Sauvetage inespéré

Il n’aimait pas Harumi. Ca avait toujours été comme ça entre eux : Electrique. Ils ne s’étaient jamais supportés et au bout du compte, il n’y avait jamais eu vraiment de raison. Dans la vie, il y a des gens ainsi, qu’on croise, et qu’on finit par détester sans savoir pourquoi. Leur visage n’inspire pas la confiance, on ne se trouve pas de points communs et plutôt qu’apprendre à se connaître, on se tape toujours dessus. Probablement que tous les deux ils n’avaient jamais ressenti cette envie de vouloir connaître l’autre. Qui savait, peut-être qu’ils pourraient s’entendre... Ils étaient des adultes, plus ces adolescents du passé qui se chamaillait pour un rien ou pour un ami commun. Dans le fond Kyohei ne souhaitait toujours pas se lier avec elle, ça le faisait grimacer rien qu’à l’idée d’y penser. S’il avait croisé sa route, qu’il l’aurait surpris en train de se faire attaquer psychologiquement ou physiquement, il aurait sûrement passé son chemin. Parce qu’il était égoïste, qu’il ne voulait pas avoir de problème et que la vie de cette fille ne l’intéressait pas. Peut-être qu’encore une fois, pour Ren, il aurait fait un petit quelque chose car l’idée de le savoir triste, mal, ou inquiet, le mettait hors de lui. Donc, peut-être... Dans tous les cas, ça n’aurait jamais été pour elle.

Seulement, ce soir là, il l’avait vu dans les pupilles de son ami. Il avait vu cette peur, ses tourments qu’il éprouvait pour la jeune femme. Le magicien avait lui-même été surpris d’apprendre qu’Harumi se faisait persécuter mais il n’en avait rien dit, mimant être stupéfait de découvrir qu’elle était agent de Nishinaka. Il n’aimait pas lui mentir hors pour se convaincre, il s’était dit que c’était pour la bonne cause. Ren avait déjà de lourds poids sur ses épaules désormais, il ne souhaitait pas lui en rajouter d’autres, surtout que malgré tout, c’était différent. Alors, il avait joué la comédie jusqu’au bout, écoutant ses soucis qui avaient été dur à lui sortir de la bouche et presque naturellement, intérieurement, il s’était fait la promesse de l’aider. Disons que ça compensait avec le gros mensonge que lui-même était obligé de porter et qui lui cachait. Il ne portait pas la jeune femme dans son coeur mais pour son camarade, il avait choisi de faire un effort et essaierait d’intervenir du mieux qu’il le pouvait. Même si ça ne l’enchantait guère. Encore et toujours. Tant bien qu’il soupira pour la énième fois de la journée alors qu’il marchait dans les couloirs du QG.

Justement, il cherchait la demoiselle avec déjà tout un prétexte en tête pour l’aborder. Ils avaient du travailler ensemble sur un dossier, il était normale de vouloir savoir comment celui-ci avançait n’est-ce pas ? Et il n’eut besoin de chercher plus longtemps que des cris parvinrent à ses oreilles. Il l’avait donc trouvé et... Avec son persécuteur en prime. Deux pour le prix d’un, si ça ce n’était pas de la chance !

Sans faire trop de bruit, le garçon s’aventura discrètement dans la pièce, écarquillant malgré tout ses pupilles à la vue de la scène qu’il avait sous les yeux. Rectification, s’il était tombé sur ce genre de scène auparavant, il serait certainement intervenu. Parce que... On ne levait pas la main sur une femme. On ne lui parlait pas de la sorte non plus. Malgré lui, voir ça, le rendait furieux et il devait se retenir pour ne pas mettre son poing en pleine figure de cet homme. Il ne le connaissait pas... Il fallait dire qu’ils étaient beaucoup à la NSA donc il y avait certains visages qu’on ne pouvait pas reconnaître même si on l’avait déjà croisé une ou deux fois. En général, les moins connus étaient ceux qui en faisaient aussi le moins donc ce gars n’était qu’une petite vermine qui se pensait plus fort qu’eux tous. Il se trompait et Kyohei avait bien l’intention de lui montrer.

Ne lui laissant pas le temps de la frapper pour une énième reprise, le garçon se pressa vers eux et attrapa sa main à la volée, le foudroyant du regard.

- Tu espérais faire quoi connard ?! S’emporta-t-il en le repoussant violement d’une force presque inespérée.

C’était vrai, Kyohei était petit, mince et il n’avait pas énormément de muscle cependant la force n’avait rien à voir avec le physique. Tout était dans le mental. Et il ne fallait pas l’énerver. C’était tout ce qu’il fallait savoir.

- Tu te sens revivre de t’attaquer à plus faible que toi, non mais tu n’as pas honte ?!!

La lueur dans ses pupilles étaient des plus glaciales, elle pourrait en faire trembler plus d’un et son vis-à-vis ne l’effrayait pas le moins du monde. Il avait certes sûrement plus de carrure cependant il ne l’impressionnait pas. Qu’il tente de le frapper, lui riposterait et ça ferait mal. Très mal.

- Fait le malin ! Prend-toi à une femme, va la dénoncer à Terazawa ! Vas-y. La porte est ouverte, tu peux courir y aller, je suis sûr qu’il est dans son bureau, Poursuivit Kyohei en désignant la sortie de sa main, sa voix reflétant toute l’ironie de sa phrase, Mais, ne te plains pas si ça retombe sur toi. Qu’est-ce que tu crois qui est pire ? Avoir été découvert par un ami ou se servir de petits nègres pour faire le boulot à sa place ? Encore plus de frapper une femme ! Je ne crois pas que ça soit dans la politique de Terazawa ! Alors vas-y, qu’est-ce que tu attends ?!

Il était sérieux dans sa façon de visualiser les choses. Et il était certain que ce garçon n’était en vérité qu’un lâche qui finirait par réfléchir à la question. Il voulait faire du mal aux autres cependant il se trouvait dans une situation où il y avait quelqu’un pour le confronter en tête à tête. C’était facile de s’attaquer à une jeune femme qui avait peur de perdre sa place, qui avait peur de voir sa vie réduite à néant à cause d’une faute d’inattention et qui était à bout de tout. Maintenant qu’il avait un véritable adversaire, qu’est-ce que cet individu souhaitait faire ?! Kyohei restait planté là, devant Harumi, et avec ses bras croisés sévèrement à son torse, il lui lançait le plus froid des regards. Un regard qui lui conseillait vivement de s’en aller avant qu’il ne reçoit en guise d’échange, un bon crochet au visage.

Le garçon semblait quelque peu choqué, pris au dépourvu... Il ne s’était certainement pas attendu à ce que quelqu’un vienne défendre cette demoiselle. Mais, il avait fini par rivé ses yeux dans ceux de son interlocuteur, montrant aucune émotion tandis que son regard s’égara ensuite vers sa victime.

- Ne croit pas que ça va s’arrêter là, Déclara-t-il d’un ton irrité, appréciant moyennement qu’on vienne l’interrompre dans ses affaires.
- Dégage ! S’écria Kyohei en le bousculant brusquement vers la porte.

Et il faisait réellement de son mieux pour garder son calme, pour ne pas le taper alors que cet individu ne méritait que ça. Des choses à dire, il en avait des tas néanmoins il avait préféré se taire, bouillonner intérieurement, sinon l’autre ne s’en irait jamais. Une fois celui-ci parti, le magicien souffla avant de se tourner vers la jeune femme qui n’avait pas bougé du sol.

- Ca va ? L’interrogea-t-il, plus par réflex que par inquiétude.

A présent, il se sentait un peu bête parce qu’il ignorait quoi faire. Ils n’étaient pas proches et même s’il l’avait défendu, cela ne faisait pas d’eux les meilleurs amis du monde. Il était certes content d’être intervenu toutefois, il ne ressentait rien à son égard. Un brin rassuré que cet agent ne soit pas allé plus loin mais ça s’arrêtait là. Sûrement.

Perdu, le jeune homme ignorait comment il devait réagir. D’accord il l’avait aidé mais... Et maintenant ? Rien ne présageait d’ailleurs que cet inconnu ne revienne pour s’en prendre à Harumi lorsque lui serait parti. Il n’était pas idiot et savait que peu importait ce dont il ait envie en cet instant précis, il ne pouvait pas la laisser comme ça. Pas dans un tel état. Que cela soit psychologiquement ou physiquement, la jeune femme n’allait pas si bien qu’elle tentait de le faire croire. S’il était petit à l’époque, Kyohei était lui-même déjà passé par là sauf qu’il restait muet, qu’il n’en parlait à personne et ne montrait pas à quel point c’était difficile de subir ces moqueries à longueur de journée. En plus, il n’avait personne à la maison pour l’aider à passer outre, il devait se débrouiller seul, sans cesse. Quand on est qu’un gosse, on ne rêve que d’amitié, d’affection et d’amour. A cet âge, il n’avait rien connu de tout ça... Au contraire, il avait vu les différents hommes de sa mère défiler sous ses yeux, il avait au fil du temps compris que ce qu’elle faisait était sale. Pour ceux qui en savaient un peu sur sa vie, ils la qualifiaient de prostituée et c’était sûrement la raison pour laquelle, Kyohei avait une manière de penser distinctes que celles d’autres hommes. On n’avait pas respecté sa génitrice, elle ne se respectait pas elle-même en réalité et c’était une chose qu’en grandissant, le garçon s’était promis de ne pas reproduire. Les femmes, ça se respectait... On ne les traitait pas de « pute » ou de « salope », peu importait leur attitude et on ne les frappait pas. La violence ne résolvait rien de toute façon et un homme qui lève la main sur une femme n’est qu’un lâche. Harumi lui avait déjà fait une réflexion sur le sujet... Qu’elle aimerait bien le voir si un jour, à son tour, il subissait des persécutions mais elle n’avait pas idée ô combien Kyohei était capable de la comprendre. Bien que ce n’était pas pour autant qu’il était à l’aise... Probablement parce qu’une part de lui ne désirait pas la comprendre.

Maintenant qu’il avait fait sa partie du travail, il aurait pu faire demi-tour, la laisser comme sa collègue lui avait demandé seulement il ne bougea pas. Il ne pouvait pas l’abandonner dans son état. Si Ren le voyait, il lui en voudrait pour toujours de ne pas avoir porter soutien à son amie alors qu’il était en mesure d’être auprès d’elle.

- Ne bouge pas, Ordonna alors sévèrement Kyohei avant de s’abaisser pour ramasser les feuilles traînant au sol et de les déposer sur la table.

Sans un mot de plus et sans attendre de réaction non plus, il glissa son bras derrière le dos de la demoiselle pour l’amener délicatement vers la chaise où il l’obligea à s’assoir.

- N’essaie pas de me dire que tout va bien alors qu’il est évident que tout va mal. Ca ne sert à rien de jouer à la forte avec moi de toute façon. Maintenant tu te tais et tu te reposes. Et si ça ne va pas, tu me le dis, et on va à l’hôpital.

L’intonation de sa voix était toujours des plus strictes bien que, pas forcément à l’aise, pendant qu’il parlait, son regard lui s’était égaré ailleurs dans la pièce. Ensuite, il n’avait pu se retenir qu’un soupir s’était enfui de ses lèvres. Harumi ne devait rien comprendre à la situation ni pourquoi subitement le garçon choisissait de l’aider alors qu’il y a encore quelques jours à peine, c’était tout juste s’ils ne se tapaient pas dessus.

- Tu n’as pas à me remercier non plus. Je ne le fais pas pour toi.

Et bien oui. C’était trop beau pour être vrai... Il était beaucoup trop fier pour admettre le contraire de toute manière.

Ne pas relever et rester calme. Kyohei soupira pour la énième fois, se demandant si les gens autour de lui ne se moquaient pas de lui à tous tenter de faire croire que ça allait alors que c’était le contraire. Pour Harumi, il pouvait comprendre, ils n’étaient pas vraiment proches et c’était assez bizarre de le voir lui venir en aide cependant quand il décidait quelque chose, le jeune homme ne le décidait jamais à moitié. Il n’allait pas rentrer chez lui, faire comme si de rien était, laisser sa collègue dans cet état après être intervenu. Dans ce cas, ne pas agir aurait été pareil que de l’abandonner à présent. Non, il n’en avait pas des plus envies, ça l’agaçait au fond de lui néanmoins il culpabiliserait de la laisser là toute seule. Par contre Harumi était stupide, elle croyait réellement que Kyohei avait révélé à son ami que lui aussi faisait partie des agents de Nishinaka ? Il n’était pas assez fou pour ça. Surtout, que même si ça le tracassait et qu’il aimerait lui en parler, son ami se faisait déjà beaucoup de souci qu’il était inutile de lui rajouter un énième poids sur la conscience. S’il agissait ainsi, ce n’était pas parce que le jeune homme lui avait demandé mais parce qu’il avait pu voir à quel point Ren se tracassait et qu’il était mal. C’était vrai, il ne pouvait malheureusement rien faire pour Harumi mais en lui en parlant, il l’avait aidé, lui avait été plus utile qu’il ne pouvait l’imaginer parce que s’il y avait bien une personne pour qui Kyohei se démènerait, c’était bien Ren. Alors même s’il s’agissait d’une chose qui ne lui plaisait pas tant que ça, il l’acceptait. Alors que cette jeune femme arrête de se payer sa tête, de mentir pour donner bonne mine et surtout qu’elle cesse de lui dire quoi faire. Il était assez grand pour prendre les décisions seuls.

- Bon on va mettre les choses au clair, Déclara-t-il subitement d’un ton neutre, ses yeux se noyant dans ceux de sa vis-à-vis, Premièrement, tu vas arrêter de suite ce petit jeu parce que je ne vais pas rester calme très longtemps. « Je vais bien » et compagnie, tu vas raconter ça à d’autres. Okay, on n’est pas ami mais c’est pas une raison pour essayer de me faire gober quelque chose comme ça. Ensuite, deuxièmement, tu n’iras pas voir Ren, ni même le remercier. Il ne sait rien pour moi et il vaut mieux qu’il ne l’apprenne pas. Deux de ses amis sur le dos, ça risque de faire un peu trop.

Par ses paroles, le magicien démontrait clairement qu’il avait agi de lui-même et non pas par la demande de son camarade. Toutefois, malgré tout, c’était en partie pour lui s’il se tenait encore debout devant cette jeune femme aujourd’hui. Et un peu parce qu’il le voulait bien, certes.

- Troisièmement, ce n’est pas à toi de décider pour moi ce que je dois faire. Si je choisis de rester, c’est mon problème. Et ce, que ça te dérange ou non. Tu tiens à peine debout et tu me sors que tu vas rentrer chez toi tranquillement ? Je te ramène et tu n’as même pas à discuter.

Il était buté et s’il y avait bien un trait de caractère qui ne changeait pas chez lui, c’était bien celui-là.

Harumi était peut-être agacée, Kyohei l’était tout autant. Pour une fois qu’il essayait de bien agir, il se prenait des réflexions. Non, c’était vrai, ils ne se supportaient plus que cela seulement était-ce une raison pour s’ignorer dans les moments comme cela. Devait-il vraiment fermer les yeux et la laisser se débrouiller alors qu’il était évident qu’à cette allure là, elle n’arriverait pas chez elle avant demain matin. Au minimum. Elle faisait sûrement des efforts et si ça ne se voyait pas, lui aussi. Il n’attendait même pas de remerciements de sa part, encore moins une quelconque reconnaissance ni quelque chose en retour. Il se disait que si Ren pouvait voir tout ça, il serait furieux et particulièrement très inquiet. A sa manière, le magicien souhaitait ôter ce poids de la poitrine de son ami et sans ça d’ailleurs, il ne pouvait pas laisser cette demoiselle dans un tel état. Malgré leurs différends, ils se connaissaient depuis des années, pour sûr qu’il devait même avoir quelques photos où la jeune femme se trouvait dessus. Ils avaient un ami en commun, ils étaient donc obligés de se côtoyer souvent à l’époque et ils luttaient pour se supporter, pour ne pas s’envoyer des éclairs devant leur camarade respectif toutefois dés que ce dernier avait le dos tourné ou n’était pas là, ça partait très vite en vrille. Pour lui, il n’y avait pas eu de raison précise, ça c’était fait sans raison naturellement. Probablement la première impression qui avait été mauvaise, la froideur qui se reflétait dans les pupilles de sa vis-à-vis, Kyohei n’avait pas apprécié et sans chercher à comprendre, il l’avait détesté. Il n’avait pas eu envie d’apprendre à l’aimer de toute manière. Haïr quelqu’un était tellement plus simple.

Entre temps, ils avaient grandi, ils étaient devenus des adultes. Alors franchement, était-ce si difficile de supporter une personne pendant quelques minutes, pendant un vulgaire trajet en voiture ? Le magicien pensait que non et qu’il n’y avait rien de plus simple. S’il avait pu intervenir, la défendre et mettre sa fierté de côté alors bien sûr qu’il pouvait la raccompagner sans problème. Puis il en avait marre de se prendre la tête pour ce soir. Ils étaient tous les deux bornés donc tenter de débattre en vain ne servait pas à grand chose.

- Je me demande qui est le plus capable de supporter l’autre ici, Ne put s’empêcher de balancer le garçon d’un ton sarcastique.

Il rangea ensuite correctement les feuilles du dossier, les glissant en-dessous de son bras gauche avant de se tourner vers sa collègue.

- Allons-y maintenant. Tient toi sur moi, ça sera plus simple pour toi.

Sa voix était plus calme précédemment, ce qui était assez surprenant, tandis qu’il avait tendu sa main en direction de la jeune femme pour qu’elle prenne appui sur lui. Oui, quand il le voulait, ça lui arrivait d’être serviable. Il aurait pu ajouter que si elle avait besoin, il pourrait même la porter cependant ça, Kyohei lui-même était contre. Il y avait des limites à tout.

Ils marchaient lentement, sûrement, le jeune homme donnant des coups d’oeil de part et d’autre du couloir de façon à s’assurer qu’Akira ne les attendait pas dans un coin. C’était tout à fait le genre, lâche, qui vous poignarde dans le dos et lorsque vous y pensez le moins. Lui ne prononça pas un mot, se contentant de soutenir Harumi jusqu’à son véhicule et de l’aider.

- C’est quoi ton adresse ? Lui demanda-t-il ensuite, une fois installé du côté conducteur.

Il n’était encore devin pour savoir vers quel endroit il devait se rendre et il était hors de question de l’emmener chez lui. Déjà que peu de ses amis y venaient - sauf exception - il n’allait pas inviter une fille qui n’avait aucune place dans son coeur.

Kyohei était évidemment contraint de prendre sur lui, de rester calme et de ne pas s’énerver à la moindre chose. Avec Harumi c’était difficile parce que justement ils étaient habitués à se prendre la tête pour des futilités parfois. Il en venait à se demander pourquoi leur relation était ainsi, pourquoi ils se détestaient tant néanmoins il avait fini par arrêter de chercher. Il y avait des choses comme ça où il était malheureusement inutile de chercher car il n’y avait rien à comprendre. Il n’était pas inquiet pour elle, peut-être que quelque part dans son coeur, il éprouvait une certaine pitié car il pouvait discerner ses sentiments. Hors ça n’allait pas plus loin. Elle pouvait disparaître de sa vie, cela lui ferait sûrement ni chaud ni froid. Cela lui ferait bizarre de n’avoir plus personne avec qui crier et se prendre le chou à longueur de journée, rien d’autre. La question alors était pourquoi s’embêtait-il à faire tout ça ? Pour Ren, vraiment ? Il y avait de ça certes, toutefois au fond quoi qu’il puisse penser, le magicien était incapable de l’abandonner là. Les souvenirs lui revenaient et se mettant à sa place, il se serait trouver pire que cruel de la laisser seul au QG avec cet individu fou qui traînait assurément encore dans les parages.

Une fois qu’il fut sure d’où habiter Harumi, Kyohei démarra le véhicule et haussa les épaules au énième remerciement de sa collègue. Il n’avait pas fait ça pour recevoir un merci et il ne souhaitait rien en échange. Surtout pas venant d’elle. Il aurait pu parler, lui dire qu’elle n’avait pas à le remercier, qu’il n’hésiterait pas à la défendre si une telle action se reproduisait toutefois le garçon avait préféré rester muet. Au lieu de ça, afin d’alléger une plausible ambiance tendu au sein du véhicule, il alluma son poste pour lancer la musique. Quand on l’observait, le jeune homme ne donnait pas l’air, pourtant, il était un profond admirateur de musique et ce qu’il écoutait en règle général n’était jamais - voir rarement - des chansons commerciales. Il aimait les petits groupes, les musiques calmes, qui le détendaient mais principalement toute dérivée du rock. Là, il s’agissait d’une compile de diverses mélodies que Kyohei appréciait beaucoup et qui l’inspirait énormément.

Le trajet se fit dans le silence, bercé par cette douceur musicale où plutôt que chanter, le magicien tapotait délicatement ses doigts à son volant. A l’arrivée, il avait tout coupé, moteur y compris avant d’enlever sa ceinture.

- Je vais t’aider, Déclara-t-il pour ensuite sortir de la voiture.

Son ton était toujours calme néanmoins, il n’avait pas eu besoin de mettre ne serait-ce qu’un brin de sévérité pour faire comprendre que la demoiselle n’avait pas le choix. Normal que ça la dérangeait, il s’imaginait à sa place et ça ne lui aurait pas plu non plus. Pas car il s’agissait d’Harumi - même s’il avait sa fierté - mais parce qu’il avait toujours eu cette habitude de vouloir se débrouiller seul. D’où le fait que Kyohei était le plus apte à saisir les tracas de sa collègue. Le silence était de marbre, l’atmosphère tendu, on pouvait la ressentir à nouveau cependant le jeune homme passa outre et la guida jusqu’à son appartement. Appartement dans lequel, il ne se gêna pas à entrer à l’intérieur pour l’allonger en premier lieu sur le canapé.

- Je reviens.

D’accord, ça ne se faisait pas toutefois Harumi n’était pas en état de dire quoi que ce soit et lui en profita pour s’échapper dans la cuisine. La première chose qu’il fut, fut de lui servir un verre d’eau et de le lui amener.

- Tiens. Tu devrais te commander de quoi manger aussi, je ne pense pas que ça soit bien que tu forces.

Et il était hors de question qu’il fasse la cuisine pour elle. Il n’aimait déjà pas le faire pour lui alors pour elle, Kyohei le refusait catégoriquement.

- Je vais y aller maintenant. Repose-toi.

Malgré tout, son ton restait neutre seulement c’était toujours mieux que cet air glacial qui lui donnait à chaque fois qu’ils se croisaient en règle général. Ils faisaient tous deux de nombreux efforts et c’était le plus important.