Kamei Yûji † Ce qui est fait... est fait.

Who I am inside:

My little story:

Regardez autour de vous : il existe des tas de scénarii et tous sont plus ou moins graves. Le scénario que constitue ma vie n’est pas plus drôle ou dramatique, ni même plus compliqué. Ce qui est fait est fait…
Mon père était un parfait gentilhomme qui, comme n’importe lequel des citoyens de cette époque, voulait un enfant mais n’en avait pas les moyens. Lorsque je suis arrivé, j’ai amené avec moi la misère et la déception. J’étais certes mignon, mais mes épaules basses et mon caractère « de chien » ne faisaient pas de moi l’enfant idéal. Je ne me tenais pas à carreau, comme n’importe lequel des petits garçons selon moi. Pourtant, nous avons tous survécus à ça, jusqu’à l’arrivée de ma sœur cadette, Megumi. Si j’avais la noirceur d’âme du chenapan incontrôlable, elle était de nature plus sage qu’une image, blanche et douce comme la soie. Je l’adorais, et mes parents aussi. Megumi venait compenser mes bêtises et mon ignominie, et moi je me contentais de la protéger de tout et n’importe quoi.
J’avais vingt-ans et elle douze lorsque je la poussais à faire le mur un soir, pour embêter nos parents et nous acheter des glaces. C’était un mois d’août très chaud. J’avais pour habitude de passer par les quartiers moins bien sécurisés, car le danger était plus un drogue qu’une crainte pour moi, et du moment que je tenais la main de Megumi, rien ne pouvait lui arriver. Si d’ordinaire, je n’avais pas rencontré trop d’infortune dans cette ruelle, ce jour-là fit exception. À la lueur naissante de la Lune, deux clans de Yakuza se donnèrent l’assaut, à mon grand regret et profonde surprise. Si j’avais su, je ne serais pas passé par là, j’aurai pris un chemin plus sûr et plus long. Mais Megumi voulait sa glace, alors nous n’avons même pas fait demi-tour.
J’ai eu le malheur de m’en prendre à l’un d’eux pour qu’il nous laisse passer, et je n’avais pas prévu que sa colère soit aussi grande – nous avons dû courir plus vite pour les fuir. Eux, ils se battaient toujours avec des bâtons, des matraques ou des battes de baseball qui laissaient des traces de sang un peu partout. Je pris Megumi pour la porter sur mon dos, tandis qu’elle restait silencieuse. Une fois sortis de cette ruelle de la mort, j’attendis de parcourir encore quelques mètres avant de la faire descendre…

C’était comme apprendre que son bébé est mort à l’intérieur de son ventre, et qu’on doit l’enlever d’une manière ou d’une autre. C’était se dire « je n’ai pas fait ce qu’il fallait, c’est de ma faute ». En tenant le corps inanimé de ma sœur contre ma poitrine, je tentais de comprendre comment cela avait pu arriver. Ses cheveux couverts de sang me menèrent jusqu’à l’impact sur son minuscule crâne d’enfant et je me mis à pleurer, enrager, maudire tous les hommes et les femmes de la terre. Elle était la plus douce, gentille et affectueuse des personnes, elle n’avait que douze ans. Je me souviens l’avoir déposée contre le mur,  bien cachée, et être retourné me venger de ces salauds qui avaient osés toucher à l’être le plus précieux de ma vie.

Tout ceci avait fini à l’hôpital et dans un cimetière. J’aurais pu me servir de cette leçon pour devenir quelqu’un de meilleur, me dire que c’était ce que Megumi aurait voulu – mais elle était trop petite pour philosopher sur ma vie. Pour elle, j’étais le meilleur grand-frère.
J’ai suivi la voix ouverte par cet acte manqué. J’ai déraillé, battu, menti, volé, trompé… jusqu’à finir en prison à mes vingt-trois ans. J’en suis ressorti un peu plus tard, mais je n’avais pas totalement changé. Pas comme on le voudrait. Peut-être que j’exécutais toute cette violence autour de moi parce qu’au fond, j’attendais simplement qu’on me prouve que l’homme était bon, ce dont seule Megumi avait été capable. Le noir imprègne ma vie, ce n’est pas plus compliqué que ça. Je ne me plains pas, je ne suis pas plus à plaindre que celui qui a un cancer du foie, mon but est juste différent.

Je ne suis pas plus clean aujourd’hui. Sorti en liberté conditionnelle, on m’a vite retiré mon bracelet à la cheville, en voyant que je me tenais à carreau. Je ne suis pas plus honnête, plus gentil ou plus moral, j’affiche juste une carapace opaque de bien-être et de sérénité qui cache une soif de vengeance bouillonnante. Classique, vous me direz… surtout pour un agent de sécurité ! Moi, protéger les gens ? Cherchez l’erreur.

Terazawa ? C'est du pipeau, je ne suis pas du tout son concept. On me catégorise donc en Denshou, ce qui est franchement ridicule. Technologie ou pas, qu'est-ce que ça peut leur faire ? Quelqu'un devrait peut-être l'embrocher, celui-là... et les NSA avec.
Oh, pardon, peut-être que mes propos vous choquent. Mais oui, je n'aime pas les NSA, je n'aime pas qu'on base toute une vie sur l'électronique ou même, les objets. Car c'est l'un d'eux qui m'a pris ma Megumi. Je suis plutôt discret, je ne vais pas aller casser la baraque d'un NSA, mais il est hors de question que je courbe l'échine face à un ordinateur. Oui, j'utilise moi aussi ces objets, mais à moindre importance. Toute ma vie ne repose pas sur eux, bien qu'ils puissent nous être utiles parfois. Et dieu sait que je ne remettrais pas ma vie entre les mains d'un téléphone ou d'un réseau social tout entier. Bien que l'humanité soit une cause perdue d'avance, elle mérite un peu d'espoir... et nous, les Denshou, sommes les espoirs restants.

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