Hey boy, come on ! It's time to flirt now • |

Parfois, vraiment parfois, je haissais mon métier. Je me rappelais l’avoir détesté au début et avoir trouvé le contexte bizarre. Autant en regarder cela pouvait paraître normal mais tourner des films du genre, jamais ça ne m’avait effleuré l’esprit jusqu’à ce qu’on me mette devant le fait accompli. « Il n’y a pas de meilleur moyen pour gagner autant d’argent et rapidement » m’avait-on dit. Malgré ça, j’avais été indécis seulement la jeune femme qui m’accompagnait avait su trouver les bons mots, me complimentant correctement, là où il le fallait et j’avais cédé. Sans que je ne m’en aperçoive réellement, je m’étais retrouvé là à faire un premier essai devant les caméras. Quand on n’est pas habitué, la première fois on considère plus ça comme quelque chose de normal. On ne se rend pas compte qu’on est filmé, j’avais plus pris cela comme l’une de mes relations d’une nuit et puis basta. Mais les fois d’après avaient été plus durs à encaisser jusqu’à ce que je me rende compte de la satisfaction que cela m’apportait. En plus de l’argent. Je n’avais que faire de ce qu’on pensait de moi du moment que j’étais heureux tel que j’étais. Puis c’était un métier comme un autre. Grâce à moi, certains étaient très certainement en train de prendre du plaisir en me regardant sur l’écran de sa télévision ou son ordinateur. Rien que cette idée me faisait sourire et me rendait encore plus satisfait. Me dire qu’on pouvait fantasmer sur moi, sur ma personne... C’était parce que je le valais bien n’est-ce pas ? J’avais fini par l’accepter et plus rapidement que je ne l’aurais pensé. De toute manière pour payer mes dettes, je n’avais pas eu d’autres choix... Et j’avais trop besoin d’argent pour arrêter, ne garder que mon job à mi-temps.

Mais voilà que désormais, j’avais un peu l’impression de revenir à la case départ. Pas totalement. J’aurais pu refuser, je suppose néanmoins la lueur se reflétant dans les yeux de mon patron m’avait clairement fait comprendre que j’allais le regretter si je n’acceptais pas. Seulement nom de dieu. Tout sauf ça... Avec un autre homme. Comment ça se faisait d’ailleurs ? Enfin, je n’étais pas idiot, je le savais et j’avais même déjà été plus ou moins contraint d’assister à un tournage. Ce qui m’écoeurait un peu plus de ces gens-là. La simple idée de savoir que j’allais devoir tourner avec un autre gars m’horripiler et me mettait sérieusement dans tous mes états. J’aurais voulu mourir en cet instant précis, encore plus à la vue de comment me dévisager les passants tandis que je marchais. Machinalement je sortis le miroir de mon sac et paniquai en voyant l’affreux épis qui était venu se nicher sur ma tête. Je me recoiffai soigneusement, observant tous les côtés de mon visage afin de m’assurer que je n’avais rien oublié et soufflai, soulagé avant de ranger l’objet à sa place.

Non mais sérieusement plus j’y pensais, plus je paniquai. J’avais beau être bon comédien, j’ignorais si je saurais l’être avec une personne du même sexe que moi. Ce n’était pas tout à fait pareil cependant j’aurais du m’y attendre... On passe tous par là un jour ou l’autre néanmoins je pense que j’avais toujours refusé cette éventualité là. Une grimace horrible se forma sur mon visage alors que j’y songeais et que je me disais que je devais trouver un moyen pour essayer de m’y habituer. Parce que, encore une fois, je n’avais vraiment pas le choix.
Et comme si dieu était contre - ou avec - moi, il y avait sur le trottoir d’en face, un club d’hôte qui me faisait de l’oeil. Cela me remémorait quelques souvenirs d’autrefois cependant par chance, je n’avais pas eu à m’occuper des garçons. Je n’allais quand même pas faire ça si ? Mon image serait tellement entachée après cela... Soupirant intérieurement et me tapant les joues pour me donner du courage, j’essayais de me convaincre d’y aller. Résigné, j’avançai d’un pas décidé avant de m’arrêter brusquement devant l’entrée, manquant de me faire rentrer dedans par une personne qui marchait, j’ignorais les reproches de cette dernière et m’approchai du magasin près du club pour me regarder dans la vitrine. Aucun défaut. Parfait.

Un coup d’oeil à droite, un coup d’oeil à gauche, je rentrai dans le bâtiment après m’être « assuré » que personne ne m’avait vu, sans penser au fait qu’en réalité les gens n’avaient que faire de ce que je faisais. Mais à mes yeux c’était mal quand même.
A peine à l’intérieur que je fus accueilli par une horde de mec, tout aussi répugnant les uns que les autres tandis que je feintais mon plus beau sourire. Pas question de me faire rabaisser, c’était moi l’acteur, c’était moi le plus beau et c’était moi qui commanderait aussi.

Il fallait que je choisisse sauf que j’avais comme la désagréable impression qu’ils se ressemblaient tous. Penchant ma tête sur le côté et une esquisse espiègle sur ma figure, je désignai le garçon qui essayait tant bien que mal de se cacher dans le fond. J’étais certain qu’il n’avait pas envie d’être choisi et à présent il devait m’insulter intérieurement de tous les noms pour que ce soit lui et pas un autre. Mais probablement que je m’amuserais plus si l’hôte choisi n’était pas à l’aise non plus... Enfin pour l’instant, on n’avait rien de proche lui et moi donc j’étais encore un peu dans mon élément. Après, lorsqu’on serait installé, j’ignorais si je ferais encore le fier comme maintenant.

En silence je le suivis, m’installant confortablement sur cet immense canapé et tapotant la place à côté de moi, je lui indiquai de s’assoir là. Je me retenais de grimacer encore, c’était vraiment répugnant. Enfin plus que répugnant, je dirais bizarre. Je n’avais rien contre ces gens là à proprement parler néanmoins je ne pouvais pas concevoir faire ce qu’ils faisaient entre eux. Pourtant j’allais y passer aussi. Et c’était cette image là qui me répugnait. Maintenant qu’on en était là ? On faisait quoi ? Je crois qu’un petit peu d’alcool ne me ferait pas de mal pour m’ouvrir un peu l’esprit ce soir.

Tamaki ? Rien que son surnom était dégueulasse. Parce que je n’étais pas assez idiot pour ne pas savoir qu’il ne s’agissait pas là de son vrai nom. Mais il fallait dire qu’ayant déjà travailler dans un club d’hôte, il ne m’était pas difficile de le deviner. La « bonne soirée ensemble » me fit grimacer intérieurement et je crois que j’étais en train de regretter d’avoir mis les pieds dans cet établissement. Il devait y avoir de meilleures façons pour savoir comment ça se jouait entre hommes... Néanmoins, il n’y avait que dans ce genre d’endroit où on pouvait être proche l’un et l’autre. Je n’avais qu’à me dire que c’était pour le boulot, qu’il y avait une caméra quelque part, prête à enregistrer la scène qui allait suivre. Si je me plongeais correctement dans mon rôle d’acteur, ça irait certainement.

Ne prêtant pas attention au fait que la distance entre nous était encore assez convenable, je détournai machinalement mon regard en voyant une sublime femme passée près de moi, accompagné d’un autre employé du club. Sa robe moulée lui allait tellement bien que j’aurais donné cher rien que pour être à la place de l’homme à ses côtés. Il était certain qu’elle ferait une plus belle compagnie que ce « Takumi » avec sa queue coincée entre les jambes. Ah. Ah. C’était le cas de le dire. Mais je mentirais si je rétorquais qu’il n’exécutait bien ses tâches puisqu’il me sortit de mes rêveries en prenant bien soin de préciser que tous mes désirs « seraient exaucés ». En guise de réponse, je lui accordai un immense sourire puis sortant mon miroir, je lui indiquais que j’avais envie de champagne. Tant qu’à faire une soirée folle, avec une bouteille de champagne elle le serait encore plus. Pendant ce temps, j’en profitai pour remettre correctement mes cheveux qui avaient été légèrement secoué et défis le pli qui s’était créé sur ma chemise.

- Tous mes désirs seront exaucés ? Répétais-je alors innocemment en prenant la coupe, Je ne demande que ça.

Pas vraiment non. La sortie ne devait pas être bien loin, je suppose que je pouvais encore m’y enfuir discrètement. Chose que je ne fis pas. Au lieu de ça, comme un bon acteur qui se respecte, j’étais venu glisser mes doigts sur sa cuisse en l’invitant à se rapprocher un peu plus. De ma main libre, je trempai mes lèvres dans le verre, ne pouvant retenir la douce exclamation quant aux délices de cette boisson. Le goût était succulent. Certainement plus que cette jambe que je m’amusai à caresser suavement. Toujours de cet air innocent, j’arborai une fine esquisse et lui tendis la coupe, sans lâcher l’emprise que j’avais dessus. Si on omettait le fait que c’était un homme, ça aurait probablement pu être excitant et intéressant. Malheureusement, je ne pouvais pas oublier une telle chose et encore moins me dire que cet hôte était une femme puisqu’il n’en était pas une. Toutefois, si je pouvais bien répliquer quelque chose, ce serait...

- En fait, ce n’est pas si compliqué.

Je l’avais déclaré dans un chuchotement, presque pour moi-même, ne m’apercevant pas que j’avais pensé tout haut. Seulement, c’était certainement parce que, hormis des regards et quelques petites caresses, cela n’était pas allé plus loin. Donc, c’était facile. Quand je serai sur le tournage, ce serait différent, je le savais. Mais cela n’en restait pas moins un bon entraînement et ce gars allait m’aider. Peu importait s’il ne connaissait rien de mes intentions ni du fait qu’en réalité, j’étais plus attiré par la femme assise sur le canapé derrière lui que par les boules qu’il avait entre les jambes.

- Pardon, Riais-je bêtement, n’ayant nullement l’intention de lui faire part du fait que je n’étais pas gay et qu’il ne m’intéressait pas, Je me parlais à moi-même. Mais peu importe. Si tous mes désirs seront exaucés, rapprochez-vous. C’est vous l’hôte ici et je veux vous savoir proche.

Comme pour lui faire bien comprendre mes mots, je réduisis l’infime distance entre nous et avançant mes lèvres près de son oreille, dans un chuchotement des plus sensuels, j’ajoutai un « beaucoup plus proches ». En effet... Pour le moment, ça n’avait rien de compliqué. Parce que j’essayais de me mettre dans mon rôle cependant dés que la situation se corserait un petit peu plus, j’en rigolerais moins. C’était certain.

En fait, non, ça ne me plaisait pas du tout. C’était juste trop bizarre et complètement écœurant. Je me retins de me crisper lorsque l’host entoura son bras autour de mon cou. A défaut, je l’observai dans les yeux et essayai de mettre vainement le visage d’une fille à la place de cette tête complètement masculine. Mais je n’y parvins pas. Comment ce genre de relation et de sentiments pouvait-il exister ? Je ne comprenais pas. Il n’y avait aucun intérêt, aucune attraction, aucun désir. Il n’y avait rien de mieux que la chair d’une sublime jeune femme et de ses formes placées correctement là où ils étaient. Non, décidément, c’était trop étrange et je peinais à saisir les gens gays. En quoi il prenait du plaisir là-dedans ? J’avais envie de grimacer cependant je n’en fis rien, me disant que c’était malheureusement un entraînement et que j’allais devoir faire pire le jour suivant. Seulement parfois je me trouvais tout aussi bizarre que ces gens-là pour avoir des idées pareilles. Il fallait que je m’y habitue et je ne pouvais pas le faire au boulot... Je me ferais réprimander si je n’effectuais pas les choses correctement, quand bien même j’étais l’un des acteurs des plus populaires. Soufflant intérieurement, j’adressai à ce garçon l’un de mes plus beaux sourires, songeant au fait que non, il n’était pas encore assez proche.

Enfin, bien sûr que si il l’était et ça m’arrangerait si on gardait cette distance là cependant, si ça avait été une femme à sa place, on aurait du l’être un peu plus non ? Logiquement. Satané gays. Pourquoi fallait-il qu’ils existent ? Je l’écoutai me parler et même s’il ne pouvait pas le voir, je fronçai les sourcils quand il me caressa les cheveux. Honnêtement, j’adorais ce genre de geste et j’étais toujours sensible quand on me les câlinait néanmoins paradoxalement, je ne supportais pas ça. Premièrement, parce qu’il s’agissait d’un autre homme et deuxièmement parce que cet abruti allait complètement me décoiffer. Mais je suppose que je n’avais pas vraiment le choix. C’était un film. J’étais en train de tourner un film et je n’avais pas mon mot à dire. Je devais réellement me concentrer là-dessus. Sauf que parler de moi ne faisait pas partie du plan. Même s’il m’avait dit que j’étais beau, ce gars ne le pensait pas. A moins qu’il soit lui-même homosexuel, ce que je doutais sincèrement au vue de ses agissements. Ou alors, il n’assumait pas encore son orientation. Dans tous les cas, je savais qu’il rétorquait cela pour me faire plaisir puisque c’était le rôle d’un host.

Souriant, je me contentai d’hausser les épaules, amenant ma coupe de champagne à mes lèvres. Qu’est-ce que je pouvais bien lui dire ? Je n’allais quand même pas lui raconter que j’étais acteur porno, ça casserait ma couverture. Et si je parlais du Konbini, j’ignorais s’il me croirait au vue de mes vêtements, de mon style aussi, qui montrait que j’avais tout de même assez d’argent. Et ce n’était pas mon travail secondaire qui me permettait d’avoir de tels revenus.

- Il n’y a pas grand chose à dire, Soufflais-je alors en tournant mon visage près du sien, J’ai juste envie de me détendre un peu, de prendre un peu de bon temps... Tamaki-chan.

Proche. Trop proche. J’ignorais comment je faisais pour rester encore aussi normale et ne pas fuir. Inclinant ma tête sur le côté, je l’observai avec plus d’attention songeant au fait que c’était juste un garçon quelconque. Il n’y avait pas de quoi se tracasser et peut-être, pourquoi pas prendre ça comme une nouvelle expérience ? Je souris puis inspirant profondément, je réduisis la distance en déposant mes lèvres contre les siennes. Hors, j’étais incapable de faire plus qu’un simple smack et me reculai aussitôt. Tournant la tête à l’opposé de mon vis à vis, je grimaçai puissamment avant de finir mon verre cul sec. Je venais d’embrasser un mec. Mon image toute entière venait d’être entachée. Je ne pouvais réellement pas faire ça... Zen...

- Champagne ?

Un grand sourire, feintant l’innocence, je pris la bouteille et le servit alors que ça aurait normalement dû être le contraire.

- Désolé, M’excusais-je, faussement gêné en passant une main nerveuse dans ma chevelure châtaine, Je me suis un peu laissé emporter.

Tu parles. Quel con. Qu’est-ce que j’allais faire si ce gars avait pris ce geste comme des avances, qu’il prenait son job au sérieux et qu’il tentait d’aller plus loin ? Je le repousserais. Je dirais que c’était un pari puis m’enfuirai en courant pour ne plus jamais remettre les pieds là-dedans. Voilà, je ferais ça.

Trop choqué, je ne remarquai pas de suite le jeune homme qui était parti, certainement tout autant dépité que moi. Je n’en revenais pas d’avoir osé faire ça. Bien sûr si on observait correctement les choses, ce n’était pas si grave en somme puisqu’il ne s’agissait là que d’un vulgaire baiser et qu’honnêtement, ce que je faisais tous les jours était tout aussi malsain qu’embrasser un mec. Cependant, je ne parvenais pas à concevoir la chose quand bien même je n’avais pas vraiment le choix. Sauf que pour ce soir, j’avais certainement atteint ma limite et je suppose qu’il allait falloir que je demande à mon patron de m’accorder quelques moments de répits avant de m’obliger à tourner ce porno gay. Peu importait si ce n’était que pour un film, que c’était un rôle, je ne pouvais pas accepter ça pour l’instant. Comment font ces individus pour aimer ça sérieusement ? Et ce n’était sans parler de comment ils couchaient ensemble en plus. Se prendre un bâton dans le cul, ça ne doit pas être très agréable. Pour la peine, je me servis une autre coupe de champagne. A force, la bouteille serait finit avant que ce garçon ne revienne.

Je songeais à partir, mon regard vaquant de partout dans la salle, s’égarant en particulier en direction de la sortie mais une partie de moi me forçait à rester assis sur cette banquette. Je savais que je ne continuerais pas ce petit jeu pourtant c’était comme si soudainement on avait fixé mes fesses avec de la colle glu afin que je ne puisse plus m’enfuir. S’il s’agissait d’une blague de gay, ce n’était vraiment - mais alors vraiment - pas drôle du tout. J’avais envie de me cacher dans le fond d’un trou, de me purifier les lèvres bien que je doute que cela ne soit pas la meilleure des solutions et de rentrer chez moi pour me nicher sous ma couette, oublier cet atroce moment.

Observant encore les alentours, je poussai un profond soupir en me disant que ce n’était pas une très bonne idée de s’être rendu ici. Je savais déjà que je n’étais pas net dans ma tête mais j’en avais la confirmation aujourd’hui. Il n’y avait que moi pour agir aussi stupidement. Détournant mon regard, je remarquai « Tamaki » qui revenait et au vue de l’expression qu’il affichait, j’avais compris que j’avais peut-être abusé. Le pauvre. Ou pas vraiment en fait. Quitte à être choqué, autant l’être à deux sinon ce ne serait pas équitable. S’il avait apprécié, je crois que j’en aurais été encore plus écoeuré. Dans tous les cas, son état semblait être encore pire que le mien. Par politesse, j’inclinai ma tête en guise d’excuse lorsqu’il me demanda de ne plus recommencer. Cela ne risquait pas d’arriver qu’il ne s’inquiète pas.

Installé à une distance plus normal de lui, j’avais quand même envie de rire à ce qu’il me racontait. Cela n’était qu’une preuve que j’étais un bon comédien puisqu’il me croyait sérieusement gay et en manque en plus de ça. Sincèrement avec ce que je vivais tous les jours, je crois que j’étais tout à fait rassasié à ce niveau là bien que cela n’en restait pas moins différent que d’avoir une relation normale avec quelqu’un. Mais ce n’était pas le moment d’émettre un débat entre le porno et la réalité.
Gentiment, ne pouvant me retenir, je lui tapotais la cuisse comme si je compatissais avant de me servir un dernier verre.

- Je ne peux pas vous répondre parce qu’en vérité, je ne suis pas gay. Excusez-moi pour ça.

Il allait me prendre pour un fou, complètement déjanté mais peu importait. M’emparant une nouvelle fois de mon miroir, je contemplai mon reflet avec attention, corrigeant les petites imperfection dans mes cheveux pour le ranger à nouveau et adresser le plus beau de mes sourires à mon vis à vis.

- J’avais juste envie de savoir ce que ça faisait et c’est purement dégueulasse !

Pas vraiment. Jamais je n’aurais éprouvé ce désir de savoir comment c’étaient entre deux gars, encore moins les sensations que cela procurait puisqu’il était évident que c’était répugnant, horrible, désastreux, tragique. Oh oui, plus que tragique.

- Bref désolé, vous avez l’air tellement dépité !

Je l’étais tout autant bien que je ne le montrais pas entièrement. Je crois que c’était parce que je savais au fond de moi que je n’avais pas d’autres choix que d’accepter. C’était fait et il était à présent impossible de revenir en arrière donc tant pis ? Je me purifierais les lèvres plus tard et ça ira. C’était ce que je me disais même si je me doutais que non ça n’irait pas. Si lui il n’avait eu le droit qu’à une simple embrassade, moi j’allais devoir goûter à pire qu’un vulgaire baiser entre deux mecs. Rien que cette pensée me donnait envie de courir et d’hurler dans toute la ville à quel point la vie était trop cruelle pour m’obliger à connaître une telle expérience. Bordel de merde.

Il y eut un silence mais je ne m’en occupai pas, me chargeant de boire mon verre pendant ce temps. Cependant quand il se mit à parler, mes pupilles s’étaient tant écarquillées que j’avais cru qu’elles allaient sortir de leurs réceptacles. Ce gars était tellement cru mais surtout tellement dégueulasse. Il était hors de question que je me fasse « baiser » déjà et qu’un mec me touche ! Mais puisqu’il avait l’air de s’y connaître, peut-être avait-il déjà essayé ? Franchement, il me choquait. Je n’étais pas prêt à tester une telle chose. Jamais. J’acceptais de lui pardonner parce qu’il ne me connaissait pas, qu’il ignorait mon métier et qu’il ne savait pas que c’était juste dans l’optique de savoir si j’allais accepter ou non cette idée de porno. Sauf que c’était impossible. Totalement impossible.

Dans tous les cas, je n’appréciais pas vraiment le ton qu’employé cet homme et à quel point il était en train de se ficher de moi. J’étais d’ailleurs même certain qu’il me croyait vraiment gay. Je ne l’étais pas ! Je devais tourner un porno gay, j’essayai de me préparer, un tant soit peu à la chose. Sauf que non, je dirais à Yamada-san que je ne pouvais pas. Il finirait bien par comprendre. De toute façon je n’allais pas me forcer à faire une chose pour laquelle j’étais contre. S’il y en avait qui acceptait de se la prendre par derrière ou de la mettre dans le derrière d’un autre, ça ne me concernait absolument pas ! J’aurais dû être clair dés le départ quand j’avais signé le contrat. Seulement j’étais peut-être encore trop jeune, trop naïf aussi et ça m’avait paru comme une évidence.

Soupirant des paroles du jeune homme assis près de moi, je m’approchai de lui avant d’élancer deux de mes doigts contre son front pour ensuite l’obliger à s’allonger sur le canapé. Je me fichais de ce qu’en pensait les autres présents autour de nous, uniquement ce garçon ne m’intéressait pour le moment. Et inconsciemment, il m’avait provoqué. Positionné au-dessus de lui, je le tenais par les poignets afin qu’il ne soit pas tenter de s’échapper.

- Quelque chose à moitié fait ? Demandais-je d’un sourire en coin, commençant à le tutoyer presque machinalement, Tu me connais ? Non. Elle te dérange cette position hein ?

J’avais bien compris dés le début que ce Tamaki n’aimait pas trop la proximité. Je suppose avec les hommes et dans ce cas on était deux néanmoins exceptionnellement, c’était pour la bonne cause.

- Pour tout te dire... Je suis censé en baiser un demain normalement alors je voulais voir un minimum si ça me dérangerait. Mais je dois avouer que toi, tu es plutôt marrant. Quand bien même c’était dégueulasse...

Lui tapotant le ventre, amusé, je descendis de lui et du sofa par la même occasion avant de défroisser mon pantalon puis de me recoiffer quelque peu.

- Merci, au moins maintenant je sais que la réponse sera « non ».

Il ne devait pas comprendre néanmoins je parlais de ce que je dirais à mon patron le jour suivant quand j’arriverais au boulot.

- Par contre, je suis navré, je n’irais pas me faire « baiser ». Mais vu que tu as l’air de t’y connaître, je te le souhaite de tout mon coeur.

Je lui accordais un immense sourire comme pour qu’il comprenne que justement il pouvait aller se faire « baiser » bien profondément. Et tout ceci pensé avec le plus humble des politesses. Bien évidemment.

Me le proposer ? Il était sérieux ? Bon, je doutais que non il ne l’était pas cependant ce n’était pas une excellente idée de rentrer dans ce jeu là avec moi. J’aurais pu vouloir jouer aussi. Enfin, du moment que ça ne déraille pas trop loin. Parce qu’il n’en restait pas moins un gars et qu’autant dire, il n’avait pas vraiment les formes là où il en fallait. Je m’étais contenté d’hausser les épaules, détournant mon visage ailleurs à cause de la fumer de sa cigarette. Franchement, aucun respect. En plus c’était mauvais pour la santé. Etait-il au courant au moins de ça ? Je suppose que oui cependant beaucoup étaient ceux à trouver cela « classe » alors que personnellement je considérais la chose comme pitoyable. J’avais déjà essayé une fois, pour le fun et pour prouver que cela n’avait aucune utilité. J’en avais été écoeuré. Mais soit, si cet homme avait envie de se bousiller les poumons, ce n’était pas vraiment mon problème.

Je le laissai me raccompagner sans rien dire. Après tout autant qu’il fasse son travail jusqu’au bout. Je remis correctement une mèche de mes cheveux derrière mes oreilles avant de froncer les sourcils à l’entente des mots qu’il me chuchotait à l’oreille. Qu’est-ce qu’il connaissait de moi ce pauvre idiot ? Je ne lui avais donné que ce qu’il méritait, il s’était retrouvé « coincé » la plupart du temps et il espérait avoir plus ? Surtout qu’en plus de cela, il avait arrêté de jouer son rôle et m’avait considéré comme un véritable gay. Chose à ne pas faire, en partie quant on est host. Ce n’était pas une bonne idée de donner son avis et il fallait rester ancré dans ce personnage que l’on se créait.

- Tu ne me connais pas, Dis-je avec le même sourire que lui, Et tant mieux pour toi si tu es content de te coltiner des vieilles à longueur de journée. Je crois que je préfère quand même mon métier.

C’était même certain. Seulement si on se lançait sur ce sujet là, moi j’avais le droit à la compagnie de belle femme pratiquement tous les jours et j’étais mieux payé que lui. Mais ça, il n’avait pas forcément besoin de le savoir.
N’effaçant pas l’esquisse accroché à mes lèvres, je sortis quelques billets que je glissai dans sa poche.

- Ce n’est pas à cause de ce que tu as dit, mais plus par compassion.

Amusé, je lui tapotai l’épaule en accompagnement à mes paroles.

- Parce que se taper des mecs et des vieilles... Bravo. Je me demande même comment tu fais pour rester si calme !

Peut-être qu’il s’en était déjà pris une ? Et qu’il y avait tellement pris son pied que maintenant, il avait constamment l’air détendu... J’en doutais mais qui sait. Après tout c’était lui qui m’avait fait une proposition bizarre et non le contraire.
En guise de salue, j’agitai ma main puis quittai les lieux ensuite. Bien que je ne pouvais ni le voir ni l’écouter, j’entendais déjà ce Tamaki soupirer de soulagement. Et moi j’étais bien content de ne plus travailler dans un club d’hôte. Enfin à sa place, j’aurais probablement fui depuis longtemps. Ce que j’avais fait d’ailleurs.