Don’t be shy cutie girl

Kamehime Shoko Δ Takashi Haruna

“Tout vient à point à qui sait l’attendre”

Les bonbons, ils portaient vraiment bien leur nom. Sucrés juste comme il le fallait et tout le reste. Mes préférés ? Les acidulés et j’aurais pu faire une indigestion si je ne pensais pas à ma ligne.

Je déambulais tranquillement dans les rues de Torishimari quand je m’arrêtais dans un parc qui était plus un terrain de jeu pour les enfants quand ils n’étaient pas devant leur écran. Je m’assis sur une balançoire, croquant dans un bonbon rouge, un dragibus.

Un délice !

Je souris tout en continuant de manger, me balançant d’avant en arrière. J’essuyais ma main pour sortir mon téléphone, mettre mes statuts à jour et, surtout, envoyer un message à Kazuki pour lui dire qu’il me manquait, quand un aboiement me fit sursauter. Je n’eus pas le temps de sortir mon téléphone que je me retrouvais par terre, un énorme chien au dessus de moi… Bien plus imposant que Daiji qui semblait minuscule à côté.

Le canidé, ne resta pas longtemps me permettant de m’asseoir avant qu’il m’attaque à coup de « je veux des câlins ». Deux de ses amis vinrent me rejoindre et je compris que c’était les bonbons qui les avaient attirés.

« Hey bonjour les gourmands. Je vois que vous avez des colliers, vous ne vous êtes pas échapper au moins. »

Je ne pus ne pas les laisser sans caresses, me promettant de les rapporter à leur maître après une bonne séance de câlins. J’espérais juste qu’il ne s’inquiète pas trop, ses chiens avaient de l’amour à revendre.

Relevant les yeux, je vis une jeune femme à l’entrée du parc. Elle semblait tout timide, toute mignonne aussi mais ça ne m’empêcha pas d’être mal à l’aise.

« Ce sont vos chiens ? J’ai demandé en me relevant. »

Lui faire peur était bien la dernière chose que je voulais faire et je m’approchais pour qu’elle puisse m’entendre mieux. Mais aussi pour éviter de parler trop fort.

« J’espère qu’ils ne se sont pas enfuis et que vous ne vous êtes pas inquiétée. Je m’appelle Takashi Haruna »

Les imposants chiens m’avaient suivie… L’odeur des bonbons les attirait vraiment ! Ou alors c’était leur maîtresse.

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Me balader me faisait du bien, habituellement je faisais ce genre de promenade à Shizen parce qu'il y avait quand même souvent moins de monde et que les parcs plaisaient à mes trois compagnons. Mais ce jour ci, j'avais eu envie d'aller dans un quartier un peu plus "urbanisé" aussi je m'étais dis que pour un début, Torishimari pouvait être pas mal.

Pour corser le tout, j'avais même laissé mon "carnet à paroles" chez moi. Un conseil de Ayumi, et je suivais souvent les conseils de mon amie.

Sauf quand ils concernaient la médiatisation.

Voilà donc pourquoi je me retrouvais à faire un petit peu les boutiques accompagnée par mes gardes du corps sur pattes. Les gens se retournaient d'ailleurs assez souvent, comme s'ils n'avaient jamais vu de grands chiens de leurs vies... Enfin, ils avaient surtout l'air effrayés par Nora qui ressemblait à un loup, mais sinon ils étaient mignons mes trois choupinous !

C'est alors qu'on arrivait à une sorte de petit parc avec une aire de jeux pour enfant que je décidais de faire une pause. J'avais un peu faim mais j'avais surtout envie de manger le sandwich sucré de Ayumi, avec des gaufres en guise de pain... Un régal !

Avant que je ne puisse réagir, Nora était partie comme une fusée, fonçant vers une pauvre fille, s'arrêtant à côté avant de japper et lui sauter dessus. Il n'y avait qu'une seule chose qui pouvait rendre ma chienne toute calme aussi excitée.

Les sucreries.

Le temps que la réflexion se fasse, les deux autres chiens de ma meute étaient partis rejoindre leur collègue femelle. Je ne savais quoi dire, j'allais devoir m'excuser pour le dérangement causé, elle ne devait pas être contente d'avoir été surprise et d'être tombée parce que j'avais retiré les laisses des harnais de mes compagnons.

Encore une fois perdue dans mes pensées avec mon visage représentant certainement mon anxiété, je ne remarquais pas que la jeune femme que mes toutous étaient allés embêter s'était rapprochée de moi et m'avait posée une question puis elle se présenta.

J'inspirai discrètement pour gagner en assurance et surtout pour arriver à faire sortir ma voix. Je pouvais y arriver, je l'avais fais dans le passé, je pouvais le refaire.

- Kamehime Shoko, me présentais-je en m'inclinant par respect.

Bon, mon nom était sorti sans accroc, c'était bon signe.

- Je... Je suis désolée, mes chiens sont venus vous embêter.

Mais c'est que c'était bien tout ça ! Le fait qu j'arrive à parler si facilement me donna de l'assurance mais une boule d'angoisse restait ancrée au fond de moi, comme un poing de glace se refermant sur mon estomac. Mais je décidais de l'ignorer.

- Ils ne sont... Pas méchants mais ils aiment les sucreries, dis-je en désignant le sachet dans les mains de la jeune femme.

Par contre ma voix commençait à dérailler et cela ne fit qu'augmenter mon stress. Je devais avoir l'air si peu naturelle avec mes mains voulant bouger pour signer et communiquer sans qu'un son ne passe mes lèvres. Mais je ne pouvais pas, elle m'aurait prise pour une folle.

Une femme qui parle puis qui utilise le langage des signes ! On aura tout vu !

- Je vous prie de les excuser.

J'avais l'impression que ma voix devenait de plus en plus bizarre, je n'avais pas l'habitude de la solliciter autant.

Inspirer, expirer, rester calme, si ça se trouvait, Haruna n'allait pas m'en tenir rigueur ni me trouver trop bizarre.

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Kamehime Shoko Δ Takashi Haruna

“Tout vient à point à qui sait l’attendre”

J’étais face à une princesse tortue ? Oui, ce n’était pas quelque chose que je dirais à voix haute, j’allais éviter de paraître bizarre. Puis, je ne la connaissais pas, je restais sur ma réserve avant de regarder les trois canidés alors que leur maîtresse s’excusait. Elle m’expliqua que ses chiens avaient été attirés par les sucreries alors je relevais les yeux pour voir son air peu rassuré.

Sa voix semblait également commencer à dérailler… Lui ferais-je peur ? J’espérais que non, mon but n’était pas de l’effrayer. Ce pendant je ne lui dit rien, peut-être que j’avais rêvé. C’était fortement possible.

« Ne vous inquiétez pas, il n’y aucun problème. Vos chiens sont tout pardonnés. »

Je lui souris avant de mettre le sachet, bien fermé, dans une pochette dans mon sac. On allait éviter de provoquer les trois toutous un peu plus, ça serait bien.

Après cela, je leur fis une caresse chacune comme pour montrer que je ne leur en voulais. J’avais simplement été surprise, j’avais plus l’habitude de me faire gentiment attaqué par Daiji ou Piwi qui réclamaient. Ce n’était quand même pas la même taille.

« En tout cas vous avez trois magnifiques gardes du corps. »

On passait le fait que je m’étais plus attendu à un homme bien musclé et non à une femme frêle. Je lui souris avant de lever mon sac de justesse car j’avais vu un des canidés vouloir l’attraper. Le gourmand, pourtant il était bien caché.

D’ailleurs, je me demandais comment Shoko arrivait à les tenir en laisse, elle cachait sa force quelque part ? De plus, maintenant que j’y pensais son visage ne m’était pas si inconnu. L’aurais déjà vu à la télévision ? Peu probable, souvent ce genre de personne était peu accessible et je m’en serais souvenue. A moins que ça ne soit dans les médias rapidement, comme ça.

Ou alors elle était déjà passée au magasin. Il y avait tellement de clients, je ne pouvais pas me rappeler de tous les visages et les noms. Je restais humaine après tout… Mais je devais avouer que si je pouvais retenir plus de chose et faire la cuisine facilement. Après je voulais garder le côté humain, pour les sentiments qu’on ressentait.

… Oh là, je partais où moi ?

« Ils s’appellent comment ? J’ai demandé en désignant les trois chiens. »

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Mes chiens n'effrayaient pas le moins du monde La jeune femme répondant au nom de Haruna. Je me demandais avec quels kanji s'écrivait son prénom, comment ses parents avaient choisi... Il y avait tant de possibilités que ça me donnait envie de peindre ce nom et le visage de cette belle jeune femme souriante.

Sa question me fit redescendre sur terre, rares étaient les personnes s'approchant de mes chiens, alors demandant quels étaient leurs noms...

Néanmoins, ça me rendait heureuse.

- Pocchi, fis-je en désignant mon akita américain, Marik et Nora, achevais-je en montrant successivement mon grand colley et ma chienne-louve.

Ils étaient tout les trois assis et fixaient avec attention la pochette contenant le sachet de friandises tout en battant de la queue en parfaite synchronisation. Ils avaient l'air de trois pauvres chiens abandonnés quémandant quelques sucreries pour survivre.
Enfin bon, mis à part leurs grands yeux brillants, ils étaient en parfaite santé et donc leur déguisement n'était pas du tout au top.

ça aurait été marrant de les dessiner ainsi ou les prendre en photo, mais je n'avais pas d’appareil photo sur moi, j'étais une peintre, pas une photographe de toute façon... Et puis le temps d'installer un chevalet, mettre la toile, préparer la palette et les tubes de peinture -la gouache était mieux pour ce genre de peinture-, tout aurait bougé.

… Oh là, je partais où moi ?

- I... Ils n'ont que quatre ans, ils sont jeunes.

Enfin non, théoriquement ils étaient adultes et matures et donc calmes. Mais pas ces trois là, quoique Nora était plutôt sage et Marik assez tranquille, par contre, Pocchi c'était une autre histoire. Il aimait jouer, sauter, faire des bêtises et retourner le jardin de Ryuku.

Je ne savais pas encore comment ce dernier ne l'avait pas attraper pour lui tatouer "abruti de chien" sur le crâne. Il était vraiment très sympa de ne pas me tenir rigueur de ça.

Shoko, tu pars encore dans tes délires...

- Hm... Vous voulez les promener ?

Elle avait l'air de les apprécier, et eux l'aimaient déjà à cause de son odeur de bonbon alors ça pouvait le faire.

Mais peut-être que nous n'allions pas dans la même direction.

- Je... vais vers la librairie, vous voulez venir ?

Ouah... J'avais du mal à croire que c'était moi qui avait proposé cela, de vive voix en plus, à une parfaite inconnue. Enfin, plus si inconnue que cela puisque je connaissais son nom, elle avait l'air gentille et plutôt spontanée. C'était rafraîchissant tout ça.

Et ça donnait un coup de booste à ma propre spontanéité. La NSA ne pourrait pas me reprocher de ne pas faire d'efforts pour arriver à parler avec plus de fluidité.

- Enfin... Si vous voulez, dis-je un peu précipitamment, ma voix montant dans les aiguës de façon désagréable.

Heureusement qu'il n'y avait personne autour, sinon, j'aurai été incapable de dire un mot après le "enfin", ayant trop honte des sons que produisaient mes cordes vocales.

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“Tout vient à point à qui sait l’attendre”

Les chiens de Shoko étaient vraiment adorables, tellement que je me retenais de les prendre en photo. Au final, je ne résistais pas et veilla à être aussi discrète possible en sachant que, bien entendu, le résultat sera parfait… Ne pas craquer, ne pas leur donner de bonbons… Ils étaient trop adorable Pocchi, Marik et Nora.

D’ailleurs, j’étais en train de ranger mon portable quand la jeune femme me proposa de promener ses toutous. Je ne pus retenir un sourire mais j’avais quand même un peu peur, je n’avais pas l’habitude de promener des chiens surtout aussi costauds… Mais pas moins mignons, ça non. Ils étaient trop kawaii avec leurs grands yeux brillants et leur queue battant l’air montrant leur contentement.

« Je n’allais pas quelque part en particulier. On peut dire que je flânais en mangeant des bonbons. »

Et en pensant à ô combien mon petit-ami me manquait. Mais, je n’allais pas me plaindre de faire une nouvelle rencontre. Peut-être que j’arriverais à être à l’aise avec Shoko comme je l’étais avec Kazuki ou bien Tae et Asae.

« Par contre, pas plus d’un car j’ai plus l’habitude de promener un fennec et c’est beaucoup plus petit. Je ne voudrais pas qu’un de vos chiens se perde par ma faute. »

Je savais à quel point on pouvait tenir à nos animaux et je pouvais imaginer la tristesse de ceux qui les perdait. Espérant les retrouver au plus vite. Si je pouvais éviter cela, ça serait super.

Après un sourire, je demandais si je pouvais avoir la plus sage pour éviter de m’envoler ou de courir si jamais je n’avais pas assez de force. Puis il y avait toujours ce souci de garder ses trois canidés bien ensembles.

Nous nous mîmes en route pour la bibliothèque et le trajet fut calme mais pas pesant. J’avais Nora au bout de la laisse et tout se passa pour le mieux. Soulagement.
Aussi, je fus surprise lorsque, arrivées à la bibliothèque, je ne vis pas d’interdiction au chien. En même temps, j’allais très peu dans cet endroit, trouvant tous les ouvrages qui m’intéressaient sur internet ou les achetant directement si jamais.

« Vous travaillez dans quoi ? J’ai demandé une fois dans le lieu. »

Je la voyais bien être une artiste, peignant de magnifique tableau. Ou alors une conceptrice florale mais, à Nishinaka, je ne connaissais que Asae. Mais c’était possible que je sois passée à côté si jamais.

« D’ailleurs, je viens de penser que je pourrais profiter d’être ici pour feuilleter quelques ouvrages. Je travaille dans un magasin de vêtements mais j’aimerais bien diriger mon propre établissement. Peut-être que je trouverais quelque chose d’intéressant ici. Mais, j’irais regarder après si ça ne vous dérange pas. »

C’était moi ou je partais loin ? J’espérais quand même ne pas ennuyer Shoko. De plus, aussi gentils soient-ils, j’avais toujours peur de ce que les autres pouvaient penser de moi. C’était aussi pour cela que je m’ouvrais peu… Heureusement quand même que je n’étais pas trop bornée. Enfin, que l’amour ait été plus fort que ma raison car j’aimais Kazuki et j’étais vraiment heureuse de lui avoir ouvert mon cœur… Oulà, je partais loin moi.

Je souris à jeune femmes avant de l’accompagner dans les rayons de la bibliothèque alors que les chiens restaient bien sages.

Ils étaient vraiment trop mignons.

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Un fennec ? Je ne savais pas qu'il était possible d'adopter ce genre d'animal... Enfin, de toute façon, je ne pourrai en prendre un, Marik serait trop jaloux et Pocchi le casserait en deux en voulant jouer. Et puis, trois gros chiens c'était bien suffisant !

J'étais heureuse, que Haruna accepte, peut-être qu'on pourrait devenir amies... Le monde n'était pas si noir, il y avait des personnes gentilles qui ne voulaient pas le pouvoir ou manipuler les autres.
Je passais donc la laisse de Nora, la plus calme, à ma nouvelle connaissance. J'aurais très bien pu passer les autres toutous, ils étaient calmes une fois la laisse accrochée au harnais, par contre, c'était une autre affaire quand ils étaient libres.

Le chemin jusqu'à la bibliothèque fut calme et reposant, c'était vraiment agréable, une fois devant la bâtisse, j'entrais tout en tenant la porte pour Haruna puis alors qu'on se dirigeait vers les rayons, j'eus un doux sourire alors qu'elle me demandait qu'elle était mon occupation.

- Animatrice en maison de retraite, dis-je sans trembler. Je suis artiste aussi.

Parler de mon métier actuel et celui d'avant me faisait sourire, car même si je me retrouvais dans cette situation à cause de la NSA, j'aimais bien ce que je faisais et les résidents m'appréciaient également.

Haruna était une artiste quelque part, les vêtements, la mode, c'était assembler les couleurs et créer. Je n'étais pas une fan de ce genre de chose puisque je me piquais facilement avec des aiguilles. Et mettre des dés à chaque doigts, c'était un peu ridicule...

- Vous... Vous voulez faire des vêtements ?

Elle avait peut-être envie de laisser éclater sa créativité en faisant une ligne de haute couture.
J'attrapais un livre sur Frida Kahlo, une artiste peintre mexicaine que j'aimais beaucoup, de part ses œuvres poignantes et faisant frissonner. J'avais déjà pleuré devant les portraits de cette femme, et je cherchais à présent un livre expliquant comment elle s'y était pris pour faire ses autoportraits. Je n'étais pas narcissique, mais j'avais envie de me représenter et de savoir si ma vision de moi-même était juste ou non.

- Vous aimez l'art ?

Il s'agissait de mon domaine de prédilection, j'aimais partager mes connaissances en matière de peinture, essayer de partager ma vision des choses.

- Que pensez-vous de... De cette oeuvre ?

Je lui pointais du doigt l'oeuvre "Suicide of Dorothy Hale", j'aimais savoir ce qu'en pensaient les personnes peu habitués à voir des peintures. C'était intéressant de savoir le ressentit des gens...
Bon, évidemment, il n'y avait pas autant d'émotions qui passaient par le papier glacé du livre qu'en vrai, mais on pouvait avoir une vision d'ensemble de la chose.

J'avais appris après la mort de Drake, qu'il projetait de m'emmener voir le Phoenix Art Museum an Arizona aux USA, mais il n'en avait pas eu le temps...
J'espérais quand même pouvoir aller le visiter un jour, pas seule. Le problème étant que je ne connaissais personne de sensible à l'art dans mon entourage. Ayumi m'y accompagnerait certainement, mais elle s'ennuierait en deux minutes et voudrait aller faire du shopping.

- Nora ! chuchotais-je avec brusquerie.

Ma calme demi-louve était en train de se rapprocher de la pochette de Haruna en mode ninja, elle cherchait les bonbons cachés à l'intérieur.

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“Tout vient à point à qui sait l’attendre”

Dans une ville telle que Nishinaka, je pouvais comprendre qu’on puisse avoir du mal à vivre d’un métier tel que la peinture. Avec les nouvelles technologies peu de personnes s’intéressaient à l’art et les artistes avaient parfois du mal à vivre de leur profession. Après, je considérais que les personnes ayant l’homme comme toile était aussi des artistes. Le maquillage et la mode consistait à créer des formes et assembler des couleurs.

Je suivis Shoko dans les rayons de la bibliothèque. Depuis combien de temps, je n’étais pas venu là ? Une éternité d’après moi mais, en même temps, on trouvait tellement de chose sur internet… Certes, on n’avait pas ce plaisir de tenir un livre entre les mains mais c’était un peu plus rapide… Oui, on n’avait pas d’option « recherche » dans les livres et, donc, le nombre et les occurrences surlignés. Il faudrait réussir à lier les deux.

Mais comment faire ? C’était compliqué et ça verrait surement le jour dans des dizaines voir des centaines d’années si ce n’est plus.

J’en étais là dans mes réflexions quand Shoko me demanda si je voulais créer des vêtements, du moins en faire. Oui, il y avait un monde entre créer et faire, du moins pour moi. En effet, je voyais la création comme quelque chose à inventer, sortir de sa tête alors que faire, fabriquer était partir d’un modèle, quelque chose existant déjà.

« J’aimerais bien créer des vêtements… »

La mode était ma passion après tout et j’aurais aimé pouvoir créer des vêtements et pouvoir les vendre mais ça demandait du travail… Je n’étais pas sûr que cela soit compatible avec une vie de famille. De toute façon, entre Zuki et mes ambitions, je plaçais mon petit-ami en priorité et, de toute façon, rester vendeuse ne me rebutait pas. Au contraire, j’adorais mon travail actuel et le reste n’était que du bonus.

Je regardais quel livre Shoko sélectionnait. Frida Kahlo, le nom me parlait du fait que j’en avais entendu parler en cours et ses peintures m’avaient marqués donc je m’en souvenais vaguement. De même que Dali et d’autres peintres.

« J’apprécie un peu. »

Oui, je n’allais pas à des vernissages ou feuilleter des livres d’arts tous les jours mais ça pouvait m’arriver… Du moins sur internet. Encore et toujours.

Mon regard se porta sur ce que la jeune femme me montrer et je fus surprise lorsqu’elle réprimanda sa chienne. Les gourmands.

« Voyons Nora, si tu es sage je te fais des câlins en sortant… »

J’adorais les animaux et le faire des câlins. Pour protéger mon sac, je le mis en hauteur, normalement inaccessible et je regardais la peinture capturée et imprimée sur le papier glacée.

Ce que je pouvais en dire ? Eh bien…

« On peut penser au fait qu’il y a deux temps : le premier quand la personne saute de l’immeuble puis la seconde quand elle arrive au sol d’ailleurs le bras et la tête sont dans la même position. Enfin c’est ce que je vois pour le moment et je ne suis pas sûre… De même que cette partie qui peut représenter une sensation de légèreté avec les nuages qui ressemble à des plumes, j’ai dit en montrant la partie du haut. Enfin cette hypothèse semble plausible avec les inscriptions en bas qui est une continuation avec cela, j’ai dit en montrant la tâche en bas à droite puis le cadre. On a aussi le blanc pour la vie, l’envol, et le noir pour la mort… »

Oui, oui, c’était bien moi qui venait de dire tout cela.

« Je ne sais pas si j’ai répondu à votre question… »

Ce n’était peut-être pas ce qu’elle attendait.

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Haruna me surprit agréablement de par son analyse très juste de l'oeuvre, nos regards divergeaient sur certains points mais se rejoignaient sur d'autres. Et c'était ça la magie de l'art, un seul et même tableau pouvait faire ressentir des émotions et des sensations différentes suivant les yeux qui les regardaient. C'était mon monde, celui des pinceaux et de la couleur...

J'offris un doux sourire à la jeune femme, elle avait une vraie vision d'artiste et c'était "rafraîchissant", je me sentais un peu moins seule, même si je devinais qu'il ne s'agissait pas d'un domaine que Haruna explorait tout les jours. J'avais grandi dans cet univers et mon père devenait de plus en plus connu dans cette communauté, difficile d'échapper à l'envie de suivre ses traces.

- J'aime beaucoup votre vision des choses.

Je souris à nouveau puis je refermais le livre sur cette artiste vu qu'il ne s'agissait que d'une sorte de "photobook" et il n'y avait rien sur sa technique. Je savais qu'elle utilisait un miroir mais je n'vais aucune idée de comment elle se plaçait et quelle expression elle prenait devant ce dit miroir.

Et je commençais à penser que j'allais devoir me débrouiller seule et faire plusieurs expériences, peut-être devrais-je songer à essayer cette tablette graphique que Ayumi m'avait offerte pour mon dernier anniversaire ? J'y songerai plus tard, parce que pour le moment, je n'allais pas agacer Haruna avec des délibérations personnelles.

- Vous avez une façon de voir les choses digne d'une artiste, fis-je avec douceur. Vous devriez essayer la peinture.

Depuis que j'animais en maison de retraite, je faisais beaucoup d'ateliers différents, surtout de la peinture, de la gravure et de la cuisine. J'avais la chance de travailler avec une équipe sympathique et où on s'occupait bien des résidents.
Si Haruna en avait envie, je pouvais toujours lui donner des cours de peinture ou alors lui prêter mon atelier pour qu'elle s'essaie à cet art.

Sortant ma carte de visite, je la tendis à Haruna, mon nom et mon adresse se trouvaient dessus ainsi que mon numéro de téléphone.

- Si vous voulez... Vous pouvez venir voir quelques tableaux... Ou si vous avez une commande.

Ce n'était pas raisonnable, parce que je n'avais pas vraiment de temps pour traiter des commandes, mais il suffisait de négocier le délai ou alors que je m'y mette à fond pendant quelques temps et ça serait bon. Mais ce n'était pas sûr que Haruna ait envie d'un tableau...

C'était un peu ringard d'avoir un portrait.

- Enfin... Si... Si vous voulez...

Je triturais mes doigts de manière un peu nerveuse tout en serrant davantage les laisses dans mes mains, j'espérais ne pas avoir l'air ridicule avec ma proposition. Peut-être qu'elle n'avait aucune envie de voir ma galerie ?

Arrête de stresser Shoko !

Haruna était sympathique, elle n'allait pas descendre mon travail.

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“Tout vient à point à qui sait l’attendre”

Shoko m'avait montrée une image d'un tableau qui se trouvait dans un livre. J'avais pris quelques secondes pour réfléchir avant de lui répondre en espérant ne pas être à côté car je ne connaissais pas grand-chose à l'art… J'étais vraiment novice dans ce domaine et j'avais toujours peur de dire une bêtise. Je pouvais en dire tellement dans la vie de tous les jours que j'avais pris l'habitude de réfléchir avant de parler. Enfin, quand mon cerveau le voulait bien car dans certaines circonstance il refusait de faire son travail correctement… Comme quand j'étais en présence de Kazuki par exemple.

Une fois que j'eus dit ce que je pensais de la "peinture", j'attendais la réaction de la jeune femme en me demandant si elle n'allait pas rire en me disant que j'avais tout faux. Enfin peut-être pas se moquer, elle semblait vraiment douce mais j'avais appris à me méfier et j'étais presque toujours sur mes gardes alors ça n'aidait pas à ce que je m'ouvre vraiment aux autres.
Une vraie plaie voilà ce que je devais être parfois, mais je n'y pouvais pas grand-chose… Enfin si, mais c'était compliqué de s'ouvrir à quelqu'un et de lui accorder sa confiance lorsqu'on avait fait preuve de beaucoup de méfiance pendant des années.

Ce que me dit Shoko fit monter, légèrement, le rouge à mes joues. Une vision digne d'une artiste ? On pouvait dire ce qu'on voulait mais venant d'un peintre je trouvais que c'était un très beau compliment. Un honneur même.
Cependant, la peinture n'était peut-être pas pour moi. Je n'avais jamais vraiment essayé mais j'avais peur d'en mettre partout sauf sur la toile. Peut-être que c'était fourbe la peinture, peut-être qu'elle ne se laissait pas dompter par tout le monde.

Il valait mieux que j'en reste à mon fil et à mes aiguilles adorées. A part quelques piqures au début, je n'avais pas eu de problème pour les dompter et j'arrivais généralement au résultat voulu. La magie des patrons vous me direz aussi…. Patrons faits comme une grande, toute seule. Bien entendu. Ce n'était pas drôle sinon.

« J'y réfléchirais, j'ai dit avec un joli sourire. »

Bien sûr que je réfléchirai, même si j'avais des doutes sur mon aptitude à pouvoir mettre quelque chose sur une toile si je n'avais pas de modèle. Je créais juste des vêtements mais, à chaque fois, avec un modèle en tête. Ce que j'imaginais à Kazuki n'irait pas à Tae et inversement.

Chaque personne est unique comme les flocons de neige.

Donc chaque personne a une morphologie différente car elle ne ressemble à aucun autre. Pourquoi j'étais parti sur ça déjà ? On parlait de peinture, pas de vêtement. Je pensais vraiment trop à ça… Aux vêtements, pas à autre chose bien sûr, non mais.

« J'aimerais bien voir vos tableaux ! Vous avez un atelier ou une galerie ? »

Je m'étais arrêtée en voyant la bibliothécaire nous demander de faire moins de bruit. Je m'inclinais respectueusement pour m'excuser, j'avais été un peu trop enthousiaste et j'avais oublié le lieu dans lequel on se trouvait.

« Vous faites des peintures de quel genre ? J'ai demandé plus calmement. »

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» Lee Hyeri [Girl's Day]