It's seems very difficult

Comme tous les autres samedis après-midi je ne travaillais pas mais, cette fois-ci, Kawaguchi Ren, un de mes amis de longue date que je n’avais pas vu depuis longtemps, ne travaillait pas non plus. On avait prévu de se voir sauf que, ça faisait une heure que je l’attendais et personne en vu. J’avais essayé de le joindre mais je n’avais eu aucune réponse… Je finis pas prendre la direction du magasin où il travaille, apprenant par sa patronne qu’il était… En prison ? Ren ? En prison ? Lui ?
Suspicieuse, ou plutôt curieuse, j’étais partie en direction de la prison des denshou. En entrant, je crus entrer dans une autre dimension. J’étais peut-être shinki mais, dans ce lieu, je me sentais plus denshou qu’autre chose… Surtout quand je vis Ren. J’eus un doute quant à la fonction de ce lieu.

« Ren ! Tu vas bien ? Tu es là depuis longtemps ? C’est pas trop dur ? Tu réussis à survivre ? »

Le pauvre, je devais l’assommer avec toutes ces questions mais en le voyant j’avais eu beaucoup de mal à le reconnaître… Il ressemblait à une carotte… C’était être parfait ça ? Les UV, d’accord mais le but n’est pas de cramer dans la cabine, si ?
Je regardais Ren, je n’étais pas pour obliger les gens à aller trop vite pour s’adapter à un mode de vie. Surtout quand ils étaient méconnaissable et que leur côté innocent et adorable physiquement disparaissait.
Je ne suis pas quelqu’un de très expressive mais, à ce moment-là je fis une petite moue en ayant l’impression d’être un petit chiot qui venait de retrouver son maître après plusieurs mois de séparation.
De plus, j’espérais également, qu’à l’intérieur, Ren était toujours le même car j’apprécie vraiment sa personnalité.

En plus de sentir le Shinki à plein nez à trois kilomètres à la ronde, il se sentait affreusement ridicule comme ça. Se pavaner comme ça dans la rue ? Et puis quoi encore. Il préférait vivre dans une grotte, surtout pour que personne ne le voit.
Le regard perdu dans le vide, Ren tourna à peine la tête quand on l’appela. Il espérait qu’au fond, on venait lui annoncer qu’il pouvait sortir, parce que c’était un gentil garçon etc, mais non, la voix lui énonça juste qu’il avait de la visite. Chouette, il allait être ridicule devant quelqu’un. Mais la question était de savoir qui.

Il eut rapidement sa réponse : Haruna… Il ouvrit la bouche pour la saluer mais fut assailli de plusieurs questions. Il ne put que secouer légèrement les mains, comme pour lui intimer gentiment de ralentir le tempo.

« Je vais … bien, et toi ? C’est pas dur du tout, tout est tellement génial »

Ironique ? … Oui. Mais il avait tenté de paraître le plus naturel possible. De toute manière, Haruna devait bien se douter qu’il plaisantait. Elle devait savoir qu’il voulait juste partir en courant et rentrer chez lui.

Il regarda la jeune femme quelques secondes. Elle était mignonne à faire cette petite moue de chiot. Il lui sourit alors et s’accouda doucement sur la table. Il passa rapidement sa main dans ses cheveux, avant de la laisser tomber sur sa nuque, qu’il massa doucement.

« Désolé de pas avoir pu te prévenir pour aujourd’hui »

Il soupira faiblement avant de baisser quelque peu la tête. Il aurait préféré passer sa journée dehors en compagnie d’Haruna. Il n’était pas là depuis longtemps mais il avait le sentiment que ça allait être très long…

« Comment t’as su que j’étais là d’ailleurs ? »

Parce que oui, il se demandait comment Haruna avait fait pour savoir où le trouver. Soit elle était devin et très forte, soit elle s’était renseignée quelque part.
Enfin, peu importait la manière dont la jeune femme le savait, elle était là et c’était ça le plus important.

Je me laissais tomber sur la chaise en entendant qu'il allait bien. J'étais soulagée… Même si je sentais l'ironie de sa phrase. Je n'étais pas dupe à ce point ! Le fait que je connaisse un peu la personnalité de Ren y était pour beaucoup aussi…

« Je vais bien aussi, je dis avec un sourire un peu timide. »

J'étais surtout inquiète. Je ne pouvais imaginer ce qu'on pouvait lui faire subir dans cet endroit. Certes, en tant que shinki je devrai aimer ce lieu car il « respirait » la perfection mais, en réalité, je le trouvais plus effrayant qu'autre chose…
Je fus rassurée quand il s'excusa pour aujourd'hui. Rien que ça, montrait que le Ren que je connaissais était bien là… Quelque par sous toutes ces couches superflues. Une veste en cuir avec de la moumoute, je veux bien dehors mais dedans… C'était vraiment nécessaire ?

Sa question me laissa d'abord muette. Je me demandais si Yuki m'en voudrait si je révélais à Ren qu'elle m'avait informée de sa capture… De sa détention plutôt… Enfin, c'était pareil, non ?

« C'est madame Yuki, qui m'a informée que tu étais là, je dis tout de même. Ça m'a inquiété et aussi surprise car tu es loin d'être un gangster ou un criminel ! »

Je n'avais pas pu m'empêcher de préciser la fin, un air surpris sur le visage. Penchant la tête sur le côté, je regardais Ren tout en partant dans mes pensées. Mon esprit de vendeuse avait prit le dessus et quelque chose me gênait énormément. Vraiment.

« Tu as une idée de comment tu vas accorder tes vêtements avec ton nouveau teint ? Je demande suspicieuse. »

Je me posais réellement la question, et je n'avais pas pu m'empêcher de lui demander. Un teint hâlé c'était beau en été, il y avait plein de choix possible pour les vêtements mais en hiver je trouvai ça étrange… Surtout quand ça faisait plus carotte qu'autre chose… On respire Haruna, et on étrangle personne… On respire…

« Ren...On t'apprend quoi ici ? »

Il fut surpris d’entendre ce nom-là dans la bouche d’Haruna. Puis il se mit à rire à la fin de la phrase de son amie. Il n’était pas un criminel, ni un gangster non. Et pourtant, il était bel et bien enfermé… Cherchez l’erreur ! Plus il y réfléchissait, plus il se disait qu’il aurait mieux fait du mal avant de finir ici. Il se sentirait peut-être moins innocent dans l’âme, et puis il aurait au moins fait quelque chose !
Il fronça les sourcils à la remarque d’Haruna et lâcha un petit « Gné ? ». Il plissa légèrement les yeux : elle se moquait de lui là ou elle se posait vraiment la question ?

« Je… sais pas ? J’pensais sauter dans un pot de peinture blanche, t’en penses quoi ? », déclara-t-il pour répondre à la première question de son amie, « On m’apprend à m’habiller, à me servir d’une tablette, téléphone, tout ça, et on me parle de la mode… et… un lavage de cerveau quoi », finit-il, répondant ainsi à la seconde interrogation.

Ses épaules tombèrent d’un coup alors que sa tête se baissa à nouveau. Il sentait presque son âme quitter son corps tellement c’était nul et horrible d’être là. Il allait devenir un zombie, à errer sans but.
Sa main vint s’écraser avec douceur sur ses cheveux, les mettant involontairement en pagaille, comme s’il voulait chasser les mauvaises ondes de son cerveau.
Puis, pour le bien de tous, il était préférable de changer de sujet. S’il continuait de trop réfléchir là-dessus, il allait se froisser un neurone, or, il était sûr d’en avoir besoin pendant les jours à venir.

« Ah, si jamais tu repasses au magasin, tu pourras passer le bonjour de ma part ? », demanda-t-il en souriant doucement, « Même ma patronne me manque, t’imagines ? »

Son rire perça lentement l’air autour d’eux avant qu’il ne finisse par sourire une nouvelle fois.

Un pot de peinture blanche était une solution comme une autre et le rendu serait certainement mieux qu’actuellement… Non mais à quoi je pensais ? Ren était en prison, souffrait d’un lavage de cerveau et, pendant ce temps, je me préoccupais de son teint… Je devrais vraiment déconnecter du travail surtout que ce n’était pas rien un lavage de cerveau !
En effet, je m’imaginais devoir penser autrement que comme j’avais pensé pendant une bonne partie de ma vie. Renier la technologie, ou tout ce qui avait un rapport avec la perfection… Je trouvais ça horrible…Même si je n’étais pas devenue une shinki parce que j’étais admirative des idéologies de la ville mais pour moi, devenir quelqu’un d’autre que celle que j’étais au lycée, je ne pouvais faire marche arrière.

L’entendre dire que sa patronne lui manquait me fit avoir un sourire un peu triste. C’est vrai que cet endroit devait être tout sauf plaisant, endoctriner ainsi les gens... C’était inhumain.

« Promis, je lui passerai le bonjour de ta part ! Tu as le sien d’ailleurs. Elle espère que tu survis et que tu prends des bonnes vacances car elle compte te faire travailler ou plutôt souffrir dès ton retour. »

J’avais promis à Yuki de le prévenir. Même si ça paraissait cruel, c’était une façon de montrer que quelque part, elle disait ça pour le détendre, lui montrer qu’elle pensait à lui. Enfin, c’est ce que j’avais compris.

« D’ailleurs, si tu as besoin de quoique ce soit dès ta sortie, n’hésite pas à venir me voir. D’accord ? »

Je lui souris gentiment. Ren est une personne pour qui j’ai beaucoup d’affection et on s’était bien aidé dans le passé. Même si d’autres personnes étaient là pour lui, ça me ferait plaisir qu’il m’appelle. Je l’aiderai du mieux possible… Sauf à s’échapper d’ici, je doute qu’il existe une application : « plan pour s’évader d’une prison » et je ne connaissais pas du tout le domaine pour l’aider à s’échapper d’ici.

« Sinon, tu as des nouvelles choses à me raconter depuis le temps ? »

Ren lâcha un rapide « Merci » à la jeune femme avant de bailler distraitement. C’était épuisant d’être là. Ses neurones tentaient de fuir lentement mais sûrement vers la sortie.
Il cligna plusieurs fois des yeux. Le faire souffrir à son retour des vacances ? Quelles vacances ? C’était une blague ? Il se mit à rire malgré lui, secouant quelque peu la tête de gauche à droite. Oh non, c’était loin d’être une colonie de vacances.

« C’est plutôt ici que je souffre », murmura-t-il lentement.

Il se frotta les yeux d’un geste mou. Souffrir était sans doute un bien grand mot, mais il ne passait pas non plus d’agréables moments ici. Tout ça allait devenir des souvenirs qu’il voudrait oublier. Il espérait ne plus devoir y revenir, plus jamais.

« J’y penserai. T’es gentille, merci »

Il inclina légèrement la tête pour la remercier une fois encore et lui sourit doucement. Il était content d’avoir Haruna. Ca le rassurait de savoir qu’il pouvait compter sur elle à sa sortie.

« Des nouvelles ? Hum… Je crois avoir perdu un neurone », dit-il en riant, « Sinon rien. Et toi ? »

Il s’accouda à la table, posant son menton dans sa main. Son autre bras vint se perdre sur ses cuisses, restant négligemment posé là.
Un petit sourire tendre prit place sur ses lèvres alors qu’il dévisageait la jeune femme. Il était content qu’elle soit venue le voir. Qu’elle se soit prit le temps de venir ici, pour lui. Ca lui donnait presque envie de voir le monde en rose et de courir partout en agitant les bras.

« Tout se passe bien pour toi au magasin sinon ? Tu t’en sors bien ? »

Il était tout de même curieux de savoir comment Haruna s’en sortait. Il s’empressa néanmoins de rajouter :

« Je suis sûr que tu te débrouilles très bien »

Et il en était certain : Haruna se débrouillait comme une reine à la boutique. Certainement mieux que lui à ses débuts. Il se souvint alors de sa rencontre avec la jeune femme, et son regard se mit soudainement à briller de nostalgie. Un rire discret glissa sur ses lèvres avant qu’il ne s’excuse précipitamment.
Et pour montrer à son amie que non, il ne perdait pas la tête, il lui offrit un grand sourire.

Un triste sourire se dessina sur mes lèvres à sa réponse. Je n’aimais pas savoir qu’une personne que j’appréciais allait mal.
Par la suite, mes lèvres se pincèrent à cause de sa question. Des choses nouvelles il y en avait… Une en fait, ma rencontre avec Miki. Je ne pouvais pas parler de ça à Ren, il ne connaissait pas vraiment mon passé et je me voyais parler de ça avec lui… Surtout ici !
Ren coupa court à mon combat intérieur en me parlant du magasin. Un sourire un peu nostalgique se dessina sur mes lèvres en pensant à tout ce qu’il s’était passé depuis nos débuts dans la vente, depuis notre rencontre.

« Je vois rien de nouveau à te raconter… Mis à part le fait que je n’ai malheureusement pas récupéré ton neurone, je dis en riant un peu. Sinon, oui, tout se passe bien au magasin… Et je m’en sors quand mon patron ne m’oblige pas à refaire la vitrine parce qu’il s’est trompé de collection, parce qu’un bonnet n’est pas droit ou ne va pas avec les chaussettes d’un autre mannequin… Pour des détails que je trouve vraiment futile. Mais bon il recherche la perfection, ce qui est compréhensible. C’est satisfaisant de voir que son magasin est comme on le souhaite. »

Je souris ensuite, m’inclinant légèrement pour le remercier à la suite de son hypothèse. Je repris la parole, ayant réalisé quelque chose.

« Je me débrouille comme je peux, je dis un peu mal à l’aise. Sinon pardon pour ce petit cours de théorie sur la perfection des magasins, j’enchaîne avec un petit rire. Retiens juste que, pour être parfaite, une vitrine doit être refaite au moins 10 fois, 5 si tu as de la chance. »

J’exagérai peut-être mais, au départ, ça m’avait paru assez étrange… Surtout que je n’étais pas aussi à l’aise avec toutes ces idées sur la perfection par rapport à aujourd’hui. Je ris un peu avec lui, ne cherchant pas à comprendre la raison de son rire.

« Tu sais quoi ? Tente de poser dans la vitrine à ton retour et bouge quand Yuki ou une collègue approche. Je pense que ça peut être drôle ! »

Un petit rire lui échappa. Elle n’avait pas retrouvé son neurone ? Dommage. Il était sûr d’en avoir besoin. Il écouta ensuite attentivement le discours de la jeune femme, secouant la tête de temps à autre pour montrer qu’il suivait tout ce qu’elle racontait, et lançant des regards surpris.
Pour des détails futiles c’était des détails vraiment futiles. Mais bon, le fin mot de la ville était « perfection », alors ce genre de comportement n’était pas vraiment étonnant. Sa patronne était stricte, mais pas autant. Si un habit n’était pas droit, elle ne se privait pas pour faire la remarque bien sûr, mais elle n’obligeait jamais Ren ou sa collègue à refaire la vitrine à cause de ça.
Fallait pas abuser non plus ! Ca allait devenir une excuse pour manquer l’école, ou le travail bientôt. De toute manière, à force de courir après la perfection, la plupart des gens allait se perdre. Un jour ou l’autre, elle arrivera à les semer.

10 fois ?!
Wow. Il avait vraiment de la chance d’être tombé sur une bonne patronne. Au pire des cas, ils s’amusaient à refaire la vitrine trois fois. Mais il trouvait cela raisonnable. Quand ils la refaisaient, c’était surtout parce que l’agencement ne m’était pas telle ou telle tenue en valeur, et il fallait donc recommencer.

« Me poser dans la vitrine ? … Oh ! »

Il pointa rapidement le doigt vers son amie, comme si elle venait de trouver l’idée du siècle. C’était largement de son niveau. Il était sûr qu’il trouverait ça drôle. Sa patronne ou sa collègue peut-être moins, mais lui se payera une bonne crise de rire.
Il regarda alors son amie et un petit sourire en coin apparut.

« Ca fait longtemps que t’es plus passée au magasin, non ? Quand je sortirai, tu viendras me voir ? »

Il pouvait tester la blague douteuse sur Haruna aussi. Puis elle ne pouvait pas le blâmer, c’était elle qui y avait pensé. Ca ne lui était même pas venu à l’idée d’ailleurs…

« Faudrait que je vienne te voir aussi », s’exclama-t-il soudainement, « J’ai envie de te voir travailler »

Il était quelque peu curieux sur le sujet. Et puis, ça lui changerait de d’habitude : pourquoi pas passer de l’autre côté ? Il pouvait ainsi entendre les arguments de vente de son amie. Et pourquoi pas en retenir quelques uns.

À la réaction de Ren, j’eu l’impression d’avoir trouvé la blague du siècle. C’est vrai que ça pouvait être drôle, surtout que c’était compliqué de reconnaître Ren depuis sa récente transformation. D’ailleurs, il pourrait peut-être filmer sa blague et me l’envoyer par la suite… Penser à ça me fit sourire sincèrement surtout en entendant la suite.

« Je passerais promis, mais seulement si tu me promets de ne pas m’obliger à acheter… Il y a bientôt une tablette qui sort et j’ai stocké tellement de magazine sur la dernière que je l’achète pour éviter d’effacer les anciens. Puis, c’est aussi la crise, mon compte risque de crier famine après. »

C’était surtout moi que je devais contrôler. J’avais tendance à me laisser tenter par tout et n’importe quoi… Je me désespérais parfois mais je recommençai car c’était dans ma nature d’agir ainsi.

« Viens me voir, oui. Je serais vraiment contente que tu passes au magasin ! »

C’est vrai que ça faisait longtemps qu’on n’était pas passé voir l’autre pendant son travail. Faire ça nous permettait toujours de pouvoir dire ce qui n’allait pas vraiment dans le travail de l’autre et le conseiller pour la suite.

« Puis, je verrais si on t’a fait rentrer la doctrine shinki dans la tête, je dis pour le taquiner. »

Je n’allais pas du tout le tester à ce propos, c’était surtout pour le taquiner. Même si c’était devenu facile, pour moi, de dire si quelque était plus shinki ou denshou. En effet, avec le temps j’avais remarqué que les plus difficiles à satisfaire au niveau des clients étaient les denshou, surtout les extrémistes. Pour eux, tout était trop si, tout était trop ça et ils repartaient généralement sans rien acheter. C’était les plus fatiguant mais il fallait rester souriant car il fallait de tout pour faire un monde.

« Tu sors quand au fait ? Je finis pas demander. Pour que je sache à partir de quand je peux venir te voir au travail et que je m’attende à recevoir une vidéo de toi, faisant une blague à tes collègues. »

Ren secoua la tête, il n’allait pas forcer Haruna à acheter dans son magasin. Il souhaitait juste que la jeune femme passe le voir pour qu’ils puissent passer un peu de temps ensemble. Parce que ça faisait longtemps. Il aurait dû en profiter aujourd’hui normalement, mais… la prison…
Un haussement de sourcil étira les traits de son visage. Alors Haruna préférait acheter la nouvelle tablette, quitte à se serrer la ceinture, pour stocker des magazines ? Il pouvait comprendre le besoin que son amie ressentait. Il arrivait à comprendre que certains soient plus attirés par la technologie que d’autres, mais quand même… de là à mettre son compte à zéro…
Aucun mot ne sortit de sa bouche, Haruna était assez grande pour savoir ce qu’elle devait faire. Il se contenta de sourire en rajoutant qu’il viendrait la voir.

Faire rentrer la doctrine Shinki dans sa tête ? Il se mit à rire à cette idée. Ren était trop têtu : il avait ses convictions et s’y tenait. Il n’allait pas changer d’un cheveu en sortant d’ici, c’était clair et net.
Il se mit alors à réfléchir en entendant la question de la jeune femme.

« Je sors le 13 ! »

Et son regard commença à briller après qu’il ait prononcé cette phrase.
Il était tellement pressé de pouvoir quitter cet endroit, de retrouver son appartement, son lit, son bain, ses livres, son travail et ses amis.

« Le mieux ce serait que tu passes le jour où je fais la blague non ? Ce sera certainement plus drôle que par vidéo »

Par là il fallait aussi comprendre qu’il ne savait pas comment il pouvait faire pour filmer discrètement. Oh il savait appuyer comment ça fonctionnait, il n’avait aucun souci pour ça, mais être discret pour le faire… c’était une autre mission.

« Je sais pas quand je compte la faire par contre. Si jamais j’me décide pour un jour, je t’envoie un message ? Et tu passeras. On fera d’une pierre deux coups comme ça »

De cette manière, il pourrait peut-être faire la fameuse blague à son amie ?

Le 13 ? C’était dans quelques temps quand même… Enfin pas tant que ça mais dans ce genre d’endroit ça pouvait paraître long. Très long.
Je souris en entendant la suite. C’est vrai que c’était toujours mieux de le voir en vrai mais j’aurais voulu être sûre de pouvoir en profiter si jamais j’avais du travail.

« Envoie-moi un message oui ! Comme ça je pourrais te dire si je travaille ou non. Et je pendrai une photo que je développerai et mettrai dans un cadre pour que tu puisses avoir un souvenir mémorable de cette blague. »

Je sentais bien que Ren ne changerait pas son point de vue au niveau des nouvelles technologies et même pour tout ce qui touchait à la perfection.

« Si je peux passer, j’en profiterai aussi pour te voir travailler… On fera d’une pierre deux coups. »

Je souris avant de penser à autre chose, j’avais envie de faire une petite blague qui me démangeait depuis qu’il m’avait annoncé la date de sa sortie. Je me penchais vers lui, chuchotant le plus discrètement possible.

« Tu sais quoi, pour faire croire que tu as complètement compris ce qu’on t’a dis pendant ton séjour ici... Offre-toi des chocolats pour la St Valentin. Je suis sûr que certaines personnes amoureuses de leur perfection le font. »

Et ça ne m’étonnerait pas… Il devait il y avait des shinki comme il y avait des denshou extrême. Quelque part, je ne pouvais m’empêcher à Kazuki. J’étais devenue son guide pour l’aider à s’intégrer à la ville mais depuis que j’avais appris pour Ren, j’avais l’impression que plus aucun denshou ne pouvait échapper à cet endroit.
Chassant cette pensée de mon esprit, je repris une posture plus convenable sur la chaise.

« Par contre, évite de te prendre pour un gangster ou un rebelle parce que tu es ici, je dis sur un air taquin. Je pense vraiment que ça ne t’irai pas et que ça prolongerait ton séjour. »

Et je doutais qu’il voulait le rallonger. J’avais, également, précisé cela pour que Ren n’aille pas s’imaginer des choses.

Il rit doucement en imaginant Haruna le prendre en photo. Il en était sûr, il allait bien s’amuser ; sa patronne et sa collègue peut-être moins.

Il la regarda avec de gros yeux : s’offrir des chocolats à soi-même pour la Saint Valentin ? C’était possible ça ? Genre… sérieusement ? Il arqua ensuite un sourcil avant de grimacer légèrement, s’imaginant le matin de la journée des amoureux, devant son miroir, à se tendre des chocolats à lui-même. Dans sa tête, ça ne sonnait pas vraiment narcissique, ça donnait plus l’impression d’être désespéré… Personne à qui offrir des chocolats ? C’est pas grave, on s’en offre à nous-mêmes… Ca faisait presque un mauvais slogan de publicité. Et en y pensant, il ne savait pas s’il devait rire ou pleurer devant ce fait.

Un rire s’échappa de ses lèvres. Un gangster ? Un rebelle ? Il se serait plutôt rangé dans le clan des Yakuza. Il pensait d’ailleurs à se faire tatouer les dates de son séjour en prison sur l’avant-bras, ça lui donnerait un certain style. Quoique, l’avant-bras, ce n’était pas une bonne idée, à cause de son métier. Bon, il pouvait toujours les tatouer quelque part sur son dos…

« T’en fais pas, j’compte pas en devenir un », dit-il en souriant, « Et honnêtement, je saurais même pas comment m’y prendre. Je pense être trop calme, voir trop gentil, pour être un gangster, non ? »

Il rit doucement avant de laisser son regard traîner autour d’eux. Il allait bientôt devoir quitter son amie. Un fin sourire triste orna rapidement ses lèvres.

« Je crois que ça va être l’heure. Encore merci d’être passée, ça m’a fait plaisir »

Il inclina légèrement la tête, la remerciant encore. Il était vraiment content qu’elle soit passée et qu’ils aient pu passer un peu de temps ensemble.

« Et promis, on se fera une autre sortie. Meilleure que celle qu’on aurait dû avoir », finit-il en riant.

Il se leva et se courba quelque peu. Il aurait très bien pu aller lui faire un câlin, mais il n’était pas très tactile. Il ne put cependant s’empêcher de poser sa main sur la chevelure brune de son amie, lui ébouriffant quelques mèches au passage. Il sourit une nouvelle fois, chuchotant un « A bientôt », avant de quitter la salle.

J’hochai doucement la tête avec un sourire amusé sur les lèvres. Ren était loin d’être quelqu’un qui voudrait faire du mal à quelqu’un ou qui tenterait un quelconque coup d’éclat.

« Exactement ! Tu te rapproches plus d’un mignon petit renne qu’autre chose, je dis en appuyant sur la dernière syllabe. »

C’était sorti naturellement, je voyais Ren soit comme un mignon petit renne soit comme un chat amiteux soit comme une peluche… L’imaginer dans un costume de nounours m’avait fait légèrement sourire plus, mais pas assez pour qu’il le voit.
Mon sourire se transforma presque en moue boudeuse en constatant, qu’effectivement, il était l’heure de partir. J’acquiesçai à sa rétorque, je n’avais pas vraiment vu le temps passer.

« Hm, c’est l’heure. »

J’avais dit ça sur un ton presque de fin du monde avec un ton un peu triste. Je ne voulais pas laisser Ren seul dans cet endroit mais je n’avais pas le choix.

« Tu me diras quand tu seras disponible et je dirais quand je le serais. On la fera cette sortie ! »

Je me levai en même temps que Ren, souriant tristement en le voyant partir, répondant un « Oui, à bientôt » tout en secouant légèrement la main. Je passais ma main dans mes cheveux pour les recoiffer et pris mon sac à man avant de sortir, à mon tour, de la pièce.
Une fois dehors, je levais les yeux vers le ciel respirant l’air frais en pensant que tout le monde n’avait pas cette chance. Je sortis ensuite mon portable pour voir mes messages ou autres notification tout en me mêlant à la foule de Nishinaka avec l’intention de rentrer chez moi.