Itadakimasu! Ah non en fait...

e pas travailler lui manquait malgré tout. Heureusement qu’il avait ses spectacles sinon Kyohei passerait les trois quarts de son temps à ruminait encore et encore. Bientôt il pourrait entrer dans la boîte de leur père, à Naoki et à lui, mais pour l’instant le jeune homme se contentait de patienter, se reposer et se soigner surtout. S’il avait retrouvé l’usage de son bras, la récupération n’était pas encore totale alors le jeune homme devait faire attention. Bien que cela soit plus fort que lui de ne pas tenir en place et de froncer les sourcils lorsque son kinésithérapeute le grondait d’en faire trop. Lui refusait de rester enfermé à la maison, de se ressasser ce tragique incident qui le hantait chaque soir et d’inquiéter sa femme à qui il avait déjà fait assez de mal comme ça. Certes, la situation s’était arrangée, son état s’arrangeait également cependant tout n’était pas aussi simple. Et il songeait que dés qu’il travaillerait à nouveau, il n’aurait pas à se tourmenter ainsi que penser comme il le faisait trop ces derniers temps. Peut-être même que ça l’épuiserait tellement qu’il pourrait enfin dormir une nuit complète sans être réveillé par des cauchemars.

Yui ne serait pas là ce soir, elle avait prévu de sortir avec une amie à elle et si ça l’avait embêté de se retrouver seul, Kyohei n’en avait rien dit si ce n’était de profiter. Il allait encore devoir se faire à dîner. En soit, il était habitué néanmoins sa motivation était que sa femme serait avec lui pour partager le repas et la voir apprécier la nourriture le faisait sourire. Mais lui qui détestait la cuisine, il n’avait plus de nouilles instantanées ou des plats tout aussi rapides comme il le faisait avant. A chaque placard qu’il ouvrait, le garçon le refermait en soupirant de ne pas trouver quelque chose qui l’intéressait. Ce n’était pourtant pas des aliments qui manquaient seulement rien ne l’encourageait à préparer à dîner. Voilà pourquoi le magicien choisit une option à laquelle il n’avait pas songé avant, manger dehors.

Avant cela, il s’était promené en ville, marchant tout en observant les alentours mais pas que... Il ne pouvait s’empêcher de noter chaque fait et geste de chacun intérieurement, de les détailler discrètement tout comme agent de la NSA qui se respecte. Même s’il n’était pas en mission, le garçon n’en oubliait jamais son rôle et ne ratait pas une miette d’une potentielle cible qui pourrait nuire à Nishinaka. Le paradoxe dans tout cela était probablement que si Kyohei ne se forçait pas à jouer le parfait Shinki, il serait lui-même nuisible à la ville. Il n’avait pas d’attrait particulier pour la technologie et favorisait en général les coins plus tranquilles, plus conviviales ou on ne l’ignorerait pas parce qu’on était concentré à consulter pour la énième fois son fil d’actualité Facebook. Peut-être à cause du fait que lorsqu’il était petit, il n’avait pas eu l’occasion de côtoyer beaucoup de monde et qu’il ne rêvait que de cela.

Finalement, c’était à Shizen que le jeune homme se retrouva et si avant il appréciait le calme qui régnait dans ce quartier, en cet instant et principalement à cette heure, il ne se sentait pas tranquille. C’était justement... Trop calme. Ses yeux vaquèrent autour de lui pendant qu’il marchait par précaution et surtout parce qu’il n’avait pas envie de se faire encore attaquer. Il savait qu’il « psychotait » probablement un peu trop néanmoins on ne pouvait guère lui en vouloir cette attitude. Le médecin lui avait conseillé à plusieurs reprises d’aller voir un psychologue pour ça toutefois Kyohei n’avait cessé de refuser, ne comprenant pas ce que ça lui apporterait de plus. Cela ne lui effacerait pas son traumatisme. Et il avait encore l’air plus fin à hésiter à rentrer dans ce restaurant, planté devant l’entrée à fixer la porte fermée comme si celle-ci risquait de s’ouvrir parle Saint-Esprit. Ce n’était qu’après plusieurs secondes de résignation que le magicien osa s’aventurer à l’intérieur et soupira de soulagement en constatant qu’il n’y avait aucun homme armé à l’horizon. L’endroit était déjà plein et le sourire aux lèvres, le jeune homme alla s’installer au comptoir avant de passer rapidement sa commande. Il aimait les lieux traditionnels comme ça, c’était agréable et on pouvait facilement dialoguer avec son voisin. Ce qu’il fit d’ailleurs tandis qu’il attendait son plat ainsi qu’une boisson en guise d’accompagnement. Mais alors qu’il s’apprêtait à attraper son verre, le client à sa gauche n’avait pas prêté attention à sa présence, et son bras se cogna tout à coup contre le sien. Les yeux plissés, les sourcils froncés, Kyohei n’avait pas supporté son impolitesse. Depuis quand on s’excusait sans regarder son vis-à-vis ?

- Non mais c’est quoi ce manque de respect ?! Ne put s’empêcher de pester le magicien avant d’observer avec plus d’intérêt son voisin. Un sourire en coin, sarcastique, traçant ses lèvres lorsqu’il le reconnut, Ah. Je comprends mieux pourquoi. A croire qu’on ne vous a jamais appris les bonnes manières.

Shôta quelque chose... Il ne se souvenait plus de son nom de famille. A l’époque, qu’est-ce que cet individu avait pu l’énerver ?! Pour une fille, il était venu lui planter un scandale sans connaître assurément toute l’histoire. Sans le connaître lui tout court d’ailleurs. Les sentiments ne pouvaient pas toujours se contrôler et qu’est-ce qu’il y pouvait lui s’il n’était pas amoureux d’elle ? Dés lors, la relation entre les deux est devenu plus qu’électrique. Kyohei a toujours été un garçon impulsif, si on le provoquait, il rendrait la pareil. C’était stupide. S’expliquer aurait été mieux cependant les hommes sont réputés pour être tous des idiots non ?

on. On ne lui avait jamais appris à tenir sa langue et alors ? Est-ce que cela poser un problème ? Il aurait très bien pu lui rendre la réflexion d’ailleurs parce que ce n’était pas lui qui s’était mêlé de ce qui ne le regardait pas par le passé. Non pas que Kyohei ne comprenait pas, quelque part il pouvait se mettre à la place de cet homme seulement ce dernier n’avait pas cherché à le cerner lui. Ce n’était pas comme s’il avait agi en servant purement et cruellement de cette fille. Il n’était juste pas doué au niveau des sentiments, un handicapé des relations sociales pouvait-on dire. Il était quelqu’un d’assez maladroit bien qu’en le contemplant, une telle chose était difficile à croire. Si Shôta le connaissait réellement, il aurait une excellente de le détester en découvrant qu’en vérité le magicien faisait partie des agents de Nishinaka. Là, il y avait de quoi lui faire des tas de reproches puisqu’il s’agissait de manipulation et de fausseté envers un grand nombre de personnes. Seulement pour l’histoire de son ex-petite amie, le garçon peinait à comprendre comment après des années, ils pouvaient encore en être là tous les deux alors qu’ils étaient censés avoir grandi depuis. En particulier lui qui était marié et qui avait traversé un calvaire inimaginable, frôlé la mort et perdre ceux qui lui tenaient le plus à coeur. Ce serait stupide de continuer à se chamailler comme deux adolescents, à vouloir se frapper dessus et ne pas être capable de converser convenablement et pourtant, Kyohei lui-même ne parvenait pas à rester calme. Ce gars l’agaçait, c’était physique en fait. Rien qu’entendre sa voix lui donnait envie de le cogner. Certainement parce qu’il était stupide depuis le début et que lui n’était pas plus intelligent en répondant à ses provocations.

- Pas quand vous êtes sous mes yeux, avait alors déclaré le jeune homme ironiquement.

Qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire de toute manière ? Sans lui adresser un nouveau geste d’attention, il remercia le serveur qui lui donnait son verre d’un sourire compatissant puis le bu en silence avant de se remettre à dialoguer brièvement avec son voisin de droite. Quand l’autre reprit la parole, Kyohei grimaça légèrement, se jurant de ne pas intervenir face à ce manque de politesse, pas même un « s’il vous plaît » lorsqu’il s’adressait à l’employé... Certes il savait que ça l’irritait parce qu’il s’agissait de Shôta et que peu importait quel comportement celui-ci adopterait, ça l’agacerait. Il se disait que ça serait peut-être l’occasion de discuter, de mettre tout à plat, ils étaient des adultes désormais. Quand il songeait, le magicien réalisait ô combien tout cela était stupide, se prendre la tête pour de vieilles histoires comme celle-ci ne rimait à rien...Il en avait vécu des tas de choses, des pires, des moins pires et à présent, il serait peut-être temps qu’il arrête d’agir comme un pauvre gamin grincheux qui en veut à son voisin car celui-ci l’avait agressé en premier à l’époque. C’était complètement idiot, il s’en rendait compte et ça le faisait aussitôt soupirer. Il avait envie d’être raisonnable, de passer outre tout cela cependant il y avait cette autre partie de lui qui n’était pas d’accord et l’en empêchait. Sa fierté. Ah, ces hommes... Pourtant il faudra bien qu’un jour l’un ou l’autre accepte de mettre de côté sa dignité s’ils désiraient sincèrement enterrer cette fameuse hache de guerre.

- Vous allez m’en vouloir encore longtemps ? Balança-t-il soudainement avec les sourcils quelque peu froncés et un ton de reproche malgré tout.

Au bout du compte, Kyohei s’était résigné à le faire. Certes, il n’avait pas adopté une intonation des plus agréables et il avait été assez sec dans ses paroles mais au moins, il avait effectué le premier pas.

- Non parce que j’aimerais pouvoir manger tranquillement et avec vous qui me dévisagez comme ça, c’est assez embêtant.

On la sentait la fine note de sarcasme dans sa phrase ? C’était plus fort que lui, il ne pouvait pas être gentil si subitement, pas après toutes ces années où ils avaient passé leur temps à s’envoyer des piques à tout bout de champ. Même s’il souhaitait sérieusement essayer d’arranger les choses, c’était toujours plus facile de le dire que le faire.

ue ce gars aille se faire voir ! Dans tous les sens du terme. Certes, Kyohei admettait ne pas avoir été des plus agréables dans sa façon de parler, il admettait ne pas être des plus charmantes compagnies non plus néanmoins, il avait essayé de faire un effort lui. Il ne comprenait d’ailleurs toujours pas comment après des années, tous deux pouvaient adopter encore une attitude aussi enfantine. Probablement qu’il n’y avait pas à chercher à discuter... Sa relation avec Harumi avait été la même pendant des années bien que pour celle-ci, c’était différent. La jeune femme lui avait longtemps voulu à cause de leur ami commun et ça avait toujours été chien et chat entre eux. Aujourd’hui, ils commençaient enfin à s’entendre. Il avait fallu qu’une chose de grave parvienne pour qu’ils arrêtent de jouer aux enfants et grandissent. En soit, ce n’était pas plus mal bien que le magicien aurait largement préféré que cela se passe dans d’autres circonstances. Comme ne pas se faire tirer dessus par exemple. Oui, ça aurait été bien. Mais, il essayait tout de même de tirer le positif de tout ça... Si on omettait son traumatisme, ça l’avait rapproché de son épouse et ça avait renforcé ses liens avec Harumi. Il espérait sincèrement qu’il ne faudrait pas également un tel évènement pour que ça s’arrange avec Shota sinon, ils n’étaient pas sortis de l’auberge. Enfin, le magicien n’en avait que faire que ça s’arrange ou non de toute manière... Ils n’étaient pas si proches et ce n’était pas comme si ils étaient à se croiser souvent mais au fond, ça le dérangeait. Ca le dérangeait que ce garçon lui pique encore une crise aujourd’hui sous prétexte qu’il était sorti avec celle qu’il aimait et que lui n’aimait pas. Qu’est-ce que cet idiot savait sur lui ? Il ne jugeait que sur le devant cependant, il n’avait pas cherché à regarder plus loin.

Le magicien reconnaissait ne pas avoir bien agi non plus en démarrant au quart de tour cependant, ce n’était pas de sa faute si l’autre lui avait tapé sur le système avec ses remarques, si ?

- Vous êtes vraiment pitoyable, Cracha-t-il d’un ton assez sec.

Non pas qu’il avait été vexé par ses mots mais parce qu’il ne pouvait s’empêcher de trouver cette attitude stupide.

- D’accord, je n’aurais peut-être pas dû vous parlez comme ça mais je ne pense pas que vous soyez mieux pour autant. Jusqu’à quand vous allez continuer à vivre dans le passé et me reprocher quelque chose qui est arrivé il y a des années ? Vous vous braquez sur vos propres sentiments mais vous n’avez jamais pensé aux miens non plus. Mais soit, faîtes comme vous voulez.

Là, on ne pouvait pas dire qu’il était de mauvaise foi ? Kyohei essayait réellement d’établir une vraie discussion... Ce qui n’aurait sûrement pas été de refus à l’époque. Malheureusement, les évènements et le temps aussi font que de nombreuses changent. Le caractère aussi puis on grandit. Dans un soupir, le jeune homme ne lui adressa pas le moindre regard qu’il préféra se concentrer sur sa nourriture sinon il risquait de se mettre en colère pour de bon. Et il n’avait nullement envie de ça. Il en avait assez des ennuis à présent qu’il ne souhaitait pas se prendre la tête pour de telles sottises.