× Il y a moins de rosée dans la fleur que de larmes dans mon cœur 》HARUNA&KAZUKI《

Je marchais vite, j'étais à la limite de me mettre à courir et sprinter comme un malade jusque chez Haruna.

Ses parents m'avaient téléphoné alors que j'étais au travail, Haruna avait fait une chute apparemment et s'était retrouvée admise à l'hôpital pour quelques examens. Mais elle était très vite rentrée chez elle ce qui me rassurait vraiment, si les médecins l'avait autorisé à rentrer, c'était qu'il n'y avait rien de grave n'est-ce pas ?
Enfin si, sa mère m'avait parlé d'une perte de mémoire, mais elle m'avait dit de venir voir par moi-même. Je ne savais pas trop quoi penser, j'espérais seulement qu'ils ne s'agissaient que de souvenirs très récents, comme notre projet de voyage. Mais je ne savais pas trop ce qu'il fallait que je fasse, de ce que je savais sur l'amnésie, on ne devait pas forcer les souvenirs mais laisser le temps à la personne de se rappeler de tout par elle-même.

Enfin bon, ce voyage pouvait attendre, tant qu'elle allait bien.

J'arrivais aussi vite que la masse de gens me le permettait jusqu'à la demeure des Takashi. J'avais prévu un joli bouquet de camélia, j'avais bien trouvé des coques de téléphones avec ces fleurs dessus, le problème étant que je ne me souvenais pas du modèle de ma chère... Elle changeait tellement souvent il fallait dire.

Une fois devant la porte, j'appuyais sur la sonnette et j'attendis tout en regardant ma montre, il n'était pas encore trop tard mais j'espérais qu'ils n'étaient pas déjà en train de manger, je ne voulais surtout pas les déranger. Mais j'avais vraiment eu besoin de voir Haruna... Je ne lui avais pas envoyé de SMS pour lui faire la surprise, j'avais envie de la serrer dans mes bras, lui faire des bisous, vérifier qu'elle allait vraiment bien en somme.

- Salut Haruna, dis-je alors que la porte était à peine entrouverte, c'était toujours elle qui ouvrait quand elle n'était pas au travail ni chez moi. Tiens voilà pour toi, m'exclamais-je en lui tendant le bouquet de camélia. Je ne t'ai pas prévenu, je voulais te faire la surprise.

J'avais un grand sourire sur le visage, il n'y avait rien qui montrait qu'elle avait eu de sérieux problèmes, pas de sutures ni de plaie, je me permis donc de soupirer de soulagement.

- Désolé, je n'ai pas pu emmener Daiji, je sors seulement du travail. Tu lui manques beaucoup tu sais, je pourrais en être jaloux !

Je sentis qu'il y avait quelque chose d'étrange dans ces retrouvailles, une distance étrange... Il n'y avait pas eu de baiser de bonjour ni aucun élan d'affection. Mon regard plongea alors dans le sien et j'avais l'impression de voir quelqu'un d'autre.

- Haruna... Tout va bien ?

J'avais soudainement une boule d'angoisse dans l'estomac, j'avais maintenant peur de sa réponse.

Rien n'aurait pu me préparer à ce qui allait suivre.

Une année, j’avais presque perdu une année entière de ma vie et, le pire dans tout ça c’était que mes parents refusaient de me dire quoique ce soit. Oh j’aurais très bien pu aller voir sur les réseaux sociaux mais j’avais changé tous les mots-de-passe pendant cette année et ces quelques mois… Pour mes mails aussi apparemment.

Mais j’avais tout recréé, j’avais repris le travail et la routine s’était installée… Je ne forçais rien ni personne, il valait mieux d’après le médecin.

Je venais de finir un plat préparé par ma mère partie en voyage à Okinawa avec mon père et j’en profitais donc pour me reposer devant la télé. On en parlait des séries que j’avais à rattraper ?

Alors que j’étais bien installée devant la télévision, dans le canapé, on sonna. Je soupirai presque d’agacement avant de mettre sur pause. Qui osait me déranger ?

J’ouvris la porte pour voir quelqu’un me tendre un bouquet de fleur et me perdre deux secondes plus tard… Daiji ? Jaloux ? QUOI ? C’était qui ce malade ?

Avec toute la méfiance que m’inspirait l’individu je pris le bouquet de fleur avec un « Merci… » plus soufflé qu’autre chose. Comment je pouvais l’envoyer balader gentiment ? COMMENT ?

« Je vais bien… »

Je vais bien tout va bien, ce n’était pas ainsi que j’allais pouvoir lui dire au revoir et à jamais haha… Enfin, je pensais tout cela mais peut-être simplement que c’était une personne que j’avais rencontrée durant l’année écoulée et que j’avais oublié.

Que faire ?

Autant appliquer la méthode directe ça irait plus vite et j’aurais moins l’air idiote à le scruter ainsi.

« On se connait ? »

Bon, c’était évident qu’il me connaissait car il connaissait mon adresse et mon prénom. Après si c’était un stalker qui me voulait du mal, je savais me servir d’une poêle pour assommer… Mais je ne savais faire rien d’autre avec sinon.

« Vous voulez entrer, ça sera plus simple pour discuter. »

Je me mis sur le côté, ouvrant un peu plus la porte pour le laisser entrer.

Non...

Ma bouche s'ouvrit légèrement, ma mâchoire s'était détendu sous le choc de ce que Haruna avait dis, j'avais ouvert de grands yeux. Je ne prenais pas encore conscience de ce qu'elle disait, j'avais envie de penser qu'il s'agissait d'une blague, mais à voir son air tellement sérieux et méfiant, ce n'en était pas une.

Non...

On se connaît ?

Pitié, dîtes moi que ce n'était pas possible, elle n'avait pas pu oublier. Elle n'avait pas pu NOUS oublier !

Prise de conscience.

- Je... Je suis Oshino Kazuki, nous... Enfin... Nous sommes am... Amis.., soufflais-je en rentrant.

Le dernier mot était sorti tout seul, j'avais mal, très mal. Elle m'avait oublié et je n'arrivais pas à voir autrement que cette constatation avec amertume.
Pourtant, je savais au fond de moi que ce n'était pas sa faute, sa chute l'avait rendue amnésique et les souvenirs devaient revenir peu à peu. Mais de savoir que notre histoire avait pu être effacée aussi facilement, me blessait.

Alors voilà, c'était si simple ?

- Tu... Tu as tout oublié ? demandais-je alors que ma voix prenait un ton désespéré que j'aurai voulu garder pour moi.

Je n'avais pas le droit de le dire, pour son bien, elle devait tout se rappeler d'elle-même, sinon il y avait un risque pour sa santé. Je ne voulais pas la mettre en danger, je l'aimais et je l'aimerai certainement encore longtemps.

Mais ça faisait mal de savoir que notre histoire n'était connu que de moi...

Alors même que celle que j'aimais tant se tenait face à moi, j'avais l'impression qu'on venait de m'annoncer sa mort, et que l'enterrement se tiendrait prochainement.

- Excuse-moi si je suis un peu... Perturbé... C'est juste que... Hm... On sortait beaucoup ensemble pour se promener avec Daiji, mon petit fennec...

Je sortis mon portable en prenant soin de ne pas lui montrer le fond d'écran actuel -une photo d'elle- et j'ouvris la galerie pour montrer la photo de mon petit animal de compagnie.
J'avais de l'espoir en moi, que des souvenirs remontent, qu'elle se rappelle au moins que nous étions proches.

Qu'elle se souvienne que nous n'étions pas des étrangers...

- Je... Enfin, peut-être que... Si tu as oublié... Enfin... Tu veux peut-être assimiler tout cela... On peut en parler plus tard, dis-je en forçant un sourire.

Il était tout sauf sincère, mais j'avais tellement mal, la douleur me crispait.
Comment pouvais-je sourire de manière sincère alors même que la femme qui avait pris mon coeur se tenait si près mais en même temps si loin de moi.

Haruna, reviens moi je t'en prie...

L’inconnu était entré. Enfin, inconnu pas tant que ça si je comprenais bien on était ami… Un grand mot quand même. Me connaissant ça devait en surface, enfin surement.

Le voyant presque si désespéré en apprenant que je ne me rappeler plus de lui, j’eus un pincement au cœur. Je savais ce que ça faisait quand une personne qu’on apprécie ne nous donne plus de nouvelle ni rien. Bien évidemment, je parlais en connaissance de cause.

Par contre c’était pas étrange qu’il m’ait en fond d’écran ? Un peu quand même… On s’entendait aussi bien que cela ?

Je n’arrivais pas à dire quoique ce soit, essayant de me rappeler en vain… C’était comme buter contre un mur.

Frustrant et désagréable.

« Je suis désolée, j’avais finir par dire. »

Que dire d’autre ? Je n’allais pas lui mentir en lui disant que je savais qui il était, je ne pourrais même pas lui dire sa date de naissance ou son âge. Puis le mensonge c’était le mal pour moi.

« C’est vrai que j’aurais besoin d’un peu de temps pour assimiler tout ça mais… »

Respire Haruna, respire. Aux dernières nouvelles, je n’ai aucune aptitude en apnée alors j’allais éviter de faire de l’hyperventilation ou autre chose du genre.

« Peut-être qu’on pourra se revoir par la suite. Tu es la seule personne à être venue me voir et ça devait être parce qu’on était très ami. »

Et que quelque part, cet Oshino Kazuki tenait à moi mais on allait éviter de le dire tout haut.

« Merci d’être venu en tout cas et je suis vraiment désolée… »

…

Cling !

Ce fut comme une ampoule qui s’allumait au dessus de ma tête. J’oubliais les bonnes manières maintenant.

« Tu veux boire quelque chose avant de partir ? »

Désolé...

Ce mot avait une connotation amère, j'avais l'impression qu'elle se fichait un peu en fait de savoir qui j'étais, de se rappeler de ce qu'on avait partagé. Comme si c'était bon, elle avait refais sa vie et tout ce qu'elle avait oublié n'avait aucune importance.

Je savais qu'il ne s'agissait que de mon ressentit personnelle et qu'elle devait être sincèrement peinée de ne pouvoir se souvenir de moi.

Son ami.

Que ce terme était désagréable à mes oreilles. J'avais tout perdu en l'espace que quelques secondes... Il ne manquait plus que mes animaux tombent par la fenêtre et que je me fasse renverser pour que tout soit terminé.

Oh que j'avais mal...

Ça devait être parce qu'on était très amis...

Non...

Si j'étais venu c'était parce que j'avais eu peur, j'en avais fais des insomnies de ne pas pouvoir la voir tout de suite, la serrer dans mes bras et m'imprégner de son odeur sucrée. Je voulais m'assurer qu'elle allait bien, que personne ne l'avait bousculé ou fais du mal, je voulais lui faire des câlins et lui montrer que je l'aimais de toute mes forces !

Voilà ce que j'aurais voulu lui crier. Mais je ne le pouvais pas...

- Oui.., soufflais-je alors que mon regard fuyait celle qui m'avait aimé. Tu es... Enfin... Tu as été l'une des seules personnes à m'avoir aidé à m'intégrer dans cette ville et à me familiariser avec toute cette technologie... Je ne t'en remercierai jamais assez...

J'avais mal, je ne voulais pas rester, pas affronter cette étrangère, cette femme qui ressemblait tant à celle qui avait colé mon coeur mais qui ne se souvenait plus. Notre amour, notre relation, tout ça n'avait il donc eu aucune importance ?!

Mon cœur hurlait, tout mon être pleurait de douleur, mon chagrin et mon désespoir devait se sentir à des kilomètres. Pourquoi mais pourquoi tout ça nous arrivait ?!
Qu'avais-je fais pour que l'amour de Haruna me soit refusé ?!

Je lui avais donné mon amour, ma confiance, tout, elle savait tout de moi. Mais elle avait oublié.

Et je lui en voulais pour ça.

Je n'avais pas le droit de la tenir responsable pour ça, mais je ne pouvais m'empêcher de tout vouloir lui mettre à dos.

C'était elle qui avait oublié, pas moi !

- Je voudrais bien un verre d'eau s'il te plaît. En attendant de boire le bubble tea de ce soir.

J'avais dit ça soudainement et spontanément, moi-même je me surprenais. Je ne voulais pas rester plus longtemps, mais une curieuse force en moi ne pouvait se résoudre à laisser Haruna en plan comme ça. Je voulais continuer à la voir et à m'assurer qu'elle allait bien...

Trop de contradictions en moi... Mais comment pouvais-je résonner logiquement dans cette situation ?

- Après... Je m'en irais, soufflais-je.

Je n'avais envie de rien, ni de manger, ni de boire, ni de me reposer. Je n'avais plus de force ce soir, trop de choses tourbillonnaient dans mon esprit.

Alors j'allais boire ce verre d'eau, m'en aller.

Et me laisser couler.

C’était vraiment une situation compliquée. D’un côté parce que je devais ne pas forcer les souvenirs, de l’autre parce que, quand j’essayais, je me butais contre un mur et c’était vraiment dur.
J’avais envie de savoir ce qui s’était passé pendant cette année et j’avais l’impression que Kazuki m’en voulais pour ça. C’était une impression seulement, je pouvais me tromper… En tout cas il semblait mal-à-l’aise.

Mais qu’est-ce que j’y pouvais si je ne me rappelais pas ?

C’était frustrant d’avoir perdu une partie de sa vie. D’avoir oublié des souvenirs et ceux qu’on avait rencontré pendant ce temps.

J’hochais la tête avant de la pencher. Le bubble tea ça me parlait… Enfin, j’en avais goûté un jour avant d’avoir cette fichue amnésie et c’était bien que ça existait encore.

« Je vais te chercher ça. »

Partie dans la cuisine, je servis le verre d’eau de mon invité avant de lui apporter.

« Tiens. »

Bon point, je n’étais pas sur la défensive, ce qui était bien quand même, non ?

Je le laissais boire l’eau avant de reprendre le verre et le raccompagner jusqu’à la porte… Le retenant un peu avant de fermer la porte.

« On pourrait peut-être se revoir plus tard, ça pourrait m’aider à me souvenir et… Je m’excuse à nouveau car c’est à cause de moi, ma maladresse que je t’ai oublié. »

Enfin lui et tous les autres.

« A bientôt et n’hésite pas si tu as une question ou autre… Même si je risque de ne pas être d’une grande aide. »

Après avoir reçu la promesse qu’on se reverrait bientôt, je fermais la porte.

» La fleur de l'amour refleurit pour estomper les larmes du cœur || Kazuna ♥
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