It's been a long day without you, my friend

C'était une belle journée. Il faisait beau : il n'y avait pratiquement aucun nuage dans le ciel, le soleil brillait comme jamais. De ce que Ren voyait à travers sa fenêtre, le vent soufflait doucement. C'était certainement agréable pour rafraîchir un peu l'air.
Bref, il faisait beau, très beau pour être précis... sauf que Ren s'ennuyait. Et ce n'était pas le petit ennui passager, celui qui s'en allait rapidement en regardant un bon film. Non non, c'était l'ennui qui restait là jusqu'au bout de la nuit. Cet ennui qui dérangeait et qui nous faisait perdre la tête, cet ennui-là. Et Ren était à deux doigts de se taper la tête contre le mur le plus proche, à savoir celui qui se trouvait au-dessus de son canapé.

La journée s'annonçait plutôt bonne, au début. Il s'était réveillé, avait mangé et s'était douché. Il avait décidé de faire un petit tour dans le quartier, et au bout de deux heures, il était retourné chez lui. Il se mit à lire la fin d'une livre qu'il avait commencé il y a un bon moment déjà. Et depuis, il restait là, assis sur son canapé, le regard fixé sur la télé en espérant trouver quelque chose à faire, ou à regarder.
Il se leva alors, non sans soupirer et lança un film. Il s'installa à la place qu'il venait de quitter et fit de son mieux pour se concentrer sur l'écran. Mais rien à faire, aujourd'hui, ça ne voulait pas. Il laissa sa tête tomber en arrière, tout en soupirant une fois encore. Inconsciemment, il se mit à jouer avec ses lèvres, les pinçant, les mordant... puis, il finit par gonfler les joues. Et soupira. Encore.
Il devait trouver quelque chose à faire, et vite. Sinon il allait finir par s'arracher les cheveux. En y pensant, il pourrait s'occuper un long moment le temps de se les recoller...

Se levant d'un bond, il quitta sa place et, d'un geste rapide, éteignit la télé. Au moins, ça, c'était fait. D'un coup d’œil rapide, il en conclut qu'il n'avait plus rien à faire dans le salon. Il se dirigea d'un pas assuré vers sa chambre et observa un long moment son armoire. Il pouvait très bien sortir de nouveau, et faire un tour dans un parc, ou un endroit dans ce style-là. Il n'était pas spécialement motivé à l'idée, mais au moins, il serait occupé...
Puis, une idée éclaira la pièce : il pouvait très bien rendre visite à quelqu'un. Ca l'occuperait. Et au moins il ne serait pas seul. C'était toujours plus agréable de s'ennuyer à deux que seul dans son coin. Il sourit alors tout en ouvrant son armoire, sachant déjà qu'il allait se rendre chez Harumi. Au moins, il pourrait discuter de tout et de rien avec son amie et le temps passerait plus rapiquement qu'autre chose. Et puis, cela faisait un moment qu'il ne l'avait pas vu, ni eu de ses nouvelles, et même s'il ne l'avouait pas immédiatement, ça l'inquiétait légèrement. En y allant, il pourrait aussi se rassurer. Il enfila son gilet et partit comme une flèche vers la porte d'entrée avant qu'une pensée vienne le frapper. Et si Harumi n'était pas là ? Si elle ne voulait pas être dérangée ?
Il grimaça faiblement. Tant pis, il allait prendre le risque.

Arrivé devant la porte, il hésita quelques secondes. Il avait encore le temps de faire demi-tour. Il ne voulait vraiment pas déranger son amie. Elle était peut-être en train de se reposer et il se sentait désolé rien que de penser au fait qu'il pouvait la réveiller. Il tendit l'oreille, essayant d'entendre un bruit, un petit quelque chose qui lui indiquerait que son amie était bien réveillée et qu'il n'allait pas la sortir de son sommeil. Mais il n'entendit rien.
Il souffla un bon coup, et toqua, doucement, trois coups. Il appuya un peu plus son dernier coup, voulant être sûr que Harumi puisse l'entendre ; au cas où les deux premiers étaient trop faibles pour être entendus.  

Il patienta, puis voyant que la porte ne s'ouvrit pas, songea à rebrousser chemin. Il tenterait de l'appeler plus tard pour avoir de ses nouvelles... à condition qu'il retrouve son téléphone. Il fit un pas en arrière, fixant encore la porte, au cas où cette dernière s'ouvrirait. Encore un pas et il donna le dos à la porte, prêt à partir pour rentrer chez lui. Ce fut juste à ce moment-là qu'un petit grincement de porte vint titiller son oreille. Sans réfléchir, il se tourna à nouveau vers l'entrée.

« Harumi ! », lâcha-t-il tout sourire, heureux de la revoir enfin.

Il était tellement content à l'idée de la revoir qu'il était à deux doigts de sauter partout. Son ennui venait de s'envoler d'un coup. Que ça faisait du bien de voir un visage familier, et surtout celui de Harumi !
Il s'avança à nouveau, son sourire toujours aux lèvres. Il avait tellement de choses à lui raconter et surtout à lui demander. Il ouvrit la bouche pour parler à nouveau, pour dire une blague pas drôle, ou plutôt drôle que pour lui, mais ses mots se perdirent au fond de sa gorge. Le coin de ses lèvres se baissa progressivement alors que ses sourcils se froncèrent doucement.

« Me dis pas que je t'ai réveillée... », murmura-t-il l'air désolé.

Comme toujours depuis plus d’un mois maintenait, mon travail au QG s’est éternisé. Contrainte de boucler une montagne de dossier qui n’est même pas les miens, j’ai fini par ne plus voir l’heure passer. Et c’est comme ça qu’à 7heure du matin seulement, je franchi la porte de mon appartement. Exténué, je prends tout de même le temps de trainer mon corps meurtri jusqu’à ma salle de bain pour faire couler l’eau de la douche, tout en évitant soigneusement de croiser mon reflet dans un des miroirs présent dans mon appartement.

L’eau chaude ruisselant sur mon corps n’arrive cependant pas à faire disparaitre toute les tensions que j’aie accumulées pendant la nuit. Seul mon maquillage fini par s’enlever, révélant la fatigue extrême sur mon visage que je prends soin de camoufler chaque matin avec tous les artifices à ma disposition….

Une heure s’écoula avant que je ne trouve le courage d’attraper une serviette que j’enroule au tour de mon corps avant de me diriger vers ma chance. Je n’ai qu’une seule idée en tête, essayé de trouver le sommeil. Malheureusement pour moi, mon chat Naoya vient à me rappeler par un miaulement qu’il n’a toujours pas reçu à manger. Un soupire traverse alors mes lèvres, me forçant à rebrousser chemin jusqu’à ma cuisine pour remplir sa gamelle d’eau et de nourriture.

-«  Là, tu es content maintenant? » Dis-je en déposant le tous au sol avant qu’un nouveau miaulement, de satisfaction cette fois ci, se fasse entendre.

M’assurant alors qu’il a assez pour tenir jusqu’à ce soir, je traine à nouveau mon corps jusqu’à ma chambre et je me laisse tomber sur mon lit sans prendre le temps de me changer ou même de me couvrir d’un drap. Le sommeil me gagne alors rapidement mais ne fut malheureusement pas assez long pour que je puisse me reposer correctement. Comme à mon habitude, j’ai fait de nombreux cauchemarde me poussant à me réveiller et m’empêchant de me rendormir correctement… Cette situation commence sérieusement à m’énerver, seulement plus le temps s’écoule et moins je trouve la force et le courage de lutter contre l’adversité. J’attends simplement que toute cette histoire finisse enfin par s’oublier pour que je puisse reprendre le cours de ma vie.

Refermant finalement les yeux en espérant que ma nuit va pouvoir se prolonger, un bruit attire soudainement mon attention me forçant à rouvrir les yeux. Étant certaine d’avoir entendu des coups provenir d’un peu plus loin, je me redresse faiblement tous les sens en éveille près à capter un nouveau son. Seulement, seul le silence se fait à présent entendre, me faisant dès lors douter.

-«  Je ne suis toute de même pas encore folle… » Murmurais-je pour moi-même avant de sortir complétement de mon lit pour attraper un jeans et un haut blanc que j’enfile rapidement avant de me diriger le plus hâtivement possible, sans prendre le temps de me remaquiller, vers ma porte d’entrer .

Celle-ci en s’ouvrant fait place à la mine réjouie de mon ami Ren qui semble plus qu’heureux de me voir. Il est vrai que cela fait un moment que l’on ne sait plus vu, ni même parler…. Il est vrai aussi que cela fait un moment déjà que je n’ai pas pris la peine de lui donner un signer de vie … De mon côté c’était pour ne pas l’inquiéter , seulement au vue de son changement rapide d’expression, je suis certainement arrivée à faire tout le contraire …

-«  Pas vraiment … Je viens de rentrer j’avais beaucoup de dossier à terminer » Me rendant soudain compte de ce que je viens de lui dire, j’essaye immédiatement de noyer le poisson toute en cachant du mieux que je peux ma nervosité constante. « Tu sais au bar … la comptabilité, les bouteilles à commander …. Enfin peut importer tu n’es pas venu pour m’entendre discuter du mon travail …. Dis-je tout en m’écartant, je t’en prie entre… »

Je suis vraiment contente de revoir Ren, le problème est que je sais difficilement lui mentir …. Sans compter qu’avec le sommeil que j’ai fini par accumuler mon cerveau n’est plus vraiment apte à trier les informations qu’il peut transmettre ou pas…

-«  je peux t’offrir à boire ? » lui demandais-je tout en refermant la porte une fois qu’il fut entré.

L'air toujours inquiet, Ren ne savait plus s'il devait forcer Harumi à se coucher, et rentrer ou au contraire, rester auprès d'elle.
Il lâcha un rapide « Hein ? » en haussant le sourcil. Comment ça des dossiers à terminer ? Elle avait changé de métier ou quoi ? Il plissa les yeux face à ses explications, avant de murmurer un bref « Mouais... » suspicieux. Il avait malgré tout un petit sourire amusé aux lèvres. De toute manière, il n'y avait pas de raisons qu'Harumi lui mente, pas vrai ?
Il s'excusa brièvement et entra dans l'appartement. Il se déchaussa rapidement et reporta son attention sur son amie. Il ne pouvait pas la quitter du regard.. non, il ne voulait pas. Il avait peur qu'elle s'effondre de fatigue sans qu'il ne le remarque.

« Je connais le chemin, je vais me servir à boire. En attendant, tu vas t'asseoir sur le canapé, zou »

Ren, papa poule, action.
Il prit doucement son amie par les épaules et la guida avec douceur dans la pièce souhaitée. Il lui ébouriffa les cheveux avant de partir vers la cuisine. Là il se servit un verre d'eau, et retourna au salon pour rejoindre son amie. Il s'assit mollement sur le canapé, avant de boire une gorgée. Posant la boisson sur la table basse, ses yeux se posèrent à nouveau sur Harumi. Il restait là, à l'observer, sans rien dire pendant plusieurs minutes. Il se pinçait les lèvres ou fronçait les sourcils au fil de ses pensées.
Pourquoi Harumi semblait si fatiguée ? Le travail devait être une bonne excuse mais était-ce tout ? Il avait le sentiment étrange qu'il y avait autre chose... mais quoi. Il n'allait pas non plus l'interroger, il n'était pas là pour ça. Mais il était inquiet. Plus qu'inquiet même. Cela faisait des jours et des jours qu'il ne l'avait pas vue, ni entendue, et maintenant qu'il la voyait, il lui semblait avoir loupé un épisode. Que lui était-il arrivé pour qu'elle soit si épuisée ? Il ouvrit la bouche, voulant la questionner, voulant savoir avant de la refermer. Comment amener la chose sans paraître stressé comme jamais ?
Il était toujours plus inquiet quand quelque chose arrivait à Harumi, que quand quelque chose lui arrivait à lui. Il ne pouvait pas l'expliquer : c'était Harumi. Et rien que ça suffisait à tout comprendre.

« Il s'est passé quelque chose pour que tu sois aussi fatiguée ? A part le travail je veux dire », demanda-t-il enfin, coupant court à ce long silence.

Se tournant doucement sur le canapé pour faire face à sa camarade, il lui offrit un petit rassurant, voulant à tout prix qu'elle se confie et qu'elle lui dise tout ce qu'elle avait sur le cœur. Si cette technique ne marchait, il passerait à la suivante : le regard de chien battu. Sauf qu'il n'en était pas encore là pour le moment.
Il s'humecta doucement les lèvres, essayant de trouver les bons mots. Pas qu'il avait oublié comment parler, mais plutôt qu'il ne voulait pas la brusquer.

« Quelqu'un t'embête ? Collègue ? Patron ? Voisin ? Voisine ? … Un gens ? », commença-t-il, « Si quelqu'un t'embête, tu me le dis hein. J'irai lui régler son compte. J'ai fait un tour en prison, j'peux y retourner, c'est bon, je gère », finit-il en plaisantant.

Surtout qu'en y réfléchissant, l'intention était bonne, même très bonne. Mais comment pourrait-il régler son compte à quelqu'un avec sa carrure ? Il était grand, certes, mais pas très fort. Il était même sûr qu'Harumi pouvait le battre au bras de fer.
Il était faible. Tristesse. Haussant rapidement les épaules face à cette constatation, il passa rapidement sa main dans ses cheveux. Il avait encore envie de demander à Harumi ce qu'il lui arrivait, depuis combien de temps, il voulait vraiment tout savoir. Tout savoir pour tout mettre au clair et aider la jeune femme de n'importe quelle manière qu'il soit.

« Je m'ennuyais, alors je suis venu te voir », lâcha-t-il comme s'il devait soudainement se justifier pour être venu, « Et comme ça faisait longtemps aussi... j'en profite »

Il lui sourit tendrement, sous-entendant un « Tu m'as manqué tu sais ? » avant de lui ébouriffer les cheveux une nouvelle fois. Harumi était peut-être bien la seule personne avec laquelle il était un tant soit peu tactile. (si on pouvait dire qu'ébouriffer les cheveux était être tactile...) Mais il n'était jamais contre la consoler en lui faisant des câlins, ou ce genre de choses. Même s'il était rare que ce soit lui qui entreprenne le geste.

Je suis vraiment ravie de revoir Ren, seulement le moment est mal choisi…. Si seulement j’avais pris le temps de me remaquiller avant d’ouvrir la porte, je n’aurais certainement pas à lire autant d’inquiétude dans le visage de mon ami. Bien sûr, il aurait certainement descellé en moi que quelque chose ne va pas, après tous il a le don de lire en moi comme dans un livre ouvert, mais la situation ne serait certainement pas aussi dramatique que maintenant …

Refermant donc la porte, j’essaye tant bien que mal de faire comme si je ne voie pas son regard constant se poser sur moi. Je sais qu’il se fait du souci et je sais parfaitement qu’il finira par me poser des questions, j’aimerais simplement, juste pour une fois, qu’il fasse comme si de rien était …

-«  Oui mamannnnnn » lançais-je finalement dans un soupire tout en me laissant guider jusqu’à mon canapé. Avec lui rien ne sert de lutter et encore moins quand il est en mode « protection ». J’ai toujours apprécié qu’il se préoccupe autant de moi depuis notre enfance. Il a toujours été la seule personne qui se préoccupe de mon sort, c’est d’ailleurs pour ça que j’ai autant de mal à lui mentir. Parce que je sais que contrairement aux autres, quoi qu’il arrive, il ne me laissera jamais tomber… Mais c’est justement à cause de sa manie de me surprotéger que je l’ai gardé à l’écart de ma vie depuis que je suis entrée à la NSA … Et encore plus depuis que j’ai autant d’ennuie … Je suis consciente qu’il n’hésiterait pas à se mettre en avant pour me défendre et ça me fait peur. J’ai peur des représailles qui pourraient s’abattre sur lui si jamais notre proximité venait à se savoir... Après tous on interdit bien l’amour alors pourquoi pas l’amitié …

En pensant à cela, un nouveau soupire traverse mes lèvres tandis que mon ami s’assoit finalement à mes côtés. Posant alors mon regard sur lui, je peux immédiatement lire dans son regard qu’il a besoin d’explication. Seulement je n’ai pas envie de l’entrainer dans toute cette histoire … Je me contente donc de fermer les yeux, espérant que cette épouvantable instant disparaisse comme par magie. Je souhaite en rouvrant les yeux que tout ceci ne soit finalement qu’un mauvais rêve…

De longue minutes passèrent ainsi sans qu’aucun de nous deux ne parle. Lui plongée très certainement dans ses réflexions et moi espérant qu’il en vienne à aborder un sujet complètement banal. Malheureusement et comme je m’y attendais il finit par poser la question fatidique. La question que j’avais pendant plus d’un mois tenté d’esquiver en ne lui donnant plus aucune nouvelle.

Le sentant alors pivoter vers moi, je rouvre finalement les yeux et les dirige rapidement dans sa direction. Comment ne pas lui avouer la vérité avec un sourire si réconfortant ? Après tous il me serra très difficile de trouver une explication plausible… Mais, il est vrai que je pourrais tous simplement lui dire que tout va bien et qu’il n’y a que le travail dans cette histoire… Cette possibilité fait d’ailleurs plus que m’effleurer l’esprit.  Cependant la lucidité de Ren me ramène bien vite à la réalité. Sans aucun indice sur le véritable rythme que je mène dans ma vie de tous les jours, il est arrivé à pointé exactement le cœur du problème. Pire, il est même prêt à retourner en prison pour me défendre… Certes, il l’a dit sur le ton de la plaisanterie, mais cette phrase a plus qu’autre chose le don de me faire paniquer. Peu importe ce qui peut m’arriver, de toute manière mon cas est déjà voué à l’échec… En revanche pour mon ami il est hors de question qu’on s’en prenne à nouveau à lui…

-«  Tu n’as pas à te justifier … Tu sais bien que tu es toujours le bienvenu chez moi » lui répondis-je finalement tout en replaçant quelque mèche de cheveux derrière mon oreille en essayant de lui sourire. Bien qu’il ait tenté de changer de sujet, je sais qu’il ne va pas lâcher le morceau si facilement. Mon regard se met alors à voyager dans la pièce, à la recherche d’une quelconque anomalie. Oui c’est vrai, je suis devenue complètement paranoïaque … mais depuis que j’ai appris à mes dépends que les murs ont des oreilles, mieux faut être doublement plus prudente.

-«  Il s’est passé quelque chose en effet …. Et si je ne t’en ai pas parlé c’est …. C’est parce que c’est lié à quelque chose que je te cache depuis longtemps…. »

Honteuse, je pose mon regard sur mes mains posé sur mes genoux. Je sais que je n’ai pas le droit d’en parler, je sais que j’en suis là justement parce que je n’ai pas tenue ma langue. Cependant, il devient impossible pour moi de garder ça sous silence. J’ai besoin d’en parler, d’être soutenue et réconfortée ….

-«  Si je suis si fatiguée …. C’est parce qu’une personne me fait chanter …, bien consciente que Ren va se mettre à se poser plein de question et imaginer le pire des scénarios, je ne lui laisse pas le temps d’emmagasiner parfaitement l’information et enchaine, Il me fait chanter parce que …. Parce qu’un ami à moi à découvert que je fais partie de la NSA …. »

Un silence s’installe soudain entre nous.  J’ai peur de la réaction de mon ami, peur qu’il s’emporte et qu’il ne supporte pas que j’ai pu lui mentir pendant aussi longtemps. Prenant alors mon courage à deux mains, je pose finalement mon regard à nouveau sur lui plein de honte.

-«  Je suis désolée …. Je t’ai menti …. La raison pour laquelle je n’ai pas continué mes études et que je travaille dans un bar c’est parce qu’on m’a recruté à la NSA quand j’étais à la fac …. »

Il attrapa son verre et avala une grande gorgée d'eau. Il reposa bien rapidement l'objet devant lui en attendant Harumi. Il se tourna vers elle, son regard inquiet à nouveau plaqué au visage et ses traits étiraient par l'angoisse d'apprendre ce qu'il s'était réellement passé dans la vie de son amie. Il s'adossa avec lenteur contre le dossier du canapé au fur et à mesure des paroles d'Harumi. Il écarquilla les yeux à la fin de ses mots. Quelque chose qu'elle lui cachait depuis longtemps ? … depuis longtemps comment ? Longtemps quelques jours ou longtemps quelques années ? Que s'était-il donc passé de si grave pour qu'elle lui cache, et pendant aussi longtemps ? Il s'humecta les lèvres, il venait de boire pourtant il avait l'impression d'avoir les lèvres et la gorge sèches... Il posa son regard sur son amie... qui ne le regardait pas. Il allait lui dire quelque chose mais ses mots furent stoppés. Harumi continua de parler, mais n'eut pas le temps de demander plus de détails qu'elle terminait déjà sa phrase.

Stop. Pause. On recommence. … quoi ?
Il se secoua vivement la tête, et ce plusieurs fois, comment ça quelqu'un la faisait chanter parce qu'elle faisait partie des NSA ? C'était une blague c'est ça ? Un rêve. Non. Un cauchemar. Bref, c'était quelque chose d'autre que la réalité n'est-ce pas ?
Encore trop surpris par la nouvelle, il ne savait que dire. Son regard croisa celui, honteux, de son amie. Il l'écouta encore, alors qu'elle prononçait des mots qu'il n'aurait peut-être jamais voulu entendre. C'était donc pour ça qu'elle avait arrêté ses études ?
Tout devenait clair. Enfin non. Tout restait étrangement sombre, trop sombre...

Il murmura un rapide « Okay... respire », comme s'il était sur le point d'accoucher et souffla un grand coup. La nouvelle était un peu dure à avaler.
Harumi ? Une NSA ? Même pas dans son pire cauchemar !
Il ferma quelques instants, faisant rapidement signe à son amie qu'il avait besoin de quelques minutes. Il essaya tant bien que mal de démêler les nœuds que ses pensées avaient créés dans son esprit.
Toutes les questions qu'ils avaient envie de poser se mélangeaient en un gros n'importe quoi. Et tout ça commençait sérieusement à lui donner mal à la tête. Sa main sa posa machinalement sur son front alors qu'il se massait plus ou moins lentement les tempes.
Tout d'abord, il devait tenter d'intégrer la nouvelle. Harumi faisait partie des NSA, très bien. Et alors ? Ca ne la changeait pas, pas pour lui du moins. Elle restait son amie. Elle restait Harumi, son Harumi.
Maintenant, il devait dire quelque chose. Parce qu'il était resté silencieux depuis trop longtemps et il ne voulait pas surtout pas faire croire à Harumi qu'il lui en voulait ou qu'il était en colère. Enfin, bien sûr qu'il était en colère. Contre le système actuel et tout le tralala.
Laissant tomber sa main contre sa cuisse, il rouvrit lentement les yeux. Il plongea dans son regard dans celui de son amie et ouvrit la bouche. Remarquant qu'aucun son ne sortait pour le moment, et ne voulant pas inquiéter encore plus la jeune femme, il se contenta de lui offrir un petit sourire avant que ses bras ne viennent s'enrouler autour de son amie.
Il resta quelques minutes ainsi, son amie tout contre lui, le temps de laisser les mots se formaient et sa voix renaître.

« Je t'en veux pas, d'accord ? », chuchota-t-il enfin, lui caressant l'arrière du crâne tendrement, « Je t'en veux pas », répéta-t-il dans un autre murmure.

Il pourrait lui en vouloir, pour ne lui avoir rien dit et pour lui avoir caché la vérité. Il pourrait... mais il ne pouvait pas. Elle était trop importante pour lui. Il ne pouvait pas se permettre de la perdre sur un non-dit.
La tenant par les épaules, il la recula lentement afin de la regarder droit dans les yeux.

« C'est pas grave, d'accord ? », dit-il en sous-entendant que ce n'était pas grave qu'elle lui ai caché la partie sur les NSA, il y avait plus important, « Je t'en veux pas, tu m'en veux pas, personne s'en veut. Donc tout va bien de côté-là »

Un autre petit sourire vint étirer ses lèvres alors qu'il repensait à l'une de ses phrases de son amie. Il se mordit la lèvre, s'en voulant de s'être uniquement concentré sur la partie NSA.

« NSA, Denshou, lapin, crocodile, je m'en fiche, tu es et resteras Harumi », lui confia-t-il alors que son regard restait plongé dans le sien, « Qui est-ce qui te fait du chantage ? Et pourquoi ? Dans quel but ? Qui est-ce qui te fait ça, Harumi ? »

Il lui implora du regard de lui dire. Il ne savait pas encore ce qu'il allait faire mais il voulait savoir qui faisait du mal à son amie. Il improviserait après.
On ne touchait pas à Harumi.

Croisant le regard de mon ami je peux lire en lui au combien la nouvelle est dur à encaisser. Pendant des années, je  lui ai caché la vérité essayant tant bien que mal d’être l’ancienne Harumi à ses côtés.  Pourtant depuis longtemps déjà, l’amie qu’il avait connu pendant l’enfance avait sombré avec le reste, à mon entrée à la NSA. Aujourd’hui, je ne suis plus que l’ombre de moi-même. Je suis une jeune femme déchiré entre ce qu’elle doit être et ce qu’elle veut être. Une femme qui ne se gêne pas pour dénoncer et faire souffrir les autres pour se sentir un peu mieux chaque jour. Ren allait apprendre à connaitre cette nouvelle Harumi et je n’étais pas certaine qu’il allait l’apprécier.

Angoisser de savoir ce qu’il va en penser, je continue à le regarder en silence tandis qu’il me fait signer de lui laisser quelque minutes. Le fait que j’ai tenté de lui dissimuler ma véritable identité semble compliquer l’assimilation de la nouvelle. Je n’aime pas le voir torturer ainsi, voulant donc le soulager je tends machinalement ma main vers son épaule avant de stopper mon geste. Et si finalement mon ami n’acceptait pas que j’ai pu lui mentir ? Et s’il n’acceptait pas que j’ai pu trahir ses semblables ? N’oublions pas qu’il fait partie de la catégorie des gens à qui j’ai détruit la vie …. En pensant à tout cela, je ramène finalement ma main sur mes genoux. Peut-être que lui avouer la vérité n’étais finalement pas une bonne idée…

Son regard vient finalement se poser une nouvelle fois sur moi. Soutenant tant bien que mal son regard, je ne peux empêcher la peur de le perdre monté en moi. Il ne trouve pas ses mots, semble douter, renforçant peu à peu mon angoisse  jusqu’à ce qu’un sourire viennent se former sur ses lèvres. La situation est compliqué, certainement difficile à supporter pour lui et bien qu’il n’ait toujours rien dis, mon cœur se sent immédiatement soulagé après ce sourire.

Sans que je n’aie le temps de m’excuser une nouvelle fois, les bras de Ren viennent s’enrouler autour de moi. Surprise qu’il puisse effectuer un tel geste après ma révélation, je reste un moment sans bouger, jusqu’à entendre les mots de la délivrance. Si j’avais encore des larmes en moi, nul doute que je me serais mise à pleurer. Je suis soulager, soulager que son amitié soi plus fort que le reste et qu’il puisse me pardonner si facilement. Enroulant également son corps de mes bras, j’hoche simplement la tête en guise de réponse et savoure ce contacte que j’avais tant peur de ne plus retrouver. Finalement, Ren est bien le meilleur d’entre tous ….

Finalement, après quelque minute, le contacte fini par se rompre et nos regards se retrouvent machinalement tandis que mon ami m’explique qu’il n’y a rien de grave au fait que je lui ai caché mon véritable métier. Hochant une nouvelle fois la tête, je réponds à son sourire par un autre avant de me rendre compte que je suis bien loin d’avoir fini d’en discuter.

Perdant mon sourire, je prends conscience que Ren a très certainement des milliers de question à me poser. Et que toutes les réponses ne seront très certainement pas bonnes à entendre. Certes il m’a pardonné mon secret mais arrivera-t-il à pardonner tous mes actes ?

-«  Je ne peux pas te dire de qui il s’agit …. »

J’ai déjà transgressé une règle, cependant hors de question d’en transgresser une autre en révélant les identités des autres agents. J’ai déjà des problèmes alors évitons d’en créer des plus gros.

-«  Je peux juste te dire qu’il s’agit d’un autre agent qui sait que mon secret a été dévoilé. Comme notre identité doit rester secret quoi qu’il arrive, il se sert de ça pour me faire travailler plus, me donner des dossiers compliqué, s’amuser avec mon mental et j’en pense… »

Je connais Ren et je sais que ce genre de chose est intolérable pour lui. Comme moi, il ne supporte pas que l’on s’en prenne à ceux qu’il aime. Cependant sur ce coup, j’espère qu’il aura assez de recul pour se rendre compte qu’il s’agit d’une cause perdu.  Me défendre oui mais pas contre le système tout entier…

-«  Ren …. On est sadique à la NSA …. Je suis sadique …. Tu ne peux pas t’imaginer le nombre d’idée horrible qui peut nous passez par la tête … On aime faire souffrir c’est notre moteur »

Il a été en prison, il sait donc à quel point on peut être obnubilé par la perfection. Cependant je ne pense pas qu’il se rend compte à qu’elle point cette société peut changer les gens. A quel point elle peut nous détruire de l’intérieure au point où l’on finit par faire des blackouts…. Cependant, ça, c’est un sujet dont je ne lui parlerais pas. Je peux lire dans son regard son inquiétude pas besoin d’en rajouter. Inutile donc de lui dire qu’il m’arrive de plus en plus souvent de perdre conscience et de me retrouver ailleurs …. Parfois même avec du sang sur les mains …

Ca le tuait presque d'entendre cette phrase sortir de la bouche de son amie. Il grimaça à l'entente de ces mots avant de légèrement détourner le regard. C'était tellement... frustrant. Et blessant. En plus de se sentir quelque peu idiot de n'avoir rien remarqué plus tôt, il se sentait terriblement inutile. Quoiqu'à la rigueur, il pouvait toujours faire office de plante verte quelque part... Il y avait un coin vide là-bas dans le salon de son amie, il pouvait s'y installer. Après, entre être ce qu'il était à présent ou être une plante verte, il n'y voyait absolument aucune différence.

Entendant à nouveau la voix de son amie, il la regarda alors. Il l'écouta, sans broncher, presque sans réagir. C'était un autre agent. D'accord. Mais ça ne l'avançait pas réellement. Plante verte donc. C'était chouette comme métier.
Il soupira faiblement, tentant du mieux qu'il le pouvait de ne pas montrer que la situation l'énervait au plus haut point. Il ne supportait pas qu'on s'en prenne aux gens sans raisons, juste pour tirer des avantages d'eux, mais ce qu'il supportait encore moins c'était que l'on fasse subir ce genre de choses à ses proches. A Harumi, surtout.

Baissant lentement le regard, il continua d'écouter sans rien tout ce que Harumi lui disait. Il savait que les NSA n'étaient pas des anges. Il savait qu'ils n'étaient pas du genre à sauver veuve et orphelin, et certainement encore moins à aider les personnes âgées à traverser la route. Mais quand même...
Relevant doucement le regard, il plongea ses prunelles dans celles de sa vis-à-vis. Elle, sadique ? Ca ne devait pas être si horrible que ça, non ? Lui-même était parfois un peu sadique. Ca lui arrivait. Mais non, effectivement, il ne savait pas toutes les idées qui passaient dans la tête des NSA... et encore heureux. Il deviendrait fou.

« Tu dis « on aime faire souffrir », tu ne dis pas « je » ... », répondit-il doucement, « Je peux pas te mettre dans le même panier que ces gens-là. Tu as fait souffrir des gens, oui, je m'en doute, mais pas par plaisir, mais parce qu'on te forçait à le faire, non ? »

Il voyait mal Harumi prendre du plaisir en envoyant les gens en prison, ou même pire encore. En réalité, il ne voulait même pas connaître les détails de cette partie. Ce qu'il avait vu et/ou entendu lui suffisait déjà amplement. Il se demanda alors qui l'avait envoyé en prison. Bien sûr, il n'était pas l'exemple même de perfection au sein de Nishinaka, mais il n'était pas non plus celui qui créé le plus de problèmes. C'était flou. Trop flou. Mais ça non plus, il ne voulait pas savoir. Pas parce qu'il avait peur de savoir qui c'était, mais plutôt parce que, maintenant, c'était du passé pour lui. Et il ne voulait pas revenir là-dessus. Le passé était le passé, et la prison en faisait maintenant parti. Il était temps de tirer un trait dessus. Et puis il avait appris des trucs... qu'il avait déjà oublié.

« Tu veux vraiment pas me dire qui te fait du mal ? »

Son regard si fit presque implorant, sa voix presque suppliante. Et sans s'en rendre compte, il avait même pris les mains d'Harumi entre les siennes.
Cependant, il se doutait qu'elle ne dirait rien. Il se doutait qu'elle ne pouvait pas avouer. Ce serait trop simple si elle lui confiait tout, non ? Ce serait aussi trop simple si la solution pouvait tomber du ciel...
Baissant une seconde fois le regard, il se mordit la lèvre alors que son cœur se serrait. Il ne pouvait accepter le fait de ne pas savoir, après tout, il ne le savait pas jusqu'à maintenant. Mais il ne pouvait accepter le fait de ne pouvoir rien faire. Parce que, honnêtement, que pouvait-il faire pour aider son amie ? A l'instant présent, rien ne lui venait en tête, et ça lui faisait mal de ne rien trouver.

« Laisse... », murmura-t-il lentement et en relevant les yeux, faisant comprendre à Harumi qu'elle n'avait même pas besoin de lui répéter qu'elle ne pouvait pas lui dire, « On trouvera une solution »

Il ne savait pas qui il voulait le plus convaincre avec cette phrase : Harumi, ou lui-même ?

J’aurais dû me douter qu’il est impossible pour Ren de m’imaginer faire souffrir les gens par plaisir. Il est vrai qu’à la base j’ai été légèrement forcé de faire le métier que je fais actuellement. Seulement, avec le temps, je me suis habituée à faire du mal aux autres. C’est vrai, je ne le supporte toujours pas à 100%, mais je sens qu’au fond de moi une partie de moi est parfaitement apte à faire subir les pires atrocités aux autres sans remords. Seulement, essayer de le faire comprendre à mon ami serait inutile, il ne me croirait certainement pas. Il a une image bien trop parfaite de moi pour pouvoir imaginer une seule seconde que j’ai un mauvais fond. En guise donc de réponse, je me contente d’hausser les épaules et lâche un petit «  sans doute » certainement pas très convainquant mais suffisant pour passer à autre chose.

Malheureusement cette autre chose revient au sujet principal de notre conversation, mon persécuteur. Bien sûr que Ren ne peut pas se contenter d’un «  je ne peux pas te dire de qui il s’agit », et  je lui aurais bien avoué la vérité si seulement je n’avais pas signé ce fichu bout de papier. Me contentent donc de lui faire une moue désolée, je serte tendrement sa main avant de l’entendre me dire de laisser tomber. Je sais que cette situation fait souffrir mon ami, il souffre d’ailleurs certainement plus que moi en ce moment. Je suis d’ailleurs très touché qu’il veuille trouver une solution à mon problème seulement je doute fortement que lui comme moi pouvons arranger les choses.

-«  Ren ne te torture pas l’esprit, dis-je tout en caressant tendrement sa joue de ma main, je me sens déjà mieux maintenant que j’ai pu partager mon fardeau avec toi alors ne t’inquiète pas, les choses finiront par s’arranger»

Bien consciente que mon ami va avoir du mal à croire mes mots, je lâche ses mains pour venir à mon tour entourer son corps de mes bras, déposant au passage un baiser sur sa joue

-«  Fait-moi confiance tout ira bien, le plus important pour moi c’est que tu sois là …   »

Restant ainsi quelque seconde à essayer de le réconforter, je fini par me détacher légèrement et plonge mon regard dans le sien en le gratifiant d’un petit sourire. Encore une fois, il est arrivé à me remonter le moral par sa simple présence et pour ça je ne lui serais jamais assez reconnaissante.

-«  Tu es le meilleur ami qui puisse exister sur cette terre, alors ne te tourmente pas parce que tu ne trouves pas une échappatoire. A tes coter je me sens plus forte, je vais surmonter ça je te le promets.»

Elle avait beau lui dire de ne pas se torturer l'esprit, il y avait déjà un tas de nœuds dans ses pensées. Et ce n'était pas prêt de se démêler !
Il secoua légèrement la tête à la fin de sa phrase, tentant vainement d'y croire. Ce n'était pas qu'il ne voulait pas, mais pour le moment, il ne pouvait pas. Tout était encore trop frais dans sa tête pour qu'il arrive déjà à en voir le côté positif. Il y arriverait sûrement, sauf qu'il avait besoin de temps.

Répondant à l'étreinte de son amie, il se mit à lentement serrer son corps de ses bras. Il posa machinalement son front sur son épaule, et hocha une nouvelle fois la tête suite aux paroles de Harumi. Il lui faisait confiance, il lui confierait sa vie les yeux fermés, mais il ne faisait pas confiance aux autres.
Il profita de ce petit instant et quand son amie se redressa, il en fit de même. Il plongea son regard dans le sien et répondit à son sourire. Il ne pouvait pas ne pas lui sourire.
Il baissa quelque peu la tête après avoir entendu les mots de la jeune femme. Elle ne devait pas.. non, elle ne pouvait pas dire ça. En quoi était-il le meilleur ami qui puisse exister sur Terre ? Il soupira faiblement.
Il releva le regard, et sourit une fois encore. Bien sûr qu'Harumi était forte. Et de toute manière, il n'avait pas prévu de la quitter. Il allait rester auprès d'elle jusqu'à ce que tout aille mieux, quitte à ce qu'il enfile son fameux costume de papa-poule.

Le silence s'installa alors. Et pendant plusieurs minutes, Ren ne voulut pas le briser. C'était un bon silence, pas ce genre de silence oppressant et énervant, non, un bon silence qui faisait du bien. Pianotant doucement avec ses doigts sur la main de son ami, il laissa son regard vagabonder ici et là. Bizarrement, il ne s'ennuyait plus. L'ennui était parti loin, maintenant. Et de toute façon, il était bien trop occupé à faire tourner ses neurones que l'ennui n'aurait même plus le temps de venir l'embêter.

Il regarda à nouveau Harumi, et prit d'un trop plein d'amour à donner, il la serra une nouvelle fois dans ses bras.
Il l'aimait trop pour la laisser tomber maintenant qu'elle avait besoin de lui. Il était bien trop précieuse. Relâchant doucement la jeune femme, il se recula, tout sourire. Voilà, un câlin, et c'était reparti.

« Ca te dérange pas si je reste dormir ici ce soir ? », demanda-t-il soudainement.

Et puis même si c'était non, il s'invitait. C'était rare qu'il le faisait, car il n'aimait pas forcer les autres à le supporter trop longtemps. Mais là, pour la première fois depuis... depuis très longtemps, il s'invitait.

« Je vais dormir sur le canapé, je l'aime bien ton canapé en plus », déclara-t-il, montrant bien à son amie qu'il comptait rester.

Cela dit, si elle le mettait dehors, le connaissant, il s'en irait. Se levant alors d'un bond, il quitta la pièce tout en lui disant : « Je vais te préparer un truc à manger ! C'est une recette de ma mère, tu vas a-do-rer ».

Et voilà, costume de papa-poule enfilé.