× Because of You 》NAOYA&KAZUKI《

Avec Kanzaki Naoya

Because of You

Flic. Floc. Flic. Floc.

La pluie tombait en grosses gouttes lourdes. J'étais gelé et je commençais à être bien trempé, mais c'était le cadet de mes soucis.

Mon patron venait de me menacer de me virer. Je n'avais rien fait de très répréhensible, j'avais simplement refusé de porter la tenue en accord avec le thème de la soirée à savoir les cow-boys. J'aurai pu le faire si dans la panoplie il n'y avait pas eu un objet. Un revolver. Un faux bien sûr mais je ne pouvais pas. Pour une raison que j'ignorais et que j'ignore encore, il m'est impossible de m'approcher d'une arme à feu et je panique dès que j'en entraperçois une.

Et apprendre cela n'avait pas du tout plu à mon employeur et il m'avait renvoyé chez moi pour la soirée et pour lui j'avais "très fortement intérêt à ne plus contester quoi que ce soit venant de lui sinon...". Je savais très bien que je risquais mon emploi et donc tout ce qui s'en suit, ne plus pouvoir payer le loyer et les factures et ne plus pouvoir envoyer d'argent à ma famille. Un de mes collègues stripteaseur m'avait conseillé d'aller voir un psy. Le problème étant que je n'en voyais pas l'intérêt, peu de personnes se baladent avec des armes à feu et en plus ce genre de thérapie coûte cher.

Voilà donc pourquoi je me retrouvais dans la rue, sous une pluie plutôt violente, sans manteau puisque j'étais parti du club en prenant seulement mon sac avec mes papiers à l'intérieur. Je risquais au pire la pneumonie et au mieux un simple rhume mais là je pensais surtout aux moyens de m'en sortir sans trop de dégâts si je venais à me faire virer. Je n'avais pas trente-six solutions, avec mon peu de diplôme, il n'y avait que les métiers liés à l'industrie du sexe et de l'érotisme qui puisse me rapporter assez pour subvenir à mes besoins.

Complètement perdu dans mes pensées, je ne me rendis pas tout de suite compte que la pluie ne me tombais plus dessus. Je relevais la tête pour voir ce qui se passais et c'est là que je vis un parapluie au-dessus de moi. Et la vision du propriétaire de l'objet suffit à me faire sourire sincèrement.

- Naoya ! Tu vas bien ? demandais-je avec enthousiasme.

J'en avais oublié que je ne devais pas être très présentable avec les cheveux et le t-shirt trempés. Mais sur l'instant c'était le cadet de mes soucis. Naoya était le garçon avec qui j'avais la relation la plus étrange. Je n'aurai pu mettre des mots pour définir notre lien mais tout ce que je savais c'est que sa présence réchauffait ma poitrine.

- Qu'est-ce que tu fais dehors par ce temps ? Tu vas prendre froid.

Cela devait être assez risible d'entendre ça de ma bouche vu que celui qui risquait le plus le coup de froid ou la pneumonie c'était moi. Mais sur l'instant, je pensais surtout à sa santé à lui. Je ne voulais pas voir ce beau visage ravagé par la fatigue et la maladie.

Je venais de quitter le journal, soupirant un peu à cause de la pluie. Heureusement j’avais toujours un parapluie dans mon bureau et je rentrai directement ce soir. Je n’avais aucun rendez-vous, ce qui m’arrangea fortement car je commençai à être fatigué.

Je fis quelque pas en direction de chez moi avant de décider de faire un léger détour. Malgré la fatigue, je ne me sentais pas l’envie de rentrer tout de suite mais de faire du faire du repérage dans les vitrines des magasins de Mazerumachi.
Au bout d’un moment, mon regard finit par se détourner des vitrines pour scruter les gens dans la rue. Presque tout le monde avait un parapluie… Presque car je vis une personne qui marchait lentement sous la pluie, semblant déprimer.

Un sourire, presque sadique, se dessina sur mes lèvres en reconnaissant l’individu. Oshino Kazuki. Il était depuis peu à Nishinaka et semblait appartenir à la catégorie des Denshou. J’avais réussi à l’approcher de façon à ce qu’il ait confiance en moi et aussi, parce que je ne voyais pas de quel droit il se permettait de ne faire aucun effort pour s’adapter aux idéologies de la ville. Malheureusement pour lui, il était tombé dans mon piège et ça avait été très simple.

Je vérifiai la circulation avant de traverser tout en changeant l’expression de mon visage pour afficher un sourire plus doux. Je devais être avenant envers Kazuki pour qu’il pense que j’ai des sentiments pour lui… Ce qui n’était absolument pas le cas. Si j’étais bisexuel, je le saurais… Enfin je le suppose car je sentais la différence quand j’étais en présence d’une femme ou d’un homme. Dans le premier cas, je perdais souvent tous mes moyens alors que, dans le dernier cas, j’avais très souvent la situation bien en main.

Une fois à la hauteur de Kazuki, je plaçais une partie de mon parapluie au dessus de sa tête tout en le suivant. Je commençai à me demander s’il m’avait remarqué au moment même où il s’arrêtait. Quand il me regarda je fronçai un peu les sourcils pour, qu’ainsi, il pense que j’étais content de le voir mais aussi que je n’étais pas très content de le voir marcher sous la pluie sans parapluie.

« Je vais bien et… »

Je n’eus pas le temps de prendre de ces nouvelles ou de le gronder que le jeune homme enchaîna sur une deuxième question. Faisant comme si je faisais attention à lui et que ce qu’il m’avait dit me laissais perplexe, je fronçais un peu plus les sourcils.

« C’est plutôt à toi que je devrai poser la question, tu vas prendre froid à te promener comme ça sous la pluie. »

J’avais dit ça comme si j’étais une mère qui grondait son enfant pour que Kazuki pense que je m’inquiète vraiment pour lui.

« On n’est pas très loin de chez moi, et je ne te laisse pas le choix, tu m’accompagnes. »

Je gardais les sourcils froncés pour qu’il comprenne que je ne plaisantais pas. Je radoucis mon expression avant de lui prendre la main pour le guider jusqu’à mon appartement. Je n’allais ni trop vite, ni trop lentement pour qu’il arrive à me suivre.
Une fois devant l’immeuble, je sortis le passe pour entrer dans le bâtiment et lâchai la main de Kazuki pour plier le parapluie. Je guidai le jeune homme jusqu’à mon appartement, lui tenant la porte pour qu’il découvre mon antre… C’était la première fois qu’il y rentrait et j’espérai que toute la technologie présente n’allait pas le faire fuir. Ça serait bête que mon plan tombe à l’eau à cause de ça. En parlant d’eau… Je partis dans ma chambre avant de revenir avec des vêtements que je lui tendis.

« Je pense que c’est mieux si tu te changes. Tu risques de tomber malade sinon. La salle de bain c’est la première porte à gauche. N’hésite pas à prendre une douche et à mettre du chauffage si besoin. En attendant je vais préparer un chocolat chaud, ça te réchauffera. »

J’accompagnai mes paroles d’un petit sourire ainsi que d’un regard un peu gêné alors que j’étais très loin de l’être.

Avec Kanzaki Naoya

Because of You

J'avais l'impression de sentir mon cœur se gonfler à chaque mot de Naoya. Il semblait réellement inquiet pour moi et cela me rendait heureux d'une certaine façon. Il fallait se l'avouer, malgré les quelques amis que je m'étais fait dans la ville, on ne pouvait pas dire que j'étais intégré. Je ne me faisais pas à cette ville et elle ne semblait pas vouloir m'intégrer non plus. Plus les jours et les mois défilaient et plus je me sentais rejeté et pas à mon aise.

Mais il y avait Naoya qui était arrivé.

Mon monde avait comme changé depuis que cet homme avait débarqué dans ma vie. C'était l'une des personnes qui rendaient ma vie à Nishinaka un peu plus facile. Il était le japonais de base, mais en mieux. Il était plus tout. Plus beau, plus lumineux, plus tactile, plus souriant, plus gentil aussi. La preuve était qu'il m'invitais - obligeais - à venir chez lui pour éviter que je ne tombe malade. Très peu d'autres personnes auraient fais cela pour moi.

Et puis il avait pris ma main. Je ne m'en étais pas rendu compte sur le coup mais après plusieurs mètres, un léger rougissement traitre était venu réhausser la couleur de mes pommettes. Je devais certainement ressembler à une collégienne se faisant approcher par le plus beau garçon de l'école mais j'avais de la chance, avec le temps sombre, ma soudaine coloration ne se voyait pas.
Arrivés chez lui, je crus me prendre un coup de fouet en plein sur le visage. Il n'y avait que de la technologie dernier cri. C'était jeune, récent, ça respirait l'électricité et les circuits imprimés à plein nez. Du moins de mon point de vue, je suppose que de celui de Naoya, tout cela était normal.

Cependant, je ne pus même pas dire un mot, que déjà je me retrouvais avec des vêtements secs dans les mains et la direction de la salle de bains dans la tête. Je lui offris un sourire de remerciement ainsi qu'une légère courbette et je m'enfonçais dans la pièce. Savoir que j'allais porter les vêtements du garçon avec qui j'avais peut-être le plus d'affinité me rendait tout bizarre et je me refusais à rentrer dans ce que je pouvais presque appeler "reliques" et donc je pris une rapide douche. Pas le temps de se détendre, l'eau chaude est précieuse et coûte cher.

Après m'être séché consciencieusement, je me décidais à enfiler les vêtements prêtés. Ils étaient seulement un peu grand mais ça semblait ne pas m'aller trop mal. Il me fallut un courage monstre pour arriver à sortir de la pièce et faire face à mon hôte.

- Merci pour les vêtements et les serviettes... J'ai mis les miens à sécher sur le radiateur... Ça ne devrait pas être très long...

Je ne souhaitais pas le gêner, peut-être avait-il quelque chose de prévu après tout. Je lui souris doucement et là je vis les deux tasses de chocolat chaud fumantes posées sur la table et la générosité de Naoya me sauta aux yeux encore plus que précédemment. Et l'impression de vivre dans un monde séparé du sien s'estompa. Certes, il semblait adorer les petits bijoux électroniques dernier cri, mais il il semblait rester quelqu'un de simple et d'humain.

Le garçon parfait.

- Merci, dis-je en rosissant légèrement après avoir pris la tasse qui m'était réservée et en buvant une gorgée. C'est vraiment bon... Tu l'as fait toi ?

L'absurdité de ma question me sauta aux oreilles. Evidemment que non, il devait avoir une préparation toute prête ! Tu devrais sortir de ta campagne de temps en temps Zuki ! me sermonnais-je mentalement.

- C'est joli chez toi... C'est très moderne.

Je cherchais à embrayer sur d'autres sujets, histoire qu'il ne reste pas trop sur un avis négatif à mon propos.

Une fois le jeune homme hors de vue le sourire que j’avais se transforma pour devenir un sourire satisfait en pensant au fait que mon plan était sur la bonne voix. Je partis dans la cuisine pour préparer des chocolats chauds maisons. Je fis chauffer du lait tout en mettant du chocolat et cacao en poudre dans chaque tasse. J’avais déjà testé plusieurs préparations qui pouvaient exister et ce n’éta pas si bon que quelque chose fait maison puis ça semblait moins sain.
Pendant que je préparais la boisson, le sourire que j’avais ne me quittait pas. Au contraire il s’agrandissait en pensant que j’avais trouvé comment j'allais me divertir ce soir. C’est en ayant ces pensées que je finis de préparer les chocolats chauds, mettant un peu de sucre pour palier à l’amertume du cacao.

Je venais à peine de poser les deux tasses sur la table que Kazuki sortit de la salle de bain. Ce fut le bruit de la porte qui me fit changer, à nouveau, de sourire. Un plus doux, ce qui me faisait rire intérieurement, s’il pouvait imaginer ce qui se passait réellement il ne serait pas là être, si spontané et innocent avec moi. Quand il me parla, je me tournai vers lui, un doux sourire sur les lèvres.

« Ne t’en fait pas, le tout c’est qu’il soit sec demain, je dis en souriant. Au pire je te passerai des vêtements. »

Je m’assis sur le canapé l’invitant à faire de même avant de lui tendre sa tasse de chocolat chaud. Je ne dis rien quand il me fit un premier compliment, faisant semblant de ne pas vraiment comprendre pourquoi il me posait cette question. L’embarras visible sur ses traits était tellement satisfaisant. Dans ces moments, je me rendais compte que j’avais presque atteint mon second objectif. Le premier était qu’on devienne « ami », le second qu’il me voit autrement pour lui faire encore plus mal à la fin.
Voyant qu’il essayait de changer de sujet, je décidai de parler… Cherchant à le rassurer. Paraître avenant, poli ou même lui faire penser que je le considérai plus que comme un ami. Que j’étais là pour lui.

« Pour le chocolat chaud, je ne comprends pas vraiment pourquoi tu me poses la question. Il ne serait pas aussi bon s’il était fait industriellement. Et pour la décoration… Disons que c’est une chose qui en a amené une autre, je dis après une pause, un peu honteux. Je me suis laissé tenter même si des choses ne me servent pas toujours comme le lave-vaisselle. Mais c’est compliqué de dire non à un vendeur… On repart souvent avec une télévision et un téléphone portable alors, qu’au départ, on voulait simplement un grille-pain, je dis en riant un peu mal à l’aise en me grattant l'arrière de la tête. »

Ainsi, je montrai que j’étais assez faible. En vérité, si un vendeur essayait de m’arnaquer, je n’hésitais pas à hausser la voix et me plaindre. Je ne me laissais pas avoir si facilement. Ça non. Mais dire ça reviendrai à entacher l’image que Kazuki avait de moi, ce qui pouvait compromettre mon plan… Et je devais à tout pris éviter ça !

« Assez parlé décoration… Qu’est-ce qu’il s’est passé ce soir pour que tu te retrouve à marcher sous la pluie sans être couvert ? C’est par rapport à ton travail ? Si tu as besoin de parler, je suis là, tu le sais j’espère. »

Je penchai la tête sur le côté, une expression inquiète et attentive sur le visage. Il penserait ainsi que j’étais vraiment là pour lui, à son écoute.
Dans ces moments-là, j’avais l’impression d’être un très bon comédien surtout quand je constatai que Kazuki avait l’air d’avoir vraiment confiance en moi.

Avec Kanzaki Naoya

Because of You

Demain ? Comment ça demain ?

J'avais eu un instant de bug intérieur quand il m'avait parlé du lendemain. Je n'osais imaginer qu'il sous-entendait que je devais rester dormir chez lui dans son appartement cette nuit. Pour une raison que je me refusais de comprendre, une chaleur apaisante prit place dans ma poitrine. C'était presque trop d'un coup. J'étais très heureux de savoir que j'avais un ami qui se souciait autant de moi...

Sa réflexion lui fit marquer un point. Même si je n'avais jamais goûté les préparations industrielles, je ne pouvais que le croire à propos de leur médiocrité gustative. Ces produits devaient être bourrés d'additifs, de conservateurs et d'arômes artificiels. Autrement dit, des produits que j'essaie d'éviter au maximum. Quand on a grandi dans le bio et la nourriture saine, difficile de s'habituer à la junk-food au goût tout sauf naturel.

Je comprenais Naoya quand il disait se laisser à acheter ce qui lui plaisait. Je ne pouvais me permettre de faire ça, mais si j'avais les moyens, c'est certainement ce que je ferai églament. Sa décoration high-tech n'était pas dans mon style certes, mais je ne voyais pas pourquoi Naoya se sentait gêné et honteux. C'était son monde, celui dans lequel il avait évolué. Un monde aux antipodes du mien. Je supposais que de toute façon je ne comprendrai jamais complètement l'engouement pour toute cette technologie. Mais mon raisonnement devait certainement marcher pour Naoya. Il n'avait pas évolué dans les mêmes conditions que moi. Lui ne devait pas non plus comprendre pourquoi je préférais les choses naturelles et la simplicité de ma vie d'antan.

Parfois, je ressentais le regard des autres sur moi quand je leur annonçais que je ne connaissais pas l'utilité de telle ou telle machine. Les téléphones portable très grands qui ne rentrent plus dans les poches par exemple. Un téléphone n'était-il pas fait pour téléphoner et envoyer des SMS et puis être "portable"? Et les gens de Nishinaka devaient se dire "Mais de quelle époque il vient lui ?".
Ah... Ma vie à Aso me manquait et certains jour, j'avais envie de rentrer auprès de mes parents dans ma campagne. Vivre entouré par la nature...

Je me rendis compte que je partais trop loin dans mes pensées quand mon ami chercha à savoir pourquoi j'étais dans cet état ce soir.
Naoya était vraiment adorable de vouloir essayer de me remonter le moral et me prêter son épaule pour pleurer et me plaindre. Mais repenser et parler de ce qui s'était passé ce soir me fit perdre toute joie et me faisait me sentir morose.

- Rien de très grave... Juste un différent avec mon patron. Il ne faut seulement pas que je recommence si je veux garder mon travail...

Ce n'était pas facile d'expliquer la raison de notre petite altercation. Mais je ne voulais pas rendre la chose plus importante qu'elle ne l'était. Et puis je ne souhaitais pas rendre cette soirée chez Naoya morose et triste. J'avais appris à ne pas tracasser les gens avec mes problèmes. Mes parents m'avaient toujours appris à ne pas embêter les autres avec ses soucis personnels.

- Ça devrait s'arranger tout seul. J'irai m'excuser une nouvelle fois demain et tout rentrera dans l'ordre, finis-je par dire avec un sourire léger.

Du moins c'est ce que j'espérais. Car si je perdais ce travail, je ne pourrais plus payer ni le loyer, ni envoyer d'argent à mes parents...
Je secouai légèrement la tête et bu une gorgée de chocolat chaud pour faire partir les pensées négatives. J'étais chez Naoya que diable !

- Mais cessons de parler de moi sinon je vais finir par raconter toute ma vie et ce n'est pas très intéressant... dis-je doucement. Mais et toi ? Que faisais-tu à cette heure dehors, je crois que tu m'avais dit que tu finissais tard d'habitude.

J'avais une très bonne mémoire des choses concernant Naoya on dirait.

En attendant qu’il me réponde, je fis un visage de plus en plus inquiet, riant intérieurement. J’étais loin de l’être, il y avait peu de personnes pour qui je m’inquiétais et tous, étaient des personnes qui respectaient les idéologies de la ville.
Après la mort de mon beau-père j’avais renié tout ce qui touchait aux nouvelles technologies jusqu’à ce que la NSA me contacte. À ce moment-là je m’étais senti si honoré que j’avais pris ce problème en main pour pouvoir être parfait dans cette ville. J’avais souffert pour en arriver là où j’en étais aujourd’hui. Changer celui que j’étais auparavant, penser autrement que comme j’avais pensé pendant une bonne partie de ma vie. Je m’étais souvent retenu pour ne pas mettre tous ces objets électroniques à la poubelle mais j’avais tenu bon. Aujourd’hui, je ne me voyait plus vivre sans.

Quand il reprit la parole, je fis une mine de plus en plus inquiète avant de sourire tendrement à la fin. Je ne le montrais pas mais j’avais confiance en moi, malheureusement pour Kazuki c’était un homme qui avait attiré mon attention et réveillé mon côté sadique. J’aurais été beaucoup plus embêté en présence d’une femme… Ça oui !
Je retins un sourire satisfait en constatant que le jeune homme se souvenait de certaines choses dont je lui avais parlé il y a un moment. Surtout que c’était des détails, ça montrait l’intérêt que Kazuki me portait.

« J’ai fini plus tôt aujourd’hui. J’étais à jour dans mon travail et donc je n’ai pas eu besoin de faire des heures supplémentaire. »

Après cette rétorque je lui ébouriffais les cheveux, souriant tendrement. Quelque part ce n’était pas faux, voir pas faux du tout. J’avais bouclé tous mes articles que mon rédacteur en chef avait qualifiés de « parfait », comme toujours. Dans mon travail de NSA, j’étais en plein dedans.

« Tu sais, si tu as besoin de parler je suis là. Si ça te paraît inintéressant sache que ce n’est pas ce que je pense. Au contraire Kazuki, ça m’intéresse parce que c’est toi et que je t’apprécie… Donc ne dis pas des choses comme ça, je dis un peu mécontent. D’accord ? »

Je lui fis un sourire encourageant mais au fond, je riais plus qu’autre chose. Sa vie m’intéressait surtout pour rassembler les preuves de son non-adhérence aux idéologies de la ville mais aussi pour savoir où frapper pour faire mal plus tard.
Je n’avais aucun scrupule de faire ça, pas du tout ! C’était la première fois que j’agissais comme je le faisais et vu la satisfaction que j’en tirai pour le moment, je pense qua ça ne sera pas la dernière fois.

Je mis ces pensées de côtés et, de nouveau, j’ébouriffais tendrement les cheveux de Kazuki avant de lui tapoter le haut de la tête. Je réfléchis rapidement avant de poser mes doigts sous son menton pour relever sa tête et plonger mon regard dans le sien.
Soudain, j’eu l’impression d’être dans un shojo avec une fille naïve, Kazuki, totalement sous le charme du garçon le plus manipulateur du lycée, moi. Mais, à la différence d’un shojo, ça ne finira pas en histoire d’amour.

« Tu me promets de ne plus dire ce genre de chose ? »

Toujours les yeux dans les yeux, je le regardais le plus sérieusement possible. À ce moment-là je mis toutes mes mauvaises pensées de côtés pour éviter qu’il voie que je n’étais pas sincère avec lui. Après tout, on dit que les yeux sont les reflets de l’âme. Je ne croyais pas à ce genre de chose mais je ne voulais pas prendre de risque.
Dans cette position, je me sentais également supérieur à lui. J’étais le maître d’un jeu dont moi seul dictait les règles. Un jeu dont j’étais le seul au courant de son existence, Kazuki était ma victime. Il jouait malgré lui, ne sachant pas dans quoi il s’était embarqué en me rencontrant et en acceptant de me « connaitre ».

Avec Kanzaki Naoya

Because of You

Pourquoi toutes les personnes de cette ville devaient être si différentes de Naoya ? Il aimait les gadgets électroniques et la technologie mais il restait quelqu'un de très humain, et apparemment tourné vers la conversation et le contact avec les autres. Le genre de personne à laquelle je voulais ressembler... Mais c'était impossible, j'en avais conscience.
En fait, j'avais plus ou moins deviné qu'il avait dû finir plus tôt, je le voyais mal partir sans avoir fini son travail. Un journaliste devait pouvoir rendre un article impecable et bien structuré. Du moins c'était l'diée que je me faisais du métier.

Quand il me dit que ce que je disais l'intéressais. Je pris réellement conscience qu'il était un ami proche, le genre d'ami que tout le monde veut. Une petite partie de mon cerveau ne cessait de me lancer des signaux d'alerte me disant "Ce n'est pas normal ! Tu es un japonais banal ! Pourquoi aurais-tu attiré l'attention de quelqu'un comme Naoya ?!" Mais je ne l'écoutais pas. C'était certainement dû à un léger complexe d'infériorité à cause de sa maîtrise de la technologie, mais rien de plus.

- Tu me fais penser à mes parents... fis-je évasivement.

Je ne cherchais pas à dire que notre lien me faisait penser à un lien familial. C'était seulement qu'il n'y avait qu'eux pour se soucier autant de moi. Il fallait dire qu'ils en avaient bavé tout au long de leur vie et qu'ils savaient à quel point la vie était précieuse, parfois cruelle et qu'il fallait l'apprécier à sa juste valeur. Malgré que l'on ait largement dépassé les temps du monde presque entièrement rural. Mes parents avaient connus une sorte de misère, celle du manque d'argent dans les campagnes. Ils m'avaient donc tout naturellement enseignés l'art d'économiser et à aider les autres car certains étaient encore moins chanceux que ma famille, ils pouvaient être sans toit, sans personnes à qui parler, avec une santé défaillante, etc...

J'aurai aimé parler davantage de ma famille à Naoya mais il allait forcément me prendre pour un idiot et me rire au nez. Il allait me traiter de menteur parce que "Des éleveurs de moutons et de chèvres au Japon ? Tu te fous de moi ?!"

J'allais lui répondre quand il y eut un geste auquel je ne m'attendais pas, mais alors pas du tout

Naoya me fit relever le visage vers le haut et nos regards se confrontèrent. Petit, ma mère m'avait dit que j'avais les yeux de mon grand père. Des yeux remplis de l'innocence du jeune enfant et dans lesquels on pouvait clairement voir à quoi je pensais. J'espérais secrètement que ce n'était pas le cas, parce qu'à cet instant précis, je me disais que Naoya avait des yeux magnifiquement profond. J'aurai pu m'y noyer.

Ses paroles me firent l'effet d'un déclic. Et je me rendis compte de notre soudaine proximité tout aussi dérangeante que attirante. J'étais un peu trop perdu. Je ne savais plus trop que penser. C'était la première fois que je tombais dans le gouffre des sentiments, j'étais un novice, encore plus qu'avec la technologie. Et je pris peur. Mes réflexes furent de dégager ma tête de sa poigne légère et de tourner les yeux vers un point invisible que moi suel connaissait.

Mais il fallait que je lui réponde.

- Non... Je ne peux pas te promettre cela... Car je sais que cette promesse, je la briserai. Et je ne veux pas briser une promesse faîte à quelqu'un que j'apprécie... Beaucoup... ajoutais-je un ton un peu plus bas.

Je me mordis la lèvre, me sentant idiot d'avoir réagi de cette façon. Il fallait dire que ça avit été un peu brutal... Pour me faire "pardonner" ma réaction, je me décidais à toucher quelques mots sur mes parents et ma vie d'enfant.

- Tu as déjà dû comprendre que je ne viens pas d'ici... Je viens de Aso au centre de Kyûshû. Mes parents sont des éleveurs, ils sont loin d'être riches et donc je n'ai pas eu tout ce que les enfants comme toi ou d'autres ont eu. C'est pour cela que toute cette technologie dans cette ville m'étouffe un peu... Mais je n'ai pas le choix de toute façon. Je n'aime pas trop parler de ma famille, j'ai l'impression qu'il s'agit d'un autre temps alors que pourtant... Pendant que Nishinaka est en pleine expansion, Aso reste une petite ville près d'un dangereux volcan où la vie n'est pas tout les jours facile...

Je me replongeais dans mes souvenirs sans vraiment m'en rendre compte. Je n'avais peut-être pas grandit avec des jouets électroniques et des consoles, mais j'avais connu quelque chose que les jeunes d'aujourd'hui semblaient oublier. La nature qui nous entoure, la terre sur laquelle nous vivons. Et pour avoir connu "sa souffrance" à travers les volcans, je la respectais énormément.

- Mais si mon récit te donne envie d'aller visiter le coin, il y a pas mal de thermalisme grâce au volcanisme, finis-je en souriant.

J’haussai un sourcil quand Kazuki se dégagea de ma poigne… Je me poser réellement des questions, me demandant s’il n’avait pas mal interprété mon geste, si je n’avais pas mal agi… Quoique, à sa réaction je compris simplement qu’il était mal à l’aise et donc que je n’avais plus grand-chose à faire pour aboutir à la fin de la phase deux de mon plan.
J’écoutais son discours sur sa famille, un peu intéressé pour avoir quelques informations. Je ne m’imaginais pas vivre dans une ville comme Aso… Pas de Smartphones, de consoles de jeux dernières générations et où on penserait que la wifi serait quelque chose qui se mange… J'exagérais peut-être mais je trouvais que c’était horrible comme situation, mais j’étais prêt à tout pour arriver à mes fins. Même l’accompagner quelques jours à Aso s’il me le demandait.
J’étais prêt à tout, vraiment. Cette affaire allait au-delà du cadre professionnel, c’était devenu une affaire personnelle… Malheureusement pour lui.

Je souris tendrement en entendant son histoire, me disant que j’aurais préféré être aussi innocent que lui. Vivre à la campagne m’aurait certainement permis de ne pas perdre un être cher comme mon père ou mon beau-père… Je ne le montrai pas mais je jalousais le jeune homme qui se trouvait dans mon salon. Savoir que nos deux parents étaient en vie, en bonne santé, devait être tellement bien.

Je mis ces pensées noires de pensées, préférant ne pas détruire ma couverture parfaite devant quelqu’un comme Kazuki.
Suite à cela, j’ébouriffai une nouvelle fois les cheveux du jeune homme pour attirer son attention, souriant toujours tendrement.

« Promets-moi autre chose dans ce cas. Ne dis pas que tu n’es pas intéressant seulement devant moi, d’accord ? »

Je me penchais un peu vers lui, mettant mon doigt sur son nez… Le regardant sérieusement. Très sérieusement, ne pensant pas un mot de ce que je disais, je repris la parole.

« Rien que t’entendre parler de Aso, ton ressenti sur Nishinaka… Tout ça m’a donné envie d’en apprendre plus sur toi. D’ailleurs en parlant d’Aso… »

Je me levai précipitamment pour aller dans la cuisine. J’avais lu quelque part que les racines de lotus avec de la farce à l’intérieur des trous étaient assez appréciées là-bas.
Ayant prévu de préparer à l’improviste, un jour, une spécialité d’Aso je m’étais documenté et entraîné pour pouvoir préparer quelque chose.
Puis, je pouvais profiter de ce moment seul pour relâcher le masque souriant que j’avais face à Kazuki. Je me reconcentrais,également, sur mon objectif que je commençais à perdre de vue. J’avais failli lui parler de ma vie en l’entendant parler de ses parents. Ce que je devais à tout prix éviter pour ne pas qu’il ait un argument pour se venger par la suite.
Car, même s’il semblait être un naïf et innocent petit agneau je préférais ne pas m’y fier et envisager toutes les possibilités. Les apparences étaient trompeuses, je le savais mieux que personne. Je jouais moi-même avec.

Après avoir fini de préparer les racines de Lotus et avoir cuit du riz. Je préparais un plateau avec tout ça, y ajoutant quelques yakitoris réchauffés. J’apportais le tout avec un magnifique sourire sur les lèvres, ayant l’impression d’être un enfant qui avait préparé quelque chose pour ses parents et qui était fier d’avoir réussi.

« J’espère que tu as faim ! J’ai réchauffé quelques yakitoris et préparé du riz et du karashi-renkon… J’ai entendu parler de ça il y a quelques temps et depuis que j’ai gouté j’ai toujours de quoi en faire car j’ai bien aimé. Quand tu m’as parlé d’Aso, je me suis souvenu que c’était une spécialité de là-bas, je me trompe ? »

Je mis le plateau sur la table basse pour qu’il puisse voir le contenu. Deux bols de riz, une assiette de yakitori et une de karashi-renkon. Je me rassis ensuite à côté de lui avant de prendre les deux paires de baguettes sur le plateau et de lui en tendre une tout en désignant la nourriture avec ma seconde main.

« Mange autant que tu veux, j’espère que c’est bon. »

Je souris un peu moins sûr de moi en apparence… Comme si j’étais mal à l’aise… C’était improbable, j’avais confiance en ma cuisine et suite aux nombreux compliments qu’on m’en avait faits, je ne me faisais pas de soucis sur ce point. Puis, surtout, j’avais repris le contrôle de moi-même et le jeu continuait ! Donc je n'étais absolument pas mal à l'aise, j'avais la situation bien en main.

Avec Kanzaki Naoya

Because of You

J'avais souri gentiment à Naoya. Et je lui avais donc promis de ne plus dire que j'étais inintéressant devant lui. Pour sceller cette promesse j'avais sorti de ma poche un rasoir. (On en a toujours besoin quand on est stripteaseur, quand on s'est mal épilé, pour les retouches en quelques sortes). Et je m'étais entaillé le dos de la main, une très légère coupure. Je lui avais montré de plus près. J'en avais des dizaines et des dizaines sur les deux mains mais elles ne se voyaient que si on regardait très attentivement.

- C'est comme ça qu'on scelle les promesses avec mes amis, expliquais-je. En théorie, si on brise la promesse, même involontairement, on doit révéler notre plus grand secret à la personne trahie. Je n'ai jamais eu à le faire.

Et j'en étais fier puisque je n'avais rompu aucune promesse. Je suis un ami loyal et prêt à tout pour aider les autres. Sauf quand il s'agissait de payer... A ma plus grande honte d'ailleurs j'étais devenu une sorte d'avare.

J'avais légèrement rougit quand Nao avait parlé d'en apprendre plus sur moi. Cette situation m'intimidait un peu. Beaucoup savaient pour le fait que je vienne de Aso mais assez peu étaient au courant de la situation de mes parents. Et en parler à Naoya - surtout à Naoya en fait - me gênait.

Naoya s'étant levé un peu précipitemment et m'ayant laissé seul dans son salon, je m'étais levé pour faire un peu le tour du propriétaire. Passant parfois délicatement mes doigts sur les appareils que je ne connaissais pas, essayant de deviner à quoi ils pouvaient servir de par leurs formes et l'endroit sur lequel ils étaient. J'imaginais Piwi se balader entre toutes ces mechines, elle serait certainement ravie de se coucher sur certaines. En repensant à mon chaton, je repensais aussi au fait que je ne connaissais personne possédant un animal dans le coin. Ma pauvre petite Piwi allait se sentir seule... Et Spin s'en fichait royalement. Je revins m'assoir sur le canapé au bout d'un petit moment, ne voulant pas me faire surprendre en train d'observer.

Je fus très surpris de voir Naoya revenir avec un plat que je connaissais bien et que j'avais eu le loisir de voir maintes fois déclinées à toutes les sauces. J'étais d'ailleurs agréablement surpris qu'il connaisse ce plat, une spécialité de Kyûshû dont on entend peu parlé et qui n'est pas souvent sur les cartes des restaurants du coin. Et puis pour une fois je pouvais étaler un peu de mes connaissances !

- C'est très consommé à Aso mais c'est une spécialité de la ville de Kumamoto.

Je lui souris de manière reconnaissante, ça faisait si longtemps que je n'avais pas mangé de kareshi renkon ! Petit, je n'aimais pas trop ça mais au fil du temps, j'ai appris à apprécier la saveur particulière de la racine de lotus avec du kareshi. Ma mère n'en préparait pas souvent mais de temps en temps, si j'avais de bons résultats scolaires, elle en cuisinait pour me féliciter. Ce plat faisait parti des plats dit "récompense" avec le Castella que j'appréciais beaucoup.

Je pris les baguettes, murmurant un "ittadakimasu" avec un sourire puis je commençais à manger. Doucement.
Je ne mangeais pas vite parce que j'avais connu des jours où le repas du soir n'était pas là à cause du manque d'argent. Alors je mâchais longuement, savourant chaque ingrédient. Et je ne fus pas déçu. Ce n'était certes pas autant assaisonné qu'à Aso mais c'était très bon quand même et je me retins de lâcher une sorte de ronronnement de bonheur.

- C'est vraiment délicieux, dis-je avec un sourire.

Je piquais également des yakitori pour aller avec mon riz et je piquais du kareshi renkon de temps en temps. C'était le genre de plat que je ne mangeais pas souvent dans mon studio, enfin si je mangeais. Arrivé à la fin du mois, j'avais en général assez d'argent pour me nourrir décemment mais comme je mettais de côté, il y avait des fois où je sautais un repas par ci par là. Ce n'était pas conseillé et certains me diraient que je jouais avec ma santé, mais j'avais fait ça plus jeune et je me portais plutôt bien.

Au final, je finis mon bol de riz et à la fin du repas, je me sentais repu et détendu. Et puis quelque chose me vint en tête. Je ne pouvais décemment pas ne pas remercier Naoya pour tout ce qu'il avait fait pour moi !

- Comment puis-je te remercier de ton hospitalité ? J'aimerai pouvoir faire un peu plus qu'un simple "merci" parce que je pense que ce ne serait pas assez...

Ce que me dit Kazuki à propos de mon plat improvisé me fit réaliser que j’allais me coucher moins bête ce soir, ce qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps. Je souris tout en hochant la tête, le regardant manger. En réalité je ne lui prêtais pas plus d’attention que ça, me demandant sur quoi je ferais mon prochain article. J’avais pas mal de possibilité, certaines plus intéressantes que d’autres mais je devais faire un choix entre toutes celles qui m’intéressaient.

Le jeune homme dû mal interpréter ma rêverie car il me complimenta sur ma cuisine. Je pris à mon tour de quoi manger avant de prendre la parole.

« Je suis content si ça te plait, vraiment, je dis avec un sourire. Même si je ne dois pas être très bon cuisinier. »

Un rire intérieur s’était déclenché. J’étais un très bon cuisinier, peut-être pas autant que certains mais très bon quand même. Cela pouvait s’expliquer par le fait que j’avais du apprendre assez rapidement la cuisine pour ne pas mourir de faim… Ma mère ayant abandonné toute envie de faire quoique ce soit, je m’étais débrouillé tout seul pour éviter qu’on rejoigne trop rapidement mon beau-père.
Comme pour tout ce que je faisais, je m’étais entraîné pour atteindre un excellent niveau et que mes plats soient considérés comme parfait par les autres. Mais également parce que j’aimais la bonne cuisine.

Après avoir fini de manger je mis les tasses vides de chocolat, les couverts et les bols de riz dans le plateau. Je m’apprêtais à tout apporter dans la cuisine quand mon invité prit la parole. Heureusement que j’étais dos à lui parce que je n’avais pas pu empêcher le sourire satisfait voir sadique qui vint se dessiner sur mes lèvres à l’entente de sa question.
Je fermais les yeux avant de prendre un air un peu embêté par la situation et de me tourner vers lui. Je le regardais un peu gêné tout en me grattant l’arrière de la tête… J’avais la sensation que si je ne faisais rien maintenant, mon plan tomberait à l’eau.

« Un simple me merci me suffit largement, je dis avec un petit sourire. Te voir content me suffit largement. »

Je m’approchais de lui pour lui pincer la joue et, ainsi le faire sourire. Ma main resta ensuite sur sa joue alors que mes yeux se plantèrent dans les siens. La distance entre nos visages était calculée, de même que mes futurs gestes. Je n’avais aucun doute sur la suite des évènements… Un petit, mais c'était parce que j’avais appris à ne jamais trop espérer sinon on pouvait se brûlait les ailes, d’après la charmante femme qui est ma mère.

J’approchais lentement mes lèvres des siennes, le regardant toujours droit dans les yeux. Ainsi, je lui laissais le temps de tout arrêter s’il le voulait. Même si je savais qu’il attendait ça depuis longtemps je préférais ne pas le brusquer. Il fallait que tout soit parfait car la suite de mon plan dépendait de cet instant.
Ne rencontrant aucune résistance je posais légèrement mes lèvres sur les siennes fermant les yeux. J’imaginais ainsi que c’était une femme parce que, même si j’étais prêt à tout, je ne connaissais pas grand-chose de ce monde et ça me gênait un peu.
Quelques secondes plus tard je me reculais précipitamment mettant ma main sur ma bouche comme si je venais de réaliser que j’avais fait une bêtise.

« Désolé je… Je… »

Après ces quelques balbutiements, les yeux grands ouverts, je me penchais vers le plateau. Je l’attrapais avant de partir dans la cuisine où je fis rapidement la vaisselle comme si j’étais en train de réfléchir à ce que je venais de faire. En réalité, j’avais un sourire fier. Tout se passait comme prévu pour l’instant et mon comportement était le plus naturel possible. C’était satisfaisant, vraiment.
Ayant fini la vaisselle je retournai dans le salon, l’air désolé envers Kazuki, même si j’étais tout sauf désolé.

« Je suis désolé pour tout à l’heure vraiment, je dis debout en me grattant l’arrière de la tête. Je ne sais pas vraiment ce qu’il m’a pris de faire ça… J’ai pas réfléchi. Je suis désolé si je t’ai mis mal à l’aise ou autre, je m’en veux tellement. »

Je me mordis la lèvre inférieur pour montrer mon embarras mais pas trop pour ne pas l’abimer. Avant de prendre, de nouveau, la parole je me grattais le nez avant de soupirer.

« Je voulais te proposer de venir avec moi à Disney Tokyo samedi prochain. Mon rédacteur en chef voudrait que je fasse un article sur le parc à la période de la St Valentin… Je pensais que ça pouvait être sympa que tu m’accompagnes si tu étais libre parce que je n’ai pas vraiment envie d’y aller tout seul. Surtout que j’ai deux entrées et qu’on aurait pu revenir à temps pour ton travail… Mais avec ce qu’il vient de se passer je comprendrai que tu refuses mon offre. »

Petit discours confus, petit regard triste, petit sourire triste et, normalement, le tour était joué.

Because of You

Ce qui se passa après ce repas chez Naoya resterait certainement gravé dans ma mémoire pendant un long moment. Voire peut-être même toute ma vie. Ça avait été si étrange ? Magique ? Parfait ?

Il y eut un baiser. Doux. Merveilleusement tendre. Le baiser que tout le monde souhaite.

J'avais rougi quand il s'était rapproché de moi avec lenteur. Mes yeux étaient naturellement venus s'ancrer aux siens. Mais je ne voyais pas. C'était comme si les informations ne montaient pas à mon erveaux, mes yeux marchaient mais ma tête ne décodait pas.
Puis il y eut le contact entre nous. L'attendais-je ? Je pense que oui, j'attendais ce moment autant que je l'appréhendais. J'étais un novice en la matière, pas pour les baisers, j'avais déjà embrassé mais pour tout ce que ça pouvait entraîner.

Naoya se recula précipitemment et j'eux un pincement au coeur, comme si on m'avait enlevé ma petite peluche chien. Celle que je gardais depuis que j'étais un petit garçon. Ma mère me disait qu'il me protégerait toujours. Et j'avais cette impression, qu'on me retirait mon doudou. C'était une image de gamin, je le savais, mais elle représentait bien ce que je ressentais en cet instant.

Surtout que Naoya était parti très vite dans sa cuisine. Je m'étais alors angoissé tout seul. Déjà parce que, je ne savais plus trop quoi penser. Je n'avais pas imaginé me retrouver dans une telle situation. Pas tout de suite du moins...

Tel un pantin, je m'étais levé pour me poster près de la fenêtre du salon. Perdu. Qu'est-ce que je n'aurai pas donné pour serrer Piwi contre moi ou regarder Spin bouger délicatement dans son terrarium... Juste pour pouvoir ne serait-ce que quelques instants me remettre les idées en place. Je ne pouvais pas nier être un jeune homme en recherche d'amour et de reconnaissance. Depuis que j'étais dans cette grande ville, je ne cessais de vouloir qu'on me trouve bien. Qu'on ne me prenne pas pour un raté venu du fin fond du Japon. Les habitants de Nishinaka et de toutes les grandes villes pouvaient m'apprendre des choses, mais moi aussi j'avais du savoir à revendre. Malheureusement pour moi, ce savoir n'intéressait pas grand monde...

Je soupirai avant de revenir m'assoir sur le canapé, attendant Naoya... En attendant je me demandais comment le regarder en face. Et puis, comment devais-je prendre ce soudain recul, avait-il eu une pulsion ? Pris de panique en réalisant ce qu'il faisait ? Ou dégoûté ?

La dernière possibilité restait la pire... Ça m'aurait brisé d'apprendre que je dégoûtais cet homme si admirable, si parfait... D'ailleurs, l'homme parfait revint de sa cuisine, visiblement extrêmement gêné et mes propres joues s'étaient colorées d'un rouge délicat. Et je gardais les yeux baissés malgré qu'il se confondent en excuses. Excuses qui n'avaient pas lieux d'être puisque je ne l'avais pas repoussé. Mais ça, je n'arrivais pas à le dire, et puis il ne me laissa pas le temps.

Disney Tokyo ? J'avais relevé la tête très intéressé. J'avais entendu parlé de ce parc et rares étaient les enfants de Aso qui pouvaient se vanter d'y avoir mis les pieds. C'était une sorte de rêve d'enfant... Je voyais bien que Naoya était embarrassé par le baiser un peu plus tôt, et je voulais le rassurer.

- Naoya ? T'ai-je seulement repoussé un instant... ? Non, je mentirais si je disais que je n'avais pas voulu ce qu'il s'est passé..., assurai-je doucement. Tu n'es pas coupable, mais si ce geste n'était que l'aboutissement d'une pulsion soudaine, je comprend que tu ne veuilles pas recommencer. Cela ne changera en rien l'amitié qui nous lie.

Je lui offris un sourire doux, rassurant. Je ne voulais pas l'effrayer en lui déballant que "oui, je ressens quelque chose pour toi de plus fort que de l'amitié". Je ne voulais pas le mettre face à ça. Ce n'était peut-être pas ça qu'il recherchait.

- Et si ton offre tient. Je veux bien t'accompagner à Disney Tokyo. Je serai heureux de découvrir ce genre d'endroit.

J'avais certainement le regard brillant malgré moi. Au fond, je n'étais qu'un enfant qui avait dû grandir vite. J'avais eu une enfance courte avec des carences en certaines choses. Je ne souhaitais que combler les vides.

- Je ne sais pas si cependant je pourrai t'aider d'une quelconque façon... Je ne suis vraiment pas connaisseur des parcs d'attractions et de tout ce qui gravite autour de la Saint Valentin... dis-je. Mais ça tu devais t'en douter, finis-je en un murmure tout en rougissant et en détournant la tête.

Je me sentais honteux de ne pas savoir ce genre de choses qui doivent être élémentaires pour les jeunes des grandes villes. Mais en même temps, cela me permettait d'apprendre et de découvrir certaines choses.

(c) Codage by FreeSpirit

[HORSRP : Ouais je change de style ~~]

J’empêchai un sourire satisfait de venir se dessiner sur mes lèvres. La réaction de Kazuki était exactement celle que je voulais, que j’attendais et c’était tellement satisfaisant de pouvoir jouer avec lui de cette façon.
Je souris, malgré tout, mais d’une façon un peu gênée, cherchant un point dans la pièce. J’allais devoir, une fois encore, sortir mes talents de comédiens que j’avais sollicités tout au long de la soirée.

« Tu sais… Pour en revenir au baiser… »

Je pensais à Mariko, rien que la vision de son visage fit apparaître quelques colorations sur mes joues. C’était exactement ce qu’il me fallait.

« Je n’en ai peut-être pas l’air mais c’est assez nouveau pour moi… C’est la première fois que j’agis comme ça, je veux dire que je me laisse contrôler non pas par une pulsion mais une envie…»

Une envie de le détruire, qu’il repense toujours aux conséquences quand on ne respecte pas les règles et qu’on croise mon chemin… Ou quand je veux jouer avec une personne.

« J’avais réellement envie de t’embrasser, je dis en plantant mes yeux dans les siens, le regardant sérieusement. »

Je partis vers le canapé, m’asseyant face à lui. Je pris ses mains dans les miennes, caressant tendrement le dos de mes pouces. J’attendis qu’il me regarde pour reprendre la parole, un sourire toujours gêné sur les lèvres et pensant toujours à Mariko.

« Puis, ça peut paraître bête mais je t'imagine si pur et innocent que j’ai eu l’impression d’avoir commis un sacrilège… Je te l’avais dit, c’est bête mais je le vois comme ça. »

Et ça allait être encore plus douloureux pour lui d’être pur et innocent… Vraiment, je ne regrettai pas le fait d’avoir investi dans des yaoi… Même si j’avais fait plusieurs grimaces pendant la lecture.
Je souris un peu plus tendrement, mettant de côté le sentiment presque de dégout que m’avait procuré le souvenir de mes dernières lectures.

« Pour Disney… J’ai eu l’occasion d’y aller une fois dans le passé, et je pense que ta présence me sera d’une grande aide. Par rapport à moi tu verras le parc pour la première fois, et ton impression me permettra de voir le parc autrement que d’une manière journalistique. Tu seras mon regard extérieur, je dis avec un doux sourire. »

Là, à part le sourire, aucune hypocrisie. Il allait vraiment me servir pour mon article car c’était l’un des sujets qui m’intéressaient et que j’avais choisi quelques minutes auparavant.

Une de mes mains se détacha des siennes pour aller se positionner sur sa joue. Je devais reconnaître qu’il avait la peau douce… Mais, en même temps, je ne pouvais pas dire si c’était normal ou non car je n’avais jamais été si loin avec un autre homme.

De nouveau, je m’approchai de son visage doucement, laissant quelque temps nos lèvres assez proches les unes des autres pour que nos souffles se mêlent avant de les scelle.
Ma main qui était restée dans l’une des siennes fit un mouvement pour qu’elles se retrouvent entrelacées.
J’essayais d’être le plus doux possible, pensant aux personnes que j’appréciais réellement et pour qui je ferais le maximum pour qu’elle soit heureuse. C’est avec cet état d’esprit que ma langue demanda l’accès pour aller trouver sa camarade de jeu. Un jeu que je dominerai toujours car j’avais l’avantage de ne pas tomber dans le piège appelé « sentiments amoureux ». Quand nos langues se rencontrèrent, je fis en sorte de rester doux et tendre.
Je finis par me décaler au bout d’un moment puis je mis mon front contre le sien… J’avais vraiment bien fait de lire les shojo offert par ma mère qui pensait avoir acheté des shonen.
Regardant Kazuki dans les yeux, je lui souris tendrement avant de prendre, une fois encore, la parole.

« On pourrait essayer de se donner une chance, non ? Tu ne me laisses vraiment pas indifférent mais avant de te proposer quelque chose de sérieux, je voudrais vraiment savoir si ce que je ressens pour toi est de l’amour ou non… Enfin si tu souhaites bien sûr qu’on se donne une chance. Sinon, j’espère sincèrement que ça ne changera en rien notre amitié. »

TON amitié, idiot, naïf. Car j’étais loin de le considérer comme un ami. Très loin, on jouait simplement à un jeu que j’avais inventé et dont il ne pouvait soupçonner l’existence.

Because of You

Ecouter Naoya me parler de baisers, de sentiments, et d'envie me rendis complètement... Étrange. Mon cœur battait vite, mon cerveau était court-circuité et je n'arrivais plus à faire la part des choses. Mon côté inavouablement fleur bleu me hurlait que j'avais trouvé quelqu'un de parfait. La perle rare.

Je ne comprenais plus très bien. Mon cerveau était devenu tout embrumé dès qu'il avait posé ses mains sur les miennes. C'était réconfortant. Incroyablement doux. Si bien que toute mon attention s'était focalisée sur mes mains. Je compris cependant qu'il parla de mon «innocence» et Disneyland Tokyo. Que j'allais pouvoir l'aider dans son article de part mon regard neuf sur le parc. Mais sinon rien de très concret.

Un frisson électrique me parcourus quand une des mains de Naoya se retrouva sur ma joue, me communiquant sa chaleur. Il y eut un nouveau rapprochement et nos lèvres se scellèrent. Mes yeux se fermèrent et je me concentrais sur les sensations douces.
Je le laissais diriger la danse en ce qui concernait les baisers. Je n'avais de toute façon pas assez confiance en moi en la matière pour prendre une quelconque initiative. Peut-être qu'avec le temps je réussirai à faire le premier pas.
La séparation se fit doucement et nos fronts se posèrent l'un contre l'autre. Nos regard se croisèrent. Naoya reprit la parole...

J'eus un spectaculaire mouvement de recul à la fin de sa phrase sur le thème de se donner une chance. C'est seulement à ce moment là que je réalisa que ce qui venait de se passer entre nous devenait sérieux. Un vif rougissement prit place sur mes joues et je repliais les genoux contre mon torse, les serrant dans mes bras. J'étais intimidé, très intimidé. Cette histoire prenait une tournure réelle. Cela impliquait tellement de choses. Mais je ne voulais pas non plus que mon brusque mouvement passe pour un rejet.

- Je... Tu ne sais rien de moi...

C'était la principale raison qui me freinait en fait. Je n'avais pas réellement pris conscience de cela mais je savais que mon histoire en bloquerait beaucoup. Je souhaitais vraiment que cette histoire entre Naoya et moi ait une chance de commencer. Je le voulais vraiment. Mais je devais être absolument sûr que je ne serais pas jeté quand il saurait tout de moi. J'étais à la fois peiné que mon passé me bloque et effrayé d'avancer aux côtés de Nao dans un monde qui m'était étranger.

- Je voudrais sincèrement croire en un avenir possible entre nous... Mais je ne veux pas non plus me faire d'illusions...

Je relevais un regard profondément peiné vers lui. Je ne savais pas comment lui dire que je ne le rejetais pas, mais que j'avais besoin d'être certains qu'il ne me jetterait pas dès qu'il saurait.

- Nous sommes tellement différents... Tu es un adepte des machines et de l'electronique... Je suis né dans un lieu où la nature a encore ses droits... J'ai surtout peur de te faire honte...

C'était réellement une hantise pour moi. Qu'on se moque de ma personne, je pouvais l'accepter, le tolérer. Mais je détestais qu'on se rit de mes proches. Surtout de ceux que j'aimais.

(c) Codage by FreeSpirit

Surpris, oui surpris. Je ne m’étais vraiment pas attendu à ce qu’il recule aussi brusquement. Je réfléchis me demandant si je n’avais pas fait une faute ou non… Je l’avais juste embrassé ! Il n’était pas obligé de se mettre en position presque fœtal, si ? C’était trop pour lui ou quoi ?

Je ne dis rien, attendant d’avoir des explications, la situation commençait à m’échapper. Quoique, ce qu’il me dit était intéressant. Vraiment intéressant. J’attendis qu’il ait fini de parler, souriant un peu peiné alors qu’intérieurement je riais parce qu’il se bercerait d’illusion. Il se berçait déjà d’illusions. Sans le savoir bien sûr.

« Tu sais, je dis après un moment de réflexion, je ne demande que ça de te connaître plus. Je te l’ai déjà dit, non ? Que j’avais envie d’en apprendre plus sur toi. »

Pour ajouter à ma crédibilité, je me levais pour aller à la fenêtre, un air blessé sur le visage. Je me tournais ensuite vers lui, le regardant dans les yeux avant de parler.

« Je n’ai pas toujours été comme ça, je veux dire adepte de tout ce qui est électronique ou technologie, loin de là. »

Baissant les yeux, je repensais à mon beau-père, je n’avais pas voulu jouer cette carte car elle était douloureuse pour moi. Vraiment. Mais j’avais l’impression den ne pas avoir le choix.

« Mon père est mort quand j’avais 3 ans et elle s’est remariée avec un homme vivant à Nishinaka quand j’avais 6 ans. J’étais content, j’avais un père et ma mère était heureuse. Malgré tout, j’ai commencé à faire n’importe quoi quand je suis entré au collège adhérant complètement à la doctrine shinki. »

Oui, j’avais vraiment adhéré aux idées de Terezawa quand j’étais plus jeune. J’étais déjà manipulateur aussi… Mais il n’avait pas du tout à le savoir.

« C’est mon beau-père qui s’est rendu compte que je devenais superficiel et accro à la technologie. Il a essayé de parler avec moi sauf que le ton est vite monté car j’étais devenu imbu de moi-même… »

Me souvenir de ce moment me fit avoir un sourire nostalgique. Je ne regardais plus Kazuki, j’étais parti loin dans mes souvenirs.

« Malgré tout, il n’a pas abandonné pas du tout. Il m’a mis une baffe tellement énorme que j’ai dû aller à l’hôpital. Je pense que tout enfant normal lui en aurait voulu mais je ne pouvais pas en vouloir à cet homme. J’ai changé à partir de ce moment, je suis devenu beaucoup moins superficiel, j’étais devenu raisonnable et moins agressif. Je voulais qu’il soit fier de moi. »

En apparence, j’agissais toujours comme avant quand il n’était pas là. Mais j’étais respecté par les autres et Genji était fier de moi, je n’avais donc aucune raison de ressentir un quelconque scrupule.

« Malheureusement, un peu après mes 18 ans, l’entreprise où travaillait mon beau-père a voulu tester une machine nouvelle génération mais ça s’est mal passé. Il y a eu un problème technique et l’entreprise a pris feu en pleine journée. Mon beau-père est mort à ce moment-là. Après ça, j’ai renié toute forme de nouvelle-technologie. C’est le temps qui a fait que je me suis de nouveau intéressé à la technologie. »

C’était principalement mon travail à la NSA qui avait provoqué ce changement, le temps n’avait rien fait. Je m’étais forcé mais, aujourd’hui, je n’imaginais plus un monde sans la technologie. Tous les habitants de Nishinaka devaient penser comme ça, il n’avait aucune excuse pour ne pas le faire. Aucune.
Je retins une larme qui voulait s’échapper en repensant à mon passé, c’était vraiment une chose qui me pesait et qui, je trouvais, détruisait un peu ma perfection.

« Je suis désolé si j’ai cassé l’ambiance mais je voulais que tu me connaisses mieux et j’espère que tu accepteras de t’ouvrir à moi comme je viens de le faire. Je voulais aussi par là que tu comprennes que tu ne me feras pas honte parce que je comprends qu’on ne soit pas très intéressé par tout ce qui touche à l’électronique. Je pense que ça viendra avec le temps, je resterai à tes côtés… Je suis sérieux Kazuki. Je ne te jugerais pas. J’aimerais t’aider vraiment, je suis et serai là… »

Je serai là surtout pour le détruire sans forcément le dénoncer à la NSA… J’avais plusieurs idées pour le faire souffrir. Tout dépendra du déroulement de la situation.

« Puis ce n’est pas comme si tu n’essayais pas de t’habituer… Tu ne m’avais pas parlé d’une jeune femme qui t’aidait à t’adapter à la ville ?... Takashi Haruna, c’est bien ça ? »

J’avais seulement entendu ce nom une fois. C’était Kazuki qui m’en avait parlé. J’avais vérifié si elle n’était pas une denshou qui voulait rallier le jeune homme à sa cause mais non. C’était une véritable shinki. Je me demandais malgré tout pourquoi elle l’aidait… J’espérais qu’elle ne détruise pas mon plan…
Mettant cette pensée de côté, je repartis vers le canapé pour m’asseoir dessus et lui signaler quelque chose.

« Tu sais Kazuki, je ne te demande pas de prendre une décision maintenant. Pas du tout. Je veux que tu sois sûr de toi. Sûr de ce que tu souhaites, je dis en souriant tendrement. »

Le brusquer était la dernière chose à faire si je voulais que mon deuxième objectif soit atteint.

Because of You

Je me sentis triste pour Naoya. Son récit était bouleversant. J'avais encore mes deux parents mais c'était la seule famille qui me restait. Dès qu'ils partiront, je n'aurais plus rien, si ce n'est peut-être un animal...

« Ou bien quelqu'un qui prendra soin de toi... » souffla une petite voix dans ma tête.

Mes mains relâchèrent l'emprise que j'avais sur mes jambes. Je me détendais doucement. Je repensais à Haruna quand il la mentionna.
C'était une fille adorable. J'avais déjà appris pas mal de choses grâce à elle et j'étais vraiment heureux quand elle prenait le temps de m'expliquer. Bien sûr, parfois elle s'agaçait un peu mais elle avait quand même beaucoup de patience.

Mais maintenant, je voulais rassurer Naoya, et il n'y avait qu'une façon selon moi de le faire. Me livrer complètement.

- Mes parents m'ont eu à un âge avancés. Ils ont presque soixante-dix ans à l'heure actuelle. Ils élèvent des moutons et des chèvres à Aso. Pas une grande exploitation, juste de quoi produire suffisament pour payer les factures et subvenirs aux besoins.

Ça donnait le ton nom ? En plus de la mine triste que je devais arborer. Je savais que d'ici quelques années, je deviendrai orphelin. Malgré leur train de vie simple dans un espace où l'air est pur, ils ne s'étaient jamais vraiment occupés de leur santé. Ils en pâtissaient aujourd'hui mais n'avaient toujours pas les moyens de se payer un suivi médical auprès d'un bon médecin.

- L'argent a toujours manqué dans leur vie. Ils ont dû faire des prêts pour me payer mes années de lycée et c'est pour ne pas les obliger à devoir se priver encore plus que j'ai refusé d'aller dans une université de biologie.

J'avais pourtant les capacités. Mes professeurs m'avaient dis et répété un nombre incalculable de fois que ça serait du gâchis de ne pas tenter ma chance. Mais j'étais incapable de faire cela à mes parents, une bourse n'aurait pas suffit à payer le loyer d'un appartement et les frais d'université. Pour eux, j'avais mis de côté mes rêves pour pouvoir les aider. Ils s'étaient tellement privés pour moi.

- On ne peut pas dire que j'étais gâté mais je n'étais pas malheureux. C'est difficile à concevoir pour les citadins... Il me suffisait de marcher un peu sur les hauteurs ou dans les bois pour trouver des lieux magiques. Des petits ruisseaux, des tapis de fleurs, ...

Le nombre de fois où j'étais parti me balader sans aucun but et où j'étais tombé sur des coins paradisiaques. Il y en avait d'ailleurs un que je gardais secrètement. Un endroit où se mélangeait un tapis de mousse douce, des fleurs et cela juste à côté d'un ruisseau... Ce souvenir me fit sourire légèrement.

- Je suis venu à Nishinaka pour trouver un travail. Un travail que je puisse exercer sans avoir de diplôme, dans le but d'envoyer de un peu d'argent à mes parents pour qu'ils puissent se reposer. Ils commencent à se faire âgés et ne pourront bientôt plus s'occuper des bêtes. Les vendre ne leur rapportera pas grand chose. Il n'y aura que moi pour m'occuper d'eux.

Mon chemin était tout tracé pour la suite de ma vie. Mais j'avais peur de ce que pouvais penser Naoya vis à vis de ma vie. A Nishinaka, je venais du monde des "miséreux", je faisais certainement parti des moins que rien.

- J'ai toujours été ce que vous appelez un Denshou. Je n'ai pas tout compris à ce sujet mais apparemment ils ne sont pas très bien vus.., dis-je en relevant la tête vers Naoya. C'est pour ça que je ne veux pas trop me faire remarquer. J'ai une façon de penser différente. Et je ne veux pas que tu sois impliqué dans quoi que ce soit à cause de moi.

J'avais gardé mes yeux résolument ancrés dans les siens. Je ne rougissais pas, j'étais déterminé. C'était quelque chose qu'il fallait absolument qui s'ancre dans la tête de Naoya. Je ne pourrai jamais devenir comme lui, je pouvais faire des efforts et m'améliorer, mais jamais je ne pourrai être complètement comme les gens de la caste "shinki". Mon lien avec la nature et la Terre était trop fort.

- Je sais ce que je souhaite.., finis-je par murmurer. Mais j'ai une vie à Aso qui fait fuir...

Je détournais le regard et finis par murmurer.

- Est-ce que tu veux toujours d'une personne telle que moi ? demandais-je sans regarder Naoya.

(c) Codage by FreeSpirit

J’écoutais attentivement le récit de Kazuki. Je ne pensais pas que ce genre d’endroit pouvait encore exister, ça me surprendrait, à mon avis, toujours.
Depuis un moment je ne pouvais m’imaginer vivre sans la technologie ce qui, là-bas, pouvait également leur paraître étrange.

Je me retins de rire à la fin de son récit. Dommage pour lui, je l’avais déjà remarqué mais j’attendis qu’il ait fini de parler pour prendre la parole… Surtout que c’était marrant qu’il soit si déterminé à vouloir me protéger… Il aurait dû se protéger lui-même avant tout. Je n’avais aucun scrupule à ce qui lui arrive quelque chose par ma faute. Au contraire, c’était mon objectif.
Je baissais les yeux, même si les siens s’étaient détournés je voulais qu’il continue à croire tout ce que je dirais par la suite.

« Kazuki, je murmure. »

Je fermai les yeux en respirant profondément en secouant négativement. Je pouvais ainsi lui faire penser que j’avais déjà pris ma décision bien avant et que son histoire ne changeait rien, que j’étais différent des autres.

« Une personne telle que quoi Kazuki ? Je finis par demander en ouvrant les yeux. Une personne qui a une histoire différente des autres ? Sans qui tu ne serais pas celui que tu es, ni n’aurais pas la personnalité, le caractère que tu as ? Puis le passé est le passé, le plus important est le présent, tu ne crois pas ? »

Je fis une pause, avant de reprendre. Je cherchais un peu mes mots pour qu’il comprenne que j’étais « sincère » avec lui.

« Je pense que ceux qui te fuient pour ton histoire ou autre sont des imbéciles, vraiment et… »

Je respirais profondément pour ne pas rire en pensant à ce que j’allais dire par la suite. C’était tellement paradoxal.

« Je suis sincèrement touché que tu te soucies de moi mais je me considère comme assez grand pour savoir ce que je fais. Peu importe si tu es mal vu ou non parce que tu es un denshou… Tu ne trouves pas ça triste si tout ce qu’on faisait été dicté par les normes de la société ? Par la peur… »

Ma main se posa doucement sous son menton pour l’obliger à me regarder. Je souris tendrement, étouffant le rire qui voulait sortir de mes lèvres.
Les denshou étaient plutôt des personnes à recadrer. Ils dégradaient fortement l’image de la ville, certains plus que d’autre.

« Je suis sérieux avec toi Kazuki, vraiment. »

Ne lui laissant pas le temps de répondre, je me levais ensuite avant de lui faire un doux sourire.

« Je sais également ce que je souhaite. Tout ce que tu m’as dit n’a rien changé au fait que je veux toujours savoir si tu es prêt à nous donner une chance ou non. »

Je n’ajoutais rien, tendant simplement la main.

« Je pense qu’on ferait mieux d’aller dormir et continuer à parler de ça après, au moins, une bonne nuit de sommeil, non ? »

J’étais surtout fatigué, j’avais eu pas mal de travail ces derniers temps et du repos ne me ferais pas de mal. J’attendis un peu avant de le rassurer sur un point.

« Ne t’inquiète pas si tu préfères je sortirais le futon pour moi. »

Même si j’avais un lit deux places, je préférais signaler ce détail à Kazuki pour éviter qu’il panique à l’idée de dormir avec moi.

Because of You

Naoya avait raison. Le passé était le passé. Mais le passé, on ne l'oublie pas à moins de devenir amnésique.
C'est une valeur sûre. Il peut ne pas avoir été tendre mais c'est quelque chose qui s'est produit, dont on tire nos peurs actuelles et notre façon de penser, de voir la vie.
J'étais également d'accord avec lui sur le point de ne pas laisser la société tout nous dicter... Mais tout cela était plus simple à énoncer qu'à faire...

Je l'écoutais attentivement tout le long. J'avais vraiment la sensation qu'il était autrement plus sérieux. Mon cœur cognait plus fort dans ma poitrine. Tout d'abord parce qu'il suffisait que je prononce un mot, un tout petit "oui" et notre relation basculerait à jamais. Plus de retour en arrière possible. Je n'eus pas le temps de lui répondre qu'il me proposa d'aller dormir. Je n'avais pas la sensation d'être fatigué mais je supposais qu'elle viendrait vite après toutes ces émotions.

Ma main se lia à la sienne et je lui offris un sourire affectueux. Cela aurait été plutôt à moi de dormir sur le futon en cas de problèmes. Mais une petite voix résonna dans ma tête, elle m'intimait de me taire. Je supposais que Naoya risquerait de mal le prendre ou de s'agacer si je répliquais quoi que ce soit. Et puis j'avais déjà dormi avec quelqu'un dans mon lit, mon chaton.

- Ton lit sera très bien... Je suppose que si tu le proposes c'est qu'il y a suffisamment de place.

Je le suivis jusque dans la chambre à coucher. Par contre je me rappelais soudainement d'une chose qui était tout sauf un détail. De mon point de vue du moins.

- Erm... Naoya ? l'interpellai-je. Je... Je n'ai pas de vêtements pour la nuit... Tu pourrais me prêter quelque chose s'il te plaît ?

Et si possible je préférait dormir avec au moins un bas. J'étais pudique de façon normale mais ça me gênait que Naoya, soit l'homme qui veut que notre relation devienne sérieuse, me voit sans vêtements. Je n'était pas laid, pas de grosses cicatrices, juste des petites qui correspondaient aux blessures faites plus jeune et aux morsures de Spin. Donc je n'avais pas de quoi avoir honte. Mais savoir qu'il me regarderait me mettait mal à l'aise.

Mais avant qu'il puisse me répondre ou me donner une quelconque affaire, je me penchais vers lui pour déposer un baiser sur sa joue. Je devais avoir l'air d'un(e) gamin(e) mais c'était bien le cadet de mes soucis.

- Et c'est oui... Pour donner une chance à une relation plus poussée entre nous.

Je ne pouvais pas nous appeler un couple, ni des petits-amis ni des amants. Nous étions juste deux âmes rapprochées par le destin. Peut-être qu'avec le temps je réussirai à trouver la bonne appellation mais il était encore trop tôt pour se prononcer.

(c) Codage by FreeSpirit

Un sourire doux se dessina sur mes lèvres en entendant que Kazuki acceptait de dormir avec moi. Sourire qui se transforma de manière sadique alors que je le guidais jusqu’à ma chambre, sachant qu’il ne voyait que mon dos.

Arrivé dans la chambre, je lâchais sa main pour me diriger vers l’armoire où se trouvaient tous mes vêtements. C’est à ce moment que Kazuki me demanda des vêtements pour la nuit avant de venir déposer ses lèvres sur ma joue et je dus retenir un sourire de satisfaction en entendant la suite.
Je pris des affaires dans l’armoire, lui tendant une partie des vêtements un sourire « heureux » sur les lèvres. J’attendis d’avoir les mains libres pour l’enlacer.

« Si tu savais à quel point je suis heureux de t’entendre dire ça. »

Pour lui faire croire que j’étais sincère, je me décalais légèrement avant de l’embrasser et, ensuite, de lui sourire. Je pris les affaires que j’avais mises sur le lit avant de partir dans la salle de bain pour me changer après avoir murmuré un « je reviens », lui laissant ainsi toute l'intimité qu'il voulait pour qu’il se change.
Je mis simplement un bas de pyjama, n’étant pas très fan d’avoir un quelconque tissu sur le torse quand je dormais. Puis bon, il fallait dire que je n’avais pas à être pudique, la boxe avait vraiment bien musclé mon torse.

Je retournai ensuite dans la chambre, où le jeune denshou était. Il s’était allongé dans le lit, et avait laissé la lumière de chevet allumée. Je souris tendrement avant de me coucher à mon tour, n’éteignant pas de suite la lumière.
Je pris appuie sur mon coude pour être en hauteur par rapport à lui avant de me pencher et l’embrasser de nouveau mêlant nos langues à la partie, faisant preuve de douceur. Je m’autorisais un petit peu plus de liberté passant ma main sur son torse… Il pouvait presque me faire concurrence, presque mais pas encore.
Je laissais ma main où elle était, lâchant ses lèvres avant de prendre la parole.

« Je n’irai pas plus loin tant que tu ne seras pas prêt, c’est promis. »

Je ne me voyais surtout pas aller plus loin maintenant. Puis bon, mon objectif n’était pas de le faire fuir mais de le détruire et j’attendrais tout le temps qu’il faudra. Je lui souris avant de m’allonger et éteindre la lumière.

« Bonne nuit, je dis en formant les yeux. »

Un sourire satisfait prit également place sur mes lèvres en pensant que j’avais atteint le second objectif.

Because of You

Le bas que Naoya m'avait prêté était un simple pantalon de sport confortable. Je l'enfilai après m'être dévêtu puis je me glissai sous les draps. Remarquant une lampe de chevet, je l'avais allumée avant d'éteindre le plafonnier.

Aucun mot ne s'échangea alors que mon ami revenait de la salle de bains. Mon regard accrocha son torse divinement bien sculpté. Puis il se coucha à mes côtés. On se regarda quelques instants avant qu'un baiser ne s'échange et qu'une mains se pose sur mon torse.

Sa phrase me fit rougir. Je ne savais pas si j'étais prêt à franchir le cap et passer au stade "amants", mais je préférais connaître un peu mieux Naoya avant d'oser aller plus loin. Au final, je ne savais pas grand chose de lui à part son travail et là où il vivait. Enfin si, maintenant je connaissais son passé et lui, le mien.

Je lui rendis son «Bonne nuit» avant de fermer les yeux à mon tour. Le sommeil ne m'emporta pas tout de suite mais je finis par sombrer dans les bras de Morphée après un moment à écouter la respiration calme de Naoya.

Mon réveil se fit naturellement et très tôt. Notre position était la même que lorsque nous nous étions endormis. L'un en face de l'autre. Je souris légèrement et rosit également avant d'aviser l'heure sur un réveil.

six heures quarante six.

Je me levai le plus doucement possible et je pris les vêtements que je portais la veille avant de sortir de la chambre pour aller dans la salle de bains. Je ne pris pas de douche, Naoya m'avait invité à dormir, je n'allais pas en plus lui faire payer une facture d'eau plus importante.

Une fois prêt, je vérifiai une dernière fois que mon compagnon dormait toujours avant de laisser un mot sur l'oreiller que j'avais occupé.

« J'ai passé une excellente soirée et ton matelas est très confortable. Je serai bien resté encore un peu mais je dois passer par chez moi avant d'aller m'excuser auprès de mon patron. J'espère que tu ne m'en veux pas d'être parti comme ça...

Kazuki.

PS : J'espère te revoir bientôt :) »

Puis j'étais sorti doucement, normalement personne n'entrerai chez Naoya puisque j'avais fermé en sortant grâce à un astucieux système qui allie un pince à épiler et une barrette épaisse. Naoya n'était pas enfermé, il n'aurait qu'à ouvrir avec ses clefs depuis l'intérieur. C'était un peu comme si je m'étais volatilisé par une fenêtre.

C'est avec un sourire que je pris la direction de mon studio, imaginant la tête que pourrait avoir Naoya quand il essaierait de comprendre comment j'étais sorti de chez lui.

Avoir grandi à Aso n'avait pas que des désavantages.

(c) Codage by FreeSpirit

» × WillyKit or WillyKat, chose one ! 》NAOYA&KAZUKI《
» Kanzaki Naoya
» × Where do I hide 》MIKI&KAZUKI《
» ✪ Je sais tout -PART1- 》NAOYA&SORA《
» ✪ Je sais tout -PART2- 》NAOYA&SORA《