✪ We are all monsters 》NAONILLE&SOCOLAT《

We are all monsters

With Naochou ♥

Jamais je ne m'étais senti aussi mal, aussi déprimé et lassé.

Des images de ce que j'avais vécu me revinrent par flashs désagréables. Je les voyais. Elle, son visage crispée par l'accouchement et son sang coulant à flots sans vouloir s'arrêter. Lui, si petit, le cordon ombilical serré autour de son cou. Mort. Lui, fou de douleur et demandant désespérément qu'on lui sauve sa femme. Eux, le regard assombris connaissant déjà la fin de l'histoire. Et enfin moi. Moi qui ne voulais pas vivre cette situation. Moi qui souhaitais aider à donner la vie et non pas tuer.

Le médecin-accoucheur, un monstre caché ?

C'était il y a trois jours, et à cause de cela, j'étais en repos forcé pour une semaine. La mort de cette mère et de son bébé avait chamboulé tout le service maternité. Mes collègues ayant déjà vécu cet enfer m'avaient soutenu et tentés de me remonter le moral. Mais il y avait eu lui. Lui qui venait de tout perdre en l'espace de quelques minutes. Il ne pourrait plus jamais enlacer sa femme et ne verrait pas les premiers pas de son fils, ni ses premiers mots et ses adorables "je t'aime".

J'avalais mon verre de mojito d'un coup. Je voulais m'échapper de toutes ces pensées. Elles commençaient à pénétrer mon âme, devenaient de plus en plus réelles, de plus en plus... Véridiques. Je me sentais dégoûtant. Monstrueux et indigne de vivre.

Déverrouillant mon portable, je regardais distraitement l'heure. dix-huit heure vingt-cinq. Je soupirai. J'espérai sincèrement que mon entrevue avec Naoya se passerait vite. Pas que je n'apprécie pas la compagnie de l'homme, loin de là même. Mais pas aujourd'hui. Si j'étais là, c'était seulement parce que l'homme que je m'étais forcé à voir la veille détenaient des informations capitales. Enfin, ça c'était Naoya qui le disait.

Je n'étais pas maquillé. Juste habillé en Sora avec un jean élimé et un t-shirt sous un sweater. J'étais loin d'être sexy habillé comme cela mais pourtant j'arrivais encore à attirer quelques mâles. D'ailleurs cela m'agaçait et je les repoussais. Fallait-il que j'ai une pancarte PAS DE SEXE CE SOIR ! affichée dans le dos pour qu'on me laisse tranquille ?

La silhouette tant attendue débarqua enfin dans le bar.

- Naoya ! le hélais-je.

Un fin sourire, pas très énergique, apparu sur mes lèvres. Je n'avais pas la force de faire semblant, d'être enjoué et dragueur. Pas après ce que j'avais vécu. Pas après avoir vu son regard chargé de tristesse, de douleur et de haine.

- J'ai les informations que tu voulais, lui dis-je au moment où il s'asseyait sur le tabouret à côté de moi.

Il allait se douter de quelque chose, je ne minaudais pas, pas plus que je lui demandais comment il allait. Je voulais en finir, retourner chez moi, me perdre dans mon début de dépression et me noyer sous les idées noires.

Mais seul. Les monstres n'ont pas à avoir d'amis.

Un homme arriva dans mon dos au même moment et se posta à côté de moi dans le but évident de me draguer et plus si affinités et alcool. Mais là je n'étais pas d'humeur et il se récolta un «Dégage avant que je t'émascule».

Je partis du journal un peu vite aujourd’hui. J’avais passé une bonne partie de la journée à travailler sur un article et je n’avais pas vu l’heure passé. De ce fait, j’étais rapidement allé au QG de la NSA pour voir si je n’avais pas de nouveau dossier à traiter, en prenant quelques un avec moi car sinon j’allais être en retard pour mon rendez-vous avec Sora.
Je ne l’avais pas revu depuis la nuit où on avait couché ensemble, enfin où il m’avait piégé sous sa forme féminine. Ça ne faisait pas longtemps qu’on ne s’était pas vu mais assez pour que j’aie une facture d’eau à payer. Heureusement que j’étais quelqu’un d’économe, sinon cette situation n’aurait pas pu durer très longtemps et mon plan avec Kazuki aurait pu être compromis.

Après avoir fais ce que j’avais à faire, ces idées en tête, je passais rapidement chez moi pour prendre une douche, m’habiller de façon assez décontractée mais classe et manger un morceau avant de sortir. Je pris la direction du bar où nous avions rendez-vous, ne trainant pas devant les vitrines pour ne pas être en retard.

Arrivé à l’endroit du rendez-vous, j’entrai dans le bar en espérant que notre entrevue n’allait pas durer trop longtemps. J’avais du travail qui m’attendait et j’avais l’impression que ça allait me prendre beaucoup de temps.

Une fois entré dans le bar, je laissais mon regarder se promener sur les personnes présentes, cherchant Sora sous sa forme Madoka. C’est alors qu’une voix bien connue se fit entendre et mes yeux se plissèrent légèrement en voyant sa tenue. Elle était assez classe mais différente de d’habitude… Car c’était Sora et non Madoka que j’avais sous les yeux. Soit le jeune homme testait une nouvelle technique de chasse, soit quelque chose clochait.

Je ne fis aucun commentaire et m’assis en commandant un simple verre de thé glacé pour avoir les idées clairs pour continuer mon travail une fois à la maison ou parler avec Sora si besoin. J’avais de plus en plus l’impression que ça n’allait pas.

J’écoutai, tout de même, attentivement ce que le jeune hermaphrodite me disait, ne prêtant donc aucune attention à l’homme qui était derrière lui. De ce fait, je n’eus pas le temps de lui dire de revenir plus tard car on était en pleine discussion que mon ami avait pris les devants.

D’accord.

Il se passait vraiment quelque chose avec Sora. C’était une évidence, n’importe qui le connaissant un minimum aurait pu le dire.

J’attendais qu’il finisse de parler avant de mettre sa main sur son épaule et de prendre la parole.

« Sora, qu’est-ce qui se passe ? »

J’avais posé la question assez doucement, montrant que, quelque part, son attitude me préoccupait et que je m’inquiétais. Ce qui était le cas, je ne lui laissais pas le temps de répondre que, déjà, j’enchainai.

« Tu sais que si ça ne va pas tu peux me parler ? C’est en rapport avec le travail ou avec ce que je te demande ? »

Je me mêlais peut-être de choses qui ne me regardaient pas mais j’appréciais Sora, c’était un ami avant d’être un de mes informateurs. Je voulais être sûr qu’il le sache et qu’il pouvait, donc, compter sur moi s’il avait un problème.

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Mes yeux s'étaient détournés de Naoya. Ainsi il avait remarqué.

En même temps, cela devait être plus que voyant avec mon attitude... Je fis fi de ses questions et lui dicta mon rapport sur un ton monotone, plus aucune expression si ce n'est une profonde mélancolie n'était inscrite sur mon visage.

- Ton gars, assistant cadre de je ne sais plus quoi. C'est bien un denshou...

Je lui fis le récit de ce que j'avais appris lors de la nuit dernière. Tout. Nao eut même droit à quelques détails sur les humiliations que j'avais subi avec cet abruti. Un gars se pensant supérieur aux autres, qui n'avait pris en compte aucune de mes demandes et m'avait traité de «fils de pute».
Ce souvenir me fit crisper les poings. Qu'on m'insulte pendant certains ébats, je n'étais pas contre. Cela pimentait un peu la chose. Mais personne n'avait le droit de moquer mes parents.

Je me repris quelques secondes plus tard puis un sourire résigné prit place sur mes lèvres. Le terrible accident qui s'était produit il y avait trois jours de cela m'avait comme empoisonné. En fait, c'était le regard du veuf qui m'avait empoisonné. Ce regard se résumait en un mot qui avait comme fusionné avec moi.

Monstre.

- Mais j'ai mérité qu'il me traite ainsi.., soupirais-je. Après tout, les monstres ne méritent que la cruauté et la haine.

Je ne m'étais jamais senti aussi misérable et vulnérable. Je détestais cette impression de nullité. D'un coup, ma limonade sut entièrement avalée et je reposais le verre sur le bar.

- Rien ne va. Tout s'effondre, la vérité explose et le masque est brisé.., fis-je énigmatiquement. Je ne te demande pas comment tu vas. Je ne veux pas que tu t'attaches à un ignominie telle que moi.

C'était comme si ce n'était pas moi qui parlais. Une voix dans ma tête criait que je disais que des conneries, qu'il fallait que je me ressaisisse, mais il y avait toujours le regard de cet homme qui me hantait. Jamais je ne pourrai l'oublier. Sa vie était brisée, et cette pensée faisait voler en éclat mes certitudes.

Tout ce qui c'était passé était de ma faute.

Des petites larmes menacèrent de jaillir de mes yeux et j'attrapais ma veste tout en posant ce qu'il fallait de yens sur le comptoir pour payer ma boisson et le barman.

- Je t'ai dis ce qu'il fallait, si tu as une autre mission envoie moi un SMS. Maintenant, je rentre chez moi. Je risque de dire des choses étranges si je reste...

Je ne m'éloignais pas tout de suite. Quelque chose en moi me retenais. Je voulais vraiment partir et me terrer dans ma chambre, sous ma couette avec ma solitude et mes remords comme seule compagnie. Mais en même temps, je souhaitais que Naoya me retienne, insiste pour savoir ce qui n'allait pas, et me remette les idées en place.

Je lui laissais cinq secondes pour réagir. Passé ce délai, je partirai.

Je retins un soupir et mon envie de mettre une gifle à Sora. Je n’étais pas quelqu’un de violent, mais il y avait des limites à ma patience, surtout quand j’entendais ce genre de chose. Je ne fis aucune remarque sur ce denshou, il aurait ce qu’il mériterait et je m’occuperai personnellement de son cas un jour.

Mes yeux s’agrandirent légèrement en entendant la suite. Qu’est-ce qu’il s’était passé pour que Sora soit comme ça aujourd’hui. C’était maintenant qu’il se préoccupait ou non du fait que je m’étais attaché à lui…

Quand il posa les yens sur la table je me levai avant de l’attraper par le bras. Sora allait mal, ça se sentait à 1 000 kilomètres et s’il attendait de moi que je le laisse partir comme ça il se mettait le doigt dans l’œil jusqu’au coude.

« Tu sais faire autre chose que fuir ou rester évasif ? »

J’étais peut-être dur mais je n’étais pas du genre à être hypocrite en présence de mes amis. Car, oui je considère Sora comme un ami et s’il voulait que je le pousse à s’expliquer, je n’allais pas me gêner pour le faire.

« Viens. »

Je pris mes affaires dans la main que j’avais de libre avant de le tirer à une table de quatre. Je ne lâchais pas son bras, m’installant sur le banc, le forçant à s’asseoir à côté de moi.

« Qu’est-ce qu’il s’est passé pour que tu te considères comme un monstre ? Tu sais très bien que tu peux m’en parler. »

Je lâchais enfin son bras pour poser ma main derrière son dos. Je commandais deux chocolats chauds pour être sur qu’on ne nous mette pas dehors.
Je pris un petit moment pour réfléchir. Je doutais sur le fait que ça soit en rapport avec son hermaphrodisme donc… C’était soit lié à son travail, soit lié à notre contrat, soit l’un avait entraîné l’autre.

C’est alors que je me souvins de l’article d’un collègue qui parlait du décès d’une mère et de son nouveau né. Tous les noms avaient été tus et j’avais seulement corrigé l’article mais il n’était pas impossible que Sora ait été de service à ce moment-là. Si c’était effectivement le cas, ça avait dû être un véritable choc pour lui de vivre ça et ça pouvait expliquer son attitude d’aujourd’hui.

Malgré tout, je ne voulais pas m’avancer et je voulais attendre que le jeune homme parle, qu’il se confit. Je fis quelque mouvement réconfortant sur son dos tout en reprenant la parole.

« Que tu le veuilles ou non je me suis attaché à toi, sinon crois-moi tu te souviendrais de m’avoir pris en chasse un jour… Et de ce fait, je ne compte pas partir avant d’avoir eu des explications ou que tu me mettes des coups de pieds aux fesses en me disant que ça ne me regarde absolument pas. »

Même là je n’allais pas me lâcher jusqu’à ce qu’il me dise haut et fort que tout va bien et qu’il me le prouve. J’étais quelqu’un de persévérant, je faisais tout pour que tout soit parfait dans mon travail mais également pour mes proches. Je faisais tout pour les aider. Sora ne faisait pas exception à cette règle.

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Avais-je été courageux une seule fois dans ma vie ? Non. Alors pourquoi le serais-je aujourd'hui alors que je faisais face à une situation pire que si je me retrouvais enceinte ?

Lui en parler ? Au final pourquoi pas. Peut-être qu'après m'avoir entendu, il partira dehors sous prétexte de fumer une cigarette et me laisserait seul. Le problème était que ce genre de choses n'était absolument pas du style de Naoya. Et jamais je ne pourrais rester suffisamment stoïque pour que mon jeu d'acteur ne soit pas pathétique.

- J'ai tué, expliquais-je simplement.

C'était net, clair et précis non ? On pouvait faire mieux au niveau des explications mais comment développer la chose ?

Comment dire que j'aurai dû faire la dernière échographie moi-même et ne pas la laisser aux mains d'une jeune interne ? Comment expliquer que j'aurai pu sauver la mère et peut-être l'enfant si je m'étais chargé de tout les détails ?
De quel façon pouvais-je introduire le fait que j'avais brisé toute une famille ?
Et surtout, comment ne pas pleurer en narrant ce que j'avais fais..?

Mais pour ce dernier point, il était déjà trop tard. Quelques perles salées roulaient silencieusement sur mes joues. Elles étaient la preuve de ma culpabilité, ma faiblesse... J'aurais préféré qu'elles ne coulent pas, cela m'aurait rendu un peu moins humain.

- Une personne est morte par ma faute... La vie d'une famille a volé en éclats... Tout cela à cause de moi.

Le serveur arriva avec les deux chocolats chauds. Je n'avais pas faim, ni soif, ni rien. Si seulement j'avais pu ne rien ressentir, je n'aurai pas eu ce temps de réaction fatal pour cette pauvre jeune femme. Je ne cessai de me répéter que les mois précédents l'accouchement avaient dû être remplis de bonheur et d'attentes, et j'avais tout gâché, transformant le moment rêvé en un cauchemar qui ne s'arrêterait jamais pour cette famille.

Mes mains tâchées du sang d'une innocente étaient là pour me le rappeler à chaque instant.

Mes épaules tressautèrent alors qu'un sourire sans joie mais presque fou fleurit sur mes lèvres.

- N'est-ce pas paradoxal ? Moi, le médecin-accoucheur, travaillant pour aider les femmes à donner la vie, j'en ai arraché deux !

Mes trois jours d'intenses remords et de fatigue se rappelèrent à mon corps. Je ne contrôlais plus grand chose et j'avais peur de devenir fou, mais le pire pour moi, serait de retomber dans l'anorexie à cause de cette histoire.
Cela faisait quand même deux jours que je ne m'étais pas réellement alimenté. Je savais que je me punissais pour ce que j'avais fait. Certains se scarifiaient, d'autres buvaient jusqu'à ne plus se rappeler de leurs noms, moi je ne mangeais plus.

- Alors mon cher Kanzaki, lui parlais-je tout en gardant les yeux baissés. Toujours aussi heureux d'être proche d'une personne telle que moi ?

L'appellation par le nom de famille mettait une distance entre lui et moi. Mais j'avais envie de m’arracher la langue, parce qu'au fond, j'aurais voulu pleurer de tout mon soûl sur l'épaule de quelqu'un, Naoya, Miki ou même dans les bras d'un parfait inconnu. Mais je me retenais, la victime dans l'histoire ça n'était pas moi. Je me retrouvais en position d'accusé, à la place du méchant.

Mon regard plongea dans la tasse de chocolat chaud. J'observais mon reflet fragmentée par les ondes.

Je ne voyais que les yeux écarquillés de la femme que je n'avais pas sauvé.

Voir Sora pleurer m’avait fait mal au cœur. Je pouvais être un con insensible parfois mais je pouvais être sensible aussi. Je ne dis rien, attendant qu’il s’explique.
J’eus un sourire un peu triste en entendant la suite. Kanzaki… Je me demandais vraiment à quoi il avait pensé ces derniers jours. Ne me souciant pas du monde présent dans le bar, ni de rien d’autre je passais mon bras autour de son cou, posant ma main sur son épaule. Je l’attirai ensuite à moi, faisant en sorte que sa tête atterrisse sur mon épaule.

« C’est pas comme si tu l’avais voulu, je finis par dire en passant ma main du libre sous ses yeux pour essuyer quelque larmes. »

Je n’étais pas quelque de doué dans les relations humaines en général mais j’essayais toujours d’y mettre du mien pour aider les personnes que j’appréciais.

« Malheureusement, la vie humaine est quelque chose de fragile. Il suffit d’un rien pour que tout bascule et s’apitoyer sur son sort ne servira pas à ramener les personnes décédés. »

Rien ne pouvait ramener une vie. C’est un fait indéniable même si on aimerait le contraire. Je déplaçais ma main sur son épaule à ses cheveux pour les caresser. J’essayais de le réconforter aussi bien par les mots que par les gestes. Je savais ce qu’on ressentait quand un être cher nous quittait et je pense que rien n’était plus douloureux que ce genre de perte.

« On a beau vivre dans une ville où tout est parfait, où le développement technologique et scientifique est en avance sur les autres villes… On ne peut pas ramener une vie, on ne peut pas faire de miracle. Tu sais que j’ai perdu mon beau-père mais j’ai réussi à m’en relever, ma mère réussira à s’en relever, cet homme saura se relever de cette perte, et tu sais pourquoi ? »

Je laissais quelques secondes passer n’arrêtant pas mes mouvements dans sa chevelure. Je pris la parole avant qu’il puisse répondre.

« Parce que c’est la vie qui veut ça et malgré tout ce qu’on fera on ne pourra malheureusement rien y changer et il faut l’accepter même si c’est dur. Puis, tu as permis combien de vie de voir le jour ? »

J’espérais quand même qu’il ne remarquerait pas que je m’embrouillai un peu tout seul. Je ne savais pas bien expliquer ce que j’avais compris dans ma jeunesse mais j’espérais que Sora me comprenne quand même.
Ça n’ira pas mieux tout de suite, j’en avais conscience mais c’était déjà un début d’accepter ce fait. Un début pour ne pas sombrer dans la folie ou la dépression.

« En attendant que tu ailles mieux, je t’adopte. »

Bon c’était pas la meilleure façon de dire qu’il pouvait compter sur moi mais j’espérais le faire sourire un peu…

« Tu vas me devoir me supporter jusqu’à ce que ça aille mieux car je sais bien une chose, c’est dans ce genre de période qu’on fait n’importe quoi. »

Par n’importe quoi j’entendais ne pas manger, se laisser et d’autres choses. Même si la situation de Sora n’était pas la même elle y ressemblait quelque part. Puis ça servirait à quoi les amis s’ils n’étaient pas là quand il le fallait… Certes il y avait aussi mon travail, pas celui de journaliste, je pouvais tout faire de la maison mais celui de NSA… Je pouvais aussi le faire à l’appartement mais je devrais trouver des très bonnes cachettes…

« Si tu acceptes mon aide bien sûr. »

Je préférai le préciser pour être sûr qu’il y mettrai du sien car sinon ça ne servirait à rien.

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«C’est pas comme si tu l’avais voulu»

Cette phrase eut un effet sur moi complètement inimaginable.

Bien sûr que non je n'avais pas cherché cette situation ! J'aurai souhaité que cela se passe comme avec les autres femmes que j'avais aidé ! J'aurai voulu voir le soulagement et le bonheur sur ses traits. Pouvoir regarder l'évolution du nouveau-né et le visage rayonnant de la jeune maman.

Je ne l'avais pas voulu. Mais je n'avais rien fait non plus pour que tout se passe pour le mieux. Je me prenais à rêver du retourneur de temps de Harry Potter, pour effacer mes erreurs...

Mais c'était impossible et je savais que je ne pourrais jamais la ramener à la vie. Je n'osais avouer à Naoya que j'avais envisagé la veille d'aller voir le veuf et de lui offrir tout ce qu'il souhaitait pour me racheter. J'avais pensé à toutes les éventualités, si j'étais allé le voir et qu'il m'aurait demandé de devenir son esclave, me torturer, me crever les yeux, m'arracher ma dignité, je l'aurai fait. Mais je savais au fond de moi que cet homme s'en voudrait s'il tombait dans ce genre d'extrémités et que ce n'était pas ce qu'il lui fallait.

Sa question me prit de court. Combien d'enfants étaient nés grâce à moi ? Je réfléchis quelques secondes, mon esprit se détournant des sombres pensées. Si on ne comptait pas les accouchements s'étant finis en césarienne, je devais avoir fait accoucher une centaine de femmes. Plus ou moins.
Cette pensée fit gonfler mon ego maintenant atrophié. Oui, j'avais aidé des femmes. Ma voisine Mizuki et son fils étaient là pour me le prouver.

Un très léger sourire fleurit sur mes lèvres. Je repassais les visages des femmes et de leurs bébés. Puis j'acquiesçais quand Naoya me parla de m'adopter...

Attendez. Quoi..?

Je relevais ma tête de l'épaule de Naoya - depuis quand l'avais-je posé ici ? - et le scrutait. Était-il sérieux ? Je pensais qu'il l'était. Nao n'était pas quelqu'un qui usait de la faiblesse des autres, enfin à part pour son métier de journaliste. Mais là, ce n'était pas le reporter que j'avais à mes côtés, mais l'homme.

- Et tu comptes t'installer chez moi c'est ça ? demandais-je tout en avalant un peu de mon chocolat chaud plus si chaud que ça. Tu m'obliges à faire des courses... Tu aimes la glace à la vanille ?

Si je ne le faisais pas j'allais me faire rappeler à l'ordre. A part quelques sushis, je n'avais plus rien dans mon frigo. J'avais jeté le reste l'avant-veille parce que la vue de cette nourriture m'avait dégoûté. Et elle risquait de me dégoûter encore un moment. Malgré les mots de mon ami, je me prenais toujours pour un monstrueux assassin.

- J'ai besoin d'un exorciste...

Pour essayer d'enlever tout ces démons de mon corps, sauf ceux du vice - je tenais trop à eux -. Peut-être même que pour m'exorciser et arriver à me pardonner, je devrais aller sur la tombe de cette femme et celle de son bébé. Mais j'avais trop peur de croiser le mari détruit.

Le mari que j'avais détruit.

J'enfouis ma tête entre mes mains. Je ne pleurais pas mais j'étais encore bien abattu.

- Sinon... Tu as une autre mission pour moi ? Un dealer ? Un PD-G ? Ou simplement un gars lambda ? Et si possible qui ne soit pas atteint par des MST...

Je disais cela pour faire un peu de conversation. Mais je n'avais aucune envie de faire une mission, celle de la veille avait failli vraiment mal tourner.
Je savais que Nao reviendrait au sujet qui fâche, ou plutôt qui déprime. Mais je voulais penser à autre chose, juste quelques secondes.

Je sentis Sora acquiescer après avoir entendu mon projet d’adoption avant de relever la tête, semblant réaliser ce que j’avais dit. Au moins il n’était pas devenu une espèce de larve ni un autre invertébré du genre…

Retenant un sourire amusé de peur de vexer le jeune hermaphrodite, je souris gentiment. Je n’exigeais rien de tel à part dans notre pari qui n’était pas d’actualité pour le moment, loin de là.

En l’entendant parler d’une mission mes sourcils se froncèrent légèrement. Je voulais bien être parfois un insensible sans cœur mais c’était seulement dans mon métier de NSA. Avec mes amis c’était différent, je ne ferais rien pour les blesser intentionnellement… Au contraire, je ferais le maximum pour eux.

Je posais ma main sur son dos avant de la monter vers son épaule. Je bus une gorgée de chocolat chaud puis pris la parole.

« Je préfère que tu te reposes. Vraiment. On en reparlera plus tard, quand tu iras mieux… En attendant, vu que tu as accepté ma demande d’adoption provisoire, je t’interdis de sortir sans moi… Va falloir que tu réclames. »

Oui bon, dis comme ça j’avais l’impression de parler à un chien et d’être complètement gaga. J’étais loin d’être gaga et aussi très loin de considérer Sora comme un animal.

« Je te propose de venir plutôt chez moi. Au niveau des courses, j’ai toujours un frigo et des placards plein à craquer… Et beaucoup de glace dans le congélateur. C’était une de mes envies cet été de manger plein de parfum de glace. Aussi bien chocolat que vanille en passant par la banane, le sorbet pomme, la fraise… »

Au final je n’avais pas tout mangé au risque de perdre ma ligne. Il fallait avouer que la glace c’était bon mais pas pour les kilos…

De plus, si je lui proposai de venir à l’appartement c’était parce que j’avais une pièce totalement fermée à clé, avec un code. C’était une pièce où je rangeais tout ce que je ne voulais ou ne devais jamais montrer à personne… Comme les dossiers que j’avais à traiter pour mon travail secret.
Il y avait une autre raison, peut-être la plus importante… Chez lui il y avait trop de souvenir de ces derniers jours de déprime. Pour moi, changer d’air était le meilleur moyen pour qu’il pense à autre chose et que, donc, il se repose.

Je me penchai vers l’oreille de Sora avant d’y chuchoter quelque mot. Plus pour le détendre qu’autre chose, lui montrer que j’étais là.

« Appelle-moi plutôt maitre que exorciste, je préfère. Mais si tu veux un exorciste alors d’accord. »

Je croisais mes bras avant de coller mon dos contre le dossier du banc, un sourire en coin sur les lèvres. Je préférais clore la discussion sur ce qui tracassait le plus Sora… C’était un moyen comme un autre pour l’aider à aller mieux.
D’un côté j’étais égoïste car je repensais à ma mère et je ne voulais plus revivre ce que j’avais vécu avec elle. Je ne supporterais pas de voir, de nouveau, un de mes proches sombrer, dans la dépression.

« Est-ce que ça te convient comme programme ? »

Je ne souriais plus vraiment, j’étais assez sérieux et mes yeux devaient refléter l’anxiété.

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Je faillis recracher la gorgée de chocolat que je venais d'avaler.

Que. Quoi ?!

Il fallait que je réclame ma sortie quotidienne ? J'offris un regard torve à mon ami. Il avait vraiment des idées tordues, et même moi je me pris à penser que j'allais vraiment pas bien... Je n'avais même pas penser au côté sado-masochiste de cette phrase, habituellement, cela me serait venu en un claquement de doigts. Et puis pourquoi réclamer de sortir ? Il avait peur que je me jette sous le métro ou quoi ? J'étais mal en point, mais je n'en étais pas encore au stade "je vais me suicider".

Venir dans son appartement était une bonne idée, je doutais sur le fait qu'il soit aussi grand que le mien mais cela devrait suffire pour quelques jours de séquestration par un journaliste. Et puis s'il avait de la glace, cela serait vivable. J'espérais que par contre il avait aussi des poires. Mon fruit favori.

- Convenir est un bien grand mot.., soupirais-je. Le seul programme qui me fait envie est de rentrer dans mon appart', m'emmitoufler dans un plaid et regarder Bambi...

C'était à la base ce que j'avais prévu de faire à la fin de notre entrevue avec Naoya. Mais vu comment elle se développait, j'allais avoir du mal à concrétiser mon projet.

- Mais bon... Je pense que je pourrai survivre quelques jours aux côtés d'un gentil geôlier. Enfin, seulement si le geôlier en question a de la glace rhum raisin.

J'offris un sourire sympathique, toujours mélancolique, puis finit mon chocolat chaud.

- Et mon emménagement chez toi serait pour quand ? Que je me prépare psychologiquement...

C'était pour rire évidemment, je n'avais pas besoin de préparation, ça serait d'ailleurs plutôt à lui d'en avoir parce qu'avec moi... Je pouvais être un colocataire sympa, tant qu'on ne jugeait pas ma façon d'être, de penser et de vivre ma sexualité. Par contre, je devais être relativement fatigant à la longue quand je refusais de manger et de bouger.
Parce que oui, il ne fallait pas qu'il s'attende à ce que je mange comme quatre et me motive pour sortir. Je risquais plutôt de discrètement jeter mon assiette puis me cacher sous une couette. Quoique Nao risquait de me surveiller de près et donc rien que pour la partie "je mange le strict minimum vital" ça allait être compliqué. Et puis je ne mangeais pas que le strict minimum vital, je me nourrissais d'un bol de glace et d'une poire depuis quelques jours, enfin, maintenant je n'avais plus rien et je n'avais rien dans l'estomac aujourd'hui à part ce chocolat chaud.

- Oh et une dernière chose. Si je venais à avoir des envies comme de me travestir et de sortir chasser, je te rassure, j'emmènerai mes proies à l'hôtel ou chez moi.

Je n'en avais absolument pas envie de ça pour le moment, mais la nymphomanie ne se contrôle pas, et une crise pouvait survenir n'importe quand.

Je ne pus retenir un soupir en entendant Sora parler de travestissement… Pour la glace, j’en avais, ce n’était donc pas un problème loin de là mais… Je m’inquiétais et m’interrogeais par rapport à un autre sujet.

« Tu fais ce que tu veux, tu sais mais… »

Je me mêlais très souvent de la vie des gens, je le savais. Plus souvent je le faisais de manière assez discrète pour mon travail de NSA et je n’entrais pas dans les détails ni ne cherchais à comprendre. Sauf que là c’était différent. Totalement différent.
Certes Sora est mon informateur mais avant tout il faisait parti de mes amis. Et j’étais encore plus fouineur quand il s’agissait d’eux car je voulais les aider du mieux possible.

« Tu n’as jamais eu envie de voir si tu pouvais faire quelque chose pour ta nymphomanie ? »

Dis comme ça j’avais l’impression de le critiquer mais ce n’était pas ça. C’était plus de l’inquiétude qu’autre chose.

« C’est juste pour savoir, je finis par dire après avoir bu un peu de chocolat. Je ne te critique pas ni rien, mais je m’interroge. »

Autant être honnête, et si je ne l’étais pas envers mes amis, envers qui je le serai ?

De plus, avant la nuit où il m’avait piégé je ne connaissais que partiellement les véritables activités de Sora, surtout en ce qui concernait sa nymphomanie. Depuis il m’arrivait de m’interroger et de me demander s’il n’était pas esclave de ça.

« Sinon, tant que tu ramènes personne chez moi et que tu reviens le lendemain, tu fais ce que tu veux… Je ne t’aide pas pour ça après tout. »

Ça serait égoïste de ma part de me mêlait de ce genre de chose pour éviter qu’il lui arrivait du mal. S’il aimait vivre ainsi et qu’il ne considérait pas ça comme néfaste, c’était son choix.

« Au pire… »

Je me stoppai, réfléchissant à ce que j’allais dire ensuite parce que ça impliquait plusieurs choses, et un grand effort de ma part. J’en avais conscience et c’est pour ça que je préférais réfléchir à ce que j’allais dire.

« On en reparlera plus tard. Ce soir pour venir chez moi, est-ce que ça te va ? T’auras le temps de prendre les affaires dont tu auras besoin ? Pour te préparer psychologiquement ? »

Je préférais clore le sujet de sa nymphomanie. Pas que ça me rendait mal à l’aise, mais je préférais réfléchir à quelque chose avant.
Changeant d’attitude, je me penchais vers Sora avant de lui donner un petit coup d’épaule. Pour l’aider, je ne devais pas lui montrer que je m’inquiétais mais agir comme je le ferais habituellement avec Sora.

« Est-ce que savoir que j’ai de la glace Rhum-raisin qui doit t’attendre t’aiderais dans ta préparation psychologique ? Je dis avec un petit sourire. »

We are all monsters

With Naochou ♥

Je fus sincèrement surprit par la question de Naoya. Guérir de ma légère nymphomanie ? Il était vrai que pendant les périodes de crises, je ne pensais qu'à l'assouvissement de mon appétit sexuel débordant et cela pouvait aller jusqu'à l'épuisement total. Mais jamais je n'avais réellement songer à me traiter. Parce que contrairement aux vraies nymphomanes qui ne pensent qu'à copuler tout les jours de toute l'année et qui souvent finissent par en souffrir, j'étais atteint de seulement un peu de cette pathologie et elle se manifestait vraiment à peu près une fois tout les deux mois.

Mais il était en effet possible qu'un traitement existe pour les femmes atteints de cette pathologie. Mais j'avais un peu peur de ce que cela pourrait entraîner comme dérèglement hormonal sur moi. Je préférai sincèrement subir ma maladie plutôt que de me retrouver avec une paire de seins !

Je n'eus cependant pas le temps de lui répondre qu'il enchaînait déjà sur le fait qu'il fallait que je sois rentré le lendemain matin en cas de soirée mouvementée. Son début de phrase me fit dresser l'oreille. Que sous-entendait-il ? J'avais plus ou moins deviné, mais que quelque chose comme cela vienne de Naoya. Impensable. Du moins, pas venant d'un Nao dans son état normal.

Mais là non plus je n'eus pas le temps de m'exprimer davantage que déjà il embrayait. Il était vraiment speed aujourd'hui. Je compris qu'il souhaitait changer de sujet. Etait-il mal à l'aise ? Ça pouvait se comprendre en même temps.

- Ça devrait suffire pour prendre quelques affaires et puis savoir que tu as de la glace rhum-raisin rend ma préparation psychologique un peu plus facile, lui répondis-je avec le même sourire.

Je finis mon chocolat chaud, maintenant froid, et je soupirai légèrement.

- Est-ce que j'ai l'autorisation de ramener ma peluche favorite chez toi ou pas ?

Mon doudou en fait. Une en forme de lapin rose que j'avais appelé Kumagoro. Il était absolument horrible à voir maintenant avec son bouton à la place d'un œil, sa couleur délavée, sa patte rafistolée et ses oreilles maintenant complètement aplaties. Mais il restait ma peluche que je gardais depuis mes quatre ans, elle m'avait suivi dans tout mes moments forts alors je me voyais mal m'en passer.

- Oh et s'il venait à y avoir de l'orage et des éclairs, je risque de me terrer sous la couette ou de crier comme une gamine face à une araignée. Je te préviens juste pour pas que tu prennes peur.

C'était juste une peur assez forte mais je n'en étais pas a stade de la phobie. Heureusement d'ailleurs parce que sinon il devrait certainement consulté un psychologue et il préférait être médecin plutôt que malade.
Je lui donnais un coup de coude en souriant un peu.

- Je viendrai dans ton lit pour chercher un peu de réconfort. En tout bien tout honneur.

Il restait la question du couchage. Je ne savais pas trop si j'allais dormir dans une autre chambre ou sur le canapé. Aucun des deux ne le dérangeait mais il préférait néanmoins un lit...

Un sourire amusé se dessina sur mes lèvres à l’entente du doudou de Sora. Je ne me moquais pas, absolument pas d’ailleurs… Je me sentais moins seul. Même si je n’avais pas Polochon tout le temps avec moi, il n’était pas loin… Dans ma table de chevet.
Malgré son prénom, la peluche ne ressemblait pas au meilleur ami d’Ariel car c’était un poisson et mon Polochon était une tortue que j’avais depuis ma naissance et qui avait subit de nombreuses interventions de rembourrage.

Je continuais de l’écouter… Peur des éclairs et de l’orage ? Je ne dis rien parce que même si je n’avais pas cette peur, je connaissais plusieurs personnes qui avaient une phobie de l’orage… Et c’était quelque chose quand il y en avait. J’avais vécu cette expérience à plusieurs reprises pour savoir que c’était assez compliqué de rester calme pour ces personnes quand l’orage frappait.

« Pour ton doudou, tu peux le prendre. Il n’y a aucun problème, puis ça fait parti de tes affaires… Et j’avoue, j’ai toujours le mien qui même s’il n’est pas visible n’est pas loin quand même. »

Déjà un point de régler. J’avais l’impression de jouer au papa strict qui, en vérité, est un papa poule. C’était assez amusant comme situation et ça l’aurait été encore plus si le contexte avait été différent.

« Si t’arrive pas à venir jusqu’à mon lit s’il y a de l’orage ou quoi que ce soit qui y ressemble je viendrais. La chambre d’ami est juste à côté. »

Je n’allais quand même pas le faire dormir sur le canapé ou lui prêter mon lit. J’avais une chambre d’ami qui servait peu alors autant l’utiliser… Puis dans ma chambre il y avait aussi ma pièce secrète, bien dissimulé dans mon dressing. Dis comme ça, j’avais l’impression d’être un agent secret. Ce que j’étais un peu en fait.

« Mon appartement est assez grand, donc n’hésite pas à rester autant de temps que tu veux. Même quand tu auras repris le travail. D’accord ? »

Je lui rappelais peut-être la dure réalité des choses mais il ne fallait pas, non plus l’oublier. Puis bon, son travail n’était pas non plus une corvée en soi. Donner la vie à des nouveau-nés est quelque chose de merveilleux, même si des incidents peuvent toujours arriver. Ce sont les risques du métier, il en faut partout, dans tous les corps de métiers.

« D’ailleurs rassures-moi, les éclairs au chocolat ou à la vanille ne t’effraient pas ? Je te demande ça parce que j’aime bien et si jamais ça t’effraie je ferais un effort et j’achèterai des choux… »

J’avais faillis ajouter « deux choux pour un éclair »…
Soit Sora déteignait sur moi, soit je devais dormir plus la nuit. Sauf que j’avais énormément de travail et ce n’était pas cette colocation improvisée qui allait m’aider. J’espérais quand même que tout se passe sans encombre. Par là, j’entendais aussi que j’espérais que Kazuki n’ait pas l’idée de débarquer à l’improviste, ça pourrait un peu contrarier mon plan avec lui.

Par la suite, je souris pour lui montrer que je cherchais à le taquiner en faisant une allusion aux éclairs qu’on pouvait manger et non pas à ceux du ciel. J’espérais ainsi détendre un peu l’atmosphère.

Je sortis ensuite assez de yen pour payer les consommations précédentes et les deux chocolats chauds.

« Tu as encore envie de quelque chose ? Je demande en haussant un sourcil. »

Il aurait été impoli de ma part de l’obliger à quoique ce soit. Je voulais bien être proche de Sora mais ce n’était pas une raison pour agir sans un minimum de bonnes manières.

We are all monsters

With Naochou ♥

Je ne pus empêcher un large sourire d'apparaître sur mon visage. J'imaginais un Naoya complètement paniqué entrant dans la chambre dans laquelle je me trouverai. Un peu comme un papa ou un grand-frère vient rassurer le plus petit de la fratrie. C'était assez amusant mais je me voyais mal être le fils de Naoya. Déjà que je n'imaginais pas encore faire accoucher un jour la femme de Nao... Ça sera très certainement très étrange le jour où je devrai m'occuper du déroulement de la grossesse de sa compagne. Enfin, pour le moment il n'en avait pas normalement donc ça n'était pas pour tout de suite.

- On dirait que tu veux me garder prisonnier dans ta tour. Je ne suis pas Raiponce, mes cheveux ne t'offrirons pas la jeunesse éternelle, lui fis-je en riant.

J'appréciais son implication et son envie de me voir aller mieux. Mais j'aimais énormément mon très bel appartement, je ne me voyais pas le quitter très longtemps. Je n'avais pas que des bons souvenirs, mais c'était dans cet appartement que j'avais également connu des fous-rire exceptionnels et des anniversaires géniaux grâce à mes amis et également mon petit frère, dormant parfois chez moi.

- Je ne mange que les éclairs au chocolat et au café, ceux à la vanille sont trop sucrés pour moi.

Je faillis ajouter que de toute façon, j'avais souvent ma dose de crème blanche mais je me retins. Cette anecdote n'avait pas lieu d'être dans cette conversation. Mais j'aurais été curieux de voir la réaction de mon ami si je sortais une telle phrase.
Quand il me demanda si je voulais autre chose, je réfléchis sérieusement.

- Non... Je vais rentrer chez moi, prendre des affaires, ma peluche, Les Bluray de Bambi et de WALL-E, puis peut-être quelques médicaments pour se détendre. Après j'irai squatter ton salon pour regarder mes films et pleurer devant avant d'aller prendre une douche, puis j'irai directement au lit.

J'étais à peu près certain que entre la douche et le moment du coucher, Naoya allait me forcer à avaler quelque chose. Ça n'allait pas être facile, mes vieilles habitudes de l'époque de mon hospitalisation revenait assez vite.

- Tu aurais un Blueray ou un DVD de Captain America ? J'ai bien envie de regarder un des films.

Oui je faisais ma diva exigeante, mais j'aimais beaucoup Marvel. Et Steve Rogers était vraiment sexy dans son costume de Super Héro.
Et puis c'était ma façon à moi de me protéger et de tester les autres pour savoir s'ils étaient capable de me gérer quand je ne le pouvais pas moi-même. Mon corps devenant hors de contrôle en ce moment, il fallait que je me rassure sur le fait que Nao serait apte à me faire remonter à la surface. Je ne voulais plus avoir de troubles alimentaires.

- Bon, je pense qu'on peut y aller. Il va juste falloir que tu me donnes ton adresse très cher.

Parce que sans cette information, j'allais avoir du mal à le retrouver.

J’écoutais la réponse de Sora avec une certaine attention. J’avais surtout posé la question pour savoir s’il voulait boire autre chose mais bon, il n’était pas dans mon cerveau après tout et heureusement. Il y aurait de quoi avoir peur de se balader dans cette partie de mon organisme.

En attendant qu’il termine de me donner ses exigences, un serveur avait eut le temps de passer et prendre la monnaie, on avait plus qu’à attendre qu’il me rapporte la différence.

« Pour Bambi, ne t’embête pas à le prendre, je l’ai en DVD et blueray. »

Egalement la K7 d’ailleurs que je garde plus comme étant un souvenir du passé car je n’ai plus de lecteur pour la lire. Je n’allais donc pas m’en vanter surtout que je n’étais pas très sûr que ça soit bien vu dans cette ville.

Je pris un temps de réflexion pour Captain America parce que je ne savais plus si c’était moi qui avais les DVDs ou si je les avais prêtés.

« J’ai aussi un blueray de Captain America mais lequel… Bonne question, ça fait longtemps que je n’ai pas regardé, je dis avec un petit sourire après un petit moment de réflexion. »

Malgré tout, un détail me chiffonnait un peu car dans son programme il ne mentionnait pas la nourriture. Sora m’avait vaguement parlé de son anorexie dans le passé et, comme pour la nymphomanie, je n’y connais pas grand chose au niveau de ce qui peut être rechute.

Je remerciai le serveur qui m’apporta la monnaie. Je sortis mon portefeuille pour ranger la monnaie et pris une carte de visite où j’y inscris mon adresse.

« Tiens il y a mon adresse dessus. Par contre ne va pas là où est l’adresse non manuscrite tu vas arriver au journal où je travail, sinon. »

Nous nous levâmes avant de sortir du café. Avant de rentre chez moi pour faire du rangement pendant que Sora prenait ses affaires, je retins le jeune hermaphrodite, ayant une précision à apporter.

« Ah et si tu pouvais m’appeler quand tu pars de chez toi ça serait bien. Comme ça quand tu arriveras Bambi sera déjà dans le lecteur de DVD et je n’aurait plus qu’à mettre la sauce chocolat et la chantilly sur les banana split. »

S’il fallait que je le force à manger, je le ferai, peu importe les méthodes à employer.

« On se retrouve tout à l’heure. Si tu te perds en chemin, appelle-moi. »

Je lui fis un doux sourire avant de lui tapoter le sommet de la tête. Je fis ensuite demi-tour, prenant la direction de l’immeuble où je vis.
Une fois dans mon appartement, je n’attendis pas longtemps avant de commencer à faire le ménage.