Une simple recontre professionnelle ?

Soupirer, tourner en rond, me gratter nerveusement la tête. Je ne faisais que ça depuis que mon rédacteur en chef m’avait investi de ce qu’il qualifiait être « une grande mission ». Quelque part c’était flatteur car ça montrait à mes collègues que j’étais meilleur qu’eux car ce n’était pas la première fois que ça arrivait. Ce qui ne m’arrangeait pas vraiment c’était de savoir que j’allais rencontrer un ancien mannequin et surtout une femme !
Le fait que ça soit une femme ne me dérangeait pas en soit. Ce qui me gênait le plus, c’était le fait que je ne savais jamais me comporter en leur présence. Il m’arrivait de perdre tous mes moyens, surtout quand elles étaient mignonnes… Et vu les photos que j’avais vu, Kobayashi Erena n’allait peut-être pas échapper à la règle.

Je quittais mon appartement après avoir soupiré une énième fois et m’être nerveusement gratté l’arrière de la tête. Je détestais ne pas savoir si j’allais avoir le contrôle de la situation ou non. Surtout que cette interview allait aussi me permettre de voir si la jeune femme suivait bien les règles de la ville. Je devais être fort, le travail avant tout !
Une fois dehors, je pris la direction du café où j’avais donné rendez-vous à Erena. Je trouvais que c’était le lieu idéal pour une interview car il y avait trop de monde au journal, et je me voyais mal l’interviewer au bar où elle travaille.

Une fois devant le café, je m’assurai de paraître calme, détendu même si j’étais loin de l’être. Constatant que c'était le cas, je souris avant d'entrer dans le lieu du rendez-vous. J’étais en avance, comme toujours.
Quand je fus installé, je sortis ma tablette, relisant rapidement les informations que j’avais sur Erena et les questions que j’allais lui poser. Au moins, j’étais assuré de savoir quoi lui demander pour mon article, surtout si je perdais me moyens face à elle. Après avoir fini de lire ce que j’avais préparé, j’en profitai pour observer le café. Il n’y avait pas grand monde, beaucoup semblait concentré sur leur portable, d’autres étaient venus entre amis ou en couple. Ces derniers avaient une table éloignée des autres… Un peu comme la mienne en fait… Au moins on serait au calme mais c’était amusant de constater que quand on réservait une table pour un homme et une femme, même pour un rendez-vous professionnel, on pouvait s’attendre à ce qu'elle soit un peu plus éloignée des autres.
Voyant que tout semblait être pour le mieux, je regardai l’heure alors que la porte du café se faisait entendre. Je relevai les yeux et je reconnus la personne que j’attendais et qui avait réussi à me causer tant de tracas alors que je ne l’avais jamais rencontré. Je lui fit un petit signe de la main avant de me lever en la voyant arriver à la table qui nous était attribuée.

« Bonjour, je suis Kanzaki Naoya, le journaliste qui vous a appelé pour l’interview, je dis en m’inclinant légèrement avant de me relever. Merci d’être venu, c’est un plaisir de faire votre connaissance. »

Je lui souris, tout en me rendant compte que je devrais faire preuve de beaucoup de contrôle pour ne pas qu’elle voit à quel point j’étais mal à l’aise.

« Je vous en pris, asseyez-vous. »

J’accompagnai ma proposition d’un geste tout en reprenant ma place. Me répétant que le travail passait avant tout !

Il y a quelques jours de cela, Erena avait été au téléphone avec un journaliste. D'abord très surprise et quelque peu embêtée, elle accepta malgré tout le rendez-vous qu'il lui avait fixé.
Le soir-même, la jeune femme en avait parlé au téléphone avec sa mère. Elle avait rouspété, légèrement, tout en disant à sa génitrice que ça n'allait pas la faire se décider, à savoir si oui ou non elle allait reprendre sa carrière.
Elle trouvait que c'était très bien comme ça. Elle aimait ce qu'elle faisait. Elle aimait être serveuse, et même si pour certains, c'était un sous-métier, elle y prenait beaucoup de plaisir. Et puis, elle était à Nishinaka ! Elle ne servait pas des boissons tous les soirs dans n'importe quelle ville. Nishinaka ! Une ville paradisiaque qu'elle n'envisage même pas de quitter un jour.

Elle s'était donc levée plus tôt que d'habitude. Elle avait besoin de temps pour se préparer, mais surtout pour oublier son stress. Elle prit donc un bain parfumée, plein de mousse et surtout bien chaud pour se mettre les idées au clair. Elle y resta une bonne heure, tentant de se relaxer le plus possible.
Mais seulement voilà, une fois sortie du bain, elle sentait que sa gorge se nouer petit à petit. Ca faisait un petit moment qu'elle n'avait plus vu le regard d'un journaliste posé sur elle. Bizarrement, cette habitude-là, elle l'avait très vite perdue. Elle regarda l'heure : elle avait encore largement le temps d'aller tuer quelques zombies avant de s'habiller. Puis, ça allait certainement la déstresser.

Donc, une autre heure après, et une centaine de zombies en moins, elle retourna dans sa chambre et se changea. Elle enfila un pull imprimé léopard, un jean noir et sa veste en cuir, avant de prendre l'un de ses sacs où elle rangea soigneusement son téléphone et une console portable. Elle partit rapidement mettre ses chaussures, des escarpins ; noirs eux aussi. Elle prit ses clés et quitta son appartement.
Elle commença à marcher et, par réflexe, sortit la console de son sac. Elle pouvait bien encore tuer quelques zombies non ?

Elle arriva enfin devant le café et le regarda durant quelques secondes. Elle ne connaissait pas cet endroit. Du moins, elle n'était jamais rentrée à l'intérieur. Par manque de temps ou d'intérêt, elle ne savait pas vraiment... Elle souffla un bon coup et poussa la porte. Son regard scanna rapidement la salle du regard et s'arrêta enfin sur le jeune homme qui lui faisait un signe de la main. Elle fronça quelque peu les sourcils ; pourquoi Diable fallait-il que cela soit un homme ? Ils n'auraient pas pu lui envoyer une femme non ? Non, bien sûr... Ca devait être fait exprès. Quelqu'un semblait s'acharner sur elle... Ou alors c'était un manque de chance. Elle se dirigea lentement vers la table, et se courba doucement lorsqu'elle arriva à la hauteur du jeune journaliste.

« Ravie de vous rencontrer »

Oh ravie, elle ne l'était pas tant que ça. C'était un homme, et Erena ne les supportait. Mais, professionnalisme oblige, elle ne devait rien montrer et paraître le plus naturel possible. Heureusement, le journaliste était plutôt mignon...
Elle remercia ce dernier et s'assit sur la chaise qu'il lui désignait. Elle examina alors les alentours. Leur table était un peu seule. Seule comme celle de ce couple qu'elle voyait du coin de l’œil. Ce n'était sans doute pas une mauvaise chose, au moins ils pourraient avancer vite sans se faire déranger, surtout qu'il ne semblait pas y avoir foule ici... Elle remarqua alors que sa console était toujours dans sa main. Elle s'excusa rapidement avant d'enfouir l'objet dans son sac.
Elle laissa son regard jauger le jeune journaliste, son visage ne montrait rien, il était plus que neutre.

« Vous avez presque l'air trop jeune pour faire ce métier... », lâcha-t-elle soudainement, l'air suspicieux, avant de rire.

Elle devait habituer le jeune garçon à son honnêteté. Erena n'avait pas sa langue dans sa poche ! Cependant, elle restait toujours polie. Et heureusement. Elle n'aurait pas tenu aussi longtemps dans le mannequinat sinon.

« Je plaisante », rajouta-t-elle enfin, « Si vous êtes là, c'est que vous êtes doué. Donc j'espère pouvoir lire un bel article prochainement », finit-elle en inclinant quelque peu la tête.

Elle sourit au jeune homme, pensant qu'elle se sentirait peut-être plus à l'aise avec une femme en face d'elle. Le métier étant le métier, elle n'avait pas le choix et devait faire avec. Elle allait faire son maximum pour rester naturelle et souriante, tout en répondant avec franchise, veillant à ne pas montrer sa rancœur envers les hommes.
Par contre, elle commençait un peu à avoir soif. Elle quitta des yeux le journaliste et essaya d'attirer l'attention de la serveuse un peu plus loin. Une fois ceci fait, l'employée se dirigea vers eux et elle commanda un chocolat chaud. Elle se tourna à nouveau face à Naoya.

« Qu'est-ce que vous voulez boire ? Je vous invite »

J’essayai de penser à autre chose pour rester calme sans savoir si je paraissais naturel ou non, c'était un peu le cadet de mes soucis. Détaillant discrètement Erena je notai plusieurs points, dans la main elle avait une console récemment sortie et la tenue qu’elle portait était à la pointe de la mode. Pour faire simple, la jeune femme semblait réunir tous les critères demandés par la ville. Cette constatation me fit légèrement sourire, de même que sa remarque à propos de mon âge.
Peu de personnes osaient me dire ça, ce qui montrait la franchise de la jeune femme face à moi. Je n’eus pas le loisir de répondre que, déjà, elle s’excusait tout en me complimentant…
Bon… On reste calme, on ne rougit pas, on respire c’est la clé ! Je réussis ainsi à lui répondre. J’allais finir par paraître mal poli, ce qui n’était pas du tout le cas.

« Il n’y a pas de problème, on me fait souvent la même remarque et je peux vous assurer que l’article que vous lirez sera aussi remarquable que vous. »

Cette phrase pouvait me faire passer pour prétentieux ou séducteur, voir même pour les deux mais c’était plus fort que moi. Je faisais toujours tout pour que mon travail soit aussi parfait que possible. De ce fait, il était souvent complimenté et je prenais cette perfection professionnelle pour acquise.
Lorsque Erena interpella la serveuse et proposa de m’inviter je secouais négativement la tête avant de prendre la parole.

« Je vais prendre un café, s’il vous plait. Par contre, je dis quand la serveuse fut partie, laissez-moi vous inviter. Je n’accepterai votre invitation que si l’article vous convient. »

Cette phrase pouvait signifier beaucoup, mais j’espérais qu’elle ne comprenne pas le sens premier. Malgré les apparences, je n’étais nullement en train d’essayer de la séduire ou autre. De plus, je ne réussirais probablement pas à rester si calme lors d’une rencontre non professionnelle. C’était à peine si j’arrivai à garder en tête que je devais lui poser des questions pour mon article…
Quand la serveuse nous apporta les commandes, je la remerciai puis repris ma tablette une fois qu’elle fut hors de vue. J’avais l’impression qu’elle cherchait les derniers potins en avait première, ce qui me gênait un peu. Des informations pouvaient se revendre très chères, je le savais et je voulais à tout prix éviter ça !
Avant de commencer l’interview je bus une gorgée de café puis regarda Erena. Mince, mince, mince, mince ! C’était une chose à ne pas faire ! J’étais bien parti, j’avais réussi à rester calme et là, je devais faire en sorte de le rester. Respirer m’aida à retrouver mon calme intérieur. Bizarrement, j’arrivais à garder un aspect calme. J’espérai que ma voix ne tremble pas ou autre. Je pris la parole pour cesser mon combat intérieur et, donc, éviter de céder à la panique.

« Vous avez commencé votre carrière de mannequin quand vous étiez jeune, puis vous êtes parties aux Etats-Unis pendant quelques années pour continuer votre carrière. Qu’est-ce que vous avez ressenti en voyant votre succès et pourquoi avoir choisi les Etats-Unis pour une carrière internationale ? Je lui demande, soulagé car ma voix était comme d’habitude. »

Je n’étais pas vraiment porté sur sa famille. Je savais qui était sa mère, j’avais beaucoup entendu parler d’elle. Je le voyais que c’était elle qui avait initié sa fille à ce métier, comme un sixième sens.
Le clavier de ma tablette était prêt, je n’attendais plus que sa réponse pour la taper. Je n’avais pas besoin de dictaphone. Je m’étais longuement entraîner à écrire sur une tablette, je connaissais les touches par cœur. Chose qui, il y a quelques années en arrière, m’aurait semblé invraisemblable.

Un rictus s'étira sur le coin de ses lèvres fines. Un article aussi remarquable qu'elle, hein ? C'était la première fois qu'on lui disait quelque chose de ce genre. Donc soit cet homme était prétentieux, soit il essayait de la séduire. Ou alors il n'était rien du tout et parlait juste franchement. Dans tous les cas, ça la faisait doucement rire, mais pas méchamment. Elle avait rarement entendu un journaliste être aussi sûr de lui à propos de son article à paraître. D'habitude, ils paraissaient soucieux, car ils avaient peur de ne pas plaire aux lecteurs, ni à la personne qu'ils interviewaient.
Elle s'humecta rapidement les lèvres avant de murmurer un « Et je compte bien vérifier ».
Oh oui, elle allait vérifier. Si ça avait été une femme, elle n'aurait peut-être pas fait plus attention. Grâce à son expérience dans le métier, elle savait que la plupart des femmes restaient gentilles dans leurs articles ; la plupart : il y avait toujours des exceptions. Sauf que là, elle était face à un homme. Et bien qu'il soit mignon tout plein, elle n'allait pas le louper. La moindre erreur et il entendrait parler de Kobayashi Erena pour le restant de sa vie !

Elle l'observa alors qu'il demandait un café à la serveuse, puis voulut protester. Elle ouvrit la bouche avant de la refermer aussi sec. Qu'est-ce qu'il venait de dire ? Elle s'adossa lentement contre sa chaise, laissant ses mains posées à plat sur ses cuisses tout en le scrutant. Peut-être que s'il se montrait séducteur, ce n'était que pour son métier, que pour le bien de son article et rien d'autre. De toute façon, connaissant les hommes, ça ne pouvait être que ça.
Ils patientèrent quelques minutes et la serveuse revint avec leurs boissons. Erena remercia cette dernière d'un sourire avant de porter la tasse à ses lèvres. Elle souffla doucement sur le liquide chaud et croisa le regard du jeune journaliste alors qu'elle avalait une gorgée rapide de son chocolat chaud. Elle fit une légère grimace pour montrer que le liquide était très chaud avant de souffler à nouveau dessus, son regard n'ayant pas quitté Naoya une seule seconde. Elle sourit malgré tout.
Erena était souriante au naturel. Elle aimait sourire, et encore plus depuis qu'elle était à Nishinaka. La ville la faisait sourire... La ville la rendait tout simplement heureuse. Mieux dans sa peau, à l'aise avec l'environnement, on pouvait presque dire qu'elle souriait plus à la ville qu'aux gens. Et même si parfois, elle devait se faire violence pour sourire face à un homme, elle aimait quand même ça. Puis... c'était plus agréable de voir une femme sourire non ? Et au moins personne ne pouvait sentir la rancœur qu'elle avait contre les hommes.

Elle le laissa énoncer sa question et fut relativement surprise, et ça se vit sur son visage. Elle était étonnée qu'il n'ait pas commencé par demander pourquoi elle avait décidé de mettre sa carrière en pause. Un autre journaliste aurait sauté sur l'occasion pour le lui demander, pour essayer de lui tirer les vers du nez et pour tout savoir... Mais lui... Lui non. Mignon et en plus il avait l'air assez intelligent pour ne pas poser les mêmes questions que les autres. Il était malin.

« Ce que j'ai éprouvé à ce moment-là... », commença-t-elle un doigt sur son menton, « Du pur bonheur ! C'était comme un rêve. Ca me faisait plaisir qu'on me reconnaisse dans la rue, et ça me fait toujours plaisir. Pas parce que je suis narcissique, mais parce que ça me donne l'impression d'avoir marqué les gens, d'une manière ou d'une autre. Ca me fait chaud au cœur quand on me reconnaît dans la rue »

Erena adorait quand les gens prenaient le temps de venir lui parler quand ils l'avaient reconnue. C'était toujours bon de savoir que quelques personnes espéraient encore son retour et l'attendaient avec impatience, et ce malgré sa décision assez soudaine. Elle se sentait aussi fière de son parcours dans ces moments-là. Ce fut les yeux pétillant qu'elle avala une gorgée de son chocolat. Chocolat qui était très délicieux d'ailleurs ; elle allait sûrement venir pour en déguster d'autres.

« Et pourquoi les Etats-Unis … J'ai envie de répondre : pourquoi pas ? », dit-elle en riant doucement et en haussant les épaules, « J'avais assisté à beaucoup de défilés et on avait fini par remarquer que j'étais très appréciée là-bas. J'ai alors saisi l'opportunité qui se présentait à moi. J'étais jeune et je pouvais tenter une carrière internationale... Alors j'ai tenté, tout simplement »

Un fin sourire nostalgique vint peindre ses lèvres alors que les étoiles qui avaient fini par apparaître dans ses yeux s'éteignaient progressivement.
En y repensant, il était vrai que ses années aux Etats-Unis étaient inoubliables. Elle y avait vécu beaucoup de choses, bonnes comme mauvaises, mais c'était peut-être toutes ces choses-là qui l'avaient faite devenir la femme qu'elle était aujourd'hui. Elle avait connu sa plus grande peine de cœur dans ce pays, et pourtant, elle ne regrettait pas d'y être allée. Bien sûr, si demain sa mère venait à lui téléphoner pour lui dire d'y retourner, elle refuserait immédiatement. Sa vie était à Nishinaka pour le moment, elle ne pouvait pas partir, la ville lui manquerait trop.
Elle porta à nouveau la tasse à ses lèvres, et but lentement avant de reposer l'objet devant elle et de fixer Naoya. Elle le regardait juste sans rien dire, les bras légèrement croisés devant elle.

« Je suppose que vous l'avez remarqué mais cette première question m'a un peu surprise », lâcha-t-elle franchement au bout de quelques secondes, « J'espère que vous continuerez de me surprendre », finit-elle avec un ravissant sourire aux lèvres.

Son regard se fit à nouveau pétillant. Sauf que cette fois-ci, c'était de malice qu'il brillait.

Erena était perturbée par ma question, je le savais, je le voyais. J’écrivis sa réponse en même temps qu’elle me parlait. Je jetai, également, des coups d’œil en direction de la jeune femme, remarquant la sincérité dont elle faisait preuve. C’était quelque chose que je ressentais assez facilement même dans les moments où je ne me sentais pas très à l’aise. C’était presque comme un sixième sens.
De plus, je me sentais plus détendu qu’au début de l’interview. Pas totalement à l’aise car j’étais face à une femme et non pas face à un homme. Mais je ne me sentais moins déstabilisé, c’était un fait que je ne pouvais nier.
Je profitai d’un petit moment de pause dans ce que la jeune femme disait pour noter deux ou trois détails. Notamment la nostalgie qui était visible sur son visage. À ce moment, je trouvai qu’elle était belle, parfaite et je comprenais pourquoi elle était si appréciée par ses fans… Elle semblait humble. Mais ça n’était pas avec ce genre de constatation que je pourrais faire l’un des articles les plus complets sur Erena mais également sur sa carrière.

Comprenant que mon interlocutrice avait fini de parler, je m’apprêtais à lui poser une autre question quand elle fit une nouvelle remarque qui me fit légèrement rire. Je regardais la jeune femme face à moi, essayant de garder une attitude professionnelle car, au fond, j’étais tout sauf calme.

« J’espère continuer à vous surprendre dans ce cas. Pendant l’interview certes, mais aussi dans l’article que vous lirez sur vous. »

Je souris légèrement, ayant l’air sûr de moi en apparence… J’étais loin de l’être… Enfin, pour l’interview surtout. Même si j’étais plus détendu par rapport à tout à l’heure, je ne l’étais pas totalement. Si je relâchai l’attention, je savais que le professionnalisme dont je faisais preuve jusqu’à présent disparaîtrait.
En ce qui concernait l’article, je savais très bien qu’il serait parfait, et que ça pourrait en surprendre certains. J’avais confiance en moi sur ce point.
Avant de lui poser ma seconde question, je la lue rapidement tout en prenant une gorgée de café. Il n’était pas amer ni trop léger, comme je les aimais et donc parfait. Constater ça me fit légèrement sourire, et je me sentis un peu plus confiant.

« Beaucoup de vos relations passées se sont retrouvés dans plusieurs magasines, je pense que je ne vous apprends rien en disant ça et ce n’est pas ce qui m’intéresse le plus. Je voudrais savoir comment vous avez vécu toute la médiatisation qu’il y a eu autour de votre vie privée et si, aujourd’hui encore, vous gardez certaines traces de cette médiatisation. Si ça vous arrive de vérifier qu'aucun paparazzis vous suivent ou autres personnes à la recherche d’information sur votre vie privée. »

Quand on avait certaines habitudes c’était difficile de s’en défaire, surtout si on les avait prises quand on était petit. Je trouvais également que ce genre d'automatisme pouvait révéler certaines choses sur les personnes. Après tout, comme le disait Anthelme Brillat-Savarin « Dis-moi ce que tu manges, je te dirais qui tu es ». Ce qui, pour moi, est une citation qui ne s’applique pas seulement à la nourriture mais à toutes les habitudes qu’on peut avoir.
J’espérais, maintenant, qu’elle accepte de répondre à la question.

Erena n'offrit qu'un simple sourire. Elle encercla la tasse chaude de ses mains, se permettant d'observer le journaliste. Si ça continuait comme ça, il risquait de beaucoup la surprendre. C'était étrange, d'ailleurs, qu'un homme puisse encore la surprendre. Elle fit pianoter ses doigts contre l'objet, laissant un petit bruit sourd se frayait un petit chemin dans le silence qui venait de s'installer. Elle lança un rapide coup d’œil vers son sac ; elle savait que sa console s'y trouvait. Elle avait tellement envie de jouer... Ca venait de la prendre d'un coup, mais elle était bien lancée pour tuer du zombie. Sa tête se pencha quelque peu sur le côté alors que son regard curieux se reposer sur Naoya. Etait-il du genre à jouer aux jeux vidéos ? Il avait une tablette avec lui, il devait donc être assez calé au niveau des technologies... mais qu'en était-il des jeux ? Est-ce qu'il jouait lui aussi ? Elle savait que certaines personnes n'aimaient pas ça, les jeux vidéos, et ce même si elles étaient à fond dans les appareils d'high-tech. Elle se pinça avant d'ouvrir la bouche comme pour le lui demander, mais la referma aussitôt. Qu'est-ce que ça allait changer, de toute façon ? Même s'il répondait que oui, il jouait aux jeux vidéos, qu'est-ce que ça allait changer pour Erena ? Rien, probablement.
Son regard tomba lentement sur sa tasse et un petit soupir léger quitta la barrière de ses lèvres.

Relevant le regard en entendant la voix du jeune homme, Erena se remit à l'observer. Elle ne le quitta pas des yeux lorsqu'il énonça sa question, et continua de le fixer de longues secondes avant de réaliser qu'elle devait parler.

« Eh bien... », dit-elle pour commencer.

Son regard s'élança jusqu'au plafond, comme si elle cherchait dans ses souvenirs la réponse à cette question. Comment avait-elle vécu tout ça ? Bien, et mal... Tout dépendait du point de vue, comme à chaque fois.

« La médiatisation autour de notre vite privée, qu'on le veuille ou non, c'est logiquement ce qui suit la célébrité. L'un ne va pas sans l'autre. C'est triste en soit, mais c'est comme ça. Au début, je le vivais assez mal... Je n'avais pas vraiment l'habitude qu'on me suivre où que j'aille. Et c'était assez déplaisant. Mais disons qu'à force, je m'y suis habituée. Ce n'est pas quelque chose que je cautionne, mais je peux rien faire contre. J'avais pas vraiment le choix, donc j'ai appris à vivre avec »

Et ça avait été dur au début. Supporter d'être suivie jour et nuit, peu importe l'endroit... C'était à la limite de la crise de paranoïa. Néanmoins, Erena avait toujours eu de bons conseils de la part de sa mère, dont le meilleur était « Reste toi-même ». Ca avait été le plus efficace aussi. Dès le moment où elle avait commencé à rester elle-même, suivie ou non, tout se passait mieux.
Puis, d'une certaine manière, en acceptant d'être mannequin, elle avait accepté la contrepartie. Cette contrepartie-là. Donc se plaindre à propos de ça... non. Si elle ne voulait pas être suivie, elle n'avait pas qu'à être mannequin, un point c'est tout.

« Je vous l'avoue, au début c'était dur à gérer. Je pouvais pas sortir sans être dans les journaux le lendemain, et quand j'étais avec un homme, c'était encore pire. Mais comme je l'ai dit, j'ai réussi à vivre avec. A force je faisais même plus tellement attention. Et je fais plus vraiment attention aujourd'hui »

Ses lèvres se courbèrent en un beau et petit sourire avant qu'elle n'avale le reste de sa boisson. Elle posa la tasse devant elle, lâchant un petit « Ah~ » d'un air plus que satisfait.
Regarder derrière elle... Non, vraiment, elle avait perdu cette habitude-là. Aux Etats-Unis, ça avait été quelque chose qu'elle avait beaucoup fait au début... jusqu'à ce qu'elle s'habitue. Après, elle avait complètement oublié de le faire. Elle avait cessé de se retourner pour vérifier. Et depuis qu'elle était à Nishinaka, c'était encore moins fréquent.

« Honnêtement, ici, je regarde rarement derrière moi. J'ai pas trop envie de finir parano », plaisanta-t-elle en riant doucement, « Puis je suis trop occupée en marchant. J'ai ma console et mon téléphone, c'est plus important que savoir si quelqu'un me suit »

Elle sourit au jeune homme, avant de se rendre compte qu'elle parlait beaucoup. C'était peut-être trop ? Enfin, il voulait des réponses, elle les lui donnait. C'était son métier aussi... Il allait pas râler parce qu'elle répondait franchement.
Elle fixa sa tasse vide quelques secondes, tout en se mordant lentement la lèvre inférieure. Elle avait encore soif. Elle regarda autour, et leva la main pour faire signe à la serveuse. Serveuse qui arriva bien rapidement à leur table.

« Encore un chocolat chaud s'il vous plaît », déclara-t-elle.

Elle se tourna vers le journaliste et lâcha un rapide « Vous en faîtes pas, je vous le ferai pas payer celui-là » avant de sourire à nouveau et de bien s'installer sur sa chaise.

N’ayant pas de suite la réponse à ma question, je regardais en direction d’Erena. Je vis son regard en direction de son sac où, un peu plus tôt, elle avait rangé une console. Elle semblait fan de jeux vidéos, ce qui pouvait être un point intéressant à développer.
De nouveau, j’écris sa réponse sur la tablette, à la suite de la question qui était écrite. Je regrettais parfois les papiers et stylo mais il fallait vivre avec son temps et, maintenant, je ne me voyais plus vivre sans les nouvelles technologies. Ce qui était assez contradictoire…

Pendant les moments de silence, je levai les yeux de l’écran pour observer la jeune femme qui semblait plonger dans ses pensées. Un sourire amusé se dessina sur mes lèvres en entendant son « Ah~ ». J’en profitai pour boire de nouveau du café, me disant que c’était étrange que cet établissement n’ait pas plus de client que ça car les boissons étaient excellentes.
Je chassai cette pensée de mon esprit car ce n’était pas le moment de penser à cela parce que j’avais du travail.

En l’entendant parler de ses habitudes dans la rue, je notais une question complètement improvisée à la suite de sa réponse. Elle n’était pas maladroite ni rien mais en l’entendant parler de jeux vidéos, un intérêt soudain m’était venu.
Quand la serveuse vint de nouveau vers nous, je finis mon café d’une traite avant de m’adresser, à mon tour, à l'employée en ne me tournant pas tout à fait vers elle.

« Je vais également reprendre un café s’il vous plait. »

Je la regardais s’éloigner, notant son nom et prénom dans un coin de ma tête. Avant de me retourner vers Erena, me sentant moins sûr de moi quand à la nouvelle idée que je venais d’avoir.

« Ne vous inquiétez pas, pour le bien de l’interview je suis prêt à vous payer… Hm… Quatre chocolats chaud, je dis avec un sourire, me sentant un peu timide. »

Si aucune rougeur ou autre n'étaient apparues sur mes joues, c’était un vrai miracle… Je me sentais vraiment mal à l’aise. J’attendis que les boissons fraîchement commandées arrivent pour me reprendre et poser une nouvelle question.
J’espérais que ça n’allait pas créer un malaise ou autre, sinon je serais encore plus mal à l’aise. En attendant je respirais calmement en pensant à quelque chose d’autre pour être plus serein.

Heureusement, les boissons arrivèrent assez rapidement mais pas trop non plus. J’avais eu le temps de me calmer et également de retravailler la prochaine question que j’avais un peu improvisée. Mais savoir rebondir sur n’importe quel sujet est une qualité essentielle dans le journalisme.
Je bus une gorgée de café, m’ébouillantant au passage, avant de poser une nouvelle question.

« Précédemment vous avez parlé de jeux vidéo. C’est assez rare chez les filles d'aimer les jeux, même pour celles qui s’intéressent à la technologie. Ça fait longtemps que vous vous intéressez aux jeux vidéo ? Et plus particulièrement, quel genre de jeu préférez-vous ? »

Je posais cette question, aussi bien pour l’interview que pour intérêt personnel car j’adorai jouer aux jeux vidéo.

En entendant le journaliste demander un autre café, elle voulut lui demander s'il n'y était pas accro. Elle ne le fit cependant pas. Au final, ça ne la regardait pas. Et puis, s'il l'était, ce n'était pas vraiment son problème non plus, mais plutôt le sien à lui.

Quatre chocolats chaud ? Vraiment ?
Elle lança un regard surpris à son interlocuteur avant de laisser un immense sourire se dessiner sur ses lèvres. C'était gentil de sa part. Bon, ce n'était pas pour autant qu'il allait devenir un Saint. Un homme ne pouvait pas être Saint. Jamais. Elle secoua rapidement sa tête, comme pour faire tomber l'idée que le journaliste paraissait adorable. Il ne pouvait pas l'être. S'il faisait ça, c'était pour cacher quelque chose. Pour cacher son vrai but. Et après ça, Erena disait qu'elle ne se définissait pas comme parano, hein ? C'était dur à croire.

Sa boisson chaude arriva et heureusement. Sa gorge semblait crier au désespoir. Elle ne savait pas pourquoi elle avait autant soif d'ailleurs. Elle ne parlait pas plus que d'habitude pourtant. Ou alors c'était sans doute parce que le chocolat chaud était délicieux. Son regard traîna d'un air las sur le reste des personnes présentes. C'était étonnant qu'ils aient de si bonnes boissons et si peu de clients. Elle haussa rapidement les épaules et se remit à souffler sur le liquide devant elle, reposant son attention sur Naoya. Elle bougea quelque peu sur sa chaise, s'installant de la meilleure manière qu'elle pouvait et laissa ses doigts encercler une fois encore la tasse devant elle. Elle aimait bien sentir la chaleur d'une tasse contre ses mains comme ça, surtout quand l'air était frais. La chaleur partait de ses mains et se propageait lentement dans tout son corps.
Quand l'hiver était là, elle adorait tenir dans ses mains une tasse presque brûlante alors qu'elle était emmitouflée dans une couverture toute douce sur son canapé. Par contre, c'était moins pratique pour jouer.

Elle écouta attentivement Naoya, le regardant fixement, comme pour si elle essayait de lire en lui, alors que non. C'était juste sa façon de montrer que là, le sujet l'intéressait plus que tout. Les jeux vidéos... Elle pouvait rester ici des heures et en parler. Ses mains relâchèrent d'ailleurs la pression sur sa tasse. Au diable les chocolats chaud maintenant ! Une discussion profonde et sérieux était sur le point de commencer, pas le temps de souffler pour refroidir.

« Je joue aux jeux vidéos depuis.. longtemps. C'est grâce à mon grand frère. On jouait souvent ensemble »

Une pointe de mélancolie la prit alors qu'elle repensait à toutes ces journées passées devant une console en compagnie de son grand frère. Maintenant qu'il était aux Etats-Unis et qu'elle était revenue au Japon, ce n'était plus vraiment possible. Elle priait néanmoins qu'elle puisse lui montrer ses progrès un jour.

« Et mes jeux préférés... J'adooooooore tuer des zombies ! », lâcha-t-elle brusquement, avant de rire un peu se disant que ça devait faire psychopathe, « J'aime bien les jeux comme Mario, Resident Evil, Lara Croft... De l'aventure, des zombies, des courses, rien de mieux ! »

Elle avait un sourire grand comme une banane, et ses yeux pétillaient presque d'amour. Elle aimait jouer. Elle passait parfois des week-end entier à ne faire que ça. Elle ne comprenait d'ailleurs pas pourquoi les autres filles n'aimaient pas ça. Ca détendait, ça permettait de s'exprimer, d'une manière peu commune certes, mais quand même ! C'était un bon défouloir aussi ; crier contre son personnage n'avait jamais fait de mal à personne et en plus ça devait arriver à tout le monde. C'était un bon moyen de passer le temps, et en général lorsqu'Erena jouait, elle ne prêtait plus du tout attention à l'heure.

« Mais je peux jouer à toutes sortes de jeux. J'aime tellement les jeux vidéos que même un jeu de simulation peut me garder éveillée plusieurs nuits »

Non, elle n'était pas accro. Enfin un tout petit peu.
Puis il fallait bien avouer que le seul moment où elle considérait les hommes comme des personnes normales était lorsqu'elle avait une manette entre les mains. Cela dit, elle ne fallait pas pousser la chose trop loin non plus : elle finissait toujours par choisir des personnages féminins, s'ils étaient disponibles.
Ses yeux se posèrent d'instinct sur son sac. Sa console... En parler lui avait encore plus donner envie de jouer. C'était pas malin. Elle fronça discrètement les sourcils, c'était à cause de ce journaliste tout ça. A cause d'un homme, encore. C'était sa faute si elle ne semblait plus pouvoir lâcher son sac des yeux. Sa faute à lui et uniquement à lui.
Bon, d'accord, c'était un peu la sienne aussi, mais alors un peu.

En parlant du journaliste, elle releva enfin le visage pour le regarder. Son regard était toujours aussi brillant. Il avait trouvé le bon sujet.

« Vous jouez aussi aux jeux vidéos ? », demanda-t-elle avec un intérêt soudain pour le journaliste.

S'il jouait, c'était une bonne chose à savoir. Elle voulait le battre.
Elle aimait particulièrement battre les hommes. Ca lui redonnait un peu confiance en elle, et c'était toujours bon à prendre, pour la fierté et tout ça.
Elle se pencha quelque peu sur la table, scrutant intensément le jeune homme et ses réactions.
Vraiment, les jeux vidéos, y avait que ça pour motiver une Erena.

Le regard d’Erena m’avait presque transpercé… Tellement que j’avais l’impression d’être nu face à elle… Ce qui était très déstabilisant surtout que je ne comprenais pas la cause de son regard. J’avais l’impression d’avoir dit une bêtise.
Heureusement, la jeune femme répondit très rapidement, me faisant sourire et me détendant en même temps. J’écrivais un peu distrait, faisant quand même attention à ce qu’elle disait. J’étais très intéressé par sa réponse, vraiment. J’adorais les jeux-vidéos et c’était assez rare de parler de ça avec une femme, même dans cette ville.
Je levais les yeux pour, de nouveaux, regarder les yeux d’Erena où je pouvais presque voir des étoiles à l’intérieur. Sa passion pour les jeux-vidéos était une évidence et, pour moi, ça rajoutait à son charme, à sa perfection.

Quand elle eut finit de répondre, je laissais ma tablette de côté en souriant à sa question. Je bus un peu de café avant de prendre la parole.

« Vous savez que c’est moi qui pose les questions normalement ? Je demande avec un sourire taquin. »

Toute ma timidité s’était presque envolée c’était un sujet qui m’intéressait beaucoup. J’adorais y jouer autant que j’aimais mon métier de journaliste ou de NSA… Surtout quand il fallait coincer les denshou masculin. Puis, ce n’était pas tous les jours que j’avais l’occasion de parler avec une femme qui adorait jouer aux jeux-vidéos et, surtout, tuer des zombies.

« J’y joue depuis que je suis tout petit. J’ai longtemps joué tout seul jusqu’à avoir mon indépendance ce qui m’a permis de jouer contre des personnes en ligne. Je joue moins qu’avant depuis que je suis devenu journaliste mais dès que je suis devant un jeu, c’est comme si le monde disparaissait autour de moi. Jouer développe, je trouve, une sensation étrange d’adrénaline mais tellement agréable en même temps. Je pense que vous voyez ce que je veux dire, non ? »

J’avais beau maîtriser et adorer les jeux vidéos je commençais à me perdre tout seul… En présence d’un homme j’aurais pu parler beaucoup plus facilement mais là, c’était trop m’en demander. Même si le sujet m’intéressait énormément je ne pouvais oublier un détail et pas des moindres.
Erena.
Depuis le début de l’interview j’avais réussi à ne pas perdre mon calme car j’avais toutes mes notes de prévues mais là… Je préférais ne pas trop en dire pour être sûr de ne pas perdre la face devant elle.
Je bus de nouveau un peu de café, quitte à passer pour un accro à cette boisson. En même temps, ce n’était pas tous les jours que j’avais l’occasion d’en boire un si bon donc autant en profiter.
Par la suite, je souris de nouveau avant de reprendre la parole, essayant de me concentrer au mieux sur le sujet et, ainsi, rester calme… Enfin, c’est ce que j’espérai.

« Et si vous voulez savoir. Mario Kart est un de mes jeux préférés et, même si j’ai un peu perdu l’habitude, les zombies comprennent vite qu’il ne faut pas trop venir me voir, je dis en riant un peu. »

Je ne devais plus être si bon qu’avant à tous ces jeux mais j’arrivais toujours à me débrouiller. Regardant toujours Erena, je penchai légèrement la tête sur le côté, finissant par lui poser une question qui commençait à me travailler.

« Vous devez avoir un excellent niveau, je me trompe ? »

Même si c’était peu probable, la confiance qui émanait d’elle me fascinait plus qu’autre chose. Cette interview, enfin notre discussion maintenant, devenait vraiment intéressante.

Un rire honnête quitta ses lèvres à la phrase du jeune journaliste. Il se prenait pour un policier à dire ce genre de choses ? Elle fit un rapide sourire en coin, répondait ainsi au rictus taquin de Naoya, avant de boire une gorgée de son chocolat chaud. Il était vraiment succulent. Heureusement, elle pouvait encore en avoir deux autres, étant donné que le journaliste avait dit pouvoir lui en payer quatre ; encore un peu, et elle en ronronnerait de bonheur.

Son regard ne lâcha le jeune homme alors qu'il commençait à parler. Il avait l'air d'avoir trouvé une inspiration soudaine. Pas qu'il ne parlait pas beaucoup avant, mais là il semblait beaucoup moins professionnel.
Elle hocha la tête plusieurs fois, les yeux fermés, alors qu'elle comprenait parfaitement les paroles qui sonnaient à ses oreilles.
C'était la même chose pour elle : tout s'en allait autour d'elle à partir du moment où elle avait une manette en main. Tout comme Naoya, elle connaissait cette adrénaline qui montait et qui bouillonnait dans son sang ; elle connaissait d'ailleurs ce genre de sentiment lorsqu'elle jouait à des jeux d'action, surtout ceux où elle devait des zombies. Elle adorait y jouer le soir, sans aucune lumière, pour se mettre encore plus dans l'ambiance. Il lui arrivait de se faire peur et de se sursauter, mais ça ne l'empêchait en rien de recommencer.

« Je vois parfaitement ce que vous voulez dire, c'est la même chose pour moi »

Son sourire grandit encore alors qu'elle reprenait une gorgée de sa boisson. Si elle continuait comme ça, elle allait bientôt se retrouver avec une tasse vide. Au moins ça voulait dire que c'était bon.
Elle ne cessait d'observer le jeune homme, qui avala une nouvelle gorgée de café. Décidément... S'il n'était pas accro il allait le devenir et s'il l'était déjà, eh bien... il était déjà.

Elle écarquilla quelque peu les yeux en entendant le nom de ce jeu. C'était le jeu préféré de son frère ! Puis elle se mit à rire une nouvelle fois. De son côté aussi les zombies savaient à qui ils avaient à faire. Que ses ennemis lancent des « grr » ou des « gah » à la pelle, chacun d'eux tombait devant elle dans un bain de sang. Ce n'était pas vraiment très romantique et encore mois poétique, mais Erena adorait ça.

« Vous osez poser la question ? », lâcha-t-elle, un sourire narquois peint sur ses lèvres.

Il osait vraiment poser la question. Erena fit une moue légèrement boudeuse ; comment osait-on douter de son niveau ?! Plus qu'un excellent niveau, elle avait un niveau triplement excellent. Bon, c'était un peu exagéré.
Erena avait un très très bon niveau, personne ne pouvait le nier, mais n'excellait pas non plus. Elle n'était pas la meilleure, loin de là, son jeu avait parfois quelques défauts ici et là, mais elle s'en sortait mieux que la plupart des femmes. En plus, elle avait déjà battu pas mal de personnes... surtout des hommes.

« Je suis pas LA meilleure, mais je me débrouille bien », dit-elle en s'accoudant doucement à la table, « Je suppose que vous avez un bon niveau vous aussi. Ou aviez ? Vu que vous avez arrêter de jouer. C'est bien dommage d'ailleurs, je pense que vous avez loupé beaucoup de choses »

Elle s'adossa lentement contre le dossier de sa chaise, laissant ses bras tomber sur ses cuisses. Elle pencha lentement la tête sur le côté. Qu'avait-il pu manquer ? Chaque nouveauté, chaque jeu, chaque console... Elle haussa ensuite simplement les épaules, elle n'allait pas se casser la tête pour lui non plus, il n'avait qu'à chercher !

Elle reprit une gorgée de son chocolat chaud, vidant la tasse une nouvelle fois. Elle passa rapidement sa langue sur ses lèvres, se délectant du goût savoureux du liquide contre ses dernières.

« D'ailleurs », fit-elle avant de se racler légèrement la gorge, « Je suis certaine que je pourrais vous battre »

Un clin d’œil et un sourire confiant aux coins des lèvres venaient de peindre son visage. Oh oui, elle en était certaine : elle pouvait le battre. De manière générale, lorsqu'un homme lui disait aimer jouer aux jeux vidéos, elle s'imaginait déjà le battre. Mais bizarrement, pour le journaliste, c'était encore plus fort que d'habitude. Elle voulait lui montrer qui était la vraie Kobayashi Erena. Celle qui pouvait le battre à n'importe quel jeu.
Elle leva la main, appelant une fois encore la serveuse à leur table. Une fois cette dernière assez proche d'elle pour entendre, elle commanda un troisième chocolat chaud. Son regard se détourna rapidement vers le jeune homme en face d'elle avant qu'elle ne sourit doucement.

« Heureusement que vous avez parlé que de quatre chocolats... »

Sinon, elle aurait déjà vidé leur stock... et le porte-monnaie du journaliste.

Oui, j’osais poser la question. Je ne savais pas si j’avais bien fait, mais j’étais curieux et je voulais voir si Erena oserait se vanter de son talent en matière de jeux-vidéos. Si oui, je la considérerais comme sûre d’elle sinon, comme une personne hésitante.
C’était un moyen comme un autre de découvrir sa personnalité… Et de me dire que j’aurais adoré faire des articles sur les derniers jeux-vidéos. Je le pourrais si je le voulais mais j’aimais bien diversifier mes articles puis j’irais moins à la rencontre des personnes vivant à Nishinaka et je pourrais également moins m’amuser avec les Denshou masculins.

Je souris en entendant sa réponse, ne pouvant m’empêcher de rire discrètement. Surtout en entendant la suite de sa phrase. Mon ancien niveau était très bon, mais je devais être considéré comme un novice maintenant même s’il m’arrivait de jouer de temps en temps.

« Mon niveau est assez bon mais beaucoup moins qu’avant. Même si j’arrive à trouver le temps pour jouer, je sais que je passe à côté de certaines choses. Mais bon, on fait avec, je dis avec un sourire un peu nostalgique. »

Puis bon, je m’amusais même si ce n’était pas dans les jeux-vidéo… Je considérais souvent la vie comme un grand jeu, enfin mon travail secret était un jeu pour moi. Mais je n’allais pas dire ça à la jeune femme, mon travail à la NSA était secret puis, je ne voulais pas gâcher la soudaine confiance en moi qui était apparue pour la première fois depuis le début de l’interview.

« Soyez sûre de pouvoir me battre, je ne parierai même pas sur ma victoire contre vous parce que je suis sûr de perdre, c’est pour dire. »

Je soupirai discrètement, ça me faisait mal de l’admettre mais il y avait un domaine où on pouvait me battre… Même si j’arrivai à me débrouiller, je ne gagnais plus aussi souvent qu’avant quand je jouais avec quelqu’un. Toutefois, je ne le vivais pas mal. C’était un divertissement comme un autre et l’une des choses où j’arrivais à relativiser quand je ne gagnais pas.

Je ne pus retenir un petit rire quand elle interpela la serveuse, me demandant si elle n’était pas accro au chocolat chaud ou à la douceur… Parler de jeux-vidéo m’avait détendu et avait permis à mon sixième sens de sortir.

« Je vais prendre une limonade s’il vous plait, je dis à la serveuse. »

Je finis mon café, regardant dans la direction de la serveuse quand je la vis partir avant de regarder, de nouveau, en direction d’Erena. Souriant légèrement à sa constatation.

« Heureusement que j’ai parlé de quatre oui. [/color] »

Je me retins d’ajouter quelque chose qui pouvait me faire passer pour un dragueur… Ce que j’étais seulement quelque fois… En soirée en fait.

« Vous avez encore votre première console ? Dans un carton ou autre part ? »

J’avais complètement oublié ma tablette sur mes genoux. Elle était devenue inutile car je savais que je retiendrais tout ce qu’elle dira à partir de maintenant.

Erena hocha doucement la tête face au discours du jeune homme. Oui, il avait loupé beaucoup de choses. C'était dommage. Elle ne savait pas ce qu'il avait manqué avec précision, mais elle était sûre que beaucoup de jeux étaient passés sous son nez.
Elle essaya d'imaginer ce que deviendrait son monde si elle décidait de se concentrer sur son travail. Bon, elle était serveuse, ça n'occupait pas autant que journaliste. Elle fronça les sourcils ; même lorsque sa carrière de mannequin battait de son plein, elle trouvait toujours du temps pour les jeux vidéos. Elle lança un regard interrogateur au journaliste, avant de pencher la tête sur le côté : il n'était pas SI accro que ça aux jeux alors, non ? Si c'était le cas, tout comme Erena, il trouverait toujours du temps pour y jouer. Peu importait la charge de travail, la jeune femme arrivait souvent à s'éclipser quelques minutes pour jouer. Il lui arrivait bien sûr d'avoir parfois tellement de travail qu'elle ne pouvait pas toucher une console pendant quelques jours, mais elle se fixait une limite : si au bout d'une semaine elle n'avait pas joué, elle faisait tout son possible pour pouvoir se poser dans un coin au calme avec sa console. Hors de question de rester trop longtemps sans ses jeux !

Elle fit un ensuite grand sourire. Pouvoir le battre... Elle était sûre qu'elle pouvait le faire maintenant. Surtout avec ce qu'il venait de dire. Et étant donné qu'il avait loupé pas mal de choses concernant les jeux vidéos, ça laissait plus de chances à Erena de gagner contre lui.
Ah que c'était bon de savoir qu'elle pouvait gagner contre un homme...

Elle arqua un léger sourcil. Une limonade ? En plus d'être un faux accro aux jeux vidéos, il était un faux accro au café ? Ou alors il avait été stressé et avait dû prendre du café ? Elle se surprit elle-même à se poser ce genre de questions futiles concernant le jeune homme. Après tout, il faisait ce qu'il voulait, elle en avait rien à faire.

Posant un doigt sur son menton, une petite moue pensive au visage, le regard d'Erena se perdit sur l'un des murs près d'eux. Elle connaissait déjà la réponse à la question, cependant elle avait envie de prendre son temps.

« Je l'ai encore oui. Je ne l'ai pas ici avec moi, elle doit être chez mes parents encore », dit-elle en souriant doucement, « Je garde toujours tout ce qui concerne les jeux vidéos, de près ou de loin »

Elle secoua affirmativement la tête, comme pour appuyer ses dires. De toute manière, il était possible pour elle de se débarrasser d'une console, d'un jeu ou même d'une manette.
Sa première console était le début de tout ça, elle ne pouvait pas la jeter. Et puis, ça devait certainement être un cadeau de son frère, et elle ne jetait pas les cadeaux qu'on lui faisait, à quelques exceptions bien évidemment.

« Je pense même que tous les ancêtres des consoles actuelles se trouvent chez mes parents », lâcha-t-elle en riant, « Ca me donne envie de les sortir des cartons pour y jouer... »

En rentrant, elle allait devoir téléphoner à ses parents. Elle se sentait nostalgique à parler de ça, elle avait envie de reprendre toutes ses machines en mains, comme pour repenser à ses journées fins où elle jouait avec son frère.
Un fin sourire aux lèvres, elle repensa à toutes les fois où ils se sont gentiment chamaillés pour savoir qui allait jouer en premier, et à toutes les fois où elle s'était exclamée joyeusement « J'ai gagnééééé ~ ! ». Un petit gloussement lui échappa alors qu'elle se souvenait parfaitement de la tête que faisait son frère à chaque fois qu'il perdait.
La serveuse arriva et déposa les boissons devant eux, la faisant quelque peu sursauter. Elle avait été tellement plongé dans ses pensées qu'elle en avait oublié le reste. Elle remercia rapidement l'employée et laissa ses mains entourer la tasse fumante. Elle sourit rapidement au journaliste, embarrassée de s'être ainsi laissée emporter par ses souvenirs.

« Je viens de me souvenir de toutes les fois où j'ai battu mon frère », expliqua-t-elle avant de se pincer les lèvres, « Vous avez aussi conservé votre première console ? »

Un petit sourire taquin prit place sur ses lèvres alors qu'elle se souvenait des paroles du journaliste : c'était lui qui posait les questions. On ne pouvait pas dire qu'elle était spécialement intéressée par la vie de Naoya, mais elle éprouvait une certaine curiosité, surtout concernant les jeux vidéos.

« Vous vous amusez aussi à collectionner des objets en rapport avec les jeux ? », questionna-t-elle une fois encore en portant la tasse à ses lèvres.

C'était plutôt amusant de poser des questions à un journaliste en fait.

Je regardais Erena plongée dans ses souvenirs. C’était tellement captivant de la voir ainsi. Un fin sourire vint prendre place sur mes lèvres alors que je posais mon coude sur la tête pour poser mon menton dans la paume de ma main.
Parler des jeux vidéos était toujours intéressant, surtout avec un connaisseur ou une connaisseuse. Même si je jouais moins, je restais quand même un adepte des consoles et donc, en parler, était quelque chose que j’appréciais.

J’écoutais attentivement sa réponse, mon sourire toujours sur les lèvres. C’était assez révélateur d’une partie de sa personnalité, enfin de son attitude face à ce qu’elle aimait.

La jeune femme resta un moment sans parler, elle semblait perdue dans ses pensées. Je l’observais me demandant à quoi elle pouvait penser surtout pour glousser.
Je fronçais légèrement les sourcils, intrigué, mais sans pour autant poser de questions. J’attendais que les boissons arrivent, me disant que je devais passer pour un indécis à prendre deux cafés puis une limonade. Même si je pouvais boire autant de café que le voulais, j’évitais de le faire.
Je ne voulais pas devenir accro à cette boisson. Puis, j’aimais bien les choses fraîche, le café était trop chaud parfois.

Je bus une gorgée de limonade, avant de sourire. C’était fait maison et délicieux.
Erena reprit la parole à ce moment-là. Ce que la jeune femme dit me fit comprendre qu’elle devait être vraiment forte. Je me demandais si elle l’était assez pour vaincre Sora qui, je trouvais, avait également un très bon niveau même s’il m’arrivait de le battre.

Je lâchai un petit rire en entendant sa question. Ce n’était pas la question en elle-même qui m’amusait, seulement le fait qu’Erena semblait bien aimer m’interroger sur les jeux vidéos…

« Je l’ai conservée, elle est rangée dans une pièce avec plusieurs autres consoles et jeux vidéos. »

Pour ne pas dire exposée dans une pièce avec la date de sortie, et les jeux qui allés avec, classés par ordre alphabétique. C’étaient les seuls rescapés de la crise que j’avais fait quand j’avais appris le décès de mon beau-père car presque tous les appareils électroniques que j’avais sous la main avaient finis en mauvais état.

Je pris un peu de temps pour répondre à sa deuxième question. J’étais parti dans mes pensées. Je me souvenais de la première figurine que j’avais eue, elle était précieusement rangée dans une vitrine avec ma première console.
C’était un cadeau de mon beau-père le premier qu’il m’avait fait quand on s’était rencontré. J’en prenais bien soin, repensant à ces instants qu’on avait passés en famille.

« Excusez-moi, j’étais parti dans mes pensées, je dis avec un sourire désolé. Je collectionne seulement ce qui a un rapport avec mes jeux préférés… Mais dites-moi, ça a l’air de vous amusez de me poser des questions, je me trompe ? Je demande avec un sourire amusé. »

Je bus une nouvelle gorgée de limonade avant de poser une nouvelle question.

« Si vous aviez l’occasion de faire un article sur l’univers des jeux vidéos, vous choisiriez quel jeu ou quelle console ou même quel concepteur, programmeur ? »

J’attendais sa réponse avec un intérêt plus grand que précédemment.

Savourant le goût de son chocolat chaud sur ses lèvres, Erena écoutait attentivement la réponse du journaliste. Elle était tout de même contente de savoir qu'il avait lui aussi gardé les anciennes consoles et les anciens jeux. Elle savait que certains ne les conservaient pas, sous l'excuse d'être trop vieux, démodés ou ce genre de choses. Cependant, elle trouvait que c'était toujours les premiers jeux qui apportaient le plus de souvenirs. Après tout, c'était avec eux que chacun avait fait ses « débuts » dans les jeux vidéos non ? Donc c'était vraiment dommage de ne pas les garder.

Laissant son regard traîner une nouvelle fois sur le visage de Naoya, elle pencha légèrement la tête. Ca y est, elle l'avait perdu. Elle le laissa seul avec ses pensées, dégustant une autre gorgée de sa boisson. Elle avait encore le droit à combien de chocolat chaud ? Bon, avec un peu de chance, elle arriverait à négocier avec le journaliste pour en avoir un de plus.

Elle hocha rapidement la tête, pour dire au jeune homme qu'il n'avait pas besoin de s'excuser. Elle rit ensuite, déposant la tasse fumante devant elle.

« Je dois avouer que c'est plutôt drôle oui. Je pense même avoir raté ma vocation »

Elle rit une nouvelle fois avant de s'étirer légèrement. Ca l'amusait de poser des questions. Elle n'était pas de nature curieuse, à vouloir tout savoir sur tout et n'importe quoi. Sauf que poser des questions à un journaliste était plus amusant qu'elle ne le pensait. D'habitude, elle ne se permettait pas de retourner les questions. Elle laissait simplement les gens travailler.

« Moi ? Faire un article ? », lâcha-t-elle subitement en riant, « Je suis pas sûre d'être douée pour ça. Entre nous, à part dire des « Aaah c'est trop bien » et « J'ai adoré ! », je saurais pas vraiment quoi dire... »

Elle bascula légèrement la tête en arrière alors que son regard se posait sur le plafond. Sur quel jeu pourrait-elle écrire quelque chose ?

« A supposer que je sois douée pour ça alors, je pense que j'écrirais un article sur... », dit-il en se pinçant les lèvres, « Mario Kart ? Du moins un des jeux de l'univers Mario. Ce sont les jeux préférés de mon frère, donc ce serait pour un peu lui faire honneur vous voyez ? »

Elle rebaissa la tête et sourit au jeune homme, reprenant la tasse entre ses mains. Elle avait été tentée de répondre « Resident Evil », ou un jeu de cet univers-là. Mais en y réfléchissant bien, si elle pouvait le faire, elle aimerait bien écrire quelque chose en rapport avec Mario. Ce serait pour elle une manière détournée de remercier son frère de l'avoir plongée dans les jeux vidéos. Et puis, ce serait aussi pour lui faire plaisir.
De plus, elle n'était pas convaincue que les zombies plaisent à tout le monde...

« Et si c'était une console hum... C'est dur parce que j'en ai aime tellement ! Mais je partirais sans doute du côté de Nintendo », expliqua-t-elle doucement.

Elle ne savait pas réellement pourquoi cela dit. Peut-être parce que le premier jeu auquel elle avait battu son frère était sur Nintendo ? Elle appréciait la marque et ses consoles. Ses jeux aussi. Enfin... elle appréciait n'importe quelle marque et n'importe quel jeu ; elle n'était pas difficile de ce côté-là.

« Et... », commença-t-elle soudainement, « S'il m'était possible de faire un second article, j'aimerais bien parler de tous les jeux qui parlent de zombies »

Elle rit légèrement. Au final, c'était plus fort qu'elle : elle ne pouvait pas ne pas parler de ces jeux-là !

« Vous aimeriez écrire un article sur les jeux vidéos ? Ou vous l'avez peut-être déjà fait ? »

Elle était intéressée de savoir, ou de lire s'il avait déjà écrire quelque chose à ce sujet.

Un fin sourire, assez discret, étira mes lèvres. C’était toujours intéressant de mettre des personnes dans la peau d’un journaliste. Certaines prenaient le temps de réfléchir avant de répondre à la question alors que d’autres répondaient que ce genre de question leur faisait perdre du temps. C’était les cas les deux cas le plus extrêmes car il existait ceux qui réfléchissait mais finissait pas s’agacer ne trouvant pas de réponse, ou alors certains ne réfléchissaient pas et donner des réponses vraiment bizarres…

La première réponse d’Erena à propos des jeux ne me surprit pas. Beaucoup de personne aimait le petit plombier dans toutes ses formes : en kart ou les aventures pour sauver la princesse Peach prisonnière à chaque fois de Bowser… Comme si elle ne comprenait jamais la leçon.

Quant au choix de la console, je n’avais aucun doute sur le fait que ça avait un rapport avec son frère. Pourquoi ? Parce qu’Erena avait l’air très proche de sa famille et en particulier de son aîné car une bonne partie de ses choix en ce qui concerne les jeux vidéos avaient un rapport avec lui.

J’arquai un sourcil en entendant sa question. J’avais déjà écrit sur les jeux vidéos mais ça remontait au collège pour le premier, au lycée pour le second. Je me souviendrais toujours des appréhensions que j’avais eues concernant ces articles, je ne savais pas vraiment quoi dire à ce moment-là. Un souvenir qui me faisait plutôt rire en ce moment.

« J’en ai fait mais pour le journal du collège ou du lycée. Je me souviens d’avoir eu des appréhensions car, comme vous, je ne voyais pas quoi dire à part des « j’ai trouvé ce jeu bien » ou « il est vraiment génial »… Mais faire ces articles m’a permis de voir les jeux vidéos autrement, jouer pour le plaisir et remarquer plus de choses, des détails que je n’aurais pas vu dans d’autres circonstances. »

J’avais toujours tous les articles que j’avais écrits, ceux de Mizuki aussi d’ailleurs. Ce n’était pas de la prétention mais des souvenirs, les premiers écrits d’une longue liste.

« Mais j’aimerais bien en refaire un aujourd’hui. Sur pourquoi est-ce qu’on continue à jouer à Mario sachant qu’on devra délivrer la princesse Peach ? »

Je me posais vraiment la question. Mais j’aimerais aussi sur l’univers des SIMS, pourquoi ça nous amusait de contrôler des personnages virtuels. Les faire manger, aller au travail, les faire vivre, tout simplement.
Après avoir fini ma limonade, je regardais discrètement l’heure, me rappelant que je n’avais plus beaucoup de temps avant un autre rendez-vous.

Pour une fois, ce fus moi qui interpelai la serveuse, commandant une seconde limonade. Je pouvais boire autant de limonade que de café. Je pris également un chocolat chaud pour Erena, précisant que ça serait pour après celui-ci. J’attendis que la jeune femme parte avant de m’expliquer auprès d’Erena.

« J’ai bientôt un autre rendez-vous pas très loin mais je vous ai promis quatre chocolats chaud, donc vous les aurez. »

J’eus un sourire assez poli pour m’excuser. J’avais encore le temps pour, environ, deux questions et je devais donc bien les choisir.

« Si on vous créait un personnage dans un jeu vidéo quelles caractéristiques aimeriez-vous qu’il ait ? »

Un léger « Oooh » quitta les lèvres d'Erena. Il avait déjà écrit un article si tôt ? Collège ou lycée, ça n'avait pas d'importance pour elle. Elle trouvait ça vraiment jeune pour écrire un article. Mais comme n'importe qul domaine, certains étaient bons depuis longtemps, d'autres non. Naoya faisait alors parti de la première catégorie de personne ? Pas mal. Ca l'impressionnait un peu ; mais pas assez pour le montrer non plus.
Sa tête se pencha lentement sur le côté. Voir les jeux vidéos autrement ? C'était un concept assez flou. Elle avait du mal à se mettre en situation. Par exemple, voir Resident Evil sous un autre angle... Elle pencha la tête de l'autre côté, réfléchissant à la question. A part le voir comme un bon défouloir, elle avait pas vraiment d'idées... Mais c'était voir le jeu autrement... non ?

Elle cligna des yeux plusieurs fois avant de rire à la remarque du journaliste. Il était vrai que cette Peach posait problème. A force de jouer, elle avait toujours envie de la laisser enfermer dans un donjon... Parce qu'au final, au jeu suivant, elle sera -encore- kidnappée, donc autant la laisser enfermer tout de suite.

« Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet »

Beaucoup... voir même trop.

Des étoiles vinrent naître dans ses yeux. Un autre chocolat chaud ? Elle était gâtée. Elle allait noter dans un coin de son esprit de retravailler avec lui. Juste pour les chocolats chaud, bien évidemment ; elle ne pouvait pas dire non à un chocolat chaud offert.
Elle avala la dernière gorgée de son autre tasse avant de placer ses mains autour de la nouvelle. Elle fredonna un petit air joyeux alors qu'elle se dandinait quelque peu sur sa chaise. Elle releva le regard et remercia d'un signe de tête le jeune journaliste.

« Vous êtes un homme de paroles, c'est un bon point », lâcha-t-elle doucement, « Ne vous excusez pas, c'est votre métier après tout »

Elle alla boire un peu de son chocolat chaud quand elle entendit la nouvelle question de Naoya. Elle reposa lentement l'objet sur la table, fronçant les sourcils. Elle ne s'était vraiment jamais posée la question. Lorsqu'elle jouait, elle choisissait les personnages féminins disponibles, elle ne cherchait pas souvent bien plus loin que ça. Elle aimait parfois prendre le personnage le plus « faible », comme pour se mettre elle-même au défi : pouvait-elle y arriver avec ce personnage-là ? Avait-elle le niveau suffisant ?

« Je sais pas trop... Je dois dire que je me suis jamais vraiment posée la question... Mais pourquoi pas un personnage qui me ressemble ? Ca pourrait être amusant de jouer avec moi-même. Dans Resident Evil surtout ! »

Elle leva rapidement les yeux vers le plafond. Pourquoi parlait-elle souvent de zombies ? C'était une autre question que le journaliste pouvait lui poser. A vrai dire, elle-même ne savait pas vraiment...
Elle replongea son regard dans celui du jeune homme, un sourire placardé aux lèvres.

« Pourquoi vous ne tentez pas d'écrire un article sur les jeux vidéos ? Vous aviez l'air d'en avoir envie avant, quand vous en parliez. J'aimerais bien lire un de vos articles... Surtout sur Peach »

Elle rit doucement, laissant enfin la tasse toucher le bord de ses lèvres. Elle but une simple gorgée et reposa la tasse devant elle. C'était son dernier offert, elle avait envie de le savourer !

« Maintenant que j'y pense... Vous êtes certainement l'un des seuls journalistes à me poser autant de questions sur les jeux vidéos »

Elle s'accouda doucement sur la table, laissant son menton se poser dans la paume de sa main. Elle se pinça rapidement les lèvres, voulant lui demander s'il n'avait pas peur que l'article devienne ennuyant, mais ravala sa question. Il semblait être le genre de personne à tout faire pour rendre son article intéressant, donc il saurait quoi dire et quoi faire pour attirer l’œil du lecteur. Enfin, normalement...

« Enfin ça me dérange pas de parler que de ça. Au contraire, vous remarquez bien que c'est un sujet qui me fait beaucoup parler. Mais disons que hm... c'est étonnant »

Elle s'était préparée à devoir répondre à toutes sortes de questions, surtout concernant sa carrière. Elle avait légèrement perdu l'habitude des interviews, mais ce qu'elle n'avait pas oublié était le côté fouineur des journalistes.
Alors pourquoi Naoya semblait mettre lui aussi la carrière de mannequin d'Erena de côté pour ne s'intéresser qu'aux jeux vidéos?

Un personnage qui ressemblait à Erena dans Resident Evil… Pourquoi pas. Je ne savais pas vraiment à quoi il pourrait ressembler, du niveau de la puissance car pour le physique j’en avais une vague idée. Peut-être que j’aurais le temps d’ajouter dans l’article un dessin de personnage de jeux-vidéo à l’image de la jeune femme. J’avais acquis certaines bases de dessin dans ma jeunesse que j’avais presque perfectionnaient maintenant.

Alors que je buvais une gorgée de limonade, Erena me posa une nouvelle question. Elle avait raison sur le fait que, faire un article sur les jeux vidéos m’intéressaient énormément. A l’école de journalisme, j’avais failli me spécialiser dans ce domaine avant de me rendre compte que je préférais faire toutes sortes d’articles plutôt que une sorte en particulier… L’appel de la NSA m’avait également conforté dans cette idée.
Je reposais le verre sur la table, attendant que mon interlocutrice ait fini de parler pour lui répondre sincèrement.

« Pourquoi je ne fais pas d’article sur les jeux vidéos ? Parce que je n’en ai pas l’occasion, ni, d’après moi, la spécialisation nécessaire. Bien que pour faire un article sur Peach je doute qu’il faille parler de graphisme, ou autre détails techniques… »

Quoique… Il y avait surement plus des détails sociologiques, ou psychologiques à exploiter qu’autre chose. J’allais surement attendre la sortie du nouveau Mario doit sauver Peach pour aller à la rencontre des habitants de Nishinaka pour pouvoir me faire une idée de qui allait l’acheter, pourquoi et s’il était au courant de cette sortie surtout. C’était une excellente idée !

« Si j’en fais un, je vous mettrais au courant car vous avez l’air curieuse de lire un de mes articles sur le sujet des jeux vidéos. »

Et j’étais curieux d’en faire un pour voir un peu mon évolution. Je trouvais ça intéressant de pouvoir noter ce genre de genre. Je pouvais voir à quel point je m’étais perfectionné dans ce domaine.
Je souris un peu amusé par la suite avant de boire une gorgée de limonade et reprendre ensuite la parole.

« Je vous avez dis que j’essaierai de vous surprendre donc le pari est réussi j’ai envie de dire, je fais remarquer pour plaisanter un peu. »

Oui bon ça tombait bien que je m’en rappelais à cet instant là, c’était une bonne excuse pour montrer que j’étais vraiment quelqu’un de parole. Ce qui n’était pas faux mais surtout avec les hommes… Pour les femmes tout dépendaient de ce qui s’était dit.

« Ne vous inquiétez pas, j’ai tout ce qu’il me faut pour mon article. Certains posent des questions précises pour avoir de la matière concrète pour faire leur article, d’autres trouvent un sujet de discussions et le mènent au bout s’il est intéressant et exploitable. C’est un peu plus psychologique mais ça revient au même et chacun a sa façon de travailler. »

D’après moi seuls ceux qui appliquaient la seconde méthode étaient des bons journalistes. Peut-être parce qu’ils devaient faire preuve d’une certaine maîtrise psychologique ou peut-être parce que c’était ma méthode.

Une légère moue triste et boudeuse s'empara de son joli visage. Pourquoi n'avait-il pas l'occasion de faire un article sur les jeux vidéos ? Franchement. Il travaillait pour un journal, non ? Alors l'occasion devait se présenter, une fois de temps en temps au moins.
Erena ne savait pas réellement comment cela fonctionnait dans ce métier à vrai dire...
Elle rit doucement malgré tout, déridant son visage de sa moue. Elle avala ensuite une gorgée de ce fabuleux chocolat chaud, passant rapidement sa langue sur ses lèvres pour en savourer la dernière goutte. Elle comptait bien économiser cette dernière tasse au maximum. Un coup d’œil rapide à sa montre et elle reporta son attention sur le jeune homme.
Elle hocha la tête positivement, de manière totalement intéressée. Elle était plutôt curieuse, oui, elle ne pouvait pas le nier. Elle voulait savoir de quel jeu il parlerait, ce qu'il en dirait, quelles conclusions il en tirerait. Surtout s'il se décidait à parler de Peach.

« Ça pourrait m'intéresser oui », dit-elle en souriant.

Elle préférait à présent jouer la carte de la neutralité. Elle s'était surprise elle-même à secouer la tête si vivement qu'elle s'était sentie obligée de dire que ça « pourrait » l'intéresser. Alors qu'en réalité ça l'intéressait énormément.
Elle secoua une fois de plus la tête pour affirmer les dires de Naoya. Il l'avait étonnée, très étonnée. Ca non plus, elle ne pouvait pas le nier. Elle s'était tout de même attendue à s'ennuyer lors de ce rendez-vous. Elle se voyait déjà donner des réponses furtives, sans détails précis, juste pour faire plaisir à celui qui lui posait les questions. Mais une fois que le journaliste l'avait envoyée sur la route des jeux vidéos, toutes ses envies de ne rien préciser s'étaient envolées. Comme quoi, les jeux la faisaient beaucoup parler... Peut-être trop parfois.

« Et je suppose que vous êtes le genre de personne à mener à bien une discussion, n'est-ce pas ? Vous êtes du genre psychologique... Non ? »

Elle pouvait bien se tromper. Combien de fois s'était-elle trompée sur les gens, au fait ? Elle avait arrêté de compter, étant donné qu'elle pouvait déjà mettre ses exs sur cette liste.
Mais elle avait vraiment l'impression que Naoya était plutôt basé sur la psychologie des gens. Il semblait fourbe. Très fourbe. Et malin. Très malin. Elle pouvait le sentir. Il transpirait la mesquinerie, la ruse ; c'était un homme, elle ne cherchait pas non plus plus loin. Elle plissa les yeux à cette pensée. Peut-être avait-il joué sur sa psychologie à elle durant cette interview ? Elle arqua un sourcil, là, elle cherchait sans doute trop loin... Mais le doute persistait tout de même.

« Vous êtes du genre rusé. Pire qu'un renard. Je dis ça mais c'est un compliment, hein. Je ne voudrais pas vous vexer »

Enfin, s'il se vexait, elle en aurait strictement rien à faire. Elle ne pouvait cependant pas lui dire, ce serait se montrer impoli et Erena était tout sauf ça. Elle ne faisait pas non plus preuve d'hypocrisie, non, elle restait tout simplement polie. Flatter l'ennemi, le caresser dans le sens du poil, lui passer de la crème... C'était se montrer tout aussi fourbe que lui. Mais en version plus polie.

Elle regarda sa montre une fois de plus. Elle se mordit légèrement la lèvre inférieure ; elle avait très envie de massacrer du zombie. Elle se mit à rire discrètement, si elle se mettait à dire ce genre de choses à haute voix, on la prendrait sans doute pour un sociopathe cachée, ou quelque chose de ce genre-là.
Portant une fois de plus la tasse à ses lèvres, elle but plusieurs petites gorgées de sa boisson, son regard fixé sur Naoya. Elle avait l'impression qu'il était ce genre d'hommes qu'on ne pouvait pas quitter des yeux. Pas parce qu'il était super mignon et que ce serait un crime de ne pas le regarder, mais parce qu'il pourrait faire quelque chose dans son dos. Comme à son habitude, elle faisait face à un homme, donc elle ne cherchait pas plus loin. Elle pensait d'ailleurs ça pour tous les hommes : il ne fallait jamais détourner le regard d'eux sinon on en payerait le prix. Et Erena n'avait plus envie de payer pour les pots cassés.

« Vous pensez publier l'interview prochainement ? Que je sache quand me tenir prête »

Prête avec une batte de baseball dans les mains. Non, c'était une blague, Erena n'aimait pas la violence. Par contre elle connaissait un bon avocat...
Elle fouilla rapidement dans son sac et en sortit plusieurs bouts de papiers avant d'en poser un devant Naoya.

« C'est mon adresse mail », expliqua-t-elle, c'était là son adresse mail professionnelle bien entendu, « Comme ça vous pourrez me prévenir quant à l'avancement de la publication et tout ça. Si ça vous va bien sûr. Sinon c'est pas grave, je patienterai sagement »

Un doux sourire vint peindre ses lèvres alors que ses mains entouraient la tasse devant elle. Elle la porta à nouveau à ses lèvres et avala le contenu d'une traite. Un rapide « c'était bon » quitta ses lèvres alors qu'elle inclinait quelque peu la tête, remerciant Naoya pour cette délicieuse boisson.

Erena voulait jouer la carte de l’indifférence, je le sentais car ses réactions la trahissaient un peu. Je ne fis aucune réflexion, hochant seulement la tête un petit sourire sur les lèvres. Par sa recherche de neutralité, j’avais l’impression qu’elle avait remarqué qu’elle n’avait pas hésité à me répondre avec une certaine sincérité tout au long de l’interview.

Hochant une nouvelle fois la tête alors que je buvais une des dernières gorgées de limonade, je souris avant de reprendre la parole.

« Vous avez totalement raison je fais plus dans le psychologique et je retranscris dans l’article tous les éléments que j’ai en main… »

Je me retins d’ajouter un « c’est ce qui fait de moi un si bon journaliste » sinon j’allais passer pour prétentieux et si l’article n’était pas à la hauteur de ses attentes… Je ne voulais même pas imaginer ce qu’elle ferait.

J’arquai un sourcil à sa remarque. Un renard ? Moui, pourquoi pas. C’était certainement ce que j’étais en tant que journaliste et surtout NSA… A la différence que d’un côté je restai neutre alors que de l’autre, pas du tout et donc, ce n’était pas sa recherche de neutralité qui jouerai dans l’article que j’écrirai. De plus, c’était une parfaite shinki, ça se sentait. Elle n’avait vraiment pas de raisons d’avoir peur de moi et, de ce fait, de me brosser dans le sens du poil.

Après avoir lâché mon verre de limonade, j’avançais mes deux mains vers le bout de papier qu’elle me tendait et où son adresse e-mail professionnelle était inscrite. Je m’inclinai légèrement avant de mettre le papier dans la poche avant du sac où je range ma tablette.

« L’article devrait, normalement, paraître le mois prochain. Je vous enverrais un mail dès que l’interview sera parue. »

Je finis ensuite ma limonade avant de ranger ma tablette et de me lever. Après avoir sourit, une nouvelle fois, je m’inclinais en prenant la parole.

« Je vais vous laisser, merci beaucoup d’avoir accepté de venir et donc de m’avoir accordé du temps pour m’aider à la réalisation de mon article. »

C’était la phrase basique que je disais à chaque fin d’interview. Je me relevais, toujours en souriant et ajoutais quelque chose.

« N’oubliez pas de me dire si l’article que je ferais sur vous, vous plaira… Si c’est le cas, vous devrez m’inviter à boire un verre. »

Je m’inclinais de nouveau avant de prendre mes affaires et de me diriger vers la caisse pour payer les deux cafés, limonades et les quatre chocolats. Je pus ainsi me rendre compte que les prix n’étaient pas onéreux, vraiment. Je reviendrai surement ici avec une autre personne que Erena. C’était presque certain.

Je sortis ensuite du café et pris une inspiration avant de regarder l’heure. J’avais le temps d’aller jusqu’à mon prochain rendez-vous en prenant mon temps. Cette perspective me fit sourire alors que je m’éloignais du lieu.