I'm a little kitten lala! -kill the kitten- Or not. Get lost.

La longue attente jusqu'au feu vert. Les minutes à compter, les souvenirs à effeuiller et pourtant Dai attend. Il a l'habitude, sa vie est faite d'attente, de moments à se faire chier à attendre que le reste de l'humanité veuille bien se bouger le cul, parce que soit elle fait chier à faire des manies, chose qui lui est inconnue, soit que les protocoles et les moeurs exigent que les humains fonctionnent moins vite que prévu. Quelle merde. Mais il n'irait pas cracher sur les loi, il préférait vivre dans ce pays que dans un autre qui ne lui aurait donné aucune limite, et où il aurait lui même faire sa guerre sans merci et serait probablement devenu un tueur en série. C'était aussi pour ça qu'il était resté au Japon. Pour avoir des règles, des obligations et ne pas devenir un putain de primate, qui ne voit plus que sa queue et son flingue. Quoi qu'en fait il en était déjà pas loin alors ... raison de plus pour rester dans ce pays.

Et il avait toujours l'espoir de passer ses nerfs sur les autres criminels, faute de pouvoir le faire sur ceux qui lui avaient volé l'amour de sa vie. Assis dans ce couloir, sur le marche de cet escalier de secours intérieur, il faisait tourner calmement son briquet zipo dans ses doigts... Aussi vieux que leur mère à tous cet objet, venant de son père et qui en allumant clope sur clope, le mènerait tout comme son père avait commencé de le faire, à sa mort aussi. En uniforme d'intervention spécial, Dai faisait partie de cette section plutôt violente de Nishinaka, communément affilié au Swat. Les contraventions, les petites policières dans les commissariat, les paperasseries des inspecteurs classiques et autres interventions de flics classiques, ils ne connaissaient pas. Ces mecs avaient été formatés pour frapper où il faut, quand il faut et dans les interventions risquées neuf fois sur dix, il ramenait un possible blessé. Ils avaient tous entre 21 et 42 ans. Du moins pour cette équipe. Au delà, les efforts physiques fournis étaient trop importants pour que les hommes tiennent et bien souvent, passé 35 , ils demandaient leur mutation dans des secteurs plus calmes. Fallait dire qu'il en voyait des dégueulasseries. Les types après qui ils courraient n'étaient jamais des tendres, tout du moins ceux qui menaient la barque. Et avec leur lot de violence, et d'imprévisibilité, ils avaient aussi la surprise du nombre. Drogue, séquestration, braquage, trafic en tout genre avec les descentes de planque, intervention sur des individus dangereux pour les brigades classiques, prise d'otages, et autres dingues notoires, ça c'était plus leur rayon. Ils étaient friants de possibles émeutes aussi ou de couillus punks ou autres gentils crétins qui voulaient foutre le bordel un peu trop fort au gout des autorités. Là haut, trônait un appartement de quatre pièces, qui prenait la largeur de l'immeuble ancien. Ah.. Un tremblement de terre et cette merde leur tombait sur la gueule. C'était pas un escalier de secours mais un tombe ce truc. Impassible, Dai attendait toujours.

Son supérieur hiérarchique passa à coté de lui, lui jetant un coup d’œil. Le jeune sergent leva les yeux sur lui, aucune réaction des deux. Ils n'étaient pas là pour rire, c'était l'ambiance générale. L'attente de l'heure adéquate. En planque depuis presque deux heures. Les cibles étaient rentrées chez eux. Pas un bruit, l'équipe se leva enfin après une information du nombre d'occupants et du possible armement. Deux coéquipiers étaient restés à l'extérieur, sur l'immeuble d'en face avec des jumelles thermiques. La nuit. C'était quasiment toujours la nuit, sauf quand les opération d'urgence nécessitaient une rapidité absolue. Dai vibrait à ça. L'adrénaline. Sentir ses pulsations cardiaques accélérer l'exciter au plus haut point. Il n'avait plus rien à perdre et c'était ce qui le rendait encore plus performant dans le sens où la plupart de ses collègues avaient une femme et des enfants. Pas lui, enfin si , mais non. Du coup, il poussait toujours plus loin ses limites en respectant les règles imposées. Pas pour rien qu'il était rapidement monté en grade.

A coté de ça, il avait zero vie privée, mais bon, ça c'est un détail n'est-ce pas. Son cerveau avait enregistré. Deux types armés d'armes blanches, pas d'armes à feu , deux plus jeunes, terrifiés et trois gonzesses assez furieuses qui se crêpaient le chignon. Qui étaient-ils? Des putains de proxénètes. Le genre de saloperie dont avaient purement horreur Dai. Ils filaient le réseau depuis pas mal de temps. Ce soir, ils allaient pouvoir les chopper. L'équipe se mit en route vers le dernier étage. Pour un peu et ça ressemblait un putain de REC, sans les zombies, mais l’éclairage était juste pourri, et les bruits émanant des autres appartements étaient franchement douteux. On ne refait pas certains quartiers douteux. Cette ville aura bon vouloir être toujours aussi parfaite, elle ne le sera jamais, parce que l'humain ne l'est pas, et ne le sera jamais et qu'il aime être corrompu, torturé, opressé, secoué et que quand rien ne se passe, il se fait carrément chier. Certains plus que d'autres puisqu'on trouve des spécimen qui revendent leurs semblables, du moins leur cul, pour du fric. Dai n'avait rien d'un saint, il était peut-être même le pire de son équipe question mentalité personnelle, sadisme ou perversité, mais il était aussi un des meilleurs pour tout planquer. Il était encore marié, mais ne portait plus l'alliance, hormis au cou, par respect quand il y pensait. Pourtant aucun de ses collègues n'avaient posés la question. Tout comme le fait que sa fille était morte. Tous le savaient ça en revanche, mais ils ignoraient tous à quel point il se maitrisait, à quel point c'était dur de se lever le matin, en se disant qu'elle avait trépasser non pas à cause des hommes de son ancienne unité , mais bel et bien de lui.

Il portait ce fardeau , portait et refusait qu'on l'y aide, comme un châtiment qu'il s'imposait pour la pire des erreurs qu'il avait commise: échouer. On l'avait pris parce qu'il était bon, on l'avait pris parce qu'il savait être un fou raisonnable. Riez, mais c'était le mot. il était fait pour ça et que pour ça. Le reste de sa vie était un vrai désastre jusqu'à ne pas faire cuire un steak sans le cramer dans la poêle, ne pas laisser les bières sur la table, ne pas dormir à poil, ne pas oublier de tenir la porte aux dames et puis c'était quoi une dame au fond: une princesse parfaite qui sourit, tellement belle et somptueuse, qu'on voudrait lui offrir sa vie, qui se transforme en une putain de garce égoiste qui pense plus à son cul qu'à son mari qui se tue pour lui ramener de la tune. Une nana qui tombe en clope, vous le dit pas, jusqu'à être sur de ne plus pouvoir avorter, et qui avec étonnement vous annonce: oh chéri, je pense que j'avais pris du poids mais en fait oui, je suis enceinte! - Oh mais oh c'est super, je peux te tuer?- non très sérieusement, il s'en foutait. Il était nul à tout ces machins que tout le monde sait faire. Lui , il marquait des paniers avec les canettes dans les poubelles, il pissait sans relever la cuvette la plupart du temps (bah ouais les mecs, on est un boss en visage ou on l'est pas), il savait manier les couteaux, baiser, fumer et faire chier son monde comme pas deux. Ah ouais et faire cuire du riz. Important. Fallait pas trop lui demander. Son Nindo c'était ce boulot.

Dernier étage. Adossé à ce mur à coté d'un de ses collègues qui sort les fumigènes et les armes de poings, Dai lui, met son masque sur son nez. Par balle, comme la plupart de l'équipement qu'il porte. Oh il a de belles cicatrices par ci par là, mais jusque là on l'a épargné. Il attrape une croix dans son uniforme, l'embrasse et la replace. La croix qui pendait au dessus du lit de sa fille quand elle était encore en vie. Ce pourquoi il faisait ça chaque jour. Éliminer tous les enfoirés qui pourraient buter d'autres petits Luna. Il savait le rôle qu'il aurait dans l'histoire. Il avait été formé pour le corps à corps par son père dès son adolescence et envoyé à l'armée ensuite, contraint et forcé, après quoi il était rentré dans la police sous dérogation et tutelle de certains services de police qui avaient en lui un potentiel particulier. Etait-ce sain? Non. En avait-il conscience? Oui. C'était sa vocation, c'était tout, aussi jeune soit-il par rapport à d'autres, il était adepte de la sale besogne de celui qui rentre en premier. Il s'était déjà pris de sale coups, des retour en arrière ou même des chiens. Il avait échappé de justesse a des grenades ou des barre à mines, et autres ustensiles bien sympa. En arrivant dans cette ville, c'était différent, les interventions étaient plus compliquées, car plus "étriquées". Le stress était donc plus fort.

Comme d'habitude tout alla trés vite. L'alpha donna l'aval par un "Unsho! Entre là d'dans et fracasse-les". Aussi diplomate que ses hommes, il ne lésinait pas sur les moyens pour réussir une intervention. Une seconde, la porte vola en éclat. Les cris retentirent. Trois secondes, bombes fumigènes. Cinq, Dai entre avec un autre collègue et se bouche une batte dans le ventre, qu'il esquive de moitié pour éclater la mâchoire du mec d'un gros coup de matraque. Il le choppe et lui éclate son genou dans la face. Dix secondes, une ombre passe devant lui en proférant des insultes. Douze, il la course dans tout l'appart en fumée, et la choppe pour la plaquer au mur. La nana se débat comme une furie, il lui retourne les bras dans le dos, sa cuisse entre les jambes, sa face contre le mur: "J'te baise connard!" qu'elle hurle une fois, deux fois, trois et la mitaine de cuir vient lui fermer sa gueule, la langue de Dai venant siffler contre son oreille, après avoir virer son masque contre le gaz de son visage. "Fais moi plaisir, redis-le moi une fois que je puisse le faire pour de vrai." Elle se demena encore plus. Il leva les yeux au ciel, regarda si personne n'était là, sa main dans ses cheveux et BAM dans le mur. Puis il la chargea sur son épaule. Les bruits avaient cessés, l'opération devait être à peu près terminée. On entendait juste des pleurs et des insultes maugrées. Un collègue passa pour ouvrir les fenêtres.

Il posa le corps sans ménagement avec les autres, dont un était inconscient aussi et son supérieur le fixa sérieusement. Dai se redressa et croisa son regard. Imperturbable, il tourna les talons avec un simple: "Elle a glissé dans le mur."
C'était presque vrai! L'alpha ferma un peu les yeux, ne disant rien. Il ne lui avait pas fait de trauma crânien c'était déjà ça. Dans une unité, il y avait toujours un élément plus violent qu'un autre, mais s'il était bon, on passait dessus. Tant que les limites n'étaient pas dépassées, il ne dirait rien, et se contenterait de le rappeler à l'ordre. Il connaissait son passé lui. Donc il cautionnait.

Il manquait deux personnes. Les gamins repérés à l'entrée. L'unité se mit à les chercher. Introuvables, c'était quoi ce merdier. Dai passa sa main le long des murs. Il avait l'habitude des cachettes pour les drogues et autres clandestins ou putes de fortune... mais là , rien. Le dernier étage... un toit plat... mais... Il s'arrêta et fit quelques pas en arrière, le flingue en main pour lever les yeux sur un éclairage qui ne fonctionnait pas dans le couloir avant la salle de bain. Pourquoi il marchait pas lui? Il dévissa l'ampoule qui n'avait pas de poussière...Il fronça les sourcils et passa ses bouts de doigts nus le long d'une latte de bois... De l'air... Un de ses collègues s'approcha, comprenant qu'il avait peut-être trouver un truc. Dai choppa une chaise, et frappa du poing le plafond. Une dalle du fond plafond sauta direct sur un faux plafond noir au possible. Putain c'qu'il n'aimait pas ça. Y'aurait pu y avoir n'importe là haut. "Hey... vous êtes là?" Sa voix grave résonna dans l'immense espace qui passait au dessus de la moitié de l'appartement. Des souffles, juste des souffles. Non mais merde, c'est pas cool... C'était quoi? Des rats ou un truc du genre. C'était gros pour des rats. Des reniflements, et un "chh..." Dai regarda la hauteur ... non mais serieux, il n'allait pas devoir monter la dedans quand même. Ouais un rat, ça fait pas chh. Il n'avait pas le choix.Tout allait se casser la gueule... Son collègue tapa sur le sous plafond et lui confirma que c'était bien solide. En même temps , ces deux gosses devaient être plus lourds que lui, et ils s'y étaient caché ou on les y avait mis. Dai jeta un coup d'oeil derrière lui et son gardé lui fit signe d'y aller, occupé à s'en griller une. What? Mais vas y pourquoi c'est pas lui qui peut s'en griller une là? Il décrocha sa lampe torche et éclaire. Ya rien là... et ... un truc passe en rampant assez massif. Le premier gosse. "Fais chier..." râle-t-il en se hissant dans le sous plafond, qui commence à griller. Il sert les dents et s'y faufile. Bordel, c'est étroit, ces gamins doivent pas être épais. Et vas y que les gosses se mettent à chuchoter en coréen. Oh super, ils le comprennent pas en plus. Il le savait que ce soir, il aurait du poser un congé et aller aux putes. Histoire de baiser et de faire son NSA au passage. Il choppa une première cheville, à moitié dans le noir, mais par réflexe le gamin lui colla sa pompe dans la gueule. Oh putain alors là. Il grogne, et balance sa lampe torche vers l'avant pour attraper à pleine main le jean du gosse et le tirer en arrière en grognant. Forcément il se mit à gueuler comme un furieux, plus âgé qu'il ne pensait. Dai poussa la lampe, et lui fit piquer de la tête direct dans le trou avec un "Mais putain tu vas y aller oui , tu m'emmerdes là on veut t'aider!" et l'autre qui jurait en coréen. Du moins, il pensait que c'était ça, sinon ils sont super agressifs quand ils récitent une recette de tarte aux pommes dans son pays. Ses collègues le réceptionnèrent et l'un cria à Dai: "Il veut son p'tit frêre!" "J't'en foutrai du p'tit frêre putain..." qu'il râle en rechoppant sa lampe torche. Ok...il doit pas être loin... Le plafond bouge d'un coté. Il le repère. Terré dans un coin, le gosse a l'air terrifié... pauvre gamin... il aurait du le jeter par la fenêtre de l'immeuble ce connard de proxénète. Au bout de quelques minutes, Dai a approché le mome qui pleure tout son corps, mais le plafond commence à ne pas vouloir d'eux... Oh non. Loupé, il craque, et dans un barouf pas possible, Dai descend d'un niveau avec le gosse par dessus. Douleur... intense. Eclaté sur le sol de l'appart, le gosse sur lui , il émet juste un ".... aow..." et serre les dents , essoufflé de ce périple à la con sous le regard de ses collègues entre l'étonnement, la moquerie et le sourire en coin. Il leur fait un fuck et bouge pas, recouvert de plâtre... Il déteste cette nuit... La seule chose qu'il va retenir, c'est le regard de ce gamin quand il se relève, perdu et suppliant, et aussi que REC, c'est un film de merde....

Au final, toute sa vie se résumait à ça. Foutre les pieds dans des trucs instables et se prendre des taules mémorables avec la seule conviction que demain, il va y retourner. Remarque son cœur aussi était comme... un plafond éclaté au travers duquel il était passé.

UN PETIT TOUR VERS LES NSA

Pourquoi les NSA. En réalité, il ne connaissait pas jusqu'à ce qu'en plus de sa mutation dans les swat de Nishinaka, un autre service le convoqua. Il s'y rendit et quand on lui expliqua ce pourquoi il était ici, avec le fait qu'il n'avait pas le choix, il ne dit rien. Pour lui, c'était juste une fonction complémentaire de son boulot. Il recevait des ordres, les exécutait sans poser de questions et rentraient chez lui le soir, comme si c'était normal. Eliminer les nuisances ou les freiner avant l'irréparable, tout semblait clair pour lui, donc clairement qu'il ne dit rien contre cette situation de double fonction. En revanche, il sait qu'il ne doit pas en parler. Encore une fois, dans son cerveau, ça sonne juste comme "confidentiel" dans une opération classique. Une déformation professionnelle trés utile pour les gérants des NSA. On lui expliqua aussi qu'un binôme le contracterait tôt ou tard et qu'il devrait faire avec. Cette idée ne lui plut pas, mais il prit ça comme une directive de plus.
Pourquoi lui? Pour son intégrité, sa force d'esprit, son sens de l'observation, son coté strict et militaire et aussi sa capacité à déterminer les fouteurs de merde ou les mecs louches, à force de les cotoyer au taf. Sa capacité à se battre, à coller des denses si besoin, donc on lui collerait possiblement aussi les ordres d'en refoutre dans le droit chemin. Si l'ordre était donné, il le ferait sans discuter. En somme, Dai est THE élément fiable pour ce genre de procédure de maintien de l'ordre.