Tell me all, please

Le jeu du chat et de la souris, c’était presque devenu comme ça depuis quelques temps entre Kai et moi. Au début, je déclinais une bonne partie de ses invitations prétextant avoir du travail ou avoir déjà quelque chose à faire mais c’était à cause de Miki.
Depuis que je l’avais croisée par hasard, je m’étais enfermée dans une routine pour éviter de la revoir. Mais, une fois cette mini crise de paranoïa passée… On n’était jamais synchronisé pour se voir… Sauf aujourd’hui ! J’étais assez pressée de le voir, ça faisait tellement longtemps !

J’avais envoyé un message à Kai quand je m’étais réveillée pour savoir si notre sortie tenait toujours. J’eus le temps de déjeuner avant de recevoir un appel ce qui me surpris car je n’en attendais pas… Haussant les épaules, je décrochais sans vérifier le numéro.
Il s’agissait de Kai. Une petite déception me prit quand je compris qu’on ne se verra pas aujourd’hui… Déception qui se transforma petit à petit en un autre sentiment au fur et à mesure qu’il parlait.

C’était pour ça que, actuellement, j’arpentais les rues de Nishinaka pour me retrouver à l’hôpital où Kai était. Connaissant le numéro de la chambre, je suivis les indications des panneaux pour arriver au lieu désiré. Dans d’autres circonstances j’aurais été fière de ne pas me perdre mais là, j’étais un peu trop inquiète pour ça.
Une fois arrivée devant la chambre, je vis que la porte était entrouverte. Je toquai doucement avant de l’ouvrir. Je saluai poliment l’infirmière qui sortait puis j’entrai dans la chambre où Kai était.

« Coucou, je dis en le voyant tourner la tête vers moi. »

Je souris légèrement, ne montrant pas que j’étais très inquiète pour lui. Je ne savais pas pourquoi il était là et j’espérais vraiment que ce qu'il avait n’était pas trop grave. Je m’approchais du lit, posant mon sac à main par terre et gardant un sachet dans les mains.

« Je t’ai apporté un peu de lecture, je dis en lui tendant le sac que j’avais gardé en main. Il y a un peu de tout, aussi bien des magasines sur la mode que sur les derniers jeux vidéos ou technologies sorties. Je me suis dis que tu devais t’ennuyer ici même si la chambre semble bien équipée ça ne doit pas être top… »

Bien, je me perdais déjà en explication. J’espérais que Kai ne le remarque pas et ne comprenne pas, par là, que j’étais inquiète. Je n’étais pas là pour être rassurée mais pour prendre de ses nouvelles… Ce qui revenait un peu au même, en fait. Si rien n’était grave je serais moins inquiète et si c’était grave…
Non. Je ne voulais pas envisager cette possibilité. Pour la simple et bonne raison que m’imaginer le perdre reviendrait à m’imaginer perdre un de mes parents, perdre un frère.

« Comment tu vas ? Ce n’est pas trop grave ce que tu as ? »

Ça y est, la question était posée et j’attendais la réponse avec une certaine appréhension.

Ah. J’étais fatiguée. Fichue anesthésie. Certes celle-ci s’était dissipée cependant les cachets n’aidaient pas forcément à récupérer puis j’avais quand même perdu un rein. Cela devait m’épuiser un peu plus, je l’ignorais. Quand j’y pensais, je n’avais pas réfléchi. C’était bien la première fois que j’agissais aussi impulsivement. Toutefois peu importait ses mots, jamais je n’aurais souhaité sa mort. C’était complètement stupide lorsqu’on savait que dans le cas contraire, Ryuhei n’aurait certainement pas levé le petit doigt pour me sauver. Ca avait été plus fort que moi... Je ne comptais pas utiliser ça pour qu’on s’entende lui et moi, cela n’avait été nullement mon intention. Je voulais juste l’aider et qu’il vive parce qu’il était trop jeune mourir. Il était mon frère, on avait le même sang, c’était mon devoir de lui venir en aide ? Et puis sa femme au téléphone m’avait clairement fait comprendre au téléphone que tout le monde dans sa famille avait refusé. Ca m’avait choqué. J’avais toujours rêvé d’avoir un frère, cette personne avec qui on pouvait tout partager... Alors je n’avais pas compris. Et j’étais parti, me fichant de cette nouvelle cicatrice qui marquerait ma peau si c’était pour lui permettre de vivre un peu plus longtemps. Je n’avais pas songé au fait que ça serait moche, qu’on allait peut-être se moquer de moi à ce propos, honnêtement, je n’en avais que faire. Je m’étais moi-même surpris de ne pas avoir été égoïste et d’avoir couru.

Peu importait ô combien il criait, ô combien il me le reprochait et me blessait, je ne regrettais pas. Je ne lui demandais rien en échange, juste qu’il se taise et qu’il continue sa vie. J’avais parfaitement compris que lui ne désirait pas d’un frère de plus dans son existence et ne cherchais pas à lui forcer la main non plus. J’en avais même oublié la date... C’était pour cela qu’en voyant celle-ci sur mon téléphone, j’avais écarquillé les yeux en me souvenant l’amie que j’étais censé voir aujourd’hui. Je l’avais aussitôt contacté. J’aurais préféré ne pas l’inquiéter toutefois je n’aimais pas mentir donc j’avais été contraint de lui expliquer la vérité. Et elle avait tenu à me rendre visite malgré le fait que j’insiste, lui disant qu’elle avait certainement mieux à faire.

Je ne souhaitais pas qu’elle le croise et qu’elle nous voit en train de nous « taper dessus » à longueur de journée. Heureusement lorsqu’elle arriva, ce dernier n’était pas là. On était venu le chercher peu de temps avant de manière à l’emmener faire quelques examens de contrôle. Je la saluai d’un sourire et d’un signe de main avant de remettre une mèche de cheveux derrière mes oreilles. Elle était mignonne... Elle m’avait amené des magazines. Cela m’intéresserait sûrement toutefois je ne pouvais pas lui dire qu’ici je n’étais pas prêt de m’ennuyer au vue de l’autre malade qui me tenais habituellement compagnie dans cette chambre.

- Rien de grave, ne t’en fais pas, La rassurais-je en ayant parfaitement compris qu’elle était inquiète, Je vais même bien en fait. C’est mon frère qui a eu de gros souci alors on a du lui faire une greffe pour être sur qu’il s’en sorte.

Me rappelant qu’Haruna n’était pas au courant de ça non plus, je ne pus que soupirer.

- Et oui, parce que j’ai un frère. Mes parents m’ont appris ça il y a quelques temps. On ne peut pas dire qu’on s’entend lui et moi.

C’était même presque la guerre en réalité.

- Mais je ne pouvais pas rester sans rien faire.

Et ce n’était même pas pour me donner de grands airs ou me sentir plus parfait que je ne l’étais déjà. J’avais juste voulu agir bien pour une fois. Prenant les magazines, je lui souris doucement avant de lui rétorquer un simple « Merci. » Cela faisait longtemps qu’on ne s’était pas vu et j’étais sincèrement heureux de la voir aujourd’hui. Il s’était passé tant de choses depuis la dernière fois où elle était venue à la maison.

Mes sourcils se froncèrent un peu en entendant que Kai allait bien. Pourquoi il était là dans ce cas ? Quand il mentionna ensuite une greffe, un frère, je fronçais un peu plus les sourcils… De quoi il parlait ? J’essayais de le suivre me demandant, quand même, s’il ne délirait pas à cause des médicaments qu’on lui donnait. J’hochai la tête, un peu surprise, en entendant ses explications. Il avait l’air de s’être, également, des choses du côté de Kai depuis la dernière fois qu’on s’était vu.

Un sourire triste se dessina sur mes lèvres en entendant ce que mon ami dit par la suite, à propos de son frère. Il m'avait dit, par le passé, qu’il avait toujours voulu avoir un frère ou une sœur et apprendre qu’il avait un frère avait dû le rendre content mais ne pas s’entendre avec lui… Je pense que, quelque part, ça lui avait fait de la peine.

Je ne pouvais pas, non plus, m’empêcher de m’en vouloir. Je n’avais pas été là quand tout ça était arrivé et je me sentais égoïste car Kai avait toujours été là quand j’en avais eu besoin dans le passé. Là, c’était lui qui avait peut-être eu besoin de moi et je n’avais pas su répondre présente. Je n’avais pas pu voir plus loin que les problèmes que j’avais…
Constater ça me fit légèrement baisser les yeux alors qu’un simple « pardon » s’échappa de mes lèvres. Je ne savais pas s’il m’avait entendu ou non, mais je n’avais pas pu retenir cette excuse.

Mon regard se perdit, ensuite, dans la chambre pour l’observer avant de s’arrêter rapidement sur le lit vide. Je me demandais à quoi il ressemblait et j’espérais qu’il allait se rendre compte de la chance qu’il avait d’avoir un frère comme Kai et que cette guéguerre prendrait vite fin. Je pense que, très peu aurait accouru comme il l’avait fait pour le sauver...

Mis à part ça, je n’aurais pas pu dire en quoi c’était une chance que cet homme soit le frère de Kai, c’était simplement un ressenti que je ne pouvais expliquer… Et qui faisait que, quelque part, j’enviais ce vrai frère.

« Tu sais, je dis après un moment de réflexion en regardant Kai, peut-être que cette mésentente est passagère. C’est très connu que dans les relations entre frère et sœur, entre sœurs ou entre frères connaissent des hauts et des bas plus ou moins long. »

A croire qu’on n’avait pas assez de soucis dans sociale il fallait en ajouter dans notre vie familiale. C’était parfois fatiguant. On pensait que passer quelques temps en famille était reposant, plaisant, quelque chose de bien mais ça se transformait souvent en querelle ou autre.
Penser à cela me fit soupirer discrètement. Je m’assis ensuite sur une chaise près du lit avant de reprendre la parole.

« Sinon, qu’est-ce que tu racontes de nouveau à part le fait que tu as découvert que tu as à frère ? »

Je souris, un peu gênée. J’espérais avoir assez de talents de comédienne pour qu’il ne voie pas cette gêne.

J’avais envie de sortir. Malgré tout, quoi que je dise, l’hôpital c’était énervant. On était un peu comme emprisonné, ne pouvant faire ce qu’on voulait puisqu’on était incapable de bouger à cause de cette fichue opération. Mon appartement me manquait, ma tranquillité aussi. Je savais qu’en rentrant, je serais à nouveau tracassé par cette histoire néanmoins ça s’estomperait avec le temps. Du moment que je n’entendais plus parler de Ryuhei, je ne ferais que reprendre cette routine à laquelle je m’étais habitué. S’il n’avait pas envie de moi dans sa vie, je n’irais pas le forcer. Peut-être qu’au bout du compte, il ne me méritait pas. J’étais trop bien pour lui même si ça on n’avait pas besoin de le dire, je le savais déjà. Pas besoin d’être son frère pour le remarquer. Certes il était marié, il semblait avoir une vie normale et remplie mais qu’est-ce qu’il avait d’intéressant à part ça ? Rien. Ce n’était pas parce qu’on est amoureux que notre vie est meilleure que celles des autres. Cela ne signifie rien. Cet ancien host était un idiot, rien de plus. Il était certainement plus égoïste que moi encore... Je ne lui demandais rien en échange, au début j’avais même déclaré ne pas vouloir qu’il le sache mais il l’avait su. Plutôt que me crier dessus, n’aurait-il pas pu me remercier ou au moins se taire. Parce que me reprocher de s’être mêlé de ça, c’était quand même abusé alors qu’il était vivant à l’heure actuelle.

Je souris doucement à mon amie qui, encore une fois, essayait de me rassurer avec cette histoire. Cependant c’était plus compliqué qu’une simple « mésentente » et au fond, je m’en fichais désormais. Ce n’était pas grave si mon frère refusait de prendre contact avec moi. J’avais vécu en tant que fils unique jusqu’à aujourd’hui et je m’en étais bien sorti. Longtemps j’en avais rêvé, oui, mais jamais je n’aurais cru que ce rêve se réalise. Cela aurait même été mieux qu’il ne reste qu’un rêve. J’avais des amis sur qui compter et si je ne me l’avouais pas avant, aujourd’hui je leur étais redevable. Parce qu’ils valaient tout le reste.

- Et bien, pas grand chose... Je me suis disputé avec une amie mais c’est compliqué. Enfin tout est compliqué, Rétorquais-je en riant doucement avant de grimacer à cause de la douleur.

Ca tirait mine de rien. Fichue opération.

- Mais sinon tout va bien, toujours la même routine. Et toi ? Ca fait longtemps, je suis sûr qu’il s’est passé plein de choses. Occupe-moi un peu, je meurs trop d’ennui ici.

Malgré tout, je me trouvais dans un hôpital et je ne pouvais dire que c’était l’éclate totale puisque ce n’était pas le cas. Avoir un peu de visite ne faisait pas de mal. Je la remerciais sincèrement d’être venue. Et j’espérais qu’elle reviendrait encore. Voir du monde faisait du bien. Vraiment.

Pour être compliqué, c’était compliqué du côté de Kai. Je préférais ne pas lui demander plus d’information, me disant qu’il me dirait ce qu’il avait sur le cœur en temps voulu.
Je me grattais l’arrière après avoir entendu sa question. Il ne s’était pas passé grand chose depuis la soirée qu’on avait passée chez lui mais je ne savais pas exactement comment lui dire que je l’avais revu.

« Eh bien… Depuis la dernière fois, j’ai fais un tour par la prison pour voir une des personnes qui m’a aidé quand j’ai débuté dans la vente. Tu savais que ces endroits servaient à transformer les denshou en shinki ? »

J’étais encore dubitative depuis que j’avais appris l’existence de ce lieu. Je me demandais vraiment si apprendre des choses de force à quelqu’un était une bonne solution. Mais bon, tant que la ville restait calme, il n’y avait aucune raison de remettre l’existence de ces lieux en question, si ?

Mais bon, le sujet n’était pas là. Je voulais essayer de placer ma rencontre avec Miki dans un contexte qui faisait croire que ça ne m’affectait pas du tout, que c’était quelque chose de tout à fait normal… Même si je ne suis pas sûre que ça le soit, loin de là même.

« Sinon, j’ai revu une personne que j’avais connu à Sendai, je finis par dire. Ueyama Miki. »

Je ne savais plus si j’avais déjà parlé de Miki à Kai en évoquant son nom… Je lui avais parlé de tellement de chose en même temps que je ne savais plus ce que je ne lui avais pas raconté.
De plus, je n’osais même pas regarder Kai alors que je me mordais la lèvre inférieure un peu honteuse de ne pas lui en avoir parlé avant.

« Totalement par hasard d’ailleurs, au parc Heisei. J’aurais préféré ne jamais la recroiser mais ce n’est pas comme si elle est venue vivre ici sans savoir que j’habitais toujours à Nishinaka… C’était obligé qu’on se revoit, même si je ne le savais. »

Je repensais également à ma réaction. J’étais sûr que, même en sachant qu’elle vivait là, j’aurais réagi de la même manière. Je lui en voulais à un point inimaginable…

« Et je ne sais pas si je pourrais la recroiser à nouveau en réussissant à rester calme, je dis en baissant un peu la tête, résumant ainsi mes pensées. »

Par la suite, je ne pus retenir un soupir. Pas par rapport à Miki, je trouvais que j’avais assez soupiré pour elle pour le moment.

« Et maintenant j’en viens à jalouser une autre personne, je dis pour expliquer mon soupir. »

Depuis que j’avais changé, j’enviais rarement quelqu’un, c’était plutôt le contraire en fait. Aujourd’hui, une nouvelle venait de raviver ce sentiment. Je regardais de nouveau Kai avec un petit sourire.

« Ton frère. C’est lui que j’envie parce que j’aimerai être à sa place, ce qui n’est pas possible, je rajoute pour compléter mon explication. »

Et je devais avouer que jalouser une personne que je n’avais jamais vu et dont je ne connaissais rien, si ce n’est un lien de parenté avec mon meilleur ami, c’était bizarre. Très bizarre.

J’étais content qu’Haruna soit venue, ça faisait de la compagnie. J’avais eu le droit à la femme de Ryuhei aussi mais ce n’était pas pareil. J’étais mal à l’aise avec cette dernière même si elle semblait être quelqu’un de bien et forte aussi. J’avais bien rit quand Ryuhei s’était réveillé et vu comment Hanae lui avait remonté les bretelles. On voyait de suite qui portait la culotte hein ? On n’aurait pas dit en observant le jeune homme comme ça... Et après ça voulait faire le fier ? Il n’avait pas de quoi l’être si ce n’était d’avoir une femme comme celle-ci. Parce que toutes n’étaient pas comme ça mais je n’avais pas envie de débattre sur ce sujet là. Je ne les connaissais pas assez pour juger mais elle me paraissait plus intelligente que lui, ça c’était certain.

Bref tout ça pour dire que la visite de mon amie me changeait les idées et me faisait du bien. Elle avait toujours cette manie de parler beaucoup, plus que moi et je n’avais pas l’impression d’avoir à dire grand chose avec elle. Elle faisait la conversation pour deux mais ça ne me dérangeait pas, au contraire. Elle avait plus de choses à raconter et sûrement qu’elle se confiait plus aisément aussi. Je l’écoutais attentivement, me demandant ce qu’avait bien pu faire cette pauvre Miki pour qu’Haruna lui en veuille autant. Je n’en avais jamais entendu parler jusqu’à aujourd’hui. Pour qu’elle soit autant rancunière à son égard, c’était qu’elle avait dû être blessée profondément... Ce qui m’étonna néanmoins fut qu’elle en vienne à jalouser Ryuhei et malgré moi, je ne pus me retenir que j’en ris nerveusement. Puisque sincèrement, elle n’avait rien à envier du tout. Ce n’était pas parce qu’on avait le même sang que notre lien était fort. Comme on dit, notre véritable famille peut être nos amis. On ne choisit pas sa famille mais on choisit ses amis. C’était ce qui comptait le plus non.

- Tu n’as pas à l’envier tu sais ? Ce n’est pas comme si on était proche. On n’a peut être pas le même sang toi et moi mais je tiens plus à toi qu’à ce type donc ne t’inquiète pas okay ?

Je faisais rarement ce genre de déclaration donc je conseillais sérieusement à Haruna de noter cette réflexion quelque part. En général, je me complimentais plus moi-même que les autres mais à croire que j’étais capable de faire des exceptions.

- Mais plus sérieusement, cette Miki, c’est qui ? C’est la première fois que j’entends son nom, Rétorquais-je en souriant doucement, Que diable a-t-elle pu faire pour que toi, tu lui en veuilles autant ?

Je peinais à la croire tant imaginer Haruna en colère me paraissait invraisemblable. Comme quoi, on ne pouvait pas aimer tout le monde et mon amie n’échappait à la règle.

J’hochai la tête en souriant un peu en l’entendant parler de la différence qu’il y avait entre la relation qu’il avait avec son frère et la notre. Peut-être que si on avait été frère et sœur, on se serait mal entendu et, de ce fait, j’arrivais mieux à avaler l’existence de ce frère. Puis bon, on ne pouvait rien changer à la situation actuelle et ce n’allait pas être pour ça que Kai ne serait plus important pour moi.

Je me mordis ensuite la lèvre inférieure en me rendant compte que je ne lui avais jamais vraiment parler de Miki. J’avais du la mentionner sans jamais dire son nom, ce qui ne m’étonna pas car plus loin de moi elle était, mieux je me portais. Et ça valait aussi pour mon esprit.

« Eh bien disons que Miki a fait parti des personnes qui ont attendu mon départ de Sendai pour m’avouer qu’on était amie seulement car je faisais partis des personnes populaires et tout un tas d’autre chose. Ce qui m’a fait plonger dans une sorte de renfermement et la suite tu la connais. »

Même si je vivais mieux ce détail de ma vie je n’aimais toujours pas m’y étendre ni même y penser trop longtemps. Je n’étais pas masochiste aux dernières nouvelles.

De plus, je n’avais pas l’impression d’avoir les idées assez claires pour parler de cet évènement, ce qui m’arracha un soupir. Je ne voulais pas embêter Kai avec mes problèmes, il en avait surement plus que moi.

« Mais malgré que du temps soit passé depuis, j’ai peur de la revoir. Elle me rappelle tellement de mauvais souvenirs… Ce qui fait que j’ai fini par te mentir. »

En disant ça je baissais de nouveau les yeux. Je n’avais aucune excuse pour m’être comportée comme je l’avais fait avec Kai à qui je devais tellement de chose dont mon honnêteté.

« Je ne voulais pas que tu vois que cette rencontre me travaillait et, au début, j’inventai des excuses pour ne pas te voir même si, à la fin, j’avais beaucoup de travail. »

Je n’étais pas sûre ce lieu soit très approprié pour ce genre révélation mais j’avais l’impression que, si à cet instant, je n’étais pas honnête avec ceux qui comptent vraiment pour moi, j’aurais du mal à l’être par la suite.

« Désolée de t’embêter avec ça, je finis par dire. »

J’avais l’impression d’être égoïste en agissant comme j’agissais actuellement car j’étais, avant tout, venu pour prendre de ses nouvelles. Non pas lui montrer l’amie indigne que je pouvais parfois être…

« Sinon… »

Mon expression changea pour devenir beaucoup moins peinée. Une question venait de me traverser l’esprit et je ne pu m’empêcher de la poser.

« Tu sais dans combien de temps tu peux sortir ? »

J’espérai, ainsi, changer de sujet et, ainsi, détendre un peu l’atmosphère.