» Maru Maru Mori Mori ♪ | ft. Ichigo

Tout avait commencé sur internet. Porté par mon incroyable amour pour les chansons qui restaient en tête, j'avais pris part à une compétition de karaoké en ligne. Une idée plutôt folle, à vrai dire, et ce qui rendait le tout encore plus dingue était certainement le fait d'avoir remporté suffisamment de manches de ce tournoi pour être désigné comme l'un des finalistes. Quel talent! Un talent incroyable qui n'était simplement pas reconnu à sa juste valeur. À titre posthume, peut-être?

Plus heureux qu'un chien au retour de son maître, j'attendais devant l'entrée du salon de karaoke qui nous avait été désigné par un organisateur. J'ignorais quand mon adversaire se présenterait, mais ce n'était pas ma principale préoccupation. Pour le moment, je souhaitais surtout découvrir l'endroit et observer la décoration, me livrant à ce petit jeu de devinettes que j'appréciais tant lorsque j'arrivais quelque part : à quoi cela pouvait-il ressembler, à l'intérieur? Y avait-il beaucoup de clients? Il était assez rare que je sortes, depuis quelques semaines, et je n'étais pas vraiment surpris d'avoir manqué l'ouverture de ce karaoké.

Un groupe finit par entrer dans le bâtiment, alors que j'attendais au devant depuis quelques minutes déjà, et la rumeur qui en émanait me fit tendre l'oreille. "Finale", "compétition", "deux", "internet".  Ah! Il y avait donc de grandes choses que je sois arrivé au bon endroit. En revanche, ce bourdonnement ne m'indiquait pas si mon adversaire se trouvait déjà à l'intérieur ou non.

Je laissai échapper un soupir las en voyant l'heure prévue avancer, puis je décidai d'entrer dans la bâtisse, signalant qui j'étais et la raison de ma venue. Visiblement, la réceptionniste voyait parfaitement de quoi il était question, car elle décida de demander à une jeune femme, vraisemblablement une serveuse, à voir son élégante tenue noire et blanche, de me mener dans la salle où devait se dérouler la compétition. Elle m'y mena effectivement, ne tarissant pas d'éloges sur le bâtiment, m'expliquant que le concours prenait place dans la plus grande salle de l'établissement afin de célébrer la réouverture des lieux après de longs travaux.

Là-bas, plusieurs personnes attendaient déjà, assises sur de longs canapés qui bordaient les murs le regard rivé sur un large écran plat qui trônait fièrement au centre du mur du fond. La décoration bariolée aurait presque pu donner l'impression d'être à l'intérieur de l'un de ces stands que l'ont pouvait trouver au cours des festivals traditionnels, et cela ajoutait un côté festif à l'ambiance déjà bien vive de la pièce. Il y régnait d'ailleurs un tumulte incroyable. Je n'aurais pas pensé qu'autant de gens viendraient assister à cette dernière étape de la compétition.

Ignorant à quoi ressemblait mon adversaire, je fronçai un peu les sourcils en cherchant à le discerner parmi les autres. Lequel d'entre eux possédait la tête d'un amateur de karaoké? Tous, malheureusement. Par chance, je n'étais pas de ceux qui abandonnaient rapidement et, au lieu de prendre place directement du côté des micros, là où était certainement ma place, j'avais préféré rester là, à l'entrée, pour observer les gens un peu, le temps qu'un organisateur se joigne à nous, comme me l'avait signalé la serveuse qui, après avoir pris note de quelques commandes, avait quitté la pièce, probablement pour rejoindre le bar.