l'orage; je déteste l'orage, ça me fait péter un câble et ça me rend de fort méchante humeur, mais je suis prêt à devoir supporter ça si ça peut me permettre de rassurer Yuki comme le gamin qu'il est. Presque instantanément, je le sens se laisser tomber en arrière, alors il m'emporte avec lui et j'obtempère sans laisser place à une quelconque plainte. Mon dos rencontre le sable légèrement froid, mon crâne replonge aussi dedans et ma main, elle, ne quitte pas celle de Yuki. Mes yeux scinent les cendres du ciel, et puis j'entrouvre la bouche doucement. « Je sais pas, Yuki.  » Yuki. C'est beau comme mot : c'est un peu comme la neige, c'est doux et cristallin à prononcer, et j'aime bien faire glisser ce prénom sur ma langue. C'est une des rares choses que j'apprécie de faire, oui. Je crois qu'au final, demain, tout va étinceler de blancheur. « Je sais pas, mais je suis sûr que ça va se faire. Demain aussi, après-demain aussi, et ainsi de suite.  » Sans doute, en fait; je pense.

Je soupire un fin nuage de fumée. Il commence vraiment à faire froid, et un de nous deux va sûrement tomber malade, mais je parierais plus sur Yuki. À force de traîner là où il ne faut pas, à n'importe quelle heure de la journée, et à n'importe quelle période de n'importe quelle saison, j'ai appris à devenir résistant au froid et à ses intempéries. Yuki, j'en sais rien, je pense pas. Il est frêle, il est menu, il est fragile et sérieusement adorable, putain d'adorable. C'est quelque chose de pur, quelque chose qu'on devrait éviter de souiller plus que ça. Mais je suis certainement pas le mieux placé pour dire ça, et je le serais absolument jamais, alors ça me soûle, et mon sang repart de plus belle dans sa coagulation. Presque frénétiquement, je me réveille et mon regard floconneux vient se poser sur la silhouette près de moi, tandis que mon visage fait un effort pour se tourner. De mes doigts entrelacés, je traite encore une fois les blessures de Yuki, qui ne semblent plus saigner désormais ─ et de mon autre main libre, je viens caresser une de ses joues blanchie par le froid, mon corps se soulevant légèrement. Le contraste est bluffant : il est glacé, et ma main, elle, s'embrase et semble être léchée par des flammes de givre. Je veux lui montrer que je suis là, que je compte pas mourir emporté par une minable bourrasque de vent, que je peux encore me sauver du statut de misérable poussière. Alors moi, je pense pas, je pense plus, j'effleure de mes doigts et de ma paume contusionnée son visage terriblement doux, terriblement glacé, et il n'y a plus que lui et moi sur Terre. Je le regarde dans les yeux, je me l'explique pas, de toute façon je veux pas chercher cent mille raisons à mon attitude, parce que je sais qu'il n'y en a pas.

J'ai l'impression que mon souffle gelé se répercute contre son faciès, qu'à tout moment quelque chose peut se produire. Je sais pas vraiment quoi, j'ai juste ce pressentiment, et je trouve Yuki sur le coup extrêmement beau. Sa pâleur causée par la température pourrait presque s'assimiler à la mienne, et ses cheveux sombres, ses oreilles percées et ses yeux de marbre noir m'emportent dans une effroyable réflexion.

« J'peux pas me passer de toi. »




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Suoh Yukihiro
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Jeu 26 Nov - 22:54
     




It’s too beautiful, so I’m afraid •••



Je suis bien ici, le regard perdu dans le gris laiteux, uniforme et monotone du ciel, à peine entaché ça et là de quelques mouettes qui luttent contre le vent à grands coups d’ailes irrégulier. J’aimerais qu’il neige, que tout devienne blanc, blanc comme Haku. Blanc comme les ailes des oiseaux qui flottent au dessus de nous. Lui il dit qu’il ne sait pas, mais que ça finira pas arriver. S’il m’avait dit que oui, je l’aurais nécessairement cru. Je suis crois toujours tout ce qu’il me dit, parce que je ne pense pas qu’Haku puisse mentir. Tout ce qui sort de sa bouche semble toujours si sincère, si brut. Je ne lui en veux pas de l’ignorer, parce qu’il n’est pas parfait et c’est ce qui est bien avec lui. Mon prénom signifie « neige étendue ». Quand j’y pense, il irait mieux à Haku, ce prénom. Avec mes cheveux sombres et mes yeux couleurs café, je n’ai rien à voir avec le gel hivernal. Je soupire, laisse la buée se dissoudre dans la clarté de l’air, m’agitant un peu pour me caler plus confortablement contre lui, la nuque reposant contre son biceps. Je tremble mais je ne ressens plus le froid, sa simple présence à côté de moi me soulage, me réchauffe, apaise les battements erratique de mon cœur brisé. Il recolle mes morceaux. Lentement mais sûrement, il m’aide à reprendre pieds dans un monde qui m’a longtemps fait si peur, mais que j’aborde avec moins d’appréhension, plus d’indifférence.

Ses doigts glissent encore une fois sur ma paume, effleurant les plaies ouvertes par les fleurs, comme un écho à la douleur qu’a engendré la mort de Ren. Ça ne pique plus. Le sang a coagulé, a séché au creux de mes mains, formant des traînées brunes sur mon épiderme livide. De son autre main, il vient effleurer ma joue. Je sursaute légèrement, tant de surprise qu’en réaction à cette soudain chaleur qui me saisit les joues. Mes pommettes se colorent de pourpre et un petit frisson de plaisir m’agite en sentant sa peau glisser sur la mienne. Le contraste de température entre nos deux corps est saisissant, aussi agréable que douloureux, comme lorsqu’on se glisse dans un bain bouillant après une longue heure passée au froid. J’ai toujours été frileux, incapable de maintenir constante ma propre température. C’est une image bien sûr, mais j’ai besoin de la chaleur des autres pour me sentir à l’aise. J’ai besoin de la chaleur d’Haku.

Je ferme les yeux, concentré sur les doigts rugueux qui parcourent librement ma joue sèche et marbrée de rouge et de gris. L’instant d’après, je sens son regard sur moi, sans même le voir. Je plonge dans ses prunelles brumeuses, un petit sourire imprimé sur mes lèvres. Son haleine  glisse sur mon visage. Il sent le tabac, vestige de sa dernière cigarette, mais pour une fois, ça ne me dérange pas. On s’habitue à l’odeur, elle fait partie de sa fragrance qui me fascine autant qu’elle m’écœure. Je pourrais passer ma vie comme ça, à le dévisager, à sentir sa main sur ma joue et mes doigts noués dans les siens. Le chaos de l’océan brise le silence et rend la solitude moins effrayante. Si le temps pouvait s’arrêter là, si on pouvait rester comme ça toujours, plongé dans la contemplation de l’autre, loin des gens, loin des règles et des jugements, mis à part celui des mouettes qui se foutent bien de nous depuis là-haut. Je m’en fiche, elles aussi elles ont l’air connes à pas savoir avancer contre le vent. Moi je peux, parce que j’ai Haku pour me protéger des rafales avec des bras rassurants. Un jour j’aimerais le protéger aussi, de la société, de toutes ces merdes qu’il fume sans pouvoir s’arrêter. Il faudra que je devienne enfin adulte pour qu’il cesse de me voir comme un gamin, alors.

« J'peux pas me passer de toi. »

Le murmure à l’oreille me fait rougir de plaisir. Il s’est un peu relevé, me surplombant de sa silhouette blême, détaillant mon visage avec son visage impénétrable, comme toujours. Un jour j’aimerais apprendre à déchiffrer ses expressions, à savoir juste en regardant dans ses pupilles ce qu’il se passe là derrière, ce à quoi il pense, ce qu’il ressent même lorsqu’il ne dit rien, même quand il a une cigarette entre les lèvres. Même quand la drogue qu’il absorbe met le bordel dans son esprit.  

« Arrête de me regarder comme ça, on dirait que tu vas me bouffer ! » Je m'esclaffe en enroulant soudain mes bras autour de la nuque de Haku. Je me redresse un peu, l’attirant brutalement contre mon torse en ébouriffant vigoureusement ses cheveux clairs qui me chatouillent la mâchoire. Je secoue la tête en riant, soufflant légèrement sur son visage pour produire un petit nuage de vapeur, un peu comme quand il expire la fumée de sa cigarette.

« S'il n'y avait que de moi dont tu ne peux pas te passer, et pas toutes ces autres cochonneries que tu t'amuses à fumer ... » Je soupire en enfouissant un instant mon nez dans sa chevelure, humant le parfum suave qui en émane.

Je me détend, laissant mes épaules et ma tête retomber sur le sol, serrant toujours Haku contre moi, moins vigoureusement, juste content de sentir sa tête contre ma poitrine en caressant l’arrière de son crâne. L’idée qu’il se fiche en l’air avec ces conneries de dépendances me rend dingue, j’aimerais le protéger au moins de ça, mais j’ai pas le courage, ni la légitimité pour l’empêcher d’y toucher. J’ai trop peur qu’il ne l’accepte pas, qu’il préfère sa drogue à moi, qu’il me laisse là et que ce soit elle qui gagne. Il devient fou sans cette putain de poudre aussi blanche que sa peau. Je l’ai vu, le regard dilaté, injecté de sang, un jour il n’avait pas sa dose pour s’apaiser. J’aurais pas du voir ça, j’aurais pas du le croiser comme ça, le regard hagard dans la rue. Quand j’ai repéré sa tête blonde, j’ai voulu courir le rejoindre, mais son regard vide et terriblement haineux m’a stoppé sur place. Je n’ai pas eu le courage de l’affronter ce jour-là. J’ai pas eu le cran de braver la dépendance pour le ramener chez moi, le coucher sur mon canapé et lui faire un grand bol de chocolat, comme quand il est trop shooté pour se rappeler de qui il est. C’était différent de toutes les facettes que j’avais pu découvrir de Haku. Je crains de revoir ce regard, et je suis jaloux de ces substances qui pourraient l’écarter de moi pour toujours, ces vicieuses qui me forcent à me taire et à le regarder se pourrir sans rien pouvoir dire, par lâcheté, par égoïsme.

Sans lui, moi aussi je deviendrais fou, définitivement. Je ne sais pas quelle douleur il cherche à effacer avec ces choses, mais je ne peux pas non plus accepter de le voir souffrir. Quelque part, on y trouve notre compte pour l’instant. Quand il est shooté… Il ne se sent pas mieux, mais au moins il va moins mal, du moins je suppose. Pendant ce temps il reste avec moi, il me laisse être près de lui, profiter de sa chaleur. Je ne sais pas combien de temps ça durera. C’est un jeu trop dangereux pour qu’il ne dure toujours, et je sais qu’un jour on payera tout les deux le prix d’avoir voulu parier sur cette solution bien trop facile. Ma main dans ses cheveux abandonne l’abondance de ses mèches pour glisser le long de ses omoplates que je devine, saillant sous son blouson. Quelque part, ma faiblesse me dégoûte, parce que je sens bien que je tiens à lui au delà des mots, et que je devrais agir en conséquence pour son bien avant le mien. La contradiction est trop forte. L’enjeu trop grand, et Haku ne m’aidera pas de ce côté là.

« Je suppose que je ne te soulagerais jamais comme elles le font, ces saloperies. Désolé… »

Pardon de ne pas être capable de calmer tes peines comme tu panses mes blessures.

Kuronuma Haku» I ❤ Nishinaka
Kuronuma Haku
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How I feel : « J'aime son humanité, plus que tout : j'aime la finesse de ses traits, son parfum simple et l'idée que celui-ci imprègne mes vêtements. Son désir de ne pas m'enfoncer la tête sous l'eau, plus qu'elle ne l'est déjà, et ses grands yeux noirs, dardés d'innocence qui m'arrachent des mémoires ensevelies, aussi douloureuses que flatteuses. La façon dont il hausse timidement le ton, aussi, comme s'il craignait de m'intimider. La possessivité inexplicable qu'il a à mon égard, et surtout la sensation des lignes de sa main qui se marient aux miennes, parfois. Juste comme ça, juste nous deux, comme il ne faudrait pas. »
...

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Sam 28 Nov - 16:11
     




don't be trapped in someone else's dream




Je sais pas ce qui me prend, parce que moi-même je ne saisis pas ma démarche. Au fond j'ai envie de dire que c'est pas grave, que j'ai fini par lui dire ces quelques mots et qu'au final, je regrette pas. Pas du tout, en fait, voire même que ça m'est un peu égal; que pour moi c'est juste des mots, et que Yuki est libre de les croire ou non. Je m'en foutrais parce que je sais déjà ce que j'en pense, et c'est pas son avis à lui sur cette chose-là qui changera quoi que ce soit. Ouais, j'ai besoin de lui, je viens de lui avouer pour la première fois quelque chose alors que je ne lui montre jamais rien, et là, en ce moment-même, je suis en train de lui caresser le visage comme un abruti fasciné. Pourtant c'est tellement bon, tout ça, que pour cette fois je décide de passer dessus. Yuki, il m'entraîne à devenir un peu plus ouvert, un peu plus tendre, un peu plus con. Ça m'irrite de pas comprendre, ça me fait bizarre d'agir comme ça, mais je crois que le souci, c'est que je ne peux juste pas m'en empêcher.

Je gigote un peu, me contorsionne en douceur pour venir surplomber Yukihiro de ma silhouette ombragée. C'est machinal, instinctif : je ressens le besoin de voir son visage du mieux que je le peux, de passer ma main sur toute la surface de sa joue. Je veux réchauffer cette chair, sentir son sang filer à toute vitesse dans ses pores, me rendre compte qu'il est en vie, qu'il me regarde moi, qu'il rougit sous mes gestes. J'ai l'impression que mes mots ont eu un impact sur lui, qu'il s'est mis à prendre une toute autre couleur, alors je souris presque imperceptiblement, amusé. Je jubile en silence, la situation prenant une tournure plutôt cocasse, tandis que le bout de mes doc s'enfoncent dans le sable et que mes mains entourent chaque côté de ses épaules. Je voudrais lui dire un tas de choses, lui souffler tout ce que j'ai pu penser au cours de ma vie, tout ce que j'ai pu écrire encore et encore sur des pages vierges et décolorées; lui confier tout ce que je ne lui ai jamais dit auparavant, et lui murmurer que moi je peux prendre soin de lui, que je peux l'emmener où il voudra, faire de son quotidien quelque chose de plus radieux. Mais c'est pas vrai, tout ça; c'est faux de chez faux, parce que je ne peux protéger personne, pas même moi, surtout pas quelqu'un comme Yuki, et parce que je ne pourrais jamais lui dire de telles choses si je tenais vraiment à le protéger. Le tenir loin de tout ça ─ et peut-être même de moi ─ s'avérerait être comme l'idée la plus judicieuse que je n'ai jamais eu; et pourtant, quelque part, je n'ai pas de mal à imaginer à quel point elle pourrait m'être douloureuse voire fatale, cette idée.

J'ai perdu mon sourire, progressivement ─ mais la ligne de ma bouche demeure encore trop courbée pour que mon amusement se soit en allé. Les réactions de Yuki m'intriguent toujours, même si je ne le fais pas forcément remarquer : Nami n'était pas vraiment comme ça, parce qu'elle n'était pas aussi timide et réceptive quand je la touchais et lui témoignais mon attachement. Elle me demandait même des câlins d'elle-même, sans aucune appréhension, tant et si bien que je n'avais plus aucun argument pour ne pas l'enlacer ou lui prendre la main, quand on marchait dans les couloirs. Yuki, lui, j'ai parfois envie de le toucher, sans forcément comprendre pourquoi ni vraiment chercher à en connaître la raison. Sa peau froide m'attire, son odeur d'arômes me perturbe énormément et ses cheveux de jais semblent m'appeler, quémander la présence de mes doigts en eux, entre leurs mèches obscures de corbeaux. Lui et moi on n'est clairement pas pareils, c'est tout mon contraire : j'ai la tête blonde et il l'a plus sombre, j'ai la peau qui flambe et il l'a constamment fraîche ─ j'ai la violence imprégnée dans la peau et qui coule dans mon sang et lui, ça n'est qu'un gamin pur et innocent qui ne connaît à peu près rien de tout ça, de l'agressivité et des coups de poing en plein dans l'estomac. Il est encore authentique, Yuki : on l'a pas initié à la violence pure, aux autres conneries et à tout ça. Moi pour rien au monde je ne le laisserais sombrer dans ces choses-là, dans ces choses qui ne sont pas faites pour lui et qui ne le seront jamais : c'est à moi, c'est mon putain de monde, c'est pas le sien du tout, et je tolérerais pas qu'il y entre.

Il m'ordonne d'arrêter de le regarder, et en profite pour me taquiner comme il aime le faire. Oh oui, si je le pouvais, je reconsidérerais sa supposition et le dévorerais là, maintenant, sans lui laisser la moindre occasion de s'échapper. Pour une fois, je ne fais pas l'égoïste et me contente de lui sourire doucement ─ et tandis que je m'apprête à lui pincer la joue et lui dire de se taire, je me retrouve bien vite attiré plus bas, plus près : toujours plus près de cette présence passablement plaisante. Mes bras cèdent légèrement sur eux-mêmes sous l'assaut qu'on me donne, et finissent par plier : les doigts de Yuki se sont glissés sur ma nuque et ses mains se sont ensuite enroulés autour, comme pour me demander de renforcer la proximité entre nous. Le bout de ses phalanges semble être glacé sur l'épiderme de mon cou, et ça suffit assez pour me sortir de ma transe, en plus de mon rapprochement avec Yukihiro : c'est une sensation qui tranche, comme tout à l'heure, et je ne peux retenir un frisson de contentement parcourir ma colonne vertébrale. Je ne m'en plains pas, au contraire, parce que c'est vraiment délicieux et ça, je peux le dire ─ péniblement délicieux.

Il passe une nouvelle fois ses longs et fins doigts dans mes cheveux, et j'ai l'impression de ne plus avoir le contrôle de moi-même. C'est moi qui le dominais, c'est moi qui le regardais droit dans les yeux, perdu dans mes pensées, et maintenant... Maintenant c'est lui qui mène la danse, qui caresse mes cheveux en riant bruyamment, qui retrouve un semblant du Yuki que l'on connaît si bien, tous les deux. Il vient me souffler sa joie dans le visage dans l'expression de petits nuages blancs, alors je ne dis rien et ne réalise pas le petit sourire en coin que j'ai entre temps esquissé : il m'a tout simplement fait changé d'attitude et d'expression en un temps record, ce gamin désespéré. Je crois bien que cette impression de ne pas tout savoir et de me perdre dans le plaisir nouveau que me procure Yuki me suffit amplement pour ne pas repartir dans de vives réflexions : je suis quand même content qu'il m'ait attiré contre lui, parce que depuis le début, c'est quelque chose que j'aurais voulu faire. Lui dire ta gueule, c'est bon, arrête de faire battre mon connard de cœur comme ça et viens plutôt dans mes bras, viens me montrer c'est quoi le bonheur, ce truc dont on a besoin, là. Et c'est tellement bon, de sentir Yuki contre moi : bien plus que je ne l'aurais imaginé.

Je ne lutte pas plus longtemps, j'ai la bouche éternellement scellée mais j'aime assez ce que fait Yuki, là, avec ses mains et sa foutue voix d'ange qui apaise une infime partie de mes tourments. J'ai besoin de son rire et de sa chaleur corporelle, aussi minime soit-elle : j'ai besoin de Yuki, juste Yuki, même si lui n'a pas besoin de moi. Paresseusement, mon visage vient reposer contre sa poitrine, alors que mes mains serrent légèrement sa taille et ses reins. J'entends son cœur battre tantôt vite, tantôt calmement dans sa cage thoracique ─ et je pourrais même dire que le mien s'emballe de plus en plus, rien qu'à entendre cela; mais je ne le dirais pas. En soupirant légèrement, je me serre plus près encore, incapable d'ignorer la passion qui m'enflamme soudain : depuis combien de temps n'ai-je pas entendu cette curieuse mélodie ? La mienne est habituelle, ennuyeuse; mon cœur à moi m'ennuie et celui de Yuki m'intrigue. Je voudrais le toucher des doigts, l'écouter quand Yuki est avec moi, le border affectueusement et lui montrer à lui autant qu'à son propriétaire que je suis pas qu'un connard, que je peux être autre chose, sous peine d'engendrer un potentiel danger et des problèmes. Car ouais, mon amour est nocif, il est à bannir et j'essaie aussi de bannir celui des autres ─ pourtant, Yuki, il me tue complètement. 

À mon oreille, il me souffle ces quelques mots qui me sortent de mon hypnose. Il exprime son désir de me voir tout arrêter, de laisser derrière moi tout ce qui m'a à peu près accompagné dans ma vie, de tout lâcher, comme ça. Je réponds rien, la poigne de Yuki ne cessant pas de m'attirer contre lui. Pour le coup j'ai rien à lui dire, j'ai pas envie de lui mentir en lui disant que je pourrais m'en passer, que je pourrais arrêter de me shooter du jour au lendemain sous l'influence d'une quelconque illumination ou lumière divine; connerie. C'est comme ça, ça changera pas, c'est trop tard et y a pas moyen de revenir en arrière, et de toute façon c'est même pas ce que je ferais. Ça m'a aidé bien plus que ça a su me défoncer, et j'en pense à peu près rien de ces histoires ─ mais je sais que si j'en avais le pouvoir, je ferais pas de retour en arrière pour changer la donne. J'ai déjà essayé d'arrêter, j'ai déjà tenté de me priver, et la contradiction c'est que ça m'a bousillé plus qu'autre chose. Parce que je suis trop dépendant, je peux pas promettre à Yuki quelque chose de faux; de toute façon, c'est pas dans ma nature et ça, il le sait très bien, ou alors je suis vraiment un vulgaire connard. Et non, j'en suis pas, pas encore.



J'écoute le cœur régulier de mon étoile battre, tambouriner contre cette poitrine sur laquelle je prends appui. J'ai pas l'air con comme ça, à m'extasier tout seul, mais c'est un truc nouveau et ça m'arrive de découvrir les choses, à moi aussi. Pour le coup j'ai sans doute l'air d'un stupide gamin, mais je m'en fous assez : l'enfant ici c'est Yuki, c'est moi qui suis censé le protéger, m'assurer que ce cœur-là trouve toujours la vie d'insufflée en lui. Je veux pas qu'il crève, je veux pas qu'il s'arrête d'exister du jour au lendemain, que sa mélodie déraille sur une fin imparfaite et suspensive. Je me dis que je laisserais pas ça se produire, que je laisserais jamais personne faire du mal à Yuki, pas même Dieu s'il existe, surtout pas la vie elle-même, mais au fond je sais que même dans quelques minutes, sa présence peut s'envoler sans que je ne sache pourquoi. Ça me soûle grave, alors j'accentue ma prise sur son corps, comme si je m'accrochais à lui depuis le début, tel le putain d'égoïste que j'ai toujours été. Ses doigts s'appliquent à masser ma chevelure une dernière fois, avant de redescendre prestement sur mes épaules, puis mes omoplates. Je pige pas comment on peut être proches comme ça, je sais même pas comment ça a commencé : mais on est bel et bien là, lui et moi, en train d'essayer d'éloigner l'obscurité de nos âmes et de leurs méandres perdues. On essaie d'allumer quelque chose, n'importe quoi qui pourrait éveiller nos esprits déboussolés, et pour la première fois j'use pas de mon briquet; cette fois c'est avec la chaleur de nos propres corps, la chaleur de nos mains mutilées et de notre proximité presque irréelle. Je trouve ça sympa, étrangement agréable. J'ai le sentiment d'être un peu plus vivant : moins foutu, moins condamné ─ moins perdu, peut-être. 

Maintenant, il rouvre la bouche. Je m'attends à ce qu'il dise quelque chose de con, quelque chose d'un peu idiot, mais il est imprévisible comme moi, Yuki. J'ai beau le charrier de temps en temps, il dit pas que des conneries et c'est aussi un truc que j'aime bien chez lui; sauf que là, clairement, il en énonce une belle, de connerie. Je me sépare tout de suite, mon visage se relevant pour que mes yeux perçants puissent rencontrer les siens. Putain quoi ? Je réalise pas. Je veux qu'il sache qu'il a fait n'importe quoi, qu'il n'est qu'un bouffon de penser ça et que là, il m'agace à raconter des idioties. Mes sourcils se froncent progressivement, et je crois que j'ai oublié que ses mains sont toujours nouées autour de mon cou. Ce qu'il pense me soûle, et cette fois, j'ai des choses à lui répondre. Mes doigts s'enfoncent dans le sable, j'ai l'impression que mes jointures deviennent rouges et que le flux de mon sang s'excite. Je ne détache pas mon regard de Yuki : lui aussi, il me regarde droit dans les yeux ─ je l'aurais imaginé les détourner, mais il a l'air de penser ce qu'il vient de dire, alors ma voix se fait plus sévère et tranche le silence que souffle le vent. « Dis pas des putain de conneries. » Droit, net et sans doute brusque : bordel, je m'en fous. Il doit savoir, il doit savoir au moins un peu. « T'es meilleur que toutes ces saloperies, t'es... Putain. » Putain, oui, j'ai pas les mots, parce que je contrôle plus mes émotions, parce que tout défile en d'interminables ribambelles dans mes yeux et que je sais même plus quoi choisir pour exprimer ce que je souhaite. Yuki me fout en rogne, Yuki c'est ma drogue alors il n'a pas le droit de penser ça; je vais sans doute lui faire peur et il va fuir, mais c'est pas grave, ça sera mieux pour lui. J'ai même plus les mots suffisants, je l'accuse de mon regard et ça suffit amplement. Dans ces moments-là, j'aurais eu besoin d'une cigarette, mais Yukihiro est étrange. Autant il réussit à m'apaiser, autant il éveille en moi une fureur que je ne me connais que dans quelques cas. Je m'en passerais jamais.

Bien vite, je détourne les yeux et regarde le ciel s'étendre sur ma gauche. Un soupir traverse la barrière de mes lèvres et je sens mon cœur repartir de plus belle à l'intérieur de ma poitrine. Je me redresse, abandonne la proximité que j'entretenais avec Yuki : j'ai besoin de me calmer, même si je ne sais pas vraiment comment faire. L'air marin est quelque chose que j'aime bien, ça réussit plutôt bien à m'apaiser et à effacer d'une bourrasque mon exaspération, alors je décide d'attendre que mon surplus d'émotion redescende. Y a des moments comme ça où je suis vraiment instable, et pourtant ça arrive très peu : ça prouve un peu à quel point Yuki me détruit autant qu'il me reconstruit. En tout cas, je sais que j'ai besoin de ça pour tenir le coup et me raccrocher à ce qu'il me reste. Je me courbe doucement, de sorte à prendre place sur le bassin de Yuki, et je patiente. Une, deux, trois minutes, et puis j'expire une énième fois, le regard perdu plus loin; alors, je rencontre pour la nouvelle fois les yeux de Yuki, et ça termine de m'achever : je peux pas trop résister à ce regard-là. Je le regarde, je vais encore me noyer si ça continue. Mon souffle s'échappe en faibles volutes et puis je soupire d'un air ennuyé, résigné. Mes yeux fuient une nouvelle fois, et ma voix railleuse force l'accès à mes lèvres. « C'est comme ça Yuki. J'peux pas y échapper, c'est trop tard. » Je repense à tout à l'heure. C'est exactement ça, c'est la vérité pure et dure qui arrive parfois à m'étourdir : pour moi ce genre de truc, c'est un poison temporaire, dans lequel je plonge, juste le temps d'avoir un aperçu du « bonheur », rien qu'un petit bout de bien-être. Sans que je ne m'en rende compte, mes doigts glissent sur les côtes de Yuki et se referment dessus, comme une emprise désespérée; c'est inconscient. « J'peux pas décrire, c'est une très bonne sensation sur le coup, et puis le lendemain j'ai juste l'impression de crever. » C'est vrai. Je me souviens toujours des journées ou des soirées que je passe à tirer, à me bourrer la gueule ou à complètement me défoncer. Sur le coup c'est hyper agréable, c'est un truc que j'explique pas, mon cerveau est lent, j'ai l'impression qu'il s'évapore, et mes pensées deviennent troubles. J'oublie vraiment toutes les conneries de ma vie, tout ce qui a bien pu me faire chialer pendant des années, et puis je me sens à la fois lourd et léger, comme si je volais mais qu'au fond, j'étais toujours rattaché au sol, à cette traînée d'existence. J'me sens sûr de moi, moins perdu encore une fois, désinhibé, limite invincible. Oui ça non plus j'peux pas m'en passer, mais Yuki c'est autre chose. Yuki c'est différent. « Toi, t'es pas pareil, en fait. » Ça sort tout seul de ma bouche, et ma voix a l'air éteinte mais c'est pas ça que je ressens au fond de moi. Je veux juste être avec Yuki, peu importe qu'on se parle ou pas, juste sentir sa main dans la mienne et ses yeux de sale gamin sur moi, dans mon dos. « Toi t'es le petit con qui me fait tout le temps du bien. » Inéluctablement, mon regard est attiré sur le petit homme en dessous de moi. Je voudrais qu'il comprenne ce que j'essaie de lui dire avec des putain de mots, et c'est difficile parce que je sais que c'est pas assez et que j'aime pas ça, les mots. Toutes ces substances, j'ai conscience que c'est rien que du poison, rien qu'un venin toxique qui s'empare peu à peu de mes cellules et qui engendrent le paradoxe de me sauver, de me garder encore un peu dans la raison. Yuki, c'est pas un poison, c'est un peu mon remède : peu importe à quel point je me dope à lui, ce sera toujours bon, merveilleusement bon, et je me sentirais jamais crevé de profiter de lui.

Sans que je ne sache comment ni pourquoi, mon corps est de nouveau attiré contre le sien et je me penche vers lui, les coudes fichés dans le sable, entre ses bras étendus. Je l'enveloppe de ma chaleur et lui, il me prête un peu de sa fraîcheur; j'aime le contraste que crée nos deux âmes. D'un geste spontané et irréfléchi, ma paume vient caresser son front et s'immiscer dans le début de ses racines, pour que mes doigts viennent ensuite masser sa chevelure. Je m'y prends sans doute mal, je montre peut-être mon affection d'une manière étrange ou complètement décalée, mais je ne me souviens plus vraiment de comment on fait. Yuki m'apprend à redécouvrir des facettes oubliées de moi-même ─ et en temps normal, si je n'étais pas complètement taré et bouffé par je-ne-sais-quoi, je lui aurais hurlé de s'en aller et d'arrêter de faire ça. Mais là je peux pas, je suis irrémédiablement accro et j'ai l'impression de retrouver des vestiges de mon passé en regardant et en touchant Yuki ainsi. C'est con.

Je finis par laisser ses cheveux tranquilles et comme une caresse illusoire, mon doigt glisse sur sa tempe, trace des contours sur sa joue et se glisse en douceur sous son menton, de sorte à le relever légèrement, comme si on infligeait des chatouilles dans le début du cou d'un enfant. Mon souffle glacé se répercute contre son visage et je sais que tous les deux, on a froid; lui sans doute plus que moi, parce que je survis et que j'ai encore ma circulation pour me réchauffer, et parce qu'il a autant besoin de quelqu'un que moi. Je ne peux pas tout lui donner, je ne peux pas lui assurer de vivre comme il en a envie; je ne peux pas faire de sa vie une flamme de bonheur, ni rien, rien de tout ça. Je peux juste lui donner de ma chaleur, s'il en a envie, et le prendre dans mes bras décharnés, quand ça va pas trop.  

Je caresse son menton de mon doigt, distraitement, tandis que je peux sentir son souffle contre mon visage ─ ou alors c'est moi qui rêvasse. Yuki, arrête de trop penser, fais pas comme moi. T'es la raison la plus chère qui me pousse à ravaler mes larmes de gamin et à me bouger le cul, pour trouver un chemin que moi-même j'ignore.



i love you i love you i love you


robb stark
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Suoh Yukihiro
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Sam 28 Nov - 19:47
     




It’s too beautiful, so I’m afraid •••



Dans cette position, avec son oreille collée contre ma poitrine, il doit forcément percevoir la cadence infernale de mon cœur qui résonne entre mes côtes malgré l’épaisseur de mes vêtements. Que va-t-il y lire ? Ma peur ? Ma honte ? Tous ces putains de sentiments que je n’arrive pas à nommer, ceux qui agitent mon corps de frémissement convulsif. Je ne vois pas son visage, juste la masse ébouriffée de ces cheveux, pourtant avant même qu’il n’esquisse le moindre mouvement, je sens que l’atmosphère a changé. L’instant d’après, il s’est redressé, s’arrachant à mon étreinte. Dans le vain espoir de le retenir, je garder mes mais nouées autour de son cou, les bras tendus à l’extrême pour ne pas le lâcher, jamais. Il est contrarié, et pour une fois je peux le lire aisément sur son visage. J’ai peur, je n’aurais pas du parler de la drogue, une fois de plus elle l’éloigne de moi. Tremblant, j’enfouie mes doigts sous son écharpe élimée qu’il porte si souvent, gagnant sa peau et joignant mes mains pour m’assurer une prise ferme sur sa nuque. J’ai peur de lui faire mal, mais je ne peux pas m’empêcher de me raidir pour l’empêcher de s’échapper loin de moi.  

Pardon pardon pardon, ne pars pas, ne pars pas, s’il te plait.

Mes mots ne dépassent pas la barrière de mes lèvres, j’ai envie de me reprendre, d’effacer d’un coup de gomme l’affront regrettable fait à la dépendance. Son regard m’en empêche. Ses yeux sévères me réduisent au silence, immanquablement. Il est agacé, irrité, peut-être bien énervé. Je déteste la lueur froide qui brille soudain dans le fond de ses yeux gris. Il finit par lâcher quelques mots, il m’ordonne d’arrêter de dire des conneries. J’ai envie de répondre que je les pense, que ça me fait peur, qu’il me fait peur, mais il ne m’en laisse pas le temps, et de toute façon, je ne suis pas sûr d’avoir le courage d’en rajouter. On était si bien il a fallu que je ramène les sujets qui fâchent sur le tapis, comme si je me privais d’un peu de douceur sachant très bien que mes mots auront des conséquences néfastes avant même de les prononcer.

Je ne veux pas qu’Haku pense que je lui reproche de se droguer, je ne veux pas qu’il pense que je le juge, que je le rejette pour ça. C’est faux, c’est tellement faux, je veux accepter tout de lui. Je suis juste tellement jaloux de cette connasse de poudre blanche qu’il inhale quand ça ne va pas, au lieu de venir me voir, de venir m’en parler. Je voudrais qu’il se laisse aller contre moi plutôt que dans les bras vaporeux de cette drogue infâme. Je veux que ce soit ma main qui caresse ses joues et son nez plutôt que le poing d’un autre perdu avec qui il se bat parfois dans la rue. Je veux qu’il me choisisse moi et moi seulement. Alors oui, je me sens con, égoïste, possessif, mais j’aimerais être sa seule et unique drogue, je veux qu’il me réclame, qu’il ne puisse pas s’éloigner de moi trop longtemps, parce que quand il est loin, c’est moi qui deviens fou.

Il dit que je suis meilleur, mais ça ne me satisfait pas, parce que son corps est trop accoutumé à ces substituts au bien-être, et que je sais tellement bien que même si je suis là, s’il n’a pas sa dose, il deviendrait fou quoi qu’il arrive. Ça réponse me trouble autant qu’elle ne me contente pas. Sa voix sévère et dure me fait l’effet d’une gifle, et je me demande presque si je ne vais pas finir par me remettre à chialer comme un gamin. Mais les larmes ne viennent pas cette fois. J’ai pas envie de fondre en larme dans ses bras, qu’il revienne s’excuser d’avoir été trop sec. Je ne veux pas qu’il regrette ses paroles, je veux être un homme prêt à tout encaisser. Je soupire, vaincu, une fois de plus. Mes mains se séparent et abandonnent la nuque brûlant de Haku qui se sépare définitivement de moi.

Il s’est tournée vers le ciel. Je laisse ma tête retomber du côté inverse et je contemple le sable qui s’étale à perte de vue jusqu’aux rochers sur lesquels la mer s’éclate en milliers d’embruns. J’ai la gorge serrée par la colère. Pas contre Haku, je sais qu’il n’y peut rien, que c’est trop tard pour apprendre à lutter contre ces cochonneries qui rendent accroc. Non je suis furieux contre ces drogues qui le détruisent et l’accaparent, contre ces gens qui l’ont laissé tomber là dedans sans agir, qui l’on contraint à chercher des substituts à la douleur qu’on lui infligeait. Pourquoi personne ne l’a protégé ? Pourquoi personne ne s’est inquiété pour lui ? Pourquoi n’ai je pas été là à ce moment là pour le sauver ?

Après un moment de latence, il revient vers moi et je cache difficilement mon soulagement. Mon regard revient immédiatement se visser sur sa figure, pressé de retrouver la finesse de ses traits. J’ai envie de le faire revenir contre moi, mais je n’ose pas, parce qu’à nouveau son visage est fermé et que je ne sais plus lire ce qu’il ressent. Si ça se trouve, il m’en veut, il m’en veut de penser ce genre de chose. Est-ce qu’il pense que je ne devrais pas réfléchir à ça parce que je suis trop jeune, trop innocent pour comprendre ses problèmes ? Il me dit que c’est comme ça, que ça ne changera pas, jamais. Il a conscience que c’est mauvais, que c’est un effet temporaire et dévastateur à long terme. Je ne le vois parfois shooté, il est allègre et bruyant. En revanche, je n’assiste que plus rarement aux lendemains, aux maux de crâne et à la lente redescente des lendemains. Il est soudain pudique, s’isole, disparaît quelques heures, quelques jours. Quand c’est trop long je l’appelle, la voix un peu tremblante, inquiet qu’il ne lui soit arrivé quelque chose. Je sais pas ce que ça lui fait, je sais pas ce qu’on peut ressentir quand on absorbe toutes ces conneries. Il dit toujours que je ne dois pas y toucher, que c’est pas pour moi. Pourtant moi aussi j’ai mal, moi aussi j’ai peur. Alors pourquoi il n’arrête pas ?

« Toi, t'es pas pareil, en fait. Toi t'es le petit con qui me fait tout le temps du bien. »

Il aime me traiter de con, mais quelque part, c’est presque ce mot qui me console. Je suis son petit con, le seul justement, avec qui je peux l’être, avec qui j’ose l’être. Au final, peut-être bien que moi aussi, je suis drogué, à lui, à la pâleur de sa peau, à la douceur inattendue de sa voix malgré sa rudesse apparente.

« C’est pas ta faute, Haku, je sais bien. »

C’est la faute à tous ces gens qui t’ont tourné le dos, à cette société pourrie jusqu’à la moelle qui t’enfonce la tête sous l’eau. Mon cœur manque un battement lorsqu’il se rapproche à nouveau de moi. Sa chaleur m'entoure à nouveau, je soupire de contentement. Même pour quelques secondes, même pour quelques centimètres, il m’a manqué. Sa main un peu rugueuse mais terriblement agréable vient se poser sur mon front, s’immisce dans mes cheveux, mêlant la blancheur de ses phalanges à l’ébène de mes mèches hirsute. Il est maladroit, doux, ça ne lui ressemble pas tellement, mais j’aime ce nouvel aspect  de sa personnalité. J’ai l’impression que personne avant moi n’a été témoin de cet élan d’affection, alors je me sens unique, privilégier, important. Haku aussi est important pour moi. Sa main vogue sur mon épiderme jusqu’à ma joue, le long de ma mâchoire, il chatouille mon menton, la naissance de mon cou. Je frissonne, réprimant une réaction un peu violente lorsqu’il effleure ainsi cette zone trop sensible. Son souffle rencontre le mien, caresse mon nez, mes lèvres, mes pommettes. J’en peux plus, vraiment plus, ses doigts semblent s’acharner sur mon menton glacé. Agité d’un spasme, mon corps se soulève et j’agite les jambes au hasard.

« Haku ça chatouille ! » Je gémis comme un gosse en agrippant son manteau de mes doigts, pris d’un fou rire. Comment peut-il être capable de me faire passer des larmes au rire en seulement trois secondes, juste par un simple toucher ? Je le supplie d’arrêter dans mon hilarité tout en priant pour qu’il n’en fasse rien, parce que purée qu’est ce que je les aime ses doigts tout fin, et le poids de son corps au dessus du mien. J’aime quand il est comme ça, sans sa cigarette, sans sa vodka, quand il n’a d’yeux que pour moi. Je gigote, retourne le sable autour de moi, le laisse s’insinuer entre mes mèches et dans mon cou. J’ai chaud soudain, trop chaud sous mon manteau.

Je reprends mon souffle difficilement, plaçant mes mains sur le poignet du jeune homme pour qu’il s’arrête avant que je ne perde pied définitivement. Je suis trop chatouilleux, surtout quand il s’agit de lui. Enjoué, je le fixe un instant, le temps semble soudain s’arrêter, et même la mer se tait comme par hasard. Sa main est suspendue au dessus mon visage. Je tortille mes doigts pour venir les nouer dans les siens en soufflant sur les mèches de son front. Au même moment, une goutte glaciale s’écrase sur ma joue, puis une autre, et l’instant d’après, l’air est innondé de millier de flocon immaculé.

« Il neige, regarde il neige ! » Je m’écris en tendant mon autre main vers le ciel, soudain excité comme un gosse.

Kuronuma Haku» I ❤ Nishinaka
Kuronuma Haku
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How I feel : « J'aime son humanité, plus que tout : j'aime la finesse de ses traits, son parfum simple et l'idée que celui-ci imprègne mes vêtements. Son désir de ne pas m'enfoncer la tête sous l'eau, plus qu'elle ne l'est déjà, et ses grands yeux noirs, dardés d'innocence qui m'arrachent des mémoires ensevelies, aussi douloureuses que flatteuses. La façon dont il hausse timidement le ton, aussi, comme s'il craignait de m'intimider. La possessivité inexplicable qu'il a à mon égard, et surtout la sensation des lignes de sa main qui se marient aux miennes, parfois. Juste comme ça, juste nous deux, comme il ne faudrait pas. »
...

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Dim 29 Nov - 6:50
     




don't be trapped in someone else's dream




Mon petit con fait battre mon cœur comme jamais je n'avais pu le ressentir, depuis quelque chose qui me paraît être comme des années. Être près de lui me rend ivre, il me rend ivre : j'ai l'impression d'être agréablement porté, de pouvoir faire un peu tout ce que je veux; mais c'est pas vrai, ça, parce que je ne le peux pas : je ne peux que lui faire du bien, et c'est un peu plus différent. Il me souffle que ce n'est pas de ma faute, tout ça, que je n'y suis pour rien d'être un con borné et égoïste, mais je ne l'ai pas écouté et à la place, maintenant, je m'applique à imprégner des mouvements d'index sur toute la surface de sa gorge. Je veux pas qu'il me prenne en pitié, j'en ai carrément pas envie : je me sens responsable en ce qui concerne ces saloperies dont on vient tout juste de parler, et c'est pas un truc sur lequel j'aime débattre. Je crois que je lui ai fait comprendre, parce qu'il m'a semblé être perturbé et que, maintenant que j'y pense, il forçait comme jamais sur ses mains pour ne pas me laisser filer, pour ne pas me laisser m'échapper un peu plus loin de son emprise. Tient-il à moi autant que je le fais ? Je ne sais pas, je regarde un instant dans l'immensité de ses yeux, comme pour y fouiller quelque chose, comme pour y trouver une trace, un indice, mais savoir ça ne m'importe pas beaucoup en réalité. Je préférerais savoir que non, qu'il ne tient pas à moi, qu'il ne s'est pas encore attaché à moi; mais quelque part, ça me tuerait, et ça me foutrait hors de moi. Et je me trouve compliqué, et je ne me comprends pas moi-même, et ça commence à me soûler; alors doucement, j'abandonne mes pensées et me reconcentre sur Yuki et son visage finement sculpté : un ravissant visage, d'ailleurs, que je pourrais contempler des heures et des heures même endormi. Tendrement, avec des gestes qui me semblent lointains, trop peu familiers, je taquine sa pomme d'Adam saillante du bout du doigt, la mine curieuse. Je ne souris pas, j'ai le visage un peu fermé, un peu indéchiffrable, indescriptible; les traits graves et doux à la fois, le mélange parfait pour ne former qu'une peinture neutre, un truc digne de moi. Parfois je sais contrôler mes expressions, surtout quand il s'agit de sourire bêtement, et là ça m'aide un peu; depuis qu'il a posé ses yeux sur moi et qu'il a éperdument soupiré, je n'ai qu'une envie pour cette fois, c'est de me laisser aller, de sourire, d'abandonner un instant ma misérable existence qui me ronge à petit feu, petite flamme, pour profiter de Yuki, pour n'entendre que le son de la mer pendant que je lui murmure mille secrets, et qu'il noue une nouvelle fois ses bras autour de ma nuque, pour ne pas que le vent m'emporte et me sépare de lui. Je veux juste oublier un peu, en fait : rien que ça, juste rien que ça ─ et ça ne sera pas long, chères foutues mémoires, car vous pourrez revenir juste après. Pour le moment, là, maintenant, tout ce que je veux c'est un rire de Yuki, un truc ou même n'importe quoi qui me confirmerait qu'il le vit rien qu'un peu à mes côtés, le bonheur.

Et puis mon espoir à peine naissant s'est réalisé, pour une fois, infime espoir; je suis pris par surprise par des éclats de rire, une moue disputée entre la raison et l'hilarité, des gestes maladroits et dictés par une folle cadence rieuse, et je comprends bien vite que c'est moi qui lui fais cet effet-là, que c'est moi qui provoque les conséquences de cet instant si particulier. Un sourire en coin s'installe sur mes lèvres, tandis que mes sourcils se rehaussent d'un air taquin et que ma mine s'adoucit un tant soit peu. Je ne stoppe pas mes gestes, je dirais même que je les accentue; ses plaintes ne sont rien pour moi et je ne l'écoute pas me supplier, trouvant un étrange plaisir à torturer Yukihiro rien qu'avec un simple doigt. Il a l'air d'avoir tout lâché, lui aussi, d'avoir tout abandonné pour ne laisser place qu'à une joie désespérée, inexpliquée et presque futile. On a l'air de deux bouffons qui profitent des rares instants de cette vie, qui trouvent du réconfort dans l'un comme dans l'autre et qui s'esclaffent avec des larmes invisibles. On a froid, on se rapproche sur une plage déserte, inconnue aux yeux de tous et on attend qu'une vague, qu'une brise, n'importe quoi qui serait susceptible de nous porter quelque part, vienne submerger nos esprits et nous emmener loin de cette foutue ville, de cette non-vie dont on a pas besoin; de cette douleur constante qu'on cherche à combler comme des enfants, des gamins désorientés. Emporté et complètement soûl, mes yeux se plissent doucement tandis que je détaille Yuki, avec toute l'envie et l'attention du monde, mon doigt s'activant à le tourmenter de délice. Tout ça m'amuse un peu, voire pas mal, et je regrette presque que ça se termine lorsqu'il s'empare de mon poignet, pour me faire cesser toute punition. Je le scinde rien qu'avec mon regard, impassible, plongé dans le sien; plongé dans ces yeux noirs et brillants comme des diamants, qui me rendent juste dingue, dingue de lui. Bordel, qu'il est beau. « Yuki... » Je susurre son prénom contre son visage dans un nuage de buée, comme un murmure discret, rien que pour nous : j'ai l'air d'être à bout de souffle et pourtant, j'ai le visage plus calme que l'océan qui commence à s'endormir, derrière nous, et mes lèvres indistinctement entrouvertes expriment ma fascination pour mon petit homme. Tout de suite, je n'ai d'yeux que pour ce gamin, et j'ai beau ne pas savoir ce que je fais ni où je vais, avec lui, juste lui, j'ai le sentiment que ça me plaît d'être aussi inconscient, que je voudrais sa chair, sa peau, la moiteur glacée de celle-là. Presque rêveusement, avec un voile flou qui darde mes paupières, je contemple ma main suspendue au dessus de son visage innocent, frêle et atrocement plaisant à regarder, tandis que je sens mon autre main s'enfoncer sans relâche dans la profondeur sablonneuse qu'elle a crée. Je ne sens même plus la douleur ni les quelconques symptômes que m'infligeraient des souvenirs déchirant, ou bien une dépression un peu trop importante, un peu trop usante, qui me bousille un peu tout ce que j'ai ─ qui l'a toujours fait, au fond. Non, peu à peu j'oublie, comme quand je me noie dans ces substances que l'on interdit, que l'on bannit de la vie d'autrui dans cette société plus que pourrie, qui me dégoûte toujours un peu plus, qui m'entraîne à suivre mon avancée solitaire et à régler des comptes à tout ceux qui dénigreraient mon opinion. Là, je ne me noie pas dans l'alcool ni dans la beuh, je fais que me noyer au plus profond de Yuki, et je crois que c'est la meilleure chose qui puisse exister. Je suis plus le roi des cons et des salauds qui s'envoie rien qu'avec l'essence de l'ébriété : je suis quelqu'un qui vit, qui savoure ce petit moment partagé avec l'être pur, ma véritable antithèse; le gamin le plus ordinaire de la Terre, croiriez-vous. Et putain non, juste non, car ordinaire, il est loin de l'être.

Mon poignet est toujours emprisonné dans sa main, mais je ne réagis pas, le surplombant inlassablement. Il a l'air si pur, comme ça : si inoffensif, angélique, un peu comme la mer dans laquelle j'ai parfois envie de m'enliser, pour disparaître quelque part. Bien vite, ses doigts retrouvent impatiemment les miens et je le laisse faire, mes lèvres plissées en une fine ligne qui absorbe chacune de mes expression, qui ne laisse qu'une subtile distraction envahir chaque recoin de mon visage. Tout mon énervement de tout à l'heure est redescendu; je voudrais que ce moment ne s'arrête pas, je voudrais fuir avec lui, le kidnapper quelque part, dans un endroit loin d'ici, loin de ces démons qui nous habitent et que l'on s'efforce de chasser rien qu'en se regardant. Il me confuse tellement, Yuki, que j'en viens à me battre avec mes propres pensées : je ne sais même plus ce que je veux, je ne sais même plus ce qui est bien, et bizarrement, sur le coup, je m'en fous complètement.

Sans trop que je ne réalise ce qu'il se passe, il s'écoule une dizaine de secondes avant que Yuki ne gigote de nouveau, comme s'il était excité, comme si la vie s'emparait de lui et l'incitait à retrouver une énergie nouvelle, un dynamisme propre à lui-même. Il me crie qu'il neige avant même que je ne puisse regarder autour de moi, d'un air joyeux et spécifique à ces enfants-là, qui découvrent pour la première fois les attributs de l'hiver et toutes ses fantaisies. Doucement, je détache mon regard de sa silhouette étendue pour relever les yeux et observer autour de moi : il a raison, il a tout à fait raison, parce que l'air est soudainement empreint d'une myriade de petites sphères blanches et que la mer a commencé à se calmer, à se faire silencieuse. Je ne peux m'empêcher d'associer la neige à quelque chose que je connais bien, plus que bien, et un sourire prend place sur mes lèvres. Je relève légèrement la tête, de sorte à croiser la voûte voilée de nuages d'où la neige tombe à gros flocons, de là haut, de cette couverture céleste, celle-ci imprégnée de nuages cotonneux tout à coup moins gris. C'est assez joli, j'ai l'impression d'avoir raté un épisode mais je suis soulagé que ça ne soit pas de l'orage; ça a l'air d'amuser Yuki, qui plus est, tout ça parce que ce n'est qu'un sale gamin qui s'extasie même pour les choses les plus insignifiantes. Pensif, je fais un effort pour m'extirper de mes songes et retourner admirer cette enveloppe que j'affectionne tant. Il a un gros sourire d'esquissé sur les lèvres, et je ne peux m'empêcher d'arquer un sourcil en le voyant aussi heureux. Ça me perturbe un peu, je n'ai pas l'habitude d'être imprégné d'une telle atmosphère, joyeuse et joueuse, enfantine et jusque-là si anodine. Je ne sais pas trop comment je dois réagir, ce que je dois faire et quelle émotion retranscrire sur mon visage; là, juste sous mon ombre, Yuki a l'air sincèrement heureux, sincèrement porté par ce sentiment que l'on appelle la joie, alors je ne sais pas. Mais quelque part, je veux quand-même pas briser ça, je veux pas faire de connerie et redevenir le connard sans cervelle que j'ai l'habitude d'être, parfois par inadvertance, parfois par simple envie passagère; non, moi je veux continuer d'avoir cette vision de Yukihiro, un peu plus longtemps ─ au moins juste pour aujourd'hui, juste pour la fin. 



Yuki a l'air d'apprécier la neige ─ moi aussi, je l'aime, cette poudre blanche; un peu plus d'une autre façon, cela dit. L'air est devenu plus froid que tout à l'heure, et pourtant j'ai toujours ma main entrelacée dans celle de Yuki : on a froid, on crève de froid, même, et malgré ça rien ne nous arrête, rien ne nous donne l'idée de tout cesser, de briser ce moment, de faire éclater la bulle dans laquelle nous sommes inconsciemment plongés. Quand je le regarde, j'ai l'impression qu'une bonne partie de mes maux s'éloigne, que mon cœur est agréablement réchauffé et qu'il est d'ores et déjà mieux pansé. Je n'ai aucune idée de ce que ça signifie, j'ai beaucoup de mal à déchiffrer ceci et cela en ce qui concerne les relations humaines et tout ce bordel dont je me passerais bien, maintenant ─ mais quelque part, je suis addict à ce petit homme, à ce petit ange de neige, à ce petit con. Je peux pas non plus retourner en arrière, il faut croire, même si je sais que cette fois, ça portera préjudice non pas seulement à moi, mais aussi à Yuki. Et croyez-moi, je m'en veux, d'être aussi ingrat, d'être aussi timbré, à un point que j'ignore un peu tout et quelle est la bonne solution.

Je défais ma main de la sienne, désireux d'entreprendre quelque chose d'autre, quelque chose qui semble s'allumer dans le reflet de mes yeux. À demi-tremblant, avec mon souffle définitivement froid et vaporeux, je viens de nouveau passer ma main dans ses cheveux, histoire de chasser en douceur les flocons qui s'y sont immiscés. Autour de nous la tempête de flocons commence à recouvrir le sol de sable de la plage, pour tenter de former un tapis, une étendue plus blanche que le remous des vagues, plus blanche que la chair de mon enveloppe; plus blanche qu'un petit sachet immaculé. Ils bruissent légèrement et murmurent près de mes oreilles, j'ai l'impression qu'ils soufflent quelque chose mais que leurs voix minuscules sont aussitôt emportées par le vent. Bientôt, ils parsèment nos cheveux, recouvrent lentement mais sûrement les grains de sable que le sol revêt, et rendent le ciel argenté, presque gris. Moi aussi, je suis gris : mes cheveux, mes rêves et ma fumée le sont, et Yuki, lui, il est coloré : il est le tableau où l'inspiration fuse, où les couleurs se déchaînent et semblent même se disputer. Je veux qu'il continue d'être coloré, autant pour lui-même que pour moi, et je laisserais personne empêcher ça.

« T'aimes la neige, Yuki ? » Je lui demande, juste comme ça : c'est une question posée au hasard, un peu inutile, mais j'ai le besoin étrange qu'il me donne une réponse, qu'il me dise qu'il aime ça, qu'il adore ça. Je voudrais au moins savoir ça de Yuki, aussi con et stupide cela puisse paraître. Mes doigts s'appliquent à déloger la neige qui s'infiltre dans sa chevelure d'ébène, et qui tranche nettement avec cette noirceur : parfois, ils s'arrêtent pour masser distraitement et malhabilement son cuir chevelu, et toutes ces mèches soyeuses que je voudrais respirer pour en deviner le parfum. Ça aussi, je ne m'en lasse pas, et je le ferais jusqu'à ce que ça agace Yuki.

Progressivement, sous mes yeux attentifs et perforants, je peux voir la neige venir mourir sur le sol et accessoirement sur le visage de Yuki : ça me fait un peu penser à mon interprétation de tout à l'heure, à ce rôle-là qu'est la vie et son déclin. La neige l'exécute à merveille : elle vient du ciel, et elle meurt une fois la Terre atteinte, comme si ce n'était qu'un script, une pièce de théâtre apprise par cœur. C'est une immonde vérité, c'est tout à fait juste; c'est pas si mal, et je pourrais même en rire, si Yuki n'était pas autant en train de me plaire, là, tout de suite. Je peste un peu, ma langue claquant sensiblement contre mon palais. Les flocons qui s'écrasent contre le doux visage de Yuki m'hypnotiseraient presque : ils foulent son faciès translucides à cause du froid et fondent l'instant d'après, venant répandre ici et là d'infimes petites flaques d'eau liquide. Doucement, je m'approche mieux de lui, de sorte à retrouver ma respiration bêtement mêlée à la sienne, puis mes doigts suivent le mouvement et s'invitent à la hauteur de son visage. Sans lui demander son avis, je fais une chose complètement débile, qui est loin de me ressembler et que je n'aurais jamais pensé refaire, en l'espace de ces dernières années; un instant, et me voilà à approcher mes mains pour masser la naissance de ses mâchoires, le temps d'une caresse irréelle, fantomatique. En fonction de l'endroit où les flocons viennent taquiner sa peau pour ensuite se transformer, je choisis là où je vais venir l'effleurer et le caresser : d'abord la courbe délicate de son nez, où je recueille du bout des doigts le liquide glacé, neigeux. Et puis bordel, je sais pas ce que je fais, ni comment on en est arrivés là, mais c'est suffisamment con pour que ça puisse m'arracher un sourire en coin; et même moi, je réalise pas ça. Presque aussitôt, je fais dévaler mes doigts le long de sa joue, comme si son visage me fascinait et que je pouvais vivre en ne faisant que ça : caresser son faciès, me perdre dans la pâleur équilibrée de sa peau et les courbes imparfaites de son menton, qui le rendent justement... putain d'adorable, tout ce que je peux pas dire avec de simples mots. Mes mains à moi sont sans doute rugueuses et sèches, mais sa peau à lui est douce, et dénuée d'imperfections ou de malfaçons; c'est toujours un plaisir addictif de venir caresser son visage, comme ça, quand je me sens bien et de bonne humeur, quand j'en ai envie et que tout me semble un peu loin. Je le surplombe, à demi à califourchon sur lui, mes mains fichées de chaque côté de ses épaules. L'envie de souffler contre ses lèvres me titille; je suis taquin, c'est comme si on m'avait effacé une partie de ma vie, comme si on venait de gommer mon irritation de ce matin. Plus rien n'existe, il n'y a que lui et moi, je forme une bulle avec lui et je ne veux pas qu'il s'enfuit, je ne veux pas qu'il arrive quelque chose, qu'il ne cesse de respirer alors qu'il est là, juste en dessous de moi, les yeux clos et le semblant d'un mince sourire qui taillade ses lèvres que je regarde d'un air absent.

Mes doigts recueillent les cendres humides des flocons sur son visage, tantôt sur sa tempe, tantôt sur ses pommettes, et même un peu plus en hauteur de son menton. Je m'amuse un peu tout seul, j'ai à mon tour l'air d'un gamin, mais c'est une pulsion comme une autre qui me prouve encore une fois que j'ai ce truc, là, emprisonné dans ma poitrine, totalement scellé à l'intérieur, qui tressaille de temps à autre dans des secousses irrégulières, qui me font presque mal. Tout ça c'est à cause de Yuki, et je le foudroie du regard : c'est lui, qui va engendrer ma mort. Un coin de mes lèvres se rehausse, alors que je cesse tout à coup le ballet de mes doigts sur son joli visage. Je passe ma langue sur mes lèvres, j'ai l'impression qu'elles finiront complètement gelées si je ne fais rien pour elles, alors je me sauve, rien qu'un peu. D'une voix presque secrète, sibylline, comme si je confiais un mystère à Yuki, j'assemble ensuite le peu de mots qu'il me reste pour lui ordonner quelque chose, lui ordonner de laisser l'obscurité s'emparer de son monde. « Tu devrais fermer les yeux. » Et ça, ce n'est pas vraiment un ordre à proprement parler, mais l'idée est bien-là : autant je lui conseille de clore ses paupières, comme pour l'inciter à se laisser aller, à fermer les yeux sur la folle idée qui me passe par la tête; autant je lui impose de le faire, de s'exécuter. Sans trop attendre, il m'obéit; parce que c'est Yuki, parce que je sais que quoi que je dise et quoi que je fasse, il dira toujours oui ou OK ─ et, c'est sans doute ça qui construit mes arguments, comme quoi je suis un potentiel danger pour lui, une espèce de salaud qui ferait n'importe quoi avec son existence. Mais c'est comme ça, et c'est infaillible de toute façon.

Puis, fatigué de penser et de réfléchir à des choses qui me prennent la tête, je sais vraiment pas ce qui me prend; je sais pas ce que je fous, ni ce qui va pas chez moi pour que je sois aussi attardé, aussi dérangé et... et passionné. De toute façon, j'ai même plus envie de me poser la question, je trouve jamais de réponse, du coup j'y songe pas vraiment, parce que même si je sais ce que je fais, j'ai le sentiment que ça ne sera pas aussi grave qu'autre chose. Alors, avec l'esprit complètement ravagé, et toutes mes réflexions éloignées dans un endroit reculé de mon essence, je me penche vers Yuki ─ et juste ainsi, je lui vole un souffle.
 



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robb stark
Suoh Yukihiro» I ❤ Nishinaka
Suoh Yukihiro
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Dim 29 Nov - 18:31
     




It’s too beautiful, so I’m afraid •••



Cette journée qui a débuté si tristement prend soudain une tournure que je n’envisageais pas. Il a un effet tellement apaisant sur moi, je pourrais passer ma vie comme ça, même dans le froid, sous le vent, du moment qu’il continue à me regarder comme ça, à me couvrir de son attention. Qu’il m’autorise à admirer la pâleur de son visage, la profondeur monochromatique de ses iris insondables. J’abandonne toute ma frustration précédente. Pour cette fois, et pour toutes celles où nous sommes ensemble comme ça, j’ai gagné contre la drogue, c’est moi qu’il a choisi. Je n’ai qu’à être avec lui le plus souvent possible et mes victoires seront toujours plus nombreuses. Je lui souris, dévoilant mes dents un peu trop longues.

Autour de nous, la neige se fait plus drue. Je ne sais plus vraiment quoi admirer, entre le visage impassible de celui qui me surplombe ou les milliers de flocons qui envahissent l’espace, happés par la mer et recouvrant peu à peu le sable autour de nous. Certains s’accrochent à la douce chevelure peroxydée de Haku, se mêlant à leur pâleur. J’aime la neige, j’aime tant la neige. Elle impose le silence et le calme, allant jusqu’à intimer à l’océan de baisser d’un ton. Elle contrôle tout, se fait désirer, paralyse les villes. J’ai peut-être l’air idiot à m’extasier devant cet insignifiant spectacle, mais je suis avec Haku alors je n’ai pas honte, je peux exprimer mon émerveillement sans complexe. Comment sommes nous passé du deuil à la joie franche et ingénue en seulement quelques minutes ? Pourquoi je me sens si bien contre lui, seulement lui ? Ma relation avec ce punk immaculé est différente de toutes celles que j’ai connu jusque là. Ren serait-il satisfait de me voir ainsi fréquenter ce type qu’il hébergeait de temps à autre à l’époque ? Je ne sais pas vraiment ce que mon frère pensait de lui, je dois bien avouer qu’il m’énervait du temps où mon ainé était encore en vie. Sa manière de profiter des gens, de rester sans complexe sur le canapé à écouter des conversations qui ne le concernaient pas. Pourtant à la mort de Ren, c’est lui qui m’a ouvert ses bras pour y pleurer. Alors oui il est spécial, c’est un gentil con, même si je ne l’ai pas réalisé tout de suite. C’est lui qui m’a appris qu’être perdu n’est pas un défaut. Moi je ne suis pas perdu, parce que je sais que j’ai quelqu’un qui sera là pour me retrouver.

Ma main dans la sienne est raide, raide et blanche. J’expire lentement, fixant Haku dans les yeux, éperdument. Il finit par libérer ses doigts pour venir les plonger dans l’épaisseur de mes cheveux de jais. Je me laisse faire alors qu’il chasse la glace qui s’y accroche. Les flocons glacent chaque parcelle de peau nue, le froid brûle mon épiderme. La température doit être sacrément basse pour qu’il neige malgré la salinité ambiante. J’avoue que je suis surpris, je ne pensais pas que ça arriverait. J’aime les surprises, surtout les belles. Haku me demande si j’aime la neige, je me contente de hocher positivement la tête, les lèvres entrouvertes alors que mon regard passe de ses yeux aux flocons. Je dois avoir l’air sidéré par un simple caprice de l’hiver, mais il neige peu à Nishinaka. Je sais qu’il a posé la question en sachant la réponse, mais sa voix me fait du bien, je voudrais qu’il continue à la faire résonner pour qu’elle couvre les vagues et le vent.


Quiconque nous observerait de l’extérieur verrait deux paumés étroitement enlacés sur la plage. On est comme dans une bulle, on s’en moque des yeux des gens. Quand je suis avec Haku, je me sens moins embarrassé devant la société. Peut-être qu’avec sa peau diaphane et sa dégaine de mauvais garçon, il attire d’avantage l’attention que moi, je peux me cantonner à n’être qu’une ombre, ça me convient.
Il masse délicatement les cheveux. Le contact agréable me fait frémir de plus belle. J’ai envie de lui rentre la pareille, mais son corps penché sur le mien limite mes mouvements. Je n’ose plus bouger, de peur de faire éclater ce petit univers éphémère qui s’est crée autour de nous. Je pourrais rester ainsi des siècles, pour toujours. Coincé avec lui dans l’éternité. Quitte à se laisser emporter par la mer qui finira par monter jusqu’à nous. Son haleine parfumée par le tabac effleure encore et encore mes narines, me rappelant qu’il est en vie, que la main dans mes mèches n’est pas une chimère. Des flocons viennent s’écraser sur mes joues, mon front, mes paupières. Ils viennent mourir là, fondre sur mes joues rougie par le délicieux embarras que me procure la proximité du garçon. Je ne sais pas vraiment dire si mon cœur bat d’excitation ou de confusion, sans doute des deux, mais une chose est sûre, il hurle pour que ça continue.

Soudain, Haku abandonne mes cheveux et sa main glisse jusqu’à mon menton, puis sur mes joues, sur chaque parcelle de ma peau où un flocon daigne se poser. Il les chasse tous, un à un, comme pour défendre un territoire qui lui est alloué. Du bout de ses doigts chaud, il essuie les petits gouttes gelées, explorant par la même les courbes de mon visage. Il se permet ce que je rêverais de faire sur sa propre figure si attirante. Mes doigts me démangent de venir effleurer la peau satinée de ses pommettes, mais l’allégresse de cet instant me rend béat, incapable d’esquisser le moindre mouvement. Je me contente de respirer un peu plus fort. Lui, il sourit, c’est à peine perceptible, mais ses lèvres sont étirées et son visage plus lumineux qu’il ne l’était plus tôt dans la matinée. Ses joues ont perdu leur teinte grise. Il a gardé sa moue d’indifférence, sans quoi il ne serait plus vraiment Haku, mais son attitude générale est différente, plus rassurante, plus tendre. Il continue son manège, inlasablement sur ma peau anesthésiée. Je me love un peu plus confortablement contre son corps, prisonnier volontaire de son étreinte. Je ne peux pas m’empêcher de le dévisager tandis qu’il s’amuse à redessiner les contours de ma face, comme un gamin pétrie d’envie de commencer à s’amuser avec un nouveau jouet.

« Tu devrais fermer les yeux. »

Je sursaute, surpris par sa voix qui s’élève, claire, incitante, rassurante. Je ne peux qu’obéir. Mes paupières se rejoignent et je plonge dans l’obscurité sans me poser la moindre question. Je reste dans le noir, plus sensible encore aux caresses sur mes joues et au froid qui saisit mon corps tout entier. Pourquoi ne dois-je pas regarder ? Comme rien ne se passe, je me demande s’il ne veut pas simplement allumer une cigarette ou quelque chose dans ce genre. Mais il ne bouge pas pour saisir son briquet. Je n’entends pas le silex métallique crisser sous ses doigts. La respiration soudain plus lente, je lutte pour garder mes paupières closes, attirée par l’envie de revoir le visage de Haku et la neige qui continue de couvrir la plage déserte. Fébrile, je sens simplement son regarde planté sur moi, qui picote ma peau aussi sûrement que le gel. Je dois me forcer à me calmer un peu, mais la cécité m’agite, je veux le voir, je veux savoir ce qu’il fait, pourquoi il me prive de sa vision. La réponse finit par s’imposer. Elle s’imprime littéralement dans mon épiderme. Mon corps entier se soulève dans un soubresaut de stupéfaction quand un souffle tiède vient glisser sur le bas de mon visage, plus près, toujours plus près, jusqu’à ce qu’inéluctablement, des lèvres, gercées et pourtant terriblement chaude et douce viennent rencontrer les miennes sans demander hésitation.

Le contact est bref, mais il suffit à me couper le souffle. Ebahi, je rouvre les yeux alors que le visage de Haku s’éloigne du mien. Mon cœur cogne, cogne inlassablement contre ma poitrine, plus douloureux que jamais. Hébété, je dévisage le garçon au dessus de moi, la bouche tremblante, les joues soudain bouillantes. Mon corps semble s’être embrasé tout à coup, et une brume neigeuse s’est immiscée dans mon esprit. Je ne vois plus Haku, mes yeux ne voient plus grand chose en fait, je reste pantelant, comme assommé par le baiser inattendu. Qui suis-je ? Où suis-je ? Pourquoi ? Pourquoi a-t-il fait ça ? Est-ce qu’il s’amuse, est-ce qu’il joue ? Personne ne m’avait encore touché ainsi. Je ne sais pas ce que je dois dire, ce que je dois faire, je ne sais pas si je dois le regarder ou fuir son regard, m’offusquer ou le remercier. Raide et crispé entre ses bras fichés dans le sable, je me sens soudain comme un gosse qui vient de faire une connerie, pris au piège. J’ai peur de réagir, peur de mal interpréter, de mal répondre, qu’il soit vexé, qu’il se moque. Je me mets à prier pour qu’il m’explique, mais il n’ajoute rien, il est juste penché sur moi, et je suis sûr qu’il entend mon cœur tambouriner.

Après un instant qui semble durer des heures, j’échappe à ma torpeur, reprend un peu mes esprits. Le froid m’enveloppe à nouveau tandis que je me calme. J’expire longuement, replongeant instantanément dans les yeux gris de celui qui vient d’agiter mon cœur si fort. Je suis perdu, sonné, comme s’il venait de me frapper, mais ce n’est pas le cas, alors quoi ? Pourquoi je tremble plus fort d’un coup ? Je viens d’être embrassé par un autre garçon, par Haku, et la seule chose qu’il me surprend c’est qu’il ai agit de la sorte. Que lui, le camé indifférent, puisse avoir de son plein gré, prémédité de m’embrassé et soit passé à l’acte. J’ai envie de vérifier qu’il n’a pas perdu l’esprit, j’ai envie de m’assurer que je n’ai pas rêvé. J’ai envie de sentir la tiédeur délicate de ses lèvres roses et de sentir à nouveau l’odeur enivrante de sa peau. Timidement, mes mains longent ses bras, glissent sur ses omoplates pour venir se nicher sous la laine de son écharpe, agrippant à nouveau son cou pour m’assurer qu’il ne s’enfuira toujours pas. Je tremble, je tremble d’avance devant ce que je vais oser faire, j’ai peur tout à coup, qu’il me repousse, qu’il me dise que ça n’était qu’une blague, pire, que j’ai rêvé, que le froid m’a fait délirer. Je retiens ma respiration et tend le cou au maximum pour aller à la rencontre de ses lèvres que je veux goûter encore une fois, pour m’assurer qu’elles sont réelles.

Kuronuma Haku» I ❤ Nishinaka
Kuronuma Haku
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How I feel : « J'aime son humanité, plus que tout : j'aime la finesse de ses traits, son parfum simple et l'idée que celui-ci imprègne mes vêtements. Son désir de ne pas m'enfoncer la tête sous l'eau, plus qu'elle ne l'est déjà, et ses grands yeux noirs, dardés d'innocence qui m'arrachent des mémoires ensevelies, aussi douloureuses que flatteuses. La façon dont il hausse timidement le ton, aussi, comme s'il craignait de m'intimider. La possessivité inexplicable qu'il a à mon égard, et surtout la sensation des lignes de sa main qui se marient aux miennes, parfois. Juste comme ça, juste nous deux, comme il ne faudrait pas. »
...

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Dim 29 Nov - 23:50
     




don't be trapped in someone else's dream




Pourquoi je fais ça ? Pourquoi là, maintenant, je suis en train de lui voler ses lèvres rien qu'avec les miennes, et pourquoi je le prive de sa liberté, de rien qu'un peu de son innocence que j'aime tant ? Je devrais pas, je devrais absolument pas faire ça, je suis rien qu'un con, ah, oui, putain, mais j'aime trop ça. Là, sur le coup, je sais pas ce qui me prend, mais j'abandonne totalement, je cherche plus à me battre ou à faire quoi que ce soit contre le destin : je me laisse aller, un peu comme quand je cède à l'appel de la drogue; et là, c'est exactement ce qui est en train de se passer, exactement ce que je suis en train de faire. Je me shoote encore une fois, encore un coup, à l'enivrante et délicieuse sensation des lèvres de Yuki contre les miennes : je les capture, juste comme ça, presque chastement, et puis moi aussi je ferme les yeux. J'ai pas envie de trop m'attarder, j'ai envie qu'il sente que je suis sincère, que je sais carrément pas ce que je fous mais que j'ai envie de le faire, et que même ma raison, même mes pensées envers Yuki ne peuvent et ne pourront sans doute pas m'empêcher de faire ça. Notre échange presque timide est éphémère, il ne dure pas longtemps ─ il ne m'a pas répondu, il n'a rien esquissé de plus, et ma conscience lui dit merci, merci de ne pas faire l'idiot comme moi, merci de me laisser engendrer cette connerie tout seul et de ne pas porter sur tes épaules le poids des responsabilités qui me reviennent. Doucement, j'écarte mon visage du sien, et je m'arrête à une distance qui ne vaut guère mieux que ce que l'on vient d'accomplir ─ que ce que je viens d'accomplir. Son souffle est mêlé au mien, il me chatouille les lèvres tout à coup devenues brûlantes, et mes yeux se rouvrent lentement sur son visage paisible, à moitié somnolent de par ses paupières closes, tendrement frangées.

Tout de suite j'ai juste froid, je crève à cause de la température ambiante et je suis dans un état pas possible, mais tout ce dont j'ai envie m'empêche de flancher, d'aller me noyer dans la mer, plus loin, qui s'est faite silencieuse et qui a fini par la fermer. Là, j'ai envie de ne voir plus que lui et moi, j'ai envie d'effacer tout ce qui nous entoure. J'veux avoir l'impression qu'à ce moment tout s'arrête autour de nous, que je suis le seul qui puisse être dans ses pensées, maintenant; parce que moi, je ne pense qu'à lui : il est le seul qui occupe mes songes, le seul qui puisse être capable d'éloigner n'importe quoi, rien que pour prendre la première place, rien que pour me soûler et teinter mon cœur monochrome de douloureux hématomes. Cette sensation me brûle, elle me taquine, elle me fait me sentir vivant et me prouve sincèrement que je suis vraiment le dernier des saints. Et Yuki, ce petit homme dont j'aime les lèvres, la proximité et le parfum, il m'agace autant qu'il me tranquillise : ouais, j'aime assez ça ─ et si j'étais définitivement fou, je retournerais fondre sur sa putain de bouche, pour lui transmettre un peu de ma respiration saccadée, désespérée, enflammée, qui ne fait que chercher sa jumelle.

Mes mèches retombent prestement devant mes yeux, et mon regard plonge aussitôt dans ces orbes noires qui se rouvrent après une fine hébétude, un truc que Yuki semble avoir apprécié. Je m'efforce de garder les lignes de mon visage impénétrables, et je l'admire dans le plus grand des silences soupirer, expirer tout le poids que j'ai posé sur son cœur et que j'ai fini par reprendre pour moi. Pour le moment plus rien n'existe; ni la neige qui floconne autour de nous, ni la mer secouée par les vagues, rythmées selon la cadence de mon cœur détraqué, ni même des tas de noms qui reviennent en écho pendant des heures et des heures, dans ma tête et dans mon esprit, en temps normal. Là, je suis perdu, je suis en train de plonger, de sombrer au beau milieu de nul part, et j'ai beau savoir que je devrais nager et faire quelque chose pour me sauver, je ne fais tout de même rien pour remonter à la surface; comme si j'attendais de toucher le fond, même si en réalité ─ ouais, en réalité, c'est pas vraiment ce que je désire. Mais alors du coup, c'est donc ça, le désespoir ? Putain de désespoir, ce truc carrément incompréhensible qui me dérobe mes pensées et ma raison ? Je sais pas, je m'en moque, je veux faire de cet instant-là un autre souvenir, un souvenir plus heureux, qui remplacerait tous les autres trop douloureux et trop, juste trop à supporter; même si comme à leurs habitudes, ils continueront sûrement à l'être.

Je capte ses yeux qui en disent long, si long que je ne suis pas sûr de pouvoir tout y déchiffrer. Je sais que je l'ai choqué, qu'il ne s'attendait pas à ça, quand je lui ai dit de fermer les yeux, et qu'il se sent sans doute trahi. Moi j'ai apprécié faire ça, j'ai vraiment kiffé cette fusion entre lui et moi ─ et je devine, en détaillant sa mine à moitié béate, que lui aussi il a aimé ce contact intime, trop intime; je sais pas s'il regrette, ni s'il m'en veut de lui avoir fait ça, parce qu'il pourrait très bien penser que j'ai abusé, que j'ai franchi un stade et que je n'aurais pas du faire ça. Je sais que j'aurais pas du faire ça, je sais que c'était complètement irréfléchi et que je risque de provoquer des tas et des tas de conneries si je continue, mais je ne peux pas m'en empêcher. J'ai toujours fait des conneries, dans ma vie ─ mais pour cette fois, j'essaierai de préserver au moins un peu Yuki, de le prévenir et de l'avertir de ne pas trop m'approcher, parfois. Il en va de sa sécurité, de sa pureté que je voudrais protéger, à m'en calciner les mains et le cœur, à m'en défoncer la gueule s'il le faut, et puis à en perdre le sommeil, sans doute.



Mais je suis ivre de lui, complètement drogué à Yuki, à sa peau, à ses lèvres que je viens tout juste de découvrir et que j'ai envie d'explorer encore mieux que ça. Il est mon vice, l'essence qui attire la mienne, le gamin que j'ai découvert juste comme ça, par l'intermédiaire d'un frère, d'un mec profondément enterré sous terre désormais, et juste bordel, parce que j'aurais jamais pensé qu'il me rendrait accro comme ça. Parfois y a des trucs, chez moi, que j'arrive pas encore à discerner correctement, et je me l'explique pas; jamais. Yuki donne envie à mes lèvres de sourire, de se rehausser, de venir flatter les siennes, si douces et si étranges contre les miennes. Il me donne envie d'essayer des choses, il rend ma misère moins pénible, mon fardeau moins pesant. Et rien que pour ça, je voudrais lui dire merci, mais ce serait absurde : juste absurde, parce que les mots ne suffisent pas, et que je me suis promis de pas faire le vulgaire connard.

Alors je suis enveloppé, dans ce sentiment bizarre, cette impression d'être unique, seul au monde, avec mon esprit lavé de toute mémoire, de tout mal-être qui n'aura jamais fini de me gaver. Maintenant, je suis là, avec Yuki qui me regarde, qui m'arrache un peu plus le cœur de félicité. J'ai les jambes engourdies, j'ai l'impression que des fourmis me grimpent dessus, s'immiscent sous ma peau et dans ma chair, et que je perds l'équilibre alors que Yuki noue ses bras autour de mon cou, fait glisser ses doigts sur l'épiderme de ma nuque et approche son visage argenté et rougi par le froid près du mien. Je ne sais pas ce qu'il se passe, j'ai envie d'écarquiller les yeux mais rien ne se produit : j'ai envie de lui hurler d'arrêter, de ne pas faire ce qu'il va faire et de lui dire « putain, commence pas, me lance pas et approfondis pas la connerie que j'ai crée », mais cette fois je suis impuissant et j'arrive tout simplement pas à mentir, à dire que sur le coup j'en ai pas envie; parce que je le veux tout contre moi, je veux qu'on s'abandonne l'un à l'autre et que la seule chose qui existe soit lui et moi. Je veux que cette délicieuse sensation emplisse mes sens, que ces petits fragments de bonheur auxquels je n'ai pas touché depuis si longtemps me narguent et finissent par me bercer dans une putain d'intuition ─ une double réalité, une sensation de dépersonnalisation totale qui au final me paraît être idyllique, sacrément bonne, incessante. Je plonge dans l'addiction, dans ma dépendance; avec Yuki qui, là, semble se jeter sur moi, alors qu'il tremble et que j'ai envie de le réchauffer, pour mieux l'inciter à faire cette erreur qu'il commet ─ que nous commettons ensemble.

Et puis je le regarde, sans m'arrêter : j'ai l'impression d'avoir le regard fou, de perdre tous mes repères rien qu'en le voyant me fixer comme ça. Sans trop comprendre, sans trop attendre que quelque chose nous sauve ou bien ne nous ôte la vie, je le vois s'approcher et se pencher avec gourmandise vers moi, pour venir s'emparer de mes lèvres scellées, salées, tandis que les siennes cherchent les miennes, inlassablement. Elles m'ont l'air d'être sucrées sous le joug dévorant que je vis, et c'est un peu la même sensation que je ressens, quand je respire une autre poudre que cette neige envahissante tout autour de nous : c'est comme se prendre une grosse bouffée d'oxygène dans la gueule, un poing dans le ventre qui me fait réaliser que je suis pas juste un corps, que je peux ressentir des choses, des conneries vraiment trop plaisantes pour quelqu'un comme moi. Et putain qu'il est beau Yuki, quand il m'embrasse comme ça, comme s'il oubliait tout, qu'il se désinhibait lui aussi ─ quand ses mains glacées cherchent à agripper la naissance de mon cou et mes racines blondes, éclatantes, et que sa respiration que je devine facilement cherche un endroit où aller, où s'évader. Le parfum de Yuki caresse mes paupières et j'accentue tendrement les mouvements de nos lèvres, comme si tous les deux, on s'y connaissait pas trop et qu'on voulait faire quelque chose, n'importe quoi, du mieux qu'on peut, de la façon la plus naturelle, la plus sincère. Doucement, sans m'en rendre compte ─ parce que j'ai l'impression qu'on me gomme de la réalité, et qu'on m'étouffe avec des senteurs aromatiques ─ j'attire Yuki contre moi et me laisse tomber en arrière, sur le tapis éthéré de la plage, non pas fait de sable mais bel et bien ourlé de neige. Nos souffles se mêlent alors qu'il me surplombe et que je me laisse curieusement faire : tantôt il m'en dérobe un, tantôt je lui en prend un, comme si on se vengeait mutuellement, dans la chaleur désespérée de nos baisers, et qu'on se rendait la pareille de tout ce qu'on a toujours souhaité faire et dire, depuis qu'on a foulé le sol de cette plage. Je me sens fondre contre lui, contre le sol et je frissonne; bordel j'en ai marre, juste marre parce que c'est génial, c'est juste atrocement bon et bien, et j'en perds la raison.

Un instant, je me sépare de lui, mes mains s'étant entrelacées toute seule autour de son cou, et mes paupières se rehaussent pour dévoiler mon regard, empreint d'amusement, et d'appréhension, et d'espérance. Je reprends mon souffle quelques temps, mes yeux dardant ce visage foutrement magnifique au dessus de moi. J'ai presque envie de rire, mais c'est un sourire taquin qui orne mes lèvres rougies, alors que je sens dans mon dos la fraîcheur du sol glacé; honnêtement, j'ai tellement chaud que je m'en fous, de ce petit détail. Mes lèvres s'entrouvrent, alors que l'incompréhension s'est emparée de moi.

« Bordel Yuki... Je suis rien qu'un enfoiré. » Un spasme m'agite, parce que cette sensation ne m'a toujours pas quittée. Je me sens fébrile, j'ai l'impression de pas être moi-même, et j'oublie presque que tout ça, on n'est même pas censés le faire. « J'sais pas ce qu'on fout, j'en sais rien même, mais j'aime bien. » Je lui confie, tout près de ses lèvres. Mes sourcils se froncent légèrement, alors que je peux presque percevoir les battements de son cœur. Il cogne vraiment trop vite, est-ce que je vais le tuer ? Mes doigts se resserrent un peu plus sur leur prise, inconsciemment. « Tu le sais toi, petit homme ? » Et cette fois, je me surprends à ne pas vouloir le traiter de sale gosse ─ et oh, bien sûr que si : c'en est un, un vrai.
 



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robb stark
Suoh Yukihiro» I ❤ Nishinaka
Suoh Yukihiro
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Lun 30 Nov - 1:27
     




It’s too beautiful, so I’m afraid •••



Et s’il me repousse, et s’il se met en colère, et s’il ne veut pas. C’était peut-être un accident, un coup de folie, un acte malheureux et indésirable. Je ne devrais pas en rajouter, je ferais mieux de demander avant. Mais j’ai envie, j’ai envie moi aussi de le surprendre, de sentir son visage plus près, encore plus près du mien, jusqu’à ce que nos souffles réchauffent nos joues et que notre front se collent l’un contre l’autre. Moi je veux goûter encore à ses lèvres, plus longtemps, accueillir sa peau douce et rosée sur la mienne. J’ai froid, si froid malgré sa chaleur qui irradie, malgré le feu qui embrase mes joues à chaque millimètre que je lui dérobe pour venir m’approcher encore et encore de lui. Quand enfin j’atteins l’objet de mes convoitises, mon corps s’électrifie. Un long frisson longe ma colonne vertébrale quand la sécheresse de mes croissants rougit et abîmés par le gel viennent enfin rencontrer leurs semblables pour la deuxième fois.

Qu’est ce qu’il m’arrive ? Pourquoi je fais ça ? Pourquoi j’aime ça ? Ce genre de proximité n’est-t-elle pas réservée à une certaine classe de gens ? Les gens qui s’aiment ? Est-ce que j’aime Haku alors ? La réponse me semble évidente, pourtant la question s’impose dans mon esprit comme s’il était absolument nécessaire que je me la pose. Il est important pour moi. Plus qu’important même, indispensable. S’il part, je ne suis plus rien, tout juste bon à aller rejoindre Ren je suppose. Encore que je ne suis même pas sûr d’avoir le courage – si on peut appeler ça comme tel – de me jeter du haut d’un immeuble en sachant pertinemment que je ne peux pas voler. Je me laisserais juste vivre jusqu'à en crever, voilà, parce que ma vie sans Haku c’est une asphyxie quotidienne. Il est mon oxygène, c’est grâce à lui que j’avance encore, en me retournant de moins en moins vers le passé. C’est grâce à lui que je fixe l’avenir avec un peu plus d’optimisme, même si mes cicatrices font que j’ai encore peur de me faire mal, que j’ai peur de le perdre lui aussi. Est-ce que je suis amoureux de Haku ?

Je crois bien que oui.

Devrais-je lui dire ? Je n’ai pas de mot pour ça. Juste mes lèvres collées contre les siennes. Est-ce qu’il comprendra alors ? Est-ce qu’un tel baiser signifie la même chose pour lui ? Ce genre de geste a généralement une signification universelle, mais Haku est si indifférent et impénétrable que j’ai l’impression parfois que les signaux les plus basiques de la communication humaine lui échappent.  

Ses lèvres ont un goût salé, un peu fumé. Elles sont tièdes et agréables, fines et enivrantes. Je les caresse, les relâche, reviens encore une fois, inlassablement, et Haku l’accepte, il ne rechigne pas. Un vague soulagement me saisit et je m’abandonne totalement à ce baiser. Mes yeux se ferment à nouveau, comme pour retrouver la sensation de la première fois, aussi un peu parce que j’ai du mal à la garder ouvert quand tant d’émotions me submergent de la sorte, et cherchent à déborder. Je resserre mes doigts raides autour de sa nuque, cherchant la chaleur sous son écharpe élimée, désolé de lui infliger le contact gelé de ma peau. J’y rencontre quelques mèches soyeuses que j’enroule autour de mes phalanges. On respire tout les deux bruyamment, soufflant par les narines pour ne jamais rompre le contact. On a l’air con, je me sens maladroit. Je n’avais jamais embrassé personne avant. Je l’ai peut-être imaginé, parce qu’il y avait bien cette fille dont j’étais amoureux par le passé. Une très belle fille, gentille et polie, qui me parlait parfois et devant qui je me perdais en bafouillis. Je l’aimais, je l’adulais, mais jamais je n’ai eu le courage d’aller lui parler. C’est ironique, jamais je n’aurais imaginé échanger mon premier baiser avec un garçon. On ne se connaît jamais vraiment je suppose, mais ciel, c’est mille fois mieux que tout ce que j’ai pu imaginer jusqu’ici. Même si c’est sûrement imparfait, même si je ne sais pas quoi faire, je sens que je dois agir, alors j’effleure tantôt sa bouche avec la mienne, avant de venir presser plus directement mes lèvres aux siennes. Haku aussi est gauche, mais je ne l’ai jamais vu aussi appliqué.

Perdu dans la tendre obscurité de notre échange hasardeux, je me sens attiré vers l’avant pas deux bras vigoureux. Je ressers ma prise à sa nuque pour ne pas être séparé de mon gentil con, ouvrant soudainement les yeux de surprise alors que je me retrouve perché au dessus de Haku, torse contre torse. Je fiche mes genoux dans le sable pour m’assurer de ne pas trop peser sur lui, nouant toujours mes doigts autour de son cou pour maintenir cette délicieuse proximité entre nos visages. Mon dos soudain exposé au froid, je tremble légèrement, rendant mes actions plus fébriles encore. Nos lèvres se rencontrent par intermittence, il se penche pour venir à ma rencontre, puis repart, et je m’en reviens quémander un baiser retour, comme un jeu interminable et infatigable.

C’est lui qui finit par mettre fin à l’échange irréel, et je ne peux m’empêcher de faire une moue déçue, comme un gamin à qui on pique sa sucette à peine entamée. Les lèvres de Haku rendent vite accroc, et tout à coup je ne vois même plus ma vie sans elles. Lui il sourit, il me regarde avec un air amusé qui lui va drôlement bien. J’ai soudain envie de toucher ce visage illuminé, d’imprimer dans ma peau les courbes et les rides qui s’y forment lorsqu’il est heureux pour ne jamais en oublier les contours. Je crois bien que moi aussi je souris, comme un con bienheureux. Il se traite d’enfoiré, et j’ai envie de lui donner raison. C’est un sacré enfoiré de me rendre dingue de lui comme ça, moi le gentil Yukihiro, de faire battre mon cœur à une cadence infernale que même moi je ne peux pas suivre. Il ne sait pas ce qu’on fait, mais il aime ça, et ça me fait plaisir qu’il le dise. Moi aussi j’aime ça, même si c’est pas explicable, je trouve ça juste beau comme ça.

« Tu le sais toi, petit homme ? »

Il aime ajouter « petit » devant tous les noms dont il m’affuble. Ironiquement je suis plus grand que lui, mais ça ne fait rien, parce qu’il ne fait que souligner notre différence d’âge. Je trouve cet adjectif chaleureux, ça me fait plaisir qu’il m’appelle comme ça. En revanche, je ne sais pas répondre à sa question. Une de mes mains s’échapper du creux de sa nuque pour s’aventurer pour la première fois sur sa joue diaphane. Comme je l’espérais, elle est douce et tiède malgré la neige qui recouvre tout sans considération. Je souris encore plus, dévoilant mes dents, plissant légèrement les paupières comme pour mieux étudier mon camarade, et je me penche vers lui, fourrant un instant mon visage gelé dans la chaleur de son cou. J’ai envie de le toucher partout, de connaître son corps par cœur, de retourner à ses lèvres, de lui parler même si j’ai rien à lui dire, de courir, d’évacuer ce trop plein de sentiments indéfinissables qui se pressent pour analyse.

« C’est toi l’adulte, c’est toi qui devrais tout savoir Haku. »

Je ris, soufflant bruyamment sur sa gorge pour le faire frissonner. On a l’air lourdaud avec nos gros manteaux, mais c’est encore la seule chose qui nous tient au chaud, outre la chaleur partagée de nos deux corps. Lentement, je me redresse pour aligner à nouveau mon visage avec le sien, et plonger dans les méandres de ses deux iris, encore une fois, parce que c’est toujours à elles que je reviens. Je ne peux pas m’éloigner trop longtemps de ses yeux là.

« Mais moi aussi, j’aime bien ça, alors ça me suffit. »

Si c’est bon pour toi, alors ça sera toujours bon pour moi. Sans toi, je ne peux pas respirer.  


Kuronuma Haku» I ❤ Nishinaka
Kuronuma Haku
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How I feel : « J'aime son humanité, plus que tout : j'aime la finesse de ses traits, son parfum simple et l'idée que celui-ci imprègne mes vêtements. Son désir de ne pas m'enfoncer la tête sous l'eau, plus qu'elle ne l'est déjà, et ses grands yeux noirs, dardés d'innocence qui m'arrachent des mémoires ensevelies, aussi douloureuses que flatteuses. La façon dont il hausse timidement le ton, aussi, comme s'il craignait de m'intimider. La possessivité inexplicable qu'il a à mon égard, et surtout la sensation des lignes de sa main qui se marient aux miennes, parfois. Juste comme ça, juste nous deux, comme il ne faudrait pas. »
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Messages : 223

Mar 1 Déc - 1:24
     




don't be trapped in someone else's dream




Je ne sais pas trop quoi penser de Yuki. Depuis le début, en fait, je n'ai jamais vraiment su. C'est qu'un sale gosse, un gamin innocent et fragile dont on a privé le frère sans même qu'il n'ait eu le temps de cligner des yeux, une gueule d'ange qui ne me laisse pas indifférent, là maintenant. Un moyen pour moi de fuir quelque part, de trouver du réconfort et de me réfugier dans une espèce de bulle pure, fusionnelle, et pour cette fois loin d'être nocive à ma santé. Tel le détestable faible que j'ai en fait toujours été, je trouve en Yukihiro quelque chose, quelque chose qui me dit que je peux encore vivre, que je peux encore me battre et casser la gueule à tous ceux qui s'interposeront; que je peux courir à en dégobiller mes poumons et mes tripes, et que je peux tenter de tendre les bras à ce qu'on appelle « la vie », la mijaurée, l'infâme traînée que je n'ai pas su dompter, apprivoiser. Ouais je suis le pire du monde, je profite d'un gamin pour apaiser mes peines et mes plaies au cœur, et je ne cherche même pas à relever la signification de tout ce qu'on fait parce que pour moi, c'est limite normal si j'ai envie de lui faire tout ça, si j'ai envie de tout lâcher et de tout mettre de côté. C'est lui, juste lui qui cause ça : c'est la façon dont il me regarde et pose ses yeux sur moi, la façon dont il rougit, quand je lui murmure quelque chose ─ le fait qu'il ne veuille pas réfléchir quand il s'agit de glisser sa main dans la mienne; et puis sa façon de penser et son authenticité qui font de lui un type bien différent, bien divergent de cette société qui m'a étouffé dès ma plus tendre enfance, qui n'a jamais cessé de nourrir ma haine, mon aversion pour le monde et le climat-même de notre civilisation. Yuki il est pas comme ces autres cons, il a quelque chose en plus, des tas de trucs en moins, et mine de rien, il a su partager un peu de ma souffrance. Je m'en fous s'il me comprend ou non, s'il a de l'empathie ou bien s'il s'en fout complètement de ce que j'ai vécu; c'est pas pour ça que je le regarde avec des yeux comme ça, j'en suis sûr. Mais pour moi la réponse reste définitivement vague, et j'arrive pas à mettre la main dessus; bizarrement, je n'en ai aucune envie, et même dans l'ivresse du moment, je parviens à me souvenir que je ne devrais pas aller plus loin avec Yuki. Mais comment résister à la tentation de la drogue, de la source-même de bien-être qui ondule juste là, sous mes yeux ? C'est une des nombreuses réponses que je cherche, encore et toujours, et je ne la trouve pas : quelque part, ça m'énerve, ça me ronge et ça me met en danger ─ et puis autre part, ça fait de moi quelqu'un de temporairement comblé, quelqu'un de vivant pour quelques instants, et tout ça, je ne saurais décrire ce que ça engendre chez moi, sur le coup.

La brise, sillonnée de flocons blancs et incessants, chatouille puis agresse la peau nue de ma gorge et de mes clavicules, presque subitement. Yuki me regarde sans s'arrêter ─ et moi je lui hurle à la fois d'arrêter et de continuer ─ avec cette espèce de moue taquine et capricieuse, qui se transforme bien vite en un sourire éclatant; je ne fais que lui répondre en gardant mon sourire à moi en coin, ma respiration se glissant insensiblement à travers l'espace qu'a crée la barrière de mes lèvres, celles-ci embrasées et satisfaites de par le péché qu'elles viennent de commettre. Je frissonne légèrement, j'ai l'impression qu'une pluie glacée s'infiltre sous mes vêtements et que le vent ne souhaite pas seulement écorcher mes mains et la peau de mes doigts, mais bel et bien mon corps tout entier qui m'a soudainement l'air plus frêle, plus léger et plus simple à supporter : comme si je n'étais qu'une enveloppe, une feuille que le blizzard serait capable d'emporter dans un simple murmure. Tout ça c'est à cause de ces étranges décharges que je viens de recevoir, ces picotements habituels que je ressens lorsque je commence à sombrer et à laisser la réalité derrière moi. Là je crois que je me remets, que j'essaie d'oublier, même si j'y arrive pas, et que je tente de me dire que j'ai vraiment toutes les raisons du monde d'être soulagé, d'avoir cessé notre échange, notre entêtement passionnel ─ et pourtant, bordel, qu'est-ce que j'ai envie de recommencer, de retourner corrompre Yuki sans pour autant le vouloir, dans un coin encore décent de ma tête. Je crois que je suis compliqué.

Je sens ses doigts le long de mon visage, depuis tout à l'heure : je plonge tellement dans mes pensées et dans notre bulle que je me déconnecte quelques instants de la vérité, quelques minutes, assez de temps pour en oublier ces longues phalanges glisser sur la surface lisse et beaucoup trop douce de mon visage. Mon visage ne me convient pas, il est bien trop doux; mon prénom non plus, je n'ai pas l'impression qu'il m'aille comme il le faut, et j'aurais aimé avoir les yeux de Yuki. Je trouve ça tellement mieux pour moi, pour le roi des des salopards que je suis; un truc plus noir que le noir, plus noir que la couleur qu'ont du prendre mes poumons ternis, plus noir que mon âme que je n'arrive pas à rattraper et plus noir que la chevelure de Yuki. Pour dire vrai, je m'en fous du reste : j'aimerais juste avoir ces yeux-là, ouais.



Je ferme les yeux, j'attends ma réponse mais je peux patienter autant de temps qu'il le faudra, parce que là j'ai tout mon temps, là j'ai pas besoin de me presser et de stresser comme un abruti. Je prends toujours mon temps, de toute façon : je fais ce que je veux, je dis ce que je veux, et parfois ça entraîne de lourdes conséquences, qui ne me touchent pas le moins du monde parce que le reste du monde, il ne m'intéresse pas. J'entrouvre les lèvres, j'ai l'air vulnérable, comme ça, tout à Yuki : j'ai toujours mes mains brûlantes de croisées derrière sa nuque, elle aussi devenue tiède sous mes paumes, mais mes jambes sont désormais étendues contre la surface glacée de la neige, et je ne peux m'empêcher de vouloir elles aussi les nouer autour des ses mollets, pour rencontrer du bout de mes doc ses Timberland. Mais je ne le fais pas ─ je peux me contrôler et résister au moins pour ça, parce que le parfum glacé de ce souffle-là, de ce souffle que j'ai tant aimé voler entre mes lèvres, suffit à m'extirper de ma transe et à me faire rouvrir les yeux, pour capturer la vision de sa gorge tout près de mon visage, parce qu'il est penché vers moi et qu'il flatte ma peau de son haleine glacée. Je sais même plus ce qu'on fait là, comme ça, en train de tantôt se regarder avec des yeux incendiés d'un tas d'émotions, toutes plus différentes que les autres, tantôt se rapprocher comme si on ne dictait pas nos propres mouvements, comme si toute notre peine s'était en allée et que nos souvenirs s'étaient dissipés juste pour nous laisser un instant à nous, seulement à nous. Et puis avec nos corps proches, trop proches, et nos souffles qui seraient susceptibles de se frôler d'une minute à l'autre, je ne comprends pas; mais de toute façon j'ai pas envie de chercher trente-six mille raisons à tout ça, parce que je suis accro, parce que c'est toujours plus facile sur le moment et puis c'est tout. Je soupire bruyamment, laissant une fine fumée s'échapper d'entre mes lippes, tandis que Yuki me répond d'une voix à moitié étouffée, son visage qui me rend juste dingue niché dans un coin de mon cou.

« C’est toi l’adulte, c’est toi qui devrais tout savoir Haku. »

Je rigole à ça mais je manque de m'étouffer, mon cœur me secouant car trop peu habitué au genre de sensation que je viens tout juste de ressentir, tandis que la température ambiante joue de sa pression, légèrement douloureuse pour mes organes. Je ris un peu ironiquement, c'est pas un truc que je qualifierais comme d'heureux mais ça m'amuse un peu, ce que me dit Yuki, tout contre ma gorge, d'une voix très plaisante à écouter. Alors même si je suffoque à moitié, je continue de rire doucement avec ce demi-sourire, scotché aux coins des lèvres : bordel oui, je suis un adulte mais je sais rien, je sais absolument rien parce que tout m'échappe, et aussi parce que je rejette un peu tout, la corporation d'une belle bande de connards, les regards perçants des gens quand je vais là ou là, et puis les tortures quotidiennes que je vis et que je m'inflige à moi-même, sans penser au lendemain ou à ce que j'ai bien pu être le jour d'avant. Être adulte en ne sachant rien, c'est pas vraiment un truc dont je pourrais me plaindre, non. Et puis c'est con, mais par exemple je suis adulte, là, alors je peux traiter Yuki de sale gosse autant que je le veux, sans qu'il ne me dise ou ne fasse quoi que ce soit, parce que de toute façon je suis Haku et que lui, il n'est qu'un petit con dont j'ai envie.

J'ai arrêté de m'étouffer comme un attardé, finalement, et mon sourire s'est perdu quelque part, dans la région de mes joues jaunies par le froid. Je vois Yuki se redresser lentement, s'écarter de ma gorge qu'il s'amusait à taquiner de son souffle mutin et venir plonger dans mes yeux presque immédiatement, sans me laisser le temps de faire quoi que ce soit. Je fronce les sourcils, doucement, même imperceptiblement, alors qu'il me regarde droit dans les yeux, que mes bras sont toujours tendus vers le ciel, vers lui, et qu'il ne cesse pas de me donner envie, de m'inciter à faire d'autres bêtises, d'autres trucs qui ne devraient pas se réaliser, mais que je ne peux pas m'empêcher de faire malgré tout ─ malgré ma raison trop peu apprivoisée, trop peu présente, parfois. Il me dit qu'il aime bien ça, ça, ce qu'on vient de faire, soit la chose la plus kiffante que j'ai pu faire en l'espace de ces quelques dernières années, le délit le plus cool et, j'ai du mal à l'accepter, à le dire, mais bel et bien le plus délicieux que j'ai eu à faire jusqu'à aujourd'hui. Et je voudrais recommencer, je voudrais, mais je ne dois pas me lancer ─ je ne dois pas me laisser aller, je dois apprendre à résister, même en sachant pertinemment d'avance que ça ne se fera jamais et que je finirai par sombrer, peu importe quand.

Je pince mes lèvres entre elles un petit instant, et mes yeux se relèvent pour croiser le ciel gris et écumeux : il neige encore, sans relâche, et je devine que ce n'est pas prêt de s'arrêter. Derrière, la mer fredonne en remous et j'en ai oublié sa couleur, à force de m'être concentré sur Yuki : c'est pas grave, je m'en fous d'elle, de ses vagues et de ses mouettes qui ne s'arrêtent jamais de tournoyer, autour du destin. Je préfère les sales gosses, les médicaments, les choses qui me font perdre l'esprit et la tête, un peu comme ce mec dont j'oublie presque le nom rien qu'en retournant le regarder, l'air de rien. Je soupire, et ma langue passe sur mes lèvres durant quelques secondes, comme pour me préparer psychologiquement, ou quelque chose comme ça. Moi aussi je le regarde, je partage le silence avec Yuki et je me noie en lui autant qu'il me dévore de ses grands yeux et de sa présence beaucoup trop nuisible pour mon pauvre mental. Je respire doucement, et puis je raffermis ma prise sur sa nuque saillante, comme pour m'accrocher frugalement à lui, et l'attirer vers moi ─ sauf que là, c'est moi qui me relève lentement, qui abandonne le givre du sable pour m'approcher de Yuki, sentir son parfum titiller mes sens et m'inciter à avancer dans ma connerie. Du bout de mes lèvres, je viens à sa rencontre pour lui voler un baiser brûlant, simple et innocent ─ le temps d'un instant seulement, comme si tout se passait normalement, comme si ça n'était pas vraiment réel et que ça n'existait pas, que ça n'existera jamais. Je veux sentir que c'est bien Yuki que j'ai embrassé tout à l'heure, qui m'a fait vibré comme j'en sais fichtrement rien, que c'est pas ma putain d'imagination hallucinatoire de frustré qui a provoqué tout ça, qui m'a laissé croire que j'avais un espoir venimeux rien que pour moi. Aussitôt, je me retire; je ne lui laisse pas le temps de répondre ou quoi, parce que je ne veux pas qu'il y prenne goût, comme je suis en train de le faire. Là c'est sans doute la dernière fois, si je cède pas et si je ne fais pas le con plus tard : je veux profiter de ça au maximum, profiter du commencement de la fin, parce qu'après je me priverais, limite à en devenir malade. Comme un enfant sans sa friandise, comme un drogué sans sa came, je me sépare de Yuki et laisse mes mains abandonner les parcelles de sa peau, de son cou, pour venir s'étendre de chaque côté de moi sur le sable enneigé, étrange. Je détourne le regard, parce que je ne pense à rien, là. Juste rien, et j'ai l'air offusqué, bordel.

« Excuse. »

Excuse d'avance d'avoir fait tout ça, joli con.



i love you i love you i love you


robb stark
Suoh Yukihiro» I ❤ Nishinaka
Suoh Yukihiro
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Date de naissance : 02/12/1997
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Mar 1 Déc - 19:31
     




It’s too beautiful, so I’m afraid •••



J’aime ça oui, j’aime vraiment ça. Plus que le poulet et le kimchi, plus que le chocolat et les mochi, j’aime le goût de ses lèvres usées par la cigarette et le froid. J’ai envie d’en croquer encore et encore des petits bouts timides, sans m’arrêter, insatiablement, jusqu’à l’overdose. Je veux crever de les avoir trop embrassé, asphyxié par Haku qui me volerait un à un tous mes soupirs. C’est inavouable, et rien que d’y penser, mes joues deviennent plus rouges qu’elle ne l’ont jamais été, mais ces deux croissant rosés, pincés insolemment, combiné au regard poussiéreux de leur propriétaire me retournent le cœur. Les mouettes se moquent de moi, et elles ont raison. Je me conduis comme un gamin gâté, qui veut tout, tout de suite. Je dois bien revenir à la réalité. Je connais Haku. Du moins non, je croyais le connaître jusqu’à ce qu’il décide de m’embrasser. Je Haku que je connais est froid, détaché et à côté de ses pompes en permanence. Le Haku que je connais n’aurais pas fait ça. Tout à coup, je commence à douter de la véritable nature de la substance dont il happait inlassablement les fumées à notre arrivée sur la plage. Dois-je vraiment prendre a sérieux un type shooté les trois quart du temps ?

Pourtant, quand je plonge dans ces pupilles grises, j’ai envie d’y lire de la lucidité. Je m’en veux de douter de lui comme ça, je sais qu’il n’a rien fumé d’autre qu’une cigarette, je l’ai vu de mes yeux. Mais voilà, mon cœur cogne si fort, et mon souffle est soudain si court. Qu’est ce que je suis censé penser exactement ? Mon cerveau s’est déconnecté de la réalité, ne laissant en marche que les fonctions primaires. La vue pour admirer le visage que je surplombe, l’ouïe pour guetter son souffle qui se mêle à l’écho de l’océan. Le toucher pour apprécier sa chaleur sous mes doigts, et le froid qui me saisit le corps. Du reste, je ne sais plus penser, plus réfléchir, la neige avec gelée mon esprit. Les flocons s’accrochent à mes joues, déposant sur mon épiderme une myriade de larmes glacées qui fondent peu à peu en laissant une trainée désagréablement froide jusqu’à mon cou.

Il a ses mains autour de mon cou, de la même manière que je l’agrippais précédemment, sauf que moi je ne fuirais pas, jamais, parce que j’ai nul part où aller, pas d’autres bras pour m’enlacer. Haku a l’air un peu fébrile, voir mal à l’aise. Cette constatation m’alarme. On ne sait jamais ce que pense ce type, il peut changer d’humeur aussi vite que le temps s’est changé en neige. J’entrouvre les lèvres pour lui demander ce qui ne va pas quand ses doigts dans ma nuque se resserrent légèrement, m’attirant vers l’avant. Mon corps glisse sur le sien alors qu’il se hisse à ma hauteur. Je reste suspendu dans le temps, immobile, aussi béat que la première fois, comme si je n’arrivais pas à m’habituer, à concevoir qu’Haku fasse ça de lui même, que ça ne soit pas moi qui le force, qui l’oblige. Ses lèvres effleurent les miennes avec la légèreté d’une aile de papillon. Il m’arrache un nouveau baiser, plus doux, plus chaste que les précédents. Juste suffisant pour me laisser sentir le satin de ses lèvres et la chaleur de son souffle sur mon menton. L’instant semble éternel et à la fois trop éphémère, et aussi vite qu’elles se sont rencontrées dans un empressement mutuel, nos bouches s’écartent, lentement, presque avec regret. Mon menton tremble, mes dents claquent presque, tant je suis fébrile, gelé, abasourdi par les événements des dix dernières minutes. Comment on en est arrivé là ? Je m’en fiche, je veux simplement savoir comment faire pour y retourner, dans cette bulle qui doit bien finir par éclater. Ce dernier baiser avait un goût de der des ders, un peu comme à un gamin à qui on donne un dernier bonbon avant de cacher le paquet hors de sa portée. Je n’ai pas vraiment le cran de protester, je ne tiens pas à en parler à haute voix. Ce sont des choses qui sont terriblement moins embarrassante quand elles se font en silence. De toute façon, rien que la mine sombre et contrariée de Haku me suffit à savoir que je ne dois pas chercher à recommencer, que ses lèvres à présent ne sont plus à moi.

Il lâche sa prise autour de moi et se laisse retomber sur le sol, et s’excuse, sans que je ne comprenne réellement à propos de quoi. J’ai envie de lui répondre qu’il a pas à le faire, que c’est ma faute aussi. Enfin, c’est pas comme si on avait commis un crime, du moins je ne pense pas. Je le regarde un instant encore avant de détacher à mon tour mes mains enfouies dans son écharpe. Avec précaution, je reviens me poster à ma place d’origine, assis à côté de lui. Instinctivement, ma main retourne se nicher dans la sienne. Nous revoilà au point de départ. Il est étendu et fixe le ciel, le regard perdu dans le vague. Je suis redressé, et je contemple la mer qui danse sous les flocons, les happes un par un pour se gonfler de leur nombre. La bulle a éclaté, et je me prend à espérer que je n’ai pas rêvé, pas tout à fait certain que le souvenir des lèvres de Haku sur les miennes ne soit pas qu’un artefact délicieux. Une mouette tournoie au dessus de nous, et au loin, parmi l’écume qui surplombe les vagues, j’ai l’impression assez vague d’apercevoir chatoyer quelques tulipes, luttant contre la monochromie du paysage. Je pense à Ren, à ce qu’il peut bien faire maintenant qu’il n’est plus là, à ce qu’il voit, à ce qu’il ressent, et je me dis que ça ne vaudra jamais ces sentiments qui agitent mon cœur à moi.

« T’as pas à t’excuser. » Je lâche, d’une voix lointaine qui n’est pas vraiment moi. « J’ai connu bien pire tu sais. »

Je soupire, une dernière fois, et me laisse tomber à mon tour dans le sable enneigé. Un instant, je m’agite contre Haku, cherchant une position suffisamment confortable, et finit par trouver un peu de chaleur contre lui, étendu sur le côté, la tête reposant sur mon coude, pour ne regarder que lui. Mes doigts restent emmêlé aux siens. Lentement, mes paupières se lient, et je me laisse aller à somnoler, malgré le froid et la mer mutine qui gronde au loin. Faites simplement qu’à mon réveil, Haku soit toujours là pour me dire que je n’ai pas rêvé.

 
Don't be trapped in someone else's dream; ft. Suoh Yukihiro
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