Je veux te voir dans un film pornographique... • |

J’ignorais comment on en était arrivé là elle et moi. On était passé du stade de connaissances au stade d’amis et maintenant, j’étais incapable de donner un mot exact pour définir ce qu’on était. On ressemblait à une sorte de vieux couples bizarres sans en être un. On se voyait déjà de temps en temps auparavant toutefois depuis cette soirée au bar, on avait commencé par se voir encore plus. Tout d’abord, il y avait eu la soirée jeu vidéo où on avait rit toute la nuit en s’affrontant sur différents jeux. Elle m’avait battu mais je l’avais battu également. Il était vrai qu’on rigolait bien tous les deux et ça me permettait de me changer les idées. Je ne songeais plus à ce qui était arrivé avec Harumi bien que cette histoire de NSA me tracassait toujours autant, j’arrivais à ne plus être aussi déprimé que je l’avais été pendant quelques jours. Erena me le rendait bien. Cette fille était une vague de fraîcheur à elle toute seule.

En bref, depuis ce jour-là, elle venait souvent à la maison. Il m’arrivait d’aller chez elle également cependant c’était plus elle que je retrouvais chez moi que le contraire. J’avais été contraint de lui donner un double de mes clés parce qu’elle m’avait clairement fait comprendre qu’elle s’ennuyait, que quitte à habiter à côté autant se voir plus souvent et j’avais confiance en elle donc j’avais cédé. Et facilement en plus. Parce que cela ne me dérangeait pas, j’aimais bien avoir de la compagnie cependant il ne fallait pas que j’oublie que si j’amenais quelqu’un à l’appartement, il fallait que je pense à la prévenir. On sait jamais. Elle pourrait être choquée... Ou plutôt surprise. Je lui avais quand même dit de sonner, au cas où je serais là et d’aviser ensuite. La plupart du temps, elle le faisait.

La journée avait été mouvementé aujourd’hui, entre l’acharnement au Konbini le matin et le tournage l’après-midi, j’avais bien envie d’un bon bain chaud. C’était la raison pour laquelle, perdu dans mes réflexions, je n’avais pas pensé une seule seconde au fait que je risquais de retrouver ma camarade chez moi. Me recoiffant devant mon miroir de poche dans la rue, j’avais rangé ce dernier en pénétrant dans l’enceinte de mon immeuble pour ensuite, rentrer chez moi. J’étais en train de me déchausser quand j’entendis vaguement le son de ma télévision et c’était à ce moment là que, relevant doucement la tête, je l’aperçu, installée confortablement sur mon canapé.

- A ce que je vois, je te manque toujours autant, La charriais-je gentiment avant de la rejoindre dans le salon.

Mais j’aimais bien notre relation. On devenait un peu plus « fusionnel » au fil des jours qui s’écoulaient, un peu comme un frère et une soeur... C’était ainsi que je nous voyais puisqu’on agissait comme tel bien que je n’avais jamais eu réellement de frère à proprement parler. Enfin... C’était plus compliqué. Je m’apprêtais à lui demander ce qu’elle regardait avant de me rendre compte de ce qu’il s’agissait. J’avais cligné mes yeux plusieurs fois avant de m’assurer que c’était bien moi qu’on voyait de dos, à moitié nu, sur cet écran... Est-ce qu’elle avait conscience de quel genre de film c’était ou non ? Je n’en avais pas l’impression. En tout cas, je m’en rappelais très bien de celui-là, on l’avait fini rapidement et mon patron avait été amplement satisfait. Je comprenais un peu plus pourquoi maintenant que je le visionnais à nouveau, pas besoin de voir mon visage, pour dire que mon corps était parfait. Si même les femmes maintenant se mettaient à acheter des films X, ma fierté ne cesserait jamais d’augmenter. Ma satisfaction non plus. J’étais sûr qu’intérieurement, même si elle ne l’avouerait probablement pas à voix haute, elle était déjà en train de fantasmer là. Sinon pourquoi s’embêterait-elle à lancer une telle vidéo ? Peut-être qu’elle s’était trompée - c’était même certain - toutefois elle aurait pu éteindre puis longtemps en constatant qu’il y avait comme un petit problème. Mais je pouvais la comprendre... Ce n’était pas tous les jours qu’on pouvait entrevoir un tel homme à la télévision.

- Pourquoi tu regardes un film porno ? Finis-je par lui demander alors que vraisemblablement elle avait l’air choqué.

Comme attendu, elle n’avait pas fait la ressemblance. Pourtant c’était l’évidence même que tout film normal ne commençait pas de la sorte.

- Ahah, désolé que tu sois tombée sur ça, Riais-je, Au moins, tu as pu mater un peu comme ça.

Le pire dans tout ça était probablement que je n’arrêtais pas le film. J’aurais pu mais je ne m’en étais jamais caché, je n’en avais pas honte. Au contraire, j’en étais même très fier. Donc si elle voulait regarder, et bien... Qu’elle le fasse.

Erena se sentait seule. Affreusement seule. Elle avait besoin de compagnie, de quelqu'un, de quelque chose... Elle songeait d'ailleurs à adopter un chien, un chat, un animal. Elle avait même déjà pensé à adopter un Kai, mais plutôt que de l'adopter officiellement sur des papiers, elle squattait tout simplement chez lui.
Depuis la fameuse soirée du « On a fait quelque chose ? Non ? Ok. … mais je doute quand même », les deux jeunes gens s'étaient revus plusieurs fois : une soirée jeux vidéos par ci, une autre par là, viens que j't'embête, viens que je m'ennuie, etc... Enfin bref, ils se voyaient très souvent.
Et un jour, Erena s'était mise à balancer plusieurs arguments à son ami : vivre aussi près l'un de l'autre c'était chouette, mais se voir encore plus que plus, ce serait mieux, et qu'en plus elle s'ennuyait toujours toute seule, et d'autres choses abracadabrantes. Heureusement pour elle, Kai avait cédé ; il était trop gentil.

Le regard perdu sur sa fenêtre, ce dernier s'aventura vers l'immeuble d'en face. Elle tomba directement sur l'appartement de Kai et se mit à sourire : il n'était pas là mais ce n'était pas grave, elle allait pouvoir l'attendre. Ce n'était pas la première fois qu'elle le faisait, elle aimait bien ça ; elle aimerait bien que quelqu'un l'attende aussi parfois.

La voilà, dans l'appartement de Kai, une bonne demie-heure plus tard, installée tranquillement sur le canapé. Elle laissait son regard balayer la pièce de gauche à droite et de haut en bas, avant de se rendre compte que ce serait mieux qu'elle fasse quelque chose. Elle se leva, fit rapidement les cent pas avant de regarder la télé et de pencher la tête. Bien sûr, elle n'avait qu'à se faire un film ! Elle ne savait cependant pas à quelle heure allait rentrer Kai... Tant pis !
Elle avait déjà vu la collection de dvds de son ami, elle n'allait pas se priver. Elle se rua presque vers le meuble et ouvrit la porte, un sourire aux lèvres. Voyons voyons, que voir... ?
Son regard parcourut rapidement les différents noms de films qui dansaient devant elle, puis s'arrêta. « Les aventures de tonton » ? Ca sonnait film d'action plein de rebondissements ça non ? Elle haussa rapidement les épaules et sortit l'objet, renfermant ainsi le placard. Elle regarda la pochette quelques secondes, ne voulant en aucun cas lire le résumé. Excitée comme une puce, elle se dépêcha d'insérer le dvd dans le lecteur et d'allumer la télé. Elle s'assit confortablement sur le canapé, adossant parfaitement bien son dos contre.

Quelques minutes plus tard, elle entendit la porte d'entrée s'ouvrir. Elle resta concentrée sur son films, rit quelque peu avant de répondre rapidement « Tu me manques toujours ». Son regard n'avait pas quitté l'écran mais sa main s'agita tout de même en direction de son ami, pour l'accueillir dignement. Enfin, elle avait déjà fait mieux... Elle irait mieux l'accueillir quand le film serait fini. Elle jeta néanmoins un rapide regard vers son ami avant de se replonger dans sa vidéo.
A la fin de la phrase de Kai, elle resta muette de longues secondes... avant de finalement ouvrir de grands yeux. Elle se disait bien que c'était bizarre ! Mais un film porno ? Sérieusement ? Elle tourna la tête, offusquée, vers son ami. Pourquoi avait-il ça chez lui d'ailleurs ?! C'était un pervers ? … Ah ces hommes... tous les mêmes.
Quoique, non, Kai n'était pas comme les autres. Kai était gay, Kai était gentil, Kai était doux... et pervers. Elle lâcha un léger « Roh ! », faisant à nouveau face à l'écran de télévision. Elle fronça les sourcils, jouant au tennis entre l'image à la télé et son ami. Mater, mater... Oui mais c'était pas son but premier à la base ! Elle voulait juste regarder un bon film d'action... Le titre était trompeur aussi. Et puis pourquoi Kai n'arrêtait pas la vidéo ? Il n'était pas pudique qu'Erena découvre ses planques pour les pornos ? Ah. Elle avait dû se tromper d'étagère. Elle le saura pour la prochaine fois au moins.
Non vraiment, la réaction de Kai la sidérait. Elle était presque plus choquée par sa non-réaction que par les images qui tournaient devant eux ; mais presque.

A l'écran, on distinguait très bien le visage du jeune acteur. Ce fut à ce moment-là qu'Erena se leva, prête à éteindre et à ranger tout ça et à ne plus y penser. Sauf que son regard resta scotché sur l'image. Sa mâchoire inférieure tomba quelque peu, sa bouche formant un petit « o » alors que ses yeux semblaient quitter leurs orbites. Avait-elle bien vu ? Ou est-ce qu'elle voyait des Kai partout maintenant ? Non, elle avait dû se tromper. Elle ne bougeait pas, fixait intensément la vidéo.
Elle joua une fois de plus au tennis, et regardait la télé et Kai à tour de rôle plusieurs fois. Elle laissa ensuite un « AH !! » sonore brisé le silence alors qu'elle grimpait sur le canapé, s'y mettant debout. Elle pointa l'écran du doigt alors qu'un autre « AH !! » s'échappait de ses lèvres.

« Depuis quand tu joues dans des pornos ?! », lâcha-t-elle subitement.

Elle resta debout sur le canapé, comme si une souris venait de passer à ses pieds et qu'elle voulait l'éviter. Elle se pencha quelque peu et plissa les yeux en direction de l'écran, voulant vérifier une nouvelle fois qu'elle n'avait pas imaginé un Kai sur la vidéo. Mais non, c'était bien lui.

« Oh mon dieu... », fit-elle en posant ses mains sur ses joues, « Si on m'avait dit que j'te verrais dans un porno un jour... Au passage je croyais que c'était un film d'aventure. Te moque pas, le titre est juste trompeur. Et ensuite, pourquoi est-ce que tu as ça chez toi ? Tu pouvais pas mieux les planquer ? Genre sous le canapé, le grenier, la cave, là où je ne vais pas ? »

Elle posa ses mains sur ses hanches, le regard à moitié sévère, à moitié gêné.
Une minute. Kai était acteur de films pour adultes... Elle tourna lentement la tête vers la télé. Il était avec des femmes. Oh. Elle comprenait mieux. C'était sans doute plus facile pour lui de tourner avec des femmes s'il était gay ! L'évidence même.

« Mais sinon, t'as encore d'autres secrets comme ça ? Et éteins-moi cette télé, s'il te plaît »

Pas qu'elle ne voulait pas le voir nu, mais quand même. Ils avaient été à un cheveu de faire une bêtise... ce n'était pas pour le voir nu maintenant et en train de faire des choses pas conseillées dans la Bible avant le mariage.
Et il fallait avouer que les sons qui provenaient du film commençaient à la gêner.

Je crois qu’elle avait compris. Mais plutôt que de le lui dire, je la laissai réfléchir et comprendre par elle-même, un sourire amusé aux lèvres. J’avais même envie de rire littéralement tant l’expression qu’affichait ma camarade était drôle. C’était si étonnant que ça ? J’avais haussé les épaules, ne sachant quoi dire en la voyant aussi surprise. Depuis quand ? Le regard rivé vers la télévision qui diffusait mon film, je réfléchissais. Un petit moment déjà. Quelques années même. Et il était clair que je m’étais amélioré depuis mes débuts. Je m’étais musclé également. Je comprenais pourquoi Erena n’avait pas arrêté la vidéo, qui ne fantasmerait pas sur un tel corps ? J’avais de quoi être fier et mon métier y étais pour beaucoup. La laissant réaliser, je ne pouvais m’empêcher d’observer le film ou plutôt ma collègue et moi, essayant de trouver des défauts. Seulement je n’en voyais aucun et je devais dire que la jeune femme n’en restait pas moins sublime. Certes, elle n’en valait pas une autre néanmoins on m’avait fait des yeux pour regarder et je ne pouvais pas nier le fait que Saori était une belle demoiselle. Et c’était aussi une chance de ce job, je ne croisais que des canons et ma satisfaction ne faisait qu’augmenter quand celles-ci me complimentaient.

Bien qu’elle me demandait d’éteindre, je ne le fis pas puisque, incapable de me retenir, j’étais parti en fou rire. Il n’y avait qu’elle pour adopter une telle attitude et confondre un film pornographique avec un film normal. En général les titres sont tellement misérables et ne veulent rien dire. Franchement « les aventures de tonton » sonnaient réellement comme un film d’action ? Erena n’était-elle pas en train de se moquer gentiment de moi ? Parce que bon... Si je les avais chez moi, c’était parce que c’était ma fierté. J’en avais toute une collection. Rares étaient les fois où je les regardais néanmoins j’aimais les avoir avec moi. Ainsi, quand je tombais dessus, je ne pouvais que sourire et me dire « c’est moi là-dedans ! » ce garçon pour qui nombreuses personnes fantasmaient. En général c’étaient plus les hommes qui regardaient ce genre de vidéo mais je savais qu’il y avait beaucoup de femmes qui avait cette face cachée aussi. Il ne fallait pas croire, elle aussi était curieusement perverse... Mais il était inutile d’entrer dans un tel débat.

- Pardon, m’excusais-je en me tenant le ventre.

J’avais si mal à force de rigoler. Et puis... Je me calmai. Doucement certes cependant je parvins à me calmer. Enfin ça c’était avant de croiser son regard à nouveau et de repartir dans un fou rire incontrôlable. J’en étais venu au point que j’ignorais pourquoi je riais. C’était juste si drôle...

Je la tirai légèrement, l’invitant à s’assoir sur le canapé près de moi. La télévision était toujours allumé néanmoins je l’avais juste oublié. J’étais habitué donc à mes yeux c’était comme une sorte de fond lorsque je regardais un film normal donc oui, j’avais oublié.

- Je ne te l’ai pas caché, tu ne m’as jamais demandé ! Et je fais ça depuis longtemps maintenant. Quatre, cinq ans. C’est cool ! Personnellement, j’aime bien ! Mais tu exagères... Un film normal ne porterait pas un titre pareil Erena ! Avoue que tu voulais simplement contempler mon corps magnifique.

Pour une fois, ce n’était même pas une remarque narcissique - un peu, peut-être - je souhaitais simplement la taquiner. Sur ses dires, j’avais relevé mon tee-shirt et tapoter mon torse comme pour justifier mes paroles. Je souris de toutes mes dents alors que les minutes s’écoulaient et que dans la télévision, on avait déjà commencé à se déshabiller. Oh. Ca devenait chaud. Oui... D’accord. Je n’avais pu m’empêcher de regarder d’un coin de l’oeil. Je me donnais chaud à moi tout seul.

- Oh. Je ne me rappelais plus que je faisais ça ! M’exclamais-je soudainement en désignant la vidéo, Je m’en sors pas trop mal, ça va.

Songeant à la suite du film, je me décidai malgré tout à couper, ne désirant pas choquer mon amie plus qu’elle ne l’était déjà.

- Désolé, désolé... Ne m’en veut pas d’accord ? Ce n’est pas si dramatique hein ?

Je ris, lui avouant que je n’avais pas d’autres secrets. Du moins, pas aussi bizarre que mon métier. Surtout que ce n’était même pas un secret, je ne m’en cachais pas. Je pouvais même l’emmener au studio un jour si elle le voulait seulement j’avais peur que mon patron l’oblige à tourner avec nous. Alors, on allait éviter.

- Qu’est-ce que je peux faire pour que tu me pardonnes ? Un striptease en direct ?

Incapable de rester sérieux une minute de plus, le rire pris à nouveau place dans la pièce. Quoi qu’on dise, la situation était comique et je savais que je ne finirais jamais de la charrier sur le sujet.

Elle plissa les yeux, lançant un regard accusateur et pas content à son camarade alors qu'elle croisait les bras. Comment osait-il se moquer ?! Elle pouvait comprendre maintenant le malaise qu'avait pu ressentir le jeune homme lorsqu'il avait prononcé « gaychette » au lieu de « gâchette ». Ils avaient tous les deux un dossier sur l'autre maintenant.
Elle se mit à gonfler les joues en entendant le « Pardon » de son ami. Non pas pardon. Elle tourna son regard vers lui et son rire reprit. Elle lâcha un rapide « C'est pas drôle... » dans une moue mi-boudeuse mi-amusée. Parce qu'en y repensant, c'était tout de même drôle, même pour elle. Sauf qu' Erena ne voulait pas rire de sa bêtise. Elle savait qu'elle aurait dû lire ce fichu résumé avant de lancer ce fichu film !

Elle prit place sur le canapé quand Kai l'invita à le faire. Elle s'assit à côté de lui et ne savait pas vraiment où poser son regard. Kai n'avait pas éteint la télé, donc elle ne pouvait pas regarder droit devant elle. Mais elle ne pouvait pas non plus regarder son ami, elle avait peur qu'il reparte dans un fou rire incontrôlé. Elle se contenta alors de regarder ses mains sur ses cuisses.
Néanmoins, elle ne put se retenir et tourna rapidement la tête vers le jeune homme. Quatre, cinq ans ?! Ses yeux s'écarquillèrent légèrement avant que son visage se transforme en une moue d'horreur. Mais... il n'était plus vierge depuis quatre, cinq ans alors ?!! Elle ouvrit la bouche et la referma, et refit ce geste plusieurs fois. Voilà, elle buguait.
Elle était passée où sa petite bichette vierge ? Cette pauvre bichette innocente qu'elle avait fermement défendu contre Hiroki au bar. Ses mains se posèrent sur ses joues alors qu'elle copiait le tableau, Le cri de Munch.
Elle n'arrivait décidément pas à y croire. Son Kai. Son petit Kai. Son Kai innocent, vierge et gay n'était pas si innocent et vierge que ça.
Elle sortit de ses pensées quand l'ex-vierge à côté d'elle s'exclama. Perdue, Erena se tourna innocemment vers la télé que désignait Kai. Ah oui, le film...
Un petit cri quitta ses lèvres alors qu'elle se couvrait les yeux avec ses mains.

« J'ai pas envie de voir ta Tour Eiffel, éteins !!  »

Une fois la télé coupée, elle reposa mollement ses mains sur le canapé alors qu'elle levait le regard vers son ami.

« Pas si dramatique ? Tu rigoles là ? J'ai failli te voir tout nu. En train de... Oh mon dieu... »

Ses mains s’aplatirent rapidement sur son visage alors qu'elle baissait la tête, ne souhaitant pas que Kai puisse voir sa gêne apparente.
Un son, qui ressemblait vaguement à un grognement gêné, quitta sa gorge. Un strip tease ? Elle leva la tête et regarda son ami d'un air qui voulait dire « Mais qu'est-ce que tu racontes ? »
De toute manière, si elle voulait le voir, elle le regardait par la fenêtre. Comme au début. Elle se mit à rougir légèrement en y repensant, elle n'allait plus voir les choses de la même manière. Son regard se fit blasé alors que Kai se mit à rire. Elle soupira bruyamment, malgré le fin sourire amusé qu'elle avait aux lèvres. Toute cette situation était tellement... stupide. Et drôle. Et embarrassante aussi. Mais malgré sa gêne, malgré le fait qu'elle se sentait bête d'avoir cru qu'elle regarderait un film d'aventures entendre le rire de Kai l'apaisait.
Le regard brillant d'amusement, elle s'empara du coussin près d'elle, et frappa avec douceur la tête de son ami. Elle ne voulait pas lui faire du mal, elle voulait juste qu'il s'arrête enfin de rire. Elle répéta l'action plusieurs fois avant de parler :

« Tu te rends pas compte à quel point c'est choquant ! Et gênant ! », dit-elle finalement, « Et en plus... ça veut dire que... »

Oh non. Elle n'aurait pas dû dire ça. Elle n'aurait pas dû parler. Elle n'aurait même pas dû y songer. Elle aurait dû continuer de taper Kai avec ce fichu coussin.
Un regard horrifié étira les traits de son visage. Elle lâcha le coussin, qui tomba sur le sol sans un bruit.
Si elle prononçait ces mots maintenant, ces mots qui lui brûlait la gorge depuis quelques minutes déjà, tout serait fini. Son monde allait s'écrouler.
Elle secoua vivement la tête de gauche à droit, essayant de chasser ces pensées de son esprit. Non non non. Ce n'était pas possible. Elle y avait pensé, mais heureusement, ses idées-là étaient parties en fumée. Elle se pinça fortement les lèvres en fermant les yeux, comme si elle voulait se réveiller d'un mauvais rêve. Elle ouvrit d'abord un œil et tomba directement sur Kai. Elle soupira tristement ; elle ne pouvait plus faire face à la dure réalité qui était là, devant elle. Elle ne pouvait pas nier, elle ne pouvait pas non plus fermer les yeux.
Rien qu'en songeant à dire ces mots, son cœur se déchirait presque, emportant avec lui son monde. Tout s'écroulait.

Des paroles quittèrent ses lèvres, dans un murmure tremblant et inaudible. Son regard se fit presque désespéré alors que ses lèvres se mirent à bouger d'elles-mêmes. Sa voix s'éleva lentement dans le silence, laissant la vérité éclater ses oreilles :

« Tu... », prononça-t-elle faiblement, « T'es... plus vierge »

Et voilà, c'était la fin.

Ma tour Eiffel ? J’étais resté penaud face à cette réflexion. Elle comparait « ça » avec la tour Eiffel ? Je prenais ça comme un compliment. Parce que quand on voyait la taille de tour Eiffel... Mais je ne l’imaginais pas avoir un esprit aussi mal placé... Enfin parce que pour émettre une telle remarque, il fallait obligatoirement avoir de sacré pensée. Même moi je n’y avais jamais songé et pourtant j’avais une énorme fierté. Je suppose que j’allais gardé ce compliment quelque part dans ma tête. Ma tour Eiffel... Ca avait un petit effet valorisant. Mais en anglais ça sonnait mieux « It’s my Eiffel Tower... MY EIFFEL TOWER ! » Ouais, j’aimais bien.

J’avais envie de lui dire de ne pas m’appeler Dieu puisque nous étions plus intimes elle et moi néanmoins j’avais parfaitement réalisé que je me ferais frapper si je disais cela. Alors au lieu de ça, j’avais rit discrètement de plus bel. Je ne voyais pas ce qu’il y avait de mal à ça. Qu’elle ne fasse pas sa pure elle aussi... Elle avait déjà vu un homme tout nu et j’étais certain d’être bien mieux fichu que lui donc elle n’avait pas à être choqué. Et puis, elle ne m’avait pas vu... Ni moi, ni ma tour Eiffel. Dommage pour elle, elle aurait pu au moins profiter de mes fesses. Les femmes aiment cette partie du corps en général non ? Les miennes étaient bien fermes.

Un détail me coupa toutefois de mes pensées tandis qu’elle s’était évadée dans ses propres réflexions. Elle avait rougi. Je l’avais vu ! On ne trompait pas mon regard à moi. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’elle avait songé ? Qu’elle n’aurait pas dit non pour un striptease ? C’était toujours okay pour moi si elle le désirait. J’avais toujours rêvé d’essayer. Juste pour voir ce que ça faisait de se déhancher au même rythme de la musique devant quelqu’un. Il fallait absolument que je le fasse. Au moins une fois dans mon existence, il faudra que je tente. J’eus du mal à m’arrêter de rire néanmoins le sérieux dont elle fit preuve m’inquiéta tant que je cessai aussitôt. Elle n’allait pas encore culpabiliser à propos de la prochaine fois ? Ou peut-être me le reprocher ? J’avais peur de ça au fond... Elle ne serait pas la première à le faire. Ce n’était pas vraiment un métier qui plaisait aux femmes en général cependant cela me plaisait et à Erena, je n’avais pas de compte à rendre à ce sujet là n’est-ce pas ? Bien sûr c’était une grande amie toutefois elle se devait de respecter mes choix ? Je n’avais pas envie qu’elle me réprimande ou me fasse la morale... Je n’avais pas l’impression qu’elle le ferait en fait cependant ce silence me faisait peur soudainement.

Et puis... Le fou rire reprit. C’était plus fort que moi, je n’avais pu m’en empêcher. J’étais d’abord resté perplexe à sa constatation avant de rigoler de plus bel. J’en avais sérieusement mal au ventre. Mais quelle vision avait-elle de moi ? Je n’étais pas un saint. Je pouvais l’être ceci-dit mais pas sur un tel sujet. Elle aurait pourtant dû s’en apercevoir avec le temps au vue jour-là... Quoi que. Au vue de comment j’avais perdu cette virginité, rien ne me surprenait à ce propos. Je m’en fichais. Tout simplement.

- Cela me paraît logique, Déclarais-je une fois calmé, souriant malgré tout, Depuis un moment déjà ! Et autant te dire que j’ai testé plein de choses ! Donc la chasteté est loin derrière moi ! Pourquoi es-tu si choquée ? Je suis loin d’être prude hein ?

Au contraire.

- D’ailleurs, en parlant de tester ! Mon patron voulait que je fasse du porno gay ! J’ai cru qu’il se moquait de moi ! L’histoire parlait de poney et d’un cheval blanc ! C’était tellement glauque. Déjà que se faire avoir par un mec, franchement, c’est complètement dégueulasse mais un cheval blanc ?! Tu m’expliques ce que ça vient faire dans du porno ?

La pauvre... Elle ne devait rien comprendre à ce que je lui racontais, surtout que j’en parlais avec tant de facilité. Et le titre du film « L’histoire de Clover ». Le nom du cheval. Je crois que j’avais bien fait de ne pas accepter ce tournage. Cela m’aurait détruit ma dignité pour toute ma vie. Déjà que les histoires des films X ne sont pas toujours très recherchés mais les homosexuelles me stupéfiaient réellement... Il n’y avait que pour eux qu’on concevait des thèmes aussi glauques et étranges.

- Ahah, désolé, Riais-je, Ne soit pas choqué, s’il te plaît.

Lui souriant, je me levai alors et fis une révérence pour m’excuser une seconde fois. Néanmoins, je ne gardai mon sérieux très longtemps que bombant le torse, la tête haute, j’ajoutai :

- Je te fais visiter Paris quand tu veux. Je suis sûr que ça te plaira tellement que tu voudras y retourner ! Au vue de tes joues toutes roses tout à l’heure, c’est certain.

Un rire doux mais amusé s’enfuit de mes lèvres alors que je vins me rassoir auprès d’elle, songeant que j’étais malgré tout idiot de sortir des bêtises pareilles. Seulement, Erena avait commencé.

Erena essayait de suivre les paroles de son ami, tentant d'analyser chaque mot. Et même si elle était encore très choquée par la nouvelle qu'elle avait elle-même énoncée quelques minutes plus tôt, elle ne put s'empêcher de faire de gros yeux à Kai.
Logique ? Comment ça c'était « logique » ? Bon, maintenant qu'elle savait qu'il faisait ce métier, oui, c'était logique. Mais ça  ne pouvait pas être logique si elle ne le savait pas.
Et puis ça voulait dire quoi ce « J'ai testé plein de choses » ? Enfin, elle comprenait ce que ça voulait dire. La virginité de Kai était loin, enterrée et même écrasée par les années certainement. Elle souffla rapidement une fois, tentant de se remettre tant bien que mal de toutes les nouvelles qui lui tombaient dessus.
Non seulement sa précieuse bichette n'était plus vierge, mais en plus, sa bichette préférée avait vu des choses ; et savait peut-être aussi plus de choses que la normale.

Encore sous le choc de ces mots, Erena tourna quelque peu la tête vers son ami. Elle fronça les sourcils, ne comprenant pas ce qu'un poney venait faire dans l'histoire. Elle agita rapidement ses mains devant elle, comme pour dire à son ami de se calmer et d'aller moins vite. Trop d'informations cognaient contre ses oreilles et ça commençait à devenir difficile de tout avaler.
Mais là, une toute autre vérité la frappa au visage : Kai vivait toujours dans le déni. Son regard se fit soudainement plus doux, et ses traits s'étirèrent en une moue compatissante et aimante. Sa main alla tendrement se poser sur l'épaule de son ami alors qu'elle la tapotait avec douceur. C'était vraiment moche de vivre dans le déni.
Elle hocha la tête, montrant à son ami qu'elle comprenait, mais aussi qu'elle compatissait avec lui.
Il allait bien finir par se rendre compte qu'il était gay un jour...
Ses lèvres s'écartèrent, alors qu'elle allait demander à son ami « Mais au fait, t'es pas gay ? », sauf qu'elle fut prise de court : Kai se mit à s'excuser et lui demanda de ne pas être choquée. Elle rit légèrement tout en passant l'une de ses mains sur sa nuque.

« T'as pas à t'excuser. T'as rien fait de mal », dit-elle en souriant légèrement.

Mais bon, il devait comprendre qu'elle était choquée. Son monde venait de s'effondrer juste là, sous ses pieds. Et elle n'avait rien pu faire, elle  n'avait rien vu venir : Kai n'était plus vierge. Ca la choquait presque plus d'avoir compris que de savoir que son ami tournait des films pour adultes.

Sa mâchoire inférieure lâcha toute pression, et sa bouche s'ouvrit quelque peu. Ses yeux restèrent collés à la forme de son ami devant elle alors que ses joues prirent, à nouveau, une teinte rosée. Elle ne rougissait pas parce que Kai avait parlé de visiter Paris, mais plutôt parce qu'il avait remarqué qu'elle avait été gênée avant.

« Visiter Paris ? Tu dis ça parce que j'ai comparé mini-Kai à la Tour Eiffel ? »

Elle regarda son ami du coin de l’œil, n'osant pas encore se tourner complètement vers lui, de peur d'avoir encore une petite rougeur sur les joues.

« Je verrais sans doute plus jamais la Tour Eiffel de la même manière »

Elle se mit à rire doucement à cette pensée. Dès à présent, elle allait imaginer Kai quand elle entendrait parler de ce monument, ça allait être inévitable.

« Cela dit... J'ai presque failli visiter Paris avec toi », dit-elle un doigt sur son menton en se souvenant du réveil après la soirée trop arrosée au bar.

Et si elle l'avait visitée, elle ne s'en souvenait pas. Le temps était passé maintenant, et elle-même s'étonnait à penser qu'ils n'avaient rien fait. Il y avait, malgré tout, ce léger doute qui persistait, ce fameux « Et si... ». Elle n'était sûre de rien : elle n'arrivait toujours pas à se souvenir de ce qu'il s'était passé ce soir-là. Tous ses souvenirs étaient flous et dans le désordre... Il était difficile pour elle de tout remettre en place. Elle ne savait pas si Kai s'était souvenu de quelque chose entre temps, elle n'avait pas demandé et lui n'en avait pas parlé.
Mais de toute manière, elle préférait les choses comme elles étaient maintenant. Sa relation avec Kai avait évolué, elle se sentait encore mieux avec lui qu'avant. Elle ne voulait pas tout gâcher.

Elle se tourna légèrement vers son ami, s'asseyant en tailleur sur le canapé.

« Blague mise à part, ce serait chouette qu'on puisse aller à Paris ensemble un jour », lâcha-t-elle la voix douce, « Mais évite de vouloir te comparer à la Tour Eiffel... J'ai bien peur que tu sois déçu et triste après », finit-elle en posant sa main sur le bras de son ami, un faux air compatissant au visage.

Elle ne put rester silencieuse bien longtemps, et se mit à rire sans pouvoir s'arrêter. Elle dut faire de son mieux pour ne pas tomber sur le canapé derrière elle tellement elle riait. L'une de ses mains s'étaient posées sur son ventre tandis que l'autre serrait plus ou moins le bras de Kai entre ses doigts. Elle imaginait tellement bien son ami devant la Tour Eiffel en train de comparer...
Elle releva le visage vers son camarade, expirant un « Désolée » entre deux rires. C'était à son tour de raconter n'importe quoi maintenant.

Moi non plus je ne verrais plus jamais la Tour Eiffel de la même façon à présent. Si les français nous entendaient, c’était à se demander ce qu’ils penseraient de nous. Probablement qu’ils nous trouveraient fous. C’était comme si eux comparaient leur sexe avec notre tour de Tokyo... Mais quoi qu’on dise, c’était plus classe dire « Tour Eiffel ». Elle était plus réputée aussi. Je l’aimais bien de base, désormais si je la voyais quelque part, je crois que je serais pris d’un incontournable rire. Bien que cela pouvait avoir un aspect flatteur, cela n’en restait pas moins bizarre de se comparer à un tel monument.

Erena avait raison. Elle avait failli visiter Paris avec moi. Je ne m’en rappelais pas toutefois Je savais qu’on ne l’avait pas fait. C’était un pressentiment, une sensation... Je ne m’en formalisai pas et si mon amie ne s’en formalisait pas non plus, je préférai de ne plus y penser. Je ne souhaitais pas la revoir aussi triste qu’à cet instant là. Elle m’avait tellement inquiété, j’ai cru qu’on ne se verrait plus, qu’on s’éloignerait cependant cela n’avait fait que nous rapprocher un peu plus. Et bien... S’il fallait « coucher » avec ses proches pour s’entendre si bien, on devrait penser à le faire plus souvent.

Les sourcils froncés quant elle mentionna que je risquais d’être déçu, j’avais envie de lui dire que si elle y tenait tant, je pouvais toujours lui montrer ma Tour Eiffel et on verra ensuite s’il y a de quoi être déçu. Mais j’avais bien compris qu’elle parlait de l’œuvre en soit et que, honnêtement, je n’espérais pas avoir un sexe aussi grand que cette dernière. Comment je ferais pour me déplacer ensuite ? Cela devait être encombrant et lourd aussi. Les femmes ne ressentiraient même pas de plaisir, elles auraient juste mal. Et encore... Je n’étais même pas sur que ça rentre de toute façon. Néanmoins, cela ne signifiait pas que la taille de mini Kai - ça rime - était petite. Et je pouvais lui prouver si la jeune femme le souhaitait. Ce que je m’abstiendrais de lui avouer. Elle me frapperait. Au lieu de ça, je finis par rire avec elle, disant que ce n’était pas grave, qu’elle n’avait pas à s’excuser puisque, après tout, j’en rigolais aussi. A nous deux, nous étions des idiots. Deux beaux idiots. Deux parfaits idiots.

- Ne t’inquiète pas, je n’ai pas l’intention de me comparer à elle. Je crois que je ne ferais que rire, rien de plus. Mais c’est vrai que ça serait cool d’y aller.

Je n’avais jamais voyagé et j’ignorais si réellement je pourrais le faire un jour. Je dépensais mon argent tellement inutilement bien qu’à mes yeux, je ne considérais pas ça comme inutile. Si je voulais être parfait, il me fallait des vêtements qui aillent avec mes perfections. Il fallait que mon corps soit bien entretenu aussi... Si on partait à Paris, je devrais essayer de faire des économies, chose que je ne savais pas vraiment faire.

- Enfin bref, on fait quoi maintenant ? Tu te vois parler de Tour Eiffel toute la soirée toi ? D’ailleurs si je trouve un boxer avec une dessus, je me l’achèterais rien que pour toi ! Ca te fera fondre, tu verras !

Je ne pus m’en empêcher que je me mis à rire de plus bel. Je doutais qu’un tel acte la fasse « fondre », elle risquait juste de s’écrouler sans jamais pouvoir s’arrêter de rigoler. Et je l’accompagnerais sûrement. Tout ceci n’était qu’un pur délire au fond.

- En attendant on a qu’à se regarder un film si tu veux ? Pas un porno, promis ! Même si je suis sur que tu aimerais, non.

Je me levai sur ses mots, souriant simplement puis après m’être échappé, je revins avec de quoi grignoter. J’avais excessivement faim aujourd’hui et je crois que la journée en somme m’avait un peu lessivé aussi. Je n’avais pas la foi de faire grand chose. Un film, c’était une bonne idée.

Si rire avec Kai pouvait être un métier à plein temps, elle signerait immédiatement. Et si ça ne pouvait pas être un métier, eh bien ce serait une passion. Encore un peu et elle le noterait quelque part sur son cv.

Elle rit une nouvelle fois suite à la phrase de son ami. Il ne pouvait pas se comparer à la Tour Eiffel, ce n'était pas possible. Ou alors il avait vraiment un égo sur dimensionné pour penser pouvoir faire concurrence au monument... Elle secoua vivement la tête, un sourire amusé aux lèvres. C'était parti de quoi déjà ce délire idiot ? Ah oui, c'était sa faute. Pour une fois.
Elle tapa rapidement dans ses mains, heureuse que Kai voudrait aussi aller à Paris. Ce serait tellement génial de pouvoir partir avec lui, de partager un voyage. Elle aimait voyager, même si depuis qu'elle était à Nishinaka elle ne voulait pas quitter la ville. Sauf que voyager seule, c'était parfois ennuyant.
Elle nota quelque part dans son esprit qu'elle devait un jour organiser ça avec son ami.

Elle arqua un sourcil. Quoi faire ? Elle n'avait pas d'idée en tête. Elle était venue pour ne pas être seule, et regarder un film en attendant Kai. Elle n'était pas tombée sur le bon film, mais au moins ils avaient pu rire.

« Un boxer avec une Tour Eiffel dessus... ? »

Elle regarda son ami quelques secondes, légèrement stupéfaite, avant d'éclater de rire. Elle imaginait tellement bien Kai venir chez elle et se pavaner dans son couloir avec ce boxer. Rien que d'y penser, elle riait encore plus.
Son rire s'arrêta quand elle entendit la proposition de Kai. Elle le regarda du coin de l’œil, un sourcil haussé.

« Tu es sûr que j'aimerais ? Tu te vantes pas un peu trop là Kai ? »

Elle afficha un sourire taquin avant de laisser son regard plâner de l'autre côté de la pièce. Elle ? Avoir dit quelque chose ? Mais non voyons. C'était le vent. Elle n'avait rien dit du tout.

« On peut regarder un film oui », dit-elle en reposant son regard sur son ami, « Je vais pas prendre le risque d'aller choisir cette fois, je te laisse ce privilège »

Elle désigna alors le meuble où trônaient les dvds de son ami. Elle ne voulait vraiment pas aller choisir. Elle avait trop peur de retomber sur un film porno. Déjà qu'elle s'était trompée avec les titres une fois, elle ne voulait pas que ça arrive une seconde fois. La connaissant, elle était tellement douée qu'elle serait capable de prendre un autre porno. Donc laisser choisir Kai, c'était plus sûr.
Elle pointa néanmoins un doigt menançant vers lui avant de lâcher :

« Mais pas de blague, choisis pas un film porno ! », tout en fronçant les sourcils.

Elle prit le coussin entre ses mains et fit mine de frapper son ami avec, comme pour le prévenir de pas faire de bêtises. On ne faisait pas de coup bas à Erena, non mais !
Se penchant quelque peu, elle attrapa entre ses doigts fins un biscuit que Kai venait d'apporter. Elle le porta à ses lèvres et le mangea lentement, se dandinant sur un rythme qu'elle-même s'amusait à fredonner dans sa tête. Elle était juste contente d'être là, avec Kai, et de manger. Elle avait faim donc ça tombait bien.

« Ca creuse toujours comme ça de regarder des pornos ? », demanda-t-elle subitement.

Elle n'avait pas vraiment eu le temps de réfléchir à ce qu'elle allait dire. La question était sortie de sa bouche sans qu'elle ne pouvait l'en empêcher. Et maintenant, elle se sentait une nouvelle fois quelque peu gênée. C'était pas toujours pratique de dire ses pensées à haute voix.
Puis c'était un peu stupide d'avoir demandé ça, ce n'était pas comme si elle avait regardé le film intégralement...

« J'ai des questions bizarres, désolée... »

Elle inclina légèrement la tête, s'excusant encore de sa question. Elle jeta de rapides coups d’œil vers son ami pour observer sa réaction tout en se pinçant les lèvres. Elle tapota légèrement le coussin avec ses doigts, puis regarda la télé.

« Tu, euh, tu vas mettre quel film ? T'as un truc avec des zombies ? »

Erena qui ne parlait pas de zombies, ce n'était pas Erena.
Elle rit légèrement avant de secouer la tête.

« Je rigole. Un truc avec de l'action ce serait bien. J'ai pas trop envie de voir une romance, c'est toujours la même chose en plus. Mets Pirates des Caraïbes... enfin, tu l'as »

S'il ne l'avait pas elle allait lui faire un scandale ! Elle était d'humeur à regarder le beau Johnny Depp ; elle était même prête à retourner chez elle pour récupérer le dvd.

Comment pouvais-je expliquer cela ? Lorsque j’étais avec Erena, je me sentais toujours serein au fond de moi. Peut-être parce que j’étais moi-même à cent pourcents, que je n’avais pas besoin de mettre des barrières et que je savais qu’elle m’acceptait telle que j’étais. Il n’y avait qu’avec elle que je pouvais rire autant rien qu’en parlant de Tour Eiffel. Quelle idée avait-elle eu de comparer « ça » avec un tel monument aussi. Je promettais sincèrement que si je trouvais quelque chose avec cette sculpture, je l’achèterais rien que pour elle. Puisque je ne verrais plus jamais la Tour Eiffel de la même manière à présent et que rien qu’y penser encore me fit plus rire qu’autre chose. Je m’étais levé afin de choisir un film, regardant en premier lieu les DVD que j’avais tout en l’écoutant me parler... Aucun de ce que j’avais ne me plaisait alors je sortis mon ordinateur où la majorité de mes films y étaient installés. La plupart des films pouvaient s’avoir via le net maintenant... La technologie était forte. Je ne parlais pas de téléchargement, surtout qu’à Nishinaka, ce genre de chose est fortement contrôlé. Ce n’est pas parce qu’il s’agit d’une ville immense en High Tech que le piratage était autorisé. Néanmoins, on pouvait facilement s’approprier des films sur le web, plus besoin de se déplacer dans un magasin même si, encore aujourd’hui, certains restent attachés aux vieilles traditions et préfèrent avoir le boitier du CD. Cela n’avait aucun intérêt et cela ne faisait que nous encombrer. je n’achetais que les miens parce que j’aimais les collectionner. Mais c’était un désir personnel, rien de plus.

Je ne pus que rire quand elle déclara « pas de blagues », je n’avais pas l’intention d’en faire même si j’étais sûr qu’elle apprécierait. Elle n’avait pas eu l’occasion de voir mon corps divin complètement dénudé. Si ça avait été le cas, elle aurait eu du mal à me résister. Qui me résistait de toute manière ? Personne. Sauf moi-même. Et encore. Cherchant toujours un film, je me retournai subitement à sa question... Bizarre. Bon, pas si bizarre que ça... Je mourrais d’envie de lui dire que lorsqu’on en regardait, qu’on était plongé dedans, évidemment que cela pouvait donner faim puisque tous les sens du corps s’éveillaient. Seulement elle m’aurait tué si je l’avais fait alors je m’étais contenté de me moquer dans un léger rire.

- Je les ai tous, Enonçais-je sans cesser cette esquisse malicieuse, Tu es sûr de ne pas vouloir regarder un porno ? Ca a l’air de t’ouvrir l’appétit.

Tu veux me manger ? J’aurais pu lui demander ça cependant même moi je n’avais pu le faire. Pas à Erena. Déjà qu’elle venait tout juste de découvrir mon métier, si je me m’étais à la taquiner sur un tel sujet, ce serait la fin monde. Elle avait une vision de moi tellement valorisante et j’étais bien loin de l’être. Je n’avais pas envie de la choquer davantage.

- Pardon, j’arrête de me moquer, promis !

Ce qui n’était pas facile. Alors, branchant l’ordinateur sur ma télévision, je lançais le fameux film que la jeune femme avait demandé. Une histoire de pirates. Je n’étais pas particulièrement fan mais ça allait, c’était plaisant à regarder. Puis, il y avait quand même de l’action. Je connaissais assez ma camarade pour savoir qu’elle ne me demanderait pas de lui mettre une histoire à l’eau de rose... Enfin jusqu’ici, elle ne l’avait jamais fait. Je n’avais qu’à prier à ce qu’elle le fasse jamais.

Les jambes croisées entre elles sur le canapé, je piochais des chips posés sur la table de salon tout en me concentrant sur les images que défilait l’écran. Fatigué, mes paupières se clignèrent toute seule alors que je luttais en masse pour ne pas m’endormir. Ce n’était pas l’heure en plus. Mais j’avais eu une dure journée et la crise de fou rire avait rajouté un plus à ce coup de barre. Je me sentis vaciller lentement puis, ma tête se cogna avec délicatesse sur l’épaule de mon amie, mes yeux clos. Au bout du compte je n’étais pas parvenu à résister et j’avais plongé dans le sommeil. Erena ne m’en voudrait probablement pas pour ça. Elle devait comprendre que tourner des films pornographiques, ça épuisait à la longue. Toutefois j’éviterais de lui rétorquer cela. On ne sait jamais.

Il les avait tous ? Genre tous, tous ? Vraiment tous ? Si cet homme n'était pas le meilleur ami le plus parfait, elle ne savait plus ce qu'il était. Elle tapa rapidement dans ses mains à cette annonce, trop heureuse et trop pressée de voir Johnny Depp à la télé.
En pensant à l'acteur, elle repensa à ces moments passés aux Etats-Unis. Elle regrettait vraiment de pas avoir eu l'occasion de le rencontrer. Elle aurait tellement voulu le voir de ses propres yeux, lui serrer la main et fangirler tranquillement chez elle le soir. Malheureusement, l'occasion ne s'était jamais présenté. Ni pour lui, ni pour Chris Evans. Tristesse et déception étaient les seuls mots qui lui venaient à l'esprit en y réfléchissant. Elle aurait tout fait pour les rencontrer, absolument tout. Elle aurait changé tout son emploi rien que pour les voir quelques secondes. Un petit soupir las et triste s'échappa de sa bouche alors qu'une petite moue boudeuse prit place sur son visage. C'était vraiment trop injuste... !
Mais bon, elle avait pu rencontrer d'autres célébrités, et elle avait été heureuse comme ça. Elle ne pouvait pas se dire malchanceuse, au contraire. A l'époque, elle n'avait pas non plus souhaité faire un caprice juste pour pouvoir rencontrer un de ses acteurs préférés. Elle n'était pas comme ça.

« Oublie le porno tu veux ? J'ai pas besoin de ça pour avoir faim », lâcha-t-elle subitement avant de tirer la langue à son ami.

Il allait bientôt finir de se moquer ou bien ? Si ça continuait comme ça, elle allait bouder. Nah. Même si, concrètement, bouder Kai pouvait s'avérer plus dur qu'autre chose. C'était tout bonnement impossible pour elle de bouder cette petite bouille adorable de bichette plus très vierge et innocente, mais bichette quand même.
Pour faire simple, c'était sa bichette, voilà.

Elle plissa les yeux quand son ami lui promit d'arrêter de se moquer. Pourquoi avait-elle un doute ? Elle suivit chaque mouvement du jeune homme, et s'installe du mieux qu'elle le put sur le canapé, prête à savourer chaque apparition de Johnny Depp à l'écran.
Elle sourit quand Kai s'assit à ses côtés et piocha à son tour quelques chips. Elle ne pouvait pas lâcher l'écran du regard, trop concentrée sur le film. Tellement concentrée qu'elle tenait toujours les chips dans sa main. Elle ne pouvait pas se laisser distraire. Elle ne pouvait pas louper une seule seconde le film. Profitant du fait que Johnny Depp ne soit pas à l'écran, elle avala rapidement les chips qu'elle avait en main avant d'aller en prendre d'autres.
Elle n'aurait pas été contre se faire kidnapper par quelques pirates si Johnny Depp était leur capitaine.
Puis une question se forma dans son esprit : Kai avait-il joué dans un film porno basé sur une histoire de pirates ? Elle fronça les sourcils, ça devait être trop étrange à mettre en place et surtout encore plus étranger à jouer. Elle avala lentement le contenu de sa main, une légère grimace au visage alors qu'elle imaginait son ami dire quelque chose du genre « Tu veux voir mon épée ? »
Elle secoua vivement la tête, ôtant ses images de son esprit. Elle avait un peu de mal à imaginer Kai de cette façon. Pour elle, il restait cette petite bichette adorable à qui elle avait toujours envie de pincer les joues et de câliner, et pas une bête de sexe.
Sauf qu'un jour, elle le savait, la réalité allait la frapper de plein fouet. Mais pour le moment, elle préférait voir les choses ainsi.

Elle sentit alors une tête contre son épaule, elle ne l'avait pas remarquée avant, trop concentrée sur le film et ses pensées très louches. Elle se pencha quelque peu et observa un instant le visage de son camarade.

« Le porno, ça creuse, mais ça fatigue aussi apparemment, hein »

Il se mit à rire doucement, laissant l'une de ses mains caresser la chevelure brune. Ses lèvres déposèrent un doux baiser sur le haut du crâne de son ami alors qu'elle murmurait un « Bonne nuit Bichette ».
Elle enroula quelques mèches autour de ses doigts et les relâcha aussitôt. Elle recommença le geste plusieurs fois, occupant ses doigts alors qu'elle regardait le film.