Excu... Non, c'est pas vrai

Passant rapidement sa main sur sa nuque, il la massa mollement d'un air distrait, le regard fixé sur un point invisible droit devant lui. Il avait l'impression d'avoir rattrapé tous les jours de travail qu'il avait dernièrement manqué. A croire que sa collègue et la patronne s'étaient toutes les deux mises contre lui pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Cela dit, il aurait bien préféré venir travailler durant cette période-là, plutôt que de rester enfermé chez lui par peur.
Un soupir franchit alors ses lèvres à ce souvenir, avant qu'il ne parte aider l'un des derniers clients du groupe qu'il avait eu sur le dos depuis quelques heures.
Se pliant à toutes les volontés de ce dernier, il mit son envie de dormir de côté, et garda le sourire jusqu'à ce que le client quitte la boutique, satisfait.
Un long soupir de soulagement quitta lentement sa gorge alors qu'il s'étira tout en admirant le magasin vide de clients. Enfin, il savait que ça n'allait pas durer, mais pour le moment il préférait souffler un peu plutôt que d'y penser.
Sa patronne arriva, le sourire aux lèvres et lui tapa l'épaule d'un air comblé. Elle le félicita rapidement avant de le remercier de s'être déplacé. Il ne répondit que par un sourire. En soit, il ne pouvait pas lui en vouloir, elle avait été vraiment compréhensive avec lui quand il était revenu au travail.

Il arrangea alors rapidement les différents rayons, remettant les habits droits, alors que la porte du magasin s'ouvrit. Persuadé qu'il s'agissait d'un nouveau client, Ren enclencha la deuxième vitesse et termina rapidement de ranger correctement les vêtements froissés.
Il partit alors vers la porte, voulant accueillir le client, mais fut happé sur son chemin par la voix d'une jeune femme. Oh, eh bien, c'était sans doute elle la nouvelle cliente.

Il la dévisagea un instant, avant de regarder les robes qu'elle tenait en mains. Il cligna des yeux plusieurs fois, tentant du mieux qu'il le pouvait de comprendre la question de la cliente. Il avait plus l'habitude de s'occuper des hommes, il s'y connaissait mieux de ce côté-là. C'était sa collègue qui s'occupait plus généralement des femmes...

« Euh oui, effectivement », répondit-il simplement avant de pointer le doigt vers un rayon un peu plus loin, « Celles qui sont là-bas sont taillées plus petites si vous voulez »

Il lui sourit doucement avant de lui faire un signe de tête pour qu'elle le suive et de la conduire devant d'autres robes. Il la laissa tranquille, la laissant observer les vêtements devant elle.
Il se permit alors un petit coup d’œil vers elle. Et plus il la regardait, plus il avait l'impression de l'avoir déjà vu quelque part ; en plus il devait paraître idiot à la fixer comme ça.
Elle devait être une cliente régulière, sinon il ne voyait pas pourquoi elle lui rappellerait quelqu'un. Elle dégageait un sacré charisme, cependant, et c'était étrange, plutôt que de le mettre mal à l'aise, ça le rassurait. Il ne savait pas pourquoi, mais il se sentait baigner dans une aura un peu trop familière.

Il croisa alors les bras sur son torse, fronçant quelque peu les sourcils. Cette sensation lui rappelait trop bien quelqu'un, et il comprenait mieux pourquoi son visage ne lui paraissait pas inconnu. Mais ce n'était pas possible, si ? Non, ça ne pouvait pas être elle. Elle devait lui manquer, et c'était pour ça qu'il la voyait partout. Enfin, qu'il avait l'impression qu'elle se tenait juste devant lui.

« Vous ressemblez drôlement à une amie »

Il se raidit alors quelque peu, se rendant compte de ce qu'il venait de dire. Ou plutôt, la manière avec laquelle il venait de le dire. Un faible rire nerveux trembla contre ses lèvres. Il devait vraiment avoir l'air louche, et il allait certainement passer pour le dragueur foireux de service. Chouette !

« J'ai rien dit, oubliez. Désolé », se pressa-t-il d'ajouter avant de partir sur un autre sujet, « Vous avez trouvé une robe qui vous convient ? Ou vous souhaitez voir d'autres modèles ? »

La question était posée simplement à la première personne qui passait près d'elle. Ca aurait pu être une autre cliente. La-dessus, Naomi ne s'en formalisait pas. Mais quand une voix lui répond, elle a une drôle de sensation. Pourtant, le visage de l'homme, vu que c'est un homme (quoi que ça reste à démontrer mais c'est un autre sujet), donc de l'homme lui rappelle étrangement quelqu'un. Elle le suit dans un autre rayon, et ne fait plus vraiment attention à lui. Reprenant une robe qu'elle mit devant elle.

Mais le vendeur n'avait toujours pas bougé de place, ce qui l'agace fortemenent. Elle va pour lui dire sa façon de penser, car il devait certainement la prendre pour une voleuse ou bien attend-il qu'elle lui refile ses futures empletes. Quoi qu'il en soit, elle bouge sa tête pour tomber sur une posture familière, vraiment familière. Les bras croisés, les sourcils lègérement froncés et surtout "Vous ressemblez drôlement à une amie". Ses yeux s'écarquillent de surprises. Cette façon de parler, de se tenir. La future acheteuse ferme les yeux un instant pour essayer de chasser des souvenirs. Un garçon qui réfléchit debout au milieu d'une pièce et deux autres entrain de rire de lui. Ce garçon, son voisin, celui qu'elle a poussait en avant pour qu'il s'affirme. Mais que... Elle ne comprend pas. Vraiment pas au faite, si il est bien celui qu'elle croit qu'il est, il y a un problème dans la logique du temps. Ou bien c'était un dragueur de bas étages. Et ça, il fallait qu'elle le remette à sa place. Non, ça devait être ça. L'ami auquel elle a pensé durant un court instant est médecin ou est sur le point de l'être, non? Pourtant, le sourire nerveux.. Tout coïncide.

"J'ai rien dit, oubliez. Désolé" Elle n'a pas finit de le détailler, fronçant à son tour un sourcil. Vous avez trouvé une robe qui vous convient ? Ou vous souhaitez voir d'autres modèles ?" Et si c'était lui? Mais non impossible. Il est étudiant maintenant. Elle se mordille la lèvre inférieur avant de planter ses yeux dans les yeux. Bon, si elle se trompe, elle sera juste une cruche. Quoi que ce ne sera pas nouveau. Puis, le ridicule ne tue pas, non? Vous préférez une femme qui porte cette robe?" Elle place devant elle, une robe s'arrêtant un peu au-dessus de ses genoux et cintrée. Puis, place une autre rouge à volant. "Au faite, la robe qui vous plait le mieux, je vous l'offre."

Naomi le regarde attendant sa réaction, tout en souriant amusé. Combien de fois Ren s'est retrouvé affublés des robes que la mère de l'adolescente rebelle forçait à mettre? Beaucoup de fois, vraiment beaucoup de fois. C'était la punition du garçon d'avoir oser dire qu'elles étaient jolies. Alors qu'elle, elle avait toujours l'impression d'être déguisés. "Car, une fillette aime les jolies robes, non?" Alors si c'est pas lui, elle devra s'excuser. Mais elle aura bien rigolé devant la tête du vendeur. "N'est-ce pas Ren?"

Il écarquilla les yeux avant de hausser un sourcil. C'était quoi cette question ? En quoi ça la regardait, d'abord, de savoir ce qu'il préférait ?
Il en vint à se demander lequel des deux était à présent le plus louche. Il plissa un instant les yeux, ne comprenant pas où elle voulait en venir, avant de regarder la longueur de la robe plusieurs fois. C'était trop court, d'après lui. Il préférait les robes un peu plus longues, celles qui allaient jusqu'aux genoux. Elles étaient en général plus souples que celles qui étaient courtes, et elles avaient tendance à mieux dessiner les courbes des femmes.
Un « Quoi ? » quitta ses lèvres ; comment ça elle voulait lui offrir une robe ? C'était quoi le délire ? C'était quoi SON délire ? Il avait fini par tomber dans une autre dimension ? Ou elle voulait lui faire croire qu'elle était folle parce qu'elle croyait qu'il voulait la draguer ? Tout était tellement possible que Ren ne savait pas quelle solution choisir.
Il voulut alors lui répondre que non, il ne portait pas de robes ; il était un homme voyons ! Mais de douloureux souvenirs vinrent lui faire un petit coucou alors qu'il grimaçait faiblement. Pourquoi pensait-il à ça maintenant !?

Il se racla faiblement la gorge, avant de reculer d'un petit pas discrètement. Allez, il allait s'éloigner, doucement, et il allait voir ailleurs s'il y était, hein. Il allait aussi dire à la patronne qu'elle devait s'occuper de cette cliente. Pas qu'il ne savait pas gérer n'importe quel cas, mais plutôt que la situation devenait de plus en plus étrange, et quelque peu effrayante.
Il ouvrit alors la bouche plusieurs fois, tentant du mieux qu'il le pouvait de trouver les mots.

« Je suis pas sûr qu'une robe puisse m'aller... », tenta-t-il finalement.

Il n'était même pas sûr de ce qu'il disait. Enfin non, il était sûr qu'aucune robe ne lui irait, mais il n'était pas sûr d'avoir formulé la chose comme il le fallait.

Quoi quoi quoi ? Il ne comprenait plus rien. D'abord elle parlait de lui offrir une robe et maintenant elle parlait de fillettes... Et en plus elle connaissait son prénom !
Un faible « C'est pas vrai... » quitta ses lèvres alors que ses bras retombaient mollement contre son corps. Tout semblait devenir clair et il semblait enfin comprendre qui elle était. Naomi.

Ses yeux la scannèrent doucement de haut en bas. Noooon, ce n'était pas elle, pas possible... Ses yeux se plongèrent alors dans les siens. Il ne bougea plus pendant plusieurs secondes. Même intensité dans le regard, même charisme, eh bien si, c'était bien elle.
Un rire lui échappa soudainement avant qu'il ne se mette à sourire. Il avait eu peur dis donc.

« Je pensais pas te recroiser un jour », lâcha-t-il lentement avant d'ajouter d'une voix plus douce « Mais je suis vraiment content de te revoir »

A présent complètement détendu, il put sourire sincèrement à cette vieille connaissance. Ah, Naomi... Une femme plus homme que lui. Heureusement qu'il n'avait pas un égo exagérément démesuré, il pourrait se vexer en ayant remarqué ce détail. Mais Naomi avait toujours été plus forte et plus courageuse que lui. Et bien d'autres choses encore. D'ailleurs, malgré le fait qu'elle était devenue une femme magnifique, il était persuadé qu'elle était encore capable de le battre au bras de fer. Triste vie.

« Qu'est-ce que tu fais à Nishinaka ? T'étais pas censée être aux Etats-Unis ? »

Bon, l'idée de proposer d'offrir une robe n'est pas bonne. Naomi le comprend à charmant cri qui retentit dans le rayon. "QUOI!" Elle jette un regard discret aux alentours et soupir de soulagement en constatant que personne n'a été attiré par ce cri. Mais elle ne peut s'empêcher de sourire amuser par la situation pitoresque.

Pourtant, elle continue en rajoutant une couche. Car il y a trop de similitude avec celui qui était son confident, sa peluche vivante - un truc de fille, oui mais malheur à celui qui ose lui dire ça. Elle le voit partir doucement quand enfin, le surnom qu'elle lui donnait sort de sa bouche. Et là, situation comique peut être? Emouvante. Ou pire!

Et oui, ça fait presque huit ans que la demoiselle a cessé de répondre aux mails de ses amis. La raison? Non, il ne faut pas qu'elle y pense sous peine que le rayon devienne un champs de bataille.

"C'est pas vrai..." Elle voit ses bras tomber molement le long de son corps et ne peut s'empêcher de répondre Si c'est vrai, pourquoi?" Elle le laisse faire, soupirant juste en le voyant la détaillée de haut en bas et de bas en haut avant qu'il fixe son regard. Puis soudainement, elle se recule. Comprenant que c'est vraiment Ren, son Ren et pas un inconnu qu'elle a confondu avec lui. Celui qu'elle bousculait pour un rien, celui qui la comprenait avec un seul regard, celui qu'elle faisait suer pour qu'il prenne un peu de muscule. C'était bien lui. Et son sourire disparait de son visage. Nerveuse d'un coup même le rire du vendeur ne la rassure pas. Que va-t-il se passer maintenant? Lui en veut-il? Surtout lui!

"Je pensais pas te recroiser un jour. Mais je suis vraiment content de te revoir " Elle sait qu'elle allait le recroiser un jour mais pas maintenant, pas ici, et surtout pas dans un endroit pareille. Attendez! C'est un magasin de vêtement de luxe. Il y a pas un gros soucis quelques part? A moins que c'est l'un des stupides défis que les garçons se lançaient. Oui, voilà la raison. Ren a perdu un défi et doit faire croire qu'il est un vendeur. Bon moyen pour draguer. Durant une fraction de seconde sa peur disparait, amusée par sa pensée.

"Qu'est-ce que tu fais à Nishinaka ? T'étais pas censée être aux Etats-Unis ?" Question banal ou reproche? Tel est la question. Naomi essaye de savoir ça en écoutant le ton de la voix. Un soupir, encore un sort de sa bouche avant qu'elle croise ses bras, le détaillant à son tour. "Mon Ren-Ren d'amour me manquait de trop. Dix ans sans toi, c'est long. Donc je suis rentrée pour qu'on se marie." Avec un peu de chance, il sera trop destabilisé pour lui reposer la réponse. Surtout qu'elle accentue son discours en clignant des yeux plusieurs fois. Sinon, là, je dois m'acheter une robe pour un entretien. Et j'arrive pas à choisir. Dis, Ren, tu as toujours eu plus de gout que moi? Tu m'aides, hein, hein?" A cet instant, ce n'est plus la femme, la journaliste mais une Naomi de 17 ans qui se retrouve devant lui. Elle lui sourit comme avant. Lui remonte les deux robes plusieurs fois. "Au faite, tu te spécialise en mode?"

A dire vrai, il ne savait pas comment réagir. Une partie de lui avait envie de sauter de joie, au sens figuré. Il était vraiment heureux de la revoir, elle lui avait manqué, et il avait la terrible impression de revenir quelques années en arrière ; et parfois, ça faisait du bien. Et, d'un autre côté, il avait cette terrible envie de la secouer dans tous les sens : pourquoi avait-elle cessé de correspondre avec lui du jour au lendemain ? Même si l'idée lui paraissait un peu farfelue, il était à deux doigts de lui demander s'il lui avait fait quelque chose de mal pour qu'elle cesse de lui écrire.

Il haussa lentement un sourcil face à ce surnom, un fin sourire amusé aux lèvres malgré tout. Dix ans déjà ? Le temps passait horriblement vite... Il hocha plusieurs fois la tête, levant rapidement les yeux au ciel, avant de poser sur elle un regard dubitatif.

« Qu'on se marie, hm ? », répéta-t-il doucement, « Bien sûr », finit-il par ajouter.

Cette excuse-là, il ne l'avalait pas. Il croisa une nouvelle fois ses bras contre son torse, la toisant lentement du regard. Si elle était là, c'était pour une autre raison, qu'elle ne voulait apparemment pas avouer. Il garda cependant un léger sourire amusé aux lèvres, trouvant la situation quelque peu comique dans son ensemble.
Il n'eut pas le temps de lui demander plus de détails qu'elle enchaîna sur les robes.
Il ne savait dire si ce « tu as toujours eu plus de goût que moi » était un compliment ou non. En concluant que c'en était un, parce qu'il n'avait pas envie de partir sur une mauvaise note, il hocha positivement la tête. Il se voyait mal lui dire que non, il n'allait pas l'aider. Déjà parce que c'était Naomi. Puis parce que c'était son travail.

Encore une fois, il haussa un sourcil. Il avait l'air de s'y connaître en mode ? Apparemment... En vérité, c'était loin d'être son truc. S'il s'y connaissait autant, c'était uniquement à cause du travail et pour son travail. D'ailleurs, à part les vêtements de son magasin, il n'y connaissait rien en dernières tendances et les découvrait en général en ouvrant le carton.

« Non, juste vendeur », et c'était déjà pas mal, « Tu hésites entre différentes robes ou tu sais pas du tout laquelle prendre ? »

Il se mit alors à regarder distraitement les robes devant eux. Ce n'était vraiment pas sa spécialité, mais il allait pouvoir la conseiller. Il allait essayer au moins. Au pire des cas, il lui poserait tout un tas de questions, et ensemble, ils finiraient bien par trouver LA robe à prendre.

« Je vais sans doute me répéter mais, t'étais pas censée être aux Etats-Unis ? Il y a bien une raison pour laquelle tu es revenue à Nishinaka, non ? Autre que moi je veux dire »

Au pire des cas, elle allait lui répondre que ça le regarderait pas. Et elle n'aurait pas totalement tort non plus... mais il pensait tout de même mériter une ou deux, voir peut-être tout un paragraphe d'explications.
Au meilleur des cas, elle lui expliquait gentiment. Et il passerait à autre chose.
De toute manière, il ne laisserait pas les choses sans réponses. Ren restait têtu, et ce trait-là de son caractère semblait s'être accentué avec les années.

« D'ailleurs, il s'était passé quoi pour que je n'ai plus aucune nouvelle de ta part d'un coup ? »

C'était pas vraiment les retrouvailles qu'elle attendait. Vraiment pas. Naomi y réfléchit depuis le soir de son arrivé, comment dire à ses deux meilleurs amis, ses comparses, ceux avec qui elle a dû refaire le monde un milliard de fois qu'elle était de retour. Ce matin, elle avait eu la réponse pour l'un mais pas pour l'autre. Et retrouver Ren ainsi dans un magasin de vêtement de luxe. Dans celui où ils ont essayé un jour de lui faire essayer une robe - bon, elle s'est retrouvé avec un sweat qui a coûté une fortune à Naoki mais ils l'avaient cherchés tout les deux. Enfin se retrouver devant Ren, celui a qui elle n'avait jamais rien dit, celui qui durant un petit temps envoyait des mails désespérés, qui se demandait si il avait fait quelque chose de mal. Devant lui, ainsi, me faisait mal à Naomi.

"Non, juste vendeur" Hein? Elle le regarde en faisant des gros yeux étonnées. Il était en médecine aux dernières nouvelles qui dates de huit ans quoi que son cousin lui avait dit un truc mais elle n'a certainement pas fait attention. "Arrête! Toi vendeur? Et moi, je suis l'impératrice du pays." Roulement des yeux en faisant une moue débutative. Comme si elle allait le croire. Seulement, en regardant bien, il y a son nom écrit sur sa chemise et en-dessous le mot vendeur. *Bravo, Naomi! Tu as le chic pour dire des conneries sans rien voir.*

Après s'être comporté comme une adolescente attardée et lui montrer les deux robes, elle ne s'attend pas vraiment à ce qu'il lui repose la question. Pas maintenant en tout cas et pourtant "Je vais sans doute me répéter mais, t'étais pas censée être aux Etats-Unis ? Il y a bien une raison pour laquelle tu es revenue à Nishinaka, non ? Autre que moi je veux dire." Pourquoi quand il lui dit "autre que moi" c'est l'image de quelqu'un d'autre qui lui vient en tête d'un coup? Non mais franchement, elle regarde les robes cherchant un moyen de s'échapper à cette question. "Si je te le dis, je vais devoir te tuer. Et nous savons tout les deux que je n'hésiterai pas! Elle lui fait un de ses sourires qui n'annonce rien de bon, celui que Ren a apprit à craindre quand ils étaient plus jeune avant de regarder à gauche et à droite. "Et tête de crapaud n'est pas là pour te secourir, aujourd'hui. Pour ponctuer sa phrase, elle finit par un faux rire démoniaque et reprend son sérieux très vite, lui souriant normalement. "Si tu m'aides à choisir une robe pour un entretien pour demain, je te dis pourquoi je suis ici. Mais sache que j'ai réalisé mon rêve." Ell murmure cette phrase avant de préciser sur une voix amusée. "Enfin pas celui qui te vient à l'esprit. Je n'ai toujours pas conquérit l'univers. Je travaille déjà pour être reconnue maîtresse du monde mais c'est pas facile."

Une robe devant elle, son reflet renvoi une femme qui blanchit. "D'ailleurs, il s'était passé quoi pour que je n'ai plus aucune nouvelle de ta part d'un coup ?" Elle le regarde dans le reflet du miroir alors qu'un voile de tristesse passe devant son regard. Un sourire triste se dessine sur son visage quand elle se retourne vers lui. Je suis désolée de ne pas avoir répondu à tes mails mais c'était trop dur. Vous me manquiez tout les deux. Je..." Elle se mordit la lèvre tremblante avant de secouer sa tête. J'aurai dû te prévenir mais c'était de plus en plus difficile pour moi. Tu étais heureux alors que moi, j'étais une..." Hésitation sur le mot. Si elle lui dit, il va lui poser des questions. Et il ne doit pas savoir, jamais ils doivent savoir sous peine de rien du tout. Il doit juste pas le savoir. Quoi que même si il était pas au courant de qui était le garçon, Ren savait qu'elle était amoureuse de quelqu'un. "Loque." Très vite elle enchaîne pour qu'il ne lui pose pas plus de question quoi que le connaissant, il va pas se gêner. Lui qui a toujours détesté parler de lui, adore connaître celles des autres. "Alors laquelle?"

Pas besoin de faire de gros yeux ronds comme ça. Il admettait que ça pouvait être difficile à croire. Et s'il ne se connaissait pas, il trouverait même ça drôle. Mais non, il était bien vendeur.

Il pensa alors au métier qu'il avait toujours rêvé de faire : médecin. Ce rêve lui paraissait bien loin à présent. Un soupir quitta bruyamment ses lèvres alors qu'il se secouait doucement la tête. Il ne devait pas se laisser happer par ces souvenirs-là, ni par ce rêve-là précisément.
Il avait échoué. Lamentablement selon lui. En y pensant maintenant, il espérait que Naomi ait oublié à quel point il avait voulu faire ce métier. Parce qu'il ne voulait pas lui dire ce qu'il s'était passé, ni comment ça s'était passé.

Sortant de ses pensées en entendant la voix de Naomi à ses oreilles, il lui lança un autre regard dubitatif. C'était tout ce qu'elle trouvait à dire, vraiment ? Alors qu'il allait répliquer quelque chose, le sourire de la jeune femme le fit soudainement arrêter tout mouvement. Ca, ça voulait rien dire de bon, et Ren s'y connaissait assez bien pour le savoir. Un regard quelque peu apeuré prit alors place sur son visage. Non, il ne voulait pas faire de pompes ici ! Tout sauf ça. Il n'avait pas non plus envie de faire de musculation ou Dieu seul savait quelle autre idée pouvait traverser l'esprit de Naomi. Il en avait bien trop vécu, il ne pouvait plus subir ça.
Pauvre garçon, il était presque traumatisé.
Un faible rire le secoua rapidement au surnom de Naoki. Tout ça lui rappelait tellement de bons souvenirs.

Un autre rire lui échappa ; on dirait bien qu'elle n'avait pas beaucoup changé, et c'était tant mieux.
Voilà qu'elle se mettait à lui faire du chantage maintenant. Il n'avait pas bien le choix de toute façon ; le client est roi.
Il haussa les épaules d'un air presque fataliste avant de sourire. Naomi était encore gentille, elle ne lui demandait pas la lune mais juste une robe. Ca, il pouvait faire.
D'ailleurs, il était déçu qu'elle n'ait pas encore réussi à conquérir le monde. Mais elle allait y arriver, un jour ou l'autre, il en était sûr. Il ne dit cependant rien à ce sujet.

En voyant ce sourire triste sur ses lèvres, Ren aurait voulu lui dire d'oublier sa question et de ne plus jamais sourire aussi tristement devant lui. Il n'aimait pas ça... pourtant, il avait bien envie d'avoir des réponses, et autant crever l'abcès tout de suite.
Il l'écouta alors, ne bougeant et ne parlant plus.

« Tu nous manquais aussi tu sais. Et c'était dur de notre côté. On avait plus aucune nouvelle de toi du jour au lendemain. Ca a pas été facile de se faire à l'idée que tu ne nous écriras plus »

Et là il repensait à tous ces mails désespérés qu'il lui avait envoyé dans l'espoir d'avoir ne serait-ce qu'une seule réponse. Combien de fois s'était-il couché, triste et déçu de n'avoir eu aucune réponse ?

« Comment tu voulais qu'on soit heureux sans toi, hm ? », il ne disait pas cela sur le ton du reproche, au contraire, sa voix restait calme, « Et comment ça tu étais une loque ? Qu'est-ce qu'il s'est passé, au juste ? »

Il n'allait pas la lâcher de si tôt. Il n'était peut-être pas devenu l'homme qu'elle aurait espéré qu'il soit. Il n'était pas fort et encore moins courageux. Il était toujours aussi faible et se sentait parfois encore trop lâche.
Par contre, niveau caractère...

« Je te lâcherai pas avec ça, tu le sais au moins ? »

C'était juste une petite manière de la mettre en garde qu'il n'oublierait pas qu'il n'avait pas obtenu toutes les réponses.
Sans un mot de plus, il se mit à fixer les robes de longues secondes sans rien dire. C'était pas évident de choisir, elles étaient toutes assez belles. Mais il avait du mal à savoir laquelle irait bien à Naomi. Enfin, elle était devenue très belle, donc toutes les robes devaient certainement lui aller à merveille.

« Donc pour la robe... », dit-il dans un petit soupir, « Je te vois pas spécialement avec des couleurs qui flashent, donc j'oublie celles-là. J'oublie les robes trop longues aussi, t'as plus l'air d'être branchée sur les robes un peu plus courtes. T'as une préférence de couleur sinon ? Ca nous aidera déjà à réduire le champ de possibilité »

Il se mit alors à réfléchir aux détails qu'il avait pu oublier, tout en laissant son regard traîner sur les autres rayons du magasin. Il voulait faire son travail sérieusement, et le mieux possible.

« Sinon on a des jupes... enfin non. Une robe c'est mieux »

Il se tourna à nouveau vers Naomi et l'observa un moment avant de se replonger sur les vêtements devant eux. Il espérait pouvoir lui trouver une bonne et belle robe pour la satisfaire, mais aussi pour se satisfaire : il aura probablement des réponses à ses questions s'il choisit bien, et ce n'était pas négligeable.

Ils avaient un rêve tout les trois, bon déjà le fait que Naomi devait conquérir l'univers. Elle se souvient des disputes qu'ils pouvaient avoir pour savoir lequel l'aiderait à diriger le monde avant qu'elle fasse craquer ses doigts et de leur dire qu'elle gouvernera seule. Le plus souvent ça finissait avec les garçons entrain de la chatouiller, les seuls à savoir où elle était sensible. Mais ils avaient aussi chacun leur rêve. Ils s'encourageait mutuellement. Sans eux, elle n'aurait jamais participé à un concours, sans eux, elle n'aurait jamais prit la décision de partir. Et franchement, quitter les deux seules personnes qui la comprenait si bien, les deux seuls qui la connaissaient sur le bout des doigts, c'était difficile. Ren lui a beaucoup manqué lors de ses soirées où elle pleurait. Ses bras protecteurs, son humour pas drôle. Cette façon qu'il avait de lui rendre le sourire à n'importe quel moment. Même à quatre heure du matin car elle avait fait un cauchemar. Si si, de toute manière, il lui suffisait seulement d'ouvrir la fenêtre de sa chambre et de parler dans la boite de conserve relier à un file pour le réveiller.

Donc quand il lui dit qu'il travaillait ici, elle comprit qu'il n'était pas docteur. Le "pourquoi?" voulu sortir, même crier. Pourquoi, lui qui le voulait temps. Lui qui passait son temps à lire des bouquins, à leur parler de ses choses qui la dégoûtait. Pourtant, elle se tût, incrédule mais elle se tût. Si il voulait lui expliquer, il lui expliquerait, et elle l'écouterait. Mais pas maintenant, pas ici? Ils se reverront non? De toute manière, ils le devront sinon, il n'aura pas son cadeau. Cette chose qu'il lui avait demandé, cette chose qu'elle avait eu du mal à trouver.

Puis le pourquoi est-elle là, arrive sur le tapis. Noami essaye de détendre l'atmosphère. Elle voudrait bien lui dire mais peut-elle lui faire confiance? Si ça se peut, il a changé comme ses parents. En dix ans de temps, une personne peut changer. Ses vieux n'étaient pas friand de technologique et pourtant, maintenant, il n'y a que ça chez eux. Alors qu'elle avait dû faire tout un cirque, argumenter à mort pour avoir un téléphone portable. Et son ordinateur? N'en parlons même pas, elle avait travaillé dur pour se le payer. Non, vraiment, elle préfère lui répondre sur un ton humoristique, pour lui prouver qu'elle était toujours la même. La Naomi qui le traumatisait.

Son regard se voile de tristesse alors qu'elle blanchit à la question. Ses lèvres tremblent et elle essaye qu'il ne le voit pas en se mordillant la lèvre inférieure. Ses paroles sortent seules, sans vraiment y réfléchir. "Tu nous manquais aussi tu sais. Et c'était dur de notre côté. On avait plus aucune nouvelle de toi du jour au lendemain. Ca a pas été facile de se faire à l'idée que tu ne nous écriras plus" Elle ne répond pas, ne sachant quoi dire. Sa gorge devient sèche d'un coup. Elle ferme ses yeux. Sauf que c'est une erreur. Elle voit encore la photo de la fille dans ses bras à lui. Une nouvelle boule se forme mais cette fois-ci dans sa gorge. Elle lui sourit alors que si l'un des deux lui avait dit vraiment qu'il lui manquait, elle aurait reprit leur correspondance. Si il l'avait vu comme une fille et non un pote. Si seulement. Mais rien, vraiment rien. "Comment tu voulais qu'on soit heureux sans toi, hm ?" Elle tourne des yeux à la question. Et ne peut s'empêcher de lui répondre au tac o tac "Vous étiez ensemble comme le vieux couple que vous avez toujours été.

Elle enchaine, ne lui lançant pas le temps de répondre. Sa voix est triste, fatiguée. Mais elle a peur qu'il découvre la vérité. Peur que ses stupides sentiments qu'elle avait, détruisent leur amitié maintenant. Quoi, que... sont-ils toujours amis? "Et comment ça tu étais une loque ? Qu'est-ce qu'il s'est passé, au juste ?" Et la réponse, la manière qu'il lui dit, la fait sourire un peu. "Je te lâcherai pas avec ça, tu le sais au moins ?" Ren et son côté têtu. Pour un peu, elle le prendrait dans ses bras et lui fairait un câlin. Mais ce n'est ni le lieu ni le moment. Après, non? Peut être qu'il a bientôt fini?

Mais lui expliquer la raison, peut-elle vraiment? Si il apprend que... Non! Elle ferme des yeux, soupire un peu. "Je ne sais pas t'expliquer ça comme ça. Je ne sais même pas si tu te souviens de mon comportement que tu tu trouvais étrange. Tu n'avais pas arrêté de me harceler pour savoir pourquoi je dessinais des coeurs dans mon livre de math et le tien. Tu te souviens que Naoki avait dit que j'étais amoureuse de toi? Enfin, amoureux." Se souvenir de ça maintenant, la fait sourire amusée. Le coussin avait attérit dans le visage du dernier membre du trios. " Il avait dit ça en rigolant quand tu lui en avais parlé. Mais toi, toi bien entendu tu n'as pas lâché l'affaire et je t'avais expliqué que..." Elle se tait! Il y a des mots qu'elle ne prononce toujours pas, elle murmure à la place. "tu sais quoi. Ses yeux lui font comprendre que si il ose lui demander une explication, il va souffrir. Et elle s'en moque qu'ils soient dans un magasin. Le bras de fer aura lieu.

Par contre ses mains se serrent et elle détourne la tête un court instant pour reprendre constenance. "Au début, on discutait ensemble sauf que je ne lui ai jamais dis. Il ne m'aurait pas cru de toute manière. Mais j'ai eu droit à la liste de ses conquêtes avec photographies à l'appuie à chaque fois. Et j'ai..." Elle se tait d'un coup. Elle en a trop dit. Son regard se plante dans celui de son ami d'enfance essayant d'apercevoir ne serait-ce qu'une compréhension de la personne qu'elle décrit. "Vous étiez pas là alors que j'allais de plus en plus mal. C'était comme si je devenais folle à lire ses messages."

"Donc pour la robe... Je te vois pas spécialement avec des couleurs qui flashent, donc j'oublie celles-là. J'oublie les robes trop longues aussi, t'as plus l'air d'être branchée sur les robes un peu plus courtes. T'as une préférence de couleur sinon ? Ca nous aidera déjà à réduire le champ de possibilité" La couleur, elle réfléchit, se rappelant que les filles à la fac lui avait dit que "Noir et rouge. Mais je me vois mal porter du rouge pour un entretien, non? A moins que..." Et là, elle sourit avant de lui tirer la langue. C'était juste finie la Naomi pur et innocente. Et sa phrase dû le faire comprendre à Ren. Avant, elle se serait mise à rougir. Pour couroner le tout, elle rajoute une couche en lui disant sur un ton tout à fait normal. "Au faite, tu as gagné votre paris stupide. Je préfère les hommes." Puis, elle éclate de rire. Les paris étaient ce qui les amusaient le plus quand ils avaient rien à faire. Chose qui arrivait souvent.

Elle le regarde farfouiller dans le rayon, grimaçant à chaque fois qu'il lui montre une robe. Avant d'en prendre cinq. "Au faite, c'est l'un de tes plus grands fantasmes qui se réalise là, non? Me voir essayer des vêtements plus féminin." Boutade bonjour, humour nul. Elle n'est pas parfaite mais elle sa ne peut que l'amuser. En les prenant de ses mains, elle s'approche et pose ses lèvres sur la joue de Ren avant de lui murmurer un "Merci" timide. Puis, elle le laisse planter dans le rayon pour s'enfermer dans une cabine d'essayage.

"Tu veux bien me la fermer? J'arrive pas." Naomi tire le rideau, tenant une robe bustier sur sa poitrine, et elle se tourne vers lui comme si c'était la chose la plus normale au monde.

Pourquoi Naoki et lui étaient toujours décrits comme un vieux couple ? Ils avaient quoi de vieux couple exactement, hein ? Surtout qu'on ne faisait pas vieux couple à une dizaine d'années à peine. Soit cette façon que tout le monde avait de les voir était louche ; soit c'était eux qui étaient louches... Dans tous les cas quelque chose était louche.

Enfin, plutôt que de se rendre dans des pensées aussi étranges et se poser des questions existentielles sur le pourquoi du comment, il devrait se concentrer sur Naomi, déjà qu'il lui avait posé des questions, autant écouter les réponses.
Ce qu'il fit. Silencieusement, encore une fois. Il avait toujours eu cette manie de se taire, et d'écouter. Son père était le même d'ailleurs ; en général il patientait que Ren ait fini de tout raconter pour donner son avis, ou un conseil.

Il hocha simplement la tête ; oui, il se souvenait de son comportement, et de ce qu'avait dit Naoki, aussi. Tiens, il devait peut-être la prévenir qu'il disait toujours ce genre d'âneries ? Non... il allait la laisser découvrir par elle-même : il ne voulait pas lui gâcher la surprise.
L'une de ses mains glissa mollement dans l'une des poches avant de son pantalon. Il regardait toujours Naomi, attendant la suite de son récit. Il écarquilla lentement les yeux ; il avait fait quoi !? Mais quel imbécile faisait ça ? Bon, il connaissait bien un imbécile en particulier qui serait très certainement capable de faire ce genre de choses... mais il pensait que son cas à lui était unique ! Et pourtant non, Naomi venait de le confirmer : il avait donc quelqu'un d'autre sur Terre tout aussi stupide que Naoki parfois. Il secoua légèrement la tête, n'en croyant pas ses oreilles ; déjà que un, c'était pas toujours évident à supporter, mais alors deux...
Ses prunelles se plongèrent dans celle qui l'avait tellement terrorisé, mais le contact semblait être rompu depuis, parce qu'il ne comprenait pas vraiment ce qu'elle voulait dire. Ou alors il voulait pas comprendre.
Il se souvenait qu'à l'époque, il avait émis l'hypothèse que Naomi était amoureuse de Naoki. Mais comme à l'époque, l'idée partit rapidement en fumée, peut-être un peu trop.

Même s'il ne disait rien, la surprise de ce qu'elle racontait devait se lire sur son visage. Il trouvait ce genre de comportements vraiment ridicules, et ne voyait pas l'intérêt que le garçon avait eu détaler son tableau de chasse. Non, vraiment, plus il y réfléchissait, plus il ne voyait que Naoki. Il était trop présent dans ses pensées celui-là, c'était pas bon signe, non ?
Finalement, ses lèvres s'ouvrirent légèrement, avant de se refermer aussi sec. Ils parlaient encore de quelque chose de sérieux il y a quelques secondes, et voilà qu'elle déclarait préférer les hommes. Parfait. Tout ça allait finir par partir dans tous les sens... Un léger rire lui échappa alors, ainsi qu'un « Ravi de le savoir même si je m'en doutais hein » fut prononcé dans un rapide murmure.

« C'est pas faux oui », dit-il en se souvenant de toutes les fois où ils avaient essayé et échoué, « Faut avouer qu'on avait pas tort, ça te va parfaitement bien »

Pas besoin de se voiler la face, elle était devenue très belle et la voir dans ce genre de tenues la rendait encore plus belle que Miss Monde, c'était pour dire.
D'abord surpris en sentant ce rapide bisou contre sa joue, il ne put s'empêcher de rire ensuite en la voyant déguerpir vers une cabine d'essayage. Elle était adorable. Il la rejoignit alors aux cabines, vérifiant en passant qu'aucun autre client n'était entré, ou que sa patronne n'avait pas besoin d'aide.

Un léger « Mh ? » distrait lui échappa lorsqu'il entendit la voix de Naomi de derrière le rideau. Lui fermer quoi ? Son regard se posa alors sur le dos de la jeune femme et y resta planté un long moment. Petit bug occasionnel du cerveau, on avait perdu le Ren.
Remarquant qu'il fixait depuis peut-être un peu trop longtemps, il se racla la gorge avant de détourner le regard, les joues quelques peu rosies. Apparemment, elle en avait oublié sa pudeur.
Ses doigts fermèrent alors la robe, et il veilla à bien faire attention pour ne pas lui faire mal. Vraiment, ça, il n'avait pas l'habitude, il faisait pas ça en général. Il habillait rarement les autres.
Il se décala ensuite, laissant son regard détailler soigneusement la robe qu'elle portait.

« Elle te va bien », conclut-il avec un hochement de tête, « Mais... Mais je sais pas, y a un truc qui me plaît pas. Pas toi ? »

Il pencha la tête d'un côté, puis de l'autre, avant de grimacer légèrement pour finalement redresser la tête.

« Je sais pas si c'est la coupe de la robe, le col ou la matière... »

Il lui fit signe de retourner dans la cabine, et une fois qu'elle fut dedans, il tira d'un coup sec sur le rideau. Il s'adossa alors contre un mur non loin de là, le regard rivé au sol, repensant alors à ce qu'elle lui avait avoué quelques minutes plus tôt.

« J'suis désolé pour ce qu'il s'est passé », lâcha-t-il finalement, « Tu méritais pas ça. Tu le mérites toujours pas d'ailleurs. Et désolé aussi de pas avoir compris et de pas avoir pu être là et t'aider comme j'aurais dû le faire »

Comment aurait-il pu savoir ? Lui-même n'en avait aucune idée, mais il aurait dû faire quelque chose pour l'aider à passer cette étape. Il se doutait bien que quelque chose avait dû lui arriver au final, mais il n'avait pas cherché plus loin. Après tout, les gens que l'on rencontrait changer tous les jours, et les liens que l'on avait avec eux aussi.
Un faible soupir quitta ses lèvres alors que son regard refusait de quitter le sol.

« Mais je comprends pas... », continua-t-il ensuite, d'une voix un peu plus faible qu'avant, comme s'il voulait lui chuchoter quelque chose, comme s'il ne voulait pas que les autres entendent ce qu'il allait dire. Ses lèvres s'ouvrirent alors, laissant un « Pourquoi... » murmuré lui échapper. Le reste de ses mots moururent dans sa gorge.
Pourquoi avait-il été puni pour quelque chose qu'il n'avait pas fait ? Pourquoi avoir coupé les ponts avec lui si cette histoire ne le concernait pas ? Pourquoi ne plus lui avoir donné signe de vie ? Pourquoi ?
La question lui brûlait les lèvres, et elle allait certainement le hanter pendant plusieurs jours. Il avait l'occasion de demander à Naomi, de comprendre enfin, pourtant il restait là, le visage bas, les lèvres scellées. Peut-être craignait-il de connaître la vérité ? Allez savoir.

Quand enfin il releva son regard et qu'il tomba sur le visage de Naomi, il lui offrit un simple et petit sourire triste, avant de se redresser.

« Cette robe est déjà mieux que l'autre », dit-il lentement, alors que son regard fuyait légèrement le sien.

Ren passait dans différentes stades quand Naomi lui expliquait le pourquoi du comment, elle n'a plus donné signe de vie. Durant un instant, elle crut même qu'il avait comprit de qui elle parlait. Mais il ne prononce pas le prénom de leur ami. Absolument pas, même quand il la regarde dans les yeux. Pourtant, la description devrait lui rappelé quelqu'un, quelqu'un qui a toujours été ainsi. Durant une fraction de seconde pourtant, elle a cru qu'il allait lui dire se prénom qu'elle n'a plus prononcé depuis longtemps, ne voulant pas se retrouver dans la nostalgie d'autres fois.

Elle lui sourit amusé en récupérant les robes choisit. Sans pour autant l'embêter un peu. C'est pas faux oui Et si elle s'était laissée faire à cette époque-là, lui aurait-il dit ses mots qu'elle attendait de sa part? Elle cligne des yeux pour enlever cette pensée stupide de sa tête et éclate de rire à la réplique de Ren. Faut avouer qu'on avait pas tort, ça te va parfaitement bien Avant de pencher sa tête sur le côté et de prendre une moue mignonne. Ca va pas, vous auriez comprit que j'étais une fille et tu n'aurais plus voulu que je squatte ton lit.

Quoi qu'elle se l'est aussi dit, qu'elle aurait dû les laisser faire. Enfin plutôt Ren, car Naoki aurait été capable de lui trouver des vêtements qui l'auraient fait ressembler à une p.... le connaissant.

Elle s'approche de lui, murmurant un doux merci à son oreiller tout en l'embrassant sur la joue avant de partir vers la cabine d'essayage avec les cinq robes. Quelques instant après, elle ouvre le rideau lui demandant de fermer la robe dans son dos. Mais aucunes réponses. Naomi regarde le reflet dans le miroir en face d'elle et le voit sans bouger fixer son dos. Elle hausse un sourcil tout en se raclant la gorge.

Elle te va bien. Mais... Mais je sais pas, y a un truc qui me plaît pas. Pas toi ? Sa tête fit comprendre à Naomi que quelque chose cloche vraiment. Elle tourne sa tête pour regarder dans le miroir. Grimaçant à son tour. Non, la robe n'allait pas du tout. Ca t'aidera peut être, si je te dis que l'entretien que j'ai demain est avec... Elle se tait un instant se demandant si elle doit lui dire que, bah de toute manière.. Je dois rencontrer monsieur Sekino Naoki pour écrire un article sur la société de sa mère.

Voilà, c'était dit. Elle pose sa main sur son épaule en lui souriant. Je l'ai appris il y a peut être une heure, et il n'est pas au courant. Mais je comptais vous attrapez tout les deux en soirée. Je suppose que le samedi soir vous êtes encore au seul bar qui serrent de l'alcool aux mineurs non? Sinon, je vous aurai cherché dans la ville. Au faite, c'est ce qu'elle comptait faire aujourd'hui. Se rendre chez les parents de Ren pour savoir où il était, savoir si il avait toujours le même numéro de téléphone. Car on ne peut pas se leurrer. Autant, elle s'était amourachée de Naoki, autant Ren était son meilleure ami.

Il attend qu'elle retourne dans la cabine avant de refermer sèchement le rideau, ce qui la fait rigoler. Tout en se changeant, elle l'écoute ce qu'il lui dit. J'suis désolé pour ce qu'il s'est passé. Tu méritais pas ça. Tu le mérites toujours pas d'ailleurs. Et désolé aussi de pas avoir compris et de pas avoir pu être là et t'aider comme j'aurais dû le faire Elle détourne la tête du miroir, en entendant ça. Comment aurait-il pu l'aider, ils étaient loin l'un de l'autre. Il n'aurait pas pu être là comme avant. Elle se mord la lèvre ravalant ses larmes. Non, Naomi, il t'est interdit de pleurer maintenant. Surtout pas devant Ren, il ne comprendrait pas ou pire, il comprendrait pourquoi tu pleures. Allez hop, on se reprend.

Le rideau la laisse passé, avec une robe noire cyntrée s'arrêtant un peu au-dessus de ses genoux, laissant voir ses épaules. Elle s'approche de lui, s'accroupie devant lui pour le regarder. Son sourire n'est pas vrai. Et elle fait la seule chose stupide qu'elle faisait avant, une pitchinette sur son front. Tu sais, je suis là maintenant. Même si les années ont passés, je te promets de ne plus partir. Si tu veux toujours me supporter, moi, ça me dérange pas. Il la coupe, la regardant un instant alors qu'elle se relève. Cette robe est déjà mieux que l'autre

Un soupir sort de ses lèvres closent. Elle s'en veut depuis si longtemps, et il en rajoute une couche sans le savoir. Elle pose sa main sur son épaule. Je suis désolée pour tout ça. Mais j'étais jeune. Dis plutôt que tu ne veux pas qu'il sache à cause de qui, hein... Naomi secoue sa tête pour faire partir cette voix stupide. Mais c'est vrai, comment réagirait-il si il savait la vérité. Si tu veux vraiment savoir qui sait, c'est comme avant. Tu dois réussir à me saouler. Mais rappelle-toi, j'ai une plus grande déstérité que toi. Idiote! Elle aurait pu lui dire là, maintenant. C'est pas compliqué, non? Mais bien entendu, elle ne veut pas gâcher une amitié. Enfin, comme si ils allaient se disputer à cause d'elle. Trop de temps se sont écoulés depuis. Et Ren, ne s'est jamais énervé. Même quand ils lui piquaient sa crème glacé. Non, jamais. Ou du moins, elle n'en n'a aucun souvenir.

Et celle-ci? Tu crois que sa fait assez femme? La troisième robe ressemble à la deuxième, sauf qu'il y a un décolleté en v. Elle tourne sur elle-même pour lui montrer. Je veux juste que tête de crapaud remarque que je suis une fille et non un garçon. Non, non, elle ne vient pas de se trahir là. C'est pas comme si Ren allait réussir à assembler toutes les pièces d'un coup. Au faite, ne lui dis pas que tu m'as vu. Je veux voir sa tête quand il me reconnaîtra. S'il te plait, Rennichou.

C'était pas comme si Ren n'avait pas compris que Naomi était une fille. Il le savait, et durant leur folle jeunesse aussi. Il était au courant, bien sûr. Mais dormir avec elle ne l'avait jamais dérangé. Si on lui demandait pourquoi, il répondrait simplement que c'était parce que c'était Naomi. Pour lui, cette simple réponse avait tout un sens, pour les autres, il était évident que c'était incompréhensible.
Parce que plutôt que de la considérer comme une fille, ou comme un garçon, il la voyait comme une personne importante et chère à son cœur. Après, bien sûr, vu le comportement de la petite fille, il lui disait aussi parfois qu'elle était le troisième garçon de la bande.

D'ailleurs, maintenant qu'il y pensait, pouvait-il encore voir Naomi comme cette amie ? Cette amie qui était toujours là pour lui, à n'importe quelle heure. Cette amie qui lui disait tout, et qui écoutait tout ce qu'il avait à dire. Cette amie qui le soutenait tous les jours, d'une manière plus ou moins brutale. Pouvait-il encore la considérer ainsi ? Ou tout ça avait changé ? Il espérait que rien n'allait changer. Il allait peut-être leur falloir du temps pour s'habituer à nouveau l'un à l'autre : 10 années s'étaient tout de même écoulées, ils avaient grandi chacun de leur côté, plus ou moins changé et avaient peut-être d'autres habitudes. Certains traits de leur caractère semblaient être intactes, mais qu'en était-il des autres ?
En y pensant bien, le rôle de la confidente à qui tout raconter et qui comptait énormément pour lui, avait été « fauché » par Harumi.

L'entretien ? Quoi ? Ha oui, la robe, Naomi, tout ça. Il devait vraiment arrêter de se perdre tout seul, il allait finir par ne plus rien suivre du tout et se retrouver à force des pompes ; et il n'était pas prêt pour ça, autant physiquement que psychologiquement.
Ses yeux s'écarquillèrent soudainement. Elle allait s'entretenir avec Naoki ? Eh bien. Ca allait lui faire une sacré surprise. Il pouvait déjà voir sa tête... qu'est-ce qu'il donnerait pas pour voir ça en direct. Et il n'était pas au courant. C'était vraiment de mieux en mieux toute cette histoire. Alors qu'il riait intérieurement en s'imaginant le visage de son meilleur ami, il fut brutalement interrompu. Il grimaça légèrement, pencha rapidement la tête de gauche à droite. Les bars, c'était pas trop son truc. Il y allait de temps en temps, bien sûr, mais s'il n'avait pas besoin d'y aller, c'était encore mieux. Il devait par contre avouer que c'était un endroit pratique pour donner rendez-vous à ses amis et pour penser une soirée amusante, et tranquille.

« T'aurais eu plus de chances de me retrouver dans mon lit que dans un bar dernièrement », lâcha-t-il, en riant légèrement.

C'était pas totalement faux, avec ce qu'il lui était arrivé... Enfin, c'était plus son canapé qui se retrouvait squatté, mais bon, détail. Maintenant qu'il y pensait, il se dit qu'il valait mieux qu'il ne parle pas de ça à Naomi. Et puis, c'était du passé maintenant, même si certaines images s'amusaient parfois à refaire surface sans prévenir. Il valait mieux tenter d'oublier pour avancer.

Une soudaine douleur se fit ressentir. Mais aïe !! Ca faisait mal ce truc. Il se frotta maladroitement le front avec une petite grimace. Depuis quand on faisait une pitchinette au vendeur qui s'occupait de nous, hein ? Le client était roi, bien sûr, mais fallait pas abuser non plus.
Il avait entendu ses mots mais se mit alors à parler de sa robe. Il la regarda un instant, et lui offrit un sourire plus détendu cette fois.

« Si tu le promets alors... », s'exprima-t-il doucement, « Pourquoi je voudrais plus te supporter ? », continua-t-il en riant faiblement, « T'es toujours la bienvenue »

Mais lui, était-il toujours le bienvenu pour elle ? Il n'eut pas le temps de se poser plus des questions ; son regard se détourna faiblement sur sa main sur son épaule avant de venir se plonger dans ses jolies prunelles. Un fin sourire taquin prit place sur ses lèvres. Évidemment qu'il allait l'embêter avec ça jusqu'à ce qu'il ait toutes les cartes en mains.

« T'en fais pas, c'est prévu », avoua-t-il le regard joueur, « Je relève le défi. Que tu me crois ou non, j'suis devenu une sacré tête de mule »

Et encore, les mots étaient faibles. A lui seul il était tout un troupeau de mules bien têtues.

Naomi lui demandant son avis sur la robe qu'elle portait. Il détailla le vêtement plusieurs secondes, profitant du fait que la jeune femme tournait sur elle-même pour mieux voir tous les détails. Un léger rire quitta sa gorge. Tête de crapaud. Décidément, ce surnom le faisait bien rire aujourd'hui.

« S'il le remarque pas là je crois qu'on pourra plus rien faire pour lui, hein », dit-il en haussant les épaules, « En tout cas, j'adore cette robe, elle te va encore mieux que les autres. Je mets une option sur celle-ci »

Et c'était peu dire qu'elle lui allait bien. Elle lui allait divinement bien même !
Haussant rapidement un sourcil, il se mit à sourire avant de faire comme s'il se scellait les lèvres et qu'il jetait la clé au loin derrière lui, avant de rire comme un gamin qui venait de faire une bêtise.

« Je dirais rien, c'est promis. C'est mieux de le laisser découvrir par lui-même »

Une fine esquisse se dessina sur ses lèvres alors qu'il fit signe à sa charmante cliente de regagner sa cabine : elle avait encore des robes à essayer, pas question de chômer ! Il tira le rideau et prit à nouveau place contre le mur. Il balança sa tête en arrière, laissant son regard se poser sur le plafond. Plafond qu'il détailla quelques secondes, avant de baisser les yeux et de les cligner plusieurs fois. La lumière était vraiment trop forte de ce côté-là du magasin.

« D'ailleurs mes parents seraient ravis de te revoir. Ils habitent toujours dans la même maison. Si un jour le cœur t'en dit, passe leur dire bonjour »

Enfin, il ne l'obligeait pas à y aller, mais il était vraiment sûr que cela ferait très plaisir à ses parents de revoir Naomi, et surtout de voir à quel point elle avait grandi. Ils avaient toujours apprécia la petite fille, et il était certain que ce sentiment-là n'avait pas changé pour eux.
Il rappellerait toujours des regards peinés de ses parents quand il lui expliqua qu'il ne recevait plus de réponses de la jeune fille. Ils avaient été tristes pour lui, parce qu'ils savaient à quel point elle avait été importante pour lui. Cela dit, il en restait convaincu, ses parents l'accueilleraient les bras ouverts, et la considéreraient encore comme un membre de la famille.

« Faudra que tu me laisses ton numéro de téléphone aussi », il en avait besoin pour la harceler du matin au soir pour savoir de qui elle parlait, « Par contre, faudra pas que tu t'étonnes si je mets 3 ans à répondre, j'ai tendance à plus savoir où je pose mon téléphone »

Il était sûr que l'objet avait des jambes et que parfois, il s'amusait à se cacher dans des endroits insolites. Le plus généralement, il était coincé entre 2 coussins de son canapé. Mais il l'avait déjà retrouvé dans son placard à balais, ou encore dans son meuble pour les serviettes dans sa salle de bain. Il le posait vraiment n'importe où, et comme il n'avait pas l'habitude de le garder H24 sur lui, ses amis restaient parfois des jours sans réponses.

Naomi sortit une nouvelle fois de la cabine, et lui restait adossé contre son mur ; il était trop bien là pour bouger. Il l'observa un moment, avant de faire un petit « non » de la tête. Ce n'était pas la bonne robe non plus, il manquait quelque chose.

« Celle d'avant était la meilleure pour le moment », s'expliqua-t-il, « Ah, et avant que j'oublie, tu m'enverras un message pour me dire à quoi ressemblait la tête de Naoki hein ? J'aimerais bien être une mouche rien que pour ça »

T'aurais eu plus de chances de me retrouver dans mon lit que dans un bar dernièrement Etrange. Ren avait été celui qui avait découvert le bar où le barman ne faisait pas attention à leur âge. Le samedi soir était devenu une sorte de rituel même. On peut dire qu'ils avaient le chic, enfin, elle avait le chic pour se retrouver dans les embrouilles et les garçons essayaient de limiter les casses. Le plus souvent, Naomi lançait l'une de ses baskets contre un type qui l'a traitait de n'importe quoi. C'est ainsi que du haut de ses 17 ans, elle avait une collection de chaussures dépareiller. Savoir lequel des deux la portait sur son dos pour la ramener chez les Kawaguchi était comme si on lui avait demandé de chercher après une aiguille dans une meule de foin. La seule réponse des garçons étaient un sourire au coin avant de rigoler. Car même si Ren était moins fort qu'elle, elle savait qu'il pouvait la porter sur plusieurs kilomètres sur son dos. A force, elle ne se posait plus de question. Quoi qu'encore maintenant, en repensant à cette époque, elle se demandait encore qui entre Naoki et Ren la portait et la mettait dans le lit du dernier.

Elle hoche la tête, le regardant comme si il avait une deuxième tête qui vient de pousser. Mais n'y prend pas garde. Là, elle est heureuse d'avoir retrouvé son ours en peluche géant. Peut être que d'ici peu, quand il n'y aura plus de mal aise entre eux, elle lui demandera pourquoi est-ce qu'il lui a dit ça.

Un sourire sur ses lèvres, alors qu'elle se relève. Il ne pense quand même pas qu'elle a changé, si? Il a oublié qu'elle ne supporte pas qu'on ne la regarde pas quand on lui parle. Elle continue à parler tout en le voyant se frotter le front. Et se fait la promesse à elle-même de recommencer. Il lui parle de sa robe, alors qu'elle lui parle d'eux. Franchement, il s'est passé quoi dans la vie de Ren? Si tu le promets alors... Pourquoi je voudrais plus te supporter ? T'es toujours la bienvenue Elle lui sourit timidement, en fermant ses yeux. Là, encore, elle pourrait lui dire la vrai raison. Mais non, Naomi est devenue une lâche peut être avec les années. La bienvenue? Vraiment? Ta copine risque de ne pas fort apprécier de voir débarquer une autre femme à n'importe quel heure du jour et de la nuit car elle a fait un cauchemar. Ou car il y a de l'orage ou simplement car elle arrive pas à dormir. Elle rigole en mettant ses mains devant son nez se souvenant de la première fois où elle avait réveillée Ren. Ou car je n'arrive pas à finir un puzzle. Tu as cherché la pièce dans toute ma chambre cette nuit là. Si je me souviens bien, on s'est fait engueuler par mon père au matin quand il t'a découvert endormi dans mon lit. Et elle rigole encore plus, en revoyant la scène. Le pire c'est qu'elle l'avait forcé à utiliser une échelle pour rentrer dans sa chambre pour ne pas réveiller ses parents.

Une nouvelle fois, elle s'excuse sur son comportement d'il y a huit ans. Lui disant que si il souhaite savoir qui s'est, il n'a cas la faire boire. Même si à l'époque, il n'avait jamais réussi. Enfin, si mais il avait pas comprit. Dès qu'il lui posait la question, son regard s'arrêtait sur Naoki et elle se mettait à chercher se dernier pour changer la conversation. Elle sait que durant un temps les garçons pensaient qu'elle était amoureuse de l'un ou l'autre. On lui avait même dit qu'ils étaient amoureux d'elle, ce qui l'amusait. Bien entendu, au lycée, Ren avait son petit succès auprès des filles. Et pour ce qui est de Naoki, il devait aussi en avoir dans son lycée privé.

Elle lui demande son avis sur la robe, tournant sur elle-même. Elle a besoin de se venger pour ce que le troisième membre de leur bande lui a fait. Ce besoin de lui faire regretter son comportement stupide. S'il le remarque pas là je crois qu'on pourra plus rien faire pour lui, hein Haussement d'épaules pour toutes réponses, elle croise ses bras avant de rétorquer. Pourtant, je te l'ai dis plusieurs fois, qu'on aurait dû le faire interner. Mais tu n'as jamais voulu, me disant qu'il allait se calmer. Drôle de réponse non? Pourtant au fur et mesure qu'elle discute avec Ren, Naomi reprend ses vieilles habitudes. D'ailleurs mes parents seraient ravis de te revoir. Ils habitent toujours dans la même maison. Si un jour le cœur t'en dit, passe leur dire bonjour Elle écarte un peu le rideau, pour lui répondre. Tu sais, je suis revenue depuis hier soir. Je comptais après avoir acheter une robe pour demain, me rendre chez tes parents. Surtout qu'ils doivent être au courant que je suis rentrée vu le bruit que j'ai fais.

Naomi n'est pas quelqu'un de calme, on pourrait même dire qu'elle a besoin qu'on sache qu'elle est là. Elle ne sait pas rester en place et ça lui a souvent apporter des situations cocasses. Les Kawaguchi avaient prit l'habitude de la voir par exemple escalader le mur entre leur deux maisons pour se rendre chez eux. Ou simplement de la voir escalader la façade pour rentrer chez eux. Oui oui... Une porte, ça sert à rien sauf pour une décoration. Quoi que je passerai par la porte cette fois-ci. Tiens, oui! Juste pour voir la tête de ton père qui se demandait si un jour j'allais faire comme les gens normaux.

Elle sort de la cabine en grimaçant de la robe qu'elle porte. J'ai l'impression d'être ma mère là, non? Ses mains attrapent le bas du tissus Ose me dire qu'elle me va bien et tu es bon pour faire des pompes maintenant, Ren. On est d'accord?

A l'entende de lui donner son numéro de téléphone, Naomi rendre dans la cabine pour farfouiller dans son sac à main. Elle revient vers lui, tenant dans sa main son premier téléphone. Elle avait travaillé dur pour se l'offrir. Un simple téléphone à clapet avec un panda comme bijoux qui en a vu de toutes les couleurs. Elle l'ouvre et sur l'écran on peut apercevoir une photo de Ren, Naoki et elle faisant une grimace. C'était le début des téléphones en couleurs.> Tu as changé de numéro où tu as toujours le même? Elle lui sourit en haussant les épaules. Oh ne t'inquiète pas. J'ai un téléphone pour faire comme tout le monde. Mais je crois que le plus simple est de me dire où tu habites. Quand j'ai quelque chose à demander à quelqu'un, je préfère le voir en face de moi.

Changement de robe, elle attend le verdict. Celle d'avant était la meilleure pour le moment et il rajoute assez vite. Ah, et avant que j'oublie, tu m'enverras un message pour me dire à quoi ressemblait la tête de Naoki hein ? J'aimerais bien être une mouche rien que pour ça Elle lui sourit avant de rigoler. Ne t'inquiète pas. Si tu veux, je passe chez toi pour t'expliquer tout ça après. Elle lui tapote l'épaule avant de le prendre dans ses bras. Son menton poser sur l'épaule de Ren, elle lui murmure. Tu m'as manqué, vraiment manqué, Ren. Pardon s je t'ai fais souffrir..

Il hocha d'abord lentement la tête ; oui, elle était toujours la bienvenue. Il sourit doucement, avant de lui lancer un regard qui en disait long. Sa copine ? La femme invisible elle voulait dire, nan ? Parce qu'à part ses plantes vertes, Ren n'avait personne. Tristesse. Bon, il pouvait toujours se consoler et se dire qu'il avait toujours un Naoki … mais était-ce vraiment quelque chose à se dire pour se consoler ? Un léger rire vibra au fond de sa gorge, avant qu'il ne déclare « J'ai pas de copine, tu risques de déranger personne »
Parce que ce n'était pas lui qu'elle allait déranger, loin de là.
Un sourire amusé et un brin nostalgique de ce temps-là vint se dessiner sur ses lèvres alors qu'il se rappelait très bien de tout ça. Il se rappelait avoir été forcé de grimper à l'échelle. Il préférait passer par les portes, déjà l'époque, et grimper à l'échelle lui avait pris plus de temps que d'entrer discrètement par l'entrée.
Il se mit alors à lever rapidement les yeux au ciel tout en secouant la tête. Il se souvenait presque de cette nuit comme s'il s'agissait de la veille. Tout ça à cause d'un puzzle, il fallait le faire hein ? Il avait surtout été plus bête d'accepter. Enfin s'il disait ça, c'était surtout à cause de l'échelle, et pas de la petite dispute à laquelle ils avaient eu le droit le lendemain matin.
Ah la la... la jeunesse... !

Il aimerait bien revivre ce genre de moments-là. Ca lui avait beaucoup manqué après le départ de Naomi. Il s'était senti un peu seul. Plus personne ne le forçait à faire des pompes, plus personne ne le forçait à grimper à l'échelle, plus personne ne le secouait dans tous les sens du terme.
Même chez lui, l'absence de Naomi s'était faite ressentir, plus qu'il ne l'aurait pensé d'ailleurs. Mais elle avait tout de même laissé ses marques dans les murs de la bâtisse. Elle avait été longtemps très présente au sein du domicile, et il se souvenait d'elle dans pratiquement chaque pièce puisqu'elle avait été partout.

Un hochement de tête suivit d'un léger haussement d'épaules. Eh oui, ils auraient dû le faire interner. Mais c'était sans doute trop tard maintenant non ? Il n'y avait plus rien à faire de toute façon. Enfin, Ren ne l'avouerait certainement jamais à voix haute, mais il préférait Naoki comme ça. C'était sa façon d'être et il avait appris à vivre avec. Ca lui manquerait si son meilleur ami décidait de changer de comportement du jour au lendemain.

« Je sais je sais, j'aurais dû dire oui à l'époque », dit-il simplement, amusé, « T'as fait autant de bruit que ça ? », pourquoi était-il étonné ? En fait, non. A bien y réfléchir, ça ne le surprenait même pas, il était juste surpris de pas avoir eu un coup de fil de ses parents.

Malgré la menace, Ren ne put s'empêcher de rire une fois Naomi sortit de la cabine. Une fois un peu calmé, il leva lentement les mains, témoignant qu'il ne dirait rien. Il était innocent Votre Honneur !
Puis en plus, il était pas vraiment prêt pour faire des pompes là maintenant tout de suite, alors il valait mieux pour lui d'aller dans le sens de Naomi.
Qu'est-ce que cette robe lui allait mal, oh la la.

Le coin de ses lèvres se haussa quelque peu en voyant le téléphone de la jeune femme. Il trouvait le petit panda accroché plutôt mignon, le téléphone, lui par contre, semblait avoir vécu un paquet d'années...
Il se mit alors à penser à son vieux téléphone, celui qu'il avait dû changer parce qu'il avait trop vécu. L'écran s'était tout simplement suicidé, avec quelques fissures : impossible pour Ren de bien discerner les choses. Encore que, s'il n'y avait eu que ça, ça ne l'aurait pas dérangé. Mais il y avait 2 touches qui avaient demandé l'indépendance, et avaient décidé de finir leur vie ailleurs, loin du mobile. Ren ne les avait jamais trouvées, et encore aujourd'hui, leur disparition soudaine restait un mystère irrésolu. Et puis il y avait aussi la batterie. Qui en avait eu marre et qui avait tout simplement décroché vers la fin.
Il avait donc choisi un modèle un peu plus évolué, sans chercher à avoir le téléphone dernier cri. Pour le peu qu'il s'en servait de toute manière...

« J'ai toujours le même numéro », répondit-il tout en y réfléchissant, « Enfin je crois. Mais ouais, j'te passe mon adresse ce sera sans doute plus simple »

C'était plus simple dans la mesure où il n'avait jamais son téléphone dans les parages. Inconsciemment, ses mains se glissèrent distraitement dans ses poches. Comme il le pensait, son téléphone n'était pas là, et il était certain qu'il n'était pas dans son casier. Il devait être perdu entre les coussins du canapé, comme d'habitude.

« Je t'attendrai alors », répondit-il simplement. Il avait déjà hâte de voir Naomi débarquer chez lui pour tout lui raconter. Et en soit, il plaignait déjà les voisins... Et alors qu'il voulait ajouter quelque chose en rapport avec ça, il sentit les deux bras de Naomi autour de lui. Il observa d'abord un peu les alentours, ne sachant quoi dire ni quoi faire.

Ren n'avait jamais été quelqu'un de très tactile. Il était rare qu'il se permette ce genre de démonstrations d'affection ; c'était pas faute d'essayer pourtant. La seule personne qui avait le droit à un traitement de faveur était Harumi. Ca ne le dérangeait pas de lui tenir la main, ou de la prendre dans ses bras ; modérément, bien entendu. Il ne savait pas pourquoi d'ailleurs, mais c'était comme ça. Il voulait peut-être ressentir que son amie était bien à ses côtés.

L'un de ses bras bougea enfin, et passa dans le dos de la jeune femme, la rapprochant doucement de lui alors qu'il entendait ces quelques mots murmurés à son oreille. Sans s'en rendre compte, ses doigts agrippèrent le bout de tissu et le serrèrent alors qu'il fermait les yeux, comme pour profiter de cet instant. Cette douce étreinte lui rappelait tellement de bons souvenirs... mais aussi des mauvais. Il ne pourrait jamais oublier la peine qu'il avait ressenti en comprenant que Naomi ne lui donnerait plus de nouvelles, qu'eux deux, leur amitié, c'était fini. Sans Naomi, plus rien n'avait été pareil, et pourtant, il n'avait pas eu d'autre choix que d'avancer sans elle.
Un léger souffle tremblait vint glisser contre l'oreille de la jeune femme alors qu'il lâchait un « Toi aussi tu m'as beaucoup manqué » ; et c'était peu dire pour exprimer ce qu'il avait ressenti et ce qu'il ressentait actuellement.
Il était soulagé de la revoir, et de pouvoir lui parler à nouveau. Mais il avait tellement peur qu'elle s'en aille encore une fois... Il n'était pas sûr de pouvoir le supporter à nouveau, mais il n'était pas non plus certain de pouvoir lui pardonner.
Ses yeux se rouvrirent doucement et tombèrent sur le dos de celle qui avait été sa meilleure amie. Il ne rêvait pas pour l'instant au moins, elle était réellement là.

Et il aurait tellement voulu qu'elle soit là quelques semaines plus tôt. Il aurait tellement voulu l'avoir à ses côtés, pour l'aider à surmonter cette épreuve. Heureusement, il n'avait pas été seul, et il ne remercierait jamais assez Kyohei, Harumi et Naoki. Mais il n'aurait pas dit non à avoir une présence en plus, à avoir Naomi près de lui.
Quelques images de cette soirée-là s'insinuèrent avec douceur dans son esprit. Sa respiration se coupa brièvement alors que ses yeux se fermèrent à nouveau. Il prit une grande inspiration, et ne bougea plus durant plusieurs secondes.
A bien y réfléchir, c'était mieux ainsi. Naomi avait été bien là où elle avait été, loin de lui. Il n'aurait pas voulu qu'elle le voit dans cet état-là. Il n'aurait pas voulu qu'elle le voit aussi faible et lâche. Il n'aurait sans doute pas supporté le regard qu'elle aurait posé sur lui ; il n'aurait pas supporté se montrer aussi fragile face à elle.

Tout en douceur, son bras relâcha la pression, retombant avec souplesse le long de son corps. Il se recula quelque peu, alors que son regard restait fixé sur un point invisible derrière Naomi. Un voile de tristesse et de culpabilité, mais aussi de colère s'y posa. Et ce fut ainsi que ses yeux plongèrent dans ceux de la jeune femme.
Plusieurs secondes s'écoulèrent, et il n'avait toujours pas bougé. Il ouvrit lentement la bouche, prêt à tout lui dire même si elle n'avait rien demandé, mais la voix de sa patronne résonna à ses oreilles et il tourna la tête dans sa direction.

Au final, non, il ne pouvait pas lui dire. Pas encore. Viendra peut-être un jour où il le pourra. Mais aujourd'hui, cela semblait trop tôt.
D'ailleurs, s'il continuait comme ça, elle allait finir par l'entendre réfléchir...  
Il la regarda alors, une fine esquisse désolé aux lèvres. Il s'était un peu perdu dans ses pensées ; un peu beaucoup même.

« Pour la robe, je te conseillerais la noire avec le col en v. C'est celle qui te va le mieux. Mais si tu hésites encore, tu peux continuer de faire des essayages, t'as toute la journée »

Un jour, Ren avait eu un client qui n'avait pas su se décider, et avait passé la plupart de son temps dans la cabine à essayer différentes tenues.

« D'ailleurs, tu voudras que je te fasse un emballage cadeau ? », s'il demandait ça c'était juste parce qu'il adorait faire des emballages cadeaux, « Ou un simple sachet te suffira ? »

Il haussa rapidement un sourcil et partit vers une autre cabine, remettre le rideau de cette dernière le plus droit possible. Il vérifia que tous les autres rideaux étaient parfaitement en place et revint auprès de Naomi. Il s'excusa silencieusement ; déformation professionnelle. Mais tout devait être parfait... à l'image de la ville.

« T'as dû être choquée en revenant à Nishinaka », lâcha-t-il, « Ca a beaucoup changé, hm ? »

Trop changé même, ce n'était plus la ville dans laquelle ils avaient grandi. C'était... autre chose.
Il s'éloigna une nouvelle fois, attrapant un bout de papier et un stylo et griffonna quelques mots tout en revenant.

« Tiens », dit-il simplement en lui tendant ce petit bout de papier où trônait librement son adresse, « Je compte sur toi pour venir me rendre visite »

Allez chez lui? Mais sa copine risque de ne pas apprécier si je débarque à n'importe quand. Chose que je lui fais remarquer. ""J'ai pas de copine, tu risques de déranger personne" Mon regard va de bas en haut pour le détailler tout en fronçant les sourcils. Toi? Pas de copine? Tu rigoles? Je fronce du nez avant de secouer ma tête. Et là, je souris en pouffant de rire. Tu m'attendais? Mon pouffemant continue, s'accentue même. C'est pour ça que tu faisais tout ce que je voulais, Renni-chan? Hein? Mon rire s'arrête mais je lui souris pour bien lui faire comprendre que je rigolais à cet instant. Quoi que durant un court moment, j'ai cru qu'il avait un sentiment pour moi quand nous étions plus jeune.

Tu sais comment je suis, non? Les années sont passés mais j'ai dû réveiller tout le quartier en voyant tout... un soupir sort de mes lèvres. trop de bidule à la maison. Je ne vais pas commencer mon enquête maintenant, si? Pas avec mon meilleur ami? Mon doudou. Enfin, disons que je n'aurai peut être pas dû hurler." Mes épaules se haussent avant de retourner dans la cabine.

Toujours le même numéro? Sans réfléchir, je pianote sur le clavier le numéro de Ren comme avant. Mais pourquoi il est plus écrit fillette mais Dieu viv... Je fronce les sourcils avant de chercher après tête de crapaud mais rien. Rappelle-moi de le tuer bientôt! Ca fait huit ans que je ne l'utilise plus. Si ça se peut vous êtes les derniers à avoir eu mon téléphone en main. Je passe une main dans mes cheveux en réfléchissant. Et il a passé son temps à changer les noms de tout le monde dans mon répertoire! Tsss. Dis-moi qu'il a changé?

Je passe chez toi après. Et là, je fais enfin cette chose que je n'ai plus fait depuis si longtemps. Ma tête se pose sur son épaule alors que mes bras l'entourent. Ren avait été durant longtemps mon doudou. Même si ce dernier n'a jamais été tactile, il m'arrivait très souvent que je lui fasse des câlins. Peut être mon comportement de fille. Oui, c'était dans mes hormones de faire des câlins à tout le monde, sauf à Naoki. Et de m'extasier devant tout ce qui était mignon.

Ca me manquait, c'est une des choses qui m'avaient le plus manquer aux Etats Unis. Chaque fois que Ren me prenait dans ses bras, c'était comme si je me ressourçais. Mais quelque chose dans son comportement me dérangeait. Je relève ma tête pour le regarder. Le regardant droit dans les yeux l'air de lui dire qu'il pourra me parler quand il le souhaite.

Non, je te laisse décider. Si tu dis que la noir en col en V te plait. Je la prends. Pendant que je retourne à la cabine, je l'entends me parler. Un paquet cadeau? Ne te fatigue pas, Rennichou. Un paquet ça m'ira très bien. Ne te prend pas la tête avec ça. Et là, il me pose la question que je ne souhaitais pas entendre pour l'instant. Oui et c'est pour ça que je suis revenue. Le changement à Nishinaka est arrivé aux oreilles de mon patron.

Quelques minutes après, je sors de la cabine habiller de nouveau avec mes vêtements. Souriant en attrapant le papier. Tu as de la bière? Où je dois en ramener? Je réfléchis un instant avant de lui proposer. Tu veux que j'apporte nos jeux de sociétés? Ils étaient encore à leur place ce matin. Et je suis sur que tu as envie d'avoir quelques gages.

sorry:

Eh oui, Ren n'avait pas de copine. Il ne s'en cachait pas. Et c'était sans doute mieux comme ça pour le moment. A dire vrai, il n'y pensait pas trop. Ou il essayait de ne pas trop y penser, plutôt. Il lui arrivait de se sentir seul le soir quand il rentrait chez lui, mais ce n'était pas pourtant qu'il irait voir la première qui passait pour lui proposer de sortir. Il n'avait jamais vraiment connu le grand amour, il ne savait vraiment ce que ça faisait d'aimer, ni d'être aimé d'ailleurs. Il avait hâte de découvrir ça, mais pas trop vite non plus. Il était jeune, il avait encore le temps.
Aux remarques de son amie, il se contenta de secouer faiblement la tête tout en levant les yeux au ciel. Il se retint de lui dire que oui, il avait attendu. Enfin s'il le disait, ils auraient l'air malins tous les deux... Pour ne pas laisser les mots de Naomi dans le vide, il murmura un faible « T'as tout compris » avant de rire.

Il ne doutait même pas quand Naomi lui disait qu'elle avait sans doute réveillé tout le quartier. Et encore, rien que le quartier, elle était bien gentille avec elle-même. Il était sûr qu'elle pouvait faire mieux, beaucoup mieux. Et en plus elle avait hurlé... eh bien bravo, vive la discrétion !

Il hocha la tête à la question de sa vieille amie. Eh oui, toujours le même numéro. C'était plus pratique pour lui, il le connaissait par cœur maintenant. Il avait mis du temps mais... maintenant il le connaissait. Et il connaissait aussi la planque préférée de l'appareil. Et après on disait qu'il n'y connaissait rien à la technologie !
Dieu viv... hein ? Qui avait écrit ça ? Qui avait écrit quoi d'ailleurs ? Il avait pas tout compris. Et pourquoi fillette !?
Il chuchota un bref « oui », il allait lui faire penser de le tuer. Qui ? Naoki certainement, il ne voyait pas qui sinon. Il se mit à rire faiblement, avant de regarder son amie quelques secondes et lui dire ce qu'elle voulait entendre : « Il a changé »

La tête de Naomi vint se caler sur son épaule et tout un tas de souvenir refit brutalement surface. Elle avait toujours eu cette habitude de lui faire des câlins, comme s'il était une peluche vivante ou un truc comme ça. Elle n'en avait jamais fait excessivement, mais elle en faisait. Et lui, bon ami qu'il était, avait toujours plus ou moins répondu à ses étreintes.
Machinalement, ses bras se serrèrent autour d'elle, et sa tête se posa délicatement contre la sienne. Il en profitait un peu aujourd'hui, ça faisait longtemps.
Il ne dit pas un mot quand le regard de Naomi se perdit dans le sien. Il se contenta de rester là, sans bouger, les lèvres scellées. Elle n'avait pas besoin de savoir. Pas encore. Mais il lui dira certainement un jour. Quand il sera prêt, et quand il sera sûr qu'elle était toujours la Naomi qu'il avait connu.

Leur étreinte s'arrêta alors, et la discussion sur la robe reprit, comme si rien ne s'était passé. Et en entendant que Naomi était d'accord pour prendre la robe avec le col en V, un sourire fleurit sur ses lèvres... avant de disparaître. Pas de paquet cadeau ? Mince alors. C'était pourtant amusant à faire. Tant pis, il en fera un au prochain client, qu'il veuille ou non. Il avait envie de faire un paquet cadeau alors il en ferait un !

« C'est pour ça que tu es revenue ? », répéta-t-il, l'air quelque peu surpris.

Elle n'était revenue que pour les changements de Nishinaka, s'il comprenait bien. Donc si la ville n'avait pas changé... elle ne serait pas revenue ? Il ouvrit la bouche pour rajouter quelque chose mais la referma aussitôt, se contentant de hocher la tête d'un geste compréhensif, avant qu'il ne se pince lentement les lèvres. Il avait tellement envie de lui demander... mais garda le silence jusqu'à ce qu'elle sorte à nouveau de la cabine. Là, il la regarda un instant avant de humer faiblement.

« J'ai pas de bière non », parce qu'il ne buvait pas beaucoup d'alcool, mais il avait de l'eau, c'était bon l'eau, « Tu peux en ramener si tu veux. Enfin si tu veux en boire, ramènes-en oui »

Un autre rire lui échappa à la question suivante et il haussa doucement les épaules tout en grimaçant légèrement. Il avait pas spécialement envie d'avoir des gages... Ca, ça lui manquait pas. Pas du tout même. Les gages... il était tellement nul pour ça. Ils pouvaient pas discuter de... ouais non il aimait pas trop discuter non plus. Pas de lui du moins. Ils pouvaient discuter d'elle alors, ça, ça ne le dérangerait pas. Ou ils pourraient discuter des chats, c'était un bon sujet de conversation et il avait plein de choses à dire sur eux. Mais les gages... tout sauf ça !

« Tu peux en ramener aussi. Ca nous donnera l'impression d'être jeune de nouveau », enfin c'était pas comme s'ils étaient très vieux là, « Par contre pour les gages... je sais pas trop. J'aime toujours pas ça tu sais ? »

Oh elle devait le savoir.
Fronçant légèrement les sourcils, une mine faussement boudeuse au visage, il partit récupérer la robe noire avec le col en V, celle que Naomi avait décidé de prendre, et partit lentement vers la caisse, où il typa rapidement l'habit.
Là, il plaça délicatement la robe dans un grand carton, prenant bien soin de l'y mettre sans la froisser. Il prit le couvercle de la boîte, et la pose doucement. Une fois ceci fait, il observa le paquet un moment avant de sourire.
Il fouilla rapidement dans l'un des tiroirs et en sortit un long ruban rose. Ruban rose qu'il plaça tout autour de l'objet devant lui. Il n'avait pas pu son emballage cadeau alors il se contentait de ça ; il en fallait peu pour être heureux, pas vrai ?
Il plaça ensuite la grosse boîte dans un sachet avec le nom du magasin dessus et posa le temps devant son amie de l'autre côté de la caisse. Il pianota un instant sur la caisse, avant d'annoncer rapidement le prix. Il encaissa l'argent, et lui tendit le ticket de caisse, avant de s'appuyer sur le comptoir devant lui, un sourire aux lèvres.

« Oublie pas de passer chez moi hein ? J'ai déjà hâte d'entendre tout ce que tu auras à me raconter », dit-il, croisant les doigts, espérant qu'elle oublie les gages ; il fallait qu'elle oublie ça, sinon Ren n'allait pas survivre.