Can I cry in your arms ?

Je ne savais pas comment qualifier mon début de journée. Chiante ? Merdique ? Horripilante ? Pour faire simple, ce n’avait pas été un très bon début de journée.
Depuis quelques temps je dormais mal. Je faisais des cauchemars, tous en rapport avec mon passé. Certains me rappelaient la trahison de ceux que je croyais mes amis, l’ijime que j’avais subi au lycée. Tout ça faisait que je me réveillais en pleine nuit, en sueur et que je n’arrivais pas à me rendormir. De ce fait j’étais fatiguée car, chaque fois, les images me revenaient en tête et j’avais donc peur de faire, de nouveau, un cauchemar.
De plus, mon patron n’arrêtait pas de me faire courir partout, faire des heures supplémentaires. Je commençais à avoir besoin d’une pause pour pouvoir souffler.

Même maintenant, alors que j’avais mon après-midi je devais presque courir. Mon patron avait tenu absolument à ce que je fasse la vitrine avant de partir parce que mes autres collègues n’avaient pas la même patience ni le même style que moi… Je pensais surtout que c’était parce que personnes d’autres n'acceptaient pas de refaire la vitrine 10 fois. Je n’avais pas le temps de soupirer. Cette histoire m’avait fait avoir du retard sur le rendez-vous que j’avais.

C’est pour ça, qu’en ce moment, je marchais à toute allure dans les rues de Nishinaka sans regarder mon portable, n’ayant pas le temps pour ça. J’oubliais également que j’avais faim parce que je n’avais pas eu le temps de manger avant de partir du magasin.

J’arrivai finalement au parc Hesei un peu essoufflée et un peu en avance pour mon rendez-vous avec Oshino Kazuki, un jeune homme tout droit venu de Aso et qui m’avait demandée de l’aide pour s’intégrer dans la ville. Ça faisait un moment qu’on n’avait pas pu se voir et j’avais tellement de chose à lui expliquer !

Je soufflais un grand coup pour reprendre mon souffle avant de me recoiffer et vérifier mon maquillage dans le miroir qui se trouvait toujours dans mon sac à main. Je regardais, ensuite, mon téléphone, surfant sur internet tout en pestant contre mon ventre qui manifestait son mécontentement d’être vide. Levant les yeux de mon téléphone, je regardais les alentours pour voir s’il n’y avait pas un marchand qui vendrait de la nourriture avant de me frotter les yeux en me rendant compte que je voyais Miki un peu partout dans le parc.
J’espérais ne pas la croiser ce midi, deux fois c’était assez pour moi… Et je ne voulais pas avoir à expliquer à Kazuki pourquoi je ne pouvais supporter quelqu’un comme Miki. Pour la simple et bonne raison que ça reviendrait à parler de mon passé, ce que je voulais à tout prix éviter.

Secouant la tête, je regardais de nouveau dans le parc avant de sourire sincèrement en voyant une silhouette familière.

« Kazuki ! »

Je n’avais pas crié mais presque pour être sûr qu’il m’entende, tout en faisant un grand signe de main pour qu’il me remarque. Je devais avoir l’air ridicule mais peu m’importait pour une fois. J’avais besoin de me changer les idées.

Quand Kazuki arriva à ma hauteur, je rangeais mon portable dans mon sac à main tout en lui souriant. J’espérais qu’il ne voie pas la fatigue sur mon visage car l’anticerne ça pouvait être efficace quand il ne datait pas du matin. Je l’avais oublié en partant, fichu réveil qui sonnait en retard.

« Comment tu vas ? Je demande en premier avant d’enchaîner immédiatement sur une autre question. Tout se passe bien au travail ? »

Kazuki est stripteaseur, un métier qui n’avait pas l’air de lui plaire. Je me demandais comment il l’avait trouvé et pourquoi il ne cherchait pas autre chose mais je n’osais pas lui en parler. Je ne voulais pas l’obliger à me parler s’il n’en avait pas envie car chacun avait le droit à son jardin secret.

Je souris un peu amusée en entendant son ventre gargouiller. Si je comprenais bien je n'étais pas la seule à ne pas avoir manger.
Il s'excusa rapidement ne me laissant pas le temps de répondre ni même de le taquiner.

Oh.

Un bentô. Il avait bien parlé d'un bentô ? Mes yeux s'illuminèrent presque intinctivement en entendant parler de nourriture.
Il dut s'en apercevoir car il me proposa de le rejoindre. Mon ventre répondit avant moi, faisant légèrement rosir mes joues.

« Si tu en as vraiment beaucoup je ne dis pas non... Je n'ai eu le temps de manger non plus, je dis avec un sourire gêné. »

Je lui fis fis signe de me suivre pour l'emmener à un coin spécial pour les pic-niques. J'étais déjà venu là avec mes parents et c'était vraiment sympa avec un lac, des tables avec des bancs, une borne wifi. Tout ce qu'il fallait pour passer un bon moment était réuni ici.

Nous nous asseyâmes ensuite et je ne pus retenir un grand sourire en voyant le contenu du bentô... Kazuki avait eu les yeux plus gros que le ventre on dirait. Après un « Itadakimasu » nous commeçâmes à manger et un soupir de bien-être quitta mes lèvres. C'était vraiment bon. Ce que je ne manquais pas de signaler.
Je me décidais ensuite à répondre à sa question, essayant de rester le plus évasive possible.

 « Je vais bien. Enfin un peu fatiguée à cause du travail et les cauchemars que je fais chaque nuit ne m'aident pas vraiment à récupérer... »

Je baissais les yeux sur le mini-sandwich que je tenais entre les mains. J'hésitai à continuer de parler car l'évocation de ces mauvais rêves m'avaient fait repenser à mon passé.
Une fine goutte quitta mes yeux à ces souvenirs. J'espérais que Kazuki ne l'avait pas remarquer ou qu'il ne me pose pas de question sinon. Je détestais en parler, me rappeler les insultes, les humiliations... C'était quelque chose que je n'aimais pas mais j'avais surtout peur du jugement qu'il pourrait avoir sur moi après... Qu'il se moque.

Je levais les yeux avec un petite sourire avant de reprendre la parole pour essayer de changer de sujet. J'espérais que ma voix ne tremble pas, qu'elle reste calme, qu'elle ne me trahisse pas.

 « Sinon ce qu'il s'est passé depuis la dernière fois... J'ai acheté la dernière tablette qui est sortie et je voudrais t'apprendre à t'en servir aujourd'hui. Ensuite, j'ai croisé une ancienne camarade de classe de Sendai et... »

Je m'arrêtai ensuite. Je venais me souvenir de quelque chose. Non pas de cette chère Miki, car je ne pouvais pas l'oublier même si je le voulais, mais à Ren.

 « J'ai rendu visite à un de mes amis en prison. Il a arrêté pour qu'il apprenne à être un shinki... »

Cette histoire m'avait fait avoir peur pour tous les denshou que je connais. J'espérais également que rien n'arriverait a Kazuki. Il essayait vraiment de s'intégrer à la ville et, surtout, je trouvais que ça ne servait à rien de faire apprendre de force des choses à quelqu'un.

 « Fait attention à toi, d'accord ? Je n'ai pas envie de te savoir en prison... »

Je n'avais envie de savoir personne en prison. Même Miki c'était pour dire...
De plus, je ne savais pas vraiment si faire attention était un bon moyen pour ne pas finir en prison... Je ne savais même pas comment ils faisaient pour savoir si quelqu'un suivait les règles ou non. Surtout s'il était discret...
Je secouai la tête pour chasser cette pensée de ma tête avant de reprendre la parole. J'espérais quand même ne pas avoir gâché l'ambiance.

 « Il s'est passé quoi de ton côté depuis la dernière fois ? Je demande avec un sourire un peu plus sincère que précédement et pour changer de sujet. »

Imaginer Kazuki courir partout derrière Spin m’avait légèrement fait sourire. Je n’étais pas très fan des arachnides mais, à ce moment-là, je les enviais… Tout comme j’enviais les animaux bien au chaud chez leur propriétaire. Pas de soucis, pas de travail, pouvoir dormir quand on veut, jouer, se faire câliner, manger… Ça donnait envie. Vraiment.

Un sourire un peu gêné se dessina sur mes lèvres en entendant sa constatation. Je savais quelque part qu’il ne me jugerait pas mais… Je ne voulais pas non plus faire de tords à Miki. Même si elle avait été horrible avec moi par le passé, elle avait peut-être changé et le jugement de Kazuki sur Miki pourrait être faussé si jamais ils se rencontraient.

Inconsciemment, j’avais baissé les yeux en pensant à cette éventualité. Je m’en rendis compte en sentant le geste de Kazuki sur mes cheveux, les relevant pour le regarder.

« Je… »

Le reste s’était tu quelque part dans ma gorge alors qu’une nouvelle larme coulait sur ma joue. Je cherchais un peu mes mots pour ni enjoliver ni noircir le tableau de mon passé mais c’était certainement le dernier point qui restait le plus compliqué.

« Tu sais que je ne suis pas originaire de Nishinaka mais de Sendai. Je suis venue habiter ici après le collège quand mes parents ont une mutation. »

Je fis déjà une pause en essayant de me remettre dans le souvenir de ce que j’avais ressenti à l’époque.

« Je n’étais pas vraiment d’accord avec cette décision j’avais une vie à Sendai, des amis aussi… Enfin c’est ce que je croyais. Dis comme ça, ça peut paraître cruel mais les faits sont là. »

Je ne prêtais aucune importance à l’autre larme qui coulait, ni même à ses sœurs.

« Quand je suis partie tous ceux que je croyais mes amis m’ont tournés le dos, mise presque plus bas que terre. Ce qui m’a fait perdre toute confiance en moi, toute confiance dans les autres personnes. »

Même aujourd’hui je ne pouvais pas faire entièrement confiance à tout le monde. Seules certaines personnes connaissaient cette partie de moi, Kai et Miya principalement.

« Je pense qu’avec ça tu comprends que m’intégrer au lycée n’a pas été chose facile. Je ne cherchais pas à avoir des amis ou parler aux autres, je ne faisais pas non plus attention à mon style vestimentaire. Tout ça a fait que j’ai été victime d’hijime…»

Lui laissant le temps d’assimiler et me laissant le temps de respirer profondément je fis une pause dans mon récit avant de reprendre.

« C’était en dernière année que j’ai réussi à me reprendre en main grâce aux soutiens de certaines personnes. »

Kai et Miya principalement. Aujourd’hui je ne sais pas ce que je serais devenue sans eux et je ne saurais jamais assez les remercier.

« Je sais que le passé et le passé, depuis je n’y faisais plus attention mais il a fallu que je la recroise et… »

Je me pinçais les lèvres. Je ne voulais pas le dire mais j’en avais trop dire pour faire marche arrière maintenant.

« J’aimerai ne pas y prêter attention, et pourquoi pas essayer de savoir ce qu’elle a devenu, voir si elle a changé… Sauf que je n’y arrive pas, à chaque fois je repense à ce que j’ai vécu en arrivant ici, l’attitude de Miki. Je l’avais aidé à s’intégrer au collège, je la considérais comme ma meilleure amie mais elle a agi comme les autres, peut-être qu’elle a été pire qu’eux… »

Je baissais les yeux. Un flot de larmes s’en dégageait même si ma voix restait calme, ces petites perles salées trahissaient mon émotion.

Je n’avais pas bougé en sentant le geste de Kazuki. Je n’avais pas compris ce qu’il s’était passé jusqu’à sentir des bras m’entourer pour une étreinte rassurante, réconfortante. Tout comme les mots qu’il prononçait.

C’est vrai que beaucoup de jeunes finissaient pas se suicider pour, ainsi, ne plus avoir à supporter les insultes, les brimades. Du plus loin que je m’en souvienne je n’avais jamais pensé que ça pouvait être une solution, mes poignets en témoignaient. Aucune trace.
Un sourire triste se dessina sur mes lèvres quand il me parla d’un attrape rêve pour repenser à ses mots et ne plus souffrir à cause de mon passé. Je passai rapidement ma main sous mes yeux pour essuyer les traces des larmes, pestant intérieurement en voyant du noir sur mes doigts. Je devais avoir une mine affreuse…

Je mis cette pensée de côté puis me décidai à prendre la parole, pour être sûre qu’il ne comprenne pas les choses de travers.

« Mon passé d’ijime m’a poursuivi pendant un moment mais, aujourd’hui, j’ai appris à vivre avec. »

Cependant que ne m’en vanterai jamais car ça reviendrait à en parler et réveiller un souvenir beaucoup plus douloureux. Celui qui me hantait presque chaque nuit.

« C’est plutôt repenser à la trahison que j’ai vécu qui me hante. Que je le veuille ou non, c’est devenu presque comme un instinct de survie de ne plus m’attacher réellement à quelqu’un. Même si certains font exception à ça… »

Je ne pouvais pas dire, à l’heure actuelle, si ces confidences étaient dues ou non au fait que je commençais à m’attacher à Kazuki. Depuis quelques temps, je n’arrivais plus à réfléchir correctement.

« J’ai peur qu’avec cette rencontre, ça empire. Que je devienne paranoïaque. »

J’ancrai rapidement mes yeux dans les siens avant de les baisser et continuer à parler. Je ne pensais pas qu’un jour me confier autant à une personne comme ça, et je ne savais pas si ça signifiait quelque chose ou non.

« Même si Miki a voulu se fondre dans la masse à l’époque, même si j’essaie de penser ainsi, je ne sais pas si je pourrais lui refaire entièrement confiance. »

Elle m’avait trahie une fois et j’avais peur que si je lui refaisais confiance, elle me trahisse de nouveau. Je ne savais pas si je pourrais m’en relever cette fois.
Mes sourcils se froncèrent ensuite en me rappelant d’une phrase de Kazuki « Je ne sais pas comment était Miki à l'époque. »… J’avais prononcé son prénom une seule fois mais pas son nom et cette phrase me laisser penser à quelque chose…

« J’ai rêvé ou tu m’as dis que tu ne savais pas comment était Miki à l’époque ? Je finis par demander, n’ayant pas bougé depuis tout à l’heure. Enfin, c’est juste parce que ce tu m’as dis me donne l’impression que tu la connait aujourd’hui et si tu me dis que le nom de Ueyama Miki te parle… »

Je laissais un moment passer avant de continuer ma phrase. Peut-être que ça avait un petit côté sadique de le laisser patienter ainsi mais j’avais eu besoin de réfléchir à ce que j’allais dire par la suite.

« Je préfèrerai qu’on arrête d’en parler, je dis après un moment. Pas parce que je n’ai pas confiance en toi, mais pour ne pas que tu ais une mauvaise image d’elle alors que, peut-être, elle a changé et que tu l’apprécies vraiment. »

Je ne voulais pas non plus qu’il essaye de me raisonner si jamais il la connaissait. Je savais que mon point de vue sur Miki ne changerait pas ou alors ça prendrait du temps. Beaucoup de temps.

Je fis une petite moue en entendant que, effectivement, Kazuki connaissait Miki. Malgré tout, je savais que ça ne ferait pas une grande différence dans notre relation parce que je ne suis pas du genre à m’éloigner d’une personne parce qu’elle est proche de quelqu’un avec qui je n’arrive pas à m’entendre.
Intérieurement je le remerciai d’accéder à ma requête, celle de ne plus parler de Miki. Je savais que je devais en parler à Kai ou à Miya mais je ne savais pas comment m’y prendre.

Je penchai légèrement la tête en me rendant compte que Kazuki était parti dans ses souvenirs d’enfance, à Aso. Son récit me faisait plus pensé à un souvenir d’enfance de mes parents plutôt que d’une personne d’à peu près mon âge. Ce qui me fit légèrement sourire.

Mes yeux s’ouvrirent en grands lorsqu’il prit mes mains et mis un genou à terre… Il n’allait quand même pas… Non !
Je retins un soupir de soulagement en entendant sa tirade alors qu’un sourire mi-amusé mi-gêné prit place sur mes lèvres. Je lâchai un petit rire tout en baissant et secouant légèrement la tête.

« Idiot, je chuchote. »

Ce n’était pas méchant, plutôt pour lui faire comprendre que ce genre de geste pouvait vraiment prêter à confusion. J’étais aussi soulagée car je n’aurais pas su quoi dire pour refuser.
Malgré tout, je me pinçai les lèvres parce que j’étais terrifiée à l’idée d’accorder ma confiance à quelqu’un et qu’il la brise de nouveau. Il y avait des personnes en qui j’avais pleinement confiance comme Kai et Miya, je trouvais que c’était suffisant mais d’après ce que disais Kazuki… J’avais tout faux.

« Tu te sens vraiment capable de relever cette mission ? Je dis en ancrant mes yeux dans les siens. J’ai vécu longtemps comme ça, à n’accorder ma confiance qu’à quelques personnes pour que, si jamais je connais à nouveau une trahison, je souffre moins. »

Je voulais qu’il sache dans quoi il s’embarquait en prenant cette décision. J’avais trop longtemps vécu ainsi, cette attitude été devenu instinctive comme si une fine s’était formée autour de mon cœur.

« Et faire de nouveau confiance à quelqu’un est une chose qui me terrifie énormément, je ne te le cache pas. Je veux que tu prennes conscience de ça Kazuki. Ce n’est pas une charge facile que de redonner confiance en « l’humain » à une personne comme moi. »

Je lui souris un peu gênée, j’avais l’impression d’être une petite fille qui demandait un grand service à un de ses aînés.

« Mais si tu te sens réellement capable de me relever ce défi alors c’est d’accord. »

Je baissais légèrement la tête ainsi que le dos, montrant ainsi que je m’en remettais à lui. Je ne partais pas défaitiste mais pas non plus optimiste.
Pour faire simple, j’essaierai de faire un effort pour avoir de nouveau confiance en l’humanité sans trop être naïve pour autant mais je partais, également, avec l’idée que ça pouvait ne pas fonctionner.

La Mongolie ? Le Machu Pichu ? Rien que ces noms me faisaient presque rêver… Quoique… Non. C’était un peu trop loin pour moi et trop sauvage. La nature en soi ne me dérangeait pas, c’était plutôt les animaux sauvages, les plantes fourbes et le sol trop mou à certains endroits qui m’effrayaient. Mon instinct de survie n’était pas assez développé pour survivre dans ce genre d’endroit.

Malgré ça, je souris timidement à Kazuki. Je savais qu’il disait ça pour montrer à quel point il avait confiance en lui. Et j’avais l’impression, qu’avec son aide j’arriverai à m’ouvrir aux autres sans pour autant être une cruche.

Nous nous regardions les yeux dans les yeux, un grand sourire pour lui, un plus timide pour lui. Parfois j’avais l’impression qu’une carpe Koï était beaucoup plus expressive que moi…

Alors que nous nous sourions toujours une dame d’un certain âge qui passait par là, nous fit remarquer que… Quoi ? Eh ? Elle a dit que… Hééééééééé ? Elle pensait que… Que… Que Kazuki et moi étions ens… Ensemble ? C’est vrai qu’avec sa position ça pouvait prêter à confusion mais quand même, elle n’était pas obliger de dire ça, si ?

Je ne pus m’empêcher de rougir affreusement. Je n’étais pas quelqu’un de très expressive par nature par rapport à d’autre personne et donc un rien me rendait gênée…

En entendant la remarque de Kazuki sur le mariage, je ne pus m’empêcher de rire aux éclats. Je ne me moquais pas, loin de là, mais la situation était devenue tellement bizarre et gênante que je n’avais pas pu me retenir.

« Désolé, je réussis à dire en m’étant calmée. C’est juste que t’avais l’air tellement gêné c’était mignon… »

Je l’avais été aussi mais il avait du le remarquer et puis ça faisait un bien fou de rire ainsi alors il ne m’en voudrait pas de rire, si ?

« Puis bon, t’es prêt à me payer un voyage au Machu Pichu et en Mongolie mais t’as pas assez pour le reste ? Je demande pour le taquiner. »

Je souris un peu plus sincèrement que précédemment en le regardant avant de me lever et m’incliner légèrement avant de prendre la parole pour expliquer un peu mon geste.

« Merci... Et désolé, j’ai un peu cassé l’ambiance. »

Je pouvais parfois faire preuve de bon sens ou de lucidité. Avant qu’il ne puisse répondre je m’avançais vers lui avant de passer mes bras sous les siens. En plus de ne pas être expressive je n’étais pas très tactile et, donc, je ne savais pas d’où m’était venu cet élan de contact.

Ne réfléchissant pas plus, je resserrais mes bras autour de sa taille et posais ma tête sur son torse. Je ne pensais même pas (bon d’accord, peut-être un peu), à ce que la vieille dame pourrait penser en voyant cette scène ou même les autres passants… Qui étaient surement trop absorbés par leurs écrans. Je profitai seulement de l’instant présent, ne me souciant pas vraiment du reste.

« Merci, je murmure sans bouger. »

Je n’ajoutai rien d’autre. Je ne voyais pas quoi dire de plus.

Il y eut un certain moment qui passa avant que Kazuki réponde à mon étreinte puis quelques secondes avant que l’un de nous deux prennent la parole. J’eus une sorte de tension en l’entendant parler… Ses paroles pouvaient prêter à confusion et je préférais voir le côté, disons positif que négatif.

« Ami »… Il avait dit ami… Est-ce qu’il me considérait vraiment comme son amie ? Je l’avais aidé depuis son arrivée en ville c’était un fait, mais je n’avais pas l’impression qu’il en savait plus que ça sur moi et vice-versa… A part aujourd’hui on n’avait jamais vraiment parlé de nous à l’autre, ou alors j’avais raté un épisode.

Je n’eus pas le temps de répondre ou de réfléchir plus qu’une paire de lèvre vint délicatement sur mon front… Héééééé ?

J’ouvris de grands yeux en même temps que je desserrai mes bras de son dos et posai mes mains sur son torse. Je posai ensuite mes mains sur son torse alors que ma tête se levait, j’eus comme un moment de bug en le regardant…

Penser qu’il y avait le front, plus bas le nez et encore plus bas les lèvres me fit légèrement rosir pour ne pas dire rougir… C’était un entre-deux plus proche du rouge que du rose et… Je me perdais toute seule. Calme-toi Haruna, calme-toi.

« Tu sais, je finis par dire, un peu surprise que je puisse parler, si tu ne voulais pas apprendre à te servir de la tablette dont je t’ai parlé tout à l’heure tu peux le dire, d’accord ? »

Déni 10/10 car je savais très bien qu’il ne faisait pas ça pour ça sauf que je ne voulais pas l’admettre. Je pense qu’il agissait plus avec instinct qu’autre chose mais ça me déboussolait complètement.

Je m’éloignai ensuite de Kazuki, brisant ainsi l’étreinte avant de me gratter l’arrière de la tête. Une question me brûlait la langue mais j’avais peur qu’il le prenne mal si je la lui posais ou peut-être que j’avais peur de la réponse… Raaaah, j’étais assez travaillée comme ça par Miki, il fallait en plus que je continue de me poser des questions… Je pouvais pas être moins compliquée ? Agir sans me poser des questions ?

Comme souvent dans ses moments-là je ne montrais pas le combat intérieur qui se déroulait en moi pour ne pas paraître bizarre mais également parce que j’étais tellement habituée à tout intérioriser…

Je me pinçais les lèvres avant de pencher la tête sur le côté. Ma curiosité eut raison de moi, si bien que je finis pas dire tout haut ce que je me demandais tout bas depuis tout à l’heure.

« Et… Euh… Comment ça se passe avec le journaliste dont tu m’avais parlé ?… Kinzaka Ayano, c’est ça ? »

Je n’étais pas du tout, mais alors pas du tout, sûre de l’ordre des lettres. J’étais assez forte pour retenir les lettres qui constituer des noms et prénoms mais pour le replacer dans l’ordre qu’il fallait je devais bien connaître la personne. Ce qui n’était pas le cas et j’espérais que cet homme n’avait pas de mauvaises intentions envers Kazuki.

J’écoutais Kazuki parler, un petit sourire sur les lèvres. Il semblait amoureux de ce Kanzaki Naoya… Je n’étais pas une spécialiste dans ce domaine, je ne me souvenais pas avoir eu une quelconque relation sérieuse. Puis ce n’était pas avec ma manie de n’avoir confiance en peu de personne que ça allait s’arranger… Mais je le voyais, ça se sentait.

Je donnais une petite tape amicale sur l’épaule de Kazuki avant de sourire un peu plus et de prendre la parole.

« Je pense que s’il t’aime autant que tu l’aimes, son travail n’a aucune importance. De même que sa réputation, même si dans cette ville c’est quelque chose qu’on qualifie d’important. »

Malgré tout, je ne connaissais pas ce Naoya mais je n’allais pas dire à Kazuki que je me méfiais de lui. Je psychotais surement parce que je ne le connaissais pas.

« Sinon, je te conseille de laisser les choses se faire doucement. Comme je te le disais pour son travail, il patientera le temps qu’il faudra pour que tu t’habitues à être avec quelqu’un. Je suis sûre que ça ira mieux qu’avec la technologie et cette idée de perfection physique permanente. »

Après tout on parlait de sentiments humains et il s’y connaissait d’après ce qu’il m’avait dit. J’étais sûr qu’il se rendra compte de ce qu’il ressent en temps voulu.

« Promis, si tu as besoin je serais là, même si je préférerai que tu ne viennes pas me voir… »

Je le laissais deviner la fin de la phrase qui sous-entendait que ça voudrait dire que ce journaliste s’était joué de Kazuki et l’aurait blessé, ce que je ne souhaitais absolument pas.
Mais, je ne pouvais pas non plus cacher que ça me faisait plaisir que Kazu ait pensé à moi si jamais il avait besoin de réconfort.

Par la suite, je m’étais tournée vers la table où le bento était toujours présent. Me rappelant ma faim… J’avais presque oublié en fait… Presque.
Je pris deux mini-sandwiches. J’en mangeais un avant de tendre le second à Kazuki en mettant ma seconde main en dessous.

« Fait Aaaah, je dis en faisant bien le geste d’ouvrir la bouche. »

J’attendis qu’il tente de mordre dans le sandwich avant de le reculer, de même que mes mains avant de regarder Kazuki, une lueur de défi dans les yeux.

« Si tu le veux, il va falloir que tu m’attrapes. »

Je montrais ensuite du doigt un de mes pieds que j’avais mis de profil. Je devais bien avoir 7 centimètres de talons, ou un peu plus… Je n’avais pas mesuré.

« Et ne te méprends pas, même avec cette hauteur, je pourrais déguerpir avec en voyant Spin en dehors de son terrarium. »

Je commençai à reculer doucement, montrant la nourriture que j’avais dans la main, ayant bien l’intention de me contenter de faire le tour de la table en courant… Avant de m’arrêter car je n’allais quand même pas le laisser mourir de faim. Même s’il y avait un bento rempli de nourriture, j’espérais qu’il jouerait le jeu. J’avais envie de m’amuser un peu.

J’avais complètement oublié mes soucis pour le moment, je me sentais libre et légère ce qui ne m’était pas arrivée depuis un moment. C’était agréable comme sensation, vraiment. Tellement que je n’avais pas envie que ce moment s’arrête un jour.

Je regardais Kazuki de temps en temps pendant notre petite course. Je n’étais pas à fond car si je voyais Spin, je détalerai encore plus vite. Les petites araignées et les petits insectes ne me dérangent pas tant qu’ils ne sont pas trop gros comme Spin.

Je finis par ralentir le rythme pour éviter de finir essoufflée. Même si j’ai l’habitude de courir un peu partout dans le magasin où je travail, j’ai tendance à vite me fatiguer quand je ne dors pas assez… Comme ces derniers temps.

Ne disant rien quand il m’attrapa, je souris inconsciemment. Je me sentais bien là, une douce chaleur se dégageait de mon cœur mais je ne cherchais pas à comprendre. Je ne me posais pas de question et profitais tout simplement de l’instant présent.

Néanmoins, ce bien-être disparu d’un seul coup… Que… QUOI ?

Je regardais le jeune homme avec des yeux ronds comme des soucoupes. Ils me faisaient du chantage là ou j’avais mal compris ? Me poursuivre avec Spin sur le bras… Glups.

Alors que je poursuivais Kazuki, j’observais son dos. J’hésitais à ralentir pour faire demi-tour et l’attraper plus facilement en étant face à face mais, au final, je ne le fis pas. Autant jouer le jeu à fond.

Par un miracle, dont je ne connaissais pas le nom, je réussis à attraper Kazuki. J’avais réussi à passer mes bras sous les siens et le stoppais ainsi… J’avais conscience qu’il m’avait peut-être, un peu aidé, car je n’avais pas assez de force pour l’arrêter toute seule.

« Attrapé, je dis en me collant contre son dos en reprenant le mini-sandwich. Mais il y a un problème… »

Je laissais un ange passer avant de reprendre. Un peu de calme, ça faisait aussi du bien.

« Je n’ai pas envie de te lâcher, tu veux bien devenir ma peluche pour que je puisse ne plus te lâcher après ? »

Tout en fermant les yeux, je lâchais un petit rire en renforçant un peu la prise que j’avais sur lui. Kazuki pouvait très bien rompre l’étreinte, je le savais mais il ne le fit pas ou alors ce fut parce que je l’avais fait avant lui.

« Au moins, je n’aurais pas à fuir Spin gambadant tranquillemeeeeeeeeeeeeeeeeeeent waaaaaaaaaaaaaaaah !!!!! »

Alors que je parlais, j’avais légèrement reculé sauf que mon talon s’était pris dans un trou ce qui m’avait déstabilisé. De plus, une force inconnue m’avait faite partir en arrière.
De ce fait, j’avais attrapé le poignet de Kazuki avec ma main de libre, l’entraînant dans ma chute.

J’avais atterri sur le dos, ce qui me fit assez mal sur le coup et je pense que Kazuki avait réussi à faire en sorte de ne pas m’écraser… Je l’en remerciai fortement.

« Désolée de t’avoir entraîné dans ma chute, je dis un peu déboussolée à cause du choc. »

Je relevai ensuite les yeux et fut incapable de dire ou de faire quoique ce soit en croisant les siens. Je m’étais noyée dans ses iris sombres.

Mon cerveau refusait de fonctionner. Je voyais le visage de Kazuki se rapprocher du mien sans pour autant comprendre ce qui se passait.
Quand ses lèvres touchèrent les miennes, je fermais inconsciemment les yeux, appréciant la douceur de ce baiser. Mon esprit était comme vidé et une douce chaleur un peu plus forte que précédemment se dégageait de mon cœur qui battait rapidement. C’était agréable.

L’échange que nous avions s’arrêta mais pas ce moment de semi-inconscience qui dura pendant, encore, un petit moment. C’est quand je le vis reprendre pleinement conscience que je compris ce qu’il venait de se passer…

Je ne refusais pas son aide quand il me la proposa pour me relever. Je baissais ensuite les yeux avant de les relever en l’entendant parler. Avec ce que je lui avais dis auparavant, je comprenais qu’il dise tout ça mais, en même temps… Non.

Ma main se leva presque toute seule pour aller à la rencontre de sa joue. Je n’avais mis aucune force, ça avait l’apparence d’une baffe sans la douleur. Une fois sa tête à 45°, je reculais ma main.

« Idiot. »

J’avais simplement murmuré ce mot. Je ne savais pas s’il avait entendu ou non mais peu importait. Je voulais mettre les choses au clair.
Par la suite, je m’assis sur le banc en croisant les jambes. Ça me soulagea du mal de dos que je commençais à avoir, j’espérais que ça n’allait pas empirer. Essayant de ne plus y penser, je levais les yeux vers Kazuki avec un air déterminé. Lui montrant, ainsi, que j’étais sûre de moi.

« Pourquoi tu t’excuses ? A ce que je sache, tu ne m’as forcé à rien et je n’ai pas essayé de te repousser. »

Quelque part, je m’en voulais de ne pas l’avoir fait car je venais de repenser à ce qu’il m’avait dit précédemment à propos de Naoya. J’avais l’impression qu’il n’avait pas réfléchi plus que ça en m’embrassant.

Par la suite, je regardais mes mains, commençant à lisser la peau autour de mes ongles, signe que je stressais. Etant une personne rapidement sujette au stress, j’avais réussi à faire en sorte que ce ne soit pas mes ongles qui prennent ou encore la peau autour, même si, parfois, ces habitudes revenait assez facilement.

Je me relevais ensuite, prenant mon sac à main et regardait Kazuki. D’un seul coup, j’avais le cœur assez lourd et une désagréable envie de pleurer.

« A moins que ce soit toi qui ne veuille plus me voir… »

Je me mordis l’intérieur d’une joue pour éviter de verser les larmes qui menaçaient de sortir. Je savais que ce sentiment serait passager, après tout, je n’avais pas eu le temps de m’accrocher à notre relation, à son sourire, sa gentillesse… Ou je ne m’en étais pas rendu compte.

« Je pense qu’il vaut mieux que je rentre, je finis par dire en baissant légèrement la tête, face à son silence. Mon lit semble m’appeler d’ici. »

Je m’approchais ensuite de Kazuki et me mis un peu sur la pointe des pieds pour lui faire un bisou sur la joue. J’interprétais peut-être mal son silence mais j’avais l’impression que ce baiser avec un amer goût d’adieu.

« Appelle-moi si tu as besoin de conseil ou d’aide pour quoique ce soit, ou envie de me parler, je dis tout de même. »

Je me tournais ensuite et fit un pas. Je n’allais pas vite car, au fond, j’espérais qu’il me rattrape.

Sentir quelqu’un m’attraper alors que je marchais, failli me faire tomber. Je reconnus immédiatement Kazuki et je mordis ma lèvre inférieure en l’entendant parler. J’étais perdue, d’un côté je voulais lui dire qu’il était aussi important pour moi mais d’un autre côté j’avais peur. Je ne comprenais pas exactement ce qu’il se passait, tout avait été trop vite. Mais je savais une chose : je n’avais pas envie que Kazuki s’éloigne.

Je sentais mon cœur battre rapidement et une douce chaleur émanait de lui. Cette sensation de chaleur se renforça en même temps que l’étreinte de Kazu.

Sentant que Kazuki voulait que je me tourne vers lui, je me laissais faire, plongeant, de nouveau, mes yeux dans les siens. Une fois de plus, mon cerveau ne voulait plus fonctionner correctement. Une fois de plus, j’étais perdue dans ses iris sombres.

Je n’eus pas le temps de lui dire quoique ce soit que je sentis ses lèvres sur les miennes. Le baiser était plus confiant que tout à l’heure, beaucoup moins hésitant mais tout aussi chaste.

Une fois que je fus presque certaine que Kazuki avait fini de parler, je mis ma main sur celle qui était sur sa joue. Je baissais les yeux, en même temps que je baissais nos mains avant des les entrelacer.

« Tu sais je… »

Je m’arrêtai. Je ne savais pas quoi dire, c’était une situation horrible. J’avais peur de dire ou de faire quelque chose de travers et que ça ait une conséquence sur la suite de notre relation.
Regardant nos mains, j’eus l’impression de me sentir un peu moins apeurée et je pris la parole, après avoir respiré un grand coup.

« Je suis aussi perdue que toi. Est-ce que ce que je ressens pour toi est de l’amour ? Je ne sais pas. »

Je luttais pour ne pas intérioriser tout ce que je ressentais et, ainsi, lui montrer que je tiens à lui mais c’était compliqué. Vraiment.
Je relevais les yeux pour les ancrer dans les siens, lui souriant un peu gênée. Est-ce que, vis-à-vis de Naoya, c’était bien ce que l’on faisait ? Même s’ils n’étaient pas ensembles, Kazuki et lui s’étaient donné une chance… Ce n’était quand même pas rien.

« Je sais juste ça Kazuki, je veux croire en toi, te faire confiance. Pourquoi toi, là je n’ai pas la réponse. »

Je voulais être honnête avec lui mais je ne savais pas comment lui faire comprendre. A part avec les personnes qui me connaissent réellement, j’exprimais assez peu ce que je ressentais et j’évitai également de m’attacher. Mais, là, je ne pouvais plus rien faire. Sans que je m’en aperçoive, Kazuki était devenu important pour moi.

« Et ça me fait peur, je murmure en baissant les yeux. »

Je ne savais pas s’il m’avait entendu ou non mais j’étais terrorisée à l’idée de pouvoir, à nouveau, être trahie…
Au final je ne connais pas vraiment Kazuki et lui non plus. Est-ce qu’il n’était pas de ces personnes à paraître gentille et qui, au final, sont fausses ?
Penser à ça me fit trembler. Je m’étais promis de ne plus m’attacher à une personne sans que je la connaisse réellement… Je ne voulais pas revivre une nouvelle trahison, je ne m’en relèverai surement pas cette fois.
La seule solution que j’avais c’était de m’éloigner de Kazu avant qu’il ne soit trop tard… Sauf que mes jambes et ma voix ne semblaient pas d’accord avec mon cerveau. Il était déjà trop tard.

Je me laissais faire, tout volonté de fuir m’avait quittée, en entendant les mots de Kazuki et, surtout en sentant son cœur de battre aussi vite sous ma paume.
Dans ses bras j’avais l’impression d’être à ma place et cette sensation était étrange, notamment parce que les battements de mon cœur faisaient écho aux siens. Comme s’ils avaient attendu ce rapprochement depuis longtemps.

Mais, malgré ce qu’il venait de dire et ce qui se passait, j’avais toujours cette peur en moi et je ne savais pas quoi dire…

« Je ne sais pas, je finis par dire. Tout est allé trop vite et j’ai besoin de temps pour te dire si oui ou non j’accepte de te donner une chance. »

Ce n’était pas un refus, j’avais simplement besoin de mettre au clair ce que je ressens pour Kazuki car, oui, ça avait été trop vite.

« Je ne veux pas te donner une réponse et la regretter par la suite… Et, ça te laissera aussi du temps pour savoir où tu en es. »

En lui donnant une réponse trop hâtive j’avais peur de le perdre mais je n’osais pas lui dire, j’espérais qu’il le comprenne à travers mes mots, à travers mon honnêteté.

Par la suite, une de mes mains se posa sur la joue de Kazuki et mes yeux se plantèrent dans les siens alors qu’un sourire, moins confiant que le sien, naquit sur mes lèvres.

« En attendant, est-ce qu’on peut continuer à agir comme on l’a toujours fait l’un envers l’autre ? Je demande tout de même. »

Je me mis ensuite sur la pointe des pieds pour atteindre ses lèvres, m’excusant silencieusement auprès de Naoya par rapport à ce que l’on faisait.

Alors que mes yeux s'étaient fermés, je sentais, également, mes joues chauffer un peu, signe que je devais être aussi rouge qu’une tomate en pensant au geste que je venais de faire.
Éloignant nos lèvres et rouvrant les yeux, ma main sur sa joue descendit un peu pour que mon pouce se pose à la commissure de ses lèvres.

« Tout en continuant à avoir ce genre de geste ? »

J’avais conscience que cette demande était égoïste mais c’était la seule manière de pouvoir dire si c’était bien de l’amour que je ressentais pour lui.

Un doux sourire naquit sur mes lèvres en entendant sa réplique et sa constatation sur Spin. Un frisson me parcouru.

« Puisque je n’ai pas le choix… Je ferais un effort pour m’habituer à la présence de Spin. »

M’habituer à Spin… Il allait me falloir beaucoup de temps. Pas que j’avais une peur bleue des araignées mais je n’étais pas à l’aise avec les grosses araignées. Spin n’échappait pas à la règle mais pour Kazuki j’essaierai de faire un effort. Je lui devais bien ça après tout.

« Hm ? »

Je regardais ensuite le ciel pour voir, qu’effectivement, le soleil commençait à décliner. Le temps était passé si vite et je regrettais presque d’être obligée de rentrer.
Quand il me proposa de me raccompagner je me retins d’hocher vivement la tête, hochant simplement la tête sans montrer que sa proposition me faisait vraiment plaisir.

« Avec plaisir. »

Je ne voulais pas qu’il s’inquiète trop pour moi-même si j’avais l’habitude de rentrer quand la nuit était bien tombée. J’avais souvent ma tablette avec moi, lisant les magasines auxquelles je suis abonnée mais je préférais ne pas en parler à Kazuki ne sachant pas s’il était du genre à s’inquiéter facilement ou non.

En sentant la main de Kazuki dans la mienne je fus presque soulagée de ne pas pouvoir rougir plus. Son contact commençait à m’électriser… J’avais vraiment besoin de ces quelques jours pour repenser à tout ça et me reposer.

Après avoir mis mon sac sur l’épaule je guidais Kazuki jusqu’à la maison de mes parents. Je n’avais pas du tout honte de vivre chez eux et, même si on ne s’entendait pas toujours bien, je les adore. Malgré tout…

« Merci de m’avoir raccompagnée, je dis une fois devant chez moi. Je t’épargne la rencontre avec madame Takashi car elle est très curieuse. »

Par cette curiosité, ma mère me mettait souvent mal à l’aise. Puis je n’avais pas envie que Kazuki parte en courant face aux questions de ma mère…

« Sois prudent sur la route et n’hésite pas à m’appeler si jamais tu ne retrouves pas le chemin pour rentrer, je dis en souriant. »

Je regardais rapidement autour de moi avant de faire un bisou sur la joue de Kazuki et de lâcher sa main me dirigeant ensuite vers l’entrée de la maison. Je me tournai une dernière, la main sur la poignée faisant un signe de la main à Kazuki.
J’attendis qu’il soit hors de mon champ de vision avant de rentrer, rejoignant ma mère dans le salon.