When the machines decide to take over the world • |

Ma vie avait plus ou moins repris son cours. Plus de doutes, plus rien. J’ignorais pourquoi j’avais tant douté d’ailleurs. Il fallait que j’arrête de me soucier de ce que me disais les autres, de leur vie également et me concentrer sur ce que je désirais moi. J’étais parfait. Et s’ils songeaient le contraire, c’était parce que nous n’avions pas le même sens du mot « perfection » eux et moi. J’étais beau, avais un bon style, sympathique mais par-dessus-tout beau. Quoi que magnifique serait peut-être même mieux. Mais cela on va éviter de le dire à voix haute sinon on finirait encore par me reprocher que j’étais trop narcissique. C’était faux, je me contentais simplement de révéler une vérité que certains refusaient d’admettre. Soit, peu importait.

Et puisque tout allait pour le mieux, je m’étais racheté un nouveau miroir - encore. Mais je n’y pouvais rien si cet abruti d’host m’avait volé et cassé le précédent. Quand bien même j’en avais certainement des tas d’autres chez moi, j’avais décidé de me faire plaisir en me l’achetant de plus bel. Je pouvais contempler mon reflet sous tous les angles et il n’était ni trop grand ni trop petit. C’était parfait pour quelqu’un comme moi qui était justement... Parfait. Ah... J’en soupirais tant je me désespérais moi-même.

Derrière ma caisse, n’ayant pas de client pour le moment, j’en profitais pour me recoiffer et sourire grandement devant ce magnifique cadeau que je m’étais offert. Puis voyant des personnes arrivées, je les saluai chaleureusement tout en effectuant mes tâches avec brio. J’étais rodé à force. Enfin, cela dépendait pourquoi évidemment... On ne pouvait malheureusement pas être doué en tout. Je me fis remplacer ensuite et parti m’occuper dans les rayons. On avait reçu une nouvelle livraison donc bien sûr c’était moi qui était chargé du sal travail. A chaque fois que je rentrais le soir, j’avais toujours des coupures aux doigts à cause de ses cartons difficiles à ouvrir et j’injuriais mon patron de me faire subir une telle infamie. Une personne aussi importante que moi ne devrait pas avoir à se charger de telles missions... Qu’il les refourgue aux petits nouveaux ou aux étudiants. Mais je suppose que je n’y pouvais rien... La vie était bien trop injuste. Comme tout.

Chantonnant, je rangeai les produits à leur place avant de saluer poliment un de nos clients qui passait par là. C’était l’un de nos habitués et à force de le croiser, je finissais par le reconnaître. On se permettait même parfois d’avoir quelques échanges, plus qu’un simple « bonjour » ou « Irasshaimase ». M’inclinant, je lui souriais avant de repartir dans mes tâches jusqu’à ce que - justement - le nouvel employé vint me voir en panique, me disant qu’un jeune homme avait du mal avec la nouvelle machine. Parce que oui, on avait une nouvelle machine. Le gérant m’en avait vaguement parlé, m’expliquant que c’était tout récent et que ce serait plus efficace pour scanner les codes barres des produits. Honnêtement, je ne l’avais pas vraiment écouté puisqu’il parlait souvent pour ne rien dire et je crois que je risquais de le regretter aujourd’hui. En aucun cas je montrai mon désarroi à mon « collègue » et le rassurai d’une douce esquisse, rétorquant que je m’en occupais.

Heureusement pour moi - je suppose - le « jeune homme » en question n’était personne d’autre que cet habitué dont j’avais pensé plus tôt.

- Vous vous en sortez ? Lui demandais-je, un léger rire s’échappant de mes lèvres en l’observant en train de galérer.

Hors, je n’avais pas de quoi me moquer. Même si j’adorais les nouvelles technologies, je n’étais pas non plus un expert en la matière. Prenant délicatement le produit qu’il souhaitait scanner de ses mains, je tapotais quelques trucs sur le clavier puis fit passer l’objet devant la machine. Sauf que quand je vis ce que celle-ci m’afficha mes pupilles se dilatèrent, éberlué.

- Eh ?!! Mais je n’ai pas scanné des préservatifs ! M’excitais-je en tapant machinalement dessus, toujours complètement choqué par la réponse de ce robot.

C’était pervers comme truc ! Oui bon je sais, venant de moi, cela n’était pas réellement cohérent cependant ça me laissait perplexe tout de même. Les clients autour de nous me regardèrent bizarrement et je baissai la tête tout en me grattant nerveusement les cheveux, un « oups » faussement embarrassé sortant de ma bouche. Je m’excusai auprès de Monsieur, de son nom, Takagi avant de lui dire que je recommençais.

- Non mais pourquoi maintenant elle me sort du dentifrice !! C’est quoi cette machine là ?!

Surtout que passer d’une boîte de capotes à du dentifrice, c’était d’autant plus bizarre. Qu’est-ce qu’il se passerait si je le scannais une troisième fois ? Il allait me sortir quoi ? Du lubrifiant ? Je crois que pour une fois, je préférai même pas savoir.

J’étais un grand fanatique des nouvelles technologies. Vraiment. Seulement parfois qu’est-ce que ça pouvait m’agacer aussi ?! Surtout quant cela ne fonctionnait pas correctement et qu’on ne savait pas comment gérer le problème. Ce n’était pourtant pas compliqué alors je suppose que tout était de la faute de cette machine en question. Si elle ne scannait pas les produits adéquats, qu’étais-je censé faire ? Bon ceci dit, c’était quand même drôle. J’avais l’impression qu’elle lisait dans mon esprit à dicter des trucs qui pouvaient se lier à mon métier. Cependant il ne s’agissait là certainement que de pures coïncidences.

- Je vais vous les passer à la caisse, Rétorquais-je alors en souriant.

Sinon on risquait de passer des heures devant ce robot qui n’était pas capable de faire son travail correctement. Et même si je m’ennuyais, je ne pouvais pas me le permettre. C’était censé nous soulager, nous retirer une charge de boulot en moi néanmoins j’avais l’impression que c’était tout le contraire. Je ne comptais même plus le nombre de denshou qui s’étaient rendus au magasin et qui râlaient à cause de cette technologie grandissante. Mais je me disais que s’ils n’étaient pas satisfaits, personne ne les obligeait à rester. Evidemment que tout n’était pas simple, que la technologie prenait une grande place dans notre monde toutefois c’était également ce qu’on appelait, une profonde évolution. Je ne disais pas que j’avais juste dans ma façon de voir les choses toutefois c’était un peu cette même technologie qui m’avait sauvé plusieurs fois. Je n’avais jamais eu personne autour de moi pour me soutenir, pour m’amuser comme mes camarades de classe alors je faisais avec ce que j’avais. Rien que grâce à internet j’avais pu rencontrer des gens formidables qui ne me jugeaient pas sur mon apparence ou sur ma façon de voir les choses. Peut-être que ça avait un côté mauvais ce développement toutefois pour ma part, je ne le voyais pas. Il suffisait de s’y adapter. Tout était une question d’habitude.

Haussant les épaules à mes propres réflexions, je fis signe au jeune homme de me suivre.

- Vous n’allez manger que ça ? Ne pus-je m’empêcher de demander en souriant, une fois installé derrière ma caisse, Il faut que vous preniez plus de force ! Ce n’est pas bon de manger tout le temps ce genre de choses vous savez ?

Si Naoki le voyait, il dirait certainement que ce n’était pas équilibré et encore moins saint. Je faisais également attention à ce que je mangeais mais à un degrés bien plus infime que mon meilleur ami tout de même. Par contre manger des repas tout préparés souvent, je pouvais reconnaître que ce n’était pas forcément bon pour la santé.

- Le travail se passe bien ?

Je ne le laissai même pas répondre que j’enchaînais question sur question. Le pauvre, j’espérais qu’il arrivait à me suivre... Enfin, avec moi, il devait avoir l’habitude.

A chaque fois que je voyais ce client, il me paraissait si différent de moi. Je ne pouvais pas l’expliquer mais je crois que c’était dans sa façon d’être, de se comporter. Il dégageait une aura qui me semblait ne pas être la même que les autres. Ce n’était pas qu’il m’impressionnait non, je dirais plus qu’il me paraissait mystérieux. De toute manière dés que je croisais quelqu’un qui sortait un peu de l’ordinaire, je le trouvais bizarre. Je savais qu’on ne m’arrivait pas à la cheville, que j’étais le seul à sortir de l’ordinaire et que malheureusement tout le monde ne peut pas être aussi parfait que moi. Cependant cela m’étonnait toujours de voir qu’il existe des personnes qui ne prennent pas soin d’eux, qui se fiche de ce qui les entoure et ne s’aperçoive pas à quel point la technologie pouvait nous être bénéfique. Par exemple, l’apparition d’internet, cela n’avait-il pas changé le monde ? A présent, que cela soit à Nishinaka ou ailleurs, rares sont les endroits où on ne travaille pas sans un ordinateur. Evidemment je n’avais rien compris à cette machine néanmoins pour une fois je ne m’en prenais qu’à moi même. Je n’avais pas écouté lorsque mon gérant avait essayé de m’expliquer. Cela ne devait pas être compliqué ou bien peut-être que le problème venait de cette dernière qui avait eu quelques défaillances. Comment expliquait qu’elle montrait le prix d’un autre produit lorsque je scannais ce dernier. Ce n’était pas normal... Sûrement quelqu’un qui avait essayé de faire une face. Hors, c’était loin d’être drôle ou gênant. Du moins pour ma part.

Je souris au garçon, lui donnant ses achats pendant qu’il réglait et haussai simplement les épaules à sa remarque.

- Oui. Mais c’est de ma faute, mon patron a voulu me briefait rapidement l’autrefois et je n’ai pas écouté. Vous savez, il parle tellement souvent pour rien dire que je croyais qu’il me racontait encore n’importe quoi donc je n’ai pas fait attention.

Ce garçon devait me comprendre. Déjà que mes journées étaient la plupart du temps ennuyante, je n’avais pas forcément envie d’entendre le charabia des autres employés de l’épicerie. C’était barbant à force.

- Je le regrette un peu à présent seulement je lui redemanderais et j’écouterais cette fois-ci, promis.

Je le saluai ensuite puis lui souhaitant une bonne journée, je le laissai partir pour m’occuper du reste des clients qui patientait derrière lui. Ah. Ah. Les prochaines heures risquaient d’être longues. Mais tant pis.