« You are running so fast, It's like you're trying to escape... Am I wrong ? »
Cumuler le métier d'host et d'agent de la NSA n'est pas de tout repos. Il faut être beau. Tout le temps. Et donc forcément, bien fichu. Chaque semaine, le par Heisei avait l'immense honneur de ma présence pour un petit jogging. Bon, ça se résumait à faire 500 mètres, m'arrêter pour cracher mes poumons, me promettre d'arrêter de fumer, refaire 500 mètres, mourir, m'allumer une cigarette tout en me laissant tomber sur un banc. Mais ça me donnait bonne conscience, c'était le principal. J'attrapais la bouteille d'eau que je trimballais sur moi depuis tout à l'heure, buvant une longue gorgée avant de lâcher un long soupir d'aise. Sérieusement, cette boisson n'était pas reconnu à sa juste valeur !
Laissant retomber la bouteille avec négligence, j'observais les gens passer quelques secondes, en suivant l'une particulièrement du regard. Elle ressemblait beaucoup à la nouvelle... Comment c'est déjà ? Celle qui est si froide et hostile. Si j'étais parano, je pourrais penser que ce n'est qu'avec moi ! Enfin, c'est peut-être juste avec moi, je l'avais vu s'adresser normalement à l'une de nos collègues... Ma conscience voulut immédiatement percer à jour ce mystère, me faisant bondir sur mes pieds pour tenter de la rattraper. En petite foulée comme si je n'avais jamais arrêté de courir. Ça me donnait l'impression d'être plus sportif, comme j'étais sec, et que je ne respirais pas comme un bœuf.
-Ito-chan ! Ito-chan ! Attendez-moi ! La hèlais-je avant de la rattrapant, me plantant devant elle avec un large sourire. Je vous ai vu de loin, alors je trouvais que vous saluer était une bonne idée !
Comme toutes mes idées, en fait. Je n'ai que des bonnes idées, c'est là qu'était tout mon charme, je présume. Enfin, c'était ce que m'avait dit une cliente une fois. Et quoi de plus honnête que la fidèle cliente d'un host ?
-Ça va, vous vous repérez dans Nishinaka maintenant ?
Il me semble avoir entendu qu'elle vivait ici depuis peu. Ma question était tout à fait approprié à la situation, n'est-ce pas ? Enfin, c'était surtout parce que je ne savais pas vraiment comment engager la conversation avec elle, à vrai dire. Je disais un peu n'importe quoi, mais au moins, pour une fois, ça tenait la route. J'avais envie de me félicité rien que pour ça.
Un léger soupir se glissait alors, entre mes lèvres tandis que l'une de mes mains traversaient vaguement la naissance de mes cheveux. La fatigue était à son summum et pourtant, voilà que j'étais déjà éveillée. Le soleil et le bruis extérieur devait y être pour beaucoup, mais peut importe. Dès le moment où j'ouvre les yeux, je sais éperdument que je ne pourrais en aucun cas me rendormir, et ce, même ô combien j'aimerais retomber dans les bras de Morphée. J'inspirais brutalement avant que l'un de mes pieds ne daigne se reposer contre le sol, peu agréable, certes, mais je devais le faire. Un vague coup d’œil vers le miroir accompagna ce simple geste et je ne pus m'empêcher de me dire que si quelqu'un me voyait ainsi, je doute que cette personne puisse me reconnaître. Lunettes de vue, cheveux en bataille et évidemment : le fameux jogging guère aguichant. Je baillais à multiples reprises tandis que je me dirigeais vers la salle de bains afin de paraître d'avantage présentable. Je m'étais rendue à l'évidence que je devais, chaque matin, prendre le temps de me préparer, mais aussi de m'habituer à cette nouvelle vie. Nishinaka était une ville bien différente de celles dont j'avais pu entendre parler, ou même voir. Au final, on s'y habitue, mais je ne connaissais que très peu les environs, alors, pourquoi ne pas profiter de cette levée matinale pour aller faire un petit tour d'inspection ? À cette heure-ci, je n'aurais sûrement pas la chance de croiser une personne en ma connaissance et c'est plutôt bon signe.
Finalement, cette idée me mit de meilleure humeur et quelques minutes suivirent avant que je ne puisse être fin prête. Habillée, maquillée, parée. Tout était plutôt parfait, un résultat dont je ne pouvais être fière. J'avais finalement mis un pied à l’extérieur, plutôt décidé à en connaître davantage, j'avais décidé de faire une légère escale près du parc où un bien grand nombre de sportifs se retrouvent. L'air y était pur. Aucun bruit ne pourrait déranger ce calme paisible qui rendant le moment d'autant plus intense, à mois que quelqu'un ne daigne briser cet effet en éclat... « Ito-chan ! Ito-chan ! Attendez-moi ! Je vous ai vu de loin, alors je trouvais que vous saluer était une bonne idée ! » ; était-ce une blague, ou bien ma chance venait d'être réduite à néant ? Dans les deux cas, la simple vue de cet être haïssable affichant un sourire déconcertant face à moi me donnait tout juste envie de partir, loin, très loin. Les hommes étaient de la pire espèce qu'il soit et je savais de quoi est-ce que je pouvais parler. « Ça va, vous vous repérez dans Nishinaka maintenant ? » ; avais-je réellement envie d'y répondre ? Non. Je souhaitais juste fuir et l'expression de mon visage devait à présent me trahir sur mes intentions. C'est donc, froidement et sèchement que je pris l’initiative de répondre à ses propos : « Je doute que ce fût une très bonne idée, finalement. Je m'en sors, ne vous inquiétez pas pour moi, continuez donc votre sport, ne vous occupez donc pas de moi, ce n'est en aucun nécessaire. Sur ce. » ; par pure politesse, je daignais m'incliner face à cet homme prénommé Ryûhei. Allez savoir pourquoi, mais il s’entêtait à vouloir me parler. Je déglutissais alors, difficilement avant que je ne puisse rapidement passer à ses côtés, la simple image de frôler cet homme me donnait la chair de poule. Je devais me ressaisir, mais je doute qu'il puisse aussi facilement lâcher l'affaire. Je devais être prête à toute éventualité possible.
« You are running so fast, It's like you're trying to escape... Am I wrong ? »
Bizarrement, j’avais l’impression qu’elle n’était pas aussi ravie de me voir que je ne l’étais de la voir. Tristesse. L’expression de son visage me signifiait sans nul doute qu’elle était relativement hostile à ma présence. Pourtant je n’avais rien fait, j’étais parfaitement adorable… Non ? Bien sûr que je l’étais ! Je veux dire, regardons-moi deux secondes. J’étais presque divin tant j’étais mignon et inoffensif. Et sexy. Etait-elle aveugle ? Les agents de la NSA sont censés être un peu perspicace non ? Nom d’une pipe, je ne comprendrais jamais les femmes. J’étais parfait dans mon genre, tellement parfait. Elles ne savaient pas voir les bonnes choses. C’était comme Hanae qui avait bousillé notre mariage pour des broutilles. J’étais un mari tellement exemplaire, elle m’avait poussé à bout, c’est tout.
Son ton sec me surprit et j’affichais totalement hébété en me demandant ce que, diable, j’avais pu faire à cette fille. Peut-être que les personnes de type féminin ayant un prénom commençant par Hana- étaient condamnées à ne pas m’aimer ? Dans ce cas, c’était relativement frustrant ! Et injuste, de surcroît. Je fronçais le sourcils, mécontent de me faire planter là avant d’avancer vivement pour la rattraper, me plantant devant elle avec un grand sourire.
-Hey ! Mais attends un peu, fuis pas comme ça, lançais-je en me rendant compte que ça faisait un peu phrase de psychopathe. C’est… Impolie.
Ouais, bravo mon gars, t’as de la répartie. J’étais bien meilleur habituellement, mais ce n’était pas le genre de situations que j’avais l’habitude de surmonte alors forcément… J’étais un peu mal à l’aise. Je fronçais encore un peu les sourcils, cherchant quelque chose à dire. J’avais bien envie de faire ma victime en lui demandant ce que j’avais bien pu lui faire mais si elle répondait « rien » ça me mettrait mal à l’aise. Laissant une distance convenable entre Hana et moi, je soufflais un peu avant de reprendre.
-Tu pourrais te forcer un peu au moins, on est à Nishinaka, c’est les apparences qui prime ! Alors, grand sourire et dis-moi bonjour, allez !
Je souris, comme pour lui montrer comment on faisait et levais mes bras comme si je tentais de lui donner le « La » qui l’aiderait à parler et dire ce fameux bonjour. Okay, je sentais qu’elle allait encore être plus hostile après mais bon, sait-on jamais, ça détendra peut-être l’atmosphère ?
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