Eh ?! What's this stupid joke ? • |

J’avais fini plus tard que prévu aujourd’hui. La nuit était déjà tombée néanmoins ce n’était pas le monde qui manquait dans les rues de Nishinaka. Ne souhaitant pas rentrer chez moi de suite, je m’étais arrêté dans l’un des meilleurs restaurants du quartier et tout en dînant, je surfais sur l’internet de mon téléphone. Il y avait tellement de choses intéressantes. Cependant, en parcourant une page d’un de mes réseaux sociaux, je me disais qu’il fallait peut-être que je pense à le mettre à jour et télécharger de nouvelles photos. J’y songerais en rentrant. Un sourire fier se dessina sur mes lèvres quand je contemplais les dernières images que j’avais posté. Même si elles n’étaient pas récentes, j’étais toujours aussi parfait.

Le repas terminé, j’étais sorti à l’extérieur puis avais commencé à marcher avec mes écouteurs dans les oreilles. Certaines boutiques étaient encore ouvertes et je ne pouvais m’empêcher de m’arrêter pour voir les dernières nouveautés à la mode. Il y avait tant de vêtements qui me faisaient de l’oeil que j’hésitais à en choisir un.
Finalement incapable de résister, j’avais quitté le magasin avec quelques sacs entre les mains et je pouvais voir de loin, le patron qui m’observait avec un grand sourire, heureux probablement d’avoir fait autant de profit en si peu de temps. C’était la vendeuse qui avait craqué puisque malgré tout, je m’étais souvent un temps fou à me décider et je n’arrêtais pas d’essayer. Si je me trouvais parfait avec l’habit, je l’achetais. Seulement, je me trouvais parfait avec tant de vêtements que cela s’avérait de plus en plus compliqué. Mon compte en banque allait encore baisser. Mais peu importait après tout. Tout se paye dans la vie. La perfection aussi.

Peu à peu, je quittai les endroits bondés de la ville et le nombre de personnes avaient réduits dans les rues à cause de ce quartier où les boutiques avaient déjà commencé à fermer. Satané Denshou. Ils ne connaissaient pas les choses biens. Haussant les épaules en guise de réponse à moi-même, je m’arrêtai un instant afin d’admirer les beaux vêtements que je m’étais acheté. Il y en avait de toutes les marques, de différents pays aussi.
Remarquant une partie de mon reflet dans le sac, je me saisis du miroir que je m’étais aussi offert. L’autre commençait à être vieux. Il était temps de changer et celui-là était somptueux. J’en profitai pour me recoiffer, vérifier que rien ne venait détruire la beauté de mon visage et alors que je m’apprêtai à le ranger, je restai hébété en le voyant disparaître de ma main. Qu’est-ce que... J’entendis vaguement ce qu’on me disait avant de reconnaître cet host de l’autrefois.

- Eh ! Rend-moi ça ! Ordonnais-je tandis que le garçon s’éloignait déjà d’un pas précipité.

Connard. Mon miroir. Je ne me séparais jamais de ce dernier et il avait osé me le voler. Sans réfléchir, je m’élançai à sa poursuite sans m’arrêter de crier et de lui lancer des menaces. Néanmoins trop concentré sur l’objet que Tamaki détenait à présent, j’en avais complètement oublié mes achats que j’avais laissé à terre.

Cet idiot ne s’arrêtait pas et je crois que ça l’amusait. Il allait le regretter. Amèrement le regretter. J’ignorais combien de temps on avait couru ainsi cependant je parvins à le rattraper et alors que je tentais de reprendre mon bien, celui-ci s’écrasa aussitôt sur le sol, se brisant en mille morceaux. Mon visage se décomposa littéralement tant j’étais choqué et je ne pouvais que penser que ce n’était qu’un signe d’un mauvais présage. En effet, c’en était un. Lorsque je redressais doucement mes yeux devant moi, prêt à le réprimander - et le tuer aussi - je constatai que nous n’étions plus seuls. Au vue de la tenue des individus, j’en déduisis rapidement qu’on était tombé au mauvais endroit. Je croyais que ce genre de trafic n’existait que dans les films mais vraisemblablement pas. Je n’osais pas bouger, effectuer le moindre pas par peur de se faire prendre. Mais le souvenir de mes sacs me revint à l’esprit et je ne pus retenir un cri de panique. Mon argent... J’avais laissé tout mon argent dépensé dans un coin de Nishinaka et quelqu’un en profitait déjà probablement. Tous ces beaux vêtements que je m’étais acheté afin de refaire ma garde robe. C’était la faute de cet abruti !!

Je voulus le gronder une seconde fois néanmoins je ne le pus pas, me contentant de déglutir sérieusement en voyant quelques uns de ces hommes s’approchaient de nous. On ne put rien faire qu’on était déjà amené auprès des autres, pendu par le col. Connard. Ma chemise ! Il allait me l’abîmer cette enflure ! S’il touche à mes cheveux, c’en était fini de sa vie. Moi aussi je savais me battre ! Je fronçais les sourcils, ne pouvant m’empêcher de frapper la main de cet inconnu afin qu’il lâche mon vêtement immédiatement. Sauf qu’il avait l’air plus en colère du coup. Tant pis. C’était lui qui avait commencé à froisser mon haut ! Il allait me frapper, m’abîmer mon si beau visage alors je grimaçais en closant fortement mes paupières, ne souhaitant absolument pas voir ça. Mais il n’eut rien. Juste un son de plusieurs sirènes puis tous paniquèrent avant de prendre la fuite. Nous, on eut le temps de réaliser la situation, qu’en plus de certains de ces hommes, on s’était retrouvé forcé par des policiers, les menottes aux mains. Quelle poisse. Les leurs étaient beaucoup moins confortables que celles qu’on avait au boulot. Je devrais peut-être leur dire ? Enfin, je suppose que le velours faisait moins professionnel. Tout dépendait du point de vue sûrement.

L’homme qui se chargeait de moi me récitait la phrase habituelle alors que je clamais que j’étais innocent. Je l’étais. Comme si moi, je me salirais les mains dans ce genre de truc ?! Et mon image ils y pensaient eux ?

- C’est de la faute de cet abruti ! M’exclamais-je en désignant du regard l’autre garçon qui m’avait guidé jusqu’ici, S’il ne m’avait pas pris mon miroir on n’en serait pas là !

Ma riposte ne parut pas plaire à l’agent qui s’énerva et me frappa - ni trop fort ni trop doucement - en m’ordonnant de me taire. Connard... Ce n’était pas parce qu’il s’agissait là d’un putain de flic que lui aussi avait le droit de me toucher avec ses sales pattes. Je suppose que je n’avais pas le choix. Tant pis. J’espérais juste qu’ils ne nous emmèneraient pas en prison. J’étais innocent et la prison... Je ne survivrais jamais là-bas. J’étais trop beau pour aller dans ce genre d’endroit. Ces hommes devaient le comprendre. Eux non plus n’avaient pas le choix.

Il plaisantait n’est-ce pas ? Savait-il combien il m’avait coûté ce miroir ? Extrêmement cher. Et au final, à cause de lui, j’avais perdu tous mes achats. Vraiment tous, sans aucune exception. Et mon miroir s’était retrouvé casser. Génial. J’espérais sincèrement que tous les malheurs s’en irait sur le jeune homme bien que j’avais l’impression que c’était plus nous deux qui étions visés désormais. Quelle poisse. Comment comptait-il me rembourser tout ça ?! J’avais travaillé dur pour gagner cet argent et celui-ci s’est envolé dans la nature. Rah. Ce type m’insupportait tellement. Je n’aurais jamais du aller dans ce club l’autre jour, j’aurais au moins eu l’obligeance de ne pas connaître son visage. Cependant quoi qu’il en soit, il n’en restait pas moins un connard. Depuis quand on vole les affaires des gens ainsi ? Néanmoins j’avais l’impression qu’il ne comprenait pas l’importance de la chose... Je soufflai en tournant mon visage à l’opposé du sien tandis qu’un policier cria dans la voiture, ce qui me fit sourire. Certes sa réflexion était adressée à nous deux mais je ne me sentais pas particulièrement visé. J’étais parfait. On ne pouvait pas m’en vouloir à moi n’est-ce pas ?

Plutôt que de répondre à sa remarque agaçante, je lui donnai un coup de coude dans les côte afin qu’il se taise et arrête de dire n’importe quoi. Voilà que maintenant ça allait être de ma faute...

- MA FAUTE ?! M’exclamais-je finalement, Tu t’es bien regardé ?!
- La ferme ! Ordonna le même policier d’un ton sévère.

Dans un soupir, j’obéis avant d’égarer mon regard vers l’extérieur et de rester silencieux pour le reste du trajet. J’étais innocent, bordel à la fin. Qu’ils l’embarquent lui s’ils le souhaitaient mais qu’ils me laissent tranquilles. Je n’avais rien fait moi. C’était lui le voleur ! Peut-être qu’il vendait de la drogue également qui savait... Cela expliquerait la raison du pourquoi on s’était retrouvé en ce lieu. Connard... Si on ne touchait ne serait-ce qu’à une parcelle de mes cheveux, c’était lui que je tuerais ! Parce que quoi qu’il dise, c’était le fautif ! S’il ne m’avait pas piqué mon miroir, on n’en serait pas là.

J’ignorais combien de temps on avait roulé cependant on se retrouva plutôt rapidement au commissariat.

- Avance ! Déclara le même agent en me poussant afin que j’exécute plus vivement ses désirs.

Mes yeux se plissèrent à ce geste tandis que je le maudissais et l’insultais de tous les noms intérieurement pour oser me traiter comme un moins que rien. Combien de fois devrais-je leur dire encore ? J’étais innocent !
On nous força tous les deux à nous assoir à un bureau puis un autre homme vint s’occuper de nous. Probablement un inspecteur. Ce dernier ne cessait de me dévisager, comme s’il me connaissait et je lui accordais le plus beau de mes sourires. Lui, il regardait du porno. Quand bien même je doutais qu’il ne m’avait pas reconnu, je l’entendis toussoter et il jeta prestement un dossier sur la table devant nous. Je ne lui laissai pas le temps de commencer son interrogatoire que je désignai mon voisin du doigt.

- C’est de sa faute !

Et je me lançai dans un cours récit de manière à lui faire un bref résumé de la situation cependant il n’avait pas l’air de me croire.

- Mais puisque je vous dis que c’est ce qui s’est passé ?! Soufflais-je, exaspéré, J’ai même oublié mes achats à cause de cet abruti ! Vous non plus vous n’avez pas idée du prix que coûtait ce miroir !

C’était vrai quoi ?! Ils avaient qu’à plus s’intéresser à la mode aussi et ils comprendraient. Enfin je ne pouvais pas dire si cet agent avait le style ou non puisqu’il portait un uniforme. Le pauvre. D’une voix posé, il me demanda de me calmer avant de soupirer et de répéter les faits.

- Votre nom, votre âge et votre profession, Enchaîna-t-il ensuite en se tournant vers moi.

Ah. J’avais la preuve qu’il ne se souvenait pas de moi et la couleur de son visage risquait de changer dés qu’il l’apprendrait.

- Takano Kai, 25 ans, je travaille dans un Konbini et aussi...

Je ne pus retenir le sourire qui étirait mes lèvres puis haussai les épaules avant d’ajouter :

- Je suis acteur de films pornographiques.

Et le pire dans tout ça était certainement le fait que je n’en étais nullement gêné, que j’en étais presque fier. Je vis le visage de mon interlocuteur se décomposer entièrement et je ne pus m’empêcher que je me levai soudainement, en le pointant comme je le pouvais de mon index.

- Je le savais ! Vous en avez regardé ! Ouh lalala... C’est votre femme qui ne doit pas être contente !

Parce que cet homme était marié, il portait une alliance.

- Ca suffit !! S’emporta ce dernier en m’ordonnant de m’assoir, Taisez-vous !

Il avait l’air complètement paniqué le pauvre. Mais je ne saisissais pas pourquoi, tout le monde en regardait de nos jours... Bon après pour quelqu’un de son âge, c’était probablement parce que sa femme ne le satisfaisait plus donc il s’occupait comme il le pouvait. Et je suppose qu’il n’avait pas envie que celle-ci ne l’apprenne non plus. Seulement ce n’était pas trop la question si ?
J’ignorais le garçon assis à mes côtés et m’affalai sur ma chaise en soupirant. Que c’était chiant.

- Vous avez qu’à m’écouter quand je vous dis que je suis innocent aussi, Râlais-je alors, Je n’y suis pour rien dans toute cette histoire !

Peut-être que s’il me laissait sortir, je pourrais lui faire parvenir le dernier film en avant première. On pouvait conclure un marché lui et moi s’il le voulait. Cela ne me posait aucun problème. Du moment qu’on me sortait d’ici.

Ma vie était finie. Complètement finie. Voilà comment bêtement j’avais fichu ma propre existence en l’air. J’irais en prison à cause d’un miroir cassé, oui parce que finalement, c’était la faute de ce foutu miroir. S’il n’avait pas été là, le garçon n’aurait jamais voulu me le voler, on n’aurait pas croisé ces bandits et on ne serait pas assis à ce bureau à tenter vainement de convaincre cet inspecteur qui refusait de me croire. Je continuai de soupirer, agacer alors qu’intérieurement je déprimais. Je ne voulais pas aller en prison. Je ne méritais pas ça. J’étais gentil, beau, surtout beau en fait. Rien que pour ça je ne pouvais pas finir dans un tel endroit. Avec le temps ma peau serait abîmée, mon corps n’aurait plus aucune forme et je risquais de finir défigurer. Ah !! Quelle horreur ! Je pouvais entendre le cri strident de ma conscience qui paniquait littéralement à cette idée. Plutôt mourir de suite que de vivre un tel calvaire. Je n’avais jamais été mauvais avec qui que ce soit, j’étais plutôt serviable... Mis à part le côté un peu - beaucoup - narcissique, je n’étais pas méchant et ne méritait pas une telle punition n’est-ce pas ? Peut-être était-ce à cause du miroir ? Je ne voulais pas être maudit encore pendant des années... N’y avait-il pas un moyen de contrer cette fichue malédiction ?! J’étais sûr qu’il devait bien y en avoir un non ?

Mes pupilles s’arrondirent aux paroles de cet host, choqué de sa remarque. Mais pour qui il se prenait celui-là ?! Et ma main dans sa face, il savait de quoi il parlait peut-être ? Je ne me souvenais même pas du film qu’il mentionnait. L’indigène ? Une femme moche ? Je les laissai parler entre eux, trop concentré à essayer de me remémorer cette fameuse vidéo. Puis, cela me revint tout à coup, comme ça, comme par magie. C’était l’un de mes tout premiers. Je débutais encore. Et on ne me permettait pas encore d’avoir des beautés en tant que partenaire puisque justement je n’étais qu’un débutant. Dommage pour lui, il n’était pas tombé sur le meilleur de mes films. Tant pis. J’avais eu le temps d’évoluer depuis, de me faire une notoriété dans mon agence aussi et je pouvais certifier qu’à présent, les filles qui m’accompagnaient, il ne pouvait les avoir que dans ses rêves. Pas de chance. Il pouvait bien me juger, je n’en avais que faire, je savais que je n’étais pas mauvais, loin de là, au vue des compliments que je recevais et de la peur qu’avait mon patron quant au fait que je puisse quitter ce boulot. Mais soit, ce n’était pas un amateur comme ce type qui pouvait y comprendre quelque chose.

Une double identité ? Machinalement, j’avais décidé de retourner mon attention sur lui et je fronçai les sourcils en les voyant s’éloigner. Ce Ryuhei était louche, bizarre... Je devrais peut-être m’en méfier. Ce n’était pas peut-être, c’était sûr de toute façon. Rien qu’avec une simple histoire de miroir, nous nous étions retrouvé au commissariat. A qui cela arriverait dans la vie franchement ? J’étais resté là à attendre, soufflant avant de voir l’autre abruti me sourire de toutes ses dents tandis que l’agent m’indiqua de me lever. On pouvait partir ? Comme ça ? C’était encore plus louche.
Me saisissant de mes affaires, je plissai mes yeux en passant à côté d’eux, désirant par-dessus-tout saisir où était le piège. Néanmoins j’étais incapable de le discerner et au fond, je n’étais pas assez curieux pour savoir comment il avait fait. J’avais comme la nette impression qu’il m’inventerait un bobard de dix kilomètres et que je devrais faire semblant de le croire. Peu importait. S’il croyait que j’allais le remercier, il pouvait toujours rêver. C’était lui qui nous avait mené là donc si on y réfléchissait bien, c’était la moindre des choses que cela soit également lui qui nous sorte de ce pétrin.

Toutefois, dire que retrouver l’air frais de l’extérieur ne faisait pas de bien serait mentir. Je m’imaginais déjà mort et enterré. J’avais encore des tas d’années à vivre, cela aurait été triste que mon existence se finissent aussi stupidement.

Ah. Tient, il parlait. Pour un gars qui n’avait pas apprécié le film, il me semblait particulièrement intéressé. Ce qui m’amusa. Les hommes étaient décidément tous pareils.

- Des centaines ! Répondis-je en haussant les épaules.

Ce n’était pas comme si je les comptais. Et depuis mon début dans ce métier, j’en avais fait des vidéos.

- Pourquoi ? Tu veux essayer ?

Sur ses dires, j’haussai à plusieurs reprises mes sourcils avant de rire, amusé. Mais mon patron ne l’accepterait probablement pas. Pas à cause de son physique mais plus par son caractère. Il n’avait pas l’air d’être le genre de personne à faire autant attention à son apparence et à son corps que moi. Alors que pour travailler là-dedans, cela demandait beaucoup d’estime de soi... Ce n’était pas qu’une question sexe. Cela serait trop facile autrement. Je ne parlais même pas de la comédie parce qu’il était clair qu’être acteur porno et acteur tout court était deux choses totalement différentes. Autant dire que si j’avais pu être acteur, je n’aurais jamais fait de porno. Il suffisait de savoir baiser, rien de plus. Le reste importait peu.

- A moins que tu veux que je t’en passe un peut-être ? Parce que bon si tu n’es pas doué et que tu vas chercher de vieilles vidéos, je n’y suis pour rien moi.

Avec ma main, je tapotai gentiment ma main sur son épaule, faussement compatissant.

- Tu espérais certainement te soulager des pauvres vieilles dames que tu es contraint de t’occuper... Je suis désolé... J’aurais peut-être du te prévenir que ce n’était pas le bon film mais que veux-tu, je ne te connaissais pas. Courage.

Qu’est-ce qu’il voulait ? Il avait essayé de me chercher. Moi aussi. Surtout que sur ce point, ce n’était même pas par narcissisme... J’exerçais correctement mon métier et j’étais doué. Sinon je pouvais l’assurer que je n’en serais pas là aujourd’hui si ça n’avait pas été le cas.

Encore heureux qu’il ne se branlerait pas sur mes prouesses sinon ça signifierait qu’il était gay. Oh. Stop. Il n’était pas gay quand même ? A cette réflexion, je le fixai avec mes yeux plissés bien qu’il ne parut pas le remarquer. Je ne pouvais m’empêcher de le dévisager, pesant le pour et le contre quant au fait qu’il pouvait être potentiellement gay. Parce que bon, d’origine, on ne fait pas ce genre de rétorque si ? J’avais supposé avec ses paroles que ceci n’était pas arrivé parce que j’étais nul - quand bien même je ne l’étais pas du tout - et non pas à cause de la fille qui m’accompagnait. Enfin depuis notre première rencontre, j’ai toujours trouvé ce type bizarre. Mais je l’étais tout autant, je l’admettais. Tout comme, par ailleurs, ce n’était pas des clichés que je lui sortais, juste qu’il avait été le premier à m’en faire la réplique l’autre jour. Je me contentais de le charrier. J’avais moi-même déjà travaillé dans un club d’hôte donc je savais très bien qu’il n’y avait pas que des pauvres femmes en manque d’amour, d’affection et peut-être même parfois plus. Seulement il ne pouvait pas nier la différence qu’il y avait entre son métier et le mien. Il avait certes de belles demoiselles néanmoins il était contraint de se coltiner les vieilles également. De mon côté, je n’avais que les « belles » et pas uniquement, si vous voyez ce que je veux dire.

Quant il mentionna son ex-femme, je le dévisageai de plus bel, tentant de dissimuler le canular derrière ses mots cependant il avait l’air tout à fait sérieux. Peut-être qu’il était bi. Peu importait, du moment qu’il ne m’approchait pas de trop près, ça irait. Et c’était moi qui osait dire ça alors que je l’avais embrassé afin de voir ce que ça ferait une expérience gay. Mauvaise idée au passage. A ne jamais retenter.

- Malheureusement, toutes les femmes ne peuvent pas accepter ce genre de choses, Déclarais-je en haussant les épaules.

Ou bien c’était simplement lui qui n’avait pas su comment s’y prendre. Toutefois, même si ces dernières sont plus dévergondés que ce que nous, homme, pouvons penser, toutes ne sont pas comme ça non plus.

- Donc comme ça tu as été marié ? Désolé mais quand on te voit, on a du mal à le penser.

Ce n’était pas un reproche ou une vanne lancée dans le tas mais juste une constatation. Je me rendais compte que j’étais peut-être trop curieux et ma rétorque déplacé cependant cela avait été plus fort que moi. Je ne m’étais jamais posé la question de si je me marierais un jour et je ne pensais pas non plus à l’amour alors rencontrer quelqu’un d’aussi jeune qui s’était déjà marié et avait vraisemblablement tout aussi divorcé me rendait extrêmement curieux. Je suppose que c’était tout aussi bien d’être célibataire, de ne dépendre de personne et de profiter de la vie.

- Ah. Et rien à voir mais... Tu me dois un miroir !

Je lui fis un clin d’oeil avant de lui arborer un immense sourire qui pouvait en dire beaucoup. Et encore, je ne lui demandais qu’un « miroir », pas de me rembourser celui qu’il m’avait volé puis cassé. Je doutais qu’il puisse de toute façon.
En réalité, je n’en avais que faire, j’en avais d’autre néanmoins je crois que c’était plus fort que moi, j’aimais le chercher. Il était le premier à commencer donc à ma manière, je m’y mettais aussi.