I don't want to spend a night in a supermarket !

I don't want to spend a night in a supermarket !
FT. Takagi Kazuma

Il y a des jours comme ça où ma haine pour les denshou ne pouvait pas être plus grande…

Que je m’explique, avant de rentrer, j’étais passé à la superette en bas de la rue pour faire quelques courses et réapprovisionner le stock de glace rhum-raisin. De ce fait, j’étais pressé, terriblement pressé et, malheureusement pour moi, il n’y avait qu’une seule caisse automatique en service… Bon, ça n’aurait pas posé de problème si le jeune homme devant moi n’était pas un de ces fichus denshou incapables d’utiliser une machine.

Un nouveau soupir quitta mes lèvres alors que j’essayais de me calmer en me concentrant sur la musique que j’avais dans les oreilles. Par contre, je ne pouvais m’empêcher d’être inquiet pour la glace qui risquait de fondre, malgré le sac légèrement réfrigéré.

Dix minutes plus tard, commençant par perdre patience, je balayais le magasin du regard pour voir s’il n’y avait pas un employé, qui pourrait venir en aide au denshou, mais non, à part nous, il n’y avait pas un chat.

« Excusez-moi, je finis par dire en retirant un des écouteurs que j’avais. Vous pourriez vous dépêcher s’il vous plait, je suis pressé et, normalement, ça doit prendre à peine deux minutes pour scanner tous vos articles et payer. »

J’essayais de rester un minimu poli mais si le jeune homme ne se dépêchait pas, ça risquait de ne pas durer. Ce n’était quand même pas compliqué de scanner deux articles, si ? Enfin deux, parce que je n’avais vu que ça depuis tout à l’heure et il y avait surement d’autres articles dans son panier… On aurait dit une poule qui avait trouvé une fourchette ?

« On n’est pas sorti, je murmure dans un soupir. »

Je ne savais pas s’il m’avait entendu ou non et, à vrai dire, je m’en fichais un peu car j’avais juste envie de rentrer pour me reposer. C’était fatigant de jongler entre le journalisme et la NSA surtout quand on avait un peu de retard… Et, au rythme que ce denshou adoptait pour scanner ses articles, j’allais finir par m’endormir sur place ce qui, bien évidemment, était hors de question.

« Vous pensez avoir bientôt fini ou je dois m’attendre à avoir de la glace fondue pour le dessert ? »

Si je dinais bien entendu... Je commençais à avoir un sérieux doute sur le fait que j'allais pouvoir manger ou non ce soir.

Code by Joy

S'il y avait bien une chose qui m'exaspérait plus que les dérives de la technologie, c'était l'empressement grandissant qu'il créait chez ceux qui l'utilisaient. De mon côté, j'avais toujours été une personne calme, relativement posée, en particulier lorsqu'il s'agissait de faire mon travail ou de faire mes courses. Malheureusement, lorsqu'un problème se posait et que j'étais incapable d'en venir à bout, ces derniers temps, c'était en grande partie à cause de cette technologie qui, doucement, empiétait sur les habitudes qui avaient toujours été observées depuis le début. Pourquoi devais-je scanner mes articles sur la seule caisse automatique en marche ? Pourquoi n'y avait-il pas un employé à la caisse, comme d'habitude ? Et pourquoi l'homme qui était derrière moi cherchait-il absolument à me faire comprendre qu'il était pressé ?

Cela devait faire quatre fois que je m'excusais à lui en lui répétant que je n'avais pas l'habitude de ce genre d'objets. Ce n'était tout de même pas difficile à comprendre, tout de même, si ? Je contins, au prix de lourds efforts, un soupir d'exaspération, puis je tentai une nouvelle fois de scanner mon article. Cet appareil était-il allergique à ceux qui ne supportaient pas les excès technologiques ? Je ne comprenais pas. Pourtant, j'effectuais à la lettre ce qu'indiquait l'écran. Écran beaucoup trop lumineux, d'ailleurs. Cela m'arracha un profond soupir et, quand j'entendis une nouvelle fois l'homme impatient s'exprimer, je me retournai vers lui et m'adressai à lui d'un ton relativement froid.

« Vous pensez que ça m'amuse d'être coincé là ? Aidez-moi, si ça vous énerve à ce point. »

Voilà une autre des choses qui m'exaspérait encore plus que le reste : l'égocentrisme grandissant de la population. Monsieur voulait rentrer rapidement chez lui alors monsieur faisait une crise existentielle. Malheureusement pour lui, moi aussi je voulais rentrer, et s'il avait été à ma place, je suis certain qu'il aurait préféré qu'on lui propose de l'aide plutôt que subir les foudres d'un parfait inconnu. Je pris une nouvelle fois mon produit et tentai de le scanner, mais une fois encore, ce fut l'échec. Qu'est-ce qu'il se passait au juste ? Il y avait une contre-indication quelque part, indiquant qu'il ne fallait en aucun cas fonctionner avec Tagaki Kazuma ? Pourtant calme d'habitude, je commençais à m'énerver sérieusement sur cette machine stupide ; une chance que je n'aie jamais été d'une nature violente, les choses auraient clairement pu mal tourner.

En plus de tout cela, il n'y avait plus grand monde dans ce magasin et l'heure de fermeture approchait... C'était vraiment mauvais signe.

I don't want to spend a night in a supermarket !
FT. Takagi Kazuma

Je me retins de faire critique à propos de sa remarque et, à la place, je finis par lui prendre l’article qu’il avait dans les mains avant de sortir tous les articles du panier, les scanner et les reposer en face des articles à scanner… Franchement ce n’était pas compliqué et j’avais presque envie de dire à ce denshou que la technologie était là pour nous facilité la vie pas pour nous la compliqué. J’avais, même, failli lui demander s’il se rendait compte que grâce à cette machine, les employés avaient plus de temps pour leur famille. Mais je ne dis rien car je n’avais pas envie de parler avec ce genre de personne et c’est pour cela que je gardais mes écouteurs sur les oreilles.

« Maintenant c’est très très simple, je dis après avoir, de nouveau, retiré un écouteur. Vous appuyez ici pour payer en liquide ou là pour la carte, je continue en pointant chaque moyen de paiement du doigt. »

Je repris ma place derrière lui pour le laisser finir et j’espérais qu’il n’annule pas tout ce que je venais de faire. J’avais envie de rentrer.

Alors que je pensais pouvoir, enfin, passer à la caisse, car le jeune homme semblait avoir fini, un bruit étrange et continue envahit le magasin. J’enlevais mes écouteurs pour essayer de deviner d’où il pouvait venir quand mes yeux s’ouvrirent d’effroi.
En effet, le bruit était dû au volet roulant qui se fermait et qui faisait que la superette était fermée… Fermée ? Oh non !

« Eeeeeeeeeh ? Je m’exclame en me dirigeant vers l’entrée du magasin et en abandonnant mes courses en route. C’est… »

Je m’arrêtais avant d’essayer de voir si on ne pouvait pas ouvrir de l’intérieur mais non. Mon pire cauchemar venait de se réaliser… J’étais enfermé avec un denshou contre mon gré !

« C’est malin, à cause de vous on est enfermé ici, je dis avant de revenir près de mes courses que je remis dans le bac réfrigéré. C’était pourtant pas si compliqué de scanner moins de la moitié d’un panier quand même, si ? »

Je m’assis ensuite par terre avant de m’appuyer contre le bac car je sentais qu’on avait le temps d’attendre avant qu’un employé vienne fermer les lumières.

« J’espère au moins que vous avez réussi à payer sinon vous avez tout votre temps maintenant. Vous pouvez même essayer de tout scanner une seconde fois. »

Autant dire ce qu’il en était, sans moi, il aurait été enfermé tout seul dans cette superette et ça aurait été bien mieux pour moi.

Code by Joy

Évidemment que c'était très très simple, pour quelqu'un qui avait l'habitude de ce genre de choses stupides ! Ce comportement m'exaspérait vraiment, mais j'avais toujours été incroyablement calme lorsqu'il s'agissait de ce genre de conflits, alors je ne m'en faisais pas vraiment. Si seulement cet imbécile avait accepté de m'aider directement et avec politesse, pas en gardant ses écouteurs dans les oreilles comme un idiot. J'allais sérieusement commencer à me demander si l'humanité courrait à sa perte, mais j'étais trop occupé à écouter ses « explications » - car je doutais vraiment que c'en soit, pour être honnête. Je l'écoutai néanmoins, avec une certaine attention, et je m'apprêtai à sélectionner mon moyen de paiement quand, malheur, le bruit de la fermeture retentit autour de nous.

Non. Non, tout mais pas ça ! Un soupir traversa mes lèvres lorsque j'entendis ce son et, pire encore, quand je vis que le volet roulant venait de se fermer. Satanée technologie ! Si l'on m'avait demandé de dresser une liste des pire situations que j'avais eu à vivre au cours de mon existence, celle-ci aurait certainement fait partie des premières de cette liste et, si j'avais eu la chance de passer au dessus de tout cela, j'aurais certainement utilisé cette occasion sans attendre.

« À cause de moi ? » M'offusquai-je quand il m'accabla de responsabilité. « C'est de la faute de cette stupide machine que nous sommes encore là ! Un homme aurait fait son travail plus rapidement. »

J'ignorais quand quelqu'un allait venir, mais la situation ne me semblait en rien rassurante, en ajoutant à cela que l'idée de rester enfermé dans cette supérette toute la nuit durant n'était pas dans mon programme de la soirée, puisque j'avais pas mal de corrigés à faire, ainsi que des vérifications à apporter à la leçon que j'aurais du donner le lendemain. Pourquoi fallait-il toujours que les choses tournent au vinaigre au plus mauvais moment ? Je pousse un petit soupir, agacé par les manières de mon interlocuteur.

« J'ai réussi. » Dis-je calmement avant de reprendre la parole. « Et ne prenez pas cet air de fin du monde, quelque passera certainement par là. »

Oui, enfin, je l'espérais sincèrement, parce que l'idée de rester enfermer avec ce type n'était pas forcément plaisante à mes yeux. Je poussai un petit soupir avant de m'asseoir à un endroit que je jugeais convenable, reprenant la parole à l'adresse de mon interlocuteur qui semblait tellement attaché à ses écouteurs.

« Vous devriez écouter votre musique moins fort, vous savez. C'est mauvais pour la santé ces choses-là. »

I don't want to spend a night in a supermarket !
FT. Takagi Kazuma

J’écoutais mon interlocuteur parler sans vraiment l’écouter car il tenait le même discours que tous les autres denshou. C’était inintéressant. Mais je devais avouer que, par rapport à ses compères il avait réussi à utiliser une machine… J’avais presque envie de le féliciter pour ça.

Un soupir agacé failli passer mes lèvres en entendant sa remarque… Non mais il se prenait pour qui à me dire ce que je devais faire ? Son attitude était assez désagréable ! Comment il pouvait savoir si j’écouter toujours de la musique assez fort ou non ? D’ailleurs ça me donnait presque envie de rire parce que ce n’est pas seulement à Nishinaka que des personnes écoutent de la musique plus ou moins forte… Franchement les denshou perdent facilement de vue que tout ce qui est à Nishinaka peut, parfois, se retrouver dans des villes moins avancées technologiquement.

Cependant je ne dis rien, j’attendais simplement qu’un employé décide de venir à notre secours. Mais, au bout de cinq minutes, je perdis, déjà, patience et j’enlevais mes écouteurs avant de les ranger.

« Satisfait ? Je demande en sortant mon portable. »

Je devais au moins prévenir Sora que je ne savais pas quand j’allais pouvoir rentrer. Je rangeais ensuite mon portable avant de me lever et de m’approcher du denshou.

« Je pense qu’on est coincé ici pour encore un petit moment alors autant faire les présentations, non ? Je dis en sortant une carte de visite de mon portefeuille pour la lui tendre. Je suis Kanzaki Naoya. »

Après lui avoir laissé le temps de prendre connaissance de l’objet que je venais de lui donner, je repris la parole.

« Le journal où je travaille édite des journaux papiers. Donc, si vous voyez un article sur deux personnes enfermées dans une superette, c’est normal. »

Je préférais le prévenir au cas où mon rédacteur en chef ait envie que cet événement soit publié… Ce qui ne m’étonnerait pas.

« Bien entendu, si l’article est publié, votre nom sera tu ou non. Tout dépend de vous. »

Quand même impatient, j’attendais de connaître son identité. La NSA sera bien intéressée de savoir certaines choses sur cet individu qui risquait bien de faire un petit tour dans la prison Nishinaka.

Code by Joy

Je haussai un sourcil quand je vis mon interlocuteur ranger ses écouteurs et me demander si j'étais « satisfait ». Je retins de justesse un profond soupir avant de reprendre la parole d'un ton légèrement las.

« Oh, ce n'était pas pour moi que je disais cela. »

Qu'il écoute sa musique fort ne regardait que lui; pour moi, c'était à peu près aussi dérangeant que la musique que l'on pouvait entendre dans un ascenseur, mais j'avais toujours préféré donner des conseils aux gens lorsque j'avais la furieuse impression qu'ils allaient se détruire la santé ou se faire du mal. Oui, c'était vraiment stupide, mais je préférais lui dire au lieu de le garder pour moi.

« Takagi Kazuma. » Répondis-je poliment lorsqu'il me tendit une carte de visite en m'annonçant son prénom.

Qu'est-ce qu'avoir mon nom dans un journal aurait pu me faire? J'aimais bien le fait qu'il précise "journaux papiers", car c'était une chose légèrement étonnante de la part d'un garçon comme lui. Quelque part, j'avais des préjugés sur les personnes que je pouvais rencontrer depuis quelques temps, en particulier quand celles-ci se comportaient comme de parfaits Shinki. Je n'étais clairement pas comme eux et, après les problèmes qu'avait pu rencontre Miaki, je n'avais pas envie de courir le même risque. D'un autre côté, je n'étais pas de ceux qui abdiquaient facilement et abandonnaient leurs principes au profit du prêt-à-penser.

« Allez, ce n'est pas comme si rester enfermer ici allait nous tuer. On est dans un magasin. »

Je n'avais vraiment aucune crainte à ce niveau et je n'allais pas commencer à m'inquiéter inutilement. Après tout, ce n'était pas comme si j'avais une femme, des enfants et un chien à aller retrouver. J'étais simplement un professeur de mathématiques qui allait prendre un peu de retard sur la correction de quelques copies. Ah, tristesse. J'avais toujours détesté être en retard pour ce genre de choses, mais j'imaginais que les élèves n'allaient pas m'en vouloir.

I don't want to spend a night in a supermarket !
FT. Takagi Kazuma

En entendant le nom de l’homme en face de moi, je me retins d’arquer un sourcil car ce nom ne me disait rien. Je me demandais presque si c’était un faux nom avant de ne plus y penser car, au final, je ne connaissais pas tous ceux qui étaient à la NSA et, donc, les dossiers qu’ils avaient en charge.

Pour le moment j’avais juste envie de sortir pour ne plus me trouver dans le même endroit que ce denshou une minute de plus. Je n’aimais du tout l’idée de passer la nuit ici avec Kazuma car beaucoup de denshou s’en prenait à des shinki et… Et si notre enfermement avait été volontaire ? Si pendant ce temps ses camarades mettaient un plan en marche pour me faire du mal ? Raaah, je haïssais les denshou, non seulement ils ne suivent pas les règles de la ville mais, en plus, ils se permettent ce genre de liberté. Ceux-ci ne pouvaient pas laisser tranquilles les citoyens dans les rangs ?
De plus, bien que j’aie certaines compétences en sport d’auto-défense je ne pouvais pas vaincre seul une armée de denshou…

Préférant ne pas me faire du mauvais sang pour rien, je m’étirais, grimaçant légèrement en entendant mes eaux craquer.

« Vous croyez que si on se sert dans les rayons pour manger ou autre, on va nous prendre pour des voleurs ? »

Je savais très bien que, étant membre de la NSA, je ne risquai rien mais vu que Kazuma ne connaissait pas mon activité principale, je posais la question que tout le monde se serait posée.

« Dites, pourquoi penser que… »

Je fus couper en plein milieu de ma phrase car la lumière s’était éteinte. Génial ! Heureusement les bacs de surgelé n’étaient pas éteints et illuminaient légèrement le lieu où nous étions.
Sortant mon téléphone, je mis en marche l’application lampe torche, réglant la luminosité pour ne pas trop décharger l’appareil.

« Comme quoi la technologie peut être utile, je me demande vraiment pourquoi on ne voit pas que ça peut nous faciliter la vie. »

La question que j’allais poser ultérieurement était, au final, devenue une affirmation. Me levant, j’eus, soudain, une idée.

« Il y a surement un rayon où il y a des lampes ! »

Sans attendre de réponses, je partis à la recherche du fameux rayon. Une fois trouvé, je pris deux lampes pour dire de ne pas laissé mon compagnon de mésaventure dans le noir si jamais on venait à se séparer dans le magasin… Quoique…

« Ça commence toujours comme ça dans les films d’horreurs, deux personnes enfermées se séparent et là, c’est le drame… »

Code by Joy

La technologie n'avait jamais été et n'allait certainement jamais devenir une chose que j'appréciais. Trop de modes d'emplois, trop de choses préconçues et trop accessibles aux personnes même les moins capables. Ce n'était pas que je tienne les personnes moins habiles en basse estime, mais il fallait avouer que voir certains individus favoriser la recherche rapide d'un navigateur à quelques minutes passées à feuilleter un livre m'horripilait tout simplement. Pourtant, les choses étaient faites de sorte que tout un chacun pouvait facilement s'y retrouver, d'après ce qu'ils disaient, afin que personne n'ait à "perdre trop de temps", mais prenaient-ils véritablement le temps de vivre, de profiter de toutes ces choses qui formaient, mises ensemble, la vie? La perte de ces minutes, de ces moments, de ces contacts particuliers avec les "technologies désuetes" était vraiment déplorable, et jamais je n'aurais pu me faire à une telle situation, pas même avec toute la volonté du monde.

« Aucune idée. Sans doute que non? Enfin, au pire, vous pouvez toujours payer par la suite, non? »

Je n'avais pas la moindre idée de la manière dont se déroulaient les choses une fois enfermé dans un magasin, mais il devait bien y avoir un moyen d'éviter tous les ennuis, avec toute cette technologie qui nous entourait. D'ailleurs, un léger rire m'échappa quand cette pensée me traversa l'esprit; tant de choses prévues pour vous simplifier la vie, et vous vous retrouviez quand même enfermés dans une supérette. Les automatismes n'étaient pas forcément idéaux dans toutes les situations, pas vrai? Je réprimai cette envie de me moquer, estimant que cela aurait pu offusquer mon interlocuteur, et je levai les yeux en voyant les lumières s'éteindre. Ce n'était définitivement pas une bonne soirée pour moi... Ou pour nous? Au moins, cet inconnu semblait posséder un moyen de nous éclairer, à défaut de pouvoir nous sortir de là en un claquement de doigts.

« Faciliter, compliquer, tout dépend du point de vue. C'est quand même à cause d'une fermeture automatique que nous nous trouvons là, hm? » Commentai-je, un peu amusé.

Sans cela, sans doute ne serait-on pas là, effectivement. Si les choses avaient été plus traditionnelles, sans doute une personne aurait-elle fermé le magasin manuellement et peut-être aurait-elle vu que des clients se trouvaient encore à l'intérieur! Mais bon, je devrais me retenir de faire ce genre de leçon à une personne qui n'a rien demander, pas vrai?

Un moment plus tard, je vis mon compagnon d'infortune revenir avec des lampes et, à son commentaire, je ris un peu.

« Vous avez peur des fantômes? » Demandai-je en riant un peu. « Il n'y a pas de quoi être paranoïaque dans un magasin. »

Sauf s'il regardait trop la télévision? Pauvre de lui, si c'était le cas, d'être rendu paranoïaque par un petit écran.

I don't want to spend a night in a supermarket !
FT. Takagi Kazuma

Les denshou m’exaspéraient parfois à un point inimaginable. Je me demandais souvent comment était le lieu où ils habitaient et je ne voyais qu’une grotte tout ce qu’il y a de plus simple. Il y avait des limites quand même ! Comment pouvait-il vivre autant à l’écart de l’évolution ? Inimaginable. D’ailleurs, je ne manquerai pas de faire part de cette expérience à mes collègues NSA, des éléments pourraient vraiment les intéresser pour leur dossier.

« C’est une expression comme une autre, certes peu utilisée mais des personnes, hors de Nishinaka, l’emploient. »

J’avais envie de dire à Kazuma qu’il devait sortir de sa grotte mais je voulais éviter de le vexer. Je tenais à ma vie.
Un silence finit par s’installer avant qu’une lumière s’allume au fond du magasin, à la fin de l’allée au nous nous trouvions. Nous n'avions donc pas besoin de bouger.
C’est alors qu’une musique débuta, un style hawaïen propice aux danses de ce pays et aux tenues composées de noix de coco et feuilles de palmiers… Comme on le voyait dans les stéréotypes… Ou actuellement dans ce magasin.

« C’est le pire film d’horreur qui puisse exister je pense, je dis sur le ton de la plaisanterie et assez fort pour que Kazuma m’entende mais pas l’employé qui passait le balai en dansant. »

Le spectacle n’était pas effrayant mais il pouvait être traumatisant. C’était généralement des femmes qui avaient ce genre de tenue et j’en comprenais parfaitement la raison.
Je finis par détourner les yeux quand il prit son balais pour un micro, il avait vraiment l’air de se croire dans un spectacle. Tellement que j’avais envie de faire une vidéo que je posterai par la suite sur internet. Sauf que je ne m’abaisserai pas à ce genre d’amusement, surtout que je devais montrer l’exemple en tant qu’agent de la NSA.

Me laissant tomber sur mes mains que j’avais mises en arrière, j’émis un soupir. J’avais passé l’une des pires soirées en étant enfermé dans ce magasin avec ce denshou et cet agent d’entretien fan de danse hawaïenne. Je n’aspirais plus qu’à une chose, rentrer et dormir. Rien d’autre. J’avais eu mon compte pour ce soir qui n’était en rien comparable aux autres soirées que j’avais passées il y a quelques années. Là au moins j’étais sûr de rire en y repensant alors que les autres, j’avais envie de déprimer seul, dans un coin.

« On fait quoi ? Je finis par demander. On le prévient qu’on est coincé dans le magasin ou on le laisse s’amuser encore un peu avant de le prévenir ? »

Si ça ne tenait qu’à moi j’aurais signalé notre présence mais peut-être que Kazuma avait envie de profiter encore un peu du spectacle pour se détendre… Quoique, cet homme paraissait tellement coincé que je doutais qu’il puisse rire devant quelque chose. Après je me trompais peut-être mais c’était le sentiment que j’avais en le voyant.

Code by Joy

Peut-être aurais-je du être un peu plus habitué à regarder la télévision, les séries, ce genre de choses que mes étudiants semblaient adorer et auxquels je n'étais absolument pas familier. La vérité, c'était que je n'en avais cure, car je ne disposais même pas de ce genre d'appareil chez moi. La télévision, une activité déroutante, captivante selon certains, abrutissante selon moi, qui dévorait petit à petit l'esprit critique et empêchait tout un chacun de se comporter comme il le souhaitait. Au moins, dans mes livres, il n'y avait pas de publicité, pas d'entre-acte, je décidais comme je le désirais du moment où j'interromprais ma lecture et, surtout, du pourquoi. La lecture était plus bénéfique que le petit écran, et j'en étais intimement persuadé, pour le plus grand malheur de ces adeptes des puces et des câbles. En parlant de câbles et d'adeptes, je haussai un sourcil en entendant une musique débuter. Qu'étais-ce? Pourquoi y avait-il aussi soudainement une ambiance étrange? Me voilà bien dubitatif, encore plus en entendant la question de mon interlocuteur et en observant sa réaction.

« Eh bien... » Dis-je en observant d'un oeil étonné la petite scène qui se déroulait devant nous. « Je l'ignore. »

La danse de cet homme semblait tellement passionnée que l'interrompre m'aurait fait mal au coeur, mais d'un autre côté je me questionnais lourdement sur les raisons d'un tel comportement. Avait-il, par hasard, regardé trop de publicités louant les plages de sable fin des tropiques? Avait-il soudainement décidé de parcourir le monde par l'esprit? J'avais un peu de mal à me faire un avis sur la question, mais ce n'était sans doute pas le plus important à cet instant. Un nouveau soupir traversa mes lèvres alors que cette chère vahiné continuait sa danse, et je me redressai avec une certaine lassitude.

« Je vais aller le voir. »

Avec un peu de politesse, un sourire et une explication calme, tout devait se passer correctement, même si cela nécessitait d'interrompre un moment de la vie de cet homme qui, sans aucune hésitation, prenait son pied à agiter son corps tel un être possédé. J'espérais vivement que cet homme comprendrait notre situation et ne remettrait pas en question notre honnêteté. De mon côté, j'avais de toute façon payé mes produits, bien que je l'aies fait avec quelques difficultés, et il ne pouvait me reprocher de les avoir volés... Enfin, je l'espérais.

« Excusez-moi, monsieur! » Dis-je de vive-voix, espérant qu'il m'entende malgré sa musique, alors que je m'en approchais. « Nous sommes coincés, pourriez-vous nous aider? »

I don't want to spend a night in a supermarket !
FT. Takagi Kazuma

Je suivis mon compagnon d’infortune, restant en retrait par rapport à lui. Néanmoins, j’étais prêt à agir si jamais ça tournait mal, il valait être mieux trop prudent que pas assez. Alors que la vahiné se tournait vers Kazuma qui venait de lui parler, mes yeux s’ouvrirent en grand en voyant que c’était un étranger. Espérons qu’il parle japonais et que tout se passe bien.

« Hey guy, why are you here ? Come and dance, dit l’homme en lâchant son balai, qui s’écrasa bruyamment au sol, avant d’ouvrir les bras comme s’il voulait accueillir Kazuma. »

Ma paume alla retrouver mon front quand je vis l’homme se diriger vers Kazuma pour se coller à lui. Heureusement, il n’avait pas beaucoup de force dans les bras et j’avais facilement poussé la main qui allait pour le serrer contre lui.

« Excuse me but we want going out. Open the door, please ! »

J’espérais ne pas être trop rouillé car je n’avais pas eu l’occasion de parler anglais depuis un moment. De plus, j’avais bien trop de chose à faire pour continuer à apprendre cette langue et retenir tout ce que j’avais pu apprendre. Mais bon, normalement, il devrait comprendre.

« Eh ? But I want to dance with you guys… You are so sexy ! »

Non, bien sûr, il n’allait pas nous ouvrir tout de suite, ça aurait été trop facile sinon. Sans réfléchir, je pris le bras de Kazuma pour qu’il recule et que nous puissions voir ce qu’on allait faire… A deux contre un on pouvait envisager de faire plus de choses que si on était un contre un.

« A votre avis, est-ce qu'on l’assomme et, après, on cherche les clés pour sortir ou on se cache dans le magasin et on attend que quelqu’un vienne à notre rescousse ? »

De mon côté, même si je n’étais pas d’un naturel violent, j’étais plus partant pour l’assommer mais c’était surtout parce que je ne voyais pas quoi faire d’autre. Peut-être que le denshou d’à côté aurait plus d’idée, il fallait espérer.

« Si vous aviez réglé vos achats plus tôt on n’en serait pas là, je dis avec un soupir. Ceci dit, c’est une mésaventure qui peut être drôle à raconter… »

Ce n’était peut-être pas le bon moment pour faire ce genre de réflexion, mais c’était sorti tout seul. Cependant je me retenais de demander à Kazuma si on avait l’air si gay ou bi que ça, surtout moi… Entre Sora, Tae et lui j’avais mon compte. J’étais hétéro quand même, et il semblait en être de même pour mon compagnon d’infortune. Que les hommes arrêtent de nous draguer, c’était trop demandé ?

« Sinon, vous avez une autre idée que celles que j’ai proposées ? Sachez qu’elles sont toutes les bienvenues ! »

Pendant tout ce temps, j'avais chuchoter alors que mon regard n’avait pas quitté l’homme des yeux. Celui-ci continuait sa danse en nous lançant des regards plus qu’explicitent… Cette situation était horrible et, en plus de ça, je devais collaborer avec un denshou… Vivement que cette soirée se finisse pour que j’aille dormir !

Code by Joy

J'avais un peu de mal à réaliser ce qu'il nous arrivait, sur le moment. Pourquoi cet homme dansait-il avec un balai? Et pourquoi cette musique avait-elle l'air aussi stupide? Et pourquoi s'adressait-il à moi dans une langue dont je ne connaissais que les rudiments alors que je m'étais adressé à lui en japonais? Pauvre de moi, j'étais vraiment perdu. Je fronçai un peu les sourcils en le voyant approcher dangereusement, mais je fus sauvé in extremis par mon compagnon d'infortune, qui pourtant avait semblé hostile un peu plus tôt. Après une nouvelle phrase de la part de cet étranger un peu bizarre à la langue complexe, je me vis de nouveau en tête à tête avec l'adepte de technologie, et je réfléchis un peu.

« Aucune idée, mais nous pourrions avoir des problèmes si nous l'assommions. » Déclarai-je en riant un peu. « Enfin, si nous n'avions pas déjà des problèmes à l'instant, le choix serait certainement plus simple. »

La perspective d'assommer ce pauvre homme, qui visiblement était déjà dément, était bien séduisante, mais ma conscience encore active me hurlait de ne pas céder à une telle tentation. J'étais bien trop raisonnable, bien trop calme pour avoir ce type de comportement, sans compter que l'homme qui se trouvait avec moi n'était pas des plus commodes, lui non plus. J'aurais vraiment regretté de me retrouver dans les journaux, dans les gros titres, pour avoir mis fin aux jours de deux personnes dans cette supérette, juste après être devenu fou parce que nous étions restés coincés à l'intérieur. Cette idée m'arracha un léger rire, tout comme le commentaire de mon camarade d'infortune.

« Toujours voir le bon côté des choses... » Dis-je en un soupir, quand il évoqua encore ma lenteur.

Je n'avais pu prédire que j'allais perdre autant de temps à scanner quelques courses, et encore moins que cette supérette super automatisée allait nous prendre en otage aussi facilement, alors étais-je véritablement à blâmer? Cette technologie était inutilement développée, au détriment de l'être humain, et je ne pouvais qu'en vouloir à ceux qui avaient eu l'idée saugrenue d'en installer dans cet établissement. Je n'avais strictement rien fait de mal, si ce n'était décider de prendre mon temps et de faire quelques courses, ce qui n'était visiblement pas du goût de tout le monde, pour mon plus grande désarroi.

« On pourrait toujours essayer de passer par une grille d'aération, mais je doute que celles d'un tel endroit soient suffisamment grande pour que l'on puisse s'y glisser sans peine. »

Il fallait réfléchir, observer, essayer de trouver une solution qui nous permettrait de nous échapper de ce film d'horreur pitoyable qui se jouait devant nous. Pourquoi cet homme continuait-il à se comporter comme un véritable pervers? Pourquoi ne retournait-il pas prendre son pied avec son balai, si tel était son plus grand désir? Je ne comprenais pas vraiment les raisons d'un tel comportement, mais sans doute était-ce le résultat d'années passées à s'abrutir devant sa télévision, ou une trop grande consommation d'hormones par le biais de sa nourriture? J'avais beaucoup de mal à me faire une idée, mais les possibilités étaient multiples.

« N'y a-t-il pas des caméras dans un endroit tellement équipé ? » Demandai-je au bout d'un moment, cherchant du regard lesdites caméras qui épiaient normalement chaque mouvement, chaque être.

I don't want to spend a night in a supermarket !
FT. Takagi Kazuma

Ce denshou marquait un point, on risquait d’avoir des ennuies si jamais on assommait ce fou. En attendant qu’il propose une idée ou que j’en trouve une autre, je ne lâchais pas cet être étrange des yeux. Qu’est-ce qu’il comptait nous faire ? Pourquoi avait-il dû apparaître ? On aurait pu, tranquillement, resté enfermé !
Par la suite, lorsque Kazuma parla des grilles d’aérations, mon regard se porta sur les murs et le plafond du magasin. Effectivement, elles n’étaient pas assez grandes pour nous permettre de passer et, à part un cache-cache géant, je ne voyais pas trop ce qu’on pouvait faire d’autre sans avoir de problèmes par la suite…

« Des caméras ? Je pense qu’il y en a mais elles doivent, seulement, enregistrer dans le cas où il y a un vol. Pour faire simple, les images qu’elles captent ne sont pas visionnées en continue. »

Si on y réfléchit bien, il y a tellement peu de vol dans cette ville que c’était plus simple de faire ainsi. De plus, à cette heure de la journée, très peu de personne penserait à cambrioler un magasin. Il n’était pas assez tard.
Puis, alors que je nous pensais perdu, je compris ce qui nous était arrivé. La fermeture, l’extinction des lumières puis ce vahiné, ça paraissait très improbable pour que ça ce ne soit pas fait exprès.

« Une caméra cachée, je dis en regardant le denshou. On s’est fait avoir par une caméra cachée ! »

Suite à cela, toutes les lumières du magasin s’allumèrent avant qu’un rire ne se fasse entendre. Je regardais tout autour de nous puis je vis un homme se diriger vers notre bourreau et le féliciter.
Quand le présentateur vint vers nous, je souris légèrement plus par politesse qu’autre chose. Heureusement qu’aucune femme n’était dans le coin car j’aurais, rapidement, perdu mes moyens.

« Messieurs, merci de votre collaboration malgré vous à cette caméra caché. Pour vous remercier et nous excuser de vous avoir fait peur, nous vous offrons tout ce que vous avez acheté ! »

Il nous regarda avant de nous expliquer qu’on avait vraiment été choisi au hasard car la fermeture avait été programmée automatiquement. Quant à l’homme habillé en vahiné il s’agissait d’un natif japonais dont les parents étaient des Hawaiiens venu vivre au Japon avant sa naissance.

« Pouvez-vous nous dire vos noms ? Demanda l’homme en nous regardant à tour de rôle. »

Généralement en tant que NSA j’évitais de trop me faire remarquer, même si quelques photos de moi et mes collègues journalistes étaient, parfois, publiées dans le journal.

« Je suis Kanzaki Naoya, je dis en m’inclinant. »

Code by Joy

Un véritable mystère se présentait à moi. Comment sortir, comment fuir cet endroit où rôdait un homme étrange? Ce garçon était tout aussi bizarre, avec son addiction presque dérangeante à cette technologie parasite, mais je ne pouvais rien y faire. Pourrait-on sortir avant le lendemain matin? Allait-on devoir attendre en vain qu'une âme solidaire vienne à notre secours? J'avais l'impression d'être piégé dans une véritable cage, et pourtant nous étions simplements enfermés dans une supérette. Par chance, j'avais toujours été assez calme, ce qui présentait de nombreux avantages, comme cette tendance prononcée à ne pas m'énerver lorsque quelque chose m'angoissait. Il suffisait de relativiser; cela n'était pas comme si un spectre ou une âme en peine allait soudainement surgir d'un coin de la boutique afin de venir dévorer notre esprit. Pourtant, les légendes en parlaient parfois. Il ne fallait pas y penser.

« Je vois... » Soufflai-je, dépité.

À quoi servait-il de mettre des caméras si c'était pour ne les utiliser qu'en cas de problème? Décidément, cela resterait un mystère jusqu'à la fin de mon existence, mais il n'était pas temps de me poser ce genre de question. Il fallait plutôt que je cherche comment sortir.

« Une... Caméra cachée? » Répétai-je, dubitatif. « C'est de l'espionnage? »

Mais, déjà, je pouvais voir les lumières se rallumer et une personne s'approcher de l'homme dansant. Dans quel monde vivait-on? Et pourquoi étaient-ils là, maintenant, alors que nous étions enfermés précédemment? J'avais un peu de mal à comprendre le principe, ne possédant pas de télé et n'ayant jamais vraiment subi ce genre de chose, alors je ne pus que les observer d'un air suspicieux. Il fallait que l'on m'explique, mais je pensais sincèrement que j'allais passer pour le crétin de service si j'osais ne serait-ce que formuler mes questions. Je m'inclinai très poliment lorsque l'inconnu revint vers nous après nous avoir annoncé que nos courses seraient offertes, une bonne chose en soi, et je repris la parole en souriant un peu.

« Takagi Kazuma. »

Je ne comprenais pas trop comment je m'étais retrouvé dans une situation pareille, si ce n'était parce que ce magasin s'était refermé sur nous comme un piège sur une souris ayant tenté d'attraper l'appât, et j'aurais bien aimé une explication, mais je pouvais simplement constater que cet homme était... bizarre. Ils étaient tous bizarres.

« Pourquoi dans un magasin ? » Repris-je après un moment, inconscient du véritable principe de la caméra cachée, mais surtout sidéré par le manque d'intérêt que cela pourrait présenter.

Je commençais à croire que Kazuma vivait dans un igloo, une grotte, enfin partout où il n’y a pas de technologie ni de magasin vendant des vêtements derniers cris. Maintenant que je le regardais vraiment, je me rendais compte à quel point il était denshou. Par contre ce qui était surprenant c’est qu’il le montre à la télévision parce que tous les NSA ou une très bonne partie allait le voir… Il risquait fortement de faire un tour en prison. Tant pis pour lui, d’ailleurs celui qui avait son dossier en charge devait être ravi.

« Pourquoi pas, je dis avec un sourire poli tout en haussant les épaules. Vous savez le principe d’une caméra cachée c’est de piéger des personnes pour faire rire les téléspectateurs. »

Ce qui me désespérait le plus était peut-être le fait que ce genre de chose existe dans presque tous les pays. Ce n’était pas propre à Nishinaka ou au Japon et j’étais persuadé qu’une bonne partie des denshou passifs aient entendu parler de caméra caché… A moins vraiment de vivre dans une grotte ou dans un igloo.

L’homme face à nous ne put retenir un sourire amusé et je le comprenais même si je gardais une expression neutre, restant poli. Je pensais aux réactions possibles des denshous plus ou moins actifs si jamais ils apprenaient qu’un shinki -car ils ne sauront pas que je suis NSA- s’est moqué d’un des leurs…

Après des nouveaux remerciements de la part du présentateur et du vahiné, nos courses payées, nous pûmes sortir de la superette. L’air frais du dehors, alors que j’avais cru ne pas le retrouver cette nuit, me fit du bien.
Me tournant vers Kazuma, je m’inclinais avant d’ajouter :

« Bon et bien ce fut un étrange début de soirée mais au moins on est sûr qu’il va rien nous arriver de bizarre avec ce vahiné. »

A part peut-être des cauchemars… Mais bon, ça ira et peut-être que les dossiers de denshou m’aideront à penser à autre chose et faire des rêves plus agréables.

« Peut-être à bientôt Takagi-san, et bonne fin de soirée. »

Qu’il profite, j’étais presque sûr que la prison l’attendait à bras ouvert, enfin à portes ouvertes. Après un dernier sourire poli, je m’inclinais avant de partir pour rentrer chez moi.

Aux propos de mon interlocuteur, je fronçai un peu les sourcils. Faire rire les téléspectateurs aux dépend des autres? Je trouvais cela terriblement irrespectueux et malvenu, mais cela semblait ne pas déranger celui qui me l'expliquait. Il y avait vraiment des choses que je ne comprenais pas dans ce monde. Peut-être les choses auraient-elles été différentes si je n'avais pas travaillé dans une école et si j'avais possédé un téléviseur? Très peu pour moi, je préférais vivre avec ma culture faite de lectures et de documents intéressants à découvrir. Les multimédias actuels étaient bien peu adéquats pour moi.

« Mais ça n'est pas drôle. » Rétorqué-je, incompréhensif.

Si j'avais été claustrophobe, les choses auraient pu prendre une tournure absolument dramatique, réalisaient-ils les risques, ces idiots? J'avais beau tenter de comprendre, je ne parvenais pas à saisir ces stupidités que tout le monde semblait trouver normales.

Quand nous pûmes enfin retrouver notre liberté, je fus plus qu'heureux. Je m'inclinai en réponse à la courbette de cet étrange garçon, estimant que m'éterniser avec lui n'était pas nécessaire, et je me saisis de mes courses qui avaient été payées pour moi, souriant un peu à ses propos.

« Certes, c'est une bonne chose. Bonne fin de soirée, Kanzaki-san. »

Une chose était certaine: je ne comptais pas retomber sur ce garçon avant un moment. Peut-être était-ce cette différence d'habitudes qui me poussait à me comporter de la sorte, mais je n'appréciais pas forcément la compagnie des Shinki. Ils étaient bien trop accrocs àces bêtises, cherchaient trop à les mettre en avant, alors qu'il aurait fallu empêcher un drame de se produire, d'une façon ou d'une autre. Qu'allait-on devenir, après tout, si l'on arrêtait d'appliquer les traditions pour se retrouver dans un mode codé jusqu'à la racine? Il risquait d'y avoir de nombreux problèmes. Et graves, en plus. Je n'avais pas envie de laisser ma vie se faire dicter par des machines.

Cette pensée sombre à l'esprit, j'avais finalement repris la direction de chez moi, abandonnant cette soirée étrange dans un coin de ma mémoire, en espérant ne plus y songer.

» It's a beautiful night, isn't it ?
» (/!\ NC-16) Party night
» A pleasent night together
» Such a beautiful night. ♡
» (/!\ NC-16) It's a hot night, baby !