✶ Perdues, sans réseau, sans boussole... 》AYUMI&SHOKO《

Perdues, sans réseau, sans boussole...

Que le temps était radieux aujourd'hui, une température et un soleil idéal pour faire une balade à cheval dans la forêt aux alentours.

Ayumi avait pratiqué un peu d'équitation en étant plus jeune et moi je m'étais déjà baladée avec Drake, pendant nos noces. Et même, nous étions déjà venues toutes les deux plusieurs fois ici. J'avais quand même dû faire des pieds et des mains -surtout des mains- pour arriver à convaincre ma meilleure amie d'annuler sa manucure pour plutôt venir se promener avec moi. J'avais cependant dû lui promettre de lui faire un tableau d'un bel homme et de venir à une soirée.

Qu'est-ce que je ne promettrais pas pour ses beaux yeux...

Nous étions donc parties en bus pour rejoindre le centre équestre en dehors de la ville. La route s'était faite tranquillement si on omettait la vieille dame qui avait failli frapper un jeune parce qu'il parlait trop fort au téléphone.
Et enfin, les box et le manège devinrent visibles et nous nous étions dirigées directement vers l'accueil.

En attendant que quelqu'un soit disponible, je m'étais tournée vers Ayumi pour pouvoir lui signer.

• Je pense que j'aurai dû emmener un des chiens quand même, la dernière fois tout s'était bien passé...

Mais ça faisait aussi parti des conditions pour avoir l'honneur de galoper avec mon amie, me passer de mes trois gardes du corps et essayer de parler sans leur présence. Elle mettait la barre très haut, mais elle le savait certainement... Quoique je lui en étais reconnaissante de me pousser à me dépasser ainsi.

Puis tout s'enchaîna, je laissais Ayumi expliquer que nous voulions nous balader, que nous n'étions pas de complètes débutantes, le garçon d'accueil nous emmena dans la réserve pour nous donner l'équipement nécessaire, les bombes, les bottes, et les gants. Le temps que nous enfilions cela, il avait envoyé deux autres personnes seller des chevaux pour nous. Bien sûr, tout cela avait été fait entre deux regards langoureux dirigés vers Ayumi.
C'était fou de voir à quel point elle attirait les hommes comme un aimant fait avec les métaux.

Enfin, après quelques paroles échanger en langage des signes, nos montures furent prêtes ! Par contre, les chevaux harnachés pour nous étaient de grande taille, et il me fallut deux essais pour arriver à grimper sur le dos du mien.
Une fois Ayumi prête également, on put partir pour une balade censée durer une trentaine de minutes, nous n'avions qu'à suivre la route puis le chemin dans la forêt. Ça n'était pas censé être compliqué.

Par contre signer avec des rênes dans les mains, si, alors je n'avais pas le choix, j'allais devoir parler...

Inspirer, expirer, il s'agissait de ma meilleure amie, je n'avais pas besoin d'angoisser, nous étions seules.

- Tu... Tu n'es pas trop déçue d'avoir accepté de venir avec moi ? demandais-je de ma voix un peu éraillée et incertaine.

Code ▲ RomieFeather

Dans ce bus pour aller hors de la ville, je regardais distraitement l’extérieur en repensant à comment j’avais fait pour négocier une ballade à cheval avec Shoko. J’aurais pu accepter sans contrepartie, ce n’est pas comme si j’avais réellement besoin d’une manucure, mais je voulais que mon amie réussisse à surmonter le drame qu’elle avait vécu il y a quelques années maintenant.
Quand nous fûmes à l’accueil pour pouvoir signaler la raison de notre présence, je fis une petite moue avant de répondre à Shoko en signe également.

" On verra une prochaine fois"

Je n’eus pas le temps de signer plus car ce fut notre tour. J’offris un magnifique sourire au garçon d’accueil pour lui expliquer la raison de notre présence. Mon sourire n’était pas pour avoir un rabais mais pour être sûr qu’il accepte qu’on fasse une ballade à cheval. Cette tactique fonctionna vu que ceux après nous ne purent pas en faire.
Nous suivîmes le jeune homme dans les écuries où nous trouvâmes l’équipement nécessaire. Je sentis, sur moi, le regard de ceux qui sceller les cheveux mais ne leur dit rien. Ils risquaient de ternir mon éclat, si jamais je leur accordais trop d’attention.

Avant de mettre ma bombe, je signais quelques paroles avec Shoko. Voyant que nos montures étaient prêtes, je mis ma bombe avant de passer devant le miroir. Même ainsi je restais parfaite.
Quand je fus face à ma monture et quand je vis celle de mon amie je me demandais ce qui était passé dans la tête de ceux qui avaient choisi nos chevaux. Ils faisant deux fois notre taille au moins ! Heureusement, grâce à mes cours d’équitation pris quand j’étais plus jeune, je réussis assez rapidement à monter sur le cheval mais ils exagéraient !

Puis, alors que nous venions de commencer notre balade équestre, Shoko décida de me poser une question de vive voix. J’eus un sourire en entendant ce son que je trouvais beau et apaisant. La jeune femme avait ce don de calmer mon caractère capricieux rien qu’avec une seule parole.

« Bien sûr que non. Je suis même contente que tu m’ais proposé une ballade à cheval. D’ailleurs tu sais très bien que j’aurais pu accepter sans condition mais je veux que tu sortes un peu. Que tu vois du monde. Puis je serais là on pourra dire du mal des autres en signe, je dis avant de lui faire un clin d’œil. »

Shoko était vraiment importante pour moi et je la surveillerai comme il le faudrait pour être sûre qu’il ne lui arrive rien. Puis, au moins, si elle était là, le temps d’une soirée, j’allais pouvoir éviter de me retrouver dans une situation comme avec Kyohei.

« Sinon, tu voulais faire une ballade à cheval en forêt pour passer du temps avec moi ou pour dire d’être au calme ? Si c’est ça, dis-le-moi, j’essaierais de ne pas trop parler pour une fois… »

J’aimais un peu trop parler mais rien que pour ça je trouvais que j’avais trouvé un métier qui me convenait. Même si c’était généralement des textes écrits par d’autres, je pouvais parler et j’aimais ça.

Puis, alors que la ballade continuait un bruit étrange se fit entendre. J’hésitais à arrêter mon cheval et dire à Shoko de faire de même mais je ne fis rien. Mon imagination me jouait certainement des tours… Ou pas.
En effet, le bruit se rapprocha et une moto finit par passer non loin des chevaux. Pris de panique ils commencèrent une course folle et finirent par se cambrer tous les deux en arrière pour nous projeter au sol. De cette place, je regardais, incrédule, les animaux s’éloigner. Je finis par reprendre mes esprits pour me tourner vers Shoko. Heureusement on n’avait pas été séparée.

« Tu vas bien Shoko ? Tu peux signer ? Tu peux parler ? Tu as mal quelque part ? Tu peux te lever ? »

Vu la vitesse à laquelle je débitais mes paroles, la jeune femme devait comprendre que j’allais bien et que j’étais assez inquiète pour elle.

Perdues, sans réseau, sans boussole...

La balade se passait tranquillement au début, le pas sur le chemin plat et entretenu, c'était reposant et nous pouvions parler avec Ayumi. Enfin, parler est un bien grand mot, elle me racontait des anecdotes sur son travail, sa vie de tout les jours, ses autres amis. Je ne lui répondais que par monosyllabes ou petits morceaux de phrase.

Ça avait souvent été comme ça entre nous, même quand je possédais encore complètement ma voix. Ayumi parlait, moi je l'écoutais ou je peignais à côté, elle avait une vie palpitante je trouvais, contrairement à moi qui n'était qu'une artiste perdue entre sa gouache, son acrylique et ses chiens. Et j'aimais l'entendre me dire des secrets, des anecdotes sur telle ou telle personne, me parler de mode. Elle était mon principal lien avec l'extérieur, le monde des personnes douées de parole.

Puis il y eut comme une sorte de bourdonnement. Je cru que nous passion près d'un gros nid de guêpes ou de frelons mais je ne m'inquiétais pas, ce genre d'insecte n'est pas naturellement agressif si on ne s'en prend pas directement à eux. Le bourdonnement devint soudainement bien plus fort et une grosse moto passa à la vitesse de l'éclair à côté de nos montures qui prirent peur.

La course qui s'en suivit fut assez stressante. Penchée sur l'encolure de ma monture, j'avais fermé les yeux et je ne voyais pas du tout où est-ce que nous nous dirigions, jusqu'à ce que mon cheval ne se cabre et ne me fasse descendre de son dos avant de partir à nouveau, m’abandonnant sur le sol.
La chute fut violente mais j'eus la chance de tomber sur une sorte de tas de feuilles mortes et de terre. Bon, je ne ressemblais plus à grand chose mais au moins j'étais en un seul morceau.

Tout comme Ayumi d'ailleurs qui s'excita toute seule, et vu son débit de paroles, je devinais que tout allait bien pour elle.

- Je... Ça va.

Pas besoin d'en dire plus, par contre, avec le triple galop qu'avaient pris les chevaux, je ne savais pas du tout où nous nous trouvions actuellement. Toujours dans la forêt ça c'était certain, mais où dans la forêt ?
Mon portable n'avait pas de fonction GPS ou Google Map, et puis je doutais qu'il y ait suffisamment de réseau ici ou même de 3G pour appeler ou chercher quoique ce soit sur les applications demandant une connexion.

Et puis nous n'avions pas pris d'eau avec nous, la balade n'étant pas censée durer plus de quarante cinq minutes.

Bon, avant de dire que nous étions complètement perdues, on pouvait déjà essayer de trouver quelque chose comme un panneau indicateur pour une randonnée ou quelque chose comme cela. Mais je n'étais pas sûre qu'il y en ait un dans le coin.

- Ayumi.., dis-je pour attirer son attention avant de repartir sur le langage des signes. Que faisons nous ? Nous ne savons pas où nous sommes, on essaie de rebrousser chemin pour tomber sur la route ?

Parce que oui, les chevaux étaient partis au milieu de la forêt, et entre tout ces arbres, il n'y avait pas de visibilité, impossible de savoir de quel côté nous venions. Je n'avais pas pour habitude de paniquer mais je n'avais pas non plus l'habitude de me promener sans mes chiens, et en l'occurrence, ils auraient été très utiles dans cette situation. Cependant je ne dis rien, ne voulant pas risquer une engueulade avec mon amie, ce n'était pas le moment de se mettre à bouder à cause de choses futiles.

- Tu as peut-être un peu de réseau, tu as vérifié avec ton portable ?

Peut-être que notre situation n'était pas aussi mauvaise qu'il n'y paraissait, il fallait garder espoir.

Code ▲ RomieFeather

Au moins Shoko allait bien c'était rassurant. A cette idée, un soupir de soulagement quitta mes lèvres, je ne sais pas ce que j'aurais fait s'il était arrivé quelque chose à mon amie.
Pendant un silence, j'essayais de réfléchir à ce qu'on pouvait faire ? Envoyer des signaux lumineux ? Non, avec les feuillages ça ne servait à rien, puis il ne faisait pas assez noir pour ça. Je ne pouvais pas non plus appeler quelqu'un pour lui dire où on était parce que je ne connaissais pas nos coordonnées précises. Qu'est-ce qu'on allait faire ? J'étais trop jeune, trop célèbre et trop belle pour disparaître ainsi, pareil pour Shoko.

En entendant mon prénom, je me retournais vers Shoko pour savoir ce qui se passait. Elle devait surement avoir de meilleures idées que moi. Je réfléchissais à ce qu'elle disait avant de sortir mon téléphone pour essayer de me connecter à une application GPS et là ce fut le drame...

« NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON, j'ai rien, aucune barre de réseau, rien. »

J'eus envie de pleurer en constatant que je ne pouvais pas ouvrir internet. Pourquoi maintenant alors que j'avais une batterie pleine demandant à être déchargée ?

« Mes fans vont surement voir que je n'ai rien posté sur mon blog depuis ce matin, ils vont surement être inquiet et demandait à ce qu'on me cherche pour savoir si je vais bien parce que je ne suis pas chez moi. Il y a aussi tes chiens, mon manager les garde, il va se douter qu'on s'est perdue s'il ne nous voit pas rentrer... »

Dire que j'étais nerveuse était un doux euphémisme. Je ne m'étais pas sentie aussi anxieuse depuis... Jamais en fait. Je finis par me lever pour tendre la main à Shoko pour l'aider à faire de même. Après m'être frottée le dos et avoir aider mon amie à enlever les feuilles dans son dos, nous commençâmes à marcher en silence. Mais, je finis par m'arrêter avant de tirer légèrement la manche de Shoko pour lui signaler mon arrêt. La tête baissée, je finis par parler.

« Je suis désolée. On aurait du prendre un des chiens mais je voulais tellement qu'on fasse cette ballade rien que toutes les deux. Si on est perdue c'est à cause de mon égoïsme. Je suis vraiment désolée. »

Shoko était l'une des seules personnes auprès de qui je m'excusais et avec laquelle je savais reconnaître mes erreurs quand j'en faisais. Elle comptait énormément pour moi et la faire vivre ce genre de situation n'était pas mon but.
A cette idée qu'on était perdue à cause de moi, une larme finit par quitter la barrière de mes yeux et fut suivie par d'autres. Je m'en voulais horriblement qu'on se retrouve dans cette situation à cause de moi.

Dans un dernier élan d'espoir, toujours la tête basse, et des larmes coulant sur mes joues, je finis par poser une question qui aurait pu paraître stupide à Nishinaka. Sauf que non, ma question n'avait rien de stupide. On était en forêt quand même.

« Tu as pris une boussole ? Peut-être que ça nous aiderait... »

Je n'y croyais pas trop, ça serait trop beau. J'espérais qu'on parte rapidement à notre recherche et qu'on nous trouve ou alors qu'on retrouve notre chemin. Une chose était sûre, plus le temps passait, plus je me sentais coupable. C'était de ma faute si on était perdue, j'aurais dû accepter que Shoko prenne un de ses canidés.

Perdues, sans réseau, sans boussole...

Bon, nous étions égarées au milieu d'une forêt, mais il fallait savoir relativiser un peu.

Déjà, nous n'étions pas blessées ce qui était déjà un miracle en soi, des chutes pareilles ne laissaient pas souvent sans lésions, or nous étions entières et en pleine forme. Et puis on aurait pu tomber sur un coin où des junkies ou n'importe qui seraient présents en train de se piquer ou de prendre des rails de cocaïne.

Ma bombe ne servant plus à rien maintenant que nous étions à terre, je la retirais et l'accrochais à ma ceinture pour quand même l'avoir sous la main. J'en profitais pour faire mes poches, mais à part un biscuits pour chien et une note sur laquelle j'avais écris de ne pas oublier de racheter des feutres professionnels, je ne trouvais ni boussole, ni carte de la région. Quoique cela m'aurait étonné d'en avoir une dans une poche aussi petite.

Mais déjà, dissiper tout malentendu, nous aurions le temps de continuer notre route après.

- Ce... N'est pas de ta faute... Ayumi.

J'essayais de lui faire comprendre que si vraiment j'avais voulu emmener mes trois gardes du corps à quatre pattes, je l'aurai fait, peu importe son accord. Si je les avais laissé, c'était en connaissance de cause, je devais apprendre à m'ouvrir à nouveau, et mes braves chiens ne seraient pas toujours là pour me rassurer.
Je posais ma main sur son épaule et lui offrit un doux sourire tandis que d'un geste doux et rapide j'effaçais du pouce les dernières traces de larme de mon amie. Il n'y avait pas de raison de pleurer, nous étions toutes les deux ensemble.

- Ton égoïsme me permet de... De guérir.., lui dis-je de ma voix toujours mal assurée. Sans toi, je... Je ne sais pas si j'aurai supporté de... supporté la vie.

Mon sous-entendu était très grave mais il était pour moi complètement vrai. Si Ayumi ne m'avait pas épaulée et secouée, peut-être qu'à cette heure-ci, je serai au fond d'un caveau ou en cendres. Elle m'avait aidée, elle avait pris énormément de temps sur son planning chargé juste pour moi.
Jamais je ne pourrai lui en vouloir d'être égoïste après tout ce qu'elle avait fait pour moi, ça serait plutôt moi l'égoïste dans l'histoire, à demander la présence de mon amie alors que son travail pouvait être prenant et qu'elle souhaitait prendre soin d'elle.
J'avais aussi des obligations par rapport à mes peintures mais je n'avais pas d'horaires précis, juste des dates butoir. Je prenais le temps que je voulais entre la commande et la deadline.

- Avançons encore, dis-je doucement. Nous finirons par trouver même sans boussole et sans GPS.

Ma voix allait mieux, j'avais toujours cette boule d'angoisse logée au fond de la gorge et mon cerveau qui me disait "tais-toi! Tais-toi ! Et si quelqu'un d'autre t'entendais ?!" mais je me forçais. Ayumi n'était pas mon ennemie, elle n'allait pas me faire de mal, je pouvais parler avec elle, ou même signer.

J'eus soudainement l'impression que la luminosité baissait avec le temps, mon regard se porta vers le ciel, et je ne fus pas réellement surprise de le voir le bleu azur se faire lentement mais sûrement, dévoré par un gris ciel d'hiver -ou urbain, je ne savais pas trop-, la pluie risquait d'arriver, il fallait qu'on trouve soit un chemin et qu'on le suive, soit un abri. Mais vite.

- La pluie.., murmurais-je.

C'était évident qu'il allait pleuvoir vu la tête menaçante des grosses masses grises. Nous devions trouver un refuge, le temps pressait.

Code ▲ RomieFeather

Savoir que j’étais perdue en pleine forêt avec Shoko était quand même rassurant… Non pas le fait qu’on soit perdue mais que j’étais en présence de ma meilleure amie. Ce que celle-ci dit me surpris, j’aurais du me douter qu’elle ait pensé à plusieurs solution pour oublier son chagrin d’avoir perdu Drake mais… Pas celle-ci, ou plutôt je m’étais refuser de l’imaginer.
Shoko avait aussi sauvé ma vie quand je l’ai rencontré, elle m’avait inspiré le calme et la douceur nécessaire pour ne pas que je ne sombre pas alors que plusieurs menaces pesaient sur mon père et moi. Encore aujourd’hui, lorsque je passais du temps avec Shoko, ce doux sentiment persistait et savoir que mon amie avait pu s’en sortir grâce à moi, l’entendre de sa voix, me parut presque irréel.

Un sourire finit par reprendre place sur mon visage alors que j’enlevais la bombe que j’avais sur la tête, n’en ayant plus besoin pour le moment. Je repassais ma main dans mes cheveux pour les recoiffer avant d’hocher la tête pour affirmer les dires de la jeune femme.

« Avançons oui, on finira bien par sortir de cette forêt à un moment ou à un autre, je dis en hochant, une fois encore, la tête, pour montrer que j’étais d’accord avec Shoko et moi-même. »

Mon regard se dirigea ensuite vers le ciel et, ainsi, je vis des gros nuages couvrir le ciel qui, pourtant, était d’un bleu azur il y a quelques minutes. Pourquoi le temps n’était pas resté au beau fixe ? Ça aurait été trop beau n’est-ce pas ?

« Ne restons pas là, essayons de trouver un abri ou un chemin à suivre mais ne restons pas sous les arbres… Avec la chaleur des derniers jours, je suppose que le temps va facilement tourner à l’orage. On ne peut pas prendre de risque. »

Je pris la main de Shoko avant d’avancer avec elle dans cet endroit boisé qui s’assombrissait. L’ambiance commençait à faire concurrence à celle d’un film d’horreur ou un jeu vidéo dans lequel des zombies pouvaient ou allaient apparaître. Plus nous avancions, plus j’avais l’impression que l’on s’enfonçait dans cette forêt que je ne soupçonnais pas être aussi grande. Nous ne tournions quand même pas en rond… Si ?

Evitant de penser à des choses comme celle-ci pour ne pas paniquer alors que les gros nuages nous menaçaient, je continuais à avancer avec Shoko, toujours ma main dans la sienne. Le cœur tambourinant d’angoisse à cause de notre situation.
J’espérais qu’on ait le temps de trouver un abri parce que les nuages n’allaient pas attendre eux.

« Là-bas !. Je m’exclame presque en désignant un coin de la forêt qui paraissait sombre et lugubre, pas accueillant du tout. »

Non, je n’avais pas envie de faire un rituel magique ou autre que l’on pouvait faire seulement dans ce genre de lieu. J’avais l’impression de voir un abri.
De toute façon, nous n’avions plus le choix, la pluie avait commençait à tomber par fines gouttes mais devenait de plus en plus forte au fil des minutes. Aussi nous ne perdîmes pas trop de temps, nous devions tenter le tout pour le tout, et nous courûmes jusqu’à l’endroit que j’avais désigné précédemment.

Puis, alors que nous arrivions vers ce qui semblait une mini-grotte, je glissais sur une feuille devenue glissante à cause du sol gadoueux. C’était juste à l’entrée de la grotte, et donc j’y arrivais sur les fesses, Shoko sur moi car je ne l’avais pas lâché. Je n’émis aucune plainte de douleur même si c’était assez douloureux sur le coup. J’allais surement avoir un bleu.

« J’espère qu’on sera à l’abri ici… »

Puis, avant que mon amie n’ait le temps de dire ou signer quoique ce soit ou se lever un rire, surement nerveux, quitta mes lèvres. Mais je ne m’en préoccupais pas, il valait mieux rire que pleurer.

« Avoue que notre entrée dans la grotte a été la plus classe au monde. »

Oh non, je n’allais pas me vanter sur cette mésaventure de feuille car c’était plutôt la lose en fait. En attendant, on était à l’abri, on pouvait bien relâcher un peu la pression liée à l’angoisse d’être perdue sans réseau, sans boussole avec les éléments déchaînés contre nous, non ?

Perdues, sans réseau, sans boussole...

Rien n'était rassurant à présent dans cette forêt, j'aurai été heureuse de venir courir ici en temps normal, mais dans une autre situation. En clair, pas perdue au milieu des arbres et prête à subir la pluie.

Mais heureusement, Ayumi était là et nous avancions main dans la main dans la forêt puis elle nous entraîna toute les deux plus profondément dans la forêt, il y avait effectivement un endroit sombre qui rappelait vaguement une grotte.

Les nuages sombres commencèrent à lâcher leur pluie, au début ça n'était que de fines gouttes mais elles grossirent bien vite pour devenir douloureuses dès qu'elles s'écrasaient, Ayumi et moi furent donc obligées de courir jusqu'à ce possible abri mais évidemment les choses ne pouvaient pas que bien se passer.

Mon amie se retrouva les fesses au sol à cause d'un faux mouvement je supposais, et elle m'entraîna dans sa chute, je fus donc pendant quelques secondes allongée sur les jambes de mon amie, les bras et les mains maintenant boueux et après ce temps de flottement, je me relevais tandis que Ayumi laissa échapper un rire pas vraiment joyeux. Peut-être un peu fou.

Tandis qu'elle essayait de faire descendre la pression et le stress de se retrouver seules en faisant remarquer que son entrée avait été exceptionnelle, j'en profitais pour regarder un peu plus l'intérieur de notre abri. Je ne pensais certes pas tomber sur des peintures préhistoriques mais peut-être que moi j'aurai pu peindre.
Nous étions certainement coincées pour un temps, sans boussoles ni réseau, nous allions devoir patienter le temps que l'averse se calme.

Malheureusement, il n'y avait pas de plantes qui pouvaient me servir de teinture, pas plus que de morceau de charbon pouvant faire office d'aide pour un dessin au fusain, et je n'avais pas non plus de sanguine sur moi. Bref, je n'allais pas pouvoir faire quoi que ce soit d'artistique, à part peut-être graver la pierre, mais je n'étais pas une spécialiste de la gravure. En plus la grotte n'était pas très profonde, difficile de trouver un animal par là, peut-être des escargots à la limite.

Je regardais à nouveau Ayumi et je remarquais la boue sur une partie de son pantalon. Son pantalon était foutu, j'espérais qu'il ne s'agissait pas d'un de ses préférés sinon elle allait dépenser une somme astronomique au pressing...

La boue... La boue !

Je l'avais trouvé ma peinture, et j'en avais déjà plein les bras et les mains, mais ce n'était pas comme si je n'avais pas l'habitude de me retrouver en pot de peinture humain.

- Ayu... Ne bou... Bouge pas... S'il te pl... Plaît, demandais-je avant de sortir un peu de la grotte pour prendre une pleine poignée de boue.

De retour dans la grotte, j'utilisais mes doigts pour faire "ma peinture". Elle n'était pas encore détrempée et elle adhérait très bien aux parois de la grotte.
De temps en temps je me tournais pour regarder vers Ayumi, essayer de capturer son expression et sa posture, je ne faisais que le haut du buste et le visage. Le plus dur à dessiner fut les yeux, et je ne fus pas très satisfaite du résultat final mais en même temps, avec des doigts et de la bout, on pouvait difficilement faire dans l'extrêmement précis.

Mine de rien, mon dessin de boue me prit un moment, j'étais maintenant boueuse sur le visage, la poitrine et les jambes avec ce qui avait coulé de mes mains. Personnellement, je m'en fichais mais je ne serais vraiment pas présentable dès que nous retrouverions le reste de l'humanité.
En attendant, je montrais mon "oeuvre" à Ayumi.

- Qu'en penses-tu ? demandais-je avec mes mains boueuses.

Ce n'était pas du grand art, mais au moins, ça m'avait permis de patienter un peu le temps que l'averse se calme tout en faisant l'une des choses que je préférais.
Vu que maintenant l'orage s'était déplacé et qu'il ne restait que quelques gouttelettes qui tombaient je proposais, toujours en signant.

- On devrait profiter que le mauvais temps s'en aille pour reprendre notre chemin.

Ça n'était pas forcément la meilleure idée vu que l'orage pouvait recommencer à n'importe quel instant, mais nous n'allions pas rester ici éternellement non ?

Code ▲ RomieFeather

Regardant Shoko pour essayer de deviner le fond de sa pensée, je réussis à me détendre un peu plus. Mon regard se porta ensuite sur mon pantalon qui était maintenant plein de boue mais je m’en fichais. Il datait d’il y a quelques temps et je l’avais mis parce que faire du cheval est salissant.
Je reportais mon attention sur mon amie qui était maintenant partie sous la pluie. Qu’est-ce qu’elle faisait ? Elle allait finir par être malade comme ça ! Cependant, j’obéis et restais en place.

Quand la jeune femme fut de retour dans la grotte, j’eus envie de sourire. Un peintre ne s’ennuyait jamais, pas vrai ? Tout semblait prendre forme grâce à eux, c’est pour ça que j’admirais les artistes. Le monde semblait prendre un sens dans leur esprit.
Seulement voilà, je dus faire un grand effort pour ne pas bouger et rester tranquille. Je voulais toujours parler, c’était dans ma nature… Et la patience n’était pas vraiment mon fort…

Pour faire passer le temps je comptais le nombre de vêtement dans mon dressing. C’était ça ou contempler Shoko peindre. Elle dégageait une aura envoutante lorsque qu’elle peignait et ne pas la regarder était un supplice.
Je pris donc sur moi et continuais mon attente en silence. Toujours dans mon comptage de vêtement, je fus sortie de mes pensées par la jeune peintre.

"C’est magnifique Shoko, je dis en signant avec un sourire sincère."

Shoko était, elle aussi magnifique. Magnifiquement boueuse ! La civilisation allait surement penser qu’on avait pris un bain de boue ou qu’on était tombée de cheval pendant l’averse.

« Attends juste deux minutes avant de sortir s’il te plait. »

Non, je ne craignais pas que le temps retourne rapidement à l’orage mais je voulais faire quelque chose avant de sortir de la grotte. Je sortis mon téléphone pour immortaliser l’œuvre de Shoko. On aura ainsi un souvenir, enfin plusieurs car je ne pris seulement une photo. Bien entendu elles étaient toutes de bonnes qualités.

« On peut y aller maintenant ! Je m’exclame en rangeant mon téléphone tout en retournant vers mon amie. »

Je lui repris la main avant qu’on reprenne le chemin. J’avais la désagréable impression qu’on s’était enfoncée dans la forêt et je maudis les propriétaires pour ne pas avoir disposé des flèches ou des plans pour ceux qui s’égaraient après que leurs chevaux se soient enfuient au loin.
Mon côté pipelette finit par me crier, me supplier et m’ordonner de dire quelque chose parce que j’aimais parler. J’aimais un peu trop parler.

« Au fait, je t’ai pas dit que mon manager avait voulu me rajouter une émission en plus de celles que je fais actuellement ? Heureusement j’ai dit non, tu aurais fini par m’appeler zombie Ayumi. »

On faisait peut-être plus intéressant mais c’était un moyen comme un autre de penser à autre chose qu’à notre situation un peu précaire. Je commençais à croire qu’on devait crier pour qu’on comprenne qu’on était perdue. Sauf que les feuillages étaient trop épais pour ça et, avec le temps, les oiseaux devaient être partis et on n’aurait donc pas une envolée magnifique comme dans les films.

« Tu veux peut-être que je te libère ta main ? Si tu veux signer ça sera plus facile… Même si je trouve ça un peu triste parce que tu as vraiment une belle voix Shoko. »

Belle était un doux euphémisme car je trouvais sa voix mélodieuse, apaisante. Mais je préférais éviter qu’elle ne pense que j’exagère et, donc, je restais assez retenue pour le moment dans mes compliments. Le jour où Shoko arrivera à reparler aux autres quand elle n’a pas son calepin, je serais heureuse pour elle.

Perdues, sans réseau, sans boussole...

J'aurais dû prévoir que Ayumi allait vouloir prendre des photos de mon oeuvre boueuse, avec moi dessus évidemment. Je n'avais pas l'impression d'avoir fais quelque chose de magnifique mais bon, je n'allais pas pouvoir faire plus de détails avec mes doigts.

Nous sortîmes enfin de la grotte, et on commença à avancer dans la forêt main dans la main. Même si les nuages cachaient la présence du soleil, on sentait qu'il déclinait dans le ciel. C'était comme, une sensation, les couleurs étaient moins vives, moins heureuses. Il s'agissait de mon ressenti d'artiste sur ce qui nous entourait, et j'espérais sincèrement que nous allions sortir d'ici vivantes et avant le lendemain. Quoique en ne voyant pas Ayumi revenir, ils allaient sûrement envoyer quelqu'un à sa recherche, et vu que mes chiens étaient dans le lot, ils nous retrouveraient, il ne fallait pas désespérer.

Rajouter une émission ? Woh, il en avait de bonnes lui avec tout ce que Ayumi devait faire, les présentations, toujours avoir une tenue impeccable -bien qu'elle fasse ses séances de manucure avec plaisir-, tout cela lui prenait du temps et ça devait être épuisant de courir partout. C'était dans ces moments là que la vie d'artiste paraissait bien plus attrayante, les paies fluctuaient énormément suivant les mois mais on prenait son temps pour vivre et faire ce qu'on voulait à côté en général. Je trouvais que Ayumi avait vraiment beaucoup de courage de faire un métier pareil, être connue, avoir des admirateurs et des détracteurs, oh non, une vie que je ne pourrais avoir !

Ses dernières paroles me firent plonger dans des réflexions sur moi-même. J'avais envie de faire plaisir à ma meilleure amie, de guérir pour qu'elle n'ait plus à s'inquiéter pour moi et à m'aider. Aussi je serai plus fort sa main pour lui montrer que je ne lâcherai pas, avec elle je pouvais parler, pas fluidement évidemment, mais les sons sortaient sans trop de difficultés, il faut dire qu'elle avait été présente pour moi avant la mort de mon époux. Je lui faisais entièrement confiance et je donnerais ma vie pour sauver la sienne sans hésiter si je devais choisir un jour.

Ne sachant quoi dire, je gardais le silence, vérifiant autour de nous si rien ne pourrait devenir un point de repère, mais rien, tout les arbres se ressemblaient... Décidant que nous avions besoin de savoir si nous tournions en rond, je pris une des manche de mon gilet et d'un coup sec, je l'arrachais du reste pour pouvoir la nouer à un arbre au tronc fin.
J'allais certainement attraper froid mais je trouvais néanmoins avoir eu une bonne idée.

- Voi... là. Co-Comme ça nous saurons si... Si nous tournons en... Rond, dis-je en me tournant vers Ayumi.

Je repris sa main et on continua à avancer, à intervalles réguliers, j'arrachais un morceau à mon gilet pour accrocher le lambeau à un arbre, mais bien vite, je dus m'attaquer à mon pantalon et ce fut plus dur à arracher. Je ne savais pas si nous nous enfoncions ou au contraire, si nous nous rapprochions de notre point de départ, tout était si pareil ici.

Et puis le froid, enfin non, il ne faisait pas réellement froid, mais nous étions toutes les deux trempées, mon pantalon m'arrivait maintenant aux genoux à force de se faire raccourcir, je n'avais plus de gilet et une légère brise soufflait. Donc oui, j'avais froid, j'allais avoir la crève et j'allais certainement gardé le lit pendant un ou deux jours mais ça ne me gênait pas. Ayumi avait encore ses vêtements, et je ne voulais pas qu'elle soit mal elle aussi, après tout ce qu'elle avait fait pour moi, il était temps de lui renvoyer la pareille.

- Je.., commençais-je avant d'éternuer. Hm... Pardon. Je... Je suis désolée. Si... Enfin, si je n'avais pas... Insisté, nous n'en serions pas... Là.

J'avais voulu passer une après midi avec ma meilleure amie comme avant, revenir dans le passé, avant que je ne fasse ce blocage psychologique. Juste pouvoir profiter de Ayumi, je ne voulais pas la solliciter trop souvent à cause de son emploi du temps chargé, et le jour où je le faisais, il fallait qu'un malheur arrive. qu'avais-je pu faire aux kami dans ma ou mes vies antérieures ?

La marche dura encore un moment, mais tout se ressemblait et j'avais la mauvaise impression que nous n'allions pas vraiment dans la bonne direction. Nous allions ressortir un jour, mais restais à savoir où et si nous n'allions pas mourir entre temps...

Non, nous allions survivre à cette épreuve ensemble. Ma mains toujours dans celle de ma meilleure amie le prouvait.

Code ▲ RomieFeather

Alors que nous marchions dans la forêt à la recherche de la sortie, toujours main dans la main, je fus surprise quand Shoko s’arrêta pour arracher un morceau de son vêtement. J’allais pour la réprimander mais je n’osais pas, et je me collais un peu plus contre elle pour essayer de lui transmette un peu de ma chaleur.

Puis alors que le jour commençait à se coucher alors que la nuit se levait, mon amie s’arrêta pour me dire quelque chose qui me serra le cœur. Cependant je ne pus rien dire car elle reprit la marche et quand elle s’arrêta pour nous permettre de nous repérer je l’arrêtais en la prenant dans mes bras.
Un de mes bras passa autour de sa taille alors que ma main se perdit dans ses cheveux pour enfouir sa tête dans mon cou. Cela nous permis une pause mais également de mettre certaines choses au clair.

« Shoko, sache que je suis assez têtue et si je n’avais pas voulue t’accompagner, je ne l’aurais pas fait malgré ô combien tu aurais insisté. Tu comptes vraiment pour moi et je suis contente quand on passe du temps ensemble, tu ne me déranges pas. »

Nous restâmes ainsi encore un moment et, quand nous reprîmes la route je me souvins de quelque chose. C’est vrai que je prenais toujours mon sac avec moi quand je me baladais à cheval et je fouillais dedans en espérant l’avoir laissé… Il était là !

« Tiens, comme ça tu n’auras pas froid. »

C’était un châle assez chaud qui était bien pratique quand le chauffage tombait en panne dans les loges. Je l’avais posé sur les épaules de la jeune femme avant de remarquer quelque chose.

« Tu peux le déchirer si tu veux, j’en ai plusieurs chez moi et il est assez long pour que tu ais quelque chose de chaud sur toi pendant un long moment. »

Nous reprîmes notre route, toujours main dans la main, alors que le soleil continuait de décliner dans le ciel. Il finit par faire noir, et je sortis mon téléphone pour nous éclairer. Je ne mis pas l’application lampe de poche en marche pour éviter d’user trop de batterie. Autant l’économiser.

« On devrait peut-être songer à faire une pause ou chercher un endroit pour cette nuit… »

Autant se rendre à l’évidence, ce n’était pas maintenant qu’on allait retrouver notre chemin. La forêt était bien trop sombre et dense pour ça. Mais si on voyait le bon côté des choses…

« Tu sais Shoko, vu sous un autre angle cette situation n’est pas plus mal ça nous permet de vivre un peu d’aventure. Et on est toutes les deux ensembles, je dis en serrant sa main dans la mienne. »

Toujours essayer de voir la vie du bon côté, voici mon crédo… D’ailleurs en parlant de crédo…

« Hakuna Matata mais quelle phrase magnifique, Hakuna matata quel chant fantastique. Ces mots signifient que tu vivras ta vie sans aucuns soucis, philosophie, Hakuna Matata. »

Je n’étais pas une très bonne chanteuse, il fallait l’avouer mais j’espérais que ça réussisse à détendre Shoko. On n’avait vraiment rien à craindre ici, enfin normalement. Au pire, j’avais des bases de self-défense.

« On fait quoi maintenant ? Je demande en essayant de ne pas prendre un ton fin du monde. On dort à tour de rôle ou on continue de marcher ? »

Après tout, on allait bien finir par sortir de là alors autant éviter de désespérer.

Perdues, sans réseau, sans boussole...

Ayumi était vraiment adorable, ce n'était pas pour rien qu'elle était ma meilleure amie, elle arrivait à me rassurer même dans les pires moments, grâce à elle, il ne m'était pas compliqué de garder le sourire sans arrêt et de voir le bon côté des choses.

Elle me passa même un châle pour me réchauffer un peu alors que j'étais presque frigorifiée. Mais c'était de ma faute ça, si je n'avais pas arraché la moitié de mes vêtements, je n'en serais pas là, mais nous avions besoin de savoir si nous tournions en rond en utilisant de vrais repères.

Vivre l'aventure ? Oui si on voulait, enfin c'était le genre d'aventure que je préférais seulement imaginer, ou peindre, c'était aussi un bon moyen de s'évader. Mais à deux, c'était bien aussi, par contre, il faudrait au moins trouver un abri pour la nuit. Peut-être pas pour y passer une nuit complète mais au moins pour avoir un toit en cas de nouvelle averse. Sauf que nous n'avions pas de couteaux sur nous et les troncs étaient trop épais pour être courbés. Sa chanson eut le don de me faire sourire vraiment, j'aimais bien l'entendre chanter, je chantais par procuration grâce à elle.

Il fallait trouver une solution... Et je vis ce que je pensais être peut-être notre chance d'avoir un abri, un tronc était tombé sur un autre et il y avait des branchages tout autour. Ayant un plan de construction pour un abri de fortune dans la tête, je me hâtais de prendre les branchages et les poser sur les deux troncs, la sensation de l'écorce détrempée était désagréable contre la peau mais nous n'avions pas le choix. Aidée de Ayumi, on posa quelques fougères à peu près sèches sur le sol de notre abri pour être plus à l'aise.

L'intérieur de la cabane était fortement réduit et on tenait toute les deux en serrant nos genoux contre nos poitrines et en restant collée l'une à l'autre.

C'est pile au moment où on réussit à se caser toute les deux dans l'abri que la pluie se remit à tomber avec force. Nous n'étions pas complètement protégée sous notre semblant de maison, mais cela nous permettait d'éviter la plupart des gouttes, ce qui n'était pas rien.

- D... Dort. Je vais... Veiller un mom-ment.

J'étais moi-même épuisée mais je n'avais pas de travail le lendemain, autant que Ayumi se repose, j'aurais bien le temps une fois chez moi, je demanderais à mes toutous de monter sur mon grand lit et de se coucher autour de moi histoire de me réchauffer...

Je vis que Ayumi n'avait pas mis longtemps avant de s'endormir et cela me fit sourire. Elle était si belle quand elle dormait, un ange tombé du ciel. Il était compréhensible que beaucoup de gens tombent sous son charme, elle était d'une beauté incroyable que je ne me lassais pas de dessiner, j'avais d'ailleurs une peinture que j'étais en train de réaliser pour son anniversaire où je l'avais fait avec des cheveux arc-en-ciel. Elle était haute en couleurs il fallait dire.

Soudain, je crus entendre des aboiements à un moment, la pluie tombait encore et je m'étais mis un peu à l'écart de l'abri de fortune pour que Ayumi soit complètement au sec, elle était fatiguée et je l'avais laissé s'allonger, lui mettant le châle sur le corps. J'étais de ce fait complètement gelée, mon corps n'en finissait plus de trembler et j'étais fatiguée, très fatiguée. Je crus donc d'abord qu'il s'agissait d'un tour de mon esprit mais j'ouvris les yeux, comme pour briser tout mes espoirs et le hurlement devint plus distinct avant que je ne vois une silhouette bien connue.

Nora.

On nous avait retrouvé, nous étions sauvées !

Avec mes dernières forces, je secouais doucement Ayumi alors que ma chienne-louve suivit de mes deux autres chiens arrivaient à notre hauteur. J'espérais qu'elle allait se réveiller et qu'elle n'était pas au bord de l'hypothermie...
Le grand coup de langue que lui donna Pocchi eut au moins le mérite de lui faire ouvrir les yeux. Des voix humaines retentirent, on pouvait entendre des "Elles sont là !", et la lumière de lampes torches fut braquée sur nous.

J'étais penchée au-dessus du visage de Ayumi et des larmes de soulagement s'étaient mises à couler le long de mes joues et je signais fébrilement quelques mots qui voulaient tout dire.

- Nous ne sommes plus seules.

Code ▲ RomieFeather

Ce fut Shoko qui trouva de quoi nous construire un abri de fortune, je l’aidais, disposant les branchages selon les indications de mon amie. Tout de suite après avoir fini la construction, la pluie se remit à tomber. Malgré le fait que certaines gouttes nous atteignaient, nous étions quand même protégées.

Je voulus lui conseiller de dormir elle, déjà parce qu’elle avait du prendre froid en déchirant ses vêtements et aussi pour que puisse trouver un moyen de la réchauffer. Sauf que je ne pus rien dire, mes yeux s’étaient fermés sans demander mon autorisation. Je m’étais endormie.

~~~~~~~~~~~~~~~

Alors que je dormais plus profondément que ce que je pensais, je sentis quelque chose de mouillé passer sur mon visage. Je sursautais avant de voir l’imposant chien, assez effrayée devant la taille de la bête… Puis mes neurones se connectèrent.

« Po… Pocchi ! »

Puis Shoko me signa quelque chose tout en pleurant de soulagement et j’hochais la tête. Je retenais mes larmes alors qu’elles menaçaient de sortir.

"Nous ne sommes plus seules, oui, je dis en signant avec peine car j’avais les doigts gelés."

Tout s’enchaîna assez rapidement ensuite. En effet, je reconnus mon nouveau manager qui était accompagnée d’une autre femme. Ils nous avaient raccompagnées jusqu’à la sortie de la forêt, sous des parapluies. J’avais passé un bras autour de la taille de Shoko pour la soutenir, tout en faisant attention que le châle que je lui avais remis sur les épaules ne tombe pas. Elle devait être frigorifiée.

Arrivée, à la lisière de la forêt, je fis un énorme effort pour ne pas m’écrouler à terre, tant mes jambes tremblaient. Mais j’imaginais que c’était pire pour mon amie que je soutenais au mieux. Quand nous fûmes dans l’accueil, plusieurs personnes nous assaillirent, des caméras, des flashes violents, des questions. Assez violents lorsqu’on sortait d’une forêt sombre où l’on avait été que tous les deux.

Sans réfléchir, je mis le châle sur la tête de mon ami pour éviter qu’elle soit effrayée par ce flot médiatique et qu’elle passe à la télévision. Les chiens de Shoko, ainsi que mon manager, aboyèrent contre les journalistes qui nous laissèrent, finalement passer.

Dans un endroit plus calme, un jeune homme vint nous apporter des couvertures chauffantes ainsi que des boissons chaudes. Dès qu’il fut parti pour nous laisser seules, mes jambes me lâchèrent alors que j’avais toujours un bras passé autour de la taille de Shoko. Je m’écroulais dans le canapé, avec mon amie sur mes jambes endolories. Je pris une des couvertures chauffantes avant de la passer sur nous.

Ma seconde main passa autour de Shoko pour l’enlacer, et je nichais sa tête dans mon cou avant de laisser mes larmes couler. C’était l’une des seules personnes qui les voyaient car j’avais énormément confiance en elle.

Je sentis les canidés de Shoko venir se coucher contre nous pour nous transmettre leur chaleur. A ce moment, je me sentais protégée, entourée d’une douce chaleur. Aucune parole ne fut prononcée, aucun signe ne fut fait, aucun mot n’était nécessaire à ce moment. Nous avions juste besoins d’être sûre que nous étions toutes les deux sauvées. Qu’on resterait ensemble quoiqu’il arrive.

Perdues, sans réseau, sans boussole...

La sortie de la forêt fût une épreuve comme un soulagement. Nous avions froid, et malgré le châle sur mes épaules, je grelottais et reniflais comme si j'avais attrapé une mauvaise grippe. Ayumi me soutenait alors que mes jambes engourdies avait du mal à me porter, nous étions heureusement protégées de la pluie par les parapluies du manager et de la jeune femme qui l'accompagnait, et mes chiens formaient une sorte de cortège autour de nous.

Je ne suivis pas vraiment le chemin que nous avions emprunté, un peu trop préoccupée par le froid et le fait que Ayumi aille bien et ne souffre pas trop du froid. Et les flashs soudain qui nous assaillirent me firent revenir un peu sur Terre, mais le châle voila ma vision quelques secondes après les premiers flashs. Je remerciais intérieurement mon amie parce que je ne devais pas être belle à voir avec toute cette boue sur mon visage, mes bras et mes jambes et en plus de cela, tout ce battage médiatique me rappelait la mort de mon mari.

Heureusement, la sécurité aidée de mes trois molosses en rogne, réussit à faire partir les journalistes et on se retrouva Ayumi et moi dans une pièce plus calme avec un canapé, des couvertures chauffantes et des boissons chaudes. Le bras de ma meilleure amie passé autour de ma taille me rassurait sur le fait qu'elle était là, qu'elle allait bien, je sentis également ses larmes chaudes couler dans mon cou et je la laissais faire, ma main serrant la sienne.

La chaleur revenait lentement dans nos corps encore engourdis par le froid, la présence des couvertures chaudes et de mes trois gardes du corps à quatre pattes aidaient beaucoup. j'avais très envie de dormir, mais en même temps, ce n'était pas vraiment l'endroit. Depuis la pièce où nous nous trouvions toutes les deux, on pouvait entendre encore des journalistes poser des questions sur ce qui était arrivé à la fameuse Kiritani Ayumi, pourquoi était-elle perdue en forêt ? Avait-elle été victime d'un kidnapping ? Allait-elle quand même travailler le lendemain ? Enfin bref, ils ne lâchaient pas l'affaire alors même qu'ils avaient vu à quel point Ayu' était épuisée.

Bande de rapaces...

Ma main libre passa doucement sur la joue de mon amie et dégageait quelques mèches collées par la saleté de son visage. J'avais vraiment envie de parler à cet instant, en premier lieu parce que mes doigts étaient tout engourdis et puis nous avions été laissée seules dans la pièce, probablement pour nous laisser nous reposer et peut-être appeler un taxi pour nous ramener chacune chez nous, mais je doutais qu'un véhicule me laisse monter dans mon état et accompagnée de trois chiens...

Et puis je n'avais pas envie de rester seule ce soir, trop d’événements s'étaient déroulés aujourd'hui.

- Ayumi.., l'appelais-je doucement, ma voix encore plus faible et cassée qu'habituellement. Tout... Tout va bien ?

Et paradoxalement, les mots sortaient plus facilement alors que ma gorge commençait à me piquer. J'allais être malade, c'était couru d'avance, j'espérais que Ayumi allait passer entre les mailles du filet et ne pas attraper quoi que ce soit, mais ç'aurait tenu du miracle...

Des paroles plus vives se firent entendre, apparemment les journalistes ne voulaient rien savoir, et les entendre me conforta dans l'idée que je n'avais absolument pas envie d'avoir la vie qu'avait Ayumi... Tout ce qu'elle devait endurer la pauvre.

Le bruit que faisait les journalistes finit par devenir comme une sorte de berceuse et sans que je ne m'en rende compte, mes yeux se fermèrent tout seuls, juste quelques minutes de repos...

Moins, quelques secondes...

Juste un peu...

Puis le noir.

Code ▲ RomieFeather

Ce fut la voix de mon manager qui me tira du sommeil et je le regardais comme si elle venait de faire une bêtise. En fait, ce n’était pas faux. On ne réveillait pas Kiritani Ayumi, surtout lorsqu’elle avait sa meilleure amie endormie dans ses bras après avoir passé une rude journée. Non mais oh, il était où le respect ?

Je levais un sourcil, lui montrant ainsi que j’attendais ses explications. Elle nous avait aidé, certes, mais je n’allais pas m’adoucir pour autant. Mon manager m’expliqua que deux taxis étaient arrivés dont un prévu pour les chiens de Shoko. Je n’eus pas le cœur de la réveiller, aussi je mobilisais toutes mes forces pour la porter jusqu’au véhicule.

Une fois arrivées au véhicule, je déposais délicatement Shoko en évitant de la réveiller. Puis, avant de monter, je regardais mon manager qui me signala que j’avais ma journée demain… Au moins, je n’aurais pas à me fâcher pour qu’il me l’accorde.

« Au revoir, bonne fin de soirée. »

Je montais dans le taxi avant qu’il démarre pour aller chez Shoko. Quand nous fûmes arrivés chez elle, je payais le taxi avant de sortir, ouvrir la porte et déposer la jeune femme endormie dans son canapé avant d’aller chercher les chiens. Je peinais à rester debout mais je pouvais, au moins, faire ça pour mon amie.

Ne voulant pas la laisser seule pour la nuit, ni rester seule, je décidais de rester. Je mobilisais mes dernières forces pour faire une soupe spéciale pour nous redonner des forces.

« Shoko, je dis doucement en la secouant délicatement pour la réveiller. J’ai fait une… Une soupe. »

Je montrais les bols ainsi que les cachets contre le mal de tête sur la table basse. La mienne me lançais énormément et je ne me voyais plus refaire tout ce je venais de faire au risque qu’elle explose.

Me laissant glisser sur le sol, je réussis tant bien que mal à montrer l’exemple à Shoko pour qu’elle mange cette soupe. C’était une que ma mère m’avait apprise à faire pour quand on était malade.

« Je… Je t’en ais fait pour quelques jours en… Encore, tu n’auras qu’à la réchauffer. »

Je fis un dernier effort pour rejoindre le canapé où je posais ma tête sur l’épaule de Shoko.

« Je peux rester là pour ce soir ? Je demande dans un murmure. »

J’entendis la réponse de très loin car je m’endormis.

Perdues, sans réseau, sans boussole...

Dormir...

Encore un peu...

Soupe.

Dormir...

Soupe ?

Doucement et avec l'aide d'énormément d'énergie, mes yeux s'ouvrirent et se refermèrent avec force à cause de la luminosité, mais bien vite, je les rouvrais, attirée par la voix de Ayumi et l'odeur de soupe qui me parvenait faiblement. Mon nez était déjà engorgé et je reniflais, le rhume était déjà dans mon corps...

Me redresser fut encore plus difficile que de simplement lever les paupières, je remarquais au passage que nous étions chez moi, Ayumi avait dû demander à ce que je sois ramenée, j'allais devoir la remercier pour cela. Mais à cet instant, je fis simplement un effort pour attraper le bol de soupe et le vider entièrement. C'était bon, vraiment bon, chaud, et tout les adjectifs qui allaient avec. J'étais vraiment reconnaissante envers ma meilleure amie pour avoir fait cela, et avoir apporté les cachets pour lutter contre la fièvre et le mal de tête. Nous allions en avoir besoin, c'était certain...

Je n'entendis pas sa question, mais je compris quand je sentis un poids tomber sur mon épaule. Ayumi s'était endormie alors qu'elle était encore habillée, toute sale de notre escapade et absolument pas dans une solution confortable. Mais après tout ce qu'elle avait fait pour moi, il était hors de question que je la réveille. C'est donc avec de la délicatesse, et l'aide de mes chiens que je dépliais le canapé lit alors que Ayumi était encore dessus. J'étais allée chercher un grand t-shirt ayant appartenu à Drake et un sous-vêtement à moi ainsi qu'une serviette et une cuvette avec de l'eau chaude, du savon et un gant de toilette.

Délicatement, j'installais la serviette sous la tête de mon amie puis j'attachais ses cheveux à l'aide d'un élastique, je ne pourrais pas m'en occuper ce soir. Ensuite, je retirais doucement les vêtements de mon ami avant de passer délicatement le gant chaud et enduit d'un peu de savon sur on visage et les parties du corps sales pour faire un nettoyage sommaire, elle utiliserait la salle de bains le lendemain.

Une fois cela fait, je lui enfilais le sous-vêtement et le grand t-shirt puis je plaçais un oreiller ramené par Marik sous sa tête. Je fis globalement le même traitement sur mon corps, bien que mes jambes furent lavées de manière très grossières, étant trop courbaturée et fatiguée pour me baisser aussi bas. J'enfilais ensuite des vêtements de nuit et me glissais contre Ayumi dans le canapé lit, à la suite d'un signe de ma part, une épaisse couverture fut amenée par Nora, à peine étais-je allongée avec la couverture bien placée que je plongeais dans le sommeil.

Les chiens étaient montés et dormaient autour de nous ou sur nos pieds, nous réchauffant.

Il ne serait pas étonnant que nous dormions un tour d'horloge complet, nous en avions le droit après l'éprouvante journée que nous avions subi...

Code ▲ RomieFeather

Un mal de tête, voilà la première chose que j’ai sentie en me réveillant, ce fut ensuite un corps près de moi puis un nez bouché et un faible rayon de soleil. Je finis par ouvrir un œil avant de le refermer et de le rouvrir plus doucement pour éviter d’être éblouie comme je l’avais été précédemment. Une fois qu’il fut ouvert, le second suivit mais je ne me levais pas tout de suite.

Ma tête se tourna pour voir Shoko endormie contre moi, sous la couette. Cependant, je ne pus rester contre elle car ses chiens voulaient sortir. Je me levais doucement, évitant de la réveiller avant de regarder ma tenue… Tiens, apparemment Shoko s’en était occupée ? Elle m’avait aussi fait une toilette rapide ? J’avais la meilleure amie qui soit, c’était certain et j’allais la chérir comme une pierre précieuse.

Je réussis à trouver les harnais, les laisses et, dès que Pocchi, Marik et Nora furent prêts pour la ballade rapide, je me couvrais bien et mis mes chaussures. Chaque pas que je faisais résonnait dans ma tête, c’était un vrai supplice. J’avais dissimulé mon horrible visage qui arborait un petit sourire parce que les chiens étaient très calmes. Ils devaient sentir que je n’étais pas au meilleur de ma forme.

Une fois qu’ils eurent fait leur affaire, je rentrais avec eux et vérifiais leur eau ainsi que la nourriture. Il n’en restait plus beaucoup et, Shoko dormant, je préférais remettre de tout même si ça restait compliqué avec les courbatures. Ces chiens nous avaient sauvés la vie, rien que pour ça j’avais envie de leur faire plein de cadeau mais mon amie risquait de se poser des questions si je faisais cela.

C’est avec un cerveau toujours embrumé, que je finis par aller dans la salle de bain en espérant qu’une douche me ferait du bien. Je restais seulement quelques minutes sous le jet d’eau chaude, juste le temps de me laver. Après m’être essuyé, je remis les vêtements que Shoko m’avait prêtés. Puis je repartis dans le salon m’allongeant un peu. J’aurais du manger ou prendre un cachet en me levant mais je n’y avais pas pensé. Avec ce cerveau dans le blizzard, c’était compliqué aussi de réfléchir correctement.

Ayant les cheveux encore humides, je luttais tant bien que mal contre le sommeil et je finis par me relever pour faire chauffer un peu de soupe mais également prendre des médicaments. Je mis, également du bouillon dans un thermos pour Shoko quand elle se réveillera.

Après avoir bu ma part et pris mes cachets, je posais le thermos puis les médicaments ainsi que de l’eau aux abords du lit. La nuit commençait à tomber mais je n’avais, toujours, pas le cœur à réveiller Shoko.

Une fois que j’eus constaté que j’avais bien les cheveux secs, je finis par me rallongeais dans le canapé-lit. Et, sans faire exprès, peut-être que je l’avais réveillée alors que je venais de me rendormir.

J’allais avoir beaucoup de mal demain pour aller travailler, ça, c’était plus que certain.

Perdues, sans réseau, sans boussole...

La vie d'artiste n'était en rien facile... C'était particulièrement vrai quand il s'agissait d'inspiration qui apparaissait à des moments où on aurait préféré dormir.

Ce fut donc vers minuit que j'émergeai, une migraine atroce me prenant à la tête, l'estomac se retournant et le nez complètement bouché. J'vais la totale, et pourtant, après plusieurs minutes pour m'habituer à l'obscurité et me réveiller un peu plus, je finis par me lever, pour déjà prendre un cachet contre le mal de tête puis ensuite direction la douche.

Après près d'une demi-heure sous le jet d'eau chaude et plusieurs autres minutes pour faire des dessins sur le miroir plein de buée, je retournais dans la pièce principale. Les gamelles des trois gardes du corps étaient remplies et un thermos avec de la soupe attendait sagement d'être vidé, Ayumi était adorable, tellement gentille... J'étais fière d'être l'une des seules à connaître ce côté là de sa personnalité.

Un bol avalé plus tard et sachant très bien que je ne pourrais pas dormir avant d'avoir dessiné, j'attrapais mon carton à dessins, une feuille de papier à grain, ma boîte de promarker -j'en avais disséminé dans toute la maison- et un crayon à papier. Assise sur un des fauteuils, je contemplais Ayumi et commençais à esquisser ce que je voulais représenter.

Si au début je ne croquais que son corps que les couvertures ne cachaient plus vraiment -j'avais la manie de prendre toute la couette- je me mit à rajouter des éléments pour finir par la dessiner allongée, le visage paisible, vêtue d'une robe blanche remontée sur ses jambes, un camélia rose dans la main. L'esquisse seule m'avait prise près d'une heure et demi, et il fallait maintenant mettre la couleur, celle de la peau était la plus délicate surtout au marqueur, j'allais devoir mettre les détails aux feutres ou aux crayons de couleur.

Malheureusement, en voulant récupérer le marker de couleur chair, je fis tomber la boîte en métal, provoquant un bruit violent et gênant. Et j'avais également réussi à réveiller Ayumi, elle s'était mise à bouger sous la couette... Vu qu'elle n'avait pas levé les yeux et qu'elle semblait juste en phase de réveil ou alors qu'elle allait se rendormir immédiatement, je me remis dans mon dessin.
Ce fut après encore deux heures de coloriage que j'apposais ma signature sur mon "oeuvre" du jour, il était prêt de cinq heures du matin tout de même. C'est d'ailleurs au moment où je posais mon dessin sur le fauteuil bien en vue d'Ayumi, que mon corps me rappela que nous avions passé une atroce journée la veille et qu'il voulait du repos.

- Que faire ? J'ai quelques peintures qui m'attendent et je vais devoir me préparer pour sortir les chiens, listai-je en pensées. Je ne vais pas lancer la télévision par respect pour Ayumi...

Vu mon état, la chose la plus intelligente à faire était de peindre, mais si je m'écoutais je ne ferai que des portraits de ma meilleure amie en cet instant. Ayumi en sirène, en fée, en ange, en démone, chevauchant une licorne, ou simplement elle avec un décor de plumes de paon et de fleurs colorées.
Finalement, après plusieurs minutes de débats intérieur, je décidais de simplement faire un petit déjeuner australien comme les aimait Drake. Des toasts avec de la marmelade et de la confiture -pas de Vegemite chez moi !-, des céréales et du jus de fruits. Rien de compliqué mais il fallait des vitamines et il était plus simple de se réveiller dans des odeurs de marmelades que dans celles du bacon frit.

J'entendis alors un bruit de tissu plissé m'indiquant que mon amie était réveillée. Ne sachant pas si elle avait mal à la tête, j'arrivais vers elle avec un verre d'eau et un comprimé de paracétamol pour soigner une éventuelle migraine.

- Bonjour, dis-je dans un murmure pour ne pas qu'elle souffre plus en cas de maux de tête. Je lui tendis ensuite le cachet et l'eau. Bois, ça te fera du bien.

Je n'avais aucun mal à parler à Ayumi chez moi, et puis signer avec un verre dans la main ça n'était pas évident...

Code ▲ RomieFeather

Un bruit me tira du sommeil dans lequel j’étais plongé et où je me ne mis pas longtemps à replonger. J’avais les yeux trop lourds pour les ouvrir et mon mal de tête me lançait trop pour j’arrive à faire un effort… Oui, le mieux était que je rendorme.

~~~~~~~~~~~~~~

Cette fois, ce fut la douce voix de Shoko qui me réveilla et je mis quelques minutes à émerger avant de me relever un peu. Je regardais ce que mon amie m’avait apporté à boire puis la remerciais pour le cachet ainsi que le verre d’eau. Pour le moment, je ne ressentais pas les bienfaits du médicament et, de ce fait j’eus un peu de mal à me lever pour suivre la jeune femme dans la cuisine…

Oh, elle avait préparé un petit-déjeuner. Elle était vraiment adorable car je supposais que, comme moi, le moindre était pénible et elle avait du avoir du mal à préparer ce repas, non ? J’avais vraiment la meilleure amie au monde. J’étais vraiment heureuse de connaître une personne aussi adorable qu’elle.

« Merci Shoko pour avoir préparé un petit-déjeuner, je dis en me tournant vers elle avec un sourire qui devait être fatigué. »

Ça faisait vraiment du bien de manger lorsqu’on était affamé, et malade au point qu’on a l’impression que notre tête va finir par exploser. Puis, le repas était assez léger, sentais bon et contenait aussi les protéines pour nous permettre de tenir la journée.

Ma journée n’allait pas être aussi reposante qu’hier, au contraire je savais que j’allais devoir prendre sur moi pour aller au travail. C’était l’un des inconvénients du métier que j’exerçais, plus je me reposais, moins je gagnais -même si, entre nous, l’argent n’était pas un problème pour moi- et plus j’étais remplaçable aux yeux de mon agence mais aussi de mes fans. Le monde de l’entertainment est cruel avec les artistes fantômes.

« Ça fait vraiment du bien de manger quand on est malade… Surtout quand c’est bon ! »

Dans ma voix, on entendait bien que mon nez était bouché, ce qui était assez compliqué quand on mangeait. Shoko devait être dans le même état mais ça ne nous empêcha pas de parler un peu pendant le petit-déjeuner.

Nous eûmes à peine le temps de finir de débarrasser la table que mon téléphone se signala en vibrant tout ce qu’il pouvait. Je m’excusais auprès de mon amie avant de décrocher… Et raccrocher assez rapidement.

Je me tournais vers Shoko un peu désolée.

« Je vais devoir y aller, mon manager m’attends devant. »

C’était bien la première fois que je n’avais pas envie d’aller travailler mais je n’avais pas le choix. Je devais prendre sur moi.

« N’hésite pas à m’appeler si tu as besoin de quoique ce soit, médicament, soupe, de la compagnie, ou photo que tu peux utiliser pour t’inspirer. »

Je souris avant de m’approcher de Shoko pour un simple câlin d’au revoir, lui signalant, de nouveau, qu’elle pouvait m’appeler si besoin. Je sortis ensuite pour entrer dans la voiture garait devant et où mon manager m’attendait. Je vis mon reflet dans le rétroviseur tout en espérant que les maquilleuses seraient compétente… Mais, au final, je ne fis que de la radio aujourd’hui car j’avais une émission spéciale. Heureusement que des médicaments miracles nous permettaient d’avoir le nez moins bouché.

» ✶ Houston, nous avons un problème ! 》AYUMI&SHOKO《
» Kamehime Shoko - You'll Never See Me Cry
» Shirogane Sora - Sans contrefaçon je suis un garçon ♪
» ✶ Painting with Flowers 》ASAE&SHOKO《
» Rêve ta vie en couleur~ (feat. Shoko)