Gao Jun → Dieu, c'est moi ♪

Who I am inside:

Ambitieux • Impatient • Perfectionniste • Égocentrique • Attentif • Méprisant • Enthousiaste • Distant • Pro dans l'art du #JudgingYouPeasants • Chaleureux • Égoïste • Méfiant • Souriant • Déterminé • Imaginatif • Rêveur • Curieux.

My little story:

« Jun » ou dirigeant suprême en chinois, un prénom donné par une infirmière le jour de sa naissance sans raison particulière. S'il y en avait, il ne le saura probablement jamais. Sa mère n'avait que quatorze ans. Et encore, il n'en était même pas réellement sûr, sa vie était peuplée de « on dit » et de « il paraît » mais jamais de réelle certitude. Il était né à Pékin, dans un vieil hôpital de banlieue, sa famille d'origine était sans doute pauvre, il n'en avait juste pas la moindre idée. À vrai dire, avec le temps, il avait tout simplement arrêté de se poser ces tortueuses questions de qui « qui je suis » et « d'où je viens ». Au final, il avait compris que ça n'avait pas d'importance.

Les années 90 n'étaient pas les meilleures années pour naître en Chine, surtout sans parents. Les foyers, les orphelinats, toutes ces associations n'étaient pas forcément bien regardante sur l'identité de la personne qui adoptait l'enfant. En cela, il avait eu de la « chance » puisqu'il n'est jamais tombé chez un tortionnaire qui lui aurait fait fabriqué des shorts Nike pour un salaire miséreux. Des familles, il en a connu plein, de tout genre, tout style, pour quelques mois, ou quelques années, comme un animal de compagnie qu'on adopte avant de le laisser à une air d'autoroute en partant en vacances.

Parmi ces familles d'accueil, il y a une personne qui l'a particulièrement marqué. Il s'appelait Wang Jia, pur Pékinois, travaillant dans l'import/export depuis des années déjà, son épouse quant à elle, s'appelait Wakiya Rena, épouse Wang, designer dans la mode, couturière. Il approchait des dix ans quand il tomba dans cette famille, les autres n'avaient été que des déceptions jusque là, des gens qui cherchaient une main d’œuvre qui ne coûtait que quelques repas pour s'enticher du sale boulot, des personnes en manque d'affection, ou peu importe. Elle travaillait pour des marques connues, bien qu'il ne connaissait encore aucun des noms qu'elle prononçait. Il n'avait retenu que Vera Wang, cousine de son époux, et les robes de mariés que sa mère de l'époque faisait. Magnifique, merveilleux, ce qu'elle faisait était merveilleux. C'était la première fois qu'il pouvait s'intéresser de si près à un univers s'approchant du luxe, de la beauté, et il adorait ça. Il tentait de l'imiter, de dessiner ses propres créations, sans pour autant voir ressortir quelque chose de correct.

Japonaise, elle l'était encore jusqu'au bout des ongles. Elle était née dans une petite ville au Japon, Nishinaka, elle lui en parlait souvent, elle lui racontait qu'il y avait un nouveau maire un peu fou qui était entrain de tout refaire, qu'il paraît que ce n'était que le début. Elle l'emmenait souvent lors de ses déplacements au Japon et voir ce pays qui paraissait si différent de Chine lui semblait fascinant. Tokyo était grand, bien moins grand que Shanghai, ou Pékin, mais il trouvait presque la ville plus belle. Il aimait que Rena l'emmène ainsi, quand son mari ne pouvait les accompagner. Il avait sincèrement l'impression qu'elle était cette mère qu'il avait toujours rêvé avoir. Jun avait beaucoup voyagé avec elle, il aimait se prendre pour son petit assistant, la conseiller sur les tissus qu'elle utilisait, les matières, le style, même ses croquis, il commençait même à s'améliorer lui-même. Pour lui faire plaisir, il apprenait un peu le japonais, pour qu'elle puisse parler cette langue avec lui, comme elle lui avait confié qu'elle lui manquait.

Puis le couple se sépara. Comme ça, du jour au lendemain, Jun n'avait même pas compris pourquoi il y avait ces cris, ces hurlements, cette haine soudaine. Il vivait ici depuis plus de trois ans et jamais les choses n'avaient tourné ainsi. Il était resté avec elle alors que le « père » avait claqué la porte, il n'avait même pas pensé à ce qu'il allait devenir, persuadé qu'avec eux c'était définitif, ou qu'elle au moins, elle le garderait. Pourtant, elle s'était excusée, elle lui avait expliqué qu'elle l'aimait beaucoup mais que pour une femme seule, élever un enfant, c'était synonyme de tuer sa carrière, de tout perdre. Il pouvait comprendre, non ? Puis, ce n'était pas une adoption définitive, il devrait le savoir. Naïveté, il aurait du y penser, soit. Le retour au foyer fut un dur retour à la réalité, beaucoup de visages inconnus, mais toujours des têtes connues, il pouvait raconter avec des étoiles plein les yeux cette vie de rêve qu'il avait eu pendant trois ans, cachant l'amertume, la peine, la déception qui le rongeait, de s'être fait trahir, abusé, une fois encore. D'avoir eu ce morceau de normalité, de stabilité qu'il cherchait mais qu'on lui avait refusé, qu'on lui avait arraché. Il entrait dans l'adolescence, les chances de trouver une famille définitive désormais était si mince qu'il n'espérait même plus, il comptait les mois, les années, qui le séparaient de la majorité, de la liberté.

Cette rencontre l'avait définitivement changé, plus sérieux, plus rude, plus discipliné, il perdait moins de temps à faire l'idiot avec les autres, en passant plus à ses crayons, à dessiner encore, imaginer, concevoir, piquant dans les réserves des fils et des aiguilles pour tenter d'assembler des tenues, se fichant bien des moqueries de ses camarades sur cette activités trop peu virile à leur goût. On était plutôt conventionnel dans ce foyer, les traditions chinoises en première ligne, peu de place pour l'innovation et la modernité. Ça ne lui manquait pas forcément de toute façon.

Plutôt solitaire, il n'était pas pour autant désagréable. Il s'était fixé un but, un but précis : s'en sortir. Quitter la Chine un jour, se faire une place dans la mode, retrouver Rena, lui montrer qu'il était devenu quelqu'un, même sans elle. Il travaillait dur, chaque jour. Il s'entraînait, conservait son physique en bonne forme, il voulait atteindre une certaine perfection physique même s'il n'y était pas encore et qu'il attendait d'être « libre » pour améliorer cela. L'année de ses seize ans, une enfant d'à peine deux ans entra dans ce foyer et elle devint rapidement sa petite protégée, par un miracle non identifié, elle s'accrochait à lui sans raison compréhensible, bien qu'elle savait à peine parler et marcher correctement. Toujours collé à lui, accroché à son dos tandis qu'il étudiait ou dessinait. Jamais bien loin à plus de deux mètres. Même s'il pouvait la trouver horriblement collante, quelque part, il n'avait pu s'empêcher de s'y attacher et sans s'en rendre compte, Mei était devenue comme la petite sœur qu'il avait rêvé d'avoir.

Le jour même de ses dix-huit ans, il quitta le foyer. On lui avait trouvé un petit boulot pour qu'il ne parte pas sans rien, dans un fast food répugnant, mais il savait qu'il n'avait pas le choix. Il avait trouvé le moyen de suivre quelques cours du soir, en mode, design et couture. Il cherchait à se faire repérer, participait à la plupart des castings de personnes cherchant des mannequins. Il était très grand, fin, et suivait parfaitement la mode tout en décalant ses styles pour y laisser sa griffe. Petit à petit, il ne laissa pas indifférent, enchaînant les photoshoots pour divers occasions plus ou moins valorisante, mais là n'était pas le problème. Peu importe ce qu'il faudra faire pour réussir, il le fera. Il craignait tellement de choses, mais cela n'entrait pas en compte quand il fallait réussir.

Puis il décolla, sans même s'en rendre compte, on commençait à parler de lui, cet orphelin avec cette vie si difficile dont le nom devenait moins anonyme, on le voyait déjà comme le probable numéro 1 en Chine en matière de mode. Fier ? Il l'était à crever. En même temps, qu'il était beau, qu'il était élégant. Il ne tarissait pas pour autant ses ambitions. Il voulait devenir créateur de mode, avoir sa propre marque, sa propre image. Être le nouveau Yves St. Laurent ou Jean-Paul Gauthier, celui que tous allait respecter.

Nishinaka, il n'avait plus entendu parler de cette ville depuis des années, bien trop occupé pas son propre monde et son univers. Sa petite personne, en résumé. Terazawa Kazutoshi avait demandé à le voir, la fameux maire de cette ville d'élite, comme on la décrivait. Il avait alors vingt ans et avait l'impression que cela était l'opportunité de se rapproché de ce pays qui l'avait tant fasciné, mais avant, il devait respecter la promesse qu'il avait fait à Mei : si tôt qu'il sera en mesure de prendre soin d'elle, il viendra la chercher. L'argent n'était plus un problème, seulement son emploi du temps. Bien qu'il était connu du foyer, il n'était pas simple pour un homme célibataire qui aura vingt-et-un ans dans quelques mois, d'adopter une enfant d'à peine six ou sept. Pourtant, à force de détermination, il y était parvenu.

Mei avec lui, ils s'envolèrent pour le Japon rapidement, il faisait de son mieux pour qu'elle réapprenne les bases du japonais. Elle s'adaptait plus vite qu'il ne l'aurait imaginé au Japon, elle adorait les innovations, la technologie, admirait les jolies filles à la télévision. Elle semblait heureuse tout court, et rien qu'à cette constatation, Jun ne put que réaliser avec satisfaction qu'il avait réussi à avoir cette famille stable qu'il imaginait auparavant. Elle était tout simplement bien moins conventionnelle.

Terazawa, ce héro, le brave qui avait fait de lui son égérie, la façade de sa ville. Son outil, soulignant combien Nishinaka regorgeait de beauté, de perfection, mais surtout ouverte aux autres cultures, aux « étrangers ». Une poupée, un objet, il n'était que cela. Durant ces trois années de collaboration, il n'y avait prêté que vaguement attention, mais l'étau se refermait peu à peu sur lui, mettant de côté les projets qu'il avait envisagé, ayant cette impression d'être surveillé en permanence par ce maire qui ne veut corrompre l'image de cette ville qu'il a placé sur ses épaules et sur celles des autres dans son cas, miroir de la pseudo-perfection de cette ville infâme. Pourtant, il est toujours là, sans réellement savoir pourquoi. Le bonheur qu'avait trouver Mei dans cette ville ? La vie confortable qu'il pouvait mener après tout ? La gloire ? Le succès ? Il n'en avait pas la moindre idée. Il n'empêchait qu'il guettait ce maire d'un coin de l’œil, songeant qu'un jour, il tombera. Et s'il fallait son aide pour que ça arrive, il sera là.

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