Puis-je t'éclairer ?

Aujourd'hui avait été une dure journée. J'avais même du finir plus tard à cause d'un client de dernière minute. Ce coup là ou me l'avait jamais fait... Enfin, j'avais réussi à me libérer assez vite et j'étais pour de bon chez moi. Je viens d'ailleurs d'entrer. Je me déchausse et enlève mon manteau puis je me dirige vers le salon. Une jeune femme y est déjà. Takashi Haruna, ma baby-sitter. Depuis trois ans.

- Salut Haru-chan !

Je lui fait un rapide bisous sur la joue puis je me dirige vers une chambre éteinte. J'y entre sans faire de bruit et m'approche du petit lit. Je me m'y assoie et regarde mon petit bout de chou qui y dort. L'affaissement du lit la légèrement réveillé. Il ouvre ses yeux et m'appelle.

- Je suis là mon petit ange.

Je lui fait un léger baiser sur le front, le remet bien au chaud sous sa couette et me dirige vers la sortie de la chambre de mon fils. Haruna est juste la.

- Ça c'est bien passé ? Il n'a pas été trop turbulent ?

Comme souvent, ce soir j’allais garder un petit garçon du nom de Ame Sawao. Au départ, je devais être sa babysitteuse pendant le temps de mes études mais, aujourd’hui, je continue de le garder… Bénévolement. En effet, je me suis attachée à ce petit et j’apprécie sa mère, Mizuki. Je la considère comme ma petite sœur, et je veux l’aider du mieux possible.
J’avais aidé Sawao à finir un dessin pour sa maman avant de préparer à manger. On avait dîné puis on était allé dans la salle de bain. J’avais fait une rapide toilette à Sawao et l’avait porté jusqu’à son lit. Je l’avais bordé avant de lui faire un bisou sur le front et de lui lire une histoire jusqu’à ce qu’il s’endorme.

J’étais ensuite partie dans le salon pour regarder la télévision tout en lisant un magazine en ligne sur ma tablette. Je n’avais pas mis le son de la télévision trop fort pour ne pas réveiller le petit être qui dormait.
Deux heures plus tard, alors que j’avais abandonné ma tablette dans mon sac à main pour me concentrer sur l’écran de la télé, la porte se fit entendre. Mon regard se tourna vers la source du bruit souriant en voyant Mizuki.

« Salut Mizu, je dis en souriant un peu plus à son geste. »

Vraiment Mizuki était devenue bien plus que mon employeur, c’était devenue une amie. Une personne que voulait aider du mieux possible.
Je me levai pour la suivre jusqu’à la chambre de Sawao, souriant tendrement en voyant la scène qui se déroulait. C’était tellement adorable de voir à quel point la jeune femme aimait son fils et tellement triste qu’elle ne puisse pas passer le temps qu’elle voulait avec lui.
Après avoir embrassé le front de Sawao, Mizuki sortit et ferma la porte de la chambre en me demandant comment avait été son petit pendant la soirée.

« Ne t’inquiète pas, je réponds. Comme d’habitude, la soirée s’est très bien passée, Sawao a été très sage et a même fait quelque chose pour toi que tu ne verras que demain. »

On s’était ensuite assise sur le canapé. La télévision était toujours allumée mais je regardais Mizuki, la trouvant autrement que d’habitude.

« Tu vas bien ? Ça s’est bien passé au travail ? »

Je préférais rester vague pour qu’elle me parle seulement si elle ressentait l’envie et, qu’ainsi, elle ne se braque pas contre moi.

On c'est dirigé vers le salon. Une fois assise, Haruna m'a demandé comment j'allais et surtout comment le boulot c'était passer. C'est vrai que je n'aime pas trop parler de ma... Profession, on va dire. Mais généralement en parler à Haruna m'aide. Bien plus que ma psy d'ailleurs. Je lui souris et commence à lui raconter a journée.

- A vrai dire, je suis tombée sur plusieurs "tactiles" aujourd'hui.

Tactiles... C'est le nom qu'on donne aux hommes qui veulent un peu plus de bon temps on va dire. Et c'est peut-être ceux que je déteste le plus. C'est bon, c'est parce que ils ont un truc entre les jambes qu'ont doit être là pour s'en occuper ! Enfin.... Haruna attends la suite alors je continue.

- En plus il y en a un qui n'a absolument pas compris que non, je ne voulais pas de supplément ! On n'y peux rien... En plus, je suis désolé d'être rentrée plus tard mais un client est arrivé une minute avant la fin de mon service. Et mon patron me la refilé. Je crois qu'il n'aime vraiment que je ne prenne pas les clients avec supplément...

Je médite sur mes dernières phrases pendant quelques minutes. Haruna réfléchit aussi. Soudain, je me rappelle qu'elle m'avait parler de quelque chose par message. Je m'empresse donc de lui demander comment ça c'est passer.

- En faite, comment c'est passez ta rencontre avec... Comment elle s'appelle... Hum, Mia, je crois ?

J’écoutais attentivement mon amie, une main sur son épaule pour lui montrer que j’étais là. Je voulais lui montrer que j’étais là pour elle, qu’elle n’était pas seule.
J’aurais tellement voulu l’aider pour qu’elle puisse faire autre chose mais très peu d’employeur acceptait d’embaucher une femme sans qualification et qui avait un enfant… Il y en avait mais soit ça ne payait pas assez pour que Mizuki puisse subvenir aux besoins de Sawao et aux siens… Ou alors elle devrait faire pire qu’hôtesse…
Ne voulant pas l’inquiéter d’avantage à propos de l’heure à laquelle elle était rentrée, j’avais légèrement secouée ma main, un sourire rassurant sur les lèvres.

« Ne t’inquiète pas pour moi, je préfère largement que tu rentres à cette heure-là que de savoir que tu fais des suppléments. »

Je partis dans mes pensées. Je me souviendrais toujours de cette jeune fille d’à peine 18 ans qui m’avait ouvert la porte il y a presque deux ans maintenant. J’avais eu envie de la protéger, être un soutien pour elle car je savais à quel point la vie pouvait être dure et les gens cruels.
Quand Mizuki me parla d’une rencontre avec une certaine Mia, j’avais secoué la tête… Miki.
Malgré la confiance que j’avais en Mizuki, je lui avais seulement parlé de mon passé de façon assez évasive… Parlant de Miki un peu sans le faire exprès. J’avais envoyé ce sms à Mizuki alors qu’il était, au départ, destiné à Kai. Je m’étais trompée de destinataire mais, au final, je n’avais jamais envoyé de sms à Kai à ce propos.

« On va dire que ça a été… Enfin pour mes nerfs pas vraiment mais je m’en suis sortie moins méchamment que ce que je pensais. »

Même si j’avais pensé ne plus revoirMiki, je m’imaginais parfois la croiser et je me demandais comment je réagirais à ce moment-là… Et c’était beaucoup plus violent que ce qu’il s’était réellement passé. Je n’étais ni rancunière ni mauvaise, simplement j’avais du mal à pardonner aux personnes qui m’avaient presque détruite intérieurement.

« Mais je ne sais pas vraiment quoi penser de cette rencontre, j’avoue en soupirant. »

Pour ne pas dire que cette rencontre m’avait totalement chamboulée et me travaillait énormément.

« Attends, j’ai une idée ! »

Je partis dans la cuisine prendre une assiette où il y avait des rondelles de concombres que j’avais coupés un peu avant que Mizuki rentre. Je pris, également, un sac que j’avais apporté et qui contenait pas mal de choses. Masque, vernis, bandeau pour tenir les cheveux… Le tout dans le but de détendre Mizuki.

« Je pense qu’on peut parler de ça tout en se détendant, surtout que tu as eu une soirée un peu compliquée, non ? »

J’ouvris le sac pour qu’elle puisse voir le contenu, souriant légèrement.

Elle est partie dans la cuisine après m'avoir rassuré et assuré qu'on allait parler de tout ça. Elle est revenu dans la pièce à vivre, les mains remplis de miracles. Haruna était réellement géniale. Elle avait préparée une soirée détente. Les concombres, les masques, les bandeaux... Tout y étais ! J'ai souris. Haruna était vraiment devenue une personne importante pour moi, un point de repère et peut être la grande soeur que j'ai toujours rêver d'avoir.

- Tu es géniale ! Maintenant viens t'assoir et raconte moi tout. Je vois bien que malgré le fait que tu dise aller bien, ce dont je ne doute pas, cette rencontre avec Mia te travaille. Au passage, elle s' appelle bien Mia ?

Je pouvais passer pour une cruche mais Haruna ne s'étendait pas réellement sur son passé. En tout cas, sur ce qui étais antérieur à son arrivée à Nishinaka. Et ça me tauraudait qu'elle ne puisse me faire confiance. J'ai attendue sa réponse, en ouvrant un pot de masque et en forcant Haruna à s' allonger, un grand sourire au lèvres, pour commencer à le lui appliqué.

Je ne pus retenir un soupir ni même protester que je me trouvais déjà allongé sur le canapé, Mizuki m'appliquant l'un des masques que j'avais apporté.

« Miki. Ueyama Miki,, je finis par dire. »

Bon c'était déjà un début... Mais je ne savais pas vraiment quoi lui dire d'autre sans trop m'étendre sur mon passé.
Je ne lui mentirai pas. Je le savais car je détestais mentir... Simplement révéler une partie de la vérité.

« On s'est connue au collège. Elle arrivait d'un établissement primaire différent du notre et donc ne connaissait personne. »

Je me souviendrais toujours du jours où je l'ai vu pour la première fois. Elle marchait tête baissée, n'osant regarder personne. Si bien qu'on s'était bousculée mais je n'avais fait aucune remarque désobligeante. Au contraire, le courant été tout de suite passé.

« Jusqu'à ce qu'on se rencontre. On s'est bien entendu et je la considérais comme ma meilleure amie. Comme tu le sais je suis venue à Nishinaka après le collège mais au lieu de me soutenir... Elle m'a tournée le dos, comme les autres. »

Je lui faisais la version légère, ne préférant pas m'étendre d'avantage à ce sujet.

« Depuis que je l'ai revue je n'arrête pas de m'interroger... De me demander si je dois lui accorder une seconde chance ou non... »

Je ne pus, ensuite, retenir un soupir autant de lassitude que de bien être... Je pourrais faire des masques tous les jours.