Who cares baby, I think I wanna marry you • |

Si j’avais nos avocats devant moi, je crois que je les tuerais tous les deux sur le champ. Non mais quels idiots ! Bon ils n’étaient pas les seuls... J’étais moi aussi fautive de ne pas avoir remarqué que tout n’avait pas été fait correctement. Parce qu’en réalité si j’étais en colère en cette matinée d’une de mes jours de repos, c’était car j’avais remarqué que je recevais certains courrier encore à mon nom de mariage. Soit au nom de Ryuhei qui était censé être mon ex-mari. Sauf que j’avais appelé mon avocat puisque je ne savais pas qui d’autres appelés et ce dernier me recontactant, m’avait annoncé la bonne nouvelle que j’étais toujours marié. Je l’avais payé pourquoi cet abruti si au final le divorce n’avait pas marché ? Nous étions tous les deux d’accord alors qu’est-ce qui n’avait pas fonctionné ? Nous avions signé les papiers comme il le fallait, en présence de ces hommes de droit et bien sûr c’était à moi que ce genre de choses arrivait. J’étais en train de me demander si ce n’était pas ces avocats qui avaient trafiqués entre eux à cause de la durée de notre mariage qui avait été très courte ou bien si ce n’était pas Ryuhei lui-même qui avait manigancé « connerie ». J’étais vraiment hors de moi...

Je ne reniais pas les merveilleux moments que nous avions passé tous les deux, je ne les oubliais pas non plus et tentais d’en garder le meilleur. Cependant qu’est-ce que j’y pouvais si la fin revenait toujours sauter à mes yeux et que ces douloureux souvenirs me créaient un trou dans la poitrine ? Je voulais simplement pouvoir tourner la page, l’oublier et refaire ma vie. Si nous étions encore unis par les « liens du mariage », je serais incapable d’avancer... Et ca me mettait réellement en colère d’avoir à m’occuper de ça à présent, comme si quelqu’un chercher à tout prix à nous rapprocher en ce moment. Après le croiser dans un supermarché, voilà que maintenant il y avait ça.

Soupirant, je me saisis des nouveaux papiers que mon avocat m’avait donné et je m’engouffrai dans les rues de Nishinaka, priant à ce que le jeune homme n’est pas déménagé. D’un commun accord, on avait décidé que c’était lui qui garderait l’appartement. Moi je le trouvais trop grand et je n’avais pas envie de rester dans un endroit envahi de souvenirs. Peut-être que c’était pareil pour lui et qu’il l’avait finalement vendu, je l’ignorais. Dans le pire des cas, il me resterait son travail cependant si je pouvais éviter de me rendre dans ce lieu grotesque et pitoyable, ça m’arrangerait.

Le nom sur la sonnette indiquait le sien : Sekino. Je me tapotai les joues et pris une profonde inspiration afin de m’encourager à sonner. Chose faite, j’attendis en essayant de réunir toutes les forces que j’avais pour l’affronter et quand il ouvrit, je ne sus quoi dire, immobile. Malgré tout, malgré notre confrontation au supermarché, Ryuhei m’impressionnait toujours. Et c’était en partie ça que je fuyais chez lui. Il avait une telle prestance que ça m’effrayait tout comme bêtement, à une époque ça m’avait fait chavirer.
Prenant sur moi, je plongeais mon regard neutre dans le sien et tentai de rester impassible.

- Je dois te parler, Enonçais-je froidement tout en rentrant à l’intérieur sans y avoir été invité.

Mes chaussures abandonnées sur le seuil de l’entrée, je m’aventurais dans le salon avant de déposer les papiers vides pour un divorce sur la table.

- On est encore marié, tu le sais ? Je ne sais pas ce qui s’est passé mais, ça ne peut pas durer Ryuhei.

J’allais encore passer pour la méchante parce que monsieur était parfait mais je m’en fichais. Ce désastre, on l’avait créé à deux et j’aimerais qu’il s’aperçoive du mal que ça nous avait infligé. Autant à lui qu’à moi.

- J’ai amené les nouveaux papiers. On doit les remplir sérieusement, s’il te plaît.

Comme je le pouvais, j’essayais de rester calme et de ne pas m’emporter. De toute manière c’était inutile de s’énerver... Cela n’apporterait rien de bon puis en réalité, lui en face de moi, après tout ce temps, je ne parvenais pas à l’affronter. Encore moins dans cet appartement qui avait été l’un des symboles de notre amour. Il y avait tant de souvenirs ici que je n’arrivais pas à être complètement moi-même. Ou plutôt, en vérité, j’étais terrifiée de la réponse du jeune homme... Et s’il n’acceptait pas, qu’étais-je censée faire ?

Maru s'était levé de bonne humeur ce matin. Il était venu tendrement se frotter à mes jambes pour réclamer son petit déjeuner au lieu d'user de violence et de me griffer. Il avait tendrement miauler une fois ses croquettes versées et nous avions tranquillement pris notre petit déjeuner, comme toute famille normale. J'avais pris ma guitare, jouant un peu pour passer le temps et il n'avait même pas hurlé son mécontentement face à ce bruit dérangeant. Au contraire, il s'était couché à côté de moi, ronronnant de plaisir. Nous avions également déjeuner dans le calme, puis nous nous étions affalés devant la télé, lui couché sur mon torse. J'avais même pu le caresse J'avais l'impression de vivre dans un conte tant cela me semblait improbable. Jamais nous n'avions eu une pareille entente lui et moi. Une belle relation père-fils sans le moindre nuage...

Enfin, c'est ce que nous nous imaginions. Tout était parfait avant que l'on ne sonne à la porte. Mon regard se porta sur Maru, qui me regarda à son tour. Qui pouvait bien venir nous déranger dans notre petite vie bien tranquille ? Je le déposais délicatement sur le canapé, éteignant la télévision avant d'aller ouvrir. Ouh, si j'avais pu deviner, jamais je n'aurais imaginé recevoir une visite de la sorcière de l'histoire ! J'étais surpris de voir Hanae sur le pas de la porte, mais j'étendis néanmoins un sourire légèrement narquois en la voyant me parler si froidement sans même prendre le temps de dire bonjour. Bon, soit. Je la détaillais quelques secondes avant de m'écarter et de la laisser entrer. Immédiatement, Maru, si calme pour une fois, repris ses vieilles habitudes, hérissant ses poils et crachant en direction de sa « Maman » avant de pousser des grognement et de fuir dans la cuisine. Si seulement je pouvais faire comme lui et me barrer dès que la tête de quelqu'un ne me revient pas !

Hanae déposa des papiers sur la table et je m'avançais sans grande motivation vers ces derniers, posant mon regard dessus... Dans l'incompréhension la plus totale. Je fronçais les sourcils, avant de la regarder d'un air perplexe. Elle avait zappé quelques années je crois. Quand elle reprit la parole, je compris un peu mieux. On était encore marié ? Oh. Cool. Du coup, aux yeux de l'Etat, on passait pour un couple un peu moins débile puisqu'on était marié plus que quelques mois. C'était un point positif. Mais ça me paraissait étrange, il me semble que nous avions tout bien rempli à ce moment là et que le divorce avait été prononcé... Non ?

-Tu sais, finis-je par dire, levant vers elle un regard amusé ponctué d'un sourire cynique sur les lèvres, en général, on renouvelle les vœux de mariage en se mariant symboliquement une seconde fois. Je savais pas qu'on renouvelait ses vœux de divorce. Tu vas pas me faire le coup toutes les jenesais combien d'années, hein ?

Comment est-ce que ce divorce avait-il fait pour passer à la trape comme ça ? Pourtant, tout avait été fait correctement. Je repris un air un peu plus sérieux en allant chercher un stylo pour remplir ces papiers et faire en sorte qu'elle s'en aille rapidement. Je ne tenais pas à ce qu'elle reste trop longtemps, surtout si c'était pour être si méchante et froide. D'ailleurs, elle pourrait se montrer un peu plus sympathique, si déjà elle venait ici et me gâchait ma journée.
Une fois mon stylo en main, je me penchais un peu au dessus de la feuille, lisant distraitement sans rien écrire. C'était étrange que le divorce ne soit pas passé. Et si c'était un signe ? Le signe qu'on devait resté marié. C'était possible, non ? Je ne sais pas trop pourquoi, au vu de combien on était incompatible, mais ce signe et le fait que je n'avais pas envie de lui faire plaisir aujourd'hui fit que je reposais le stylo, me redressant brusquement pour me tourner vers elle.

-En fait, j'ai pas envie. T'as qu'à les remplir si tu veux, mais je ne signerais pas ça, déclarais-je avant de hausser les épaules, lui souriant toujours. Tu peux rentrer chez toi, sauf si ça te tente de revisiter ton ancienne appartement ?

Oh, non, ce n'était pas vraiment rangé, j'espère qu'elle ne voudra pas le faire. En tout cas, je restais presque impassible, la toisant silencieusement ensuite. Je ne comptais pas revenir sur ma décision pour l'instant. Je ne signerais pas ces papiers et elle ne pouvait pas m'y forcer de toute façon.

Cet homme était le diable. Il était si cruel et ne s’apercevait même pas de la douleur qu’il pouvait infliger rien qu’avec de simples mots. Si je revenais, évidemment que ce n’était pas pour revenir encore des années après. A choisir j’aurais préféré que cela soit des vœux de mariage, cela signifierait que la fin de notre histoire n’aurait pas été aussi chaotique mais malheureusement ce n’était pas le cas. Je voulais simplement qu’il signe ces fichus papiers et qu’il me laisse repartir. Je ne supportais pas de rester ici, mon coeur se compressait à cause des longs souvenirs que cela lui rappelait. Je me remémorais ces instants qu’on avait eu assis sur le canapé, blottit dans les bras l’un de l’autre pendant qu’on se regardait un film. Je me souvenais de ces soirs où il rentrait du travail et que j’avais pris soin de lui préparer un petit plat pour lui redonner des forces. Je n’en oubliais pas non plus ces moments de câlins dans la chambre mais aussi ceux où on passait notre temps à se chamailler pour un oui ou pour un non tel des gosses. On était puéril mais notre relation nous convenait ainsi sauf qu’elle se dégrada bien vite et rapidement tous ces beaux instants passés furent remplacés par des cris, des pleurs et des objets cassés. Quand je faisais vaquer mes yeux dans la pièce, c’était tout ce qu’il en restait... Un amour détruit. Un amour qui m’avait fait voler au delà du ciel et qui m’avait brisé mes ailes quelques temps plus tard. J’admettais être également fautive dans notre rupture puisque au bout du compte, on ne s’entendait plus... Cependant il était allé trop loin. Beaucoup trop loin. Normal que je veuille recommencer et l’oublier non ? Bien que je me doutais qu’un amour tel que le notre était inoubliable. Je pouvais tourner la page, avancer avec cette histoire rangé dans un coin de mon âme mais jamais je ne pourrais l’effacer.

- Tu n’as pas changé hein ? Finis-je par lui cracher, vexée, Qu’est-ce ça t’apporte de le signer ou pas ?

Je ne le comprenais pas. Est-ce que tout cela l’amusait vraiment ? Tout comme notre relation... Parfois il m’arrivait de me demander si pour lui tout cela n’avait pas été qu’une source de divertissement. Mais je crois qu’inconsciemment, il ne s’était jamais rendu compte du mal qu’il avait pu causer. Je savais que je l’avais certainement fait souffrir moi aussi néanmoins au contraire de lui, j’en avais pleinement conscience... Et c’était également cette partie là que je tentais de fuir en vain.

- Ca t’amuse ? Ca t’amuse de me blesser Ryuhei ? Tu sais que ce n’est pas ce que je veux alors tu cherches à me contrarier ?

Déjà par le passé, il agissait de la sorte... Etait-ce pareil aujourd’hui ?

- Qu’est-ce que tu veux à la fin ?! Si tu ne me le dis pas, je ne pourrais jamais le savoir ! Pourquoi revenir sur ta décision hein ? Explique-toi à la fin ! Pourquoi tu ne veux pas simplement sortir de ma vie ?! Qu’est-ce que ça t’apporte bon sang...

Ce gars m’épuisait. Complètement. Même si j’avais l’air forte pour oser l’affronter, ce n’était pas réellement le cas. Je risquais de craquer à n’importe quel moment et je refusais qu’il soit là pour voir ça.

Qu’est ce que ça m’apporte de signer ou pas ? Je ne sais pas. je suppose que ça ne m’apporte rien ? Mais elle a bien passé quelques années sans que cela soit signé et ça ne l’avait pas dérangé jusqu’alors. Je n’avais pas envie de signer pour tellement de raisons et, que je sache, elle n’avait pas le droit de m’y forcer, sauf si elle me faisait un procès. Bon, dans ce cas, j’y réfléchirais. Mais quand même. Elle pouvait bien me sortir son mélodrame de femme blessée, je ne saurais dire qui avait le plus blessé l’autre. Je l’avais trompé. Je sais. De ça, j’étais coupable, mais ça n’avait pas été sans raison. Ça n’allait déjà plus, on ne pouvait pas se parler sans que ça ne parte dans des éclats de voix de plus en plus puissante et même la technique « réconciliation sur l’oreiller » ne marchait. On tenait cinq minutes avant de recommencer de plus bel. C’était ce qu’on appelle une relation passionnée. En quelque sorte. Je revois encore quand tout s’était vraiment brisé, rentrer « à la maison » tard dans la matinée le lendemain d’une dispute encore plus épic que les autres, elle me demandant où j’étais passé. « Avec une autre ». Et c’était terminé.

Mes lèvres se pincèrent comme pour regagner mon calme et j’avançais avec nonchalance dans le salon, allant m’appuyer contre le meuble qui l’ornait. Quand on a aimé quelqu’un comme ça, on reste toujours mitigé quant à cette relation. Et si ça s’était passé autrement ? Et si on avait fait ci, plutôt que ça… Mais je n’avais jamais perdu de temps à faire ça. J’avais du mal à regretter les choses. Si ça s’est passé ainsi, c’est que ça devait se passer ainsi. Je crois que j’avais passé tellement de temps après le décès de ma mère à me lister tout ce que j’aurais encore aimé faire avec elle, ce que j’aurais aimé pouvoir lui dire, que j’étais incapable de le faire désormais. Je sais qu’elle aurait adoré Hanae. Si elle avait pu la connaître, je sais qu’elle l’aurait adoré. Quand elle s’amusait à me décrire celle qu’elle aimerait avoir comme belle-fille sur le ton de la plaisanterie, c’était à peu de chose la femme que j’avais face à moi. Pas de doute qu’elle m’aurait hurlé à quel point je suis le dernier des idiots si elle avait assisté à l’évolution de notre relation. Déjà, elle m’aurait bien empêché de l’épouser si tôt. Si les parents d’Hanae n’avaient rien pu faire, elle n’était pas le genre de femme à ne pas parvenir à se faire entendre.

-On avait fait les choses en règle, murmurais-je soudainement, pensif, avant de reprendre plus franchement : alors pourquoi est-ce que ça n’a pas marché ? C’est peut-être un signe Hanae !

Qu’est-ce que ça pouvait l’agacer, mes trucs de spiritualité, de religion, et de « signes » ! Je le savais bien, mais pourquoi pas, après tout ? Je m’étais toujours dit qu’on avait une entité spirituelle qui veillait sur nous. Chacun de nous. Peut-être que ma mère était toujours auprès de moi et qu’elle avait orchestré tout ça. Enfin, j’étais peut-être complètement fou, mais inconsciemment, je crois que ça me faisait du bien d’y croire. De me dire qu’elle était encore là, d’une certaine façon.

-Peut-être qu’on aurait dû attendre un peu, peut-être qu’on aurait dû voir ça autrement.

Oui, peut-être tout ça. J’étais certain que ça aurait pu marcher entre nous. Si nous avions été plus mature, et que nous n’avions pas précipité les choses. C’est vrai que lorsque j’avais vu pour la première fois cette fille sur le campus, je n’avais pas pu détacher mon regard d’elle, je m’étais dit que c’était elle qu’il me fallait. Si elles avaient à force toutes le même goût et la même couleur, elle était celle qui ressortait, qui rayonnait plus qu’une autre. Je n’avais pas hésité longtemps avant de foncer. Puis tout s’était enchaîné tellement vite.

-Les années ont passé, on pourrait se donner une autre chance ! Je suis sûr que ce n’est pas pour rien que le divorce n’a pas marché !

Comme s’il m’avait entendu, j’entendis clairement Maru poussé un long miaulement de désaccord, mais de toute façon, il n’avait pas son mot à dire. Je ne sais pas moi-même si j’avais réellement envie d’avoir à nouveau Hanae dans ma vie. Je ne l’aimais plus. Du moins, plus comme avant, puisque, lorsqu’on aime quelqu’un de cette façon, ça ne disparait jamais totalement.

Il me désespérait. C’était l’exact mot qui lui correspondait. Désespérance. Je n’avais rien contre toutes ses spiritualités en lesquelles il croyait, cela faisait partie de sa personnalité bien que parfois il dépassait les bornes, j’avais appris à faire avec. Et plus qu’en être agacée, j’en étais blasée. Je n’avais jamais compris pourquoi il croyait en ce genre de choses par ailleurs mais j’avais fini par m’y habituer et n’y prêtant guère attention. Il avait même réussi à me convaincre moi-même de voir certains liens - signes - là où il n’y en avait pas... Parce qu’il m’avait influencé et je ne niais pas qu’on pouvait méditer sur ceci ou cela, cependant de temps en temps, il fallait redescendre les pieds sur terre et admettre que ce n’était qu’un pur hasard, de simples coïncidence. Rien de plus.

« C’est peut-être un signe » je ne comptais plus le nombre de fois où Ryuhei m’avait rétorqué ses paroles et le nombre de fois où j’étais tombée dans son piège non plus. Il n’y avait pas de signe, rien de tout ça. Tout avait été créé de manière à ce que l’on pense ça, à nous embrouiller alors que si vraiment de tels liens existaient, notre relation aurait certainement été plus belle. Nous séparer pour mieux nous retrouver ? Je n’y croyais pas non plus. Cette histoire m’avait détruite, quand bien même elle avait été magnifique aussi. Pendant un temps. On était trop jeune pour nous comprendre, pour vivre ce qu’on avait vécu et pour nous aimer correctement. On débordait de passion et d’insouciance, à tel point qu’on avait fait n’importe quoi. Il n’était pas le seul fautif, je ne le niais pas. Nous avions bousillé notre histoire tous les deux. Et ça avait été le plus douloureux.

Rentrer à la maison et entendre sans arrêt des cris, plus rien pour se réconcilier, pour réparer ce trou qui se creusait dans nos cœurs. J’avais longtemps espéré que les choses s’arrangent mais au bout du compte on n’y parvenait pas. Plutôt que de discuter calmement, de s’embrasser et se retrouver comme le faisait un grand nombre de couple, nous on s’hurlait dessus, cassant tout dans la maison. Peut-être que finalement, on s’aimait trop qu’à force, on a fini par ne plus se supporter du tout. Je ne pouvais même pas expliquer comment on en était arrivé là. Je me souviens juste de ne jamais avoir apprécié son travail, d’avoir tenté vainement de garder cette souffrance en moi seulement le temps s’évanouissant, j’avais craqué à ce niveau là. Qui souhaiterait voir la personne qu’il aime fricoter avec d’autres ? Même pour son travail... Aurait-il aimé ça lui ?

Mais il n’en restait pas moins un idiot. J’avais passé le stade de croire en ses âneries et de me dire que peut-être c’était un signe. Il n’y avait plus rien de tout ça. Si réellement ça aurait dû marcher, on ne se serait pas entretuer comme on l’avait fait. On ne se serait pas fait autant de mal. Certainement qu’on se serait quitté mais blessé de la sorte, j’en doute.

- Tu plaisantes là ? Soufflais-je en me laissant tomber sur le canapé, lassé.

Je n’avais pas l’intention de me gêner avec lui donc il ne m’en voudrait pas si je prenais tranquillement mes aises.

- Tu veux que je te dise Ryuhei. Peut-être que si tu m’avais dit que tu regrettais notre relation, qu’on aurait du agir autrement, que ça aurait été mieux pour nous, j’y aurais peut-être réfléchi.

Parce que ça m’aurait tourmenté et que je me serais posé des questions seulement il était toujours idiot. On ne le changeait pas vraisemblablement.

- Mais que tu me demandes d’essayer à nouveau à cause de tes fichus signes, je refuse catégoriquement. Je n’ai plus envie de me laisser berner par tes paroles. Je t’ai aimé, oui. Enormément. Oui aussi. Cependant, c’est terminé. Je ne veux plus revivre ce qu’on a vécu... Comprends au moins ça, s’il te plaît. Je n’en oublie pas les bonnes choses, simplement que c’était trop douloureux pour ne serait-ce qu’oser penser à une nouvelle fois.

Pendant une période, il avait été mon tout et j’avais cru mourir lorsque tout s’était effondré. On n’oublie pas un si grand amour, aujourd’hui encore il en restait de profondes marques. Avec le temps j’avais fini par me demander pourquoi j’étais tombée amoureuse de lui et ce que j’éprouvais pour lui. J’étais incapable de dire mes sentiments tant le chagrin s’était emparé de mon être. A présent, je pouvais à nouveau savoir pourquoi, ça avait été lui et pas un autre. Puisque je pouvais enfin voir les choses avec du recul et pas uniquement la fin de notre histoire. Hors, je ne voulais plus revivre cette horrible douleur. Je voulais avancer dans ma vie et devenir celle dont j’ai toujours rêvé. J’étais heureuse de l’avoir rencontré, de l’avoir aimé aussi toutefois, j’étais désolé pour lui. On ne pourrait pas retourner ensemble de plus bel. Car justement... On était bien trop passionné. Et si ça devait arriver, ça ferait pareil. Encore et encore. On s’autodétruirait.

Comme j'aurais dû m'y attendre, elle ne semblait pas du tout en osmose avec ce que j'étais entrain de lui dire. Sérieusement, elle pourrait y croire. Un peu, moins ! Ce n'est pas comme si notre relation n'avait eu aucun sens à l'époque. On était tombé amoureux, on avait vécu semble. On avait adopté un fichu chat, en plus ! Je fis un geste de la main, nez plissé d'un air regrettable quand elle m'énonça la façon dont j'aurais du m'y prendre pour qu'elle considère sérieusement ma requête. Eh merde, j'aurais dû y réfléchir ! J'écoutais ses paroles avec attention. C'est vrai que notre relation avait été compliqué. Belle. Mais compliqué. Moi non plus, je n'étais pas assez sadomasochiste pour avoir envie de souffrir comme cela à nouveau. Mais j'avais l'intime conviction que ce papier qui nous forçait à nous retrouver n'était pas anodin. Il y avait forcément une raison !

Je n'étais plus amoureux d'Hanae, je doutais même d'avoir réellement envie de me retrouver en couple, rangé et toutes ces conneries. Mais mon subconscient m'assurait qu'il fallait que j'essaie. Comme si une force intérieur me le demandait en fait. Convaincre la femme qu'il fallait qu'elle se range de mon côté. Je lançais un regard vers Hanae. Il fallait trouver un moyen de la convaincre. Hum, je commençais à me demander si j'étais motivé par ces signes ou juste par la frustration de la voir me résister. Comment est-ce qu'on pouvait me résister. Je veux dire... Me résister à moi ! Impensable.
Outré intérieurement, j'allais m'installer avec calme à ses côtés, silencieux pendant quelques secondes avant de lever mon regard vers elle.

-Bien sûr que je regrette, dis-je finalement en m'en approchant un peu, posant après une seconde d'hésitation ma main sur la sienne. Et je suis certain que ça serait mieux pour nous.

Voilà, c'est ça, drague-la un peu. Bon j'avais la crainte de la voir me couper la main, mais qui ne tente rien n'a rien. J'étais fourbe, mais je voulais qu'elle se souvienne que notre relation n'était pas forcément un ramassis de dispute en tout genre. Il y avait de cela, mais pas uniquement. On avait été heureux, un jour. Ça pouvait sembler lointain, mais pas tant que ça. Et d'après les signes, ça pouvait reprendre. J'espère juste qu'elle n'est plus aussi chiante qu'avant, sinon, ils vont m'entendre, ces fichus signes !

-Allez, Hana-chan, je suis sûr qu'au fond de toi tu as envie d'essayer, tu ne veux juste pas te l'avouer.

Cette fois, mes doigts vinrent frôler sa joue, un sourire séducteur sur les lèvres. Elle ne pouvait pas me dire non. Ça serait vexant qu'elle dise non. On s'était trouvé follement éprit l'un de l'autre fut un temps. Je l'avais aimé, et elle m'avait aimé. Ça ne faisait aucun doute. Excepté ma génitrice, elle avait bien été la seule autre personne à m'avoir aimé sincèrement. De toute ma vie. Et j'avais quand même vingt-six ans déjà. Dieu, et s'il n'y avait qu'elle sur terre qui était assez folle pour faire ça ?

-On s'est aimé, non ? Murmurais-je tandis que mon pouce effleura ses lèvres. Ce sentiment ne disparaît jamais entièrement.

Glissant le long de sa joue , ma main alla se lover dans son cou, mon regard ne lâchant pas le sien. Sans m'en rendre compte ou presque, je m'étais encore davantage rapproché d'elle, mes lèvres non loin des siennes. Presque, j'y étais presque.

Cet homme que j’avais devant moi n’avait plus rien de ce Ryuhei que j’avais rencontré et avais aimé. Il était cruel et horripilant. Je ne parvenais plus à le supporter et je comprenais peu à peu le pourquoi notre histoire s’était finie si minablement. A l’époque j’aurais sûrement tout fait pour essayer d’arranger les choses, pour qu’on ne se sépare pas lui et moi et qu’on trouve une solution. Si nous faisions tous les deux des efforts, on s’en serait peut-être sorti non ? Mais un gars tel que lui ne fait aucun effort. Il est ancré dans son petit monde et en oublie le reste. Je ne reniais pas le passé ni les bons moments que nous avions vécu ensemble néanmoins je crois que j’avais bien fait de venir aujourd’hui. Cela me permettait de constater qu’en effet j’avais tourné la page et que je ne l’aimais plus. J’avais beau avoir le goût du risque et d’aventure, je ne voulais plus rien tenté avec lui. Certainement que s’il avait changé, je serais tombée dans le piège et aurais craqué mais ce n’était pas le cas. Il était toujours cet idiot égoïste. Qu’il ne tente pas de m’amadouer avec ses signes à la noix, cela ne fonctionnait plus sur moi.

Je m’étais retrouvée dans l’incapacité de bouger lorsqu’il me toucha alors que mon sang bouillonnait à l’intérieur... J’évitais de ne pas m’emporter et de lui en mettre une. Parce que c’était ce que ce vaurien méritait. Pour qui est-ce qu’il me prenait à agir de la sorte ? Si avant je tombais facilement dans ses bras, les choses étaient différentes désormais. Bien sûr, ce serait mentir de dire que je n’avais pas frissonné au contact de son doigt sur mes lèvres cependant cela ne changeait rien à cette rancoeur qui s’accentuait en moi. Je n’étais pas aussi facile que ce qu’il croyait et je ne me laissais pas draguer aussi aisément. D’ailleurs, je détestais ce genre de comportement et c’était la raison pour laquelle, au début, j’avais choisi lui plutôt qu’un autre. Il me semblait si simple, si naturel mais à présent que j’y songeais, c’était peut-être une de ses multiples techniques de dragues et trop naïve, je n’avais rien remarqué.

- Ne me touche pas, Dis-je sèchement en le repoussant enfin et me levant.

La lueur dans mes yeux en disait long quant aux sentiments que j’éprouvais en cet instant précis.

- Ne me confond pas avec tes clientes Ryuhei ! Et tu as dit le mot juste « on s’est aimé ». C’est du passé. Je ne t’aime plus et j’ai bien l’intention de refaire ma vie. Je ne suis pas un jouet que tu peux utiliser comme bon te semble. Si ça marche avec les autres femmes, ça ne marche pas avec moi. Et tu es le premier qui devrait le savoir.

J’aurais tant souhaité qu’il change, qu’il apprenne de ses erreurs et grandisse un peu. Aussi stupide soit-il, j’aurais voulu pouvoir partir d’ici en disant que j’étais fière de lui, que je lui souhaitais d’être heureux mais avec son sal comportement, j’avais l’impression d’en être incapable.

Mon plan si bien ficelé tomba en morceau lorsqu'elle me rejeta, m'ordonnant de ne pas la toucher. Je me laissais glisser un peu sur le canapé, me posant plus loin tout en la regardant avec incompréhension. Pourtant, j'avais tout bien fait. Hanae était vraiment difficile. Un sourire se porta sur mes lèvres lorsqu'elle reprit la parole. C'est vrai, elle n'était pas l'une de mes clientes, c'est bien là le problème. Elle me connaît plus intimement qu'elles. Dommage d'ailleurs, si ce n'était pas le cas, peut-être que j'aurais plus de faciliter à l'embobiner actuellement.

Une lueur de desespoir traversa mon regard. Je n'allais pas gagner ce soir. Je le savais, Hanae le savait. Elle était un peu plus forte que moi. Mais je ne voulais pas abandonner. Je croyais bien trop fortement en mes convictions pour laisser ma jolie ex-femme faire comme elle l'entendait. Parce que je savais que j'avais raison. Et qu'elle avait tort. Donc si on partait ainsi, ce que j'étais entrain de faire était absolument légitime et elle n'avait pas à se plaindre. Après tout, c'était pour son bien à elle aussi et ça n'avait, finalement, rien d'égoïste.

-Je ne te prends pas pour une de mes clientes, ne dis pas n'importe quoi, soupirais-je en m'enfonçant un peu plus dans le canapé.

Ce serait plus simple avec une de mes clientes, si elle croyait que je n'avais pas noté la difficulté ! Honnêtement, ça n'avait pas non plus été le parcourt du combattant pour la séduire. Mais ça avait été différent parce que je n'avais pas forcément tenté de la séduire. J'étais allé vers elle, avec mon aplomb naturel avant de presque me mettre à bégayer devant elle, incapable de trouver les bons mots. J'avais été ridicule, vraiment. Moi-même, ça m'avait surpris d'être si nerveux face à quelqu'un. Ça ne m'était jamais arrivé auparavant, mais au final, ça avait marché, puisqu'on ne s'était pas quitté depuis. Nous avions beaucoup discuté ce jour là, une fois qu'elle s'était assez moquée de moi et que j'avais réussi à parler normalement. Il faisait beau alors nous nous étions installé sur un banc et la conversation était venu assez naturellement. J'avais été séduit par son rire et je faisais justement tout pour l'entendre encore et encore. Le soir venu, j'étais rentré chez moi, comme sur un nuage, saoulant mon colocataire de l'époque avec cette « Hanae » que je venais de rencontrer.

Cette époque me semblait si lointaine et pourtant, je pouvais revive chaque scène, chaque instant. Ça avait presque été magique. Après ces années où je m'étais sentis plutôt seul, c'était comme si j'avais retrouvé quelque chose pour combler cette solitude.

-Tu veux refaire ta vie, murmurais-je, pensif avant de me redresser vivement, mon regard fixé sur elle. Ça fait quelques années que nous ne sommes plus ensemble Hanae, tu aurais pu la refaire depuis longtemps. Est-ce que tu as eu des relations sérieuses durant ce temps ? Est-ce que tu as rencontré des hommes que tu as vraiment aimé depuis moi ?

Aucune prétention, je savais qu'elle avait réellement été amoureuse de moi. Ça s'était toujours senti, ce genre de chose ! Peut-être qu'elle allait encore me prendre pour un dingue, mais ce n'était pas mon problème. Mes sourcils se froncèrent un peu, et je repris avec tout autant de confiance :

-Je suis certain que non. Et ça n'a pas été mon cas non plus. Ne va pas me sortir que c'était parce qu'on s'est fait trop de mal pour refaire confiance en amour. C'est parce qu'on sait qu'on est fait pour être ensemble. Tu es faite pour moi, moi pour toi. Mais on a juste été trop stupide pour s'en rendre compte.

Je ne l'avais pas lâché des yeux une seule seconde. Je voulais qu'elle se pose la question sérieusement, qu'elle soit perturbée parce que j'étais entrain de dire. Parce que ce n'était pas si fou que ça, après tout.

Est-ce que je regrettais de m’être mariée ? Il m’arrivait d’y réfléchir et la réponse était toujours non. Il était vrai que j’agissais souvent sur des coups de tête cependant je n’éprouvais jamais de regret. On avait malgré tout, lui et moi, vécu une belle histoire d’amour que je n’étais pas prête d’oublier. Et s’il y avait bien une chose à regretter, c’était celle-là. De ne pas avoir été capable de le préserver comme je l’aurais du puis de le laisser faner bêtement plutôt que d’essayer de le sauver. On en aurait pas souffert autant. Parce que je n’étais pas idiote, même si je lui en voulais énormément, je savais que Ryuhei en avait pâti également. Seulement les hommes sont en général plus fier que les femmes et le montrent moins. Ce qui était ceci dit dommage parce que qui sait, si on avait plus parlé à l’époque, on n’en serait pas là aujourd’hui à se disputer pour des détails. Il avait été mon plus grand amour et je savais que quoi qu’il arrive dans l’avenir, il ne s’effacerait pas, que j’aurais toujours le coeur qui s’affole en sa présence et que je serais toujours nostalgique de notre relation. Malheureusement c’était du passé et bien que je ressentais de tels sentiments à son égard, je ne l’aimais plus. J’avais tourné la page, j’avais essayé de refaire ma vie et de devenir la meilleure kinésithérapeute qui puisse exister. J’aurais sincèrement souhaité pouvoir venir ici sans être en colère et avoir ne serait-ce qu’un lien neutre avec lui mais même ça, ce n’était pas possible. On s’aimait trop pour que notre relation n’en pâtisse pas et qu’on s’entende comme deux bons vieux amis. Et puis ma rancoeur n’en restait pas moins forte. On s’était autodétruit et je n’étais pas prête de revivre ça.

J’avais mis du temps avant d’accorder ma confiance en quelqu’un à nouveau, avant de mettre cet amour de côté mais je m’en étais plutôt bien sortie. J’avais réussi seulement c’était juste dans ces instants là que Ryuhei revenait dans ma vie, comme pour la gâcher et me rappeler qu’il avait existé. Hors même si sur les papiers il l’était, dans ma tête il n’était plus mon mari. Il était cet homme que j’avais aimé et avec qui j’avais divorcé. Cela devait rester ainsi, rien de plus.

Je le regardais dans les yeux quand il me parlait, songeant qu’il n’avait pas changé et qu’il se trompait merveilleusement. Si on était sérieusement fait pour être ensemble, on ne se serait pas causé autant de mal. Il ne m’aurait pas trompée non plus. Je ne pensais pas comme lui et si avant il arrivait à me berner facilement, ce n’était plus le cas maintenant. Je n’avais plus envie de croire ses belles paroles, surtout que...

- J’ai quelqu’un dans ma vie, Déclarais-je sans détourner mes iris des siennes, Et je l’aime, oui. Tu peux me croire ou non, je m’en fiche. C’était avant qu’il fallait songer à tout ça Ryuhei. On a eu une belle histoire et je m’en souviendrais sûrement toute ma vie mais c’est terminé. Et je veux que tu signes ce papier. Si tu ne le veux pas alors on se retrouvera au tribunal.

Ce qu’il ferait certainement puisque vraisemblablement il aimait me déstabiliser et m’ennuyer. Seulement je n’avais pas l’intention de céder à ses caprices d’enfants. Ce n’était qu’un bout de papier oui néanmoins si je voulais me marier à nouveau un jour, ce bout de papier m’en empêcherait. On devait divorcer.

Mes convictions étaient souvent si bien encrées en moi qu'il était impossible de me les retirer. Mes croyances, mes idéaux, mes objectifs et ma façon de voir les choses. Je restais butté dessus la plupart du temps, sans qu'on puisse me faire changer d'avis. Ça avait tellement agacé mon père ! Ses idées étaient presque contraires aux miennes, alors il s'emportait ne comprenant pas pourquoi je ne suivais pas son avis qui était pourtant si bon, si juste. Bref. Je restais planté dessus, et c'était ce qui m'avait toujours aidé à atteindre mes objectifs. Je sais que si j'arrêtais de croire en ce que je croyais, je me sentirais bien vide, terriblement fade.

Mon regard croisa le sien à sa première déclaration et ma bouche s'ouvrit pour répondre, se refermant aussitôt. Ça, ce n'était pas vraiment prévu. J'écoutais la suite de ce qu'elle était entrain de me dire sans réellement entendre. Je n'aimais plus Hanae, mais je sentais néanmoins mon cœur se compresser légèrement en l'écoutant parler. C'était peut-être pour ça, qu'elle tenait tellement à son divorce. Elle allait peut-être en épouser un autre. Enfin, c'est ce qu'elle voulait probablement faire. Je me laissais glisser un peu plus sur le canapé, m'enfonçant dans le canapé sans rien dire. Maru qui passait par là nous lança un simple regard avant de grimper sur une chaise pour dormir. J'aimerais bien faire pareil, en fait. Mais je ne pouvais pas, ce n'était pas conventionnel. Je restais silencieux, cherchant des solutions dans ma tête mais rien ne me semblait assez bien, rien ne me semblait approprié. Elle me prenait de court, j'étais incapable de rétorquer, incapable d'argumenter. Tout ce que je pus faire, ce fut de me lever, attraper les papiers qu'elle me demandait de signer depuis avant et de lui tendre.

-Rendez-vous au tribunal, déclarais-je froidement, la laissant récupérer les papier avant de m'en écarter.

Signer, c'était si simple. J'aurais pu le faire. Vraiment, j'aurais pu le faire et me dire que ça lui éviterait tellement de soucis. J'aurais pu faire le type bien et gentleman. Mais je n'en avais pas envie. Pas à cause de ce que j'avais pensé tout à l'heure et que je pensais toujours. Mais par jalousie. Cette jalousie puéril de me dire qu'elle était réellement passé à autre chose avec quelqu'un d'autre. Que j'étais juste un vague élément du passé dont on se souvient en se disant « Ah oui, lui ! » et puis c'est tout. Cette jalousie de songer qu'elle était probablement heureuse. Plus heureuse qu'elle ne l'avais sans doute jamais été avec moi.

-Tu peux t'en aller maintenant.

Comme elle n'était là que pour ces fichus papiers, que je refuse de les signer voulait dire qu'elle n'avait plus rien à faire ici. Je lui offris un sourire qui n'avait rien de sincère en désignant d'un geste furtif la porte d'entrée. Je sais que je serais de toute façon perdant dans cette histoire, mais, quitte à perdre, autant perdre le plus tard possible.