Sekino Ryûhei ▬ I'm hosting your love

Bien que Ryuhei soit né à Nishinaka, il passa la majorité de son enfance sur l’île de Kyushu, plus précisément dans la ville d’Oita. Ses parents affectionnaient tout particulièrement l’ambiance du sud de l’archipel et décidèrent d’emmener leurs trois fils découvrir les joies de la vie au bord de mer. Il était le plus jeune des trois et avait toujours particulièrement affectionné cette place de choix. En effet, il avait ce statut un peu « privilégié » aux yeux de sa mère qui prenait toujours la peine de le défendre quoi qu’il fasse et souvent, à gronder les aînés à sa place. Dès son plus jeune âge, il apprit à charmer sa génitrice afin de l’amener à se ranger de son côté. Son père n’était pas très présent pour lui, bien plus intéressé par les deux aînés qui étaient, comme lui, plutôt manuel et intéressé par « des trucs d’homme ».

Parce que non, Ryuhei n’a jamais été un cliché de virilité dans son enfance. Il n’aimait pas les petites voitures, jouer à la « guerre », se battre pour le fun ou même les jeux vidéo en tout genre. Cependant, il n’était pas efféminé non plus. Il fut toujours fasciné par le monde de la musique, se passionnant pour de vieux groupes de rock des années soixante et souvent de musiciens actuels. Il supplia rapidement sa mère de lui acheter une guitare, et elle ne mit pas longtemps à céder à ce caprice. Il s’y mit rapidement et parvint à bien apprivoiser cet instrument, finissant par rêver d’être lui-même célèbre dans ce domaine. Quand il y repense désormais, il ne peut s’empêcher de se trouver ridicule. Il était bon, certes, mais il n’avait jamais eu le talent nécessaire afin de passer « professionnel ». D’après son géniteur, la musique était un luxe inutile. Il n’avait jamais supporté de voir son fils cadet rêvasser à ce genre de chose. La vie était dure et les moments de plaisir étaient rares. Ryuhei ne répondait que d’un vague geste de la main lorsqu’on lui disait cela. Si on vit la vie de la façon dont on l’entend, elle ne peut qu’être magnifique, n’est-ce pas ?

C’est en 2002 que sa vie prit un nouveau tournant : le divorce de ses parents. Sans grande surprise, c’est sa mère qui obtint sa garde. Ses frères décidèrent d’eux-mêmes de rester à Oita avec leur père, rendant par la suite des visites occasionnelles à leur mère. Pour Ryuhei, cette année marqua la coupure avec tout lien paternel. Froid et hostile envers Ryuhei quand ce dernier passait quelques jours dans ce qui avait été la maison familiale, il ne tenta pas plusieurs fois l’expérience et décida de ne plus forcer les choses. A quoi bon de toute façon ? Ils ne s’entendaient pas et ne s’entendraient jamais. Deux ans plus tard, Terazawa devint maire de Nishinaka. Il se souvenait de l’expression de joie de sa mère qui lui disait avec enthousiasme que cet homme allait enfin faire quelque chose de bien, que Nishinaka sera reconnu pour ses vraies valeurs. A l’époque, il avait haussé les épaules, n’ayant pas vraiment d’opinion à son sujet. Par la suite, cela ne manqua pas. Il ne déteste pas cet homme, mais au fond de lui, il ne peut s’empêcher de lui en vouloir.

La vie était belle, il n’avait pas à se faire de soucis. C’est ce qu’il aimait se répéter. Jusqu’à cet hiver 2004 où après de nombreux malaise, sa mère se décida à passer une IRM. Le diagnostic fut expéditif : dans son cerveau se trouvait une tumeur de la taille « d’une balle de baseball ». Sa mère lui avait répété les mots du médecin en riant, comme si ce n’était rien. Elle lui avait assuré que ça irait, qu’elle allait s’en sortir et qu’il l’aura sur le dos pendant longtemps encore. Que lorsqu’il se mariera, il devra emménager une chambre pour elle et elle s’occupera de ses enfants. Il pourrait encore répéter les mots qu’elle lui avait dit ce soir-là, entendant avec précision son rire. Mais il savait qu’elle lui mentait. Elle voulait le rassurer. Son état ne fit que s’aggraver, malgré son sourire, ses paroles rassurantes. Ryuhei faisait de son mieux pour ne rien laisser paraître, entrant dans son jeu, parlant de ce future qu’ils vivraient, lui répétant qu’elle était ennuyante à vouloir s’infiltrer de sa vie. Et ils riaient, songeant au fond d’eux qu’ils étaient ridicules. Et elle partit 15 mois plus tard, rompant à tout jamais sa promesse de ne jamais l’abandonner.

Il recroisa ses frères lors de l’enterrement, ainsi que son père. Le dialogue fut bref et ce jour-là, il comprit que désormais, il serait seul. Mais cette idée ne l’effraya pas. Il allait s’y faire. Il serait fort, parce qu’il était ambitieux, il était malin. Il n’avait pas besoin d’un père idiot et de frères attardés dans sa vie. Entrant dans une université de seconde zone à Nishinaka, il suivit un cursus en langue étrangère dans l’espoir de pouvoir dénicher plus tard un emploi qui l’aiderait à parcourir le monde, mais l’évolution de la ville se faisait sentir. Il songea rapidement à s’en aller quand un « « privilège » l’emporta dans le monde inconnu jusqu’à alors des NSA. Il savait qu’ils existaient, il n’avait jamais songé être contraint de les rejoindre. Il haïssait cette idée d’espionnage, de dénoncer les autres, mais il n’avait pas le choix. On lui offrit un poste dans un host club pour travailler « sous couverture ». D’abord réticent, il se surprit à aimer ça. Plaire aux femmes, les séduire, les écouter raconter leurs petits problèmes futiles… Il voit ça comme un jeu, s’invente une autre vie, joue un rôle et adopte une personnalité qui n’est pas la sienne. Il sait qu’il doit être attentif, dénoncer toutes personnes ne filant pas droit. Il le fait, il craint bien trop les représailles, mais Ryuhei ne peut s’empêcher de se demande combien de temps il pourra tenir ainsi.