✪ A tes côtés pour toujours 》MIKI&SORA《

J'avais l'air d'un idiot mais je m'en fichais.

Je courais comme un dératé depuis ma sortie de l'hôpital, depuis ce matin, entre l'affiche sur l'énorme panneau publicitaire, les tracts et les annonces en tout genre, je ne cessais de penser à Miki. Bon sang, qu'elle soit découverte m'avait paru inévitable, mais étaient-ils vraiment obligés de lui infliger cela ?!

J'en avais entendu tellement dans la journée, entre ceux qui étaient indignés, ceux qui criaient à la condamnation à mort et ceux qui parlaient de lui régler son compte, j'avais failli étriper plus d'un patient. Avaient-ils seulement conscience qu'elle n'était pas la seule à avoir fait cela ? Des NSA il y en avait d'autres, mais bien sûr, il fallait trouver quelqu'un sur qui taper, et qui de mieux qu'une jeune femme actuellement sans défense ?

Tous des pourris dans ce monde !

Et je continuais de courir jusqu'à Mazerumachi pour aller voir Miki. En passant devant sa boîte aux lettres, je pus voir l'ampleur du harcèlement, elle débordait de mots tous ayant l'air plus sympathiques les uns que les autres, heureusement, personne ne semblait l'attendre devant chez elle.

Je toquais deux fois rapidement puis un silence de deux secondes et de nouveau deux fois. Il s'agissait d'un code entre Miki et moi que l'on avait créé à l'hôpital, j'avais été un enfant difficile à soigner et Miki n'avait pas été mieux, les premiers temps, nous avions beaucoup de mal à laisser les infirmières nous soigner. Ce signe de reconnaissance entre nous avait été comme une planche de salue pour ne pas devenir complètement asociaux.

La porte s'entrouvrit timidement et je dis pour rassurer Miki.

- C'est moi, Sora, je suis venu prendre de tes nouvelles. Il n'y a personne avec moi si ça peut te rassurer et je n'ai vu personne roder autour de ton appartement.

Enfin je pus entrer dans l'appartement, et à peine Miki eut-elle refermé la porte que je la pris dans mes bras et la serrait fort contre moi.

- Oh Miki ! Je suis si désolé de ce qui t'arrive ! Tu vas bien ?

Quelle question bête ! Qui irait bien dans ce genre de situation sérieusement ?! Miki devait soit être horriblement stressée et angoissée, soit triste et enragée de subir tout cela.

Mais déjà, elle était à l'abri chez elle et c'était le principal.

- Qu'est-ce qui s'est passé Miki ?

Je ne savais pas si elle me dirait tout, ça devait être assez frais et douloureux à évoquer...

Voir Miki aussi mal créait des envies de meurtre en moi. Si seulement j'avais le pouvoir de faire un Hadouken vers Terazawa pour lui exploser la face, je le ferai sans problème.

Quelle ordure quand même, je voulais bien qu'un secret était un secret mais il aurait pu se venger d'une façon un peu moins cruelle. En y réfléchissant un peu, s'il souhaitait l'humilier ainsi devant toute la population de Nishinaka, c'était qu'il avait peut-être peur que Miki ne dévoile certaines choses et il la poussait à se cacher. Il avait peut-être le pouvoir mais ce vieux fou avait aussi la trouille, parce que Miki avait des informations sur les autres membre de la brigade.

Mais déjà, il fallait démanteler quelques informations que Miki prenait pour une vérité.

- Personne ne te hait toi, lui dis-je en passant mes mains dans son dos. Personne ne déteste Ueyama Miki, ce qu'ils haïssent, c'est ton rôle dans la NSA. Mais toi, l'esthéticienne avenante, gentille, douce, qui arrive à faire sourire n'importe qui dans les pires situations, personne ne hait cette personne là.

Je guidais mon amie vers son salon pour s’asseoir sur le canapé et ainsi pourvoir être mieux installé pour parler. Ses larmes ne semblaient pas pouvoir se tarir et même si je ne comprenais pas ce qu'elle pouvait ressentir d'être ainsi au centre de l'attention, je pouvais au moins être là pour la réconforter et lui tendre un mouchoir.

Le silence régna un petit moment, le temps que les larmes se tarissent et que Miki reprenne un peu ses esprits. Ça m'attristait tellement de la voir dans cet état, tout ça à cause d'un maire qui adorait la technologie et qui avait créé une brigade visant à faire du mal à tout ceux dérogeant à la règle de prendre le dernier iPhone pour un dieu.

Vieux sénile, il méritait de se faire écraser comme un vulgaire Goomba ! Remarque, ça devrait être marrant de lui sauter sur la pastèque, le voir s'écraser et disparaître en récupérant quelques pièces.

- Tu sais Miki, je pense que si le maire cherche à t’humilier à ce point, t'écrasant sous les lettres de menaces et cherchant à t'esseuler complètement de tes amis, c'est qu'il est mort de trouille.

C'était mon point de vue, et, de toute façon, toute personne humiliant une autre personne et la rendant complètement vulnérable et seule, est juste un lâche qui n'assume pas que son jouet ait une conscience et réfléchisse par lui-même.

J'étais terriblement fier d'être le meilleur ami de Miki. Elle avait des informations qui pourraient faire tomber le maire mais elle ne dirait rien pour la simple et bonne raison que certains membres de la NSA n'avaient pas eu le choix.

Miki valait mieux que le maire et tout ses toutous réunis.

Mes mains ne cessaient de faire des ronds dans le dos de mon amie pour l'apaiser, malgré le fait qu'il n'y ait plus de larmes, je pressentais qu'elle avait besoin de présence, d'être rassurée sur le fait qu'il y avait encore des personnes qui ne la haïssaient pas dans la ville.

- C'est vrai qu'il suffirait d'une moustache et on pourrait l'appeler Adolf Terazawa ou Joseph Terazawa, fis-je en essayant d'imaginer le maire avec ce type d'apparat.

Ça n'était pas très sympa évidemment de comparer le maire à ces dictateurs, mais en y réfléchissant, ça commençait toujours par vouloir éloigner une caste ou la changer et ça finissait en extermination massive.
Quoique je n'étais pas certains que les crématorium de Nishinaka puissent accueillir tant de cadavre, ni même que nous possédions un camp de concentration.

- Ça m'étonnerait que ça finisse en guerre, mais il va quand même devoir être réélu un jour et s'il veut des voix, il doit aussi plaire aux Denshou, donc il devrait se tenir un peu à carreau.

Et les denshou, il y en avait encore pas mal. Je n'avais rien contre eux et j'aurai été prêt à me battre pour leurs droits puisque je trouvais ça injuste d'enfermer des personnes juste parce que leurs façons de penser et de vivre ne plaisaient pas à Môssieur Terazawa et ses toutous.
Il y avait vraiment de ces abrutis, et plus ça allait, plus c'était pire. Ils risquaient de bientôt interdire les femmes denshou où mariés avec un, d'accoucher à Nishinaka et autant dire qu'il était hors de question que les patientes que je suivais depuis le début ne puissent pas bénéficier du meilleur pour l'un des plus beaux jours de leurs vies !

- En tout cas, je suis extrêmement fier de toi, tu n'utilises pas ce que tu sais contre Terazawa pour te venger. Tu vaut cent mille fois mieux que lui Miki.

J'étais sincère, les seules fois où j'avais tenté de mentir à Miki, je m'étais retrouvé très mal et j'avais dû faire des pieds et des mains pour arriver à avoir son pardon alors je n'allais pas recommencer.

- Et sache que je serai toujours là, je te l'ai déjà dis, mais jamais je ne t'abandonnerai.

Ma meilleure amie devait être l'une des seules personnes pour qui je me jetterai du haut d'une falaise sans hésiter si sa vie en dépendait.

Bon, Miki marquait un point à propos de la réélection quasi obligatoire de Terazawa. Il était influent et avec ses belles paroles, il allait embobiner les Shinki et certainement la plupart des Denshou. Enfin, surtout s'il n'avait personne en face de lui pour tenter de lui prendre sa place avec une politique moins restrictive.

Qu'elle me saute dessus et se cache dans mes bras, j'en avais l'habitude, à l'hôpital c'était moi qui arrivait à la rassurer quand elle faisait des cauchemars, j'avais moi-même la malchance d'en faire mais plus rarement que Miki, et du coup, au lieu de lui administrer un sédatif qui l'aurait simplement shooté, les infirmiers de garde pouvaient compter sur moi en cas de problèmes pour arriver à calmer mon amie. Et puis ça les arrangeait bien, nous n'étions pas deux jeunes faciles à soigner, surtout moi d'ailleurs. Et regardez dans quel milieu j'ai fini...

Ma meilleure amie semblant allant mieux maintenant que je lui avais dit le fond de ma pensée, je me dis qu'il était peut-être temps de parler de choses plus légères, un peu moins technologiques et terazawiques -et oui je viens d'inventer ce mot- parce qu'il y avait tellement de sujets plus intéressant. Et un en particulier attisait ma curiosité...

- Trêve de politique, ça finit toujours mal ce genre de conversation ! fis-je pour annoncer le changement de sujet. Sinon, comment ça se passe avec ce fameux Yuki ? Tu l'as revu ?

Miki faisait ce qu'elle voulait avec qui elle voulait, ça aurait été très ironique de ma part de lui dire avec qui elle pouvait sortir. Et puis, si elle avait choisi ce "Yuki" c'était bien pour une bonne raison non ? Il devait être sympathique, drôle et mignon, donc il n'y avait pas de quoi s'inquiéter.
Enfin si, mais moi c'est parce que je m'inquiéterai toujours de ce que devenait ma meilleure amie et que je la surveillerai de loin. La moindre personne qui tentait de se jouer d'elle serait sévèrement punie, et attention, je savais me servir d'un scalpel et cautériser une plaie sans anesthésiant.

Avoir fait des études dans une branche du médical pouvait aider en cas d'envie soudaine de torturer quelqu'un sans le tuer...

En fait mon changement de sujet n'avait pas eu l'effet escompté... J'allais devoir les sujets à éviter et ceux à mettre en avant le temps que tout cela se tasse.

Bon, déjà, rassurer Miki parce qu'au rythme où passaient les expressions sur son visage, elle allait soit me faire une crise d'hystérie soit une d'angoisse, et je n'avais pas envie de vivre une seule des deux. J'avais peut-être quelques calmants dans mon sac mais je n'aimais pas spécialement vivre les problèmes d'hystérie. De un parce que j'en avais assez à la maternité, et de deux, parce que je n'avais pas envie de voir Miki dans cet état.

Aussi je me levais pour serrer ma meilleure amie entre mes bras et essayer de la rassurer.

- S'il t'apprécie vraiment, il te laissera t'expliquer et il te pardonnera s'il est un denshou ou alors trouvera ton histoire extrêmement touchante et il te prendra dans ses bras pour te rassurer.

Je n'étais pas sûr de ce scénario, je ne connaissais même pas ce Yuki, mais il était certain que s'il faisait le moindre mal à Miki, je le traquerai, je le trouverai et je ferai de sa vie un véritable enfer ! J'étais réellement capable de lui faire du mal, beaucoup de mal même...

- Et s'il te rejette, dis-toi qu'il ne s'agissait que d'un abruti.., dis-je sans détour. Mais Je ne pense pas qu'il soit ainsi, tu n'es pas du genre à choisir des personnes peu fréquentables pour être à tes côtés -mis à part moi- et je suis sûr qu'il te laissera lui parler et qu'il voudra comprendre.

Je ne pouvais pas vraiment dire grand chose de plus, ça aurait fini par être du mensonge et je ne voulais pas donner trop d'espoir à Miki si elle découvrait que celui qu'elle aimait était en réalité un salaud finit...

Bon, je devais à nouveau changer de sujet et ne pas parler de choses qui pourraient fâcher. Allez mon cerveau, c'est pas le moment de se mettre en veille ! Réfléchir, réfléchir, réfléchir...

Oh mais bien sûr !

- Tu sais que je suis moi-même peut-être amoureux ? Oui, c'est une grande première et j'ai besoin de partager un peu mon ressenti sur tout ça... Tu veux bien être mon oreille attentive quelques minutes ?

Voilà, j'avais réussi à faire dériver la conversation comme je le voulais !

Bien, j'avais capté l'attention de Miki, elle ne semblait plus avoir peur et penser à la NSA, pari gagné. Enfin bon, maintenant j'allais devoir lui parler de cet "homme mystère qui a réussi à faire fondre mon cœur de pierre"... Enfin pas exactement, je n'étais pas sûr d'être réellement amoureux puisque je n'y connaissais rien en ce genre de sentiments. Je ne faisais pas parti de ces personnes associant amour et sexe et comme j'avais commencé avec les relations charnelles...

Enfin bon, Miki méritait de savoir pour mes doutes concernant ma relation avec Rihito. J'étais assez perdu, pourtant il était à la base pareil que tout les hommes avec qui j'avais couché... Enfin non, il était plus attentionné, plus présent, plus tout...

Oh non, les papillons vous allez vous barrer de mon estomac !

- Doucement, doucement je vais te dire tout ce que tu veux savoir. Il s'appelle Kiritani Rihito, il a vingt-deux ans -oui, il est plus jeune que moi- et on s'est rencontré dans un bar comme avec la plupart de mes amants. Au début on ne devait passer qu'une seule nuit ensemble, mais au final on s'est revu et c'est devenu vraiment régulier...

On en était quand même au point où il laissait quelques affaires chez moi, qu'on prenait des petits déjeuners ensemble, qu'on allait au cinéma et qu'on passait parfois la nuit sans faire de câlins plus poussés que des caresses. Je me rendais vraiment compte maintenant que c'était très différent d'avec mes autres amants...

Et puis il avait tellement de classe, d'énergie, ses muscles étaient absolument parfaits...

Des papillons affluaient encore dans mon ventre, j'aurais presque pu me lancer dans un élevage. Je savais pas combien payaient les collectionneurs mais si j'avais quelques spécimen de Reines Alexandra, peut-être que je pouvais arriver à gagner mon mois sans bosser.

- Enfin bon, je te dis que je crois être amoureux, je ne l'ai jamais été alors je ne sais pas bien si ce que je ressens est juste une très forte attirance ou une amitié particulière ou bien de l'amour...

Et je n'avais pas encore dans l'idée de me caser définitivement, j'adorais Rihito, là n'était pas la question, mais je ne pouvais pas promettre de lui rester fidèle si je lui demandais de commencer une vraie relation avec moi. Je ne voulais pas le blesser, et lui promettre des choses que je ne ferais peut-être pas, risquerait de lui faire du mal.

Je l'appréciais vraiment trop pour le blesser.

Et puis, je n'étais même pas sûr que, si j'avais vraiment des sentiments, ils me soient retournés...

Miki avait entièrement raison, c'était à moi de savoir si j'avais envie d'une relation plus poussée que du sexe avec Rihito. Je savais que si je devais me passer de lui, j'allais très certainement me sentir très mal et retourner m'incruster chez Naoya sous peine de recommencer à stopper de m'alimenter et retomber dans l'anorexie...
Mais c'est qu'elle avait entièrement raison en plus... Depuis que Ri' était devenu mon amant régulier, j'avais de moins en moins envie de passer sous le corps d'autres personnes, sauf pendant mes crises de nymphomanie mais là c'est parce que je ne contrôlais plus rien...

Ça commençait à devenir compliqué cette histoire...

Heureusement, Miki changea de sujet, avait-elle perçu mon trouble ? J'en étais presque certain, elle avait un don pour voir quand j'allais mal alors que je voulais montrer que tout allait pour le mieux. Et la réciproque était vraie... On faisait vraiment la paire tout les deux !

- Je n'allais pas te laisser toute seule quand même ! J'avais besoin de savoir que tu étais chez toi, en sécurité. Et tu sais, si tu sens que quelque chose ne va pas, que tu as besoin de parler tu peux toujours venir chez moi si tu as encore le double de mes clés, lui proposais-je en souriant. On fera des milkshakes multicolores et on jouera avec ma nouvelle console ou alors on fera des jeux qui font rager sur mes consoles rétro !

Encore un truc qu'on faisait Miki et moi, on prenait des jeux bien pourris, truffés de bugs, difficiles ou alors simplement rageant et on essayait de les finir. En règle général ça finissait par des éclats de rire et des larmes de frustration, mais au moins on s'amusait vraimentbien !

- Donc tu n'hésites pas à venir quand ça te chante ! Tu es la bienvenue chez moi.

Je déposais un baiser sur le front de ma meilleure ami avant de lui sourire doucement.

J'espérais que sa situation allait s'améliorer avec le temps...

Tout comme ma situation avec Rihito allait devenir plus claire parce que je commençais à en avoir marre de m'auto provoquer des migraines...

Tout semblait bien aller pour Miki si on octroyait le fait qu'elle n'avait plus de travail, que des gens lui envoyaient des lettres de menace et d'humiliation et que la moitié de la ville la connaissait comme étant la "méchante traîtresse vilaine qui a été NSA" parce que ces gens ne savaient pas réfléchir avec leur cerveau.

Ouais donc non, tout n'allait pas bien pour Miki, mais au moins, elle était à l'abri chez elle, et si elle avait des ennuis, elle savait qu'elle pouvait m'appeler ou venir chez moi à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit.

Après lui avoir collé un baiser sur la joue, à mon tour, je lui offris un grand sourire et également une pichenette sur le front.

- Oui maman ! Je ferai attention sur la route et je regarderai des deux côtés avant de traverser ne t'inquiète pas, dis-je d'une voix affreusement aiguë.

Je me moquais gentiment de sa façon de jouer les protectrices avec moi. Elle avait été comme ça dès le début de notre relation quand nous étions hospitalisés tout les deux et c'était resté depuis.
Même si je lui faisais parfois remarquer, j'aimais bien cette façon d'agir avec moi, et puis je n'étais franchement pas mieux parfois...

Si seulement on avait pu naître frère et sœur avec Miki... Notre enfance aurait été tellement géniale ! Par contre le pauvre Tsuneo en aurait sûrement bavé...

- Bien, je vais suivre tes conseils et aller me reposer pour être frais comme un gardon demain et aller travailler dans la joie et la bonne humeur ! Youpi ! Je passerai peut-être te voir demain avec de quoi se faire une soirée télé.

Je lui fis un clin d’œil et après une dernière bise, je m'engageais discrètement dehors. Personne n'attendait devant chez Miki mais je ne m'attardais pas pour autant et me hâtais de rentrer chez moi.