We can have fun on a love hotel ! • |

« Hey, t'es déjà allée dans un love hotel ? » « Non, et toi ? » « Non plus... On y va ? » « Oui !! » ; on pourrait croire que ces deux-là avaient surpris une conversation entre deux jeunes adolescents écervelés, ayant soif de découverture et plus si affinité... Mais non, il s'agissait bien là de leurs mots, leurs mots à eux, leurs idées farfelues à eux, leurs bêtises à eux. Eux, et eux seuls.
La moyenne d'âge ? Environ 26 ans... Enfin, ça, c'était sur le papier uniquement. En réalité, elle devait tourner autour des... 9/10 ans peut-être ? Là encore, c'était parfois généreux quand on voyait ces deux cas.
Parce que oui, ils étaient des cas. Des cas gentils et bien mignons, mais des cas quand même.
Se marier sur un coup de tête, comme ça, parce que ça semblait se prêter au moment ne suffisait pas. Oh non... Ils devaient faire quelque chose d'un peu plus fou encore !
Ils auraient pu grimper une montagne, aller faire du cheval au bord de la plage, aller déguster de bons plats dans un bon restaurant... Ils auraient pu, oui, mais ça n'aurait pas été assez original pour eux.
Aller dans un love hotel, ça par contre, c'était dans leurs cordes.

En les voyant là, parler et presque débattre sur la chambre à choisir, on pourrait croire qu'ils venaient pour étendre leur culture sur le plaisir, le désir, et autre chose terminant en -ir … mais non. S'ils étaient là, c'était seulement parce qu'ils étaient, il fallait bien l'avouer, un peu dérangé du cerveau, et qu'ils s'ennuyaient. Et aussi qu'ils avaient des idées bizarres, mais ça, tout le monde le savait déjà.
Yui avait l'impression d'être dans un magasin de jouets. D'être devant des tas de nouveaux jouets. Il y en avait pour tous les goûts, et de toutes les couleurs. Elle hallucinait presque en voyant qu'il y avait une chambre spécialisée sur Hello Kitty. Sérieusement ? Il y avait vraiment des gens qui la choisissaient celle-là ? Enfin, apparemment oui.
Elle, ça la mettrait plutôt mal à l'aise de se retrouver dans une chambre pleine de peluches. Déjà parce que ce serait assez inquiétant... Et si les gérants avaient caché des caméras dans les yeux des peluches ? Yui avait vu un film comme ça où le méchant cachait des caméras dans les peluches. Effrayant... Mais en plus, elle aurait vraiment du mal à se sentir bien dans un monde rose. C'était pas vraiment son délire. C'était quoi son délire d'ailleurs ? La chambre SM ? Hum, non, un peu trop violent tout de même.
L'envie de fouetter Kyohei était parfois présente, mais ce n'était certainement pas pour le plaisir qu'elle le ferait. Elle jeta un rapide coup d’œil vers son mari, haussant le sourcil, tout en se demandant si c'était ce qui le faisait vibrer. Heureusement non, cette chambre-là ne lui plaisait pas non plus.
Yui eut alors le coup de foudre pour l'une des chambres proposées : Tarzan. C'était son élément ! Cette chambre était faite pour elle, quoi qu'on dise, quoi qu'on fasse, elle défendrait ce point de vue. Elle était Tarzan. Sans les attributs masculins certes, mais elle était Tarzan. Elle adorerait se balancer de liane en liane en criant à tout va. Elle adorerait discuter tranquillement avec ses amis les animaux autour de la rivière.

La chambre à thème Tarzan fut donc la chambre qu'ils avaient choisi. Agissant comme une vraie gamine, Yui ne pouvait s'empêcher de sautiller tout en se rendant vers la porte, à la fois curieuse et excitée de découvrir ce qu'il se trouvait derrière. Son mari ouvrit alors la porte, et ne pouvait s'en empêcher, elle se pencha presque immédiatement sur son dos pour pouvoir voir à l'intérieur. Elle entra directement à la suite de son époux, refermant la porte derrière eux, alors que sa bouche s'ouvrait peu à peu. Ses yeux s'écarquillaient au fur et à mesure qu'elle apercevait la décoration de la chambre. Elle ne put s'empêcher de rire en sentant l'odeur de l'herbe remonter dans ses narines. Ils avaient vraiment tout fait pour que les clients s'y croient... Impressionnant.
Elle abandonna donc Kyohei pour faire le tour de la chambre, s'émerveillant à chaque fois. Les sièges en velours étaient confortables ; elle en avait rapidement testé un. Le matelas semblait être un matelas de bonne qualité ; elle s'y attendait un peu en même temps, ils n'avaient pas choisi n'importe quoi non plus.
Voyant son cher et tendre sortir de la salle de bain, elle s'empressa de s'y engouffrer pour découvrir ce qui l'avait retenu là-dedans. Un « Waaaaaaaaaow !!! » bien sonore résonna plusieurs secondes dans la pièce alors qu'elle tournait sur elle-même pour tenter de tout voir. C'était vraiment beau ! Elle voulait la même salle de bain à la maison... Bon, elle n'était pas spécialement fan des vitres transparents, un peu d'intimité n'était parfois pas de refus, mais l'ensemble lui convenait. Un peu trop même.
Elle se pencha quelques secondes sur la baignoire, s'imaginant déjà se prélasser là-dedans et profiter et faire plein de bulles et de mousse et .. Enfin oui, elle se voyait bien là dedans.

Elle rejoignit rapidement son mari autour du lit, s'amusant toute seule en voyant cette liane accrochée au mur. Elle ne savait pas comment elle avait fait pour la rater en entrant... mais c'était vraiment bien trouvé ! Elle l'attrapa doucement, la tirant quelque peu, avant de la faire balancer lentement.
Une liane, une Yui, assez d'espace pour s'y accrocher... Aaah... elle se voyait déjà se balancer tout en criant, prête à bondir sur tout ce qui bougeait, prête à bondir pour mordre et sauver sa Jane. Jane ? Enfin... Kyohei, plutôt. Pareil...

Perdue dans ses idées, un sourire bien trop amusé sur les lèvres, elle tourna lentement la tête vers son mari quand il l'appela. Elle haussa alors un sourcil, mais qu'est-ce qu'il tenait là... ? Des menottes ? Vraiment ? Il y avait des menottes dans la chambre ? Deux minutes ! Elle n'avait pas souvenir que Tarzan utilisait des menottes... ou alors elle avait pas vu le même film que les gérants.
Elle mima alors une mine faussement surprise, avant de se mettre à rire et de s'approcher de son mari. Mais celui-ci la mit en garde. Elle leva alors les mains, clamant l'innocence. Elle n'avait pas vraiment le temps de se perdre dans des pensées pas très catholiques, elle avait trop de pensées farfelues qui lui trottaient en tête.

« Tu comptes faire quoi avec ça, hein ? », demanda-t-elle en reculant prudemment, « Fais attention ! Je tape fort, et en plus... », commença-t-elle tout en retirant ses chaussures avant de grimper sur le lit, « J'ai une liane, moi ! »

Eh toc, t'avais pas ça toi hein, une liane... Eh oui, elle avait 24 ans. On pouvait encore la pardonner... non ?
Tenant fermement la liane entre ses mains, elle se mit à la faire bouger en direction de Kyohei, histoire de le prévenir qu'il ne devait pas trop s'approcher.
Un large sourire amusé aux lèvres, elle se mit à s'accrocher faiblement à la liane, gardant les pieds sur le lit et se balançant quelque peu.

« Aaaaaah ~ », se mit-elle à « crier », « J'essaie d'imiter Tarzan. Je l'imite bien, hein ? Dis pas non ou j'te tape »

Malgré la violence de sa phrase, un large sourire amusé se dessinait sur ses lèvres alors que ses yeux se mettaient à briller de malice. Gamine. Non, pire encore.

« Moi être Tarzan », lâcha-t-elle soudainement, les yeux froncés, s'accrochant à sa liane comme si sa vie en dépendait, « Toi être... », Jane. Yui mourrait d'envie de le dire, mais elle préférait s'amuser, gardant ce même sourire sur ses lèvres. Elle lui offrit alors un clin d’œil, avant de se mettre à rire sans pouvoir s'arrêter.
De vrais gamins, voilà tout.

Deux gosses. On mettait deux gamins dans un tel endroit, certainement qu’on obtiendrait la même chose. Quoi que... Même les enfants de nos jours ont conscience des activités d’adultes alors bon. Mais eux, ils dépassaient l’inimaginables. On pourrait presque les envoyer à un « incroyable mais vrai ». Déjà qu’ils se mariaient sur un coup de tête, voilà qu’à présent on les retrouvait dans un love hôtel sous prétexte que « ça devait être cool » et même pas pour leur devoir familiale. Franchement, ils étaient désespérants. Qu’on les arrête ou qu’on leur explique que cet endroit n’existait pas pour jouer aux gendarmes et aux voleurs, encore moins à Jane et Tarzan. Les pauvres... Ils n’étaient plus des enfants pourtant... Un sourire amusé, Kyohei continuait à faire tournoyer les menottes autour de son doigt alors que son épouse le menaçait avec sa liane. Elle espérait faire quoi avec ça ? L’étrangler ? Non, se jeter dans les airs apparemment. Le jeune homme en était effrayé. Terriblement tétanisé. Tellement qu’un doux rire s’était échappé de ses lèvres en la voyant faire, songeant que Yui était loin de faire féminine dans ce geste mais il avait appris à la connaître et il l’appréciait justement ainsi. Yui ne serait pas Yui si elle commençait à jouer aux filles niaises, incapables de se débrouiller tout seul et qui pleuraient pour un vulgaire bobo. A choisir, il préférait largement l’aventurière, celle qui se démenait pour s’en sortir et n’attendait pas à ce qu’on vienne la sauver pour commencer à se battre.

Dans tous les cas, comment lui dire que « non » elle n’imitait pas bien Tarzan, que sa voix restait malgré tout un peu trop aigu pour que ça lui ressemble. Le magicien n’avait pas souhaité la contrarier alors il s’était contenté d’hausser les épaules tout en l’observant délirer avec cette liane. Déjà que lui se disait spécial mais sa femme semblait avoir atteint un degré encore pire que le sien. Ses sourcils se froncèrent machinalement lorsqu’elle s’arrêta pour le nommer à son tour. Si elle disait « Jane », c’était lui qui risquait de ne pas être très content là. De son regard, le garçon avait plissé ses yeux de manière à la convaincre de ne surtout pas laisser sortir le fin fond de sa pensée, signe qu’elle risquait de le regretter si elle osait. Il acceptait que sa compagne se prenne pour un homme mais il refusait catégoriquement à ce qu’on le compare à une femme. Surtout pas Jane d’ailleurs. Certes, celle-ci devenait plus intrépide au fur et à mesure que le dessin animé avançait mais elle était bien loin de ressembler à Kyohei. Il était plus mystérieux que ça et avait des traits de sa personnalité que beaucoup de ses proches ignoraient. Lui-même se découvrait parfois. Et non, il n’était pas Jane !

- Moi être rien du tout, Répondit-il avec les sourcils froncés avant de lui attraper la main pour qu’elle descende de là où elle était et cesse ses bêtises.

Un père avec sa fille, voilà ce à quoi il ressemblait en cet instant. Mais on ne relèverait pas ce détail.

- Et toi, pas être Tarzan non plus. Je suis navré de te décevoir mon coeur mais physiquement parlant, tu es un peu loin du compte.

Sa voix était un brin taquine, un brin désolé comme s’il venait d’annoncer à un enfant que malheureusement le père noël n’existait pas.

- Et je serais triste si tu décidais à devenir Tarzan !

Ah, les hommes. Tous les mêmes. Evidemment qu’il serait triste, elle ne serait plus la sublime Yui qu’il aurait connu, elle serait plus homme aussi. Et sortir avec un homme, Kyohei s’en passerait. Même un homme qui aurait été une femme avant d’ailleurs. Est-ce que c’était possible en fait ? Parce que des hommes qui deviennent femmes, c’était courant mais le cas contraire, ça existait ? Secouant subitement sa tête, le garçon grimaça, refusant de se mettre de telles images en tête.

- Bref, tu veux tester quoi ? Demanda-t-il ensuite en riant.

Ce n’étaient pas les objets qui manquaient et lui n’avait toujours pas lâché ses menottes. Toutefois, il sembla tout à coup attiré par autre chose, un catalogue qui était posé sur le meuble, à côté de la télévision. Intrigué, il fouilla à l’intérieur, souriant à chaque page qu’il tournait avant de l’ouvrir devant son épouse.

- Tu veux te déguiser ? Tu as tout ce que tu veux !

Enfin, « déguiser » était un bien grand mot. Evidemment, dans un love hôtel il y avait également cette possibilité là. Pouvoir mettre un costume que l’on désirait, une infirmière, un pompier, la femme de la jungle y était également d’ailleurs. Néanmoins ce qui était bon à préciser était assurément que tous ces déguisements étaient avant tout des costumes sexy. Plus que sexy même. Ce n’était sûrement pas Kyohei qui serait contre cela. Le petit pervers, on ne l’oubliait pas.

Une sorte de grognement déçu fit lentement vibrer sa gorge. Kyohei être rien du tout. Pff. Kyohei pas être drôle oui !! Il aurait pu trouver autre chose ! Pas forcément Jane, parce qu'apparemment l'idée d'être cette dernière lui déplaisait tout autant qu'à elle.
Une bouille pleine de déception au visage, elle attrapa la main de son mari et descendit doucement du lit. Elle était bien là-haut, avec sa liane. Pourquoi il ne voulait pas la laisser avec sa liane ? D'ailleurs elle en aimerait bien une à l'appartement ; mais elle était sûre qu'il dirait non donc l'idée même de lui demander ne lui traversa même pas l'esprit.

Un regard outré vint alors naître sur son visage. Comment ça, elle était pas Tarzan !? Elle était plus Tarzan que lui, d'abord. Et elle se sentait très bien en Tarzan, merci bien. Ce rôle lui allait à merveille, comme s'il était fait pour elle. Elle était faite pour être une Tarzan. Kyohei ne voulait juste peut-être s'admettre que sa femme était faite pour porter des slips léopard tout en criant au bout d'une liane.
Elle plia alors son bras, furieusement amusée, tout en pointant ses muscles du doigt. Elle ? Être physiquement loin du compte de Tarzan ? Il ne l'avait pas encore vu faire de la musculation celui-là. Elle murmura un bref « J'suis musclée » avant de croiser les bras sur sa poitrine.

Elle haussa lentement un sourcil. Pourquoi est-ce qu'il serait triste si elle était Tarzan ? Parce que sa virilité en prenait un coup ? Non, ce n'était certainement pas ça. N'empêche que Yui avait de quoi se poser la question. Elle fronça alors les sourcils, ne comprenant pas ce qu'il voulait dire par là.
Si ce n'était que pour le slip, elle pouvait faire une concession et lui céder, si c'était ce qu'il voulait. Il voulait porter le slip, et rien d'autre. Par contre, la liane, ça restait la sienne, fallait pas abuser non plus. Liane qu'elle regarda brièvement, triste de l'avoir quittée. Elle lui promit silencieusement de vite venir la retrouver et de s'amuser avec elle.

Elle posa son doigt sur son menton à la question de son époux. Que voulait-elle tester ? La liane. Elle l'avait déjà testé mais elle ne voulait juste pas la quitter. Elle fit plusieurs signes de tête vers cette dernière d'ailleurs, pour faire comprendre à Kyohei que l'objet lui avait clairement tapé dans l’œil.
Ne pouvant quitter sa liane des yeux, et se voyant déjà y grimper pour s'y balancer et attraper des bananes, Yui ne remarqua pas que son mari s'était quelque peu éloigné pour prendre un catalogue en mains. Regardant toujours avec intérêt cette belle et somptueuse corde verte, ses pensées furent soudainement interrompues quand Kyohei lui demanda si elle voulait se déguiser.
Elle alla donc se mettre aux côtés de Kyohei et se pencha légèrement pour voir le catalogue et ce qu'il proposait. Elle ne pouvait s'empêcher de rire faiblement en voyant la tenue d'infirmière ; ça n'avait rien à voir avec le thème de leur chambre, puis c'était le genre de tenue qu'elle ne pourrait probablement jamais mettre. Elle n'aimait pas non plus se dire qu'en étant habillée ainsi, elle devenait purement et simplement un objet sexuel, et rien d'autre. C'était dégradant pour la femme, hors de question qu'elle enfile une chose pareille.

« Le pompier ça a l'air fun. T'as qu'à t'habiller en pompier. Ca t'irait bien si ça se trouve », suggéra-t-elle, le regard toujours fixé sur le catalogue, « Je crois que je vais prendre la femme de la jungle. Enfin, je sais pas. J'aimerais bien être habillée en pompier aussi. C'est cool, un pompier »

Dur dilemme. Être une femme de la jungle, une pseudo Tarzan au bout de sa liane, avec la tenue adéquat. Ou bien opter pour une tenue plus « officielle » et se prendre pour un pompier ?
Laissant le catalogue dans les mains de Kyohei, elle se mit à tourner les pages, doucement, à la recherche de THE costume. Un petit « Oh » lui échappa quand elle découvrit la tenue de policier. Un autre glissa sur ses lèvres quand la tenue de prisonnier se fit voir. Les pages se tournaient bizarrement plus rapidement quand elle tombait sur des tenues qui laissaient sous-entendre qu'elle aurait très bien de vêtements sur leur dos.
Quand son regard tomba nez à nez avec le déguisement de la femme de chambre, elle ne put empêcher un rire forcé de quitter ses lèvres. Elle murmura un bref « Autant se mettre à poil » avant de tourner la page d'un geste rageur.
Elle n'aimait pas ça, vraiment. Elle détestait ce traitement que la femme subissait. Pratiquement toutes les tenues de femmes avaient peu de tissu et laissaient certainement entrevoir plus qu'ils ne le devraient. Elle savait bien que tout ça n'était que pour le jeu du désir et tout le bla bla, mais ça ne lui plaisait pas. Les tenues des hommes, elles, étaient beaucoup mieux. Il y avait plus de tissu, et si l'homme la portait, il n'était pas immédiatement vu comme un objet avec lequel on pouvait s'amuser.

Elle s'éloigna alors de quelques pas tout en observant les lieux avant de se laisser tomber sur le lit. Elle s'assit lentement en tailleur avant de lever le regard vers sa liane qui lui tendait amoureusement les bras.

« J'aime bien la tenue du pompier. J'opte pour le pompier pour ma part. Ca doit être cool d'être un pompier... », lâcha-t-elle, rêveuse, « De sauver des vies, de braver les flammes, d'affronter vents et tempêtes pour secourir son prochain... »

Un léger soupir franchit ses lèvres. Elle était là-bas sa vie rêvée. Ca aurait dû être ça son métier ! Et pas bibliothécaire. Elle ne sauvait personne, elle ne ressentait aucune adrénaline, elle n'avait pas peur de mourir toutes les secondes.

« T'as envie de te déguiser en quoi toi ? », demanda-t-elle en baissant la tête pour regarder son mari, « En femme de chambre ? »

Elle ne put alors s'empêcher de rire tout en l'imaginant dans cette tenue. Elle agita rapidement sa main devant elle, avant de murmure un rapide « Désolée ». Elle se racla la gorge, et offrit un petit sourire à son époux.

« Sérieusement, tu prends quel déguisement Rambo ? »

Et hop, un nouveau surnom louche a ajouté au catalogue personnel de Yui sur les surnoms bizarres. Oh et puis... ça devait plus lui faire plaisir de se faire appeler Rambo que Jane... non ?

Pourquoi tenait-elle absolument à se mettre en pompier ? Femme de la jungle c’était très bien. Tarzan made in « féminin », ça lui correspondait. Certes, la tenue était ultra sexy mais qui ça dérangeait ? Pas lui en tout cas. Pervers. Par contre, il était d’accord pour le déguisement de pompier. Il n’avait jamais été assez courageux pour faire un tel métier cependant s’imaginer être un héros, ça pouvait être chouette. Une fois dans sa vie il aurait l’impression de servir à quelque chose et qui savait, peut-être même d’être beau. Enfin ça... Kyohei n’avait pas assez confiance en lui pour se permettre de penser sérieusement ainsi. C’était vrai que tous ces costumes étaient fait pour être sexy, pour augmenter le désir entre les partenaires mais lui doutaient que cela soit le cas de sa compagne. Et ce n’était pas son but de tenter de la charmer non plus... Quoi que... Ca aurait pu. Mais si c’était pour se faire rejeter bêtement, le magicien préférait éviter. Dans tous les cas, Yui ne porterait pas de costume de pompier. Si quelqu’un devait se déguiser en pompier ici, à choisir, ça serait lui. Il en était convaincu.

Parfois, il ne la comprenait pas. Pourquoi à tout prix vouloir des rôles d’hommes ? Elle était une femme, une belle femme en plus de cela et en toute sincérité, Kyohei trouvait cela dommage qu’elle néglige ce côté là de sa personnalité. Jamais il ne la forcerait à porter de telle costume si elle ne le voulait pas et peu importait ô combien le fantasme pouvait être grand, il n’en était pas au point de l’obliger à faire quoi que ce soit. Evidemment, ce serait mentir de dire qu’il ne souhaitait pas qu’elle s’accepte un peu plus. Enfin ça, il savait que Yui s’acceptait mais elle avait toujours cette manie à vouloir à tout prix être à la même échelle que les hommes. Il la respectait sérieusement, l’appréciait telle qu’elle était cependant par moment il avait l’impression qu’avec ses convictions, sa femme passait à côté de nombreuses choses. Peut-être qu’il s’agissait là également d’un complexe. Encore plus lorsqu’elle faisait de lui la « femme » alors là. Ca n’allait pas se passer comme ça. Il acceptait être assez frêle physiquement, de ne pas avoir l’air très fort non plus néanmoins il fallait arrêter de se fier aux apparences. Il n’aimait vraiment pas ça. Tellement que ses sourcils s’étaient froncés au propos de son épouse et qu’il devait se retenir pour ne pas la gronder à nouveau.

- Je ne prends aucun déguisement, Déclara-t-il en croisant ses bras à son torse, Depuis quand c’est moi qui dois porter une tenue de femme hein ?

Ah. Vraisemblablement, on avait touché un point sensible. Cela ne lui plaisait pas du tout. Mais alors, pas du tout. Il ne disait que c’était obligatoirement son rôle à elle, seulement, c’était elle la femme donc il n’avait aucune raison d’aller porter une robe ! Non mais comment le voyez-t-elle ?

- Que tu le veuilles ou non, c’est moi l’homme du couple !

Au vue des circonstances, il fallait peut-être mieux de le préciser puisque la demoiselle ne paraissait pas s’en être rendu compte.

- Je vais vraiment finir par t’attacher si tu continues tes bêtises !

C’était à se demander s’il était sérieux ou non mais au vue du sourire discret qui traçait ses lèvres pendant qu’il s’amusait à faire tournoyer ses menottes, on se doutait que oui, il plaisantait. Hors, il valait tout de même mieux à sa femme qu’elle ne le cherche pas trop.

- Et arrête avec cette liane. Il y a sûrement d’autres choses à se faire que de se balancer sans arrêt. Je ne sais pas moi... On peut se mater un porno si tu veux ?

Non. Kyohei, non. Tu n’as pas osé proposé ça quand même ! Au cas où tu l’aurais oublié, c’est quand même ta femme, la personne à qui tu parles. Pourtant, nullement outré, de sa main, il avait désigné la télévision d’un air tout à fait stupide et innocent. Il était inutile de se voiler la face, tout le monde savait à quoi servait cette maudite télévision. Pas pour se regarder Pokémon en tout cas.

Il lui demandait si elle voulait un déguisement et finalement il n'en prenait aucun. Pour Yui, ce n'était pas logique. Elle pensait qu'ils allaient s'amuser à tous les deux à se déguiser en pompier, policier ou Spiderman, et finalement rien. Il était pas d'humeur comique aujourd'hui ou bien ?
Elle regarda un instant avant de pencher la tête sur le côté. Et depuis était-ce à la femme de porter le costume de femme ? Cela voulait-il dire que la femme ne devait porter que des costumes destinées à elles-mêmes. Elles ne pouvaient donc pas porter un costume de Batman, pompier, ou militaire ? Ca, ce n'était pas logique.

Elle avait la soudaine impression qu'il s'énervait, tout seul dans son coin. Pourquoi lui précisait-il ça ? Donnait-elle l'impression de ne pas avoir compris qu'elle s'adressait à un homme ? Elle savait bien qu'il était l'homme entre eux deux, ça se voyait, elle n'était pas aveugle non plus. Le reste n'était que de l'humour. N'avait-il vraiment pas actionné le bouton « drôle » aujourd'hui ou quoi ?
Un faible soupir quitta ses lèvres alors qu'elle restait silencieuse sur le lit. Elle se mit à se balancer légèrement d'avant en arrière, puis se mit soudainement à rire sous la remarque de son mari. Et bien voilà, bouton « drôle » enclenché.
Elle secoua la tête légèrement, avant de mimer une mine faussement apeurée et surprise.

« M'attacher ? Moi ? »

Elle était un ange voyons, personne ne voudrait l'attacher. Tiens, elle aurait dû choisir la tenue de l'ange, elle l'avait vue dans le catalogue. Elle prit alors une mine de petite fille triste, souhaitant demander à son cher et tendre de laisser sa liane tranquille ; on ne touchait pas sa liane, elle était gentille sa liane en plus, non mais !
Finalement ses mots furent remplacer par un autre rire alors qu'elle se tenait légèrement le ventre. Au bout de quelques minutes, elle se calma, et un large sourire amusé étira ses lèvres.

« Faisons ça ! »

Quoi ? Comment ça ? C'était quoi leur délire à ces deux-là, hein ? Déjà qu'ils venaient dans un love hotel pour se « marrer », voilà qu'ils allaient se regarder un porno. Où était la logique là-dedans ? C'était à se demander s'ils ne s'étaient pas cognés la tête trop fort avant de sortir de chez eux... Ou peut-être que leurs mères les avaient fait tomber sur la tête à la naissance ? Ceci pouvait expliquer cela.

Yui se leva d'un bond, et partit fouiller dans le meuble près de la télé. Ils devaient bien avoir ça quelque part. Ils avaient bien des tenues loufoques, des lianes et des vitres transparentes. Ils devaient bien avoir au moins un porno dans la chambre...

« Trouvé ! », lâcha-t-elle en brandissant fièrement le dvd.

Elle regarda alors la pochette un instant avant de lire le titre à haute voix pour que son mari sache lui aussi dans quoi il se lançait « Tarzan, et la liane magique »
Elle pencha la tête d'un côté, puis de l'autre, avant de se tourner vers sa liane qu'elle observa de longues secondes sans rien dire, et sans bouger. Étrangement, elle la trouvait moins mignonne d'un coup.
Elle alla donc insérer le dvd dans le lecteur prévu à cet effet avant de grimper rapidement sur le lit. Elle tapota doucement à côté d'elle, incitant son mari à venir la rejoindre.
Elle s'installa ensuite le plus confortablement possible.

« Ca te dit qu'on commente en se moquant des acteurs, de l'histoire et de la manière de filmer ? »

On dirait pas un peu qu'elle avait l'habitude de faire ça ? Si. On dirait.
Elle était bizarre. Vraiment trop bizarre. Kyohei devait se demander qui était la personne qu'il avait choisi d'épouser. Et s'il avait su, il aurait peut-être réfléchi à deux fois avant de faire cette proposition loufoque.

« T'es prêt ? »

De toute façon, prêt ou pas, elle ne laissa pas le temps à son époux de dire quoi que ce soit. Elle appuya sur le bouton « play » de la télécommande tout en riant légèrement.
Ca promettait d'être bien drôle tout ça !

« C'est partiiiiiiiiiiii ~ »

Bien sûr que c’était elle qu’il comptait attacher. Yui voyait-elle quelqu’un d’autre dans cette pièce que son mari pourrait attacher ? Puis, ça n’aurait pas eu la même valeur s’il s’agissait d’une autre personne. C’était marrant et intéressant, si c’était sa femme. Autrement il n’y avait aucun intérêt. Pour une fois, il n’y avait aucun esprit déplacé - peut-être un peu - il trouvait la situation amusante. Jouer aux gendarmes et aux voleurs, c’était cool. Le jouer avec son épouse, il y avait un brin de piment en plus. Néanmoins Kyohei savait que s’il prenait du plaisir à tourner ses menottes autour de son doigt, il ne serait pas capable d’aller l’attacher au lit afin de la dominer de tout son être parce qu’il n’aimait pas ce genre de sentiments. Que cela soit en amour ou dans le simple désir, cela le dérangeait que l’un puisse être plus dépendant, plus soumis que l’autre. Il n’avait jamais compris l’intérêt là-dedans et on lui dirait sûrement qu’il était vieux jeu mais c’était sa façon de pensée. Surtout que c’était justement à cause de ce genre d’individu que sa compagne avait des idées bizarres après et voulait être égale aux hommes. Dans ce genre de moment, il pouvait la comprendre parce que souvent, la femme était vu comme inférieur, ce qui était faux selon lui et il n’avait pas envie que la sienne se sente plus impuissante que lui. Enfin, ce n’était pas une raison pour qu’elle soit plus Tarzan que lui. On ne pouvait pas changer la chose, Tarzan n’avait pas de seins et il avait des attributs masculins que Yui n’avait pas. Qu’elle reste celle qu’elle était, elle était parfaite cependant le lui faire comprendre était plus compliqué. Sûrement la raison pourquoi le magicien avait abandonné.

Le fait qu’elle accepte pour le film pornographique ne l’étonna même pas, ce qui l’étonna un peu plus était certainement l’entrain dont sa femme pouvait faire pour l’occasion. On aurait mis deux enfants devant un Disney, c’était la même chose. Sauf que là Tarzan et Jane n’allait assurément pas que sauter de liane en liane. Ah, pour sûr que Kyohei ne verrait plus jamais cette histoire de la même manière à présent.

- Allez ! Répliqua-t-il, amusé quant au fait de commenter le film.

Décidément, s’il y avait des caméras dans la chambre pour les observer, on les trouverait plus que bizarre. Il n’y avait probablement de couple plus loufoque le leur. Si on omettait le fait qu’ils s’étaient mariés sur un coup de tête, qu’ils se rendaient dans un love hôtel parce que c’était drôle, quel genre d’amants irait regarder des pornos ensemble afin de critiquer la prestation des acteurs. Idiots jusqu’au bout. A croire qu’ils s’étaient bien trouvés.

Installé confortablement dans le fond du lit, Kyohei attendait avec curiosité le début du « film ». Une femme était assis sur son matelas de paille, se massant de façon très prononcé les jambes alors qu’un bruit sourd sembla l’alerter tout à coup. Inquiète la demoiselle en détresse s’était précipité à l’entrée de la cabane où faussement choquée de voir son prince charmant, elle s’émoustilla par tant « d’amour ». Parce qu’on doutait pouvoir parler vraiment d’amour dans un film pornographique mais soit.

- Le scénario déjà, pourri. Mais alors vraiment pourri, S’outra le magicien, peinant à cerner ce qui se passait dans la vidéo, Elle entend un bruit et waouh... Le mec apparaît. Puis sérieusement, pourquoi il est habillé en plombier ? Depuis quand y a de la plomberie dans les arbres ?!

Le fait était qu’en général, ce genre de film n’était pas conçu pour qu’on s’attarde sur la mise en scène mais ce qui se passerait ensuite. En somme, on n’était pas censé s’intéresser au fait qu’un Tarzan plombier, ça n’existait pas et que dans la jungle, il n’y avait pas de tuyauterie non plus. Certainement qu’il s’agissait d’un autre tuyau qu’il faudrait s’occuper mais on ne relèverait surtout pas cette remarque affreusement obscène. Ô et puis mince, ils regardent un films x, à quoi ils s’attendaient ? A mickey et Minnie en train de se faire une partie de carte. Il faudrait revoir ses classiques dans ce cas.

- Et elle, pourquoi elle se masse les jambes hein ? C’est quoi le rapport ? Elle s’entraîne à masser autre chose peut-être !

Alors là non, Kyohei. Au cas où tu ne t’en souviendrais pas, c’est quand même à ta femme que tu parles. Les pensées obscènes, on les garde pour soit et on ne fait pas ce genre de réflexion à voix haute. Non mais celui-là, incorrigible. Mais où était donc ce garçon si pure et si mignon, intimidé lorsqu’il la croisait ? Il semblait avoir disparu depuis longtemps pour être remplacé par un individu fichtrement pervers et par-dessus tout, très con. Pauvre de lui.

Regarder un porno, c'était déjà assez spécial comme concept. Il fallait avoir envie, assouvir un certain désir... Enfin bref, tout un concept.
Mais alors regarder un porno avec son mari dans un love hotel pour passer le temps, s'amuser et commenter tout ce qui allait se passer à l'écran, c'était... hors concept. En plus ils paraissaient tous les deux motivés à cette idée.

Un large sourire s'était dessiné sur ses lèvres quand son mari approuva son idée de commenter le film. Elle était tombée sur la perle rare, pas vrai ? Quel autre homme normalement constitué aurait accepté ça ? Parce que oui, Kyohei ne devait pas être normal. Comme Yui, en somme. Ils n'étaient pas normaux ; ils devraient même pas enfermés...
Yui s'installa plus confortablement, repliant ses jambes contre sa poitrine alors que son regard guettait avec intérêt l'écran de la télévision. Elle plissa les yeux, décryptant tout ce qui s'y passait.
Elle hocha vivement la tête à la remarque de son compagnon ; le scénario était tout sauf bon. Un rire lui échappa ensuite. Pourquoi en plombier ? Eh bien, pourquoi pas ? Ils regardaient bien ce porno dans une chambre à thème Tarzan alors... L'homme de la jungle avait juste subit une reconversion professionnelle. Même lui rêvait de faire autre chose que de se balancer de liane en liane et de branche en branche en criant.
Pour toute réponse, elle haussa simplement les épaules avant de se concentrer à nouveau sur la télévision.

« Y a de la plomberie dans les arbres de film porno », conclut-elle pour répondre à Kyohei.

CQFD, le scénario était naze, du début à la fin.

Se laissant légèrement tomber en arrière contre le lit, un rire, ou plutôt un éclat de rire sonore glissa sur ses lèvres. Elle se tint le ventre quelques secondes tout en frappant légèrement le lit à côté d'elle : Kyohei avait mangé un clown ? Parce qu'il était trop drôle.  Elle se racla ensuite la gorge tout en essuyant les larmes de rire qui n'avaient pas coulé. Elle secoua lentement la tête, un léger rire vibrant encore au fond de sa gorge.

Son regard se posa rapidement sur son mari à ses côtés, alors qu'un sourire plus qu'amusé se dessina sur ses lèvres. Elle ne reconnaissait pas du tout Kyohei. Celui qu'elle avait croisé à la bibliothèque n'existait plus depuis un moment, ou alors il s'était caché sous le lit et avait laissé place à un Kyohei beaucoup plus pervers.
Ca pourrait la déranger, mais c'était tout le contraire. La preuve, elle s'amusait comme jamais ! Elle en riait presque aux larmes ; qui aurait cru que commenter un film X avec son mari pouvait être aussi hilarant ?

« Faut bien qu'elle lui montre qu'elle sait masser », dit-elle en hochant légèrement la tête, « Et puis si elle fait rien, le mec s'en va »

Elle rit faiblement tout en se remettant en bonne position pour regarder le film. Ses yeux scannèrent l'image un instant, alors qu'elle écoutait attentivement les dialogues profonds et plein de philosophie de ce film. Il mériterait presque un oscar.
Elle observa avec curiosité le plombier du film s'approchait de la jeune femme, qui se massait toujours les jambes ; elle avait de la cellulite à éliminer ou quoi ? L'homme se mit alors à ouvrir lentement son haut, déboutonnant le plus doucement possible ses boutons. Il avait le regard un peu trop lubrique pour être vrai, et la femme semblait être trop satisfaite.

« Le plombier arrive et se déshabille comme ça devant moi, il finit dans l'évier, et en petits morceaux »

Enfin, à la base, elle serait pas non plus là à se masser les jambes tout en gémissement faiblement qu'elle avait un problème de tuyauterie. Et puis, elle était douée en plomberie, elle avait pas besoin d'appeler un professionnel pour ça.

Elle souffla bruyamment face au commentaire de la femme, qui avait « un tuyau trop petit pour satisfaire les besoins de son évier » ; eh bien oui, bien sûr.  C'était quoi ces dialogues, sérieusement !? Et puis cette envie de satisfaire son évier, c'était pas un peu malsain ? Et depuis quand il y avait un évier dans un arbre !?
Ce film était totalement tordu. Pire que ça même. Il n'aurait pas dû s'appeler « Tarzan, et la liane magique », mais plutôt « La sous-marque de Mario et le mauvais tuyau », ou quelque chose comme ça.

Un air de dégoût pur et dur vint étirer son visage alors qu'elle laissait un très poétique « Berk » s'échappait de ses lèvres.

Et là, ce fut le coup de grâce.

« Je pense avoir le tuyau qu'il vous faut », déclara habillement l'homme tout en se déshabillant entièrement.

Un rire plus que sonore résonna dans la pièce alors que Yui se vautrait littéralement sur le lit, tout en remuant quelque peu les jambes. Une main sur le ventre, l'autre sur ses yeux alors qu'elle riait encore et encore. Quelques larmes de rire vinrent glisser doucement sur ses joues rosies, à force de s'esclaffer joyeusement sur le lit.
Elle commença ensuite à se faire de l'air avec sa main avant de se redresser d'un coup.

« Il pense réussir à draguer avec ça !? », s'exclama-t-elle avant de repartir dans une crise de fou rire.

Elle prit alors appui sur ses genoux, dominant quelque peu le corps de son mari à côté d'elle. Elle le regarda quelques secondes, se mordant la lèvre inférieure pour se retenir de rire une nouvelle fois. Elle se mit alors à imiter le plombier du film, faisant semblant de retirer son haut tout en répétant ce texte si poétique et tellement profond sur le sens de la vie et de la nature et tout ça.

« Je pense avoir le tuyau qu'il vous faut », elle haussa alors un sourcil d'un air coquin avant de se mettre à rire, encore, « C'est tellement pourri comme dialogue », continua-t-elle, tout en riant toujours, « Rassure-moi, quand tu draguais, tu disais des choses plus jolies quand même hein ? »

Et l'idée d'imaginer Kyohei dire ce genre de chose à une jeune femme pour espérer l'emmener dans son lit ne fit qu'intensifier son rire.
Au bout de quelques minutes de fou rire dans son coin, elle se racla la gorge et reprit une position assise normale avant de tourner son visage vers son mari ; comme si de rien n'était.

« Qu'est-ce que j'ai manqué ? », demanda-t-elle avant de regarder l'écran de la télévision, « Oh mais ils sont déjà arrivés dans le lit ! Ils tournent pas autour du pot au moins, hein »

Un petit flotta dans l'air, alors que son sourire grandissait sur ses lèvres ; Kyohei devait la sentir, la connerie qui menaçait de sortir de ses lèvres là, hein ?

« Ou plutôt... ils tournent pas autour du tuyau ! »

Et voilà, on venait de la perdre. Encore.

Note à lui-même : Ne plus jamais regarder de film pornographique avec sa femme. Si lui était bizarre, elle l’était encore plus. Non mais quel genre de fille voudrait visionner ce type de vidéos sérieusement ?! Certes Kyohei admettait que le scénario était des plus stupides, que jamais aucun homme ne ferait un tel stratagème pour draguer celle qu’il aimait - en tout cas, pas lui - et il en venait à se demander aussi comment certains pouvaient être attiré par ce genre de choses ? Soit disant les films x sont censé aider à assouvir ses désirs, à se faire plaisir et si l’actrice était plutôt mignonne - incroyablement bonne ouais - cela ne l’intéressait pas le moins du monde. D’ailleurs maintenant qu’il y songeait, avec son physique Yui aurait certainement pu avoir le profil type de ses actrices. Soit, il ne la laisserait jamais se lançait dans une telle aventure néanmoins il se rendait compte encore à quel point il était chanceux. Franchement, quel homme n’aimerait pas être à sa place hein ? Ce film porno ne la valait même pas. Pervers ? Oui, et il assumait. Enfin, intérieurement, il assumait. Extérieurement, c’était autre chose mais on aurait qu’à dire que c’était déjà ça. C’était mieux que rien.

Mais, de toute façon, son épouse ne serait jamais accepté au casting. Si elle avait le physique adéquat, elle n’avait pas la personnalité pour et c’était le magicien qui s’en réjouissait. Parce qu’elle n’était pas aussi cruche que ces actrices, elle en avait dans la tête et elle était loin d’être niaise. Bien que parfois, il l’avouait aussi, il aimerait la voir se comporter plus comme une femme avec lui. Mais c’était son caractère, il ne pouvait pas lui en vouloir pour cela. Ca la rendait spéciale... Enfin, lui-même se perdait dans ses réflexions et ignorait quoi penser à propos de sa compagne qui le tracassait de plus en plus ces derniers temps. Pourtant, le jeune homme n’avait pas effacé cette esquisse qui avait tracé ses lèvres tout le long du film, encore moins en la voyant s’esclaffer de rire à ses côtés. Yui était incorrigible et s’il était pervers, elle pouvait l’être aussi. Il n’était pas le seul à avoir un esprit mal placé et qu’elle ne s’inquiète pas, jamais il ne débarquerait en plombier pour tenter de la charmer. Il ne savait pas comment faire pour qu’elle lui prête plus d’attention, qu’elle s’intéresse plus à lui cependant se déguiser et faire un striptease comme celui-ci, très peu pour lui. Il n’avait pas assez confiance en sa personne pour se permettre un tel spectacle. La magie, c’était mieux. Sa femme était juste complètement dingue. Elle n’avait même pas de tuyau. Mais dire qu’elle avait l’évier qu’il lui fallait aurait sonné bizarre.

Ses yeux ne se détachant pas de l’écran, il n’avait jamais pu effacer l’éclat sur son visage alors que son épouse rigolait à ses côtés et il ne put se retenir qu’à sa dernière rétorque, il se mit également à rire. C’était vrai qu’en peu de temps eux aussi s’étaient vite retrouvé au lit. En quelques secondes, ils n’avaient plus de vêtements. Si on faisait l’amour aussi rapidement, cela risquait de devenir ennuyant, sans parler du nombre d’enfants qui naîtrait dans le Japon tout entier.

- Tu n’es pas croyable, S’amusa le garçon, détournant son regard vers sa vis-à-vis, C’est un film porno, tu t’attendais à quoi ? Si le scénario est pourri, ce n’est pas pour rien.

Tout ça pour le sexe. Kyohei aurait pu essayer de comprendre ces individus qui tentaient de calmer leur pulsion devant ces films hors il n’y parvenait pas. Lui-même était plus ou moins frustré. Quatre mois sans faire quoi que ce soit, ce n’est pas simple quand on est un homme toutefois il n’allait pas en déprimer devant des pornos. C’était inutile. Cela ne lui donnait même pas envie. Peut-être que le scénario était trop nul pour le convaincre mais non, il avait une femme pour ça. C’était suffisant. Peut-être même trop d’ailleurs.

- Tu me vois sérieusement en train de draguer comme ça ? Moi ? J’ai la tête à faire ça ?

Les sourcils froncés, le garçon descendit du lit pour se placer devant la télévision avant d’afficher un regard charmeur et de prendre une position qui se voulait sexy. De ses doigts, il déboutonna le premier bouton de sa chemise, le deuxième puis le troisième...

- Je vais réparer votre plomberie... N’ayez crainte demoiselle, je suis l’homme de la situation !

« Parce que j’ai le tuyau qu’il vous faut » Se retint-il d’échapper. Au lieu de ça, le jeune homme se mit à rire légèrement tel un enfant qui venait de sortir une bêtise. Il n’était pas en mesure de rétorquer une chose pareille même pour plaisanter. C’était trop sale. Il préféra se rhabiller avant d’éteindre la télévision et de se laisser tomber sur le matelas, les bras croisés derrière la nuque. La vidéo était presque terminée de toute façon et il n’avait aucune envie d’être bercé par des sons d’orgasmes simulés. Affreusement simulés au passage.

- Franchement, c’est minable ce genre de scénario, ce n’est même pas vrai ! Puis, est-ce que draguer ça attire réellement les femmes ? Je ne vois pas l’intérêt. Si on ne nous a pas remarqué dés le départ pourquoi après un petit instant drague en mode « t’as la meilleure plomberie qui puisse exister » tout à coup la femme tombera dans nos bras hein ?

Petit moment philosophique made in Kyohei bien que sa connerie le perdrait sûrement un jour. Il était réellement sérieux dans ce qu’il demandait mais le ton qu’il employait, les mots aussi, n’en donnait pourtant pas l’air. D’ailleurs, ça lui faisait penser à une toute autre question.

- Eh dit... Commença le garçon en s’asseyant sur le lit, ses jambes à l’indienne tandis que ses prunelles l’observaient toujours, T’es déjà tombée amoureuse toi ?

En vérité, il aurait voulu savoir si elle l’avait déjà fait néanmoins il avait rapidement remarqué la perversité de cette demande donc il avait préféré éviter. Mais après tout, il était son mari, il avait le droit de savoir non ? Peut-être qu’en fait, Yui, était encore vierge !! Sa conscience affichait un « o » complètement choqué alors que ce n’était que maintenant qu’il s’inquiétait de ce sujet. Le con.

Elle était pas croyable oui, mais au moins elle le savait ! Enfin, elle-même se surprenait à dire autant de bêtises, mais surtout à rire autant devant ce genre de film. Le principe de ces vidéos-là n'était pas de rire jusqu'aux larmes, ça c'était plus le principe des comédies... mais Yui ne semblait pas avoir compris la différence.

Elle haussa faiblement les épaules tout en hochant la tête. Kyohei avait pas tort, cela dit elle ne s'était pas attendue à beaucoup avec ce film. Rien que le titre résumait parfaitement bien la chose : c'était pourri. Et puis, bien évidemment, elle voyait mal un scénario bien pensé avec des dialogues passionnants pour ces films-là. Les spectateurs en avaient strictement rien à faire que ce soit Tarzan ou la sous-marque de Mario qui vienne aider la jeune femme, le temps qu'ils avaient assez pour s'extasier... le reste passait à la trappe.

Regardant son mari du coin l’œil, elle sourit, amusée, l'imaginant une nouvelle fois sortir ce genre de phrases débiles pour draguer. Elle secoua cependant négativement la tête tout en riant. Il ne pouvait pas faire ça. Il ne pouvait pas dire ça. Non. C'était pas son genre. Pas du tout.
Mais il devait bien avouer que l'image même était hilarante, non ?
Ouvrant les lèvres pour lui rétorquer que non, il n'avait pas l'air d'être ce genre de types-là, elle fut stoppée nette dans ses paroles et dans ses pensées quand son époux se mit aux pieds du lit et commença à déboutonner sa chemise. Qu'est-ce qu'il lui faisait là ?
Elle pencha doucement la tête sur le côté, un sourcil légèrement arqué. Franchement, elle ne comprenait pas de quoi il se plaignait, ni pourquoi il se rabaissait toujours. Elle le trouvait plus que séduisant comme ça.

Par contre, ce qu'il venait de dire... ça cassait un peu tout. Elle ferma les yeux un instant tout en se pinçant les lèvres, voulant ôter de sa mémoire l'image de cet acteur en train de se vanter d'avoir le bon tuyau.
Elle finit tout de même par éclater de rire, agitant quelque peu sa main devant elle, comme pour montrer à Kyohei que ce genre de phrases, ça ne lui allait pas.
Elle espérait vraiment que personne ne draguait avec des paroles de ce style-là. Et en réalité, si c'était le cas, elle ne savait pas qui elle devait plaindre : l'homme qui parlait ou bien la femme qui écoutait.

Son rire se calma doucement et elle laissa soin à son mari d'éteindre la télé. Elle ne retint pas, il valait mieux arrêter cette horreur, ou il allait perdre Yui pour de bon ; elle aurait vraiment fini par mourir de rire sur le lit devant ce film.

Elle observa un moment Kyohei qui venait de s'allonger sur le lit avant de laisser son regard se perdre sur le plafond, puis sur la liane. Elle l'avait presque oubliée celle-là. D'ailleurs, elle ne voulait plus s'y balancer, elle avait une image bien trop perturbante en tête avec cette liane. C'était sans doute à cause du film. D'ailleurs, c'était mensonger ; il n'y avait même pas eu de liane ! Ou alors elle n'avait pas fait attention. Et puis, ils avaient coupé la vidéo avant la fin, peut-être que la liane magique apparaissait plus tard ?
La voix de son mari à côté d'elle la fit sortir de ses pensées. Elle rebaissa lentement la tête, posant son regard sur le corps allongé près d'elle. Elle l'écouta, riant quelque peu à sa question. Il était sérieux ou … ? C'était un peu difficile à savoir. La question aurait pu l'être, non, elle l'était, mais la manière qu'il avait pour poser le problème était plutôt drôle. Ce fut pour cette raison qu'elle hésita un instant avant de répondre à la question.

Mais son cher et tendre semblait avoir autre chose à lui demander. Elle plongea donc son regard dans le sien, et encore une fois, écouta attentivement sa question. Qui était beaucoup plus sérieuse cette fois-ci.

Ah, l'amour ~
Un fin sourire se dessina sur ses lèvres, son regard partit se perdre dans la pièce alors qu'elle repensait à son premier amour. Cela remontait à quelques années maintenant. Et cela confirmait bien ce qu'on disait toujours : le premier amour était inoubliable. Même si le premier amour était aussi un petit idiot prétentieux.

« Bien sûr », répondit-elle doucement, sans rien préciser d'autre.

Qu'est-ce qu'il croyait, eh. Enfin, tomber amoureuse était de bien grands mots. Mais elle avait déjà eu beaucoup d'affection pour quelqu'un, et elle était certaine que ça n'avait pas été de l'amitié. La seule fois où elle pensa avoir été réellement amoureuse avait été pour ce garçon, au lycée. Un faible soupir quitta ses lèvres alors qu'elle repensait à ce moment qui avait sans doute était l'un des tournants majeurs dans sa vie.
Si elle ne s'était pas confiée, elle n'aurait probablement pas changé de look. Elle aurait toujours gardé ses pulls trop grands pour elle, ou bien elle continuerait certainement de se promener en jogging la plupart du temps. Bien entendu, il lui arrivait parfois encore de porter ce genre de vêtements, mais c'était plus rare.
En y réfléchissant, elle ne savait pas si elle devrait remercier le garçon ou non. Grâce à lui, elle était tout de même devenue beaucoup plus féminine. Mais à cause de lui, elle avait changé ses habitudes qui lui tenaient tant à cœur à l'époque.
La critique n'avait pas été facile à entendre, et elle ne le serait sans doute pas aujourd'hui non plus.

« C'était un motard, il avait de gros bras. Et il avait une grosse moto. Il passait souvent devant le lycée où j'allais et qu'est-ce qu'il avait la classe sur sa bécane », commença-t-elle à expliquer, le regard rêveur, « Et puis il était super gentil aussi. Parfois, il venait me chercher à l'école et me ramener à la maison. D'autres fois, c'était l'inverse, il me déposait au lycée sur sa jolie moto »

Un soupir plein de regrets s'échappa doucement de ses lèvres alors qu'elle repensait à tout ça. La bonne époque que c'était.

« Et d'autres fois encore, il venait à la maison pour boire un café. Mes parents l'adoraient », continua-t-elle en hochant la tête.

Elle ne dit plus rien pendant de longues secondes. Un petit sourire vint orner ses lèvres alors qu'elle attendait de voir la réaction de son mari. En soit, il pouvait la prendre au sérieux. La connaissant, ce n'était pas tellement hors sujet. Mais d'un autre côté...
Elle se mit à rire doucement tout en secouant la tête.

« Ca, c'était mon oncle. C'était une crème ce type, sérieux. Et sa moto était trop belle », lâcha-t-elle sincèrement, « J'crois que sa moto que je préférais. Hmmm... qu'est-ce que je l'aimais cette petite »

Elle rit une nouvelle fois avant de s'excuser rapidement. Elle devait arrêter de raconter n'importe quoi, vraiment.

« Sérieusement, oui, ça m'est déjà arrivé. Au lycée », se confia-t-elle alors, « C'est un peu mon premier amour. Qui s'est mal fini si jamais tu te poses la question puisque j'ai été rejetée », finit-elle en haussant les épaules, comme si elle en avait rien à faire ; même si, concrètement, à l'heure actuelle, elle en avait plus rien à faire de cette histoire.

« Et toi ? T'es déjà tombé amoureux ? »

Elle pencha la tête sur le côté, observant d'un air curieux le visage de son mari. Elle garda ce petit sourire accroché aux lèvres, prête à écouter le moindre de ses mots.

Assis sur le lit, Kyohei regrettait presque d’avoir posé cette question. Ca allait devenir soudainement « trop » sérieux et en vérité, il n’était pas sur de vouloir entendre la réponse de sa femme. Il ne savait pas vraiment pourquoi, juste que ça le dérangeait. Il n’avait pas envie de connaître les amours de son épouse ni ô combien ceci était génial parce qu’il ne leur arriverait certainement pas à la cheville. Et voilà, ça lui apprendrait à parler sans réfléchir. Il aurait mieux fait de lui demander si elle l’avait déjà fait. En soit, ça l’aurait tout autant dérangé mais au moins Yui ne s’était pas forcément entiché du gars avec qui elle avait couché. Non en fait, il aurait mieux fait de laisser le porno. C’était trop tard pour le remettre ? Il n’avait qu’à dire à sa compagne qu’ils en discuteraient plus tard, qu’ils étaient là pour s’amuser et découvrir la magie d’un love hôtel, pas pour se confier sur leur relation d’antan. Quel idiot. Franchement. Voilà, voilà. Il se retrouvait bête maintenant, encore plus lorsque le « bien sûr » tomba et que son coeur se serra légèrement, pas certain d’avoir envie d’écouter la suite.

En silence, le garçon l’observa et s’il avait pu baisser ses oreilles, il l’aurait fait. Son épouse avait l’air de s’être évadé dans ses rêveries alors instinctivement, le magicien se demandait qui pouvait être ce chanceux pour que Yui paraisse si soucieuse tout à coup. C’était rare de la voir ainsi et malgré lui, Kyohei en était intrigué. Rien que l’idée de se dire qu’une femme comme elle avait pu connaître ces sentiments, plus que l’étonnait, il l’enviait un peu aussi. Que cela soit douloureux ou non, il n’avait jamais ressenti d’émotion aussi forte pour quelqu’un, il ignorait comment c’était mais on lui avait souvent répété que c’était quelque chose qu’on n’oublie pas et que ça peut être douloureux parfois. Hors, on lui a souvent raconté que c’était également quelque chose que tout être vivant se devait de connaître avant de mourir parce qu’il n’y avait rien de plus précieux et plus beau que l’amour qu’on a pour quelqu’un. Si Yui avait déjà éprouvé ce genre de sentiments pour un garçon, le magicien ne pouvait s’empêcher de songer que celui-ci avait de la chance car cela signifiait qu’il était spécial aux yeux de la jeune femme non ? Il poussa un faible soupir alors qu’elle reprit la parole, trouvant apparemment judicieux de donner plus de détails sur cet « amour ».

Un motard, rien que ça ! Avec de gros bras... Et les siens on en parlait ? Pourquoi se mariait avec lui alors qu’il n’avait pas du tout mais alors pas du tout la description de ce garçon qu’elle lui parlait. Il n’avait qu’un misérable petit tatouage à la cheville et ça ne faisait pas de lui un bad boy. Il n’en serait jamais un même s’il essayait de l’être. Son physique ne s’accorderait pas avec son style vestimentaire puis il ne pouvait pas s’imaginer être vêtu de la sorte. C’était écœurant. Qu’est-ce qu’il y avait d’attirant chez ce genre d’individus ? Ils étaient moches - oui moche - ils crachaient par terre, ils parlaient mal et étaient vulgaire puis on ne voyait même plus leur peau tellement ils avaient de tatouage. Et c’était un gars comme ça que Yui était tombée amoureuse ? Kyohei en était l’exact opposé... Il n’arrivait même plus à la regarder dans les yeux, ayant baissé les siens dans un soupir discret. Il ne comprenait pas pourquoi c’était lui qu’elle avait épousé... Elle était tellement désespéré qu’elle avait pris le premier qui lui passait sous la main ? C’était peut-être pour ça qu’elle ne lui accordait pas autant d’attention que le garçon ne l’aurait voulu. Parce qu’il n’avait rien d’un motard sur sa foutu bécane.

Puis, tout à coup, il pensa que si Yui n’était pas une femme, qu’elle n’était pas sa femme, il l’aurait sûrement tapé pour s’être moqué de lui. Le jeune homme l’avait réellement pris au sérieux et avait cru cette histoire grotesque. A croire qu’à lui aussi, ça lui arrivait d’être naïf et de se faire avoir comme un bleu. Enfin ça arrivait souvent lorsque son épouse était concernée cependant on devrait lui interdire de plaisanter sur un tel sujet. Il était déjà prêt à réfléchir à un moyen pour lui prouver que les motards, ça n’avait pas d’intérêt et qu’il valait mieux qu’eux tous réuni. En soit, ça, il n’aurait pu le déclarer à voix haute par manque d’assurance car contrairement à lui, la plupart de ces hommes avaient des choses que lui n’avait guère : du muscle, beaucoup de muscles puis.... Ils étaient forts. Bon, il fallait que Kyohei arrête d’y songer parce que de toute manière, ce n’était pas d’un motard que Yui s’était entichée mais d’un garçon au lycée... Et son coeur se compressa de plus belle mais cette fois-ci, c’était plus par mal être pour elle que pour lui-même. Il n’avait jamais été rejeté en amour puisqu’il ignorait ce dont il s’agissait cependant il connaissait la douleur de se faire rejeter par un proche... Même si c’était probablement différent, il se disait que sa compagne avait dû en souffrir à l’époque. Ce n’est jamais agréable de se faire rejeter par quelqu’un qu’on aime, que cela soit en amour ou en amitié. En cet instant, alors qu’il la contemplait silencieusement, le magicien éprouvait cette envie folle de la prendre dans ses bras. Il aurait souhaité être capable de lui dire qu’il n’était pas cet homme et qu’il ne la lâcherait pas. Jamais. Elle était merveilleuse et ce garçon était le dernier des idiots parce qu’il n’avait pas idée de ce par quoi il passait à côté.

- Non, jamais, Répondit-il calmement lorsque Yui lui retourna la question, J’ai déjà eu des petites amies mais je ne les aimais pas vraiment...

Dit comme cela, ça sonnait bizarre et cela pouvait donner l’impression que Kyohei était ce genre de garçon qui courrait après les filles pour les rejeter dés qu’il en avait assez de les supporter. C’était tout bonnement plus compliqué que ça. Il ne savait pas pourquoi il ne s’était entiché de personne jusqu’à maintenant. Peut-être qu’il n’avait jamais su trouver la bonne ou alors qu’il se mettait trop de barrière, ce qui l’empêchait de trop s’attacher à son entourage.

- C’est juste que c’est dans mon tempérament... Je pense qu’inconsciemment, je me braquais et je ne voulais pas m’ouvrir. Parce que accepter de tomber amoureux, c’est accepter de se donner à l’autre tout entier non ? Et je n’ai jamais été doué pour ça.

Admettre ses forces, ses faiblesses, se montrer tel qu’on était à cent pourcents, le magicien avait toujours eu peur de cela. Justement à cause de cette crainte d’être rejeté pour ce qu’il était réellement. A présent qu’il y songeait, Yui était la seule que le garçon avait laissé entrevoir pas que ses bons côtés, ses mauvais aussi. Il n’avait rien dit lorsqu’elle l’avait vu ce soir-là, il avait même était d’accord de lui faire part de ses tracas s’il en avait, de flancher s’il en avait besoin. Peut-être qu’elle était spéciale. Il ne s’agissait même pas d’un « peut-être », pour sûr qu’elle l’était. Et elle était formidable.

Un sourire timide naquit sur ses lèvres alors que malgré lui, le magicien se sentait mal à l’aise d’aborder un tel sujet. C’était devenu soudainement trop sérieux et pourtant, il ne semblait pas non plus avoir l’intention d’arranger les choses. Sans rien ajouter d’autre, il l’avait contemplé, la détaillant de ses prunelles noisettes tandis que les mots qu’avaient déclaré sa femme quelques minutes plus tôt lui revenaient en tête. Les hommes pouvaient être stupides et ne remarquaient assurément pas la chance qu’ils avaient parfois. Lui il en avait en ce jour, il le reconnaissait. Il s’estimait chanceux d’être la mari d’une telle demoiselle et égoïstement, il était presque content que ce lycéen l’ait rejeté à l’époque. S’il ne l’avait pas fait, qui savait s’ils se seraient connus puis s’ils seraient mariés à l’heure actuelle.

Au bout du compte, Kyohei n’avait su résister plus longtemps que songeant à cela, ses bras avaient machinalement entourés les épaules de sa compagne pour l’enlacer tendrement. Il ne parla pas, se contentant de renforcer l’étreinte et d’apprécier ces quelques secondes de silence. Parfois les gestes valaient plus que les mots alors il espérait que Yui pouvait comprendre, pouvait lire en lui à travers cette attitude. Plus important que le passé, que ces garçons qu’elle avait pu aimer, ça ne devait plus compter parce que désormais, lui, il était là.

- Ton premier amour était un idiot, Avoua enfin le jeune homme dans un doux murmure, un léger rire s’échappant de ses lèvres, Il ne sait pas ce qu’il rate.

S’il ne le déclarait pas vraiment, les sous-entendus eux étaient clairs. A sa manière il lui faisait comprendre à quel point elle était quelqu’un de bien, qu’elle n’avait pas à changer qui elle était et que ce garçon ne la méritait tout simplement pas.  

Maintenant qu'elle avait posé la question, Yui regrettait légèrement d'avoir eu l'idée de lui demander. Pas qu'elle ne voulait pas savoir mais... elle ne voulait pas savoir. Elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais l'entendre parler des personnes qu'il avait pu aimer ne l'enchantait pas vraiment. Elle se demanda alors si l'écouter parler de son amour de lycée avait dérangé Kyohei ou non. Il ne l'avait pas interrompu, et avait écouté tout ce qu'elle avait dit. Un faible soupir s'échappa de ses lèvres avant qu'elle ne vienne se passer une main sur son visage.  Son regard sa posa alors sur son mari et elle détourna rapidement les yeux pour les poser sur le lit devant elle. Elle ouvrit la bouche, voulant lui dire qu'après tout, cela ne la regardait pas et que chacun devait avoir ses secrets.
Sauf qu'une part d'elle avait terriblement envie de savoir. Qui Kyohei avait-il pu aimer ? Quand ? Comment ? Pourquoi ?
C'était d'ailleurs étrange qu'elle se pose toutes ses questions...
Ses lèvres se refermèrent lentement et son regard se releva vers son mari. Voyant qu'il allait répondre à sa question, elle se pinça doucement les lèvres, s'attendant déjà à entendre un « Oui » sortir de la bouche de celui qu'elle avait épousé.

Cependant, ce ne fut pas la réponse qu'elle reçut. Un regard surpris et une moue presque choquée vint joliment accueillir les paroles de son époux. Ses prunelles brunes le regardèrent quelques secondes, trop étonnées de la réponse pour regarder ailleurs. Elle l'écouta attentivement, buvant presque ses paroles, alors qu'elle retenait un long soupir de soulagement. Elle sentit son cœur se chauffer doucement, et un fin sourire apparut discrètement sur ses lèvres.
Avait-il ne serait-ce qu'un espoir pour... ? Non. C'était stupide. Ils étaient peut-être mariés, mais il n'y avait aucune raison pour qu'elle soit la première que Kyohei pouvait aimer... n'est-ce pas ? Alors pourquoi cet infime espoir ne semblait pas vouloir s'en aller ? Pourquoi cet espoir, aussi petit soit-il, semblait la rassurer ?

Une fois encore, ses lèvres bougèrent pour s'ouvrir faiblement.. mais se refermèrent bien assez vite. Que voulait-elle dire au juste ? Qu'elle pouvait être la première qu'il allait aimer ? Non. Autant se taire, ça valait mieux.
Elle soupira légèrement, fermant les yeux un instant pour se concentrer sur les paroles de son compagnon. Elle les rouvrit doucement, posant alors sur lui un regard doux et tendre.
Elle n'avait qu'une envie, le prendre dans ses bras et le serrer fort tout en lui promettant de le protéger contre le monde, ses malheurs et les moustiques. Il avait l'air d'être trop précieux pour ce monde, ce monde de brutes et de moustiques sanguinaires. Il devait être protégé, à n'importe quel prix. Mais, malgré l'intention et le côté sentimental du geste, elle n'était pas sûre qu'il apprécierait qu'elle crie haut et fort qu'elle allait le protéger.
Mais bon, dans la tête de Yui, c'était mignon.

Ses yeux ne pouvaient quitter la forme de Kyohei en face d'elle. Et elle avait la terrible envie de lui dire, qu'un jour, il arriverait à s'ouvrir et se donner entièrement à l'être aimé. Et là, ce stupide petit espoir revint lui dire coucou, alors qu'elle pensait maladroitement un « Avec moi, peut-être » mais se garda bien de le dire à voix haute.
Ca venait d'où d'ailleurs, tout ça ? Ca sortait de nulle part pour qu'elle y pense. Elle fronça légèrement les sourcils, tentant de comprendre le pourquoi du comment de la chose. Mais cette mine sur son visage fut vite remplacer par un tendre sourire alors qu'elle répondait à celui de Kyohei. Elle ne détourna pas le regard et l'observa, sans dire un mot. Il semblait perdu dans ses pensées, et Yui ne voulait pas le déranger. Peut-être avait-il encore quelque chose à lui dire ?

Quand son mari bougea enfin, son regard suivit le moindre de ses mouvements. Elle sentit ses bras lui entourer les épaules, et ne put empêcher ses lèvres d'afficher un plus grand sourire. Automatiquement, ses bras à elle se refermèrent dans son dos, le serrant doucement tout contre elle et sa tête se posa délicatement sur l'épaule offerte. Elle n'avait pas envie de réfléchir au pourquoi du comment, elle préférait profiter de l'instant.
Et sentir le corps chaud de Kyohei contre le sien la faisait se sentir bien, à sa place, protégée et en sécurité. C'était étrange de se sentir protéger dans les bras de quelqu'un d'autre, surtout quand on connaissait la jeune femme. Elle était assez forte, physiquement et psychologiquement, pour se protéger elle-même dans n'importe quelles circonstances. Elle pouvait même frapper s'il le fallait. Yui n'avait jamais eu besoin de personne pour la protéger, elle n'avait jamais eu besoin qu'on lui tienne la main pour la guider, et encore moins pour la défendre contre un quelconque souci. Elle s'était toujours débrouillée toute seule.
Mais maintenant, dans les bras de son époux, elle se sentait presque vulnérable, à la merci de tous. Néanmoins, elle ne voyait pas ça comme quelque chose de négatif. Car, même si elle se sentait faible et fragile à cet instant, elle sentait la chaleur qui émanait du corps de Kyohei. Elle le sentait, là, près d'elle, près à la protéger.
Peut-être était-il temps pour elle de déléguer toutes ces choses-là à quelqu'un d'autre ? Peut-être était-il temps pour elle de s'appuyer sur quelqu'un, de s'appuyer sur Kyohei ?

Les chuchotements de son époux la firent redescendre sur Terre et un léger rire vint quitter sa bouche. Elle hocha faiblement la tête ; Kyohei avait raison, l'autre garçon était un idiot.
Ses bras se fermèrent un peu plus fort sur le corps contre le sien, comme pour le remercier, mais aussi comme pour lui avouer qu'elle voulait qu'il reste là. Peut-être pas pour toujours puisqu'il y avait bien un moment où ils allaient devoir se lâcher ; pour manger par exemple, mais elle voulait lui faire comprendre, qu'à présent, elle voulait vraiment le garder à ses côtés. Retourner à sa vie d'avant, sans lui... non, elle n'arrivait même pas à y songer, ce serait trop différent, trop bizarre, et surtout trop vide.
Ils en avaient fait du chemin depuis leur rencontre dans la bibliothèque ces deux-là.

Elle releva doucement la tête, plantant ses lèvres contre la tempe de Kyohei dans un tendre baiser. Elle resta ainsi plusieurs secondes, fermant les yeux comme pour encore mieux savourer ce moment.
Ne bougeant plus, elle se laissait bercer par la respiration de son mari, tentant d'harmoniser la sienne sur le même rythme sans s'en rendre compte.
Elle ne savait pas combien de minutes étaient passées lorsqu'elle recula lentement son visage pour plonger son regard dans celui de Kyohei. Elle lui sourit alors, tendrement, doucement, avant de déposer un autre baiser sur son front.
C'était sa manière de lui dire qu'elle tenait à lui. Elle avait beau dire ce qu'elle voulait, une fois que les choses devenaient trop sentimentales, elle préférait s'exprimer par des gestes que par des paroles. La Yui franche et sans peur laissant alors place à une Yui démonstrative.

Elle recula son visage une fois de plus, le même sourire doux toujours aux lèvres. Elle laissa son regard détailler le visage de son mari, avant de souffler lentement « Heureusement, mon mari n'est pas idiot »

Un rire fin et léger vibra au fond de sa gorge, avant qu'elle ne reserre son étreinte, rapprochant encore le corps de Kyohei contre elle comme si c'était possible. Sa tête retrouva sa place sur cette épaule chaude et confortable, et ses yeux se fermèrent lentement, un soupir satisfait s'échappant de ses lèvres.
Dans cette position, entourée des bras de Kyohei, elle n'était sûre que d'une chose : elle voulait qu'il reste le plus longtemps possible auprès d'elle, elle et seulement elle, et personne d'autre.

Les minutes qui s’étaient écoulées, Kyohei avait été incapable de les compter, préférant se concentrer sur cette étreinte qu’ils partageaient. Une douce et agréable chaleur s’en dégageait et si on lui donnait l’opportunité, il aurait aimé ne jamais avoir à se séparer d’elle. Cela lui donnait une sensation de bien-être mais par-dessus tout de sécurité. Comme si là, dans ses bras, à eux deux ils pourraient vaincre monts et malheurs, ils pourraient parcourir le monde sans qu’on ne vienne les détruire. Il était dans une sorte de bulle qu’il refusait de voir éclater parce qu’il se sentait tout à coup bien plus léger et ce parfum qui lui chatouillait les narines le berçait doucereusement. Une tendre flamme s’était allumé dans le creux de son âme et si son coeur paraissait apaisé par ce geste, il adoptait un rythme plus effréné que d’habitude. Probablement que lui aussi aimer ce contact malgré tout inattendu. Le magicien était loin d’être une personne tactile, tellement qu’en général, il était vite énervé dés qu’on s’immisçait dans son espace vital. Avec Yui, c’était différent, tout lui venait naturellement. Il était le premier à avoir envie de la serrer dans ses bras, de lui dire qu’il serait toujours là et qu’il la protégerait quoi qu’il arrive. Non pas parce que c’était son devoir mais parce qu’il en éprouvait cette envie et qu’il ne pardonnerait à quiconque qui s’en prenne à elle. Beaucoup d’émotions lui traversait l’esprit sans qu’il ne puisse mettre des mots dessus. Le fait était qu’elle était importante à ses yeux, plus importante qu’il ne l’avouait à voix haute et qu’il ne se l’avouait à lui-même aussi. Leur relation a tous les deux était spéciale. Dés le début elle l’avait été d’ailleurs néanmoins ils pouvaient s’entendre sur de nombreux points et se complétaient sur beaucoup d’autres. Ils ne s’inquiétaient pas à ce qu’on les juge parce que du moment que l’autre était là rien ne comptait. La seule personne pour qui Kyohei serait affecté par son jugement était justement elle. Aussi bizarre que cela puisse paraître, il voulait être bien en face d’elle, il voulait être fort pour elle, il ne voulait pas n’être qu’un incapable. Non, lui voulait qu’elle puisse compter et se reposer sur lui, qu’elle puisse l’apprécier à sa juste valeur, qu’elle n’ait jamais à douter de lui mais surtout, qu’elle en soit fière. Parce que lui, bien qu’il ne lui disait pas, il était fier d’avoir une femme comme elle à ses côtés. Elle avait sa personnalité certes seulement, elle était formidable et ça, cela valait tout l’or du monde.

Son rire avait accompagné le sien quand son épouse s’était décalé quelques instants pour revenir se blottir contre lui juste après. Il n’était pas vraiment d’accord avec elle et ses doigts avaient machinalement agrippé le haut de la demoiselle dans une douceur sans pareil. Il était idiot lui aussi mais un idiot avec un bon fond. Car des erreurs, il en avait déjà fait et en ferait sûrement beaucoup d’autre à l’avenir. Mais malgré ça, jamais il ne voudrait lui faire du mal, jamais il ne voudrait qu’elle vienne à souffrir ou pleure par sa faute. Si un jour comme celui-ci finit par arriver, Kyohei ne serait pas en mesure de se le pardonner. Il voulait que Yui soit heureuse, qu’elle continue de sourire sans arrêt, qu’elle garde ce caractère enfantin et qu’elle s’amuse rien qu’en voyant une liane. Si cette fille là venait par disparaître alors qu’est-ce qu’ils auraient accompli tous les deux ? Qu’est-ce que lui aurait accompli si au bout du compte il la rendait malheureuse ? Il voulait la protéger à tout prix et être celui qui occuperait la place la plus importante dans son coeur. Il voulait être cet homme là.

- Je pense qu’il l’est un peu quand même, Rétorqua-t-il d’une voix douce, renforçant un peu plus l’étreinte, Et sa femme aussi d’ailleurs. Sinon pourquoi seraient-ils dans un love hôtel à part pour jouer avec une liane et des menottes ?

Regarder un film pornographique peut-être ? Un léger rire s’échappa des lèvres du garçon à sa propre remarque. Si on y réfléchissait, ils étaient réellement bizarres. Mais qui donc allait dans un tel lieu juste pour voir comment c’était et s’amusait comme des enfants face à des objets qui de base étaient utilisés plus pour l’érotisme que pour la plaisanterie. Disons que cela aussi, ça faisait leur charme.

Après quelques minutes, Kyohei finit par se reculer mais gardant une distance infime entre eux alors que souriant tendrement, ses yeux se perdirent dans ceux de sa vis-à-vis. C’était la première fois qu’il la contemplait de si près et s’il se considérait déjà chanceux jusque là, il avait l’impression de l’être encore plus en l’observant aujourd’hui. Elle était sublime, vraiment. Mais plus que son regard qu’il adorait énormément, regard qui le faisait défaillir plus que de raison, il aimait son sourire. Il exprimait toute sa douceur et toute sa sincérité. A chaque fois qu’il la voyait sourire, il avait envie de sourire avec elle. D’un geste naturel, presque instinctif, comme si son corps lui dictait ses mouvements, ses doigts s’en allèrent se poser sur la joue de la jeune femme, la caressant tendrement alors que le magicien lui souriait en retour. Il peinait à détacher ses prunelles des siennes et en cet instant précis, il fut également incapable de décrire le temps qui avait passé entre le moment où leurs regards s’étaient croisés et celui où le contact avait été interrompu. Son visage s’était approché lentement afin de, à son tour, déposer un tendre baiser sur son front avant de se décaler pour coller sa tête à la sienne dans une incroyable douceur. S’il ne le montrait pas, il n’en était pas moins gêné par la situation cependant il refusait de se séparer pour cette raison. Yui dégageait quelque chose... Quelque chose que le jeune homme ne pouvait guère expliquer mais qui le charmait, qui l’attirait aussi. Sans avoir réellement le temps d’analyser ses propres actes, ses phalanges s’abandonnèrent dans la longue chevelure de son épouse afin de la rapprocher un peu plus de lui et dans une tendresse des plus totales, ses lèvres s’unirent à leur jumelle. Peut-être que ce n’était pas le bon moment. Peut-être même qu’elle allait le rejeter ou le gifler mais Kyohei avait refusé de s’attarder sur la question parce que le fait était que... Il en avait envie.

Un rire léger frôla doucement ses lèvres à la réflexion de son mari. Il avait pas totalement tort ; ils étaient idiots. Un peu au moins. Mais n'était-ce pas leur charme ? Ce grain de folie leur avait tout de même permis de s'épouser. Et aussi de venir ici pour tester une liane accrochée au plafond dans une chambre à thème Tarzan.
Qu'auraient-ils fait de leurs vies s'ils n'étaient pas un peu fou ? Que feraient-ils actuellement ? Oh, ils ne seraient pas un love hotel, bien sûr. Mais à imaginer les choses ainsi, leurs vies semblaient bien tristes et maussades.

Pour toute réponse, elle hocha simplement la tête avant de hausser les épaules. Ils étaient ainsi faits, on les changerait pas. Et heureusement ! Ils étaient idiots oui, un peu fous aussi, mais ça leur réussissait assez bien... non ? Jusque là du moins.
Yui ne savait pas de quoi demain était fait, elle n'arrivait pas encore vraiment à se projeter dans le futur. Elle était plus du genre à vivre au jour le jour. Et ça lui allait bien.

Se prenant enfin le temps pour réfléchir à tout ça, Yui en vint à se demander quelle vision d'eux deux avait les gens. Proches ou non. Quelle vision avaient-ils tous ? Un faible soupir lui noua la gorge ; il ne valait mieux pas y penser.

L'un de ses doigts s'égara distraitement sur le dos de son mari, y dessinant des formes quelconques avant plus ou moins d'application. Ses yeux se fermèrent un instant alors qu'elle profitait du calme qui régnait dans la chambre. Elle n'entendait que sa respiration et celle de Kyohei, et rien d'autre.
Elle qui n'aimait pas spécialement s'arrêter, elle qui n'aimait pas vraiment rester là sans bouger, cette femme-là appréciait à présent l'instant qu'elle partageait avec son époux. Elle appréciait tellement cet instant que pour rien au monde elle ne relâcherait ce corps contre le sien.
Ils étaient bien, comme ça. Tellement bien.

Sentant du mouvement, ses paupières s'ouvrirent doucement. D’instinct, elle se recula doucement, croisant le regard de Kyohei. Elle le regardait, un fin sourire aux lèvres, détaillant avec plaisir chaque trait de son visage. C'était comme si elle voulait les graver dans sa mémoire à jamais. Comme si elle souhaitait au plus profond de son être que ses yeux n'oublient jamais la forme et l'emplacement de chaque trait de ce visage si parfait.
Les doigts de Kyohei rentrèrent en contact avec sa joue, et elle ne put s'empêcher de pencher la tête pour ressentir pleinement cette douce caresse. Elle détailla quelques secondes ce sourire, l'encrant dans sa mémoire, avant de relever le regard. Ses prunelles se plongèrent une nouvelle fois dans celle de son époux, et même si elle l'avait voulu, elle n'aurait pu regarder ailleurs.
Son regard était tellement beau, qu'elle s'y plongeait avec plaisir et énergie. Son regard était tellement doux qu'elle s'y plongeait sans qu'on le lui dise. Elle se surprit elle-même à penser que ce regard ne devait être destiné qu'à elle. Elle devait être la seule et l'unique personne en droit de s'y plonger.
Elle ne savait pas combien de temps s'était écoulé, elle n'y avait même pas fait attention. Elle avait été bien trop perdu dans ses yeux qu'elle n'avait même pas songé au reste. La fin du monde pouvait arriver, les zombies pouvaient polluer le monde extérieur ; elle en avait absolument rien à faire.
Un autre sourire se dessina sur ses lèvres quand elle sentit deux lèvres contre son front. Un léger soupir de bonheur lui échappa des lèvres avant qu'elle ne sourit à nouveau.
Étrangement, ce n'était pas là où elle aurait voulu sentir ses lèvres. De ce fait, quand le visage de Kyohei s'approcha du sien une nouvelle fois, elle ferma instinctivement les yeux, comme pour savourer ce geste de la meilleure manière qu'il soit.
Les lèvres de son mari se posèrent sur les siennes, et un fin sourire tendre vint s'afficher sur les siennes. C'était comme s'il avait lu dans ses pensées les plus secrètes, comme s'il avait deviné ce qu'elle voulait. Comme s'ils avaient communiquer sans parler.
Après quelques secondes, le visage de Yui se recula légèrement. Ou bien était-ce celui de Kyohei ? Enfin, ce n'était pas important. Les yeux de la jeune femme s'ouvrirent et se plongèrent directement dans ceux de son mari. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire tendre et heureux alors qu'elle tentait de transmettre tout ça dans son regard. Ses prunelles brillaient doucement, et elle espérait que Kyohei comprenne que c'était grâce à lui.

Ne voulant pas parler pour ne pas interrompre ce moment, elle s'avança quelque peu, appuyant dans une douce pression ses lèvres contre celles de son cher et tendre. Pourquoi se tuer à lui dire alors qu'elle pouvait lui montrer ? La pression ne dura que quelques secondes. Yui se recula une nouvelle fois, détaillant l'expression de son mari avant de poser ses mains sur ses joues et de les caresser lentement dans des gestes aériens. Son visage s'approcha une nouvelle fois alors qu'elle posait à nouveau ses lèvres sur celles de son mari dans une pression un peu plus poussée et plus longue.

Ses pouces caressaient lentement la peau offerte, alors qu'elle reculait son visage le plus lentement possible. Un sourire quelque peu béat étira ses lèvres. Elle n'avait pas réfléchi en avançant son visage, elle n'avait pas envie de réfléchir en fait. Elle souhaitait simplement profiter du moment présent, profiter de la présence de Kyohei à ses côtés. Et profiter tout court. Elle n'avait pas envie de se poser de questions ; ils verraient tout ça demain.

En attendant, elle avança une fois encore son visage, posant ses lèvres avec douceur sur le coin des lèvres de son compagnon. Ses mains retrouvèrent leurs places dans son dos alors qu'elle le serrait à nouveau contre elle.
Son visage se nicha de lui-même dans le creux de son cou. Elle inspira le doux parfum qui se trouvait là, s'en imprégnant, pendant que son corps se laissait tomber sur le lit, entraînant celui de Kyohei avec.
Du mieux qu'elle le put, elle se colla à lui, entremêlant légèrement leurs jambes. Ses bras se serrèrent quelque peu. Son visage n'avait pas bougé et était toujours plongé dans le cou de son mari.
Un long soupir satisfait vint mourir contre ses lèvres. Elle ferma lentement les yeux, et se laissa bercer par la respiration de Kyohei.
Elle était bien là. Tellement bien qu'elle ne voulait pas bouger. Tellement bien qu'elle refusait de le lâcher. Tellement bien qu'elle le gardait contre elle et qu'elle restait bien au chaud contre lui.
Le silence devint le maître des lieux. Elle n'avait pas envie de le faire partir. Elle n'avait pas envie de parler. Elle voulait juste profiter et apprécier.
Ses lèvres se posèrent dans un tendre baiser contre le cou de Kyohei avant qu'elle n'aille se recaler contre lui comme si elle n'avait pas bougé.
Elle inspira lentement, laissant le parfum de son mari lui chatouillait les narines. Elle expira, doucement, comme si elle avait peur de faire trop de bruit.
Elle inspira une nouvelle fois, avant d'expirer faiblement. Et ainsi de suite...

Au bout de combien de temps s'était-elle endormie exactement ?