I need your presence ft Kawaguchi Ren

I need your presence

Asae & Ren

C'était quoi ce bruit ?
Un léger grognement vibra au fond de sa gorge. Il était trop tôt pour se lever. C'était encore pire que l'heure des poules, là ou bien ? Oui. C'était trop tôt. Il voulait encore dormir. Même son lit refusait de le laisser s'en aller. En plus il était bien au chaud, bien enroulé dans ses draps. Pourquoi voulait-on l'extirper de son doux sommeil ?

D'ailleurs, d'après ses souvenirs, il n'attendait personne. Ouvrant faiblement les yeux, il soupira doucement, tout en se levant. Ses mains agitèrent mollement ses cheveux, dans l'espoir de leur donner un semblant de forme, mais certaines mèches semblaient récalcitrantes et faisaient leurs petites rebelles. Tant pis, ça lui donnait un style après tout.
Soudain, ses yeux s'ouvrirent en grand : et si c'était sa mère qui venait lui faire une visite surprise ? Oh mon dieu. Son appartement était rangé, heureusement, mais lui était débraillé. Il allait lui ouvrir un bas de pyjama et débardeur ? Vraiment ? Oh bien sûr sa mère l'avait vu dans de pires tenues, mais tout de même.
Et puis, de manière générale, ce n'était pas une façon d'accueillir un invité chez soit.

Râlant lentement contre lui-même, il repartit vers la chambre, où il enfila rapidement un jean et un t-shirt, avant de repartir vers la porte d'entrée.
Il remarqua que sur le chemin que l'heure des poules était dépassée depuis longtemps. Tous ses neurones s'activèrent, et il se souvint être rentré du travail, épuisé. Il avait pris une douche, s'était changé et avait filé tout droit dans son lit.

Passant rapidement ses mains sur son visage pour se donner un air un peu plus réveillé, il ouvrit la porte, un léger sourire aux lèvres pour ne trouver... personne. Pardon ? Il fronça les sourcils, avant d'observer cette silhouette qu'il connaissait plus que par cœur s'en aller.

« Hep hep hep jeune fille », héla-t-il doucement en croisant les bras contre son torse et hochant faiblement la tête, « Reviens par ici tu veux ? »

Un fin sourire aux lèvres, il lui fit signe de revenir vers lui, tout en s'écartant de la porte pour la laisser entrer. Il ne put retenir un soupir de soulagement après quelques secondes ; ce n'était pas sa mère, heureusement ! Enfin, il aurait été heureux de la voir. Plus que heureux même.
Mais il avait l'impression de ne pas avoir vu Asae depuis des siècles. Il était vrai qu'avec tout ce qu'il lui était arrivé dernièrement, il n'avait plus pris de nouvelles de grand monde. Et maintenant qu'il était de nouveau sur les rails, il était bien trop occupé par le travail. Il allait lui devoir quelques excuses pour tout ça, d'ailleurs.

« Comment tu vas ? », demanda-t-il une fois son amie à l'intérieur tout en refermant la porte, « Ca fait longtemps. Désolé de pas avoir pu passer te voir plus tôt »

Il inclina faiblement la tête avant d'indiquer le salon à sa petite sœur de cœur et partit dans la cuisine prendre quelque chose à boire. Il retourna au salon et s'installa sur le canapé, invitant Asae à faire de même.

« Alors ma grande, qu'est-ce qui t'amènes ? »

Ren avait l'étrange sensation que quelque chose n'allait pas...

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Asae & Ren

Ren n'était pas l'homme le plus perspicace qui existe sur Terre, mais il remarquait en général bien assez vite quand quelque chose n'allait pas. Et aujourd'hui, il voyait bien que quelque chose semblait embêter Asae.
Il connaissait la jeune femme et ses sourires habituels, et ce sourire qu'elle lui faisait... il avait la très nette impression qu'il cachait quelque chose.

Il comprenait l'envie de Asae de cacher ce qu'elle ressentait vraiment. Il était exactement le même sur ce point-là. Il  n'aimait pas parler de ce qui n'allait pas, ni embêter les autres avec ça. Il était plutôt du genre à écouter, et conseiller les autres si besoin, qu'à se confier. Il ne supportait pas parler de lui en règle générale, alors que tout allait mal, c'était encore pire. Alors il se cachait derrière un sourire et des blagues douteuses. Il se cachait même parfois derrière les problèmes des autres de manière à ce qu'on ne découvre pas les siens.
Enfin, quelques fois, ses tentatives de fuite rataient complètement. Surtout face à des personnes telles que Naoki, Kyohei ou Harumi. Des personnes qui le connaissaient mieux que lui et qui savaient quand il mentait ; bien sûr il arrivait parfois à passer entre les mailles du filet.

Il se contenta alors de la regarder du coin de l'oeil, un sourcil légèrement haussé venait compléter son regard perplexe. Il ne releva cependant pas et finit par lui sourire doucement. De toute manière, il allait bien finir par savoir ce qui n'allait pas. Il n'allait pas la forcer, non, il ne supportait pas ça, mais il était bien trop têtu pour laisser passer ça, et aussi, il s'inquiétait bien trop pour elle pour passer à autre chose.
Il continua de l'observer de longues secondes sans rien dire, voulant lui faire comprendre qu'il avait bien vu que quelque chose n'allait pas.
Il se servit alors un verre d'eau, qu'il but rapidement, avant de reposer son regard sur la jeune fille. Il n'allait pas la forcer à dire ce qui n'allait pas, non, il allait faire ça autrement. Il allait poser des questions jusqu'à ce qu'il tombe sur le sujet qui fâche. C'était un peu fourbe mais bon...

« Le boulot se passe oui. C'est la folie au magasin en ce moment », répondit-il enfin à sa question, « Je remplace un peu la patronne, donc je m'occupe de pas mal de trucs », dit-il en haussant légèrement les épaules.

Il s'adossa doucement au canapé et tourna la tête vers Asae. Il lui sourit, faisant pianoter ses doigts sur ses cuisses. Bien, son « enquête » allait pouvoir débuter. Qu'Asae prenne garde, Ren allait scruter le moindre de ses mouvements, la moindre de ses réactions...

« Sinon sinon... », commença-t-il lentement, « Les amours, ça se passe bien ? »

Pourquoi pensait-il obligatoirement à une peine de cœur ?
Il fronça faiblement les sourcils avant de pencher la tête sur le côté. Il n'avait pas vraiment l'impression que le souci venait de là, mais il fallait bien commencer par quelque chose... Il se souvint alors de la question de la jeune femme, et, se redressant faiblement, il ouvrit à nouveau la bouche :

« Ha, et pour toi, le boulot ça se passe bien ? », il était tellement à fond dans son enquête qu'il avait oublié de lui demander, l'idiot, « La boutique marche toujours aussi bien ? Je pense que je viendrais y faire un tour prochainement »

Histoire d'acheter un joli bouquet pour sa maman

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Asae & Ren

Il ne pouvait pas promettre à Asae de ne pas trop se surmener. C'était la première fois qu'il exécutait autant de tâches. Il n'avait jamais pensé qu'être patron de son propre magasin était aussi fatiguant. Et encore, il ne s'occupait pas vraiment de tout ; sa patronne restait celle qui s'occupait des parties plus administratives... en gros elle s'occupait de ce qui ne le regardait pas.

Répondant à son sourire, il passa ensuite rapidement sa vie sur son visage, dépité de sa propre question. Pourquoi avait-il demandé à Asae comment allait les amours ? Pour son enquête, bien sûr. Mais son enquête commençait plutôt mal. Il ferait un très mauvais inspecteur de police, mais il le savait au moins, il ne volait pas la face sur ce point-là.
Un faible rire vint vibrer dans sa gorge avant qu'il ne secoue simplement la tête de gauche à droite. Il n'avait personne en ce moment. Il aimerait bien parfois, rentrer et trouver quelqu'un qui l'attendait. D'ailleurs, il ne pouvait même pas dire s'il était amoureux ou non de quelqu'un ; il n'avait jamais connu le grand Amour alors il ne savait pas ce que ça faisait d'aimer.
Un haussement d'épaules plus tard, il but rapidement une autre gorgée d'eau, se demandant encore pourquoi il avait posé cette question ; c'était idiot.

La bouche légèrement ouverte, le regard stupéfait, il tourna vivement la tête vers son amie. Comment ça elle ne travaillait plus à la boutique ? Ce n'était pas possible, elle aimait tellement sa petite boutique. Et puis la boutique sans Asae ce n'était plus vraiment la boutique pas vrai ? Un rapide « Quoi ? » plus qu'étonné quitta sa bouche.
Il secoua la tête plusieurs fois, refusant d'y croire, avant d'imiter le poisson à la perfection. Shouta ? Hein ? Quoi ? Comment ils en étaient arrivés à Shouta ?

« Ah tant mieux », lâcha-t-il rapidement, encore un peu trop perdu dans ses propres réflexions, « C'est bon de savoir que son stage lui plaît »

Un fin sourire vint rapidement s'étendre sur ses lèvres avant qu'il ne fronce les sourcils, se tournant entièrement vers son amie sur son canapé.

« Mais comment ça tu ne travailles plus à la boutique ? », il avait pas vraiment digéré l'info, « Il s'est passé un truc là-bas pour que tu aies arrêté ? C'est pas trop grave au moins ? Mais tu travailles où alors ? », ça faisait pas un peu trop de questions d'un coup ça ?

Il l'observa de longues secondes, un regard rempli d'inquiétude collé au visage. S'il était arrivé quelque chose à Asae à la boutique et qu'il ne le savait pas... quel genre de « frère » faisait-il ? Il aurait dû prendre de ses nouvelles, aller la voir à la boutique avant que ce quelque chose n'arrive.

« J'arrive pas à y croire... », qu'il lâcha dans un souffle.  

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Asae & Ren

Asae qui avait décidé elle-même d'arrêter de travailler à la boutique ? Quoi ? Hein ?
Le monde ne tournait plus rond. Bientôt, en sortant de chez lui, Ren allait croiser une licorne avec des ailes qui déposaient des coquelicots sur le sol et tout le monde trouverait ça normal !

Une mine effarée se dessina sur son visage alors que les mots de son amie arrivaient à ses oreilles. C'était... dingue. Ca l'énervait ? La boutique l'énervait ? Les fleurs aussi ? C'était tellement fou que Ren n'arrivait pas y croire. C'était comme s'il disait ne plus aimer son lit du jour au lendemain : impensable. Son lit et lui, c'était une grande histoire d'amour, d'oreilles et de draps bien confortables. C'était une histoire sans fin, mais chaque jour était un nouveau chapitre.
Et Asae et sa boutique, c'était un peu la même chose : une histoire qui n'était pas prête de se finir. Alors pourquoi lui disait-elle des choses aussi folles ? Pourquoi se tuait-elle à dire de telles choses ?
Ce n'était pas Asae. Définitivement pas elle. C'était quelqu'un qu'il avait en face de lui, une personne qu'il ne connaissait pas. Une personne qui n'avait pas la passion des fleurs tout comme son amie. Un alien ? Pourquoi Diable un alien prendrait-il la place d'Asae !?

Il devait vraiment arrêter de s'endormir devant des films louches.

Un lourd silence prit place. Ni Ren ni Asae ne semblaient avoir envie de parler. Ren était bien trop choqué pour dire quoi que ce soit. Et puis il réfléchissait. Il essayait de comprendre comment Asae en était arrivée là. Quelqu'un l'avait sans doute menacé. Mais qui, et dans quel but ? La boutique de son amie était-elle construite sur un terrain spécial ? Un ancien cimetière ! Et des fantômes venaient la perturber. Ou alors... le terrain sur lequel était bâti la boutique abritait un trésor incroyable et des malfaiteurs avaient fait fuir son ami.

Non, vraiment, arrêter de s'endormir sur le canapé devant des films douteux.

« T'en fais pas pour moi, je gère tout ça très bien », ha bon ? Il était le premier surpris d'avoir dit ça, « Enfin... oui. Je me débrouille. C'est pas la mer à boire, je peux m'en sortir, je vais pas mourir », normalement..., « Mais... Asae, ta boutique ? Je comprends vraiment pas »

Il fronça les sourcils, tentant de comprendre le pourquoi du comment. Son regard se concentra sur le verre que la jeune femme tenait entre ses mains. Au bout de plusieurs secondes, un soupir lui échappa. Il avait beau essayer de comprendre, il n'y arrivait pas.
Son regard se plongea sur le visage de son amie et il se pinça les lèvres.

« Tu sais que je vais pas lâcher l'affaire, hein ? », dit-il en posant son verre sur la table basse, « Dis-moi ce qui ne va pas. Je te jugerai pas tu sais, si c'est ça que tu crains. Je voudrais juste savoir ce qui te tracasse autant. J'aime pas te voir comme ça », continua-t-il, la voix lente, « J'aime pas ne pouvoir rien faire pour t'aider non plus. Alors, si tu veux, je peux t'aider à supporter ton problème. Que ça te libère un peu de ce poids que tu sembles porter sur les épaules »

Il se tut un instant, avant de se pencher légèrement pour être face au visage de sa « petite sœur »

« Partageons ce poids à deux, si tu le veux bien ? », demanda-t-il tout doucement. Sa main se posa sur la chevelure brune de son amie, alors que ses doigts commençaient à caresser sa tête dans un mouvement tendre.

Il s'était promis de protéger Asae du mieux qu'il le pouvait. Aujourd'hui, il avait l'impression d'avoir lamentablement échoué. Il n'avait su la protéger de quelque chose... mais il voulait l'aider à affronter ce quelque chose en question de toutes ses forces.

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Asae & Ren

Ren ne comprenait vraiment pas. Il savait qu'il était un peu idiot sur les bords et que parfois, les informations mettaient du temps à être traitées, mais cette fois-ci, tout était clair : Asae ne travaillait plus dans sa boutique. Et pourtant, aussi clair que tout était, Ren n'y comprenait absolument rien.
A croire que même son cerveau refusait de saisir tout ça.

Il essayait tant bien que mal de savoir ce qui n'allait pas. Parce qu'il le voyait bien, que quelque chose clochait. Malheureusement, ou heureusement pour les autres, il ne lisait pas encore dans les pensées. Alors il tentait un peu par-ci, par-là.
Il aurait dû savoir s'arrêter cependant. Pousser les gens à dire ce qui n'allait pas... Ce n'était pas comme ça qu'il fallait faire. Il aurait dû savoir, il aurait dû faire attention à ce qu'il disait et faisait. Mais il s'inquiétait tellement pour elle. Il voulait tellement la protéger, l'aider à avoir le meilleur, lui offrir le meilleur même. Parce qu'elle le méritait. Parce qu'elle était adorable, gentille, douce, souriante. C'était un vrai rayon de soleil, c'était sa petite sœur de cœur.

Il aurait dû s'arrêter de parler, il aurait dû changer de sujet de conversation. Il n'aimait pas voir Asae pleurer. Et si elle en était arrivée là, c'était peut-être parce qu'il l'avait un peu brusquée.
Ses bras se refermèrent lentement sur le corps de son amie, la berçant tendrement tout en lui murmurant des mots doux.
L'une de ses mains allait se perdre sur sa chevelure, la caressant dans des gestes lents et doux. Ses lèvres se posèrent sur le haut de son crâne, et y restèrent de longues secondes. Ses doigts s’emmêlèrent dans ses cheveux, les enroulant doucement avant de les relâcher.

« Ne t'excuse pas », lâcha-t-il doucement, « T'as rien fait de mal, et je pourrais pas t'en vouloir pour ça. C'est plutôt à moi de m'excuser. Je suis désolé », finit-il en resserrant son étreinte sur le corps de son amie.

Il resta quelques minutes ainsi, un bras autour d'elle pour la serrer contre lui, et une main perdue dans ses cheveux. Ses lèvres retrouvèrent refuge sur le haut de son crâne. Il continua de la bercer lentement, et ferma les yeux un instant.

« Ma mère m'a toujours dit qu'il ne faut jamais rien retenir, et pleurer quand on en a envie », se mit-il à dire en gardant les yeux clos, Asae toujours contre lui, « Elle me disait aussi que c'était toujours plus rassurant et plus guérisseur, en quelque sorte, de pleurer dans les bras de quelqu'un. Et je dois que c'est vrai. Aujourd'hui encore, je préférerais pleurer dans ses bras que seul dans ma chambre. Même si parfois, c'est mieux d'être seul, j'en conviens », sa voix se faisait de plus en plus basse, de plus en plus lente, et de plus en plus douce, « Enfin, tout ça pour dire que si tu veux pleurer, je suis là. Je serai là pour te serrer dans mes bras en te promettant que tout ira bien. Je serai là pour sécher tes larmes et t'aider à trouver une solution »

Sur ces mots, il se recula légèrement, et essuya d'un geste tendre les larmes qui avaient coulées sur les joues de son amie. Il lui offrit un petit sourire rassurant avant d'embrasser lentement son front.

« Je sais pas ce qu'il t'arrive, mais je suis là. Je serai toujours là », promit-il dans un chuchotement, ses doigts continuant de sécher ses joues, « Je serai là n'importe où, n'importe quand, n'importe comment. D'accord ? », il voulait qu'elle sache qu'elle n'était pas seule contre tout et tous. Il voulait qu'elle sache qu'il était là et qu'il le serait toujours, « Si tu veux, tu peux rester là ce soir ? Je peux te faire couler un bain, et on peut regarder un film en mangeant des gâteaux, ou de la glace. Ou les deux », finit-il dans un léger rire.

Resserrant à nouveau Asae dans ses bras, l'une de ses mains lui frotta lentement le dos alors que sa tête se posait sur la sienne.

« Tu sais quoi ? T'es juste à la bonne taille pour les câlins... », souffla-t-il dans un murmure avant de rire doucement.

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Asae & Ren

Penchant la tête sur le côté, Ren cligna plusieurs des yeux avant de froncer les sourcils d'un air suspicieux. Pourquoi Asae pensait-elle qu'il allait la détester ? Il avait dit quelque chose qui le laissait penser ? Mince, il aurait dû faire attention aux mots qu'il utilisait.
Parce qu'il ne pourrait pas la détester. Pas elle. Pas cet être adorablement mignon et plein de douceur qu'il avait devant lui. Il fallait être aveugle pour détester quelqu'un comme Asae. Elle était la gentillesse incarnée, et même plus encore.
Pour toute réponse, il se contenta de secouer négativement la tête de manière catégorique. A quoi pensait-elle pour dire cela ? A quoi faisait-elle face surtout pour croire que Ren allait la détester ?
Ca lui brisait le cœur. Parce que Asae faisait face à quelque chose de tellement puissant, qu'elle pensait que Ren pourrait la détester. Ca lui brisait le cœur. Parce qu'il ne pouvait rien faire pour l'aider.
Il connaissait ce sentiment. Il se sentait coupable, comme la fois-là avec Harumi. Heureusement pour elle, les choses s'étaient arrangées...
Du fond du cœur, il espérait que les choses s'arrangeront aussi pour Asae. Même s'il ne savait pas ce qu'il se passait, il était sûr d'une chose : Asae ne méritait pas ça.

« Tu m'embêtes pas », répondit-il directement après les mots de son amie.

Cette idée ne lui traversait même pas l'esprit. Comment Asae pouvait-elle l'embêter ? Elle pouvait venir chez lui, jour comme nuit, matin comme soir, jour férié comme jour normal, elle ne l'embêterait pas. Jamais.
Ses mains s’égarèrent à nouveau contre le dos de son amie, le frottant dans des gestes tendres et doux. Il faisait bien attention à ne faire aucun geste brusque, et veillait à toucher son dos dans des caresses presque aériennes. Elle était tellement douce, tellement légèrement, qu'il avait peur de la briser s'il appuyait trop fort.
Il était idiot de penser ça, cela dit.

Ses bras se fermèrent une nouvelle fois autour du corps de sa petite sœur de cœur, la serrant doucement contre lui, la gardant contre son torse, là où il pensait qu'elle était en sécurité.

« Me remercie pas, c'est normal », dit-il, les mots lents et doux, « Tu me remercieras le jour où tout ira mieux, d'accord ? Et même là, t'auras pas besoin de le faire en fait. Je suis là pour ça, tu n'as pas à me remercier »

Ses lèvres se posèrent avec tendresse sur le haut de son crâne, et y restèrent de longues secondes. Plus les minutes s'écoulaient, plus il ne savait plus quoi penser de tout ça. Il avait d'abord pensé à une peine de cœur, mais finalement, cela semblait encore plus douloureux. Asae ne travaillait plus à la boutique. Sa boutique. Sa précieuse boutique. Que pouvait-il donc se passer ?
Quelqu'un avait peut-être menacé son amie ? D'accord, mais dans quel but exactement ? Qu'est-ce que cette personne cherchait, au juste ? Ou même ces personnes. Il ne savait pas combien ils étaient, ni qui ils étaient. Une chose était sûre, il ne leur pardonnerait pas.

« Alors petite puce, tu veux que je te fasse couler un bain ? », demanda-t-il en s'écartant doucement pour plonger son regard dans celui de la jeune fille, « Ou tu veux manger un truc ? Un chocolat chaud ? Tu peux boire un chocolat chaud dans le bain même. Je l'ai déjà fait, c'est cool. Ca glisse un peu mais c'est cool »

Il allait éviter de parler de cette expérience-là. Ca avait été agréable de boire un bon chocolat chaud, dans un bain bien mousseux, mais ça avait été aussi un peu... casse-gueule. Ses mains avaient eu du mal à tenir le bol, il avait dû se dépêcher de boire le chocolat pour éviter d'en mettre partout dans son bain. Il avait pensé poser le bol, mais il avait déjà eu du mal à le tenir, alors encore à le soulever après l'avoir posé...

« Même que j'ai des billes pour mettre dans le bain. Ca s'appelle comment ces trucs ? C'est rond, ça sent bon et ça fond dans le bain. Bref, j'ai des trucs comme ça », dit-il en souriant fièrement, « Ma mère me les a ramené la dernière fois qu'elle est venue. Elle adore ce genre de trucs donc bon... elle en fait profiter tout le monde. J'ai du bain moussant chocolat aussi... J'te le donnerai si ça t'intéresse, parce que perso je m'en sers pas... »

Il pouvait aussi lui donner celui qui sentait la rose, il ne s'en servait pas non plus. Lui n'utilisait que le bain moussant basique, celui qui moussait plus qu'il ne sentait bon. Il aimait bien s'amuser avec la mousse, parfois.

« Alors, ça te dit ? Un bon bain, et un bon chocolat, tout ça préparé par le merveilleux Ren ? »

Ses chevilles allaient bien, merci.

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Asae & Ren

Pour seule réponse, il se contenta de sourire à son amie. Il était tout de même heureux qu'elle reste encore un peu. Même si elle était dans le bain, elle était là, avec lui. Il ne voulait pas la laisser seule, pas après avoir remarqué que quelque chose n'allait pas.
Il se leva donc, et partit directement dans la salle de bain, veillant bien à ce qu'Asae le suive. Et en la voyant derrière lui, il ne put s'empêcher de sourire discrètement ; elle ressemblait à un petit poussin qui suivait sa Maman... enfin son Papa en l’occurrence. Et c'était vraiment trop mignon.
De manière générale, Asae était trop mignonne.

Il fit couler l'eau, faisant particulièrement attention à ce que ce ne soit pas trop chaud. Il y ajouta du bain moussant : un peu, pas beaucoup. Il ne savait pas si Asae adorait quand ça moussait de partout, ou non. Il lui laissa le flacon près de la baignoire, au cas où elle voudrait en rajouter, et lui sortit deux serviettes. Il lui précisa bien de faire comme chez elle, et déposa un baiser sur son crâne avant de sortir et de fermer la porte derrière lui.
Un léger soupir vint s'écraser contre ses lèvres alors que ses yeux ne cessaient de fixer la porte qu'il venait tout juste de fermer. Que pouvait-il faire pour elle ? A part des câlins et des mots doux, il ne voyait pas. Et ça l'agaçait. Ca le frustrait. C'était exactement le même sentiment qu'il avait eu avec Harumi.
Il se sentait impuissant face à la situation. Il voulait agir, mais ne savait pas ce qu'il pouvait faire, dire... Il ne connaissait pas les détails de ce mal-être chez son amie. Il ne savait même pas s'il utilisait les bons mots...
Il passa rapidement sa main dans ses cheveux, soupirant une nouvelle fois et plus fortement, et se dirigea d'un pas lent vers sa cuisine.
Il pouvait bien lui souhaiter bon courage, lui dire de ne pas baisser les bras, lui dire que tout ira bien... Il ne savait pas à quoi elle faisait face, il ne savait pas si elle pouvait tenir longtemps face à cette situation.
En plus de ne rien pouvoir faire, il ne savait absolument rien.

Il sortit mécaniquement une tasse, qu'il déposa sur son plan de travail. Tasse qu'il observa de longues secondes, ou peut-être bien minutes, lui-même ne savait plus. Il leva le bras, pour finalement le reposer contre son corps. Comme une poupée mécanique mal réglée. Comme un robot usé par le temps.
Debout au beau milieu de sa cuisine, ses pensées commençaient à se noyer petit à petit par les images de son amie, en larmes. Il n'aimait pas la voir pleurer, cela lui donnait l'impression d'avoir échoué quelque part. Il n'aimait pas la savoir triste, cela lui donnait l'impression de ne pas faire assez. Mais que pouvait-il faire ? Demander de l'aide à quelqu'un ? Certes, mais qui ? Qui connaissait la situation dans laquelle Asae se trouvait ? Shouta peut-être ? Et là encore, il en doutait. Sa meilleure amie ? Non, Asae n'était pas le genre de personne à se plaindre à tout bout de champs.
Personne ne devait savoir ce qui se passait dans sa tête, personne ne se doutait des maux auxquels elle faisait face. Personne ne savait. Même pas lui.
Et il se voyait mal lui forcer la main. Il n'aimait pas qu'on le force à parler quand tout allait mal. De ce fait, il ne forçait pas non plus les autres à parler. Et puis, concrètement, cela ne servait à rien... Néanmoins, s'il en savait un tout petit peu plus, il pourrait éventuellement faire quelque chose. Tout dépendait du souci, en réalité. Mais dans son esprit, il se disait qu'en connaissait le problème, il pourrait tenter de trouver une solution.

Il voulait tellement l'aider. Il voulait tellement faire quelque chose pour elle. Pour qu'elle aille mieux, pour qu'elle ne pleure plus, pour qu'elle puisse sourire à nouveau. Il le voyait bien, ce poids qu'elle portait sur ses épaules, et il aimerait tellement l'aider à le porter...

Son regard se téléporta alors vers la porte de la cuisine, et un faible soupir lui échappa.
Bougeant enfin, il commença à faire chauffer le lait, le surveillant avec attention. Il sursauta à peine quand deux bras l'enlacèrent lentement ; il s'étonnait lui-même de pas avoir sauter au plafond sous la surprise.
Un fin sourire vint orner ses lèvres alors qu'il tournait la tête pour pouvoir voir Asae. Son sourire s'agrandit en entendant que son amie resterait chez lui ce soir.
Il était au moins soulagé, elle ne serait pas seule ce soir. Il serait là.

« Je te l'ai déjà dit, me remercie pas », dit-elle en se retournant complètement, « T'es chez toi ici tu sais, tu peux aller fouiller dans l'armoire, ça me dérange pas », continua-t-il en riant légèrement avant de poursuivre, « Enfin, te connaissant, tu voudras pas fouiller hein ? », il connaissait déjà la réponse, en fait.

Baissant le feu pour le lait, il fit signe à son amie de le suivre et se dirigea vers sa chambre. Là, il ouvrit les portes de son armoire, fredonnant doucement.

« Un t-shirt avec smiley dessus, ça te va ? », demanda-t-il en fouillant dans ses vêtements, il avait même oublié qu'il avait ce t-shirt là.

Il sortit l'habit et le déplia, le montrant ainsi à la jeune femme, avant de relever le regard vers elle et de lui sourire.

« Tu seras mignonne là-dedans », en conclut-il rapidement, « Et si jamais t'as peur d'avoir froid, j'ai des pulls », dit-il en désignant une rangée de son armoire, « Pas besoin de me demander si tu peux en prendre un, d'accord ? Si t'as froid, ou même si t'as pas froid et que tu veux juste un pull, hésite pas »

Il lui sourit une nouvelle fois avant de poser le t-shirt sur le lit. Il alla vers la porte, expliquant rapidement à Asae qu'elle pouvait prendre ce qu'elle voulait : un autre t-shirt, un pull, un pantalon, une veste..., ça ne le dérangeait absolument pas.
Et il retourna dans la cuisine sur ces mots

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Asae & Ren

Le coin de ses lèvres se haussa dans un sourire tendre et doux alors qu'il s'amusait gentiment de la réaction de son amie. Elle semblait vite embarrassée, et il la trouvait plus mignonne encore avec ce petit rouge aux joues. Il s'approcha lentement d'elle, murmurant un rapide « Me remercie pas, c'est normal » avant de lui embrasser le crâne et de lui pincer tout doucement la joue. Eh non, la rougeur n'était pas passée inaperçue !
Un léger rire lui échappa alors qu'il sortait de la chambre, indiquant rapidement à son amie qu'il l'attendait dans la cuisine.

Il prit son temps pour y aller, écoutant attentivement le moindre bruit. Peut-être qu'Asae aurait besoin de lui, il ne savait pas, il ne voulait pas être loin si jamais elle avait besoin de son aide.
Arrivé dans la cuisine, il soupira rapidement avant de se remettre à la tâche. Il en était où, déjà ? Ah oui, le lait. Il se remit donc en face de sa casserole pleine de lait, et la regarda, murmurant rapidement qu'elle au moins, elle n'avait pas de soucis dans la vie. En même temps c'était une casserole, que pouvait-il bien lui arriver à la pauvre ?
Un énième soupir passa la barrière de ses lèvres alors que l'une de ses mains se perdait dans ses cheveux. Il devait faire de son mieux pour ne pas montrer à Asae qu'il s'inquiétait ; même s'il savait qu'elle savait. Il ne voulait pas qu'elle se fasse du souci en plus, elle avait l'air d'en avoir déjà assez sur le dos... Il n'avait donc pas besoin d'y mettre son grain de sel.

Asae retourna dans la cuisine et alla s'asseoir sur l'une des chaises. Il la regarda quelques secondes, avant qu'un sourire amusé ne vienne étirer ses lèvres. Le t-shirt était trop grand pour elle, ça lui faisait presque une chemise de nuit, et Ren trouvait cela tout aussi drôle qu'adorable. Un léger rire vibra au fond de sa gorge alors qu'il se concentra à nouveau sur le lait.
Il sortit une autre tasse, pour lui, et se mit à les remplir doucement. Il touilla rapidement les cuillères tout en humant faiblement sous la douce odeur qui s'y dégageait. Il déposa les tasses sur la table, et s'assit à son tour avant de s'étirer.

Pour seule réponse, il sourit à Asae et prit sa tasse en mains, soufflant lentement sur le lait chaud. Et alors qu'il allait boire la première gorgée, ses yeux tombèrent sur le visage de son amie. Un fou rire le fit trembler alors qu'il rejetait légèrement la tête en arrière. Il prit soin de poser la tasse sur la table, ne voulant se brûler, alors qu'il continuait de rire doucement.
L'une de ses mains vint alors mimer une moustache dans des gestes imprécis. Semblant remarquer qu'il n'était pas doué et qu'Asae ne devait pas comprendre ce qu'il était en train de dire, ou plutôt ce qu'il voulait dire, il dit :

« Tu as une moustache ~ », et il se mit à rire légèrement à nouveau, « T'es trop mignonne »

Un large sourire étira ses lèvres avant qu'il ne commence à boire son chocolat chaud. Il savoura l'instant ; tout était calme dans l'appartement. On entendait à peine leurs respirations... à croire que le temps s'était arrêté quelques minutes.

Une fois sa tasse finie, il se leva et alla la mettre dans l'évier.

« Je vais aller préparer la chambre d'ami. Fais comme chez toi en attendant. Si tu veux regarder la télé, hésite pas. Si tu veux lire, hésite pas non plus. Si tu veux danser... je t'en prie, fais-toi plaisir », dit-il en riant, « Je te mettrai une couverture en plus, au cas où tu as froid cette nuit »

Et il espérait qu'elle allait au moins bien dormir.
Il lui sourit affectueusement et quitta la pièce pour se rendre dans la deuxième chambre.
A bien y réfléchir, lui aussi espérait bien dormir cette nuit. Mais il le savait, il allait passer son temps à cogiter, à tenter de chercher une solution pour un problème qu'il ne connaissait même pas. Il soupira bruyamment tout en sortant la couverture de l'armoire. Le seul point positif était toujours le même : Asae n'était pas seule ce soir.

I need your presence

Asae & Ren

Ils préparèrent la chambre en silence. Ren restait enfermé dans ses pensées, tentant en vain de trouver un moyen pour aider Asae. Il ne voyait pas ce qui avait pu lui arriver. Un souci avec la boutique, ça, il l'avait bien compris. Mais quoi de plus ? Ca avait l'air de toucher Asae plus que de raison, ce n'était donc pas un problème commun, un petit tracas du quotidien qui se réglait en quelques jours. Non, cela semblait être tout autre chose, quelque chose d'encore plus lourd à porter...
Et il avait tout bonnement l'impression qu'il n'y avait pas de solutions, que son amie n'avait pas le choix et qu'elle devait subir contre sa volonté.

La chambre enfin prête, il glissa un petit « Bonne nuit » vers son amie, un fin sourire aux lèvres quand ses lèvres se posèrent sur sa joue. Il répondit à cela en lui déposant un doux baiser sur le front et partit vers sa chambre. Il se retourna plusieurs fois sur le chemin pas très long, voulant être sûr que tout allait bien.

Une fois dans la chambre pièce désirée, il se changea rapidement, enfilant son débardeur et son bas de pyjama pour la nuit. Il bailla bruyamment tout en s'étirant et se laissa lentement tomber sur le lit. Il s'emmitoufla dans les couettes, un léger soupir de bien-être quittant ses lèvres. Il resta allongé ainsi de longues minutes, sans bouger, les yeux ouverts. Il faisait de son mieux pour profiter de la chaleur que lui offrait les couvertures, et de l'apaisement que lui procurer le confort de son matelas. Mais rien à faire, toutes ces pensées étaient tournées vers Asae.
Il ne savait pas ce qu'il se passait. Il ne comprenait pas, non plus. En quelles circonstances Asae avait-elle dû quitter sa boutique ? Pourquoi la faire quitter sa boutique ? Elle n'y vendait pas de drogues mais des fleurs... ce n'était pas un crime, pas même à Nishinaka. Alors quoi ? Elle avait oublié de payer quelque chose ? Non, ce n'était pas son genre. Et puis, le remboursement, ça existait... même à Nishinaka. On ne la mettrait pas dehors du jour au lendemain pour un petit impayé dans sa propre boutique.

Un soupir lui arracha l'air des poumons alors qu'il passait ses mains sur son visage. L'une d'elle glissa dans ses cheveux, frottant sa tête au passage. L'autre resta posé sur son front, avant qu'elle ne vienne masser ses tempes. Il devrait arrêter de cogiter, il n'arriverait à rien en plus... ou alors à des conclusions louches.
Il se tourna, donnant son dos à la porte, et posa son regard sur le mur en face de lui. Il faisait noir, il ne voyait rien, mais il le fixait comme s'il avait la réponse à toutes ses questions.
Un autre soupir lui échappa alors qu'il ferma les yeux, se disant qu'il devrait essayer de dormir, au moins un peu ; s'il pouvait éviter de ressembler à un zombie et effrayer Asae le matin suivant, ce serait pas mal.

La voix de son amie résonna lentement à ses oreilles. Il ouvrit doucement les yeux, retombant à nouveau face à l'obscurité de la pièce. Il bougea faiblement dans son lit. Il avait dû mal entendre, Asae n'était pas là. Il se frotta maladroitement les yeux et se rallongea, avant de sortir le lit s'affaisser derrière lui. Le monstre sous son lit venait-il lui chanter des berceuses !?

Un fin sourire étira ses lèvres, se doutant que ça ne pouvait être qu'Asae. Il trouvait ça adorable la manière avec laquelle elle s'était discrètement faufilé dans son lit. Il ouvrit la bouche, voulant lâcher un petit « Bouh » mais fut coupé. A nouveau, la voix de la jeune femme s'éleva dans la pièce. Et il fronça les sourcils. Comment ça, ce qu'elle était ? Elle était devenue dealeuse ? Elle tuait des gens dans son arrière-boutique ? Il savait qu'il fallait se méfier des personnes à qui l'on demanderait le Bon Dieu sans confessions, mais tout de même... !

Lentement, il se tourna dans le lit, faisant face à Asae. Il ne dit rien pendant plusieurs secondes, écoutant attentivement le moindre bruit.
Ce fut à son tour de briser le silence et de remplir le noir de la pièce avec sa voix :

« Je ne t'en veux pas », dit-il tellement doucement qu'on avait l'impression qu'il avait peur de parler trop fort, « Je peux pas t'en vouloir, Asae. Tu as tes raisons pour ne rien me dire, mais c'est pas pour autant que je t'en veux. Je sais pas de quoi tu parles, mais rien ne change pour moi », continua-t-il sur le même ton, « Tu restes Asae. Je serai là pour t'aider, pour te préparer des bains, du chocolat chaud. Je serai là, d'accord ? Je te laisserai pas tomber »

L'une de ses mains s’aplatit lentement sur le crâne de son amie, le caressant avec douceur dans une promesse silencieuse. Oui, il serait toujours là. Oui, elle pouvait compter sur lui. Qu'importait l'endroit, l'heure, le moment. Il serait là. Même si c'était juste pour l'écouter, même si c'était juste pour passer un peu de temps ensemble et lui changer les idées, il serait là.

« Allez p'tite puce, essaie de dormir un peu », déclara-t-il en continuant de lui caresser les cheveux, « Tu veux que je te chante une chanson ? Je sais pas si je suis un très bon chanteur mais... je peux essayer », finit-il en riant doucement.

Ses doigts s'égarèrent dans les cheveux de son amie, jouant lentement avec, les enroulant autour de ses doigts pour les relâcher. Il exécuta ce geste plusieurs fois avant de retirer sa main et de la poser devant lui. Il patienta un instant, avant de se mettre sur le dos et de rabattre les couvertures sur eux du mieux qu'il le pouvait.

Il se racla faiblement la gorge, avant de se mettre à chanter, doucement. Sa voix résonna à peine dans la pièce, mais il savait qu'Asae pouvait l'entendre.

I need your presence

Asae & Ren

Un fin sourire aux lèvres, il répond avec tendresse « Toi aussi tu comptes beaucoup pour moi » ; même si aucun des deux n'avait réellement besoin de le dire pour qu'on s'en rende compte.
La tête d'Asae contre son torse, il patienta quelques secondes, attendant que la jeune femme soit bien installée avant de commencer à chanter.

Il pensait qu'en chantant, il permettrait à Asae de se calmer un peu, de penser à autre chose, et peut-être même de s'endormir. Il pensait qu'il arriverait à lui faire oublier ses tracas. Même un petit peu. Il avait même cru qu'elle s'endormirait. Il n'avait pas les talents d'un grand chanteur mais il aurait pensé que cela soit suffisant pour permettre à son amie de s'endormir.
A quelques mots de la fin de sa chanson, il avait fermé les yeux, croyant que son amie s'était endormie. Et il pensait très sérieusement à faire de même. Il commençait à avoir des nœuds dans ses pensées et ses yeux le brûlaient tout doucement ; le pire était que ce n'était pas lui qui avait pleuré plus tôt.
Il murmura les dernières paroles dans un murmure à peine audible, laissant déjà son esprit s'évaporer vers un autre monde. Mais la voix d'Asae le ramena sur Terre. Un « Mmh » rapide vibra dans sa gorge alors qu'il promettait, silencieuse, qu'il ne dirait rien.

Ses yeux s'ouvrirent soudainement. Quoi ? Il avait bien entendu, là ?
Sa respiration fut comme coupée quelques brèves secondes. Asae était une NSA, elle aussi ? Tous ses amis avaient pris un abonnement ou quoi ? D'abord Harumi, puis Kyohei, et maintenant Asae. Ca se répandait encore plus vite qu'une épidémie ce truc-là.
Il allait vraiment finir par croire qu'en réalité, c'était lui qui portait malchance à tout le monde. C'était ça, et il ne le savait même pas.
Il déglutit lentement, laissant sa respiration faiblement bruyante remplir l'air autour de lui. C'était à en devenir dingue tout ça. Et même plus encore.
Et quoi, demain il allait apprendre que ses parents étaient des NSA aussi ? Le monde ne tournait plus rond. Plus rien n'allait. Plus rien du tout.

Remarquant qu'il était resté silencieux jusque là, ses lèvres bougèrent mais aucun son n'en sortit. Il voulait dire quoi là, juste à l'instant ? Qu'il ne pouvait pas lui en vouloir parce qu'il connaissait déjà des NSA ? Oui, bien sûr, Ren, bien sûr. Il s'humecta les lèvres, avant de se racler la gorge et de souffler lentement.

« NSA ou pas, tu restes mon amie. Je vais pas te rejeter pour ça, ce serait mal me connaître », avoua-t-il calmement, « Juste que... je m'y attendais pas à celle-là », si on le lui avait dit, il l'aurait pas cru, « Depuis quand ? Pourquoi ? »

Oh, il s'en doutait, elle n'avait certainement pas eu le choix. Si elle l'avait choisi, elle ne réagirait pas ainsi. Malgé tout, il se posait la question. Pourquoi. Pourquoi Asae. Pourquoi maintenant. Pourquoi... Il secoua légèrement la tête, passant l'une de ses mains sur son visage. Il ne comprenait plus rien en fonctionnement de cette ville. Il ne comprenait pas en quoi la ville pouvait devenir parfaite si l'on forçait des gens à faire quelque chose qu'ils n'aimaient pas. Bon sang.. Asae avait dû quitter sa boutique à cause de ça !

« On trouvera une solution, d'accord ? Je te promets qu'on trouvera. Je te laisserai pas comme ça. Tu resteras pas là-bas », Dieu seul savait à quel point il avait du mal à imaginer Asae être l'un d'eux, « Je suis là, hm ? Je serai toujours là »

Une manière à lui de dire qu'ils trouveraient une solution, un jour. Et ils allaient trouver. Ils allaient finir par trouver.
Une manière aussi à lui de dire que maintenant, ils partageaient ce poids à deux, et qu'il était donc là pour l'aider à le porter.
Caressant à nouveau le crâne de son amie, il lui intima gentiment de dormir, parce qu'elle avait besoin de repos maintenant. Il lui expliqua rapidement qu'elle pouvait dormir tranquillement, qu'il était là et qu'il serait encore là le matin suivant, et les jours d'après encore.
De toute manière, ce n'était pas parce qu'elle était NSA qu'il allait la laisser de côté ; on ne se débarrassait pas d'un Ren aussi facilement !
Il se mit à fredonner quelques paroles d'une chanson quelconque, les mélangeant avec celles d'un autre, changeant de mélodie à tout bout de champs mais restant dans quelque chose de calme et reposant.


Et puis il s'était arrêté. Petit à petit, jusqu'à se taire totalement. Plus aucun son ne sortit de sa bouche ensuite. Plus rien. Seule sa respiration régulière et posée se faisait entendre. Asae semblait s'être endormie à côté de lui.
Lui ne dormait pas. Ses yeux étaient encore grands ouverts alors qu'il essayait de démêler toutes ces pensées qui lui traversaient l'esprit.
Mais il sentit son corps se faire de plus en plus lourd, ses yeux ne voulaient plus rester ouverts et se fermaient dès presque aussitôt qu'il les ouvrait. Tout semblait tournait au ralenti autour de lui, il n'avait plus aucune notion du temps. Il était quelle heure, au juste ? Il voulut vérifier, mais il abandonna par manque de volonté. Il devait être tard. Tant pis.
Et il s'endormit.