Le hasard fait plutôt bien les choses, non ?

Ô pourquoi ? Pourquoi il allait aussi à Paris ? Je ne pouvais pas partir à l’étranger sans être suivi par un shinki. C’était trop demandé ? A croire que oui. Pauvre de moi.

J’hochai simplement la tête tout en affichant un sourire poli alors, qu’à l’intérieur, j’étais las. Las de devoir toujours être entouré de shinki. Las qu’ils se plaignent toujours que leur téléphone dernier cri tombe en panne. D’ailleurs, Tae réussira-t-il à survivre avec son téléphone éteint ? J’espérais que oui car, ça avait beau être le cadet de mes soucis on pouvait penser que j’avais fait exprès de ne pas voir qu’il avait éteint son téléphone pour qu’il panique et s’évanouisse ou pire… Enfin, que j’ai des problèmes à cause de ça… Non mais les NSA pourraient vraiment croire un denshou capable de ça, non ?

Tournant la tête vers le jeune homme, je ne pus m’empêcher de garder un air sérieux alors que j’allais dire quelque chose de complètement faux et abracadabrant. Mais on m’excusera, il y avait des choses qu’on avait trop envie de dire pour les garder.

« Ma formation parle de la reproduction des poulpes. On va aussi voir comment il s’accroche à l’autre et quand ils copulent. Par contre, je ne saurais vraiment en quoi c’est utile seulement à la fin de la formation… »

Ne cherchez pas où j’avais trouvé ça, j’ai un esprit blagueur incompréhensible. Même moi je me désespère parfois.

« Plus sérieusement, ma formation est en anglais et elle concerne les couples d’une origine différente. Origines géographiques ou sociales, et même les deux. Rien à voir avec les poulpes. »

J’avais finis en riant un peu. Ouep, j’avais un humour douteux et alors ? C’était mon problème quand même et si ça gênait Tae il pouvait partir. Je ne le retenais pas.
Alors que j’allais lui demander quelle classe il était, une voix appela les personnes qui partaient à destination de Paris. Je me levais, suivis du jeune homme pour partir vers les quais d’embarquement. J’avais des livres avec moi pour passer les douze heures qu’il y avait à faire.

« Tu es quelle classe ? »

J’étais classe économique n’ayant pas le loisir, ni l’envie, d’aller en première classe… J’espérais que Tae allait partir en première classe ou ne soit pas proche de moi pour dire que je sois tranquille… Au pire, je pourrais toujours dormir.

La tête de Tae lorsque j’avais sorti ma connerie valait vraiment le coup. Je savais très bien comment faire pour que les autres pensent que mes vannes les plus nulles soient sérieuses. Il fallait dire qu’être hypocrite aidait beaucoup, j’étais bon comédien. Mais ce n’est pas pour autant que j’en ferais mon métier… Je le laissais à toutes ces personnes aussi superficielles que leur maquillage. Oui, il existait des maquillages non superficiels, ceux qui restent simples, pures. Voilà tout.

Lorsque la voix nous prévint que nous devions nous diriger vers les portes d’embarquement, je me levais pour rejoindre la porte. N’étant pas adapte d’objets métalliques, je passais sans problème et je rejoignis l’avion avant de chercher puis trouver ma place. Je m’assis en attendant mon voisin, heureusement on était deux par deux à l’extérieur alors j’avais plus de chance de ne pas être à côté de Tae… Foutu hasard, je devais passer 12h à côté de lui… Et mince, je ne pouvais pas être un peu tranquille ? C’était trop demandé ?
Un discret soupir quitta mes lèvres alors que je laissais ce shinki passer. Franchement c’était pas du tout la joie à l’intérieur.

J’attendis que l’avion décolle pour sortir un livre de mon sac, montrant ainsi que je n’avais pas trop envie de parler. Pas trop pour ne pas dire pas du toute. De toute façon Tae sorti un mp3, me laissant donc respirer avant que je me tourne vers le jeune homme… Non mais il n’avait pas peur de se détruire les tympans en écouter la musique aussi fort ? Personnellement je m’en fichais de ses tympans c’était juste que ça allait fort. Cependant, je poussais juste un soupir de désespoir avant de me replonger dans mon livre.

Au bout de quelques minutes, je me retournais vers mon voisin avec un sourire sadique. Oh que j’avais une idée. Je pris un crayon dans mon sac, j’avais pris ça au cas où quelqu’un s’amusait à m’embêter. C’était le genre de chose qui partait au bout de plusieurs lavages, le premier avec de la chance.

Vérifiant que personne ne regardait, je débouchais le crayon avant de soulever le tee-shirt de Tae et dessiner un poulpe sur la hanche du jeune homme avant d’écrire « j’aime les baguettes » sur son ventre… J’avais appris à dire ça dans un livre de traduction puis ça allait bien avec le contexte.

Fier de moi, je remis son vêtement avant de ranger le crayon et m’endormir, demandant à l’hôtesse de me réveiller quand mon voisin le fera. Elle acquiesça avec un doux sourire et je pus dormir tranquillement.
Aussi, au réveil, j’appris qu’il ne restait que cinq heures de vol. Je remerciais la jeune femme qui m’avait réveillé avant de boire un café et reprendre ma lecture.

Je fis parfois la conversation à Tae et fut soulagé quand l’avion atterrit et je partis un peu rapidement en disant qu’un taxi m’attendait. Ce n’était pas faux et donc je repris rapidement mes affaires avant de récupérer ma valise puis je rejoignis le taxi direction l’hôtel. J’aurais pu proposer au jeune danseur de venir avec moi mais je n’avais pas envie.

Aussi, arrivé là où je devais dormir, mon exaspération redoubla. Depuis quand je devais partager ma chambre ? Après un échange en anglais avec la réceptionniste, la personne qui entra fut la goutte de trop.

« Ne me dis pas que t’es dans la chambre 302 sinon prépare-toi à dormir dehors. Ou à chercher quelqu’un dans les bars. »

Tae devait bien voir dans mon regard que j’étais sérieux et que, pour le moment, rien ne me ferait changer d’avis.

Attention un Hiroki sur les nerfs, un… C’était rare mais quand ça arrivait, il valait mieux se faire petit. Comme là. Pendant que Tae était dans la salle de bain, je ruminais et fulminer contre lui, soufflant parfois d’agacement. Il pouvait dire ce qu’il voulait, il était hors de question que je doive avec un shinki pour camarade de chambre. J’étais pas là pour penser à Nishinaka alors avoir une personne que je connais, venant de là-bas et étant pour la politique du maire, non mais c’était me chercher là.

Ooooh alors c’était à cause de l’hôtel ? Que c’était facile de rejeter la faute sur ces personnes qui travaillaient comme elle pouvait, laissant aux ordinateurs, le soin de faire le reste… C’étaient eux les fautifs, comme toujours.

Quand le jeune homme revint dans la chambre, je m’occupais de chercher une chaîne en anglais, m’arrêtant sur un documentaire animalier. Oh ben voilà, en plus c’était mignon des pandas. Tae finit par essayer de me faire la conversation mais je n’avais pas envie et, au bout d’un moment, je ne retins plus ma pique.

« Ecoute, si t’as envie de parler, va voir les réceptionnistes pour régler le problème. Je ne suis pas décidé à parler. »

L’émission finie j’allais pour aller dans la salle de bain mais Tae me devança. Alors là, il allait comprendre ce qu’un Hiroki pas content et, surtout, sans gêne, pouvait faire. Je pris tranquillement ma trousse de toilette avant d’aller dans la pièce non verrouillée. Le bruit de l’eau qui coule ne m’arrêta pas… En même temps j’en avais vu d’autre sous la douche, ça ne sera pas le premier ni le dernier. Heureusement d’ailleurs, je serais bien triste que ça soit le dernier car il y avait des femmes et hommes beaucoup plus désirable que lui.

« Hakuna Matata nante ii hibiki nanda. Hakuna Matata ai no messeeji. Nayamazu ni ikiru koto sa, ore-tachi no kono chishiki. Hakuna matata. »

Oui, je connaissais les Disney. Je les avais tellement regardés avec princesse Kazuki  que j’en connaissais certains par cœur. Mais là, c’était plutôt pour agacer Tae et je continuais toujours sur l’air de cette chanson en disant : « Il faut demander, quand on est colo, et qu’on veut la salle de bain. Si l’autre veut la prendre. »

C’était quand même la moindre des politesses, non mais ! Puis alors que je passais ma main dans mes cheveux pour les recoiffer ou les désordonner un peu plus, je vis quelque chose sur le torse de Tae qui me fit me retourner vers lui…

Oh ben ça.

« Comment t’as fait pour devenir shinki ? »

Le tact ? La délicatesse ? Non, je connaissais pas quand je voulais savoir quelque chose la question venait toute seule.
Ma question était due aux cicatrices de Tae, je n’avais pas une adolescence facile, j’avais été l’esclave d’un précepteur qui me battaient de temps à autres… Mais j’avais des cicatrices beaucoup moins visibles… Peut-être que, contrairement aux miennes, les siennes n’étaient pas dues au côté shinki de ses parents.

Un soupir quitta les lèvres quand Tae sortit de la salle de bain. Si on n'avait plus le droit de chanter une chanson alors ça devenait vraiment grave. Ces shinki alors, ils étaient à ce point centré sur leur apparence pour prendre la mouche quand on leur faisait remarquer un défaut physique. Un nouveau soupir quitta mes lèvres et je finis ce que j'avais à faire avant de sortir et repartir à l'assaut de mon colocataire de chambre. Je n'allais pas le lâcher maintenant que ça lui plaise ou non.

Je repartis vers Tae pour l'interroger avec de m'énerver. Lui, il allait comprendre ce que ça donnait un Hiroki anti-shinki. Aussi, je lui arrachais presque violemment les écouteurs avant de m'asseoir à califourchon sur son bassin.

« Ecoute-moi bien, te détruire les oreilles c'est ton problème mais là tu me gênes. Tu es pas content parce que j'insiste ?  Alors dis-le moi franchement au lieu de te bousiller les tympans. »

Quelle manque de communication ces shinki, ils m'agaçaient. Un nouveau soupir plus tard, j'enlevais mon haut pour me mettre torse nu avant de me tourner pour montrer mon dos à Tae. Il y avait de fines cicatrices visibles de loin mais bien visible de près.

« Mes parents étaient shinki, pas le temps pour s'occuper de moi et ont engagé un précepteur pour s'occuper de moi. Sauf qu'il m'a confondu avec son esclave et n'hésitait pas à me battre. Sans laisser trop de traces pour éviter tout soupçon. »

Je remis mon haut avant de regarder le ciel… Oh la nuit venait de tomber. Cool, ça.

« Allez, pour commencer notre séjour comme il se doit, rien de mieux que se familiariser avec les bars. Ça nous changera les idées, j'ai dit en lui prenant la main pour qu'il se lève… T'as mis un pantalon au fait ? »

J'ai demandé en me tournant vers lui.

Ces jeunes vraiment, quand on a un corps qui est quand même bien fait et quand on est jeune autant en profiter et balader à moitié à walp quand même. Je ne dis rien et continuais de le traîner dans les rues de Paris. Heureusement on n’était pas loin des bars restés ouverts. On allait s’amuser !

« Aucune idée, je connais pas Paris. Au hasard. »

J’entrais dans un premier bar pas trop mal avant de commander un Mojito à la fraise. Mon regard se posa sur la foule avant de se reposer sur Tae qui s’excusait. Alors comme ça les shinki savaient s’excuser ? Bon, je ne disais pas que c’était des monstres car je connaissais Yui et Haruna -la dernière moins- qui étaient quand même sympathique.

« T’sais quoi ? Je veux que cette ville change, mais je commence à perdre patience et je me demande parfois si je ferais pas mieux de repartir à Fukuoka… Bon allez, on enfouit tout ça pour la soirée, les problèmes oubliés et on va faire du sport les bars parallèles. »

Bon la blague n’était pas de moi mais elle m’avait faite bien rire sur le coup que j’avais envie de la ressortir.

« On va aller d’un bar à l’autre qui se trouve en face, tu vois ? Celui-ci n’est que le premier ! »

Mon Mojito ne fit pas long feu et je commandais un verre d’alcool pur que je bus cul-sec… On allait plus marcher droit si ça continuait. Mais ça attendrait quelque part.

« Je t’ai déjà raconté la blague de l’homme qui fait paf ? »

Un Hiroki alcoolisé = des blagues très douteuses. Oui, je tenais bien l’alcool mais seulement quand je mangeais. Et là, on n’avait pas mangé en quittant l’hôtel… Donc mon côté blagueur allait ressortir.

« C’est un homme qui a voulu faire plouf dans une piscine sauf que c’était une flaque donc il a fait PAF ! J’ai dis quelques secondes après. »

Ooooh ça avait résonné, la musique s’était arrêtée au même moment. Trop bien ! Enfin pas trop en voyant le regard du barman.

« Hey man, do you have something to eat ? I’m hungry ! But I don’t want snail or frog. »

Eh ouai, je parlais anglais, même après quelques verres.